CHAPITRE SEPTIÈME

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Absence : dérivé du latin " absentia ", fait de ne pas être présent, de manquer, ou

état d'une personne dont l'existence est rendue incertaine par sa disparition ou

le manque de nouvelles.


ABSENCE

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« Une maison sans enfant est une tombe. »

Proverbe sanskrit


25 mars 2008, 19 heures 45, arrondissement de Katsushika, Tokyo, Japon.

Il était rentré avec un rhume carabiné, de la fièvre ainsi qu'un bon mal de gorge, comme il n'en avait plus eu depuis longtemps, et par conséquent, il était hors de question pour lui d'aller travailler le lendemain, quand bien même il fut empli de bonne volonté. Sa frustration avait atteint un niveau équivalent à celui de sa fatigue, d'autant que cela faisait près de deux ans qu'il n'avait pas été malade à ce point. Dés son retour au domicile familial, il avait voulu contacter l'un de ses collègues afin de le prévenir de son absence, mais Sachiko, épouvantée par sa mine affreuse, son nez rouge et ses quintes de toux répétitives, avait préféré s'en charger, lui ordonnant simplement d'aller prendre une douche chaude puis de se reposer.

- Je m'en occupe, Soichiro ! S'était-elle exclamé lorsqu'elle l'avait vu le téléphone en main, son manteau toujours sur les épaules.

Elle s'était saisi du combiné d'un geste presque compulsif pour composer le numéro du collègue en question.

- Sachiko, je peux très bien...

- Ne discute pas, j'ai dis, avait-elle répliqué d'un ton qui ne laissait guère place à la moindre opposition. Va te laver. Ensuite, tu viendras manger et tu iras dormir. J'irai te chercher des médicaments demain.

Soichiro avait rejoint l'étage sans protester davantage, ne se sentant guère capable d'affronter l'inquiétude de son épouse. Alors que s'élevait la voix douce de celle-ci depuis le salon, il gagna la salle de bain. La douche lui fit un bien fou, décontractant les muscles de son corps tendus par une nervosité croissante, résultant de la complexité de l'affaire portant sur un réseau de trafic de drogues, sur laquelle travaillait la police depuis plus de deux mois, et le plongeant dans une douce torpeur. En regagnant le rez-de-chaussé, en bas de pyjama et pull, chaussons aux pieds, l'odeur de la cuisine de Sachiko réveilla son appétit, qui avait quelque peu disparu en raison de son mauvais été de santé.

- Mets-toi à table, chéri, lança t-elle sans quitter des yeux sa préparation fumant à l'intérieur d'une casserole. Je t'ai mijoté une soupe miso, ça te fera du bien.

- Merci, Sachiko. Et Sayu ? Demanda t-il en s'installant.

Sa femme posa devant lui une assiette, un verre et des couverts, puis réitéra son geste à deux reprises(trois, parce que les Yagamis ne sont plus que trois). Elle portait le joli pull rosé en cachemire que Soichiro lui avait offert à l'occasion de son trentième anniversaire, et lorsqu'elle se pencha un peu en avant, celui-ci copia délicatement la forme arrondie de son sein droit.

- Ne t'en fais pas pour elle. Elle m'a appelé pour me dire qu'elle était chez Kazuki, elle doit rentrer pour vingt heures trente, lui expliqua t-elle.

Soichiro, face au sourire bienveillant de son épouse, n'osa pas lui dire que ce n'était pas franchement les retours tardifs de sa fille qui l'angoissaient pour sa part.

Si les études de Sayu au collège s'étaient achevées non sans accroches, en partie à cause du décès de son frère au cours des premiers mois de sa dernière année, la jeune fille s'était reprise dés lorsqu'elle avait investi le lycée. Ses résultats scolaires, jusqu'à lors dans la moyenne, avaient explosés : elle était à présent la seconde de sa classe. Sachiko était enchantée par les prouesses intellectuelles de leur fille, mais Soichiro, en revanche, ne montrait pas le même enthousiasme. Dans les yeux de Sayu, parfois, lorsqu'elle lui communiquait une nouvelle bonne note, il y avait comme un voile d'émotions troubles, donnant l'impression que la petite était à mi-chemin entre la colère, le désespoir et la joie. Son père en avait à chaque fois l'estomac retourné. Néanmoins, il préférait s'en charger, insistant même pour que Sayu lui passe un coup de fil si jamais il n'était pas joignable plutôt que d'annoncer quoi que ce fût directement à sa mère. Car cette dernière, lorsque Soichiro lui en parlait au cours des repas en famille, devenus de plus en plus fréquents depuis la fin de l'affaire Kira, présentait alors toujours des yeux emplis de larmes. Mais pas des larmes de bonheur.

Soichiro ne leur avait jamais dit pour Light. Jamais. De même que L n'avait pas révélé la véritable identité de Kira aux autorités et aux médias afin de préserver l'intégrité de la famille Yagami(qui aurait sans aucun doute été détruite par un flux massif de journalistes dans le cas contraire), lui n'avait rien avoué à sa femme et sa fille. Être accusé d'hypocrisie ou de lâche ne lui importait pas, tant que l'harmonie de la famille était préservée. La mort de Light en tant que héros pouvait être admise, même si cela devait prendre des années. Mais connaître la vérité selon laquelle Light avait effectivement été l'un des criminels de masse les plus fructueux du Japon aurait probablement anéanti Sachiko et Sayu. Définitivement. Soichiro préférait cent fois vivre avec ces deux poids sur la conscience plutôt que de réduire en charpie le peu d'équilibre maintenant en place la cellule familiale.

Il n'avait pas revu L depuis novembre 2004, mais avait entendu parler de sa récente passivité face aux enquêtes qu'on pouvait lui proposer. Soichiro Yagami ne doutait pas que comparé au labyrinthe dans lequel il avait erré durant l'affaire Kira, les autres cas pouvaient avoir l'air considérablement plus fades aux yeux du détective. En février 2006, aux États-Unis, un petit groupe de malins avaient tenté de relancer le débat sur la condamnation à mort subjective des criminels en reprenant la méthode de Kira et en utilisant du chlorure de potassium, utilisé dans le cadre des exécutions par injection létale, pour se débarrasser des criminels de petite envergure, mais L les avait débusqué aisément. Il s'agissait d'une dizaine de policiers pro-Kira. Le scandale avait été tel dans le monde entier que la police de New-York avait cru bon de renouveler tous ses effectifs. Le résultat, bien qu'il fallût s'y attendre, avait été un mouvement de grève géant bloquant toute la circulation sur le pont Brooklyn. Les autres polices internationales, ainsi qu'Interpol, avaient également exprimé leur soutien envers leurs collègues américains innocents. L'affaire était classée trois jours plus tard.

Sachiko, qui jusqu'ici s'était absentée dans la cuisine pour veiller sur la cuisson des plats, revint. Elle tenait entre ses mains un bol de soupe qu'elle déposa devant Soichiro.

- Tiens, chéri. Bois, ça te fera du bien.

Elle se pencha pour l'embrasser sur la joue. Ses cheveux et sa peau sentaient la fleur. Offrir du parfum ne faisait guère vraiment partie de la tradition japonaise, toutefois Sachiko était ce genre de femmes coquettes aimant utiliser des gels douche aux fragrances délicates. De sa mère, elle tenait une habitude hygiénique particulière, consistant à prendre de longs bains dans lesquels elle faisait mousser un gel douche à base de magnolia. Cette tradition semblait se transmettre de générations en générations, puisque Sayu elle-même commençait doucement à l'imiter en utilisant pour sa part un gel douche à la lavande.

Sachiko retourna dans la cuisine. Il porta le bol à ses lèvres. Le miso lui avait toujours été bénéfique dés lors qu'il tombait malade.

- Soichiro, quelle heure est-il ?

- Bientôt vingt heures trente, répondit-il en jetant un coup d'œil à la pendule du salon.

- Sayu devrait déjà être rentrée, marmonna Sachiko en revenant avec une carafe d'eau.

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- Ne t'inquiètes pas, chérie, la tempéra Soichiro. Elle doit être en chemin.

- Elle sait très bien qu'elle doit téléphoner juste avant de rentrer, je le lui ai rappelé tout à l'heure, soupira néanmoins son épouse.

- Elle a toujours passé beaucoup de temps chez Kazuki. C'est sa meilleure amie, après tout.

- Mais il est...

- Sachiko, arrête de te ronger les sangs, lui dit Soichiro sur un ton rassurant. Je suis sûr que tout va bien pour Sayu, elle a peut-être simplement oublié. En attendant, viens manger, tu y penseras moins.

Ils dînèrent tous les deux, pour la première fois depuis un certain temps. Pris par son travail, Soichiro n'avait guère le temps de proposer à son épouse un repas aux chandelles dans un restaurant chic. S'ils l'avaient fait pour ainsi dire sans interruption quelques années avant que Sachiko ne tombe enceinte de Light, ils n'en avaient plus eu l'occasion depuis. La dernière fois datait du Noël 1985, un an avant la venue au monde de leur fils.

- Soichiro, commença t-elle après avoir terminé son bol de riz, je voulais te parler de quelque chose.

Il fut malgré lui alarmé par la gravité de sa voix. Elle le regardait avec douceur, mais tout son visage s'était soudainement mis à rayonner de fermeté.

- Que se passe t-il, Sachiko ?

- Rien d'embêtant, lui assura t-elle, et sa voix trembla un peu. Ne t'en fais pas, chéri. C'est juste que...j'y pense depuis un certain temps, et maintenant que Sayu a grandi...

Elle hésita. Un instant, Soichiro fut traversé par l'idée aussi affolante que saugrenue que celle-ci veuille demander le divorce.

- Je pensais à déménager, annonça t-elle finalement.

- Déménager ? Répéta son mari.

La surprise et la nervosité passée, remplacée par le soulagement que Sachiko ne souhaite pas se séparer de lui, il considéra la proposition avec davantage de soin. Lui n'avait jamais envisagé l'idée de vendre la maison pour s'installer ailleurs. Ils l'avaient acheté l'année où Soichiro était devenu commissaire, peu après la naissance de Sayu. Ils vivaient auparavant dans un élégant duplex de l'arrondissement de Chiyoda.

- Oui, reprit Sachiko. Je consulte régulièrement les annonces immobilières et j'ai trouvé une petite maison dans le nord de Niigata.

- Niigata ? Bon sang, Sachiko, c'est à trois heures de Tokyo !

- Tu pourrais demander à être muté, tenta sa femme. Niigata est une jolie ville, nous y serons très bien.

- Nous, peut-être, mais Sayu ? Elle vient de s'inscrire à l'université de Tokyo pour des études de lettres, tu imagines le trajet qu'elle devra faire ? Je pense qu'il faudrait au moins attendre la fin de ses études avant d'envisager de quitter la ville.

- Combien de temps ça prendra ? Demanda Sachiko.

- Je ne sais pas, ça dépendra d'elle.

Comme le visage de Sachiko se décomposait brutalement, il comprit.

- Tu voudrais partir tout de suite, déclara t-il.

Son épouse hocha la tête, les yeux baissés.

- Pourquoi ? Demanda t-il.

Alors Sachiko sembla se recroqueviller sur elle-même, comme un bébé dans le ventre de sa mère. Ses mains agrippèrent le tissu de sa jupe.

- Je la déteste, cracha t-elle, et sa voix tremblait.

- Quoi ?

- Je déteste cette maison, je ne la supporte plus.

- Mais...pourquoi ? Je ne comprends pas, Sachiko. Quand nous y avons emménagé, tu...

- Quand nous y avons emménagé, Light était vivant, asséna froidement sa femme.

Elle releva la tête. Ses yeux étaient pleins de larmes et de douleur, lacérant sans pitié les entrailles de Soichiro. Car dans ces yeux-là, il y avait quelque chose de brûlant qui lui faisait irrémédiablement penser à son fils. Et penser à son fils, c'était se souvenir qu'il avait disparu quatre ans plus tôt.

- Chérie...

- Tais-toi, s'il te plait, le supplia t-elle. Tu vas me dire que c'est le passé, qu'il faut que j'aille de l'avant, que ça ne le fera pas revenir que de changer de logement, et tu auras bien raison, mais je n'y arrive pas, Soichiro, tu comprends ? Tout dans cette maison me fait penser à lui, j'ai l'impression qu'il est toujours là, et il y a cette chambre qui...qui reste vide tous les jours et je dois la...oh, je n'en peux plus ! Explosa t-elle tout d'un coup. Ce serait tellement plus simple s'il n'y avait pas cette maudite chambre !

Les larmes dégringolèrent sur ses joues. D'un bond, son mari se précipita pour lui venir en aide, pour lui apporter du réconfort, mais elle se déroba instantanément.

- Ne me touche pas, siffla t-elle. Ne me touche pas, je t'en prie. Laisse-moi tranquille.

- Sachiko, tenta t-il.

- Je n'ai pas fait mon deuil, Soichiro, sanglota t-elle, et tant qu'on restera ici, dans cette ville et dans cette maison, tu sais très bien que je serais incapable de le faire.

Et puis de nouveau, ses yeux brillèrent d'un éclat sauvage, reflété dans la translucidité de ses larmes.

- C'est facile, pour toi, grinça t-elle en reniflant. Tu ne passais pas tes journées avec lui, tu étais toujours à ton travail, tu les voyais tout au plus une fois par semaine. Mais moi, moi, je me suis toujours occupée d'eux, et c'est parfaitement normal que je sois dans cet état, tu sais. Je ne peux pas tout mettre de côté au bout de quatre ans. Je ne mettrai jamais de côté la mort de mon fils.

- Ne m'attaque pas avec ce genre d'argument, Sachiko, répliqua froidement son mari. Ne va pas t'imaginer que la mort de Light n'a eu aucun effet sur moi, tu m'entends ?

Sachiko ne le regardait plus. La tête baissé, elle pleurait en silence. Elle avait l'air épuisée. Soichiro nota alors ses cernes, les rides qui s'était creusées aux coins de ses yeux et de ses lèvres, les cheveux blancs qui apparaissaient dans sa chevelure de jais. Elle avait vieilli au cours de ces quatre ans. Le chagrin, impitoyable, leur avait fait prendre de l'âge à tous les deux. En partant, c'était comme si Light avait emmené avec lui toute la jeunesse de ses parents.

- Il ne serait pas mort s'il n'avait pas participé à cette enquête, déclara sèchement Sachiko.

- On en a déjà parlé, répliqua Soichiro. L n'y est pour rien, tu ne peux le blâmer pour quelque chose dont il n'est pas responsable.

- Mais c'est lui qui a demandé à Light de venir travailler avec vous ! S'écria t-elle brusquement, le visage abominablement tordu par le ressentiment, en proie à une véritable crise d'hystérie. C'est lui qui a exposé Light au danger ! Il le savait parfaitement et il n'a rien fait pour le sauver, rien ! Aucun de vous n'a rien fait ! Vous auriez pu, mais vous n'avez rien fait ! Vous l'avez juste regardé mourir, Soichiro !

- Ça suffit, Sachiko !

Il la saisit violemment par les épaules, sentit sous ses mains le corps tendu et vulnérable de son épouse. Il aurait pu le briser à la manière dont vole en éclats une tasse de porcelaine tombée sur le carrelage. Il aurait si aisément pu la tuer pour avoir dit une chose pareille qu'il en fut lui-même affolé.

Il n'avait pas regardé Light mourir. Non. Il n'aurait pas pu. C'était son fils. C'était aussi Kira, mais avant tout, c'était son fils. La chair de sa chair, et quoi qu'on en dise, une part de lui-même. La meilleure ou la pire, ça, en revanche, il n'aurait pas été en mesure de le déterminer avec précision. Un peu des deux, sans doute. Les autres s'étaient contentés d'observer la scène, mannequins immobiles partagés entre la compassion et l'animosité. Mais lui s'était précipité dés lors que le corps de Light avait été parcouru d'un soubresaut, et il l'avait rattrapé avant qu'il ne s'effondre au sol. Un souvenir avait jaillit à la surface de son esprit. Quand Light avait sept ans, Soichiro s'était attelé à lui apprendre le patin à roulettes. Le petit s'en sortait bien, mais lors d'une séance, il avait été surpris par un chat noir au coin d'une petite rue et était tombé. Son père l'avait rattrapé. À l'enfant qui pestait dans un mélange de japonais et de sanglots furieux contre l'animal parce qu'il lui avait fait rater sa performance, Soichiro Yagami avait répondu :

- Ce n'est pas grave, Light. Si tu dois encore tomber, tu pourras compter sur moi pour te rattraper, c'est promis.

La promesse tenait encore onze ans plus tard, mais dans un tout autre contexte, bien moins innocent. En se souvenant, Soichiro avait éprouvé un maelström d'émotions confuses, qu'il avait penser être commun à tous les parents d'enfants criminels. Certes, il avait honte, il était en colère, contre son fils, contre lui-même, le goût amer de la trahison lui brûlait la bouche, et par dessus tout il ne comprenait pas ce qui avait pu mener Light à accomplir ce genre de choses, mais tout cela, bon dieu, ce n'était rien, absolument rien comparé à l'amour qu'il lui portait. Rien. Tout en gardant le jeune homme dans ses bras, en écoutant ses derniers mots, il s'était dit que même si un procès avait eu lieu, il ne pourrait jamais témoigner contre Light, pas plus que Sachiko ou Sayu n'auraient été en mesure de le faire. Il préférait mille fois affronter le déshonneur, la haine populaire, plutôt que de renier son propre sang. L'amour que les Yagami éprouvaient les uns envers les autres, en dépit des erreurs de ceux-là, des réussites de ceux-ci, demeurait inchangé, et ne variait pas en fonction des récompenses ou des faux pas. Tout partait de Sachiko, était porté par Soichiro, avant d'atteindre leurs progénitures. Sa femme était un puits d'amour profond sans toutefois virer à l'obsessionnel. Et parce qu'elle était ainsi, et que l'un des objets de son amour lui avait été violemment arraché, sa douleur était insoutenable.

Cela ne signifiait pas, toutefois, que Soichiro y était immunisé. Bien au contraire. Là où Sachiko revoyait son fils vivant, arpentant les recoins de la maison, son mari était poursuivi sans relâche par les derniers instants de celui-ci, auxquels il avait insisté presque impuissant. La situation lui était tout aussi insupportable qu'à son épouse, mais il estimait ne pas avoir le droit de s'autoriser un instant de faiblesse. Ce dont Sachiko et Sayu avaient besoin, c'était d'un homme suffisamment fort pour tenir fermement en place la cohésion familiale. La solidité de ses nerfs était devenue, après la mort de Light, la base fondamentale sur laquelle reposait les autres nerfs dangereusement éprouvés des Yagami. La moindre petite fissure, et tout pouvait exploser. Depuis quatre ans, leur équilibre ne tenait plus qu'à un fil.

Il entendit la porte de la maison claquer.

- C'est moi ! Annonça Sayu.

Sachiko se dégagea aussitôt de l'étreinte de Soichiro et se rua sur sa fille, toutes griffes dehors.

- Où est-ce que tu étais ? S'exclama t-elle, furieuse, le visage toujours barbouillé de larmes. Tu sais très bien que tu dois appeler avant de rentrer à la maison !

- M-mais je l'ai fait, maman, bredouilla Sayu, pétrifiée par l'attaque de sa mère.

- Tu es en retard ! Répliqua Sachiko. Tu sais parfaitement que je n'aime pas quand tu ne respectes pas les horaires que tu m'as donné !

- Sachiko, calme-toi, ordonna son mari.

Soichiro, qui les avait rejoint dans les vestibule, vit le visage de sa fille se décomposer progressivement, ses yeux se remplir à leur tour de grosses larmes.

- Mais maman, je...

- Oh, tais-toi, la coupa sèchement celle-ci. Va dans ta chambre, tu te fera à manger toute seule. Je n'ai pas envie de cuisinier quoi que ce soit à l'heure qu'il est parce que mademoiselle n'est pas capable de gérer son temps.

Sayu blêmit, comme si elle était la proie d'une maladie fulgurante. Elle se tourna vers son père, dans un appel au secours muet.

- Il y a des restes, Sayu, ne t'inquiètes pas, lui dit-il alors. Ta mère s'est fait beaucoup de soucis pour toi et nous avons eu une discussion un peu houleuse il y a quelques minutes, c'est pour ça qu'elle est en colère.

Sa fille hocha la tête, visiblement reconnaissante de son intervention. Le calme de son père avait toujours pallié à la fureur de sa mère.

- Je suis désolée, maman, je ferais plus attention, la prochaine fois, s'excusa t-elle.

À Soichiro qui croyait l'affaire réglée, Sachiko jugea bon de prouver le contraire.

- Ton frère n'était jamais en retard, dit-elle d'un ton cinglant.

Bon dieu, Sachiko

La réaction de Sayu fut tout aussi immédiate que prévisible. Elle qui s'était faite plutôt posée et mesurée depuis la mort de Light perdit violemment toute contenance, et ne vint à l'esprit de Soichiro que l'image d'une bouilloire sous pression qui explose. Comme un homme qui se réveille soudainement après avoir expérimenté la mort et dont les sens ont été considérablement aiguisés, il réalisa non sans panique que sa fille, au cours des quatre années ayant suivi, sous une apparente tranquillité, n'avait jamais cessé d'accumuler de la nervosité, de la rancœur et du chagrin. Contrairement à ce qu'avait imaginé son père, elle était constamment sur le fil, à deux doigts de déborder, bien plus que sa mère, puisqu'elle était sujette à une pression plus conséquente. Si le niveau scolaire de Sayu avait subi une telle évolution, ce n'était pas un hasard. Elle ne faisait pas ça pour l'honneur de la famille ou pour accentuer ses chances de faire de brillantes études.

Elle le faisait pour ressembler à Light.

Sayu avait parfaitement compris à quel point ses parents avaient été brisés par la mort de leur fils, et elle avait surtout perçu l'une des raisons majeures de leur accablement. Car au delà de son frère en tant qu'individu, en tant que fils, c'était la fierté de la famille qui avait été touchée. Light excellait dans de nombreux domaines, et cette intelligence remarquable, qui représentait sa principale caractéristique, faisait la joie des Yagami dans une société où les compétences intellectuelles étaient valorisées. En cela, la disparition de Light avait eu l'effet d'un véritable coup de poing à l'honneur de la famille. Sayu, afin de ramener une forme de paix au sein du logis, mais surtout par amour pour ses parents et en particulier pour sa mère, avait par conséquent entrepris de réinvestir le rôle de son frère aîné. Et tout ce qui allait avec. Les notes vertigineuses. Les cours du soirs. L'élégance. Les études prestigieuses. L'autonomie. Elle avait même été jusqu'à copier certains de ses traits de caractère, dont la nonchalance. Elle était parvenue à réunir tous ces éléments dans sa seule personne, mais c'était trop de pression pour son âge et particulièrement pour sa condition mentale suite à la mort de son frère, si bien que la moindre remarque désagréable à ce sujet pouvait à tout moment l'amener à péter les plombs. Sur elle reposait une grande partie de l'harmonie familiale, parce qu'elle était aussi le dernier enfant en vie des Yagami. On aurait même pu aller jusqu'à avancer que tout l'équilibre psychique de sa mère dépendait d'elle, puisqu'en se comportant ainsi, Sayu remplaçait Light à ses yeux, elle comblait un manque. Cependant, à la manière de ses parents, elle était comme une somnambule traversant un fil tendu au dessus d'un précipice, et qu'un réveil trop brutal pouvait faire à tout moment tomber dans le vide.

- Light était peut-être toujours à l'heure, maman, mais Light est mort ! Cracha t-elle, causant aux lèvres de sa mère un tremblement. Et ne jamais être en retard ne l'a pas aidé à survivre !

Sachiko lui répondit par une gifle. Claquante, sèche, brève, mais foudroyante. La mère de Sayu avait rarement frappé ses enfants, néanmoins les quelques fois où elle y avait été contrainte, les deux petits avaient fait en sorte que cela n'arrive plus jamais. Les yeux de sa fille s'écarquillèrent, elle porta une main à sa joue douloureuse. De grosses larmes dévalèrent sur ses joues. Soichiro, cloué sur place, cherchait désespérément quoi dire sans parvenir à trouver quoi que ce fut.

- Ne dis plus jamais ça, Sayu, siffla Sachiko. Plus jamais, tu m'entends ?

- Et qu'est-ce que tu veux que je te dise, bordel ? S'écria d'un seul coup la jeune fille, la voix mouillée de sanglots. Light est mort, accepte-le au lieu de me comparer à lui vingt quatre heures sur vingt quatre ! Je ne suis paslui, maman ! J'en ai marre, tu comprends ? J'en ai assez de jouer les modèles, j'en ai ma claque de devoir assumer le rôle du grand frère génial !

- Sayu, calme-toi, s'il te plait, tenta maladroitement Soichiro.

- Non, je ne me calmerai pas ! Pourquoi je me calmerai ? Fallait bien que quelqu'un pique sa crise, de toute façon ! Toute cette maison empeste la dépression nerveuse depuis la mort de Light, y a peu près autant d'ambiance que dans un cimetière ! C'est mort ici, vous entendez ? C'est complément mort depuis quatre ans, et vous pourrez avoir l'air aussi insouciants que possible, ça ne changera jamais !

- Sayu...

Elle se rua à l'étage, sans répondre, claquant derrière elle la porte de sa chambre. Sachiko fondit en larmes, et ne refusa pas le bras de Soichiro autour de ses épaules, la menant doucement au salon.

Voilà ce qui reste de la famille Yagami : des larmes et un maison qui ressemble à une tombe


" Et des vaisseaux voici les beaux

Sur la mer, en robes de femmes,

Allés suivant les oriflammes

Au bout du ciel sombré dans l'eau,

Et de vaisseaux tant sur les eaux

La mer semble un pays en toile,

Mes pauvres yeux allez en eaux,

Il en est plus qu'il n'est d'étoiles. "

Poème titré Étoile de la Mer, de Max Elskamp, poète belge


26 mars 2008, 9 heures, quelque part dans l'Océan Atlantique, non loin de la République Dominicaine.

Cause this is thriller, thriller night, And no one's gonna save you from the beast about strike, You know it's thriller, thriller night, You're fighting for your life inside a killer, thriller tonight

Si on avait un jour dit à L Lawliet qu'il s'éveillerait au son d'un titre de Michael Jackson, il s'en serait sans doute souvenu pendant longtemps, à défaut d'en rire par manque d'humour. Il ne devait par conséquent jamais oublier cette première matinée à bord du Svetlana voguant en direction du détroit de Magellan, durant laquelle retentit à neuf heures pile le rythme de Thriller, dont le clip de 14 minutes avait grandement participé au succès de l'album en 1983. Bien que L ne fut pas spécialement porté sur la musique, il en connaissait toutefois les grands classiques, dans n'importe quel genre. Émergent de ses quatre heures de sommeil, il estima que le choix des membres de l'équipage, car c'était bien eux qui définissaient la sonnerie du réveil, devait sans doute être en lien avec le sujet même de l'expédition, suffisamment lugubre pour justifier l'utilisation de la chanson.

Dans les couloirs du premier niveau, on s'affairait. Les bruits de pas étaient ponctués d'éclats de voix divers, portant parfois sur les machines, sur le petit déjeuner, sur tel ou tel membre de l'équipage. On entendait Pronto aboyer des ordres en italien. L s'était endormi sur sa couchette, contre le mur, les jambes repliées contre son torse, son ordinateur portable éteint juste à côté de lui. Il avait des courbatures abominables dans le bas du dos ainsi que dans le cou.

La douleur est une preuve de la vie et de la conscience, Lawlipop, c'est pas merveilleux ?

Tais-toi, Beyond

Par le hublot, la lumière du jour était forte. La météo était au beau fixe, et compte tenu du temps d'avancement du navire, ils devaient avoir atteint les Caraïbes. Au cours de la nuit, L n'avait quitté la cabine, demeurant plongé dans ses donnés couplées à celles que lui avait fourni Light Yagami. Il avait établi un tableau récapitulatif qu'il comptait présenter sous peu aux autres chercheurs présents sur le Svetlana, et avait reconsidéré chacune des hypothèses qu'avaient élaboré ces derniers pour mieux les réfuter par la suite. Il fallait également les avertir du véritable nombre des disparitions, autrement toute avancée serait rendue quasi-impossible. Qu'ils ne soient pas au courant n'avait rien de bien surprenant, puisque les américains tenaient à garder cette information secrète d'après les dires de Light, mais cela se révélait néanmoins irritant. Devoir les informer leur ferait perdre du temps. Et dieu seul savait à quel point L détestait perdre son temps.

Light n'était venu qu'une seule fois durant la nuit, aux alentours de quatre heures du matin. Il avait regardé quelque chose sur son ordinateur avant de repartir sans un mot. Tout comme L, il réfléchissait, élaborait des théories, traitait les informations, mais le faisait semblait-il à l'extérieur. Travailler dans la même pièce que L n'avait visiblement pas l'air de lui plaire. Si cela empêchait le détective de l'avoir à l'œil, il n'en était toutefois pas moins satisfait. L'aversion était réciproque. Et il y avait des choses à régler avec Light Yagami, largement capables de perturber le déroulement de l'enquête. Dés lors que celui-ci faisait un pas dans la cabine, L abandonnait une partie de sa concentration au profit d'une réflexion d'un tout autre genre. En lien avec l'affaire Kira. Car si le shinigami avait librement déclaré vouloir le tuer, L n'en éprouvait pas moins le même désir, avec une frustration supplémentaire puisque Light était déjà mort et désespérément intouchable. Ils s'en voulaient mutuellement l'un l'autre au point que, lorsque qu'ils étaient dans cette cabine, la seule chose qui leur importait était de se frapper. L'ambiance était trop tendue selon L pour offrir un cadre propice au travail, et pour cette raison, il appréciait tout particulièrement que le dieu de la mort aille cogiter ailleurs.

On frappa à la porte. Au sens littéral, comme si on avait envie de la dégonder.

- Debout là dedans, sinon vous n'aurez plus rien à bouffer !

Pierre ou Lellou, à n'en point douter. Mais lequel des deux, cela, L n'aurait pas été capable de le dire, tout d'abord parce qu'il ne voyait pas la garçon derrière la porte, et parce qu'ensuite il n'avait pas encore appris à faire la différence entre leurs deux timbres de voix.

Il se déplia, grinçant des dents sous la force des courbatures, et ce fut le moment que choisit Light Yagami pour pénétrer dans la pièce. Il avait quelque chose de changé. Ses cheveux étaient moins désordonnés qu'auparavant, et ses vêtements moins dépenaillés que la veille. Son long manteau noir traînait au porte-manteau installé sur un mur de la cabine. À L qui le regardait avec insistance, il expliqua :

- J'ai pris une douche. Et j'ai fait une lessive pendant la nuit. Il y a une machine à laver et un sèche-linge pas loin de la cuisine.

S'il était devenu plus sombre qu'avant sa mort, il n'en avait pas moins conservé ses habitudes hygiéniques. Light était quelqu'un de soigneux, qui prenait fréquemment des douches, se lavait régulièrement les mains et les dents, et tenait à conserver des vêtements aussi propres que possible. Il y avait fort à parier pour que l'absence de tout matériel réservé à ces usages dans le royaume des shinigami n'ai guère été apprécié par Light. L, pour qui l'hygiène avait bien moins de valeur, avait pu constater cette tendance à la propreté à plusieurs reprises du temps où ils étaient enchaînés, et non sans un certain amusement.

- Tu vas déjeuner ? Lui demanda t-il.

- Oui, répondit le shinigami. Le Cathare est loin de proposer de la nourriture comestible et je n'ai pas envie de me priver maintenant que je peux y avoir accès. D'ailleurs, je devais te parler de quelque chose.

- Au sujet de l'enquête ?

- Oui.

Ils quittèrent ensembles la cabine pour se rendre au salon, où Olga Smirnov, le chef mécanicien Wankel et le lieutenant Langlois, assis autour d'une table, se faisaient servir une tasse de café par Tailcoat. Langlois était absorbée par la télévision, allumée pour l'occasion, et amenait distraitement sa tasse à ses lèvres toutes les deux minutes, à la manière d'un automate. Elle semblait furieuse. Quand au chef Wankel, il était plongé dans l'étude d'un magazine pornographique qu'il tournait et retournait dans tous les sens en fronçant les sourcils. C'était un homme au visage fort, aux cheveux coupés à ras. Il était grand, à tel point que ses jambes dépliées dépassaient de sous la table, et imposant, aux épaules gigantesques.

- Tiens, dobryï den, les marmottes ! Les salua joyeusement Smirnov, pas le moins du monde perturbée par la lecture de son voisin. Vous êtes les derniers levés, va falloir rectifier le tir, ou on ira vous chercher à coups de tronçonneuse. Au fait, vous saviez que le monde entier était au courant pour l'expédition ?

- Je vous demande pardon ? Fit Light, qui venait tout juste de prendre place sur une chaise.

L'expression du visage de L disait à peu près la même chose.

- Pas la peine, vous êtes pardonnés, affirma le second. Et pour en revenir au sushi du jour, eh bien, vous venez de louper un reportage américain passionnant qui diffusait une vidéo du bateau en train de dépasser le VN.

- Le quoi ?

- Le VN, répéta Wankel. Le pont Varrazzano-Narrows. C'est le surnom qu'on lui donne quand on a pas envie de perdre du temps à dire son nom en entier. Mais c'est subjectif, hein, pouvez l'appeler comme vous voulez, on s'en fout de toute façon.

- Il y a un traître à bord, lâcha d'un coup Langlois, sans pour autant quitter des yeux l'écran de la télévision.

- Hé là, va pas trop vite en besogne, ma poule, répliqua Smirnov en tendant la main pour tapoter l'avant-bras de sa collègue. Quoi qu'on en dise, le départ ne s'est pas fait incognito. C'est peut-être ces messieurs du gouvernements qui ont craché le morceau sans faire attention.

L doutait fortement du bien fondé de cette hypothèse, étant donné que, dans les faits, le nombre de personnes ayant pris connaissance de l'organisation d'une expédition pour remédier aux disparitions était relativement élevé. Il fallait au minimum compter le président des États-Unis, quelques uns de ses ministres, les membres d'Interpol, mais aussi ceux de la Commission Européenne. Si les américains, toujours dans le cadre de leur objectif de prudence, n'avait rien à gagner à tout révéler aux médias, et ceci bien que l'information puisse passer au travers du filtre gouvernemental, les autres pays, en revanche, pouvaient parfaitement y trouver un intérêt politique, tout particulièrement depuis la premières grèves de marins aux Pays-Bas.

- M'appelle pas "ta poule", Smirnov, c'est ridicule.

- Non, c'est mignon. Tu préférais "ma vieille" ? Toi qui est si susceptible...

- Je suis pas susceptible, bordel, c'est vous qui m'emmerdez !

- Zen, Langlois, zen, imagine que tu mords dans un pamplemousse, intervint Wankel.

- Tu sais ce que je lui dis, à ton pamplemousse ?

Smirnov se pencha au dessus de l'épaule du chef mécanicien, pinça le coin de ses lèvres, puis pointa du doigt une partie de la couverture du magazine sous ses yeux.

- Comment ça se fait qu'elle ait d'aussi gros nibards, celle-là ? S'enquit-elle.

- Ils sont refaits, Smirnov, répondit Wankel. C'est que du silicone.

- À quoi tu vois ça ?

- Oh, pas compliqué : je me base sur ceux de Langlois.

- Et pourquoi pas sur les miens ?

- Techniquement, c'est pas possible, Smirnov.

Le second baissa des yeux incrédules vers sa poitrine.

- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils ont, mes seins ?

- Tout bête : ils sont absents, asséna Wankel.

Tailcoat, entre le sel et le poivre, se glissa vers les nouveaux arrivants qui peinaient à suivre la logique de la conversation, les mains dans le dos.

- Désirez-vous boire quelque chose, messieurs ? Demanda t-il poliment.

- Du café, fit distraitement Light.

- La même chose.

Cependant, ni l'un, ni l'autre, ne s'attendaient à ce que le maître d'hôtel ne se mette à réciter tous les types de cafés existants.

- Noir, latte, latte machiato, crème, noisette, cappucino, americano, chocolaté, Hélène, liégeois, irish...

- Noir, le coupa Light, avec le désir visible d'arrêter Tailcoat dans son énumération.

- Et pour vous ? S'enquit l'autre en se tournant vers L.

Il ordonna un latte. Le détective avait ses habitudes en terme de café. Latte le matin. Liégeois le midi. Cappucino l'après-midi. Noir le soir. Expresso durant la nuit, lorsqu'il travaillait sur des cas difficiles. Tailcoat les informa qu'il s'empressait de rapporter les boissons chaudes ainsi que le menu du petit déjeuner, avant de disparaître dans les couloirs. Pendant ce temps, Smirnov tentait tant bien que mal de défendre l'honneur de sa poitrine.

- Comment ça, "absents" ? J'ai des seins, quand même !

- Écoute, Smirnov, tu peux dire ce que tu veux, mais nous, on a beau chercher tes nichons, on les a toujours pas trouvés, avoua Wankel.

L'autre saisit alors les mains du chef mécanicien pour les plaquer sur son buste.

- Et ça, alors ? Lança t-elle. C'est pas des seins, peut-être ?

Wankel, pas plus gêné que s'il tripotait le moteur du navire, exerça une légère pression sur la poitrine de Smirnov sous les yeux ébahis de Light et L, peu habitués à ce genre de comportement.

- Mmm...mouais, non. C'est pas des seins, ça, Smirnov. C'est des protubérances.

Les yeux du second s'écarquillèrent.

- Mais je ne te permets pas, oh ! S'exclama t-elle. Des protubérances, je vous jure ! Et puis de toute façon, t'y connais rien, toi, t'es un homme. Langlois, viens voir par là deux minutes !

- Ah non, répliqua cette dernière en avalant le reste de son café à la vitesse de l'éclair. Hors de question que je te tâte les doudounes, la moscovite. Demande à quelqu'un d'autre. Lameloise, par exemple. En plus, j'ai du boulot qui m'attends, donc tu te débrouilleras toute seule.

Elle reposa sa tasse sur la table, avant de se lever et de quitter la pièce d'un pas décidé mais avant tout très pressé, sans doute motivé par le désir qu'elle avait de ne pas partir à la recherche des seins inexistants d'Olga Smirnov. Celle-ci, déçue, se tourna vers L et Light en guise de dernier recours, à qui Tailcoat, revenu depuis peu, servait le café. Son air de chien battu irrita aussi bien l'un que l'autre. Devant eux se profilait le plateau de petit déjeuner préparé par Pronto, sur lequel avaient été posés des croissants, des boudoirs, de la brioche, des petits pains, ainsi qu'un service à déjeuner composé d'un sucrier, de deux tasses avec soucoupes, du pot à lait et de la cafetière. Étaient également présents le beurrier et le nutella. Tailcoat les avait en outre prévenu que s'ils désiraient de la viande tel que du bacon, "comme lui ", ils n'avaient qu'à le lui indiquer.

- Et vous ? Voulez pas m'aider ? Couina Smirnov.

- Vous venez de dire que les hommes n'y connaissaient rien, lui fit remarquer Light.

- Oh non, pas tous. Juste lui, là, précisa t-elle en montrant Wankel du pouce. Et puis peut-être aussi tous ceux de l'équipage. Enfin bon, toujours est-il que vous deux, qui m'avez l'air intelligent, vous pourriez sans doute prouver à cette bande de dégénérés que oui, je suis bel et bien dotée de pommes de Vénus.

Wankel émit un ricanement peu convaincu tout en feuilletant son magazine. En guise de réponse, Smirnov le frappa sèchement sur l'épaule. Et Light renvoyait sous un tout nouvel angle Ryûk mangeant sans interruption des pommes à longueur de journées.

- Rassurez-vous, fit L, tendant la main vers un croissant. Toutes les femmes possèdent des seins. Les vôtres doivent juste être beaucoup plus petits que la moyenne.

L'effet fut instantané. Wankel éclata de rire et Smirnov afficha une mine déconfite.

- Des tout petits seins, excellent ! S'exclama le chef mécanicien. Des nibards microscopiques ! Et il est sérieux, en plus ! Putain, Ryûzaki, mon vieux, on va vous garder longtemps, y a pas de doute !

Sur ces mots, toujours hilare, il se leva d'un bond et gagna le couloir. Ils l'entendirent croiser quelqu'un en chemin, lui raconter la "dernière de l'assistant ", et aboyer de rire avec son congénère. Jamais L ne se souvenait avoir autant provoqué l'allégresse de quelqu'un, exception faite éventuellement de Beyond Birthday.

- Vous pensez vraiment que j'ai des tout petits seins ? Chouina Smirnov.

- Ce n'est pas un défaut, déclara gentiment Tailcoat. Vous êtes une très jolie jeune femme, et croyez-moi, votre poitrine n'est pas ce que les hommes regardent en premier.

La lèvre de Smirnov trembla dramatiquement.

- Ils ne la regardent pas parce qu'ils ne la trouvent pas, c'est ça ?

- Ma chère, ce n'est pas ce que je voulais dire, se rattrapa maladroitement le maître d'hôtel. Vous m'en voyez navré, je me suis mal exprimé.

Il s'approcha d'elle, apportant avec lui une assiette de biscuits.

- Tenez, Pronto me les avait fait, mais je vous les donne pour me faire pardonner ma sottise.

- Oh, vous êtes gentil, dit Smirnov en reniflant. Je vais aller les manger sur le pont en regardant l'horizon, ça me remontera le moral.

- C'est une très bonne idée, ma chère. L'air marin a bien des vertus.

- Ce sont les gâteaux de Pronto qui sont pleins de qualités.

- Ma foi, je ne puis que vous approuver.

Ils se sourirent, complices, avant de se diriger ensembles vers la porte, l'assiette dans les mains de Smirnov. Avant de la passer, elle s'adressa à L et Light :

- Quand vous aurez terminé, laissez le plateau sur la table, Lameloise viendra tout récupérer. Vous avez prévu d'aller voir les chercheurs ?

- Oui, lui confirma L, mais nous devons d'abord discuter de quelque chose à propos de l'enquête.

- Oh, faîtes donc, c'est votre boulot, mes braves, déclara Smirnov. Dés que vous aurez suffisamment de données, prévenez-moi. On organisera une réunion de l'équipage pour avertir tout le monde de ce qu'on cherche. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, avertissez soit Pierre, soit Lellou. En général, ils passent la matinée dans le troisième niveau, l'après-midi dans le deuxième, et la nuit dans le premier.

- Je ne les ai jamais entendu passer, dit L.

- Non, c'est normal. Ils dorment, l'informa le second. À plus tard, les mecs !

Elle leur fit un salut de la main auquel ils répondirent par un sourire hypocrite. Lorsque le salon se fut vidé de ces précédents occupants, Light ne retint plus son soupir de lassitude. Ce n'était que le premier jour et il était déjà fatigué des inepties de l'équipage du Svetlana. Pour sa part, le fait que le départ de l'expédition ait été rendu public ne lui posait pas de problème majeur, si ce n'était qu'il préférait lorsque la discrétion était de mise pour produire un travail plus efficace. Il y trouvait en réalité une certaine satisfaction, dés lors que cela importunait L. Le détective était certes embarqué sur le navire en tant que Ryûzaki, mais le risque que son identité ne soit dévoilée au public n'était pas moins grand. En outre, si des vidéos étaient réalisées au cours de l'expédition, elles pouvaient à tout moment montrer le visage de L, puisqu'il ne resterait probablement pas cloîtré continuellement au premier niveau.

Lorsqu'au cours de la soirée précédente, Light avait voulu savoir pourquoi il avait accepté de participer physiquement à l'enquête, le détective était resté vague, imprécis. Il avait invoqué l'absence de choix vis-à-vis des demandes des puissances et organisations internationales, comme lors de leur première conversation à ce sujet, mais n'avait pas donné la moindre raison personnelle, ramenant tout à des causes extérieures. Le shinigami, pour avoir côtoyé L et son obsession permanente de l'anonymat et du secret, était persuadé qu'il y avait là autre chose, mais il préférait se concentrer sur l'enquête dans l'immédiat au lieu de s'inquiéter des brusques changements d'habitudes du détective. De toute façon, ça ne le regardait pas.

Je ne suis pas là pour ça

- Alors, Light-kun, qu'est-ce que tu devais me dire ? Lança L.

Il se resservit du café, y ajouta quatre cubes de sucre. Et Light se dit que tout compte fait, il aurait voulu savoir pourquoi L était ici, et non pas emmuré dans son QG de Winchester, avec Watari à ses côtés.


" UN NAVIRE QUITTE EN SECRET LE PORT DE NEW-YORK/NEW JERSEY ! "

" Hier après-midi, aux alentours de 13 heures, le port de New-York a vu se regrouper sur les quais

le secrétaire à la Marine des États-Unis, Donald Winter, ainsi que deux membres éminents de l'armée

américaine, l'amiral Gary Roughead ainsi que 11éme représentant des Officiers Mariniers Supérieurs,

Joe Campa, et deux assistants du détective mondial L, dont les noms demeurent à ce jour inconnus.

À plus de 14 heures, les deux derniers ont embarqués à bord du Svetlana, un bateau de type océanographique

appartenant à la marine et ayant déjà servi à deux reprises dans le cadre d'explorations. Le navire est parti

peu de temps après, et se dirigerait en ce moment même vers la Dominique. Il s'agirait, d'après nos sources,

d'une expédition visant à expliquer les disparitions récentes en mer, à en trouver les causes ainsi que les remèdes

éventuels. Ce départ aurait été organisé en secret par le président des États-Unis, en commun avec Interpol. Les marins

dans les pays d'Europe sont actuellement très mécontents de ne pas avoir été avertis.

The New York Times, quotidien américain


26 mars 2008, 10 heures 31, Quartier Général de L, Londres, Angleterre.

Roger avait été chercher le journal, et Matt, qui en parcourait les premières pages alors qu'il déjeunait à la grande table de bois de la cuisine, se disait que L n'allait pas être content. Du tout. De toute évidence, si la mise en place de l'expédition avait été si discrète, et connaissant suffisamment bien L pour savoir qu'il avait dû soumettre ses exigences de précaution aux chefs d'États, le problème devait sûrement venir de l'intérieur. L'hypothèse de journalistes passant par là n'était que trop peu probable compte tenu du choix de l'emplacement de départ du Svetlana, très isolé et de l'horaire choisi. Il y avait donc là soit l'œuvre d'un politique, soit d'une brebis galeuse au sein même du bateau. Et si le New-York Times ainsi que les télévisions américaines étaient les premiers au courant, cela réduisait considérablement le champs de recherche.

L les avait contacté dans la nuit, exigeant de savoir s'ils avaient avancé dans leur propre enquête. Sa voix était encore plus monotone que d'ordinaire. L'adaptation ne devait pas bien se faire, d'autant plus si Light Yagami était également à bord. Si Mello était véritablement inquiet à ce sujet, craignant que Kira ne s'attaque à eux avant de nuire au détective, Matt, lui, le prenait plutôt à la légère, ou plus exactement y était totalement indifférent. L les avait informé que le nouveau dieu de la mort n'avait pas le droit de faire usage de son Death Note, bien que ce ne fut " que moyennement plausible " selon lui, mais ses dires avaient largement suffi à apaiser le geek. Light Yagami, s'il avait pu réellement se venger de leur mentor, aurait immédiatement appliqué la sentence, dés son arrivée, or les choses ne s'étaient guère passées ainsi. À cela s'ajoutait l'abandon totale de ses mensonges à l'égard de L. Il avait ouvertement exprimé son désir de le tuer. S'il n'avait pas été bloqué, il aurait sans douté préféré lui faire croire qu'il était toujours de son côté, dans une tentative de regagner la confiance de L pour mieux le détruire. Le Light d'avant aurait agi de cette façon. Celui-ci était direct et ne cachait pas ses sentiments. Il ne semblait avoir plus grand chose à perdre, en somme. Par conséquent, Matt en avait déduit qu'il était simplement, définitivement et merveilleusement coincé. L n'avait pas à s'inquiéter, pas plus que Mello.

Au pire, on sait où on va

L avait restreint les informations qu'il avait donné à ses successeurs sur le dossier Kira, mais il leur avait toutefois précisé les quelques mots du shinigami nommé Ryûk, véritablement propriétaire du Death note ayant accompagné Light Yagami, au sujet de la mort, et de l'endroit où allaient les hommes par la suite.

Le Néant

Matt s'était toujours pas mal fiché des questions sur la mort, le paradis, l'enfer, les pêchés et tout le bazar, contrairement à Mello, qui en dépit de son attitude décalée priait tous les soirs sans exception et se rendait à l'Église le dimanche pour la messe, où qu'il fut, et quelque fut la langue utilisée. Alors qu'ils faisaient un voyage scolaire en France, en compagnie de leur classe de la Wammy's House, Mello, au cours d'une visite libre à Paris, avait attendu le dimanche pour les traîner tous les deux au Sacré Cœur de Montmartre, où se déroulait la messe solennelle. De même, à Winchester, il y assistait sans faillir chaque dimanche. Dés lors qu'il entrait dans une église, Mello perdait toute fierté et se transformait en un jeune homme préoccupé, habité par des passions qui souvent l'effrayaient et qu'il n'arrivait pas à dompter, des angoisses fréquentes, des questionnements sans limites. La religion faisait passer Mello de l'animal à l'homme, de l'homme à l'enfant. La modification se faisait aussi bien mentalement que physiquement, puisque lors d'une prière, le visage de Mello se relâchait de manière draconienne. Il cessait d'être Mello, celui qui se distinguait des autres par sa rage, sa bestialité et le peu de soucis qu'il se faisait des règles. Il redevenait un enfant, craintif, vulnérable, un fils de Dieu serrant entre ses doigts tremblant le chapelet de perles rouges et noires. Il était alors Mihael Keehl, et Matt le trouvait toujours plus beau ainsi que lorsqu'il cherchait à épater la galerie.

Là où Mello avait terriblement peur de la mort, Matt, lui, s'en foutait. Il savait qu'elle arriverait et il savait où il irait, le reste lui importait peu. Il ne s'inquiétait même pas de savoir s'il disposerait oui ou non d'une PSP. Probablement pas. Il se fichait d'être conscient ou non. Le simple terme " mort " glissait sur lui comme un radeau sur l'eau. Il n'était ni pessimiste ni optimiste. Peut-être juste un peu je-m'en-foutiste sur les bords. Il ne parvenait pas à expliquer cette indifférence, mais en était satisfait. Elle lui permettait d'accepter les choses. Et de rassurer Mello, parfois, quand il était pris d'une angoisse existentielle.

- Bonjour, Matt.

Near venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte. Matt termina sa bouchée de croissant, puis lâcha, la bouche encore à moitié pleine :

- Salut, Near. Bien dormi ?

- Je n'ai pas dormi.

- Recherches ?

- Oui.

Les réponses de Near étaient le plus souvent brèves, et lorsqu'il parlait avec lui, Matt avait pour habitude de s'adapter à son style de discours concis. L'albinos vint s'asseoir sur une chaise en face de lui. Elisabeth, restée à l'appartement en l'absence de Roger, retourné à l'orphelinat pour la journée, avait pour unique tâche d'aider Near. Il avait certes quelques années de plus, mais il était toujours incapable de se débrouiller tout seul. Aussi Elisabeth s'empressa t-elle de lui servir des toasts et des œufs brouillés. Il y toucha à peine. Matt se souvint alors que du temps où ils étaient à la Wammy's, il avait rarement vu Near finir une assiette, ou même en commencer une, un phénomène qui avait toujours beaucoup inquiété le personnel de l'établissement(et qui devait par ailleurs les alarmer encore, puisque Near vivait à l'orphelinat).

La porte d'entrée du logis s'ouvrit et se referma avec grand fracas. Mello, sans aucun doute. Il était parti s'acheter un paquet de cigarette. Le dernier en date avait été consommé pendant la nuit, en guise de défouloir. Être de retour en Angleterre et par dessus tout être de nouveau en contact avec Near rendait le blond particulièrement nerveux. Il n'avait par ailleurs pas beaucoup dormi, passant le plus clair de son temps à fumer, la fenêtre ouverte. Quand à Matt, il n'avait lâché sa console que pour six heures de sommeil.

Ils s'étaient installé dans l'une des quatre chambres de l'appartement, en l'occurrence celle ayant la plus grande ouverture sur l'extérieur. Elisabeth occupait celle du fond, juste à côté de la chambre de Near. Celle de L avait été mise de côté, puisque aucun des trois n'éprouvait l'envie de dormir dans le lit de leur mentor. Ils avaient commencé par étudier le dossier fourni par le détective, de manière individuelle. Matt et Mello avaient partagé leurs hypothèses, mais l'échange avec Near devait se faire aujourd'hui. Restait à savoir si la coopération se ferait sans heurts.

- Putain, ces enflures ont encore augmentés les prix ! S'écria le mafieux en débarquant comme un typhon dans la cuisine et en jetant le paquet de Malboro Red sur la table.

- Avec la politique anti-tabac, il fallait s'y attendre, Blondie, répliqua Matt. Regarde plutôt la une de ce truc.

Il lui tendit le journal, Mello le lui arracha presque des mains. Il portait encore son blouson de cuir, mais en dessous, son pull de laine noire s'interrompait au dessus de son nombril. Il parcourut rapidement des yeux l'article concernant l'expédition, puis un rictus moqueur naquit sur son visage.

- On sait qui leur a donné l'info ? Demanda t-il.

- Nope, répondit l'autre. À tous les coups, c'est un diplomate qui a balancé la sauce. Tu as déjeuné ?

- M'étonnerai pas, tiens. Non, j'ai rien bouffé. Pas faim.

- T'es sûr ?

- Ouais.

Il saisit le paquet de cigarette, l'ouvrit, avant d'en extirper une et de la porter entre ses lèvres.

- Mello, tu ne peux pas fumer ici, l'informa Near.

- Oh, ça va, maugréa le blond.

Pour le moment, il se contenait. Dans l'intimité de la chambre, il traitait Near de tous les noms et le maudissait à n'en plus finir, mais lorsqu'ils étaient dans la même pièce, il se gardait de péter les plombs.

Il alluma la cigarette et envoya une large bouffée de fumée dans la cuisine. Matt, le voyant faire sans qu'il y ait davantage de protestations de la part de l'albinos, l'imita. L'odeur du tabac se répandit dans tout l'appartement, collant aux murs, aux meubles, au sol, aux habitants. Au bout de cinq minutes, Near se leva.

- Dépêchez-vous de finir celle-ci, dit-il. J'aimerai avoir vos avis sur l'affaire avant que vous n'ayez terminé le paquet.

Il quitta la pièce, les autorisant à s'intoxiquer entre eux en paix.


« Dans les épreuves cruciales, la cigarette nous est d'une aide plus efficace que les évangiles. »

Citation d'Emil Michel Cioran, philosophe et écrivain roumain


Indication :

- Fallait que je fasse une partie sur la famille de Light, et peut-être que j'y reviendrai à un moment, je verrais bien au fur et à mesure que se déroule l'histoire.

- La sonnerie du Svetlana n'est que temporaire, hein.

- Oui, Light a des préoccupations un peu particulières dans leur situation. En fait non, c'est moi, j'en pouvais plus de le laisser tout sale.

- Dobryï den = Bonjour en russe

- Smirnov et Wankel, ou comment avoir LA discussion qui ne sert à rien, excepté à prouver qu'ils ont touché le fond mais creusent encore.

- J'adooore Tailcoat.

- Et j'adooore écrire en utilisant Matt, c'est le plus facile des personnages à manipuler, j'ai l'impression, avec Mello.

- Absence, c'est pour Light dans sa famille, mais aussi pour les seins de Smirnov, et Roger au QG de Londres.


Putain, ça y est ! Je l'ai enfin fini, cette saloperie ! Enfin, non, pas saloperie, parce que j'y tiens, quand même, à mon chapitre, mais disons que c'est l'émotion. Je n'ai vraiment pas arrêté de courir durant ces quatre semaines. Si on ajoute à ça l'inondation d'hier, j'ai bien cru que je n'en verrais jamais le bout, de ce truc-là(ou que des force supérieures se débrouillaient pour que je ne le termine pas). Mais finalement, c'est fait, et j'en suis bien contente ! Je vous remercie mille fois pour votre extrême patience.

Le chapitre huit paraîtra donc dans un délai de trois à quatre semaines. Je ne pourrai malheureusement pas le publier plus tôt, mon temps libre réservé à l'écriture s'est vraiment réduit par rapport au temps où j'étais au lycée, et comme je préfère privilégier mes études, surtout la première année, mieux vaut espacer. Je n'ai pas non plus envie que l'écriture devienne une source de stress, ce qui me ferait rédiger des choses absolument abjectes, donc du coup, je vais prendre mon temps, et vous donner à lire de bons chapitres plutôt que des horreurs :).

Encore un très grand merci, et à bientôt !

Negen