CHAPITRE HUITIÈME
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Manque : de l'italien " manco ", fait de manquer, de faire défaut ou
insuffisance, absence d'une chose qui serait nécessaire.
MANQUE
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" La hiérarchie des Dieux de la Mort se base sur des critères objectifs
définis par la Convention de l'Intra-Monde. Tout dieu de la mort, quel
que soit soit le temps passé dans le Cathare, se verra toujours jugé selon
ses aptitudes intellectuelles. "
Extrait du Code des Dieux de la Mort, article XII
1er août 2004, 1 heures du matin, appartement de L, dixième étage du QG de Tokyo.
L avait beau ne pas faire le moindre bruit en poursuivant ses recherches, la lampe de chevet toujours allumée et un début de migraine demeura la principale cause du réveil de Light. Depuis qu'ils étaient enchaînés, et en raison du stress accumulé au fil des jours, tant à cause de leur état de non avancement dans l'enquête que de son angoisse permanente de voir augmenter, à la moindre occasion et pour la moindre raison, le pourcentage de suspicion du détective, Light dormait peu. Ou plutôt, il dormait mal. Ses nuits étaient rendues agitées par des frustrations plurielles. Un Kira qui ne montrait pas le bout de son nez. Des documents épluchés en long et en large tout au long de la journée, sans résultat notable. La surveillance continue de L. Le fait qu'il manquait les cours aussi, un peu. Non pas qu'il craignît de ne jamais pouvoir terminer ses études, loin de là, ses capacités intellectuelles le lui permettraient largement. Mais par principe, il n'aimait pas devoir abandonner quelque chose en cours de route, en particulier lorsqu'il était rendu responsable d'un crime de masse dont il n'était pas coupable.
Dire que L était borné était atténuer grandement l'attitude du détective envers lui. À ce stade, ce n'était ni de la suspicion, ni de l'obsession, mais sans aucun doute de l'obstination malsaine. Light avait beau dire et beau faire, l'autre croyait toujours dur comme fer qu'il avait été Kira et qu'il pouvait le redevenir à n'importe quel moment. Qu'il se méfie et souhaite l'avoir sous les yeux était parfaitement compréhensible et ne posait aucun problème particulier à Light, qui se savait innocent et ne s'inquiétait donc - presque - pas. En revanche, son opinion était loin d'être similaire pour ce qui était de la chaîne.
Très loin.
Il avait deviné la paranoïa du détective au commencement de l'affaire, bien qu'elle n'eût rien à voir avec une psychose et qu'elle fût par ailleurs tout à fait justifiée compte tenu du fait que celui-ci devait largement avoir les trois quarts des criminels du monde entier à ses trousses, mais l'avait hélas grandement sous-estimée. Il n'avait perçu qu'une vague "méfiance" envers les autres, qui en réalité correspondait plutôt à une construction mentale défensive des plus complexes et sans doute des plus extrêmes. Il avait tout d'abord pu constater que, contrairement à ce qu'il avait cru, L ne se méfiait pas que de lui. Ses soupçons étaient principalement portés sur sa personne, certes, mais tous les membres de la cellule étaient, tout comme lui et à une échelle néanmoins réduite, scrupuleusement analysés dans leurs moindres comportements. En outre, la plupart d'entre eux avaient emménagés, sur ordre de L, dans les appartements luxueux du QG, s'offrant librement mais surtout sans le savoir à la volonté d'espionnage perpétuel de ce dernier. Seul Aizawa avait refusé, ayant à sa charge une femme ainsi qu'une petite fille, et si le détective avait affirmé comprendre sa décision, Light avait cependant été témoin dés lors d'un changement d'attitude de celui-ci envers lui. L avait comme pris ses distances vis-à-vis du policier, comme par crainte que celui-ci ne soit en réalité un disciple de Kira, peut-être même Kira en propre. Récemment, le jeune homme avait appris, par la bouche de L lui-même, que des caméras avaient été installées dans la voiture de fonction d'Aizawa.
Les appartements, quels qu'ils fussent, étaient bourrés de micro et de dispositifs de surveillance à la pointe de la technologie, quasi-irrepérables. Le soir, L ne se privait pas pour les observer les uns et les autres, comme un fauve aux aguets, prêt à débusquer le moindre signe d'apparition de Kira. Affecté par le manque de preuves concernant le fait que Light puisse être le meurtrier, le détective tentait de rattraper son orgueil blessé en investiguant en profondeur sur les membres de l'équipe, de manière générale en recherchant un coupable.
- Tu ne dors pas ?
Light s'était tourné sur le dos, main contre son front. Comme l'engourdissement lié au sommeil s'évaporait, il réalisa combien tous ses muscles étaient tendus, et sa tête n'en fut que plus douloureuse.
- Non, répondit-il. C'est pas nouveau.
- Insomnie ?
- On dirait.
Il se redressa sur le lit, froissant l'unique couverture qu'ils utilisaient depuis le début de l'été et l'augmentation croissante de la température, puis se massa les tempes. C'était la fatigue qui, conjuguée à la chaleur, lui collait des maux de crâne. À cela s'ajoutait le fait qu'il était très sensible aux migraines ophtalmiques depuis ses dix ans. Depuis le début de l'enquête, il en avait fait à deux reprises. La première au cours de son enfermement par L. La seconde quelques jours après être sorti de sa cellule. C'était la première fois qu'il en subissait sur un intervalle de temps aussi court. Le problème étant bien sûr que dans ce cas-là, aucun médicament ne lui permettait de soulager la douleur.
- Tu as mal ? Lui demanda soudainement L, les yeux malgré tout rivés sur l'écran d'ordinateur.
Il le tenait en équilibre à la base de ses cuisses, ayant pour l'occasion modifié quelque peu sa position habituelle. Light ayant besoin d'heures de sommeil régulières et d'un matelas pour récupérer convenablement, L n'avait eu d'autre choix que de s'adapter, le chaîne ne lui permettant guère de se déplacer à sa guise une fois le soir venu.
- Ouais, maugréa t-il, regrettant de ne pas avoir sous la main un sac de glaçons à plaquer contre son front.
Ou un mur, éventuellement, contre lequel il aurait pu faire cogner sa tête jusqu'à s'en assommer.
Le détective tourna lentement son visage vers lui, pouce aux coins des lèvres. Light eut l'impression d'être passé au scanner alors que les yeux noirs de L analysaient son expression faciale, tentant par là même de déterminer si celle-ci était ou non un leurre destiné le mener droit dans un mur. Il se jura de le tuer si jamais il estimait qu'il s'agissait d'une ruse et revenait sur le fait qu'il puisse être Kira.
Contre toute attente, tout du moins connaissant L et son égoïsme, ce dernier sembla estimer la chose suffisamment sérieuse pour fermer son ordinateur, le poser devant lui et emmener Light avec lui jusqu'à la salle de bain adjacente. Là, il ouvrit à l'aide d'un code l'armoire à pharmacie, sécurisée ainsi pour éviter que Light n'essaie de le droguer au cours de la nuit. Le pouce entre les lèvres, il tendit une main, et saisit une petite boite qu'il donna ensuite au jeune homme.
- Essaie ça, lui conseilla t-il.
La boite indiquait " Iris versicolor ". Homéopathie, donc.
- Tu as déjà testé ? Se méfia Light, guère accoutumé à ce genre de traitement.
- Oui, lui affirma L, en refermant l'armoire. C'est très répandu en France.
La perche était ouvertement tendue mais le jeune homme, qui sentait sur lui le regard persistant du détective, jugea préférable de ne pas mordre à l'hameçon. Demander à L s'il avait vécu en France était trop risqué à son goût, du moins pour le moment. Il n'avait pas la moindre envie de voir augmenter son pourcentage pour la raison aussi futile que désintéressée qu'était l'attention portée à l'existence d'autrui.
- Et ça marche ?
- Pour ma part et un grand nombre de français, il semblerait que oui. Ça ne coûtera rien de tester.
Le détective remplit un verre d'eau. Light, pour sa part, n'avait pas l'air franchement convaincu.
- Prends trois gélules et attends dix minutes, lui indiqua L. Si les symptômes ne disparaissent pas, recommence.
Light le lui suivit dans la chambre, parcourant du regard les informations au dos de la boite.
- Et si ça ne fonctionne pas du tout ?
- J'enverrai Watari te chercher quelque chose de plus radical, dit simplement le détective. Il n'y a rien d'autre que des aspirines ici, et si je me fie à l'intensité de tes migraines précédentes, je doute que ça puisse t'apporter une aide quelconque.
Ils se réinstallèrent sur le lit. En dépit d'un manque de confiance en des procédés dont les effets avaient été à maintes reprises remis en cause par les majorité des communautés scientifiques, Light ouvrit la boite et en extirpa trois petites gélules transparentes, contenant un liquide vert qui n'était pas sans rappeler la couleur des diabolo-menthe. De manière quasi automatique, L lui tendit le verre d'eau. Le jeune homme, cessant alors toute activité intellectuelle au sujet de la validité des méthodes homéopathiques, passa une à une les gélules dans sa bouche et ponctua chaque passage d'une gorgée d'eau. Dans le fond, expérimenter ne lui ferait pas grand mal, surtout dans le cadre de l'homéopathie. Depuis qu'il était enfant, les remèdes pour ses migraines s'étaient succédés, mais aucun n'avait marché, pas même ceux qu'avaient pu lui conseiller des médecins. Petit, il était parfois resté des heures couché dans son lit, compresse d'eau glacée sur le front, à supporter sans aucune autre possibilité les douleurs que lui infligeait son cerveau. Aussi, une éventuelle solution de plus ne changerait pas grand-chose. En outre, ce n'était pas comme si elle lui était proposée par le premier abruti venu. L était à mille lieux de croire en des absurdités. Si cela fonctionnait pour lui, il n'y avait, en somme, pas de raison pour que Light refuse ce nouveau traitement.
Il lui suffisait juste d'attendre, maintenant.
Quitte ou double
Le détective avait remis son ordinateur sur ses cuisses. La modification de sa position traditionnelle avait surpris son vis-à-vis le tout premier soir suivant leur enchaînement. L s'était un peu penché en arrière, collant une partie de son dos à la tête de lit rembourrée. Il avait déplié ses jambes, repoussant ses genoux loin de son torse. Puis il avait amené son Macbook sur ses cuisses. Et pour Light, qui se trouvait allongé près de lui, le nez jusqu'à lors plongé dans le "Race et Histoire" de Levi-Strauss, un ouvrage qu'il ne se lassait jamais de relire tant les principes de respect d'autrui prôné par l'anthropologue lui étaient agréables, l'unique réflexion qui s'était imposée avait porté sur le fait que celui-ci était aussi grand que lui. Et aussi, au passage, qu'il avait de longues jambes. Toutefois, c'était un genre de remarque optionnelle uniquement basée sur le visuel, et qui par conséquent n'avait aucune importance. Qui s'en souciait, après tout, que L ait de longues jambes, hormis celui qui avait le malheur de les recevoir en pleine poitrine ?
Light avait préféré ne pas poser de questions là-dessus, pour la simple et bonne raison qu'il était déjà certain à 99 % de la réponse de L. Souci technique, bien évidemment. Faire tenir un Macbook en équilibre sur des genoux pliés et s'en servir n'était pas ce qu'il y avait de plus facile. Et L, malgré ses dires statistiques affirmant qu'il perdait 40 % de ses capacités d'analyse s'il changeait de position, n'était visiblement pas contre un peu de confort une fois le soir venu. En outre, ce n'était pas comme si la variation était frappante. Les genoux étaient encore à moitiés pliés pour soutenir l'écran de l'ordinateur portable. Pas de quoi, donc, faire craindre au détective une baisse drastique de ses compétences intellectuelles.
Les gélules avalées, il posa le verre d'eau sur sa table de nuit et appuya doucement l'arrière de son crâne contre le dossier du lit. Sa tête était plus douloureuse qu'il y avait quelques minutes, et il y avait fort à parier, à moins que l'idée de L ne marche, que celle-ci irait crescendo. Par réflexe, Light se demanda si le détective avait de quoi confectionner des compresses humides. Il s'allongea, le corps à l'extérieur de la couverture. La chaleur risquait d'aggraver le phénomène. La tête sur l'oreiller et les yeux clos, il attendit.
Attendit.
Attendit.
Attendit.
Mais la douleur, véritable salope à ses heures perdues, s'était décidée à lui rendre le repos impossible.
- Light-kun ? Tu as toujours mal ? S'enquit L lorsque cessèrent les dix premières minutes réglementaires.
- Oui, soupira t-il.
Il porta sa main à son front, le massant du bout des doigts. À côté de lui, L s'était comme remis en marche. Il lui mit le verre d'eau sous le nez ainsi que la boite de gélules.
- Reprends-en trois.
- Ryûzaki, tu m'excuses, mais je ne crois pas que ce soit vraiment utile, répliqua le jeune homme. Pas sur moi, en tout cas.
Mais L ne bougeait pas, tenant toujours le verre et la boite au dessus de sa tête. Perplexe, Light lui jeta un coup d'œil. Ce fut comme si le défi avait pris forme sur le visage sur du détective, et que celui-ci, au travers de ses yeux noirs un peu moqueurs ainsi que du léger étirement de sa bouche vers ce qui ressemblait à un sourire narquois, lui disait à voix haute :
" D'accord, si tu veux, ça pourrait t'aider mais si tu préfères continuer de te morfondre dans ta douleur, alors là, c'est ton problème, mon vieux. "
Mouais.
Avec un soupir agacé, Light se redressa. L'intérieur de son crâne lui fit l'effet d'un mur de briques que l'on s'appliquait à démolir avec un certain entrain. Il avala de nouveau trois gélules. L était déjà passé à autre chose, mais il y eut comme l'ombre d'un sourire satisfait au coin de ses lèvres.
- Tu essaies de me droguer ? Ironisa le jeune homme, reprenant les inquiétudes de L à son compte.
- Je ne me permettrais pas, Light-kun, lui assura ce dernier. Non pas que ce soit contraire à mes principes éthiques, mais très franchement, je n'en vois pas l'utilité.
Il s'arrêta d'un coup de lire ses données informatiques pour se tourner vers Light.
- Je devrais te droguer ?
Y avait longtemps, tiens
Un petit coup de Kira pour détendre l'atmosphère, voilà qui allait tout de suite faciliter le passage de sa migraine. Light, trop lasse pour entamer une dispute, joua la carte du sourire amer et secoua la tête.
Et recommença à attendre, allongé, les yeux fermés, à écouter le claquement des touches du clavier de L sous ses doigts.
Attendre.
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- Light-kun ?
L lui secouait légèrement l'épaule. Si l'on s'en tenait à l'engourdissement de son corps, il avait probablement dû s'endormir sans s'en rendre compte. La lumière de la lampe de chevet du détective, dés lors qu'il eut ouvert les yeux, le gêna. Il avait perdu la notion du temps. La seule et grande fenêtre de la chambre, teintée pour mieux dissimuler les habitants de l'immeuble, donnait sur Tokyo, illuminée, mais encore plongée dans le noir. Il ne devait pas être tard. Peut-être même qu'il n'avait sommeillé que durant dix minutes. Il était tourné sur le flanc, et avait de nouveau la couverture sur lui.
- Quelle heure il est, bon sang ? Demanda t-il d'une voix pâteuse.
Il était épuisé et ne se sentait ni la force de lever la tête pour regarder son réveil, ni celle de s'installer sur le dos.
- Une heure quarante cinq, répondit L. Tu t'es endormi.
- Il y a un problème ?
- Non.
- Alors pourquoi tu m'as réveillé ?
- Je voulais simplement vérifier si ce que je t'ai donné avait fonctionné.
- Nom de dieu, Ryûzaki, soupira t-il, agacé, et son souffle se perdit dans son oreiller. Quand je dors, je n'ai pas mal à la tête, donc abstiens-toi de me tirer du lit dans ces cas-là. Il y a une chance sur deux que ça recommence, maintenant.
- Ça dépend. Tu as encore mal ?
Light ne répondit pas tout de suite. L'intérieur de sa tête avait cessé de le malmener, certes. Toutefois, cela ne signifiait pas que la solution de L avait porté ses fruits, étant donné qu'il s'était endormi entre temps.
- Non, avoua t-il. Mais ça ne veut rien dire.
- Au contraire, répliqua L. Si ton mal de tête s'était éternisé, tu n'aurais jamais pu dormir. J'en conclus que l'homéopathie marche aussi bien sur toi que sur moi.
- Parce que tu as aussi des maux de crâne ? Se railla Light.
Conceptualiser L se tordant de douleur dans un lit était quelque peu malaisé, et bien que les migraines soient un fléau commun à toute l'espèce humaine, côtoyer le détective à longueur de temps avait fait naître chez le jeune homme l'hypothèse aussi peu logique que grotesque que celui-ci était totalement immunisé contre les maladies et troubles physiques en tout genre. Manger autant de sucreries sans avoir la moindre répercussion n'avait rien de normal. L devait avoir été croisé avec un panda. Light ne parvenait pas à trouver d'autre explication pour le moment.
Je suis vraiment crevé
- Ça m'arrive, déclara L. Je fais des migraines ophtalmiques, parfois.
Si Light fut un temps surpris par cette confession, à laquelle il ne s'attendait absolument pas de la part du détective, il se garda toutefois de le montrer.
- Et à l'exception de l'homéopathie, rien d'autre n'a fonctionné, se contenta t-il de compléter, comme s'il s'agissait là d'une évidence universelle.
- Non.
Dans le ton de L, cependant, se dessinait une autre évidence, une autre logique. Le fait que le traitement présente des effets positifs tant sur lui que sur Light était, somme toute, révélateur de leurs similitudes. Car s'ils se différenciaient par le physique et la morale, ils n'en restaient pas moins proches de par leurs niveaux intellectuels et leurs psychologies respectives. Dés lors que l'on acceptait ce fait, couplé à le théorie selon laquelle l'homéopathie se rapprochait davantage du placebo que du médicament à proprement parler, il y avait largement de quoi déduire que leurs esprits se mouvaient d'une façon quasi-identique, avec les mêmes défenses, les mêmes systèmes d'organisation, les mêmes codes. En outre, Light Yagami se souvenait vaguement d'une rencontre avec une jeune femme dont il n'arrivait plus à trouver le nom, mais qui lui avait dit, spontanément, qu'il lui faisait penser à L.
Mais là où il aurait dû être flatté par la comparaison, Light n'éprouvait qu'un profond agacement. Insinuer qu'il ressemblait à L équivalait à supposer qu'il avait, d'une façon ou d'une autre, "copié" le détective dans sa personnalité. Ou, du moins, c'était ainsi qu'il voyait les choses, raison pour laquelle il n'appréciait pas que son entourage lui trouve un air de ressemblance avec L. La simple idée qu'ils puissent avoir des traits communs le mettait mal à l'aise, sans qu'il arrive à en expliquer la cause de manière concrète. Tout ce dont il était certain, c'était qu'il ne voulait pas être comme lui. Son besoin de se distinguer du détective était né et grandissait depuis qu'il l'avait rencontré. Il ne voulait pas juste être une ombre de L, ou une copie intellectuelle ajoutée à l'affaire parce qu'elle pouvait éventuellement permettre sa résolution plus rapidement. Son parcours le rendait différent. Il estimait avoir le droit aux mêmes égards, à une considération égal, parce qu'il valait L, peut-être même le surpassait.
Son ambition avait sans aucun doute était entrevue par L, et cette chaîne, enroulée autour de son poignet, était comme une insulte. Il était voué à marcher derrière le détective, et non plus devant. L avait restreint sa liberté de mouvement pour mieux l'assujettir, et conserver ainsi toute son autorité. Loin de les rapprocher, les menottes ne faisaient que renforcer leur disparité, assurant la domination de l'un tout en reléguant l'autre en arrière fond. Avec la chaîne, Light était devenu celui qui marchait après L, et non plus à côté.
Il la détestait.
" LE PARESSEUX QUITTE SA BRANCHE(OU PRESQUE) ! "
" Après une période de repos relativement longue, c'est finalement aujourd'hui que L, le détective mondialement
connu pour ses exploits en matière de cas juridiques, sort de sa tombe, pour le plus grand plaisir des autorités
internationales. Car jusqu'à lors, notre cher monsieur X(car une lettre peut bien se substituer à une autre,
tant qu'elle ne dévoile pas l'identité du propriétaire) se la coulait douce dans un coin probablement reculé
de la planète, et comme tous ses confrères paresseux, devait tout aussi probablement se nourrir de feuilles
et passer la nuit dans les arbres.
C'est donc avec une joie non dissimulée que les organisations internationales, depuis l'ONU en passant
par Interpol, ainsi que deux ou trois organisations de la défense animale, ont accueilli le retour de
L parmi les vivants. En effet, récemment, des rumeurs avaient circulé librement, affirmant que notre
bien-aimé paresseux s'était éteint, très vraisemblablement assassiné, et qu'il fallait de toute urgence
lui trouver un héritier. Des zoos s'étaient proposés pour lui en fournir sur l'heure, mais les déclarations
subites de L concernant les encore plus récentes disparitions maritimes au quatre coins du globe ont
interrompu les négociations. Il semblerait que dés lors, L soit actuellement concentré sur la cause
de ces dernières, et aurait envoyé, à défaut de vouloir abandonner sa branche, un assistant sur
un navire océanographique, qui voguerait en direction du premier lieu de disparition. "
The New Zealand Herald, quotidien néo-zélandais
26 mars 2008, 11 heures 27, quelque part dans l'Océan Atlantique, non loin des côtes vénézuéliennes.
- Ils aiment pas beaucoup votre patron, on dirait, lança Ber lorsqu'il croisa Light dans les couloirs du premier niveau.
Il lui bloquait le passage, et tenait entre ses mains une feuille de papier. Light fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment où l'homme voulait en venir. Celui-ci sembla le remarquer, et lui tendit la feuille, sur laquelle avait été imprimé un texte conséquent.
- J'ai trouvé ça sur le site d'un journal de Nouvelle-Zélande, lui expliqua t-il. Ça parle de L. J'crois que vous devriez le lui montrer, que ça le réveille un peu. Nous, on l'aime bien, ici. Faudrait qu'il se défende un peu plus.
Le shinigami, tout en écoutant le graisseur en chef d'une oreille plus ou moins distraite, parcourut l'article des yeux. La véhémence du contenu l'étonna puis lui plut, et dans un même mouvement, elle l'irrita. Car s'il n'avait pas toujours bien compris L avait été jusqu'à s'engager physiquement dans l'enquête, il entrevoyait en revanche une explication à son peu d'intérêt pour les affaires ayant secouées le monde depuis sa mort. Comme lui, le détective était sujet à l'ennui, et il était extrêmement difficile de faire mieux que ce que Kira avait pu accomplir sur Terre dés lors qu'il avait entre ses mains le death note. Ses tours de passe-passe, ses pirouettes intellectuelles et physiques, les illusions dont il avait nourrit L depuis décembre 2003 jusqu'à novembre 2004, étaient loin de pouvoir être égalés par quiconque. Dans le Cathare, Light avait entendu parler de quelques cas qui lui avaient paru intéressants, de meurtres peu aisés à décrypter au premier abord, et alors il lui arrivait, si ses semblables dieux de la mort évoquaient l'affaire avec suffisamment d'entrain, d'aller en discuter avec eux. Il sortait de sa léthargie pour élaborer des hypothèses, comme il aurait pu le faire autrefois. Mais ces dernières se révélant basées sur des éléments réduits, il lui fallait attendre qu'un shinigami se rende sur Terre pour obtenir davantage de données. Car les dieux de la mort nouveaux-nés n'étaient pas autorisés à se rendre dans le monde des vivants, ayant d'abord besoin de se familiariser avec leur nouvel environnement et de s'adapter physiquement et psychologiquement à l'univers qui les entourait. Cela pouvait prendre des mois, voir des années. Tout dépendait du roi de la Mort.
- Le vieux fait la sieste, lui avait dit Ryûk. Et tant qu'il dort, tu ne peux rien obtenir de lui, pas même une autorisation d'aller sur Terre. Si jamais tu veux y aller quand même, mon petit Light, prépare-toi à finir en poussière. Papy a le sommeil léger. Ne le sous-estime jamais, ou tu le regretteras, crois-moi.
Sans tabou ni la moindre émotion, son ancien compagnon de route lui avait raconté des histoires de shinigami portés disparus après s'être rendus sur Terre, même pendant une courte période. La plupart des autres dieux de la mort soupçonnait le roi d'en faire du mobilier pour sa demeure. D'autres, un peu plus loquaces, se déclamaient d'une théorie selon laquelle le monarque les tuait, avant d'envoyer leurs âmes dans les tunnels de Dorine, idée immédiatement remise en question par d'autres, qui affirmaient que les tunnels étaient uniquement réservés aux utilisateurs de cahier de la mort s'étant suicidés. S'ouvrait alors un gigantesque débat sur l'usage de chaque partie du Cathare, capable de durer des semaines entières. Il était habituel que l'on finisse par questionner Nu, supposée être la plus ancienne et la plus avertie de tous les dieux de la mort, mais celle-ci était un véritable mur. Elle parlait, dans le sens où, en réalité, elle ne parlait jamais. Elle se promenait dans les plaines sans aucun but, et ne semblait animée d'aucune volonté, ni désir. Son empathie était réduite au néant, cause probable de son temps passé dans le Cathare. Et dés qu'elle venait, c'était comme un roc de tristesse qui se trainait avec elle, en dépit de son manque évident de sentiment.
- Je ne savais pas que la presse en voulait à ce point à L, avoua Light, qui pour une fois était parfaitement sincère.
Il venait effectivement d'arriver et n'avait de ce fait pas vraiment prit la peine de s'intéresser à ce que racontaient les médias.
- Oh, ça date pas d'hier ! Lui assura Ber. Savez, le but des journaux, c'est de rapporter les faits, mais ce qui les gênent avec L, c'est le manque d'info qu'on a ce sujet. Et ce qui ferait tripler le chiffre d'affaire de la presse écrite, ce serait justement de débusquer un petit quelque chose à son sujet. Ils se tirent dans les pattes avec les autres agences pour savoir qui aura un renseignement le premier. À la place du bonhomme, moi aussi, je me cacherai.
Ber avait une voix rêche, qui avait toujours l'air de flotter dans de la salive. Il avait les dents placées irrégulièrement, donnant à son sourire une forme particulière. La courbe de son nez, également, était tordue. Il respirait fort, gonflant son cou de buffle et son ventre, et Light vit que le col de son t-shirt gris était trempé de sueur. En l'entendant parler ainsi, il ne put s'empêcher de penser qu'il s'y connaissait plutôt bien, en matière de médias.
Et si c'était lui, le traître ?
L'expression de Langlois était certes un peu exagérée, mais l'expédition avait malgré tout été organisée de sorte à être la plus discrète possible. Qu'une des rares personnes au courant de son existence ait pu la divulguer à des journalistes pouvait, dans un sens, constituer une trahison. Le président des États-Unis devait probablement être submergé de visites, à l'heure qu'il était, et devait se démener pour expliquer sa décision auprès de ses collaborateurs. Si l'incognito leur avait jusqu'ici offert des avantages, ce n'était plus le cas désormais, puisque comme un boomerang, on le reprochait très certainement au chef de l'État.
- Si vous alliez montrer ça à votre copain ? Fit Ber en désignant l'article. Je pense que ça l'intéresserait aussi, puisque vous bossez tous les deux pour L. Si vous l'avez en contact, dîtes-lui qu'il a notre soutien, hein. On le trouve marrant, nous.
Puis il retourna à son travail, laissant à Light l'opportunité de retourner au second niveau, où se trouvaient L et les chercheurs.
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Si la matinée avait débutée dans l'effervescence, il n'en restait plus rien deux heures plus tard. L et Light, sur un commun accord, avaient commencé par faire tourner l'entièreté des documents concernant les disparitions, précédemment imprimés dans une salle du niveau réservée à cet effet, parmi les scientifiques. Le nombre exact de navire disparus recensés avait fait pousser une sorte de petit cri de jouvencelle éperdue à Deville, qui avait aussitôt senti venir une crise d'herpès gargantuesque et s'était précipité vite fait bien fait en direction de sa cabine pour pallier au problème à coup de crème. Al-Qasim avait tout bonnement piqué une crise de nerfs. Aucun autre mot ne venait à Light pour décrire sa réaction.
- Nom de dieu ! S'était-il écrié, brandissant les feuilles au dessus de lui. Mais c'est pas vrai ! Mais ils veulent nous achever, ces cons, on en a pour des siècles ! C'est quoi, cette histoire ? Pourquoi ils nous l'ont caché, hein ? Et puis pourquoi personne ne nous amène des crackers, bordel ? Ouh, mais c'est que ça va me perturber à vie, moi, cette affaire !
Il avait continué à gesticuler en arabe. Light, bien que n'ayant pas étudié la langue au cours de son cursus, n'avait pas eu besoin d'un dictionnaire pour comprendre la globalité de la pensée du médecin-légiste.
Les deux génies avaient observés la scène de loin, d'un œil distant et critique, trop peu habitués à ce genre de comportements excessifs pour parvenir à les contrôler. Light venait d'une société où l'exagération émotionnelle n'était pas bien vue, tandis que L était tout simplement resté bien trop longtemps à l'écart des contacts humains pour en connaître les extrêmes. Le shinigami, sans vraiment chercher à comprendre le comment du pourquoi, en étant arrivé à la conclusion qu'il y avait quand même une espèce de fixation sur les crackers, à bord.
Van Lunet avait rajusté six fois ses binocles puis changé trois fois de paire, avant de placer la liste répertoriant les disparitions sous un microscope optique afin de vérifier si celle-ci n'était pas juste une erreur issue de sa mauvaise vue. Réalisant que ce n'était pas le cas, il avait branché des écouteurs à son ordinateur puis s'était passé en boucle le morceau The Eye of the Tiger de Survivor. Quand à Newton, il en avait laissé tomber sa pomme sous le choc et en avait immédiatement exigé une nouvelle, sous peine d'attaque de panique. Lellou, qui passait par là, lui avait gentiment ramené une poire.
Durant l'heure qui avait suivi, les chercheurs avaient entamé un processus de remise en forme, autrement dit de lutte contre les effets post-traumatiques de la nouvelle. Deville n'était toujours pas revenu, mais en passant devant sa cabine, Light avait vaguement entendu des sanglots éplorés digne des plus grandes œuvres dramatiques de l'histoire. Le shinigami avait, par ailleurs, préféré quitter le second niveau pour se rendre sur le pont, estimant qu'il n'y aurait rien à faire jusqu'à ce que les scientifiques soient de nouveau d'aplomb psychologiquement parlant. L l'avait imité, ayant pour sa part un message à envoyer à Watari et ne se sentait visiblement pas à l'aise au milieu d'experts au bord de la dépression.
- Rendez-vous au laboratoire dans une demie-heure, avait-il dit à Light.
Celui-ci avait rejoint le pont avant. La température de l'extérieur, en raison de leur position géographique, avait considérablement augmentée, et il avait eut l'impression d'être en été. Le Svetlana naviguait droit sur les flots, déplaçant avec lui plusieurs litres d'écume. Le soleil avait fait son grand retour, brûlant, permanent, tapant sans pitié sur le navire. La climatisation avait certes été installée à l'intérieur, cependant la moindre sortie obligeait les occupants à se confronter à la météo réelle.
Sur le pont, les marins s'affairaient au nettoyage, à la surveillance et à l'observation. À vue d'œil, ils devaient être une dizaine, pas plus, à arpenter la surface extérieure du bateau. Light reconnut le lieutenant Seashell, plongé dans une discussion animée avec Smirnov et Langlois. Un peu plus loin, il aperçut également le maître d'équipage, Zarka. Le moteur du bateau faisait moins de bruit qu'à l'intérieur, remplacé par le claquement des vagues contre la coque.
Il s'appuya contre la rambarde de l'escalier menant à la passerelle, une place qu'il commençait à privilégier compte tenu de la vue générale qu'elle offrait du paysage ainsi que de la partie avant du Svetlana. Il aimait bien prendre l'air ici. C'était la première fois depuis qu'il était devenu shinigami qu'il se sentait relativement débarrassé de toute mélancolie liée à sa vie en tant qu'être humain.
- SMIRNOV ! J'AI PERDU UN COOKIE PAR TERRE ET JE NE PEUX PAS ME BAISSER POUR LE CHERCHER ! VENEZ M'AIDER, ET QU'ÇA SAUTE !
Ou presque. C'était sans compter sur l'originalité de l'équipage et le peu des cas que les membres se faisaient de la tranquillité d'autrui.
Le second Smirnov passa derrière lui en quatrième vitesse, ponctuant sa course d'un " me voilà, commandant, me voilà ! " puis d'un " oh, tiens, salut assistant numéro 2 ! ". Langlois et Seashell s'étaient dispersés, reprenant la surveillance sur les côtés du navire. Light se rendit dans la passerelle.
Le commandant était visiblement très concentré sur ce qu'il avait devant lui, à savoir des kilolitres de mer salée, et se tenait toujours aussi droit devant le gouvernail, les deux mains posées de chaque côté. Une carte des routes maritimes était dépliée sous ses yeux, mais il la regardait à peine. Smirnov, quand à elle, faisait le tour de la cabine, pliée en deux, index sur la bouche et les yeux rivés sur le sol.
- Écoutez, commandant, je ne vois vraiment pas où a bien pu passer votre cookie, moi, lança-elle.
- Allons, allons, ma chère, un biscuit ne peut pas se volatiliser de manière aussi subite, répliqua Diessel, sans quitter la mer des yeux.
Smirnov poussa alors une exclamation terrorisée puis se redressa, ses yeux bleus écarquillés comme deux grosses boules de billard.
- Commandant, si ça se trouve, commença t-elle d'un ton lugubre, c'est la bête qui hante ces flots qui a volé votre cookie.
- Quoi ? S'écria l'autre, furibond. Je ne le permettrai pas ! C'est mon cookie ! Il a été cuisiné avec amour par Pronto sur mon navire ! Je veux le récupérer ! Demi-tour, Smirnov, allons voir si cette abomination est encore là, que je lui arrache ma propriété. Et qu'ça saute !
Light allait intervenir, estimant que la comédie avait assez duré et qu'une telle mise en scène pour un cookie n'avait pas raison d'être, lorsque L fit irruption à son tour dans la passerelle. Et, comme Smirnov s'était mise à fixer avec une ardeur terrifiante ce que le détective tenait entre ses mains, le shinigami daigna y jeter un bref coup d'œil. C'était un cookie, entier, pas encore entamé.
C'est pas vrai
- Le c..co...le cookie ! Fit Smirnov, en pointant du doigt la chose en question.
L baissa les yeux sur son biscuit, puis les releva sur Smirnov, avant de regarder Light qui, bien que fut pour des broutilles, fut ravi de constater que le détective n'avait l'air de rien comprendre et cherchait auprès de lui une possible explication.
- Vous l'avez retrouvé, Smirnov ? L'interrogea Diessel.
- C'est l'assistant numéro 1 qui l'a, commandant, déclara t-elle. Je crois qu'il s'est infiltré en douce dans la cabine de pilotage pour vous le voler.
Comme elle parlait, Light prit conscience qu'un accent s'était insinué dans sa prononciation. Un accent russe. On lui avait dit, un jour, qu'un individu ayant appris une langue différente de sa langue maternelle pouvait voir ressurgir un accent en lien avec cette dernière lorsqu'il était en proie à de fortes émotions. Olga Smirnov était un bel exemple du phénomène, mais se mettre dans des états pareils pour un cookie avait malgré tout quelque chose d'irrationnel.
Quoi que le rationnel n'eût pas franchement sa place sur le Sveltana, il fallait le dire.
- Qu'ouïs-je ? Fit le commandant. Assistant...assistant...
Il tentait probablement de se souvenir de l'alias de L, mais sans succès.
- Truc ! Lâcha t-il, et le regard de L se durcit, guère satisfait d'être appelé un " truc " par Diessel. Vous me volez mes cookies ?
- Commandant, ceci-dit sans vouloir vous offenser, je doute que ce genre de chose puisse se produire en moins de quatre secondes.
- AH ! Il connait le temps, il sait tout ! S'égosilla Langlois, qui venait de pénétrer dans la cabine sans crier gare. Il est coupable, c'est un traitre ! Passez-le par dessus bord !
Elle repartir en claquant la porte, comme un coup de vent. Si L paraissait un peu crispé par le passage en fanfare du lieutenant, Smirnov et le commandant, en revanche, n'étaient pas démontés le moins du monde par son intervention.
- Faut l'excuser, hein, dit Smirnov, les mains dans le dos. Elle est un peu parano, mais on s'y fait. D'ailleurs, elle n'a pas tort. Comment ça se fait, que vous connaissiez le temps exact ayant séparé le vol de monsieur Cookie et votre arrivée dans la passerelle, assistant numéro 1 ?
- Ryûzaki, lui rappela L sur un ton un peu sec. Et ce n'est pas le temps exact, je donnais une estimation à titre d'exemple.
- Mais il vous a bien fallu une base pour en arriver à cette conclusion, non ? Et la base, c'était quoi ?
- Je n'avais pas de base.
- Donc c'était le temps réel, puisque sinon, vous l'auriez utilisé comme base pour votre exemple ?
- Non, c'était juste un exemple de temps, et un exemple ne nécessite pas toujours une base.
- Un exemple se base sur des connaissances déjà acquises, il vous fallait donc un certain savoir en matière de temps existant entre l'endroit où vous étiez il y a quelques instants et la passerelle, et j'en conclus que le temps que vous nous avez présenté est soit un exemple déduit de connaissances, soit le temps exact.
- Cela impliquerait que j'ai déjà accompli un calcul du temps entre le point où je me trouvai et la passerelle, or je n'ai aucune montre sur moi.
- Oh, mais vous auriez pu le faire de tête. Et d'ailleurs, si vous abordez le sujet du calcul, c'est que vous en avez fait un, non ?
- Je n'ai rien calculé, j'ai simplement évoqué la possibilité de faire un calcul pour vous prouver que je ne suis responsable de rien.
- Si vous n'étiez vraiment responsable de rien, vous n'auriez rien à prouver. Et j'aimerai bien qu'on cesse de changer de sujet. Comment vous connaissiez le temps entre...
- Je ne le connais pas, la coupa L, j'ai donné un exemple, c'est tout.
- Oh, mais vous le connaissez, et si vous le connaissez si bien, c'est que vous avez dû faire l'aller-retour plusieurs fois. Vous avez donc volé d'autres cookies, assistant numéro 1.
Light, qui pourtant avait déjà assisté à des discours bien plus complexes en matière d'argumentation, était pour la première fois et, il l'espérait, la dernière, complétement et irrévocablement largué.
- Ryûzaki, répéta L, et son ton était de plus en plus froid. Et je n'ai pas été voler d'autres cookies, celui-ci m'a été offert par la cuisinière.
Smirnov ouvrait la bouche de manière quasi-automatique, mais la dernière remarque de L tua dans l'œuf sa propre affirmation. Elle resta bien dix secondes la bouche ouverte, l'index levé, ce qui lui donna l'air profondément stupide. Puis elle fronça les sourcils, et soudainement ses yeux s'écarquillèrent largement, tandis qu'elle pointait son doigt en direction de L.
- Ah, mais fallait le dire tout de suite ! S'exclama t-elle. On savait pas, nous, que c'était Pronto qui vous l'avait donné.Oh là là, et moi qui ai fait le guignol pendant dix minutes !
- Que se passe t-il, très chère ? S'enquit le commandant, qui en dépit de sa présence sur les lieux n'avait apparemment rien suivi.
- Rien, commandant, tout va pour le mieux, lui répondit Smirnov, tout sourire. L'assistant Ryûzaki n'a pas volé votre cookie, c'est Pronto qui lui en fait un.
Cependant, Diessel ne parut guère rasséréné par la nouvelle.
- Et où voyez-vous quelque chose de mieux là-dedans, Smirnov ? Répliqua t-il. Ça ne nous informe toujours pas de l'endroit où est mon cookie à moi.
- Ah.
Smirnov se mit à se balancer d'avant en arrière, mal à l'aise.
- Mais j'ai bien cherché partout, commandant, je vous assure, sans trouver quoi que ce soit.
- C'était mon dernier cookie, gémit le commandant. Vous savez très bien que je ne peux pas naviguer sans mon quatorzième biscuit de la matinée.
- Si Ryûzaki vous donnait le sien, ça vous conviendrait ? Proposa Light, rendu excédé par la futilité de la conversation.
Le regard du détective se posa sur lui, et bien que le shinigami ne le vit pas concrètement, il lui sembla qu'il contenait de l'irritation. Light ne tourna pas la tête pour le lui rendre. C'était juste un cookie. Pas de quoi faire un caprice. En outre, il n'avait pas la moindre envie de devoir subir à nouveau un nouvel échange entre le second et le commandant à ce sujet. Il voulait retourner au laboratoire. Les scientifiques, bien qu'en tenant une bonne couche, avaient au moins un semblant de logique. Les membres de l'équipage, eux, semblaient ne vouloir obéir à aucune forme de cohérence, quelle qu'elle fût.
Smirnov ne répondit pas, attendant simplement la réponse du commandant. Le corps de celui-ci s'était un peu affaissé vers l'avant, et sa tête s'était baissée. Il était d'une certaine façon recroquevillé sur lui-même. Comme il ne disait rien, elle s'approcha de lui et l'appela gentiment, lui provoquant un bref sursaut.
- Mais je n'ai pas besoin de cookie, voyons, déclara alors Diessel sur le ton de l'évidence. Enfin, ma chère, je vous aurais appelé, si cela avait été le cas !
Là où Smirnov n'eut aucune réaction notable, L et Light échangèrent un coup d'œil incompréhensif, essayant éventuellement de savoir si l'autre était en mesure de fournir une explication. Car le commandant avait l'air de s'être soudainement remis en marche après une veille d'une durée indéterminée, et il avait semblait-il au passage perdu des éléments. Le second se contenta pour sa part de sourire doucement, de s'incliner, puis de s'écarter un peu, rendant au commandant la totalité de son espace personnel.
- Que puis-je pour vous, messieurs les assistants ? Lança t-il.
Même sa voix s'était faite plus claire, plus assurée. Il s'était redressé, retrouvant sa superbe et le maintien noble qui les avait tant surpris lorsqu'ils l'avaient rencontré.
Il y a un prob
L coupa court à ses réflexions, exigeant de savoir combien de temps devait durer le trajet allant du port de New-York jusqu'à l'endroit de la première disparition rendue publique, autrement dit celle ayant eu lieu dans le détroit de Magellan.
- Oh, pas longtemps, lui affirma Diessel. Ce navire-là est un rapide, nous devrions être là-bas d'ici quatre jours, tout au plus.
Le visage de L n'exprima absolument rien, mais Light devina, pour l'avoir côtoyé suffisamment longtemps, qu'il digérait la nouvelle avec difficulté.
Quatre jours
C'était 96 heures passées en compagnie d'une bande de dingues, sans la possibilité de pouvoir avancer véritablement dans l'enquête. En d'autres termes, ce qui pour le commandant Diessel était un temps record équivalait pour eux à une éternité. Car sans données supplémentaires, il ne leur était guère possible de formuler des hypothèses valides au sujet des disparitions. Les rapports d'autopsie des cadavres donnaient certes des éléments sur le modus operandi, mais pas davantage, étant donné qu'il y avait également là des points qui demeuraient peu clairs, des zones d'ombres. Plusieurs interrogations formulées par les médecins-légistes figuraient dans le dossier, or c'était justement des réponses dont avaient besoin les deux génies pour pouvoir commencer le travail. Pour le moment, ils n'en étaient qu'à une étape de documentation, piochant ici et là des informations qu'ils regroupaient avec l'aide des scientifiques à bord du Svetlana sur un grand tableau blanc, dans une petite pièce adjacente au laboratoire.
Light, sautant sur l'occasion, voulut connaître l'itinéraire emprunté pour se rendre sur les différents points de disparition. Celles-ci étant très éparpillées, il étaient prévu qu'ils fassent de nombreux allers-retours entre l'océan Atlantique, Indien et Arctique, mais ne devaient toutefois jamais passer dans l'océan Pacifique. Ils zigzagueraient ainsi pendant une vingtaine de jours grand maximum, d'après le commandant, sans compter les escales organisées et les pauses sur les lieux de disparitions, où les attendaient normalement des équipes de chercheurs, de techniciens et de militaires, ainsi que quelques médias.
- On finira par le lac Ontario, là où s'est volatilisé l'Eagle, le bateau de recherche envoyé par les États-Unis, expliqua Diessel en montrant le lac sur la carte.
En espérant qu'on ait pas disparus nous aussi avant
La crainte était commune mais n'avait pas encore été abordée, sans doute pour éviter qu'une émeute ne prenne place à bord. Un système de sonar avait été affecté au Svetlana afin de repérer toute présence éventuelle de prédateur pouvant être à l'origine du phénomène, mais L comme Light Yagami doutaient très fortement de son efficacité. Ce n'était pas ça qui empêcherait une éventuelle catastrophe, quand bien même ils en seraient avertis avant qu'elle ne survienne.
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Ils étaient seuls. Les chercheurs étaient allés déjeuner, mais eux n'avaient pas faim, et ce n'était pas très certainement pas la poêle de Pronto, tout aussi menaçante qu'elle puisse être, qui leur rendrait leur appétit. Cela dit, la cuisinière ne pesterait probablement pas bien longtemps si on lui expliquait qu'ils loupaient exceptionnellement le repas de midi pour travailler.
Ça lui fera moins de vaisselle
Abandonnant le laboratoire, ils s'étaient installés dans la salle située juste à côté, comprenant des équipements scientifiques un peu moins perfectionnés, une grande table et des chaises. Le tableau blanc, recouvert de données géographiques, ne ressemblait plus à grand chose, et n'aidait en rien à la résolution de quoi que ce fut. C'était L qui, le premier, avait réuni toutes les informations concernant les disparitions et les avait classé en deux catégories. Dans la première, on trouvait les disparitions rendues publiques. Dans la seconde, celles qui avaient été dissimulées au monde par les États-Unis. Par ailleurs, les experts, définitivement remis du choc, fulminaient à présent contre le gouvernement américain et évoquaient entre eux une augmentation possible de leurs salaires. Deville était le plus intéressé par le sujet, et ne manquait pas d'y revenir à chaque fois que l'occasion se présentait.
Ils avaient procédés à une classification précise, ne négligeant pas le moindre détail. Light avait amassé les renseignements portant sur les navires en tant que tels, tandis que les scientifiques répertoriaient les horaires de disparition, la météo, ainsi que le nombre de cadavres découverts et tous les éléments portant sur ces derniers. Ils avaient par la suite construit plusieurs tableaux informatifs, organisés selon les similitudes des cas. Ils apparaissaient sur le tableau blanc. Light les avait retranscrit sur son ordinateur portable, amené pour plus de confort et d'aisance en matière d'accès aux dossiers qu'il possédait. Lorsqu'il avait demandé à L pourquoi il ne faisait pas de même, le détective s'était contenté de répondre :
- J'ai tout dans la tête, Light-kun. Ça ne me servirai à rien.
Plus tôt dans la matinée, Light lui avait raconté tout ce que le shinigami Sidoh avait pu lui dire dans le Cathare, sans rien lui cacher. Il lui avait rapporté les termes exacts de son congénère, tout observant attentivement le visage de L pour y déceler une émotion quelconque. Depuis son retour, il était avide d'arracher au détective des attitudes, des comportements particuliers. Le voir réagir aussi abruptement lorsqu'il avait évoqué le death note avait attisé sa curiosité de telle sorte qu'il en avait été lui-même déconcerté. Le L qu'il avait connu avant sa mort était constamment inexpressif et ne supportait pas qu'on lui fasse des reproches, tant du point de vue médiatique que personnel. Il était facilement sujet à l'ennui et, quand l'affaire Kira s'était mise à stagner, il avait entrepris de résoudre quelques cas supplémentaires pour " s'occuper ". À présent, contrairement à ce qu'il avait cru à son arrivée sur Terre, le détective avait visiblement été soumis à des modifications. Il avait changé. Pas complétement, mais il dégageait quelque chose de différent, qui étrangement se trouvait être familier aux yeux de Light, sans qu'il parvienne toutefois à y mettre un nom.
On a changé tous les deux
Le shinigami savait que sa nouvelle condition l'avait également transformé, et bien qu'il ait conservé une majorité de ses traits de caractère, d'autres étaient apparus, ou bien certains avaient empirés. Il se savait être devenu bien plus froid et réservé qu'auparavant. Il brûlait moins, puisque moins habité par l'ambition. Celle-ci avait quasiment été happée en totalité dans le Cathare. Il avait également dû ravaler une bonne partie de sa fierté. Et s'il haïssait toujours L pour sa victoire injustifiée, il sentait petit à petit ce sentiment refluer, comme le manque d'empathie se faisait une place au creux de son être. Le processus était supposé durer des années, mais Light en avait déjà un avant-goût, sûrement rendu privilégié par le fait que, de son vivant, il n'avait jamais vraiment expérimenté un nombre assez conséquent d'émotions.
Ils avaient subi une modification antagoniste. L'un ressentait moins tandis que l'autre s'était mis à éprouver davantage.
Aucun d'eux n'avait parlé des déclarations de Sidoh aux experts. Ils préféraient faire passer sa réflexion sous la forme d'une idée personnelle, qui leur soit propre. Pour le moment, ils terminaient de remplir les tableaux et s'attelaient à comparer les résultats. Ils y avaient apporté des changements en l'absence des scientifiques, préférant ranger les disparitions par année plutôt que par connaissance ou non du public, qui était alors devenue une sous catégorie. Le tableau actuel, après remodelage, se présentait sous la forme suivante :
2005 :
9 août = MM, 20h45, temps couvert, chalutier, inconnue
10 août = MM, 7h 12, temps couvert, chalutier, inconnue
17 octobre = OI, 18h36, temps dégagé, ferry, inconnue
2006 :
04 janvier = OP, 23h29, tempête, porte-conteneur, inconnue
15 mai = OP, 20h07, temps couvert, yacht, inconnue
2007 :
28 février = OP, 14h52, temps dégagé, ferry, inconnue
24 juillet = OI, 21h19, temps dégagé, ferry, inconnue
6 novembre = OA, 20h37, temps couvert, ferry, connue
12 décembre = OAR, 23h48, temps couvert, brise-glace, connue
2008 :
30 janvier = OI, 20h24, temps couvert, porte-conteneur, connue
18 mars = OA, 21h12, tempête, vraquier, connue
21 mars = FSL, 3h57, temps dégagé, ferry, connue
22 mars = FSL, 13h04, temps dégagé, navire de recherches, connue
Les données techniques récupérées par Light avaient été classées dans un autre tableau, qui pour le moment n'avait pas lieu d'attirer l'attention. En effet, la majorité provenait de compagnies différentes, étaient équipés de matériaux modernes, avaient un nombre en terme d'équipage relativement égal et des moteurs fonctionnant avec le même carburant.
Ils étaient partis sur l'idée que ce qui provoquait les disparitions ne pouvait pas véritablement être qualifié de " créature ", aussi afin d'éviter toute éventuelle crise de panique au sein du Svetlana, ils avaient jugé bon de le nommer I, pour Inconnu. L avait également tenu à se procurer une large planisphère, que lui avait apporté Lellou, et qu'il avait aussitôt accroché au mur. Il situait géographiquement les disparitions à présent, les rendant plus aisées à retrouver en alternant les couleurs des points qu'il inscrivait sur la carte.
- Sidoh disait qu'il y avait eu beaucoup plus, lui fit remarquer Light dés lors qu'il eut terminé.
Assis face à la planisphère, il observait le résultat sans qu'aucune objection de lui vienne à l'esprit. Il aurait apprécié que L fasse une erreur dans sa notation, mais visiblement, ce n'était pas pour tout de suite.
- Je sais, répondit le détective, le pouce appuyé contre ses lèvres, un marqueur vert dans les mains. Reste à savoir si elles ont été signalées ou pas.
- Hum.
L avait eu en tête les coordonnées géographiques exactes pour situer les disparitions sur la carte, mais il avait estimé que les introduire dans le tableau n'apporterait rien d'essentiel. Il alla chercher la thermos de café apportée par Van Lunet au laboratoire, et se remplit une tasse, dans laquelle il ajouta cinq morceaux de sucre. Les scientifiques, leurs agissements disproportionnés et la balourdise de l'équipage lui donnait mal au crâne. Il était bon pour une nouvelle migraine.
Et Light-kun aussi, on dirait
S'ils ne s'entendaient pas sur de nombreux sujets, ils étaient en revanche tout à fait d'accord pour dire que la traversée en compagnie d'une bande d'aliénés était un calvaire. La difficulté de la situation mettait de côté leurs conflits passés comme présents, et faisait ressortir leurs similitudes. Dans cet univers où la raison n'avait pas vraiment sa place, ils trouvaient presque en l'autre une forme de soutien, voir de consolation. C'était aussi bien la première fois que sa ressemblance intellectuelle avec L ne mettait pas Light Yagami de mauvaise humeur, et c'était aussi la première fois que la présence d'un égal ne martyrisait pas l'incroyable égo du détective.
- L ?
- Ne m'appelle pas comme ça.
- Il n'y a personne.
- Tu ne sais pas s'il n'y a personne, Light-kun. Et quand bien même, je préfère que tu utilise mon alias, c'est plus prudent.
- Tu sais que si je le voulais, je pourrais révéler ton identité à tout le monde, n'est-ce pas ? Le taquina Light.
- Ça m'étonnerait beaucoup.
Il s'installa sur une chaise face au shinigami, et replia ses jambes contre son torse.
- Pourquoi ?
- Parce que ce serait trop facile, répondit le détective. Tu n'aimes pas ça, Light-kun. Et puis ça ne t'apporterait rien pour l'enquête, tu le résoudras plus vite si je travaille également dessus.
- Qui te dit que j'ai envie de finir ça rapidement, hein ?
Les yeux noirs de L, levés vers lui, étaient calmes et un peu moqueurs.
Il se fout de moi
Ce n'était pas nouveau, mais toujours aussi désagréable. L aimait bien taillader son amour-propre comme Kira avait pu charcuter le sien auparavant, et maintenant qu'il avait prouvé que Light et le meurtrier ne faisaient qu'une seule personne, il ne comptait pas se priver. Petite vengeance personnelle que de pouvoir replonger le nouveau dieu de la mort dans sa défaite, certes un peu puérile, mais délicieusement jubilatoire.
- Tu t'ennuies là-bas, hein, Light-kun ? Ronronna le détective d'une voix mielleuse.
La crispation du visage du shinigami lui fit un bien monstre, affolant tout autant que brutal.
- La ferme, L, siffla Light. Tu t'emmerdes autant que moi.
L pencha un peu la tête sur le côté, avec un air faussement interrogateur planté sur le visage. Light ne regretta jamais autant son immatérialité, incapable de lui permettre de coller son poing dans la figure de l'autre. Il lui mit alors sous le nez l'article qu'avait trouvé Ber un peu plus tôt, et ne quitta pas des yeux le visage du détective tandis que celui-ci le lisait.
- Où as-tu trouvé ça ? Lui demanda t-il.
- Internet, fit Light, se reculant contre le dossier de sa chaise pour ensuite croiser les bras. C'est un des membres de l'équipage qui me l'a donné. C'est si pénible que ça, la vie, sans Kira ?
- Tais-toi, Light-kun.
- Pourquoi est-ce que tu es venu ici, L ? Tu t'ennuie au point de mettre ta vie en danger ? Ça te manque tant que ça, d'être à deux doigts de se faire tuer ?
La main de L se referma sèchement sur la feuille où avait été imprimé l'article, la froissant sans aucune compassion. Light ne voyait pas ses yeux, abrités par de longes mèches de cheveux noirs.
Non, Light-kun, ça ne me manque pas, de risquer ma vie
Non, Light-kun, je ne m'ennuie pas au point de me mettre en danger
Non, Light, la vie sans Kira, ce n'est pas insupportable
Non, Light-kun, tu ne me manques pas
C'est juste que je m'ennuie
« Surtout, ne pas confondre tristesse et ennui. »
Citation de Jules Renard, écrivain français
Indication :
- Euuh...nan, en fait, je tenais juste à vous dire que même si j'ai parlé d'homéopathie dans ce chapitre et qu'il cite quelque chose d'existant dans ce domaine, je ne sais rien à ce sujet. Je teste avec des fumigations à l'eucalyptus quand j'ai des rhumes et ça marche, mais pour ce qui est l'effet de placebo, je base ça sur des théories déjà entendues à l'extérieur. C'était juste pour renforcer le côté très rationnel de Light.
- Si je me suis bien marré en écrivant l'article de journal ? Oh, ouais, c'était sympa ;).
- Nan, sérieusement, un paresseux, c'est trop mignon. Faut juste oublier la fourrure verdâtre, quoi.
- J'ai pas fait beaucoup de parties, pour ce chapitre, tiens.
- J'aime bien Ber. Il est cool.
- Je me suis juste éclatée pour le passage avec les scientifiques et pour le dialogue sur le cookie(des comme ça, vous risquez d'en retrouver pas mal, rappelez-vous qu'ils sont tous fous !).
- Et j'ai adoré écrire la fin.
- Manque, c'est pour le manque de sommeil de Light dans la première partie, le manque d'activités de L au niveau international, le manque de cookies, le manque d'informations sur les disparitions, et le manque de divertissements pour nos deux génies. Du coup, je suis en train de me dire que " Trou ", ça aurait probablement été un bon titre, aussi. Mais ça moins romantique, quand même XD.
Booon, moi être contente, moi avoir fini dans les temps et pas dans un stress monstre. Et puis les vacances approchent, ça met de bonne humeur, si on excepte mon partiel de demain. Je hais la phonétique/phonologie/morphologie, sauf quand il n'y a pas d'examen dessus :P. Je vous remercie infiniment pour toutes vos reviews, et je vous souhaite d'avoir apprécié le chapitre.
Prochain d'ici trois à quatre semaines ! À bientôt !
Negen
PS : je me suis trouvé une putain de bande-son pour l'histoire, je suis en train de rajouter des propositions de morceaux dans les chapitres précédents(bon, d'accord, pas beaucoup XD) !
