CHAPITRE CINQUIÈME
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Difficulté : du latin " difficultas ", caractère de ce qui est difficile ou chose difficile,
qui embarrasse, ou divergences de vues entre des personnes.
DIFFICULTÉ
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" Insensée, où suis-je ? et qu'ai-je dit ?
Où laissé-je égarer mes voeux et mon esprit ?
Je l'ai perdu, les dieux m'en ont ravi l'usage. "
Extrait de Phèdre, acte I scène III, de Jean Racine
25 mars 2008, 13 heures 28, port de New-York/New Jersey, États-Unis.
Si le système de sécurité instauré par la marine américaine afin de veiller sur le Svetlana paraissait tout à fait correct, il ne mit guère L plus à l'aise. Le commandant Diessel, malgré toutes ses affirmations au sujet du professionnalisme de la nouvelle unité qui allait les suivre, la SU(Svetlana Unit), ne parvint pas à le convaincre. Après avoir vérifié sur une carte avec Gary Roughead, le capitaine et Campa le trajet suivi par le navire, passant par tous les points de disparitions, Donald Winter prit la peine de se renseigner sur les ressources du bord.
Les membres de l'équipage, gloutons au possible d'après Smirnov, avaient fait en sorte de s'approvisionner pour deux bonnes semaines en mer. L'expédition étant soupçonnée de durer plus longtemps et la nourriture ne pouvant pas être conservée indéfiniment, plusieurs escales sur les différents continents seraient organisées, au cours desquelles l'équipage et les passagers quitteraient le bateau jusqu'à ce que celui-ci soit remis à neuf, autrement dit nettoyé de fond en comble, et réapprovisionné pour deux nouvelles semaines. Le gouvernement américain s'était en outre, à l'occasion d'une conférence avec les autres États du monde, mis d'accord avec eux pour qu'ils accueillent l'expédition avec respect et discrétion, leur fournissant des denrées alimentaires, une aide technique, et des équipes de nettoyage et de réparation. À la demande de George Bush, Henry Paulson, le secrétaire du trésor des États-Unis, avait fait en sorte que tous les frais soient pris en charge par le pays.
Car si les autres nations, averties des risques pour leurs flottes et leurs populations, avaient acceptés d'apporter leur aide à l'expédition, il n'en restait pas moins qu'elles refusaient de payer les dépenses éventuelles en hôtels, nourritures, appareils électroniques ou soins occasionnées par celle-ci, et ce pour des raisons multiples. Les pays d'Europe estimaient qu'il en allait de la responsabilité des États-Unis, puisqu'ils étaient à l'origine de l'organisation de l'exploration, les pays d'Asie pensaient à quelques éléments près la même chose, et les pays d'Afrique étaient bien trop occupés à rembourser les déficits nationaux pour financer le confort d'un équipage de trente et une personne et de huit passagers. Les États d'Amérique du Sud et l'Australie étaient peut-être les deux seules exceptions : il avait effectivement été convenu qu'ils paieraient les hôtels lors des escales, mais pas davantage. Le reste des factures iraient tout droit aux États-Unis.
Une heure et demie de l'après-midi approchant et le moment de sa conférence avec les ministres étrangers également, Donald Winter décréta que la visite était terminée et qu'il était temps de rentrer à Washington D.C. Il se chargeait de tenir informé le président de la république, et comptait vivement sur le commandant Diessel pour leur fournir toutes les informations récoltées au cours des recherches dans les plus brefs délais. La SU, première au courant puisque constamment connectée au navire par le biais d'une radio et d'un téléphone, avertirait en premier lieu le Représentant des Officiers Marinier Supérieur, à savoir Joe Campa, et celui-ci contacterait le Chef des Opérations Navales directement au Washington Navy Yard. De là, les messages iraient à Donald Winter, puis à Robert Gates, ainsi qu'à Michael Leavitt, le secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, et enfin à George Bush.
Après avoir salué Diessel, puis Smirnov, Winter regagna les quais en compagnie des militaires. L, Light et Watari suivirent.
- Allez chercher vos bagages, si vous en avez, et rejoignez-moi devant l'entrée principale, leur avait dit Smirnov. Je vous montrerai votre cabine.
Immédiatement, L s'était tendu. Lorsque Light avait posé la question d'une seule cabine pour deux au second, celle-ci avait eu une petite moue désolée.
- Bin oui, vous comprenez...ici, on est tous deux par cabines minimum, quatre maximum, répondit-elle en tripotant son index gauche. C'est un petit bateau, hein, mine de rien, et on est quarante. Il n'y a que deux cabines pour une personne, mais on les laisse à Pronto et au commandant, qui a des difficultés à dormir. En plus, on attendait qu'un seul assistant, donc du coup, on a rien prévu.
- Ah, avait alors dit Light, ce qui équivalait d'une manière globale à un " et merde ".
Smirnov, observant leurs mines dépitées, eut une nouvelle grimace navrée.
- Ça vous dérange tant que ça ? Vous ne vous entendez pas ? Vous savez, si vraiment ça pose un problème, on s'arrangera pour vous donner les cabines individuelles, ce n'est pas si grave.
Tous deux allaient s'empresser d'acquiescer, préférant de loin sacrifier les troubles du sommeil d'un vieux capitaine à moitié dingue à leur incompatibilité amicale, idéologique, en un mot générale, lorsque Watari, surgissant de nulle part, toujours emmitouflé dans son manteau de cuir, les coupa net dans leur élan.
- Ce sera très bien ainsi, second Smirnov, avait-il dit.
Pris en sandwich entre le regard noir du détective et celui du shinigami, il n'avait pas bronché ni n'était revenu sur sa décision.
- Mais...euh...vous êtes sûr ? S'était enquis la femme, perplexe. Vraiment sûr ?
- Tout à fait. Je les connais suffisamment pour pouvoir vous affirmer que rien de fâcheux ne devrait arriver durant la traversée.
Les poings sur les hanches, Smirnov les passa en revue l'un après l'autre.
- Ils ne vont pas se hurler dessus au beau milieu de la nuit ? Demanda t-elle.
- Ils ne sont pas de ce genre.
- Ils ne vont pas s'envoyer des meubles à la figure ?
- Tout au plus, des remarques blessantes.
- Ils ne vont pas se battre ?
- J'en doute fort, puisque monsieur Yagami est haptophobe.
- Ils ne vont pas essayer de s'entre-tuer ?
- Plus maintenant.
Light eut un rire bref et dédaigneux.
J'essaierai toujours de me débarrasser de L et L essaiera toujours de se débarrasser de moi, quelles que soient les circonstances, parce qu'on est comme deux météorites qui se détruisent mutuellement en se rencontrant
- Et enlever votre arsenal, ça ne vous a jamais tenté ? Tenta Smirnov.
- À maintes reprises, si, soupira tristement Watari.
Le second eut un bref sourire en coin.
- À votre place, dit-elle, je ferais la grève. Juste histoire que votre patron comprenne bien que le cuir, ça va cinq minutes.
Le visage de Watari étant dissimulé par son col et son chapeau, il était impossible de voir son expression, toutefois L fut en mesure de percevoir le sourire amusé du vieil homme.
Smirnov alla rejoindre la pièce où elle avait abandonné le groupe des six hommes lors de leur visite, afin de les prévenir que le départ était imminent. Les trois autres empruntèrent la passerelle menant au quai. Devant le bateau se trouvaient Winter, qui s'apprêtait à prendre place dans une superbe Rolls Royce Phantom, ainsi que Roughead et Campa, pour qui deux autres voitures, bien moins prestigieuses en raison de leur place plus limitée dans la hiérarchie gouvernementale mais ne manquant cependant pas de prestance, avait été réservées. Ils auraient fort bien pu se rendre à Washington dans le même véhicule, mais le problème était que tous n'allaient pas à la Maison-Blanche. Campa comptait en effet retourner au Washington Navy Yard, tandis que Gary Roughead avait rendez-vous au Pentagone. Le covoiturage ne semblant pas agréer au protocole, il n'était donc pas possible pour une seule voiture de conduire trois membres notables de la politique et de l'armée américaine à la fois à des endroits différents. Mesure de sécurité qui s'était développée depuis l'assassinat de Kennedy.
Mieux valait en perdre un plutôt que les trois d'un coup.
Ils venaient tout juste de poser un pied sur le quai lorsque Winter les interpella.
- Messieurs, lança t-il, sachez que je suis navré. Aucun de nous ne savait jusqu'à quel point l'équipage du Svetlana serait abrupt, et je me doute que la traversée risque d'être plus difficile que prévue. Malheureusement, les directives du président ont été très claires, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre qu'un nouvel équipage soit engagé.
Cela n'avait rien de surprenant. L'impatience du président à vouloir obtenir des réponses sur les disparitions maritimes s'expliquait par son désir d'ébruiter l'affaire le moins possible, afin que l'honneur des États-Unis n'en pâtisse pas davantage. Plus celle-ci était endiguée rapidement, moins les médias seraient intéressés par son évolution. À cela s'ajoutait bien entendu le souhait de rester incognito de L, nécessitant que l'attention de la presse soit concentrée ailleurs que sur le Svetlana. George Bush avait pour cela été un fin stratège : il avait reporté les yeux médiatiques sur la crise financière et sur le conflit israélo-palestinien tout en prenant garde à ce que les documents concernant l'expédition ne circulent pas en dehors de la sphère qu'il constituait avec Gary Roughead, Donald Winter, Robert Gates et quelques uns de leurs subordonnés. De même, le commandant Diessel leur avait assuré que l'existence de SU était inconnue d'une grande partie de la marine, car elle n'était pas située au Washington Navy Yard mais dans un bâtiment spécial non loin du port de New-York/New Jersey.
- Je comprends, fit simplement L.
- Si un problème devait survenir, que cela concerne l'un de vous ou un des chercheurs, contactez l'amiral Roughead. Il m'en avertira et je ferais en sorte que cela soit réglé rapidement. L est également capable de me joindre directement, et si l'amiral ne répond pas, je vous encourage à passer par lui en dernier recours. Au revoir, messieurs.
Son chauffeur lui ouvrit cérémonieusement la portière, mais alors que ce dernier la refermait après que Winter se fut installé, le secrétaire posa soudainement une main dessus et bondit hors du véhicule. Tous les regards se tournèrent d'un même mouvement vers lui, étonnés.
- Bonne chance, lâcha t-il finalement, avant de rentrer une bonne fois pour toute à l'intérieur de la rolls.
Celle-ci ne trembla que légèrement lorsqu'on enclencha le moteur, avant de s'éloigner entre les conteneurs du port, allant de plus en plus vite à mesure que la distance la séparant du bateau augmentait. Joe Campa les salua poliment à son tour, puis se glissa dans son propre véhicule, qui suivit le même chemin que la précédente. Ne resta plus que Roughead.
- Approchez, messieurs, déclara t-il. Je dois vous dire un mot avant de retourner à Washington.
- Je vais chercher vos affaires, annonça Watari.
L et Light obtempérèrent. Le voix du militaire se fit alors plus basse, comme s'il craignait que leur conversation ne fût perçue par Watari.
- Monsieur Winter et moi-même avons eu une petite discussion avant que vous n'arriviez, commença t-il. Vous êtes au service de L et nous savons bien que vous êtes chargés de lui fournir autant de données que possible, mais vous n'êtes pas sans ignorer qu'il ne nous informe, disons, que de manière restreinte depuis ces dernières années. Par respect pour les familles, nous aimerions disposer des informations complètes, et non juste de une ou deux piochées au hasard par votre patron.
- Vous nous demandez de berner L, en d'autres termes ? Reprit Light.
Le détective trouva le terme ironique dans la bouche du shinigami, qui de son vivant n'avait jamais cesser de lui mentir.
Voilà qui ne te changera pas beaucoup, Light-kun
- Si berner signifie mentir à une seule personne afin de venir en aide à plusieurs familles affligées, alors dans ce cas, oui, nous souhaitons que vous berniez L, répondit Roughead.
Light guetta une réaction sur le visage de L, mais pas un muscle ne se raidit. Le dos voûté, les mains dans les poches, il n'avait jamais autant ressemblé à un assistant un peu paumé dans les flux des événements qu'à cet instant précis, à deux doigts d'embarquer sur un navire de dingues. À l'université de Todaï, Light avait pourtant noté l'effet inverse chez L. Peu conventionnel de par son apparence et son esprit, et doté d'une garde-robe peu - très peu - élaborée, peu encline à lui permettre de se fondre dans la masse, il était strictement impossible de déterminer qui il était, et surtout ce qu'il était, autrement dit quel rôle il jouait. Expert pour débusquer les menteurs mais très mauvais acteur, les penchants de détective de L ressortaient toujours à un moment ou à un autre, et il ne faisait rien pour les retenir, comme s'il savait que c'était perdu d'avance. S'il pouvait aisément se faire passer pour un étudiant ou éventuellement un professeur à la faculté, s'infiltrer ailleurs devait représenter un exploit. Et bien qu'il ne soit vêtu d'aucun apparat, sa singularité indiquait clairement, comme un gyrophare en permanence allumé, qu'il n'était pas fait pour être avec les autres, mais au dessus.
Light, ayant été élevé normalement et ayant suivi une scolarité traditionnelle en dépit de son QI exceptionnel, haïssait cette caractéristique de L. Lui-même n'était pas fait pour appartenir à un groupe entier, mais pour le dominer. Toutefois, il avait du apprendre à se maîtriser, à se dissimuler, à "ranger" son gyrophare respectif par respect pour autrui. On l'avait poussé avec les autres, tous types de quotients intellectuels confondus, quelque chose que le détective n'avait jamais eu à subir. Et pour cela, Light aurait pu l'étrangler de ses propres mains.
- Les familles peuvent interférer dans l'enquête et devenir une nuisance, répliqua L.
- Elles finiront par le devenir dans les deux cas, mais tout porte à croire que les réactions seront bien plus catastrophique si nous dissimulons toutes les données. Je pense qu'aucun d'entre nous n'a envie d'assister à une émeute, n'est-ce pas ?
- Pourquoi ne pas demander directement à L ? Intervint Light.
Roughead posa sur lui un regard profondément agacé.
- Parce qu'il y a de fortes chances pour qu'il refuse, répondit-il sèchement. Juste pour nous mettre des bâtons dans les roues. Ces derniers temps, le caractère de L se dégrade, à tel point que certains d'entre nous en sont venu à le comparer à un pitt-bull, mais vous n'avez probablement pas eu l'occasion de vous en rendre compte.
- En toute honnêteté, je pensais qu'il ne pouvait pas être pire, lâcha le shinigami, le visage orné d'un rictus amusé.
- Light-kun, tu devrais aller aider Watari à récupérer nos bagages, fit L.
- Je suis sûr qu'il se débrouille très bien tout seul, puis il ajouta en direction de Roughead : je me chargerai de vous informer de l'état des choses. Compte tenu de la situation, j'imagine que nous pouvons faire une entorse au règlement.
- L pourrait nous renvoyer, tenta de nouveau le détective.
- Aucun risque, affirma Light, qui prenait visiblement beaucoup de plaisir à se moquer de lui. Nous sommes le seul lien disponible avec l'expédition et nous détenons des informations qu'il n'a pas. L ne serait pas stupide au point de vouloir se débarrasser de nous. Pas maintenant, du moins.
Il tourna la tête, croisa les yeux noirs de L. Celui-ci avait comprit qu'il n'aurait pas accès à la clé USB que détenait Light ainsi qu'à tout ce qu'elle contenait au sujet des disparitions si le shinigami ne participait pas au voyage. C'était œil pour œil. En outre, il savait parfaitement que lui interdire de le suivre ou révéler sa véritable identité ne servirait à rien. Il viendrait malgré tout, se débrouillant pour contourner les obstacles comme il l'avait fait auparavant.
Tu es un enfoiré, tu le sais, ça ?
Et le sourire narquois de Light répondait " ouais, je le sais, et c'est pas prêt de changer, et puis de toute façon toi aussi ".
- Vous pouvez compter sur moi, répéta t-il à l'intention du Chef des Opérations Navales, qui les observait tous les deux d'un air à moitié convaincu, comme s'il craignait la loyauté de l'un tout autant que la fourberie de l'autre.
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Après leur avoir fourni un numéro de téléphone pour le joindre ainsi qu'une adresse mail, Gary Roughead quitta finalement le port à bord de son véhicule de fonction, les laissant seuls avec le Svetlana. Dans le même temps, Watari revint, portant à la main une unique valise noire contenant l'ordinateur portable de L, son téléphone mobile, l'intégralité du dossier écrit concernant les disparitions, une clé USB contenant les mêmes informations, mais en version informatique, et quelques vêtements de rechange qu'il avait cru bon d'intégrer en dépit des objections du détective. C'était la première fois que L acceptait de s'investir aussi directement dans une enquête depuis Kira. Et s'il était plutôt confiant, Watari pour sa part, premièrement parce qu'il ne l'accompagnait pas pour veiller sur lui et deuxièmement parce que l'affaire impliquait un risque de mort somme toute assez important, était nerveux, préoccupé. Il n'avait jamais quitté L plus d'une journée au cours de la résolution d'une affaire et éprouvait un mélange confus d'angoisse, d'énervement et de tristesse, comme un parent qui laisse partir son enfant en classe de neige pour la première fois et qui n'est sûr de rien, pas même du retour du gosse. Il ne comptait pas demander au détective de l'appeler tous les jours, mais celui-ci, ayant sans doute perçu son malaise, lui avait indiqué qu'il lui enverrait des messages une fois par semaine, afin de lui faire un compte-rendu des recherches et pour éventuellement voir si Watari pouvait les aider d'une quelconque manière en cas d'impasse.
Alors que le shinigami retournait à l'intérieur du navire, L vint se poster tout près du vieil homme.
- Je ne peux pas partager une cabine avec Light-kun, lui dit-il.
Prévisible.
- C'est plus prudent, répliqua alors Watari. Mieux vaut que tu l'aies sous les yeux tout au long de la traversée, je n'ai pas la moindre confiance en lui et je ne veux pas pas qu'il se serve de son death note à ton insu. Ce sera plus facile de le contrer si vous dormez au même endroit.
L sembla pris de court, tout simplement parce que ce genre de raisonnement lui était habituellement réservé, et que Quillish se contentait d'obéir aux ses directives. Cependant, il n'en restait pas moins un génie, âgé certes, et donc peut-être moins vif que L, mais un génie malgré tout, ce que le détective avait parfois l'air d'oublier.
- D'autant que vous avez déjà partagé une chambre, continua t-il. Ça ne devrait pas vous poser trop de problèmes.
- C'était avant qu'il soit démontré que Light était Kira.
- Tu en étais persuadé au moment où tu t'es enchaîné à lui, mais ça ne t'a jamais empêché de dormir dans le même lit, lui rappela Quillish.
L ne répondit pas. Touché. Watari s'apprêtait à rajouter qu'il était également hors de question qu'il investisse le lieu de repos d'un commandant atteint de troubles du sommeil, ce qui était tout sauf respectueux et n'arrangerait probablement pas le déroulement de la traversée, lorsqu'Olga Smirnov déboula à l'extérieur. Elle s'appuya à la barrière séparant le pont et la passerelle puis se mit à crier comme une ivrogne :
- Hé ! Le deuxième assistant ! On part dans cinq minutes, faudrait peut-être songer à activer !
Watari lui tendit la valise.
- À propos de l'équipage, commença t-il, est-ce que...
- Ça ira, le coupa L. J'imagine que ça me motivera pour terminer l'enquête au plus vite.
Le vieil homme hocha la tête. Il ne trouvait rien d'autre à dire. Il ne se voyait pas avouer son inquiétude à L, tout simplement parce que ce dernier l'avait déjà détectée, pas plus qu'il ne se voyait lui donner un millier de recommandations que, dans tous les cas, le détective ne suivrait pas. Aussi se contenta t-il d'une formule simple, sans grands artifices, mais qui avait son importance :
- Fais attention à toi.
- Oui.
En un éclair, le temps que le vent fasse bouger un pan de son col de manteau, Quillish Wammy se retrouva de nouveau face au petit garçon avec un regard perçant comme une balle de revolver qu'il avait rencontré en 1987. Un gosse de huit ans qui portait des vêtements d'adulte. Un gosse à qui il avait un jour dit de ne pas traverser alors que le feu pour piéton n'était pas vert et que les voitures filaient à toute vitesse sur la route parce que c'était dangereux. L Lawliet l'avait alors regardé avec des yeux ronds comme des soucoupes, de telle sorte qu'on avait l'impression qu'il découvrait que les véhicules ne s'arrêteraient pas selon ses désirs pour le laisser passer, puis il avait dit, assez froidement :
- D'accord, grand-père. Je ferai attention.
Oui, après tout, c'était un fait. Il était vraiment terrifié à l'idée de le laisser partir seul.
" Si on veut des pommes, il faut secouer le pommier. "
Proverbe bulgare
12 avril 1997, 16 heures 03, Wammy's House, Winchester, Angleterre.
Les autorités lui avaient confié l'affaire la veille, complétement dépassées, après en avoir reçu l'ordre par la famille royale. Il était en train de réfléchir sur la probabilité que ce fameux éventreur de Leeds ait pu également s'attaquer à Lady Compton, l'une des stylistes britanniques favorites de la princesse Diana Spencer, quand on frappa à la porte de sa chambre. Il était installé sur son lit, son ordinateur portable récemment acquis posé en équilibre sur ses genoux. D'ordinaire, on ne le dérangeait qu'en cas de véritable urgence. Si un incendie se déclarait, par exemple. Ou si une nouvelle affaire venait s'ajouter, mais dans ces moments-là, Quillish venait le chercher directement, or la façon de frapper du gêneur ne correspondait en rien à celle du vieil homme. Il n'avait aucune envie de se lever.
- Entrez, lança t-il.
La porte grinça longuement, car celui ou celle qui entrait prenait son temps pour l'ouvrir. Il ne fallut même pas une seconde à L pour déterminer l'identité du nouveau venu. Il n'y avait que lui pour le déranger de la sorte. Et chanter cette chanson stupide, par la même occasion. Depuis qu'il avait entendu les Chordettes à la radio, il ne se privait pas.
- Sweeter than candy on a stick, huckleberry, cherry or lime, if you had a choice, he'd be your pick, but Lawlipop is mine.
- Je t'ai déjà dit d'arrêter avec ça, Beyond, grinça L, sans pour autant lever les yeux de son écran.
La bouche de Beyond Birthday, qui était à quelques centimètres de son oreille pour lui fredonner la suite des paroles(comble de malchance, il avait appris le morceau par coeur et s'était piqué de la traduire dans toutes les langues), se craqua en un sourire.
- Compte pas là dessus, Lawliet, ronronna l'autre. C'est la seule et unique chanson que je sois en mesure d'apprécier, alors je ne vais pas la lâcher de sitôt.
Il le gratifia d'un petit coup de langue dans le creux de la nuque avant de la mordre à pleines dents. Si L tressaillit sous la douleur, il ne bougea cependant pas. Les pointes des cheveux de Beyond Birthday piquaient son menton. L'autre se redressa ensuite, vérifia l'état de la morsure sur la gorge du détective, avant d'esquisser un autre sourire, de satisfaction cette fois, puis de s'asseoir dos au mur à côté de lui.
- Tu sais quoi ? Reprit-il. Le pommier dans le parc, il donne des pommes rouges. A m'a dit que c'était des Red Delicious. Elles sont mûres, tout le monde en mange. Si tu descendais un peu, tu pourrais en avoir.
- Je n'aime pas les pommes.
- C'est débile.
- C'est mon goût.
- Ton goût est débile.
- Meilleur que le tien, dans tous les cas.
- Tu devrais vraiment manger une pomme, Lawlipop. Ça te ferait du bien.
- Je t'ai dit que je n'en voulais pas.
- Tu ne veux jamais de rien, soupira BB en appuyant sa tête contre le mur. T'es d'un ennui mortel, sauf quand tu es allongé.
- Tais-toi, Beyond.
Le visage de BB se modifia de manière drastique. Jusqu'à lors plutôt cajoleur et orné d'un rictus doucereux, ses traits faciaux, sous l'effet de la colère, se tordirent abominablement, sèchement, et sa bouche se contracta en un spasme, comme s'il semblait retenir un hurlement. Il eut tantôt l'air d'un fauve sur le point d'attaquer, tantôt l'air d'un fou.
- Je t'interdis de me dire ça, L, gronda t-il. Tout le monde me traite de dingue à longueur de journée, mais toi, tu n'as pas le droit. Tu ne dois pas être comme tout le monde.
- Je n'ai pas dit que tu étais dingue, Beyond, répliqua calmement L, sur un ton où pointait l'agacement. Je t'ai juste demandé de te taire.
- C'est ce qu'on me dit quand on pense que je parle comme un dingue, répliqua BB.
- Alors peut-être que tu devrais changer de manière de t'exprimer.
- Le jour où un truc de ce genre arrivera, tu auras arrêté de bouffer des sucreries, Lawlipop. C'est moi qui te le dit, affirma l'autre.
Il se tut pendant une minute, les yeux rivés sur L. Sur son cou, plus précisément.
- Tu sais ce qui est beau chez toi, Lawlipop ? Lui demanda t-il soudainement.
- Ça m'est égal, Beyond.
- Tes épaules, répondit l'autre malgré tout. Tu dois avoir les plus belles épaules de toute cette foutue baraque.
- Pourquoi tu passes ton temps à les mordre, dans ce cas ?
- T'es sûr que t'es un génie ? Se railla l'autre. Des fois, tu ralentis, intellectuellement parlant. Réfléchis. C'est parce qu'elles sont belles. Et ce qui est beau, j'ai envie de le manger.
L tourna la tête et leurs regards se croisèrent. Noir. Rouge pour Beyond. Rouge et profond comme la peau des Red Delicious.
- Tu es fou, lui dit Lawliet.
- Et toi, tu es froid, déclara Beyond. Tu es froid comme un iceberg. Personne ne voudra jamais de toi. Tu devrais vraiment manger une pomme, tu sais ?
- Je n'en veux pas.
- Allez, insista son vis-à-vis. Je t'en ai ramenée une exprès.
Il exhiba sous ses yeux l'ovale voluptueux du fruit qu'il tenait en coupe dans sa main droite, et depuis la fenêtre de la chambre, un rayon de soleil glissa sur sa peau d'un rouge éclatant. On aurait dit un soleil rouge. Exactement la couleur des iris de Beyond Birthday. Bien qu'atypique et effrayant la plupart si ce n'était tous les gosses de la Wammy's ainsi que le personnel, BB ne perdait jamais une occasion de déambuler dans les couloirs, les paupières grandes ouvertes, afin que tous puissent l'apercevoir.
- Non, dit L.
- Si, Lawlipop, continua BB. Ça te fera du bien. Ça t'as toujours fait du bien de croquer la pomme, hein ?
L le gratifia d'un regard noir. Le visage de Beyond, tout proche du sien, irradiait de sarcasme. Les yeux brillant de malice, il plaça le fruit entre eux.
- Chacun un bout ? Proposa t-il.
Tout dans l'expression de L indiquait une nette réticence, toutefois, après avoir regardé attentivement Beyond, il baissa la tête et mordit dans la pomme placée devant lui. Satisfait, l'autre l'imita avec un peu plus d'enthousiasme. Ses dents ne rencontrèrent aucune résistance notable en s'enfonçant dans la chair tendre et juteuse du fruit, et il en arracha un bon morceau, mutilant sans délicatesse sa rondeur parfaite. Il apprécia la marque qu'il lui laissa, égale à celle trônant sur le cou de L. Celui-ci, compte tenu de l'empreinte gravée de l'autre côté de la pomme, en mâchait un bien plus petit bout que celui de Beyond. Ils terminèrent en même temps, puis se fixèrent sans un mot. Leurs nez se touchaient presque.
Beyond sourit. Avança un peu le menton. Ses lèvres effleurèrent celles de Lawliet dans un murmure. L ferma les yeux avec une docilité qui aurait surpris quiconque le connaissant un minimum. Beyond en profita et lui donna un autre baiser, cette fois-ci beaucoup plus appuyé. Sa langue se glissa dans la bouche de Lawliet. Elle avait un goût frais de pomme. Dans un élan, il lui mordit la lèvre pour aspirer son sang, et L ne le repoussa pas.
Lorsqu'il se recula, le détective était déjà retourné à son ordinateur.
- Va t-en, Beyond, ordonna t-il.
Sa voix était rauque.
- Vraiment ? Roucoula BB. C'est vraiment ce que tu veux ?
Il plongea vers le cou de L, mordit, suçota, lécha, remonta vers sa bouche. Le souffle de l'autre était de plus en plus irrégulier, et de la couleur était venue s'ancrer sur ses joues.
- Beyond, commença t-il.
Sur son écran d'ordinateur, la photo de Diana Spencer se trouvait juste derrière la fenêtre d'un message en pleine composition. L'autre passa ses mains sous son t-shirt. L frémit.
- Tu ne veux pas que je m'en ailles, ronronna t-il. C'est juste un autre de tes putains de tests. Tu testes tout le monde, L, parce que t'as peur.
Il rabattit sèchement l'écran de l'ordinateur portable et l'ôta des genoux de L pour le poser en fin de lit.
- Tu vas voir, dit-il. Dans quatre mois, elle sera morte.
Sur cette remarque macabre, ses lèvres se saisirent une nouvelle fois de celles de Lawliet sans la moindre tendresse. Il n'aimait pas être doux avec lui, mais de toute façon, le sentiment était réciproque. Dans le fond, ce qu'il voulait par dessus tout, c'était le baiser, l'assujettir, lui prouver qu'il n'était pas juste le second dans le classement de l'orphelinat, mais aussi la seule personne capable de faire éprouver à son corps les insatiables relents du plaisir. Quand, sous ses caresses, L abandonnait son inexpression, et par-là même son mépris pour le reste du monde, il se transformait alors en une créature d'une vulnérabilité troublante, terriblement humaine, et bon dieu de merde Beyond adorait l'avoir entre les mains. Parce qu'alors il pouvait mesurer la taille du pouvoir qu'il détenait sur L, et il se rendait compte combien ce dernier avait désespérément besoin de lui. Ou, dans tous les cas, besoin de contacts physiques avec quelqu'un, d'une rencontre entre les corps. Rien de sentimental là-dedans. Ils vivaient à la Wammy's et ceux de la Wammy's étaient tout, sauf des sentimentaux, sous peine de se retrouver dernier du classement.
Allongé sur L, il sentait les cuisses minces du détective fermement pressées contre ses hanches, et toute cette envie de luxure profondément dissimulée dans son ventre qu'il sentait frémir sous ses doigts. Le petit Lawlipop-je-suis-au-dessus-de-tout-le-monde-parce-que-j'ai-295-de-QI-et-je-suis-le-meilleur-détective-de-cette-foutue-planète avait un faible prononcé pour le sexe brut et il aimait bien qu'on lui fasse un peu mal. Beyond Birthday répondait à ses attentes avec dévotion. Peut-être que finalement, il ne le dominait que physiquement, contrairement à ce qu'il se plaisait à penser. Parce que dans tous les cas, il obéissait toujours aux désirs muets de L. Si Lawlipop voulait prendre son pied, Beyond était là. Beyond était toujours là pour Lawliet. Tout bien considéré, non. Théorie erronée. Lawliet, surtout, avait toujours besoin que Beyond soit là pour le satisfaire. BB, en assouvissant les désirs charnels du détective, restait le dominé, et pas l'inverse.
Enfin, toujours était-il que L adorait quand il le faisait grimper aux rideaux.
" Contrairement à Atlas, Prométhée et Épiméthée, Écamété n'était pas le fils de
Japet et de Thémis, mais de Téthys, la plus jeune des titanides, déesse marine et
épouse d'Océan, qui était également son frère. Si elle eut de lui plusieurs enfants,
Écamétée fut néanmoins le fruit d'une aventure avec Hélios, le
soleil.
Entre Océan et son épouse eut effectivement lieu une grande dispute au sujet d'une île
dans l'actuel océan Atlantique. Cette même île, comme indiqué précédemment, revint
finalement à Poséidon. Toutefois, durant le temps que dura la querelle, Téthys, afin de
se venger d'Océan, qui avait refusé de lui céder la partie sud du Pacifique, où elle souhaitait
construire un palais, batifola avec Hélios, qui n'était autre que le beau-fils
d'Océan.
Elle en tomba enceinte et mit au monde Écamété dans le plus grand secret. Afin d'éviter que
son mari ne découvre l'adultère, elle fit en sorte d'accélérer sa grossesse et accoucha au
bout de trois semaines, avant de confier l'enfant à l'une de ses filles, Idya, mère de la
magicienne Médée. "
Extrait des Cataclysmes de la Mythologie Grecque, de William Fauster
25 mars 2008, 14 heures 53, Upper Bay, non loin de Liberty Island, New-York, États-Unis.
- Messieurs, mes collègues et moi-même sommes enchantés de faire votre connaissance.
D'après Olga Smirnov, le laboratoire avait été pris d'assaut par les experts dès le moment où ces derniers étaient arrivés et c'était à peine s'ils étaient sortis se changer un peu les idées depuis qu'ils étaient à l'intérieur. Tous vêtus sans exception des blouses blanches traditionnelles, les mains recouvertes de gants blancs médicaux, ils faisaient la navette entre dossiers et éprouvettes, éprouvettes et dossiers, tout en prenant régulièrement des notes. Trois d'entre eux avaient travaillés sur les morceaux de bateaux ayant été retrouvés et avaient ramenés des échantillons. Le quatrième était médecin, mais par dessus tout médecin-légiste, et avait pu observer et étudier de ses propres yeux l'un des cadavres découvert sur une plage de Sousse, ville portuaire en Tunisie. Il avait apporté avec lui la totalité de ses analyses, ainsi que celles effectués par ses semblables sur les autres corps lui ayant été envoyées sur ordre d'Interpol, avec en complément un dossier particulièrement fourni comprenant entre autre des photos très précises des cadavres et de leurs stigmates.
L Lawliet et Light Yagami s'étaient installés bon gré mal gré dans la cabine qui leur avait été attribuée, située au début du premier niveau, dans ce que les membres de l'équipage avaient rapidement surnommé le "couloir des cerveaux" étant donné qu'il accueillait tous les savants prenant part à l'expédition. S'ils rechignaient à l'idée de cohabiter, aucun des deux n'avait cependant émis de remarque désobligeante quand à l'état de la pièce. Spacieuse, ouverte sur l'extérieur par le biais d'un hublot assez large de forme rectangulaire, elle offrait un espace tout à fait convenable entre les deux lits, séparés par une petite table de chevet, et disposait d'un éclairage très satisfaisant. La marine avait également eu la délicatesse d'ajouter une salle de bain personnelle pour chaque cabine ainsi que des toilettes, ce que l'équipage, habitué à un confort moindre, avait grandement apprécié. En outre, ils disposaient d'un bureau et d'un penderie murale. Pas matière à se plaindre, par conséquent, même avec de la bonne volonté.
Watari avait regagné l'Angleterre comme convenu avec L et le gouvernement américain au cours de leur réunion nocturne de la veille. Le jeune homme avait besoin de quelqu'un à terre en mesure de se procurer rapidement des documents pouvant servir pour l'enquête, mais également pour assurer le rôle de "L" en son absence. Car si Ryûzaki, l'assistant, était en mer, le détective L était toujours supposé avoir les deux pieds sur la terre ferme et suivre la progression de son adjoint à distance. De plus, L avait exigé de connaître l'état d'avancement de l'enquête menée par Mello, Matt et Near. Roger les supervisait, mais il devait obligatoirement passer par Watari pour communiquer avec le détective. Enfin, et bien que L ne l'ait pas exprimé clairement, Quillish l'avait néanmoins deviné, le jeune homme ne souhaitait pas emmener le vieil homme avec lui à cause des risques élevés qu'impliquait l'exploration.
Light Yagami ne lui avait pas encore fourni sa clé USB, gardant pour lui toutes les données ayant été conservées à l'abri par les États-Unis. Il n'avait rien emmené d'autre, et leur peu de bagages avait surpris le second Smirnov.
- Vous êtes au courant qu'on va naviguer un certain temps, hein ? Avait-elle dit.
À cela, L avait simplement répondu qu'ils comptaient résoudre l'affaire au plus vite et que, par conséquent, ils n'avaient pas besoin de trop se charger. Smirnov avait répliqué en levant un sourcil perplexe. Puis elle avait haussé les épaules et les avait mené jusqu'à leur cabine, avant de leur indiquer qu'ils devraient aller rencontrer les chercheurs dès qu'ils en aurait terminé avec le rangement de leurs "petites affaires".
- Ça m'étonne que tu aies accepté d'enquêter directement sur le terrain, avait déclaré Light Yagami en observant les quais depuis la fenêtre de la cabine.
- Je n'ai pas accepté, avait répliqué L. On m'y a obligé.
- Les États-Unis ?
- En grande partie.
- Interpol était dans le lot aussi, j'imagine ?
- Oui, avec les pays d'Asie et d'Afrique. La pression internationale a été beaucoup plus forte que prévue.
- Je vois.
Ils n'avaient pas approfondi la discussion et s'étaient rendus au niveau inférieur.
Olga Smirnov n'avait pas jugé nécessaire de leur présenter le bâtiment en détail. En les amenant à leur cabine, elle avait énuméré les différents paliers ainsi que les salles qu'ils pouvaient y trouver. Rien n'avait été laissé au hasard par les concepteurs de bâtiments maritimes de la marine américaine, aussi chaque niveau avait-il une fonction bien distincte des autres. Si le premier accueillait et subvenait aux besoins de l'équipage comme des passagers, avec des pièces de vie quotidienne tel qu'un salon, la cuisine ou une pièce réservée à l'entraînement physique, le second avait été attribué au travail de recherche. Le laboratoire s'y trouvait, joint à la chambre froide. Des salles informatiques liées à la récupération et au traitement des données par les capteurs ou sondes associées au Svetlana, ainsi qu'une salle de conférence dotée d'un écran de projection et une autre de documentation, comportant un certain nombre d'ouvrages clés dans plusieurs domaines,venaient s'ajouter à l'ensemble. Le troisième et dernier palier comprenait, entre autre, la salle des machines, une buanderie, la cale, où étaient stockées des marchandises dont beaucoup de nourriture, ainsi que des réservoirs. Les différents paliers étaient reliés par des escaliers situés en bout et en fin de niveau.
- C'est une petite maison flottante, leur avait expliqué Smirnov. Avec les gars, on s'occupe du nettoyage, mais si vous pouviez faire attention, ce ne serait pas du luxe.
Ils avaient levé l'ancre à 14 heures 30, passant juste devant le Barbarry et par là-même devant le commandant Wilson, qui se tenait sur le pont avant. Smirnov s'était précipitée à l'extérieur pour le saluer vivement de la main en lui hurlant qu'ils ne se reverraient peut-être jamais et qu'elle aurait sans doute des difficultés à lui rendre son exemplaire du Kamasutra Pour Les Nuls, ce à quoi Wilson avait répondu en lui lançant de toute ses forces la première bouée de sauvetage qu'il avait pu trouver, manquant de l'assommer, le tout avec un visage dramatique.
- Mets-le là-dedans ! Avait-il beuglé.
Smirnov avait obtempéré prestement, ayant conscience que la distance entre le Svetlana et le Barbarry grandissait seconde après seconde, mais s'était rapidement rendu compte que la bouée était bien trop large pour contenir le livre.
- Ça rentre pas, Wilson ! S'était-elle écrié, tragique jusqu'au bout des ongles. Ça rentre pas !
Les deux navires étant devenus trop éloignés, la bouée avait glissée dans l'eau, et Wilson avait soudainement poussé un cri déchirant tandis que Smirnov avait tendu la main vers lui dans un geste désespéré. L et Light, assistant à la scène, avaient été traversés l'un comme l'autre par l'idée d'aller chercher leur cabine seuls, tranquillement, au lieu d'attendre pour une aliénée nommée comme une vodka russe. Puis, sans plus de cérémonie, le hurlement de Wilson s'était interrompu et Smirnov s'était tourné vers eux, souriant de toutes ses dents.
- Vous venez, les enfants ? Avait-elle dit avant d'ouvrir la porte pour se faufiler à l'intérieur du premier niveau.
Pas de commentaire.
S'installer dans leur cabine n'avait pas pris plus deux minutes. Alors que le navire dépassait la Shooters Island et approchait du pont de Bayonne, ils s'étaient rendu au laboratoire, où étaient effectivement regroupés les quatre chercheurs. Ceux ayant étudiés les carcasses de bateaux s'appelaient Jeff Newton, Fredereck van Lunet, et Antoine Deville. Le médecin répondait quand à lui au nom de Dayazell Al-Qasim. Tous leur avait dit avoir hâte de travailler en leur compagnie, et Light leur avait trouvé un air de ressemblance frappant avec l'équipage. En entrant dans le laboratoire, ils avaient en effet découvert Newton observant fixement une pomme entre deux analyses. Van Lunet changeait de paire de bésicles toutes les quinze minutes, et Deville monologuait en français avec tout ce qui lui tombait sous la main, ponctuant son discours d'éclats de rire tonitruants avant de retourner à son état normal. Al-Qasim, pour sa part, paraissait être le plus ordinaire des quatre, si l'on omettait le fait qu'il tenait une discussion animé avec un crâne humain. Un vrai.
Bienvenue à bord, mesdames-messieurs, au menu, une brochette de cinglés
Ils n'étaient pas restés longtemps, du moins concernant Light. Si les experts s'étaient réunis autour de L pour l'informer de leurs dernières analyses, le shinigami avait discrètement regagné leur cabine le temps de revérifier en toute tranquillité les informations récupérées sur sa clé USB à partir d'un macbook qu'il avait dérobé dans un magasin électronique de Boston, après en avoir désactivé les caméras de surveillance. Par la suite, il était allé sur le pont, afin de se vider la tête. L'intérieur du bâtiment était malgré tout assez étroit, lui donnant l'impression d'étouffer. Il aurait bien le temps de s'habituer, mais pour le moment, il avait besoin de prendre l'air.
Il monta en direction de la passerelle, où se trouvait le commandant, et s'immobilisa sur la plateforme surélevée qui l'en séparait pour s'appuyer contre la barrière. L'air frais se jetait sur son visage, et le faisait se sentir vivant. Le soleil venait de réapparaître. L'eau brillait. Ils étaient désormais dans l'Upper Bay. Un peu plus loin se profilait le pont Verrazano-Narrows, qui reliait Brooklyn à Staten Island. Smirnov apparut à son côté, aussi furtivement qu'un courant d'air.
- Chez nous, on le surnomme " The Golden Door ", déclara t-elle en désignant le pont. C'est à cause de Pronto, elle nous montre des tas de films italiens et il y en avait un sur l'émigration qui s'appelait comme ça. " Golden Door ". Une fois le pont passé, on atteindra l'océan Atlantique et on ira directement sur le lieu de la première disparition, dans le détroit de Magellan.
Elle repartit comme elle était arrivée, laissant Light à ses réflexions. Il baissa la tête. Aperçut L en contrebas, le visage également tourné vers l'horizon. Le vent soulevait son t-shirt et ses cheveux.
C'est parti
Deux nouveaux cadavres ont été découverts au cours de l'après-midi, le premier, une femme d'une quarantaine d'années
sur une plage de la Grenade, dans les Antilles, et le second, un enfant, en Nouvelle-Zélande. Les expertises les plus récentes affirment
que le type de blessures présentées par les corps sont du même genre que celles reçues par leurs prédécesseurs, et il a en outre été
confirmé que les victimes étaient de la même famille, venant vraisemblablement du Mexique. Toutefois, en dépit d'analyses
permanentes, les chercheurs demeurent incapables de déterminer quel type d'animal pourrait être responsables de telles
mutilations.
25 mars 2008, 16 heures 03, Quartier Général de L, Londres, Angleterre.
L'appartement était au quatrième étage. Après s'être garé dans le parking résidentiel, Roger les mena à l'intérieur de l'immeuble situé juste en face, et dut sonner une seconde fois à l'interphone afin de pouvoir mettre un pied dans le hall. Un très beau hall, par ailleurs, tout en marbre, dorures et fleurs odorantes. Les prix ici devaient être faramineux. Mello, arrachant un morceau de chocolat à sa tablette, jeta un regard noir à l'ensemble en ôtant ses lunettes de soleil. Si Roger se fondait parfaitement dans cet environnement pompeux, lui et Matt détonaient. Ils empruntèrent l'ascenseur.
Pas de musique accompagnant les montées et les descentes, tant mieux. Mello avait horreur de ça, et il y avait fort à parier que cela couplé à leurs retrouvailles avec Near aurait achevé de le mettre de mauvaise humeur. Roger leur demanda des nouvelles, ils répondirent que tout allait bien, qu'ils s'en sortaient, qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Oh non, il ne fallait pas s'inquiéter. Mello appartenait à la mafia, le fric qu'ils gagnaient était obtenu de manière illégale, et la maison qu'ils occupaient pouvait leur passer sous le nez d'un moment à un autre si l'un des gars engagé par le blond faisait la moindre erreur, mais autrement, tout allait parfaitement bien. À croire que l'Angleterre faisait ressurgir leur flegme passé, celui qu'ils avaient abandonné en quittant le pays. L'indifférence polie pour toute chose dans toutes les circonstances et qui provenait tout droit de L. Merci, vieux. Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas senti aussi robotiques.
Une fois au quatrième, ils traversèrent un couloir qui, à quelques détails près, était comparable au hall d'entrée. Matt trouva ça dommage. Les architectes n'avaient même pas été foutus d'imaginer un design différent pour chaque étage. Marbre. Dorure. Fleurs. Carrelage. Mieux valait ne pas tomber là-dessus, ou c'était la commotion cérébrale assurée.
Roger les entraîna vers le fond du couloir, et Mello, qui avait cessé de mordre dans sa tablette, avait l'impression que les murs se rapprochaient les uns des autres.
C'est Near
C'était Near qui faisait ça. Il effleura son chapelet du bout des doigts. Dans d'autres circonstances, un tel luxe aurait été au goût du blond, mais actuellement, il lui donnait juste envie de vomir. Parce que Near était dedans. Et tant que Near serait ici, Mello détesterait viscéralement l'immeuble. La résidence. Londres. L'Angleterre dans sa globalité, puisqu'elle se rapportait toute entière à L et à son rival.
La porte de l'appartement était tout au fond, ce qui ne fit qu'accentuer le malaise de Mello. Roger frappa. Une femme, brune, la quarantaine, lui ouvrit. Matt reconnut une surveillante de l'orphelinat, Élisabeth, qu'elle s'appelait, ou quelque chose dans ce genre. Il n'avait jamais vraiment fait attention aux prénoms des membres du personnel de la Wammy's, de toute façon. Ils étaient pour la plupart quasi-invisibles ou s'occupaient en grande partie des plus jeunes, au premier étage de l'orphelinat.
- Ah, monsieur Ruvie, dit-elle d'une voix douce. Entrez.
Ils se glissèrent à l'intérieur. La femme referma la porte immédiatement après leur passage d'un geste nerveux, comme si elle craignait qu'ils soient suivis par quelqu'un.
De la crème. Ce fut le premier mot qui vint à l'esprit de Matt pour décrire le quartier général. Les boiseries ajoutées au mobilier beige dans la plupart des cas, sans compter l'aspect moelleux des canapés disposés en trio et la moquette écrue, faisaient penser à un royaume de madeleines ou de mantecadas noyées sous des tonnes de crème anglaise, comme pour les îles flottantes de la cuisine française. Ou alors un amas de choux à la crème. Le regard de Matt croisa celui de Mello et il sut qu'ils avaient alors pensé la même chose.
Indigestion
Pas de doute, c'était du L tout craché. Et c'était immonde.
- Venez, il est juste là, leur indiqua la femme.
L'entrée débouchait sur un petit vestibule, s'ouvrant quand à lui sur un salon éclairé par de larges fenêtres. Ils avancèrent. Au centre de la pièce, entouré de pièces legos, de constructions inachevées, dont une représentant la tour de l'horloge du Palais de Westminster, Near était accroupi sur le sol, un genoux replié contre son torse, son ordinateur juste devant lui, habillé d'un jean et d'une chemise blanche. Il n'avait pas changé. Du tout. Hormis la longueur de ses cheveux, rien dans son apparence n'indiquait clairement qu'il avait grandi. Dans sa position actuelle, il était impossible de déterminer combien il mesurait, mais Matt aurait parié qu'il n'avait pas dépassé le mètre soixante. Il devait toujours faire même taille qu'au moment de leur départ de la Wammy's House, un an auparavant. Comme L, Near était figé dans le temps. Ça devait être pour cette raison qu'il était le premier successeur.
- Near, fit Roger. Mello et Matt sont là.
Le visage de Near se releva, et quand ses yeux apparurent, Matt eut sa confirmation. Celui qu'il se plaisait à surnommer " Blanche-Neige " à l'orphelinat n'avait pas changé d'un pouce. Pas de chaleur dans son regard. Pas de haine ni de joie. Rien. Juste une constatation, une observation objective : les deux M étaient revenus. Point barre, à la ligne. Il sembla noter les changements survenus chez eux avec autant de détachement que s'ils avaient été deux ordinateurs brisés envoyés chez un spécialiste pour se faire remettre à neuf.
- Salut, N, le salua Matt.
Les yeux de Near le passèrent en revue, comme il avait l'habitude de le faire autrefois.
- Bonjour, Matt, lui répondit l'autre.
Monocorde, distant. La façon qu'avait L de parler au téléphone, si ce n'était que la voix de Near était un peu plus aiguë.
Dans son dos, un craquement retentit.
Mello venait de porter sa tablette de chocolat noir à sa bouche pour en reprendre un bout.
Near s'anima. Il mena ses doigts à ses cheveux et saisit l'une de ses boucles blanches.
C'était une manière comme une autre de dire bonjour. Matt, pour sa part, ne fit rien. Il n'était pas dans le coup. Ce petit truc, c'était entre Near et Mello, mais ça n'avait rien à voir avec lui. Il n'était le rival de personne, dieu merci. Il aurait préféré se tuer plutôt que de devoir affronter Mello dans un combat intellectuel tel que le faisait Near. Il y avait de quoi devenir fou.
" Mieux vaut ne penser à rien que ne pas penser du tout. "
Citation de Serge Gainsbourg, auteur-compositeur et interprète français
Date inconnue, heure inconnue, lieu inconnu.
Quand tu essaies de penser, ça te fait mal à la tête. On dirait une grosse migraine. Et comble de malchance, pas de cachet pour régler ça. Tu te dis que c'est un peu illogique que tu ne puisses pas sentir précisément ton corps mais tu sois en mesure d'éprouver un mal de crâne. Ou alors, c'est fait exprès. C'est la punition. C'est la punition pour l'avoir tué. Ça te donne de nouveau envie de pleurer, mais même si des larmes t'échappent, tu n'arrives pas à les sentir. Et ça t'attriste davantage, tout ce manque de sensations. Parce que la vie est sensation, et que ce genre de réflexion t'amène à penser que puisque que tu ne peux pas te percevoir, alors tu es morte. Sans doute.
Mais les autres, tu les sens, toujours avec cette même profondeur, c'est certain, et ils sont beaucoup, agglutinés tout autour, à faire probablement la même chose à toi, à savoir penser clairement. Enfin, essayer de penser clairement. Ou plutôt, même, essayer de penser, parce que ce n'est pas facile, ici, d'assembler mentalement des idées et de construire des phrases. C'est, à tous les coups, cet effort qui fait si mal. Ce genre de mal de tête que tu récoltais après avoir assisté à une réunion un peu trop longue et un peu trop complexe en fin de journée. Où ça parlait d'économie et de ventes de disques et de photos pour des publicités. C'était les managers qui s'occupaient de tout ça, en général. Ils devaient avoir de sacrés maux de tête, ceux-là.
Tu ne bouges pas, ou du moins, étant donné que tu ne te sens pas, tu ne sais pas si tu bouges ou non. Un moment auparavant, tu as voulu lever ta main pour toucher ta joue, mais c'était trop confus, trop imprécis, pour que tu puisse certifier avoir touché quelque chose. Et ça te fait peur. Parce que si tu es morte et qu'après la mort, c'est ça, alors il y a une chance sur deux que tu finisses par devenir folle.
Tu as essayé de parler. Tu as essayé d'ouvrir la bouche, de sentir ta bouche, le palais, la langue, les lèvres, l'intérieur de tes joues, tes dents que tu brossais avec ferveur pour les avoir bien blanches, mais rien n'est advenu. Pas plus de son que de sensations. Ça t'a découragé. Fatigué, aussi. Penser te fatigue. Light aurait sûrement été épuisé, ici.
Faîtes qu'il soit ailleurs
Tu ne veux surtout pas qu'il soit ici. D'ailleurs, tu sais qu'il n'est pas ici. Il ne s'est pas tué. On l'a assassiné. Et c'est toi la responsable. Il ne peut pas être ici. Ça te rassure et ça te terrorise, parce que même s'il y a les autres autour de toi, tu te sens terriblement seule. Et terriblement perdue. Et très fatiguée, surtout. Tu te demandes s'il y a une échappatoire, mais étrangement, l'idée ne fait naître aucun espoir en toi. Sans doute parce que tu sais qu'il n'y en pas. Tu peux pas sortir d'ici, ma douce. T'es coincée comme un papillon dans une toile d'araignée mais c'est de ta faute et de toute façon tu l'as mérité parce tu l'as tué.
Quand tu veux te rappeler, la première chose qui te vient à l'esprit, c'est la couleur du stylo. Tu écrivais en rouge. Mais pas du rouge pétant, un joli rouge, comme celui de ton vernis à ongle favori. Tu ne sais pas pourquoi c'est ce détail qui te revient avant tous les autres. Et quand tu te souviens du sang, tu comprends. Parce que le sang était rouge.
Il était rouge comme ton stylo, le sang de Light.
Oh Light je suis désolée amour je suis désolée
Et tu pleures tu pleures tu pleures mais tu ne sens rien.
...
...
Quand tu essaies de penser, ça te fait mal à la tête. On dirait une grosse migraine. Et comble de malchance, pas de cachet pour régler ça. Tu te dis que c'est un peu illogique que tu ne puisses pas sentir précisément ton corps mais tu sois en mesure d'éprouver un mal de crâne. Ou alors, c'est fait exprès. C'est la punition. C'est la punition pour l'avoir tué. Ça te donne de nouveau envie de pleurer, mais même si des larmes t'échappent, tu n'arrives pas à les sentir. Et ça t'attriste davantage, tout ce manque de sensations. Parce que la vie est sensation, et que ce genre de réflexion t'amène à penser que puisque que tu ne peux pas te percevoir, alors tu es morte. Sans doute.
" Les Tunnels de Dorine sont faits de telle sorte que toute faculté
mentale est rendue quasi-impossible. Même le roi de la Mort ne pourrait
penser distinctement s'il venait à y pénétrer. C'est le pire des châtiments qu'il
puisse exister. "
Extrait du Code des Dieux de la Mort, article XI
Indications :
- Moi qui m'inquiétais, je suis revenue à peu près au même nombre de mots que les premiers chapitres. Tiouf !
- L'histoire du protocole américain n'est pas vraie, j'ai inventé parce que j'avais terriblement envie d'utiliser trois voitures.
- Le morceau chanté par Beyond est une chanson du groupe féminin The Chordettes, intitulé "Lollipop". Quand à la traduction de l'extrait, elle est juste en dessous :
" Sweeter than candy on a stick, huckleberry, cherry or lime, if you had a choice, he'd be your pick, but Lollipop is mine " = " Plus doux qu'un sucre d'orge, qu'une myrtille, cerise ou citron, si vous aviez le choix, vous le prendriez, mais Lollipop est à moi. " Vous comprenez toute la subtilité de Beyond ?
- Maintenant qu'on en parle, yep, j'ai ajouté Beyond Bithday. Il est passionnant et il pourra dire des trucs très intéressants sur les autres :). Lui être mon porte-parole emmerdant les autres à cause de ses remarques bien placées. Grand chef Negen a parlé(et a fumé, aussi...c'est pas vrai mais c'était pour la rime).
- "Croquer la pomme" est une expression qui signifie aussi "faire l'amour".
- Les noms des scientifiques n'ont pas non plus été choisis au hasard, c'est comme pour l'équipage. Jeff Newton = référence à Isaac Newton, notre bon vieux physicien, et à sa pomme(d'ailleurs, j'ai mis pas mal de pommes, dans ce chapitre...serait-ce l'expression d'un de mes désirs inconscients ou alors juste une fixette ?). Fredereck van Lunet = d'origine néerlandaise, "von" signifie "de quelque chose", et ici, "Lunet" n'est absolument pas un mot en néerlandais, mais juste le mot française "lunettes" réadapté, d'où l'anecdote des binocles de cet expert. Antoine Deville = référence à Charles Sainte-Claire Deville, géologue et météorologue français. Dayazell Al-Qasim = référence à Abu Al-Qasim, le père de la chirurgie moderne ainsi qu'un très grand chirurgien musulman, le prénom signifie d'ailleurs "Celui qui éloigne le mal".
- Non, je ne mangeais pas de choux à la crème quand j'ai écrit le passage sur l'appartement, promis. Mais après, j'avais plus faim.
- Ma pôôôôve Misa(fait celle qui la torture) !
- Difficulté désigne ici la situation de L et de Light, aux prises avec une bande de cinglés, mais également celle de Mello et Matt, revenus en Angleterre pour enquêter avec Near, qu'ils n'apprécient pas spécialement, et celle de Misa(surtout celle de Misa, en fait).
Aaaaladolaaaa ! J'ai commencé la fac, et j'espère que ça ne va pas plomber mon temps d'écriture. Normalement non, mais on ne sait jamais. Je vous remercie énormément pour toutes vos reviews qui m'ont beaucoup rassurée(sisi, parce que j'avais peur que le grand délire de l'autre chapitre ne plaise pas des masses). On se revoit dans deux semaines pour le sixième chapitre, et j'espère que vous apprécierez celui-ci :).
Negen
