Auteure : Elfelmira
Genre : Mystère, Amitié, Famille
Résumé : Fin de la deuxième année, Ginny a été enlevée dans la Chambre des Secrets. Lockhart, Ron et Harry partent à sa recherche. Or le professeur, afin de s'accaparer toute la gloire, brise les baguettes des deux amis et les emprisonne dans la Chambre. Se retrouvant au centre d'un complot, ils vont devoir apprendre à survivre, seuls ou presque. Ils vont apprendre à voir au-delà des apparences et de la Magie elle-même... L'année du Serpentaire arrive...
Bashing : Dumby, Hermione, les Weasley (on les aime ceux-là) sauf les jumeaux, pour eux je ne pourrais jamais y arriver... Alors je sais, je fais pas mal de bashing sur ces personnes tout simplement parce que je ne suis pas très fan d'eux. Il y a une exception pour Hermione, j'adore ce personnage mais je trouve que le nombre de bashing concernant Hermione sont peu nombreux et que Ron s'en prend toujours plein la gueule. Alors j'inverse, Ron sera un gentil et si ça ne vous plaît pas…bah…pas grave !
Attention : Les événements de la première et deuxième année (sauf la fin) correspondent aux livres ou films. Les passés d'Harry et Ron seront modifiés à ma façon, donc pas de cris. Il est possible qu'il y ait de l'humour sarcastique comme je l'aime. Et enfin, pour les couples, je ne sais pas encore. Mais ce qui est sûr c'est que c'est un slash. On verra. Risque de spoil mais bon, comme tout le monde connaît Harry Potter, on s'en fou un peu…
Couple : BZ/HP, je ne sais pas encore pour Ron, j'hésite pour un RW/DM ou un RW/DG, ça reste à voir. En vrai, maintenant je sais ce que je vais faire mais je vais pas vous le dire héhéhé !
Alors, petite information supplémentaire, je remercie ma Beta, Cuicuit, pour m'avoir corrigée et relue. Pour l'instant pub, je vous invite à aller lire ce qu'elle a écrit sur wattpad, c'est magnifique !
Ni Harry Potter (le livre et le film) ni les personnages ne m'appartiennent, ils sont à JKR. Voilà voilà.
Je tiens à tous vous remercier pour vos reviews et vos votes ! Je ne peux pas répondre forcément, c'est impossible, mais je les lis toutes avec grand bonheur. Merci !
« Parole »
« Fourchelangue »
« Langage des animaux »
OoO
Partie 4 :
Chapitre 36 :
Une dernière sensation
OoO
Attention : scène de torture plutôt violente et explicite ! Et douloureuse !
Chaos.
Chaos ou ordre.
Deux antonymes que tout opposait. Deux mots profondément entreliés. D'un côté, le Chaos était une entité ayant créé l'Univers. Du Chaos, l'Univers naquit. Un certain ordre s'établit, les galaxies, les planètes et les étoiles s'organisèrent dans cet immense espace infini, obéissant à des ordres et des règles particuliers. Du Chaos, l'ordre naquit. Mais l'ordre pouvait être déstabilisé par le Chaos.
Et la scène qui se déroulait devant ses yeux illustrait parfaitement ce phénomène d'ordre se transformant en chaos. Il était assis, dans l'ombre d'une balustrade, invisible aux yeux des mortels, et il observait le hall du Ministère tomber progressivement dans un désordre complet.
Il n'aurait jamais pensé mettre les pieds dans cet endroit. La seule raison de sa présence dans ce lieu corrompu était le procès de Dumbledore. Il voulait voir cet homme tomber de son trône, il voulait le voir souffrir comme il avait souffert, il voulait lui couper un bras comme il l'avait perdu, il voulait…il voulait tellement de chose. Alors il attendait. Il attendait la fin du procès pour enfin savoir si Granger et Dumbledore seraient remis à leur place, plus bas que terre. Son seul regret était qu'il ne pouvait entrer dans la salle du procès sans se faire repérer. Il aurait tellement voulu voir le visage de ce vieil homme se briser face à la justice.
Un sourire morbide s'inscrivit sur son visage, à moitié caché par sa capuche noire. Les traditionalistes avaient fait un excellent travail pour prendre le pouvoir et détruire le parti de Dumbledore. Parfait. Dommage qu'il ne fût pas la personne ayant mis la main sur cet homme.
Si le hall était tendu à cause du procès, la panique céda lorsqu'un homme hurla :
« Azkaban est attaqué par Vous-Savez-Qui ! »
L'ordre se brisa laissant place au chaos. Et les Aurors n'arrivaient pas à rétablir l'ordre, ce qui était compréhensible. A la place, il observa, silencieux et immobile, des groupes se former. Des Sorciers et des Gobelins se préparaient à répondre et rejoindre Azkaban. Déterminés et terrifiés, les hommes, les femmes et les Gobelins se dirigèrent vers les cheminées pour disparaitre. Ils furent rapidement suivis par les traditionalistes. Il haussa un sourcil lorsqu'il remarqua celui qu'il supposait être Lord Gaunt mener les siens au combat, suivis de près par ses fidèles. Il reconnut, grâce à ses souvenirs ou aux photos qu'il avait entraperçues dans les journaux, Lord Malfoy et Black, le professeur Snape ainsi que quelques Lords et Ladies, familiers mais dont les noms lui échappaient. Ses sourcils se froncèrent un instant lorsqu'il vit un rouquin et un brun parmi eux. Ils lui étaient très familiers mais…il ne les avait jamais vus avant. Haussant des épaules, il attendit qu'ils disparaissent, laissant le hall dans un profond chaos.
« Fred… » Souffla une voix qui venait de son ombre. « Fred…maintenant… »
Fred sourit. Un sourire démoniaque, malfaisant. Un sourire qui n'avait rien d'humain. Oui. L'Ombre avait raison. C'était le moment. Cette attaque…cette attaque était pile ce qui lui fallait. Tout le monde serait tourné vers Azkaban, délaissant le reste. Personne ne ferait attention à lui. Parfait. C'était absolument parfait. Il pourrait presque embrasser Voldemort pour cette diversion.
Il se laissa glisser le long du mur et atterrit légèrement, sans un bruit. Il se redressa et appela ses ombres à lui. Elles l'entourèrent en un manteau protecteur. Et Fred commença à marcher, silencieux, invisible. Aucun Sorcier ne fit attention à lui, il dansait autour de leurs corps, sans les toucher. Ses pas frappaient le sol à intervalles réguliers, se mêlant au chaos ambiant. Son sourire s'élargit lorsqu'il capta les conversations des Sorciers. Si la majorité discutait et paniquait sur l'attaque d'Azkaban, il apprit le sort de Dumbledore et Granger. Et il fut satisfait de leur sort.
Granger, cette traitresse, serait enfermée à jamais dans une maison, privée de sa magie. Tandis que l'âme de Dumbledore serait aspirée par un Détraqueur. S'il pouvait juste les torturer avant, tout serait parfait. Malheureusement, le temps lui manquait. Il devait faire un choix. Et les Weasley méritaient sa haine plus que Dumbledore et Granger.
Fred passa entre deux Sorciers et il atteignit enfin ce qu'il recherchait. Le bureau d'Arthur Weasley. Ses lèvres se levèrent d'elles-mêmes en un sourire malicieux. La porte était fermée. Mais Fred posa sa main contre la porte et il poussa. Son corps ne fit qu'un avec l'ombre et il traversa la surface solide pour se retrouver dans la pièce abandonnée par son propriétaire. Il fallait croire qu'Arthur Weasley négligeait son travail depuis l'acquisition illégale de sa richesse. Grand bien lui fasse.
Un souffle froid toucha l'arrière de sa nuque. Une main brumeuse glissa le long de son dos, doucement. Elle finit son chemin sur sa hanche. Fred ne bougea pas, ses yeux, sous sa capuche fixaient un point. Un objet était déposé et oublié sur le bureau de son géniteur. La main brumeuse agrippa sa peau, laissant des marques ensanglantées. Mais Fred ne sentit rien du tout. Pourquoi ressentirait-il quelque chose ? Il avait tout perdu et son âme était devenue un prix pour une étrange créature millénaire.
Fred avança enfin, se détachant de la présence effrayante mais étrangement rassurante. Il toucha l'objet sur la table. Une clé. Il sourit. Arthur Weasley avait laissé une clé de chez lui dans son bureau. Une clé qui lui permettrait de traverser les barrières impénétrables. Fred se tourna vers son compagnon. Sans surprise, celui-ci était indescriptible, une fumée noire le définissait et deux yeux entièrement blancs et brillants l'observaient sans cligner des paupières.
« Tu savais que c'était ici. » Fred montra l'objet, un vulgaire stylo.
Aux yeux du reste des mortels, ce stylo n'était qu'un simple stylo moldu. Mais pour Fred, ce stylo était une clé. Si l'Ombre ne l'avait pas guidé jusqu'à ce bureau, il ne l'aurait jamais remarqué.
« Il est plus temps que d'accomplir ta vengeance. » Fit l'Ombre et si elle avait pu sourire, elle sourirait. « Je veux ton âme. »
« J'y suis presque. » Fred lâcha un sourire extatique, ses doigts serrèrent le précieux stylo. « Bientôt tu seras vengé, George ! » Il rit encore et encore. « Je vais vous venger…Ron, Harry, Ginny… »
Oh…il allait se venger.
Les Weasley ne méritaient que la mort.
Ses yeux devinrent entièrement blancs, le même blanc que l'Ombre, mais Fred ne le remarqua pas.
Mais l'Ombre, si.
Elle sourit.
OoO
Fred se tenait devant les barrières de la maison Weasley. Il se trouvait tout juste à l'extrémité, au niveau des marais, à quelques mètres seulement de ce maudit lieu qui avait été témoin de la mort de George. Les yeux de Fred étaient figés sur ce morceau de terre et d'eau, recouvert par des plantes à moitié noyées et mortes.
Il pouvait revoir George agoniser, il pouvait se revoir ramper difficilement sur le sol, à l'aide de son unique bras, il pouvait revoir Molly lancer ce sort, il pouvait revoir George mourir, le laisser seul, il pouvait se revoir passer un pacte avec l'Ombre…
Cet espace de quelques mètres carrés était la source de tant de cauchemars, de tant de sentiments de haines et de vengeances. Il s'imaginait encore et encore à cet instant, il s'imaginait changer les choses et tuer Molly. Il s'imaginait avec George, libres et heureux, loin de cette parodie de famille.
« Il est temps. » Souffla l'Ombre, dans son oreille. « Il est temps. Ouvre la porte, ouvre la porte, ouvre la porte. » La voix cassée, inhumaine de l'Ombre sifflait, un mélange parfait entre la haine et l'amour. « Maintenant ! »
Fred ouvrit son unique main et regarda le stylo. Pendant plusieurs secondes, il analysa ce stylo sous toute ses coutures. Il n'avait rien d'extraordinaire. Rien. Ce n'était qu'un stylo. L'Ombre sembla perdre patiente, pressée d'obtenir son âme. Elle toucha sa nuque et pressa ses griffes dans sa peau fragile. Fred ne réagit pas. Elle le poussa avec douceur vers la barrière, un paradoxe après son moment de violence. Mais Fred avait l'habitude. L'Ombre n'était pas humaine et ne raisonnait pas comme tel. Violence et douceur étaient deux concepts inconnus pour elle. La seule chose qui lui importait était son pacte et son âme. Le reste lui était insignifiant.
A ses yeux (si elle en avait), Fred n'était qu'une source de « nourriture ». L'Ombre l'aiderait jusqu'à la fin de son pacte et c'était tout. Mais Fred n'attendait pas de douceur de sa part. Il voulait seulement sa vengeance. Son esprit était envahi par la rage, la haine, la colère, la douleur, la tristesse et des souvenirs doux-amers. Il voulait se venger. C'était la seule chose qui lui importait.
Sa main levée, Fred présenta le stylo à la barrière. Une petite porte s'ouvrit. Il sourit. La barrière l'avait reconnu. Il pouvait entrer sans attirer l'attention du reste de la famille. Ses pas touchèrent à peine le sol. Il était silencieux, évitant toutes les feuilles et brindilles pouvant craquer.
Il entra.
Rien ne se passa.
Son sourire s'élargit. Et le voilà dans le marais. Il fit le tour de l'espace où était mort George. Il ne pouvait marcher sur ce lieu rempli de mémoire et de souffrance pour lui. Comment pouvait-il fouler le sol où son frère adoré était mort ?
Son objectif était le manoir Weasley. En seulement quelques minutes (là où les jumeaux avaient couru pendant de longues minutes), il se retrouva devant le porche. Ce même porche qu'il avait nettoyé en boucle pour rien. Il leva sa tête vers le ciel nuageux et ferma les yeux pendant quelques instants, savourant la petite brise courant sur ses joues humides. Ses émotions lui échappaient mais que pouvait-il y faire ? Il se retrouvait devant la maison abritant les monstres qui l'avaient torturé, qui lui avaient coupé un bras, qui avaient tué son frère. Il pouvait autant sentir sa tristesse que sa haine rugir au fond de son cœur. Fred voulait détruire cette famille comme elle avait détruit sa vie.
Et il pouvait enfin se venger.
« Avance, Fred…avance… » Souffla l'Ombre qui voletait à ses côtés. « Entre et reprends ce qu'ils t'ont pris. »
L'Ombre était invisible, seuls ses yeux blancs volaient. C'était effrayant de voir deux globes blancs flotter, détachés de toute tête et de corps. Mais Fred avait fini par s'habituer aux horreurs qu'incitait la présence de l'Ombre.
Fred obéit. Il ordonna à son corps de se dissiper en de minuscules particules d'ombre et il plongea dans l'ombre du porche. Il entra finalement et se déplaça rapidement à travers les couloirs et les pièces de la maison, repérant chaque Weasley. Molly était dans la chambre, Charlie et Bill étaient dans le salon. Percy était toujours porté disparu. Fred fronça les sourcils, un peu agacé.
En se connectant avec l'Ombre et après avoir fait la promesse de tuer tous les Weasley, Fred s'était retrouvé lié, à sens unique, avec tous les Weasley en vie. Cette liaison d'ombre lui permettait de toujours savoir où se trouvait ses victimes afin de gagner du temps. Un lien s'effaçait à chaque fois qu'il tuait un Weasley. Il était donc parfaitement au courant que Perceval Weasley était mort. Bien qu'il fût déçu de ne pas être la cause de sa mort, il était heureux d'être débarrassé de lui. De tous les membres de la famille de rouquin, Perceval n'avait que très peu interagi avec son jumeau et lui, préférant se construire un réseau social au ministère. Il avait donc moins de rancœur contre lui. Mais Fred ne pouvait que féliciter son meurtrier : il voulait le rencontrer pour le remercier avant sa propre mort.
Les pas de Fred ne faisaient aucun bruit sur le tapis oriental magnifique. Des ombres l'entouraient, cachant la forme physique de son corps aux yeux des simples Sorciers. Pour tous les êtres, ils ne verraient qu'une masse informe de brume noire menaçante et frémissante. Il avait une proie à chasser et il n'y avait rien de mieux que de terrifier ses victimes.
« Oui, oui, oui ! » Souffla l'Ombre à son oreille, sa main invisible toucha le moignon de son bras gauche avec amour malsain. « Terrifie-les, Fred, fais leur peur, savoure leur peur, Fred…fais-le pour moi. »
Le murmure sadique et excité de l'Ombre résonna dans le couloir. Fred sourit. Il se sentait accompagné dans sa quête par un être qui ne pouvait pas le trahir. Il se fichait pas mal de la folie de l'être. La seule chose qu'il voulait, c'était sa mère et ses frères devant lui, au sol, soumis et en sang, savourant sa victoire avant son dernier souffle.
Pour le moment, sa première victime l'attendait.
OoO
« Bonjour, maman. » Murmura Fred à l'oreille de Molly.
Molly poussa un cri terrifié et lâcha les vêtements coûteux qu'elle portait délicatement entre ses bras. Elle se tourna d'un bond, cherchant d'où venait la voix. Personne. Paniquée, elle regarda autour d'elle, sa baguette entre ses doigts, les yeux écarquillés de terreur, sa tête tournant de droit à gauche. Toujours personne.
Fred sourit, caché dans l'ombre de la porte de la chambre. Il observa sa mère paniquer et tourner en rond, ne comprenant pas d'où venait la voix de son présumé fils qu'elle avait tué. Oh, qu'est-ce qu'il allait s'amuser. Il voulait la voir souffrir, perdre la tête, crier à s'en briser la voix…
« Qui est là ? » Ordonna Molly, la baguette levée, prête à attaquer, tentant de reprendre son calme.
Fred ne répondit pas. Pourquoi le ferait-il ? Il n'était là que pour le plaisir de voir la meurtrière de son frère mourir dans d'atroces souffrances. A la place, il se déplaça dans l'ombre du double lit de ses « parents » et continua d'observer les réactions de sa mère avec beaucoup d'amusement.
« Non… » Souffla Molly, fronçant des sourcils et baissant sa baguette après avoir vérifié que personne ne se trouvait dans la pièce. « Personne ne peut entrer dans le domaine, c'est protégé par une puissante barrière magique. » Elle se rassura. « Je dois juste imaginer des choses, j'ai juste mal dormi dernièrement… » Termina-t-elle tristement.
Molly reprit son activité première. D'un coup de baguette, elle rappela les vêtements à elle pour les placer dans l'une des nombreuses valises. Il fallait croire que les Weasley tentaient de fuir la Grande-Bretagne et se cacher. Mais Fred n'allait pas les laisser fuir. Non. Ces lâches ne le méritaient pas.
Fred décida qu'il était temps de continuer son petit jeu. Encouragé par l'Ombre, il sortit de sa cachette et s'avança doucement dans le dos de Molly, indétectable. De sa seule main, entourée d'une fumée noire tremblotante, il tapota l'épaule de la rouquine et il pressa ses lèvres contre son oreille.
« Allons maman… » Murmura-t-il d'un ton joueur. « Comment peux-tu dire qu'il n'y a personne ? Je suis là ! M'as-tu oublié ? »
Alors que sa mère repoussait un cri de terreur et sursautait violemment, Fred plongea dans son ombre, se camouflant. Molly reprit sa baguette et commença à jeter des sorts, cherchant une présence, paniquée.
« Qui est là ? » S'écria-t-elle, les yeux ronds, balayant la chambre du regard. « Bill ? Charlie ? C'est vous ? Me jouez-vous une blague ? »
Fred rit. Son rire se répercuta dans la pièce, frappant les murs et les vitres pour rebondir à l'infini, encore et encore, créant un vacarme. Molly se prit la tête entre ses mains, une grimace de douleur inscrite sur son visage. Le bruit était insupportable.
« Sortez ! » Ordonna Molly, toujours convaincu que ses deux fils lui jouaient un vilain tour. « Les garçons ! Cela suffit ! »
Cette fois, Fred se tut, gardant un sourire sur son visage, préférant naviguer entre les différentes ombres de la pièce. Doucement, il ferma la porte, la bloquant avec ses ombres, sans que Molly ne le remarque. Puis, il appela les ombres pour qu'elles puissent bloquer les fenêtres et empêcher la lumière du jour s'infiltrer dans la chambre. Doucement, l'obscurité enveloppa Molly, qui appela tout de suite un sort de lumière et tenta d'ouvrir frénétiquement les fenêtres. Fred n'était pas du tout gêné par le manque de lumière. Il voyait dans le noir. Ses yeux s'étaient habitués à vivre dans l'ombre, depuis qu'il avait été enfermé dans cette cave, sous la maison.
« Ouvre-toi ! » Cria Molly, paniquée, s'acharnant sur les fenêtres qui refusaient de s'ouvrir. « Ce n'est pas drôle ! »
Elle pouvait tenter d'ouvrir les vitres autant qu'elle voulait, jamais elles ne s'ouvriraient. Jamais. Fred s'amusa de son acharnement. Ces tentatives étaient adorables. Il adorait voir sa mère se perdre dans sa panique, perdre toute nation de rationalité.
« Oh, maman, pourquoi veux-tu me quitter ? » Fit innocemment Fred, sa voix venait de toutes les ombres de la pièce. « Ne veux-tu pas rester avec moi ? Je veux ma maman… »
« Qui es-tu ? » Demanda Molly, reculant contre le mur, sa baguette tremblante devant elle. « Je ne suis pas ta mère ! »
« Je veux rester avec toi, maman. Ne m'abandonne pas comme tu les as abandonnés. » Pleura Fred, jouant la comédie.
« Où es-tu ? » Molly tourna sur elle-même, jetant des sorts. « Où es-tu ? »
« Mais je suis ici, maman. » Chuchota-t-il dans son dos.
Elle se retourna violemment, lançant un sort mais Fred se dispersa dans une fumée noire en riant.
« Non, non, je suis là ! » Fred se déporta vers la gauche. « En fait, je suis ici ! » Hystérique, Molly se mit à amplifier la force de ses sorts, de plus en plus paniquée. Elle ne comprenait pas. Tout ce qu'elle pouvait voir était une étrange ombre qui se déplaçait devant ses yeux et disparaissait avant qu'elle ne puisse la viser proprement. Tout était confus, étrange, même pour le monde de la magie.
« Que me veux-tu ? » Hurla Molly, se voulant menaçante malgré sa voix tremblante. « Que t'ai-je fait pour que tu me hantes ? Je peux appeler mes fils ! Arrête ! »
« Que m'as-tu fait ? Que m'as-tu fait ? » Chantonna Fred, dansant autour du corps de Molly, murmurant à son oreille, touchant ses bras, ses hanches, son dos, ses cheveux avec des gestes légers. « Demande-toi plutôt qui je suis, maman. »
« Percy ? » Tenta Molly, soudainement pleine d'espoir malgré son corps tremblant, rêvant de revoir son fils disparu. « Tu es revenu ? »
« Oh, maman… » Fit tristement Fred, boudeur. « Percy est mort. » Il adora voir le visage brisé de sa mère, c'était satisfaisant. « Tout comme papa. Pauvre papa, pauvre Percy, pauvre maman…tous morts… »
« Toi ! » Cette fois, la rage de Molly remplaça sa peur. « Je t'interdis de parler de mon mari et de mon fils ! Comment oses-tu ? C'est toi qui les as tués ? »
Fred tomba dans l'ombre la plus proche, évitant un sort comme si de rien n'était. Sa mère attaquait aveuglément, se moquant bien d'où il se trouvait. Sa rage l'envahissait. Oh. Fred allait prendre un plaisir fou à briser cette rage pour la remplacer par le désespoir. Il éclata de rire et se laissa bercer entre les ombres, s'amusant à tirer les longs cheveux magnifiques et brillants de sa mère qui poussa un cri de surprise et tenta de se dégager.
« Je n'ai pas tué Percy, à ma plus grande tristesse… » Déplora Fred, sa voix plaintive ressemblait à un enfant à qui on venait de le priver de son jouet favori. « Te rends tu comptes, maman ? On m'a refusé l'honneur de lui couper le bras gauche ! Quelle tête aurait-il fait ? »
« Enfoiré ! » Hurla Molly, s'inquiétant de ne pas voir Bill et Charlie venir à son secours, colérique des moqueries de l'étrange créature qui la hantait et l'appelait « maman ». « Sors de ta cachette que je règle ton compte, lâche ! »
« Lâche ? » Fred souffla, détestant cette appellation après tout ce qu'il avait subi pour retrouver sa liberté. « Je ne pense pas…papa était un lâche, tu sais ? Il a voulu fuir pendant la bataille de Gringotts. Oh oui ! Figure-toi qu'il a voulu fuir ce type – Gryffindor, je crois bien. Il avait peur de lui. Mais j'ai pu le tuer avant qu'il ne disparaisse. J'ai planté ma main dans son torse, j'ai arraché ses organes doucement… »
« T'es taré ! » Souffla Molly, horrifiée de connaître le sort de son mari et Fred était satisfait de voir sa rage disparaitre.
« Oh, oui, je le suis ! Vous avez créé un monstre, papa et toi. » Fred rit.
Il se cacha à nouveau dans l'ombre de sa mère, son unique main se balada doucement le long de la jambe droite de Molly qui sauta avec un cri et tenta d'écraser la menace. Mais personne ne pouvait écraser une ombre.
« Qui es-tu ? Où es-tu ? » Ordonna Molly, beaucoup moins sûre d'elle, appréhensive, se doutant un peu du destin qu'elle allait subir.
Fred se glissa le long de la jambe de sa mère qui frissonna et envoya un autre sort, en vain. Il aimait la tourmenter, la rendre folle. Il aimait la voir tenter de rechercher des réponses, de l'attaquer sans pouvoir y arriver. Il était la personne en contrôle, il était enfin supérieur à elle, il la dominait comme elle les avait dominés.
« Tu sais ce que j'ai dit à papa ? Tu veux savoir ? » Fred demanda gentiment, comme un professeur, se métamorphosant derrière elle, ses doigts pâles s'accrochèrent méchamment dans ses cheveux et elle gémit, ne pouvant bouger son visage. « 'Me reconnais-tu, papa ?' Voilà ce que je lui ai dit. Il m'a tout de suite reconnu contrairement à toi. Oh, son regard…son regard était magnifique ! Terrifié ! »
Fred lâcha violemment Molly, la poussant sur le sol et disparut à nouveau dans son ombre, s'emparant de sa baguette. La rouquine tapota le sol, cherchant son précieux objet, ne pouvant lancer aucun sort sans baguette. Elle était totalement vulnérable, à sa merci. Fred ricana.
« Où es-tu ? » Demanda finalement Molly, d'une petite voix.
« Mais je suis là, maman, je ne t'ai jamais quitté. » Fred dit. Regardes-en bas, je suis là. »
Et Molly baissa les yeux vers son ombre et elle poussa un hurlement de terreur, reculant le plus loin possible. Mais le monstre se trouvant dans son ombre la suivit à la trace. Elle ne pouvait pas discerner de visage. Tout ce qu'elle voyait était deux yeux blancs, globuleux et lumineux, l'observer depuis sa propre ombre, avec un grand sourire pâle, inhumain. Doucement, Fred leva sa main droite qui sortit de l'ombre. Petit à petit, il se dégagea de sa cachette, sous les yeux horrifiés de sa mère. Mais il prit soin de camoufler son apparence, mêlant sa forme physique à de la fumée noire. Il ne ressemblait plus à un humain mais à une créature grossière, dissymétrique, cassée, déformée. Un être sorti tout droit d'un cauchemar.
« Qu-qui es-es-tu ? » Murmura Molly, tremblante, les yeux écarquillés, complètement figée par la peur, n'en croyant pas ses yeux : elle n'avait jamais vu une telle créature.
« Ne reconnais-tu pas ton fils que tu as tué de tes propres mains ? » Répondit Fred, faussement scandalisé. « Tu me brises le cœur, maman ! Que dirait papa ? »
« George ? »
A la simple mention du nom de son frère adoré sortant des lèvres de cette harpie le remplit d'une rage folle. Il laissa ses ombres envahir lourdement la pièce, pressant violemment Molly contre le sol, se fichant pas mal de lui casser les bras et les jambes à cause de la pression. Il la voulait seulement en vie pour qu'elle se rende compte de ses erreurs et crimes. Molly hurla de douleur alors que ses os se brisaient un à un, le son résonnant dans la chambre silencieuse.
« Je t'interdis de dire son nom ! » Hurla Fred, hors de lui, oubliant son ton joueur. « Personne n'a le droit de dire son prénom ! Surtout pas toi ! Je t'interdis de le salir ! »
Il ordonna ses ombres d'arracher doucement les ongles de Molly, doucement. Il savoura ses cris de douleur et se délecta du sang qui éclaboussa son visage. Il augmenta la pression sur ses os brisés.
« Fred ! Fred, c'est ton nom ! » Comprit Molly, entre deux râles de douleur et de terreur. « Comment peux-tu être vivant ? Comment as-tu pu devenir un monstre ? »
Fred se calma d'un seul coup, retrouvant son sourire sadique. La fumée entourant son visage se décala pour que ses lèvres soient visibles, montrant son plaisir malsain. Molly poussa un râle et glapit lorsqu'elle remarqua deux yeux complètement blancs la fixer entre les ombres.
« Oh, maman. » Une main défigurée couverte de cicatrices mal soignées, certaines étaient infectées, caressa amoureusement la joue ensanglantée de Molly qui gémit de terreur. « C'est toi qui as fait de moi un monstre. Le jour où tu m'as retiré mon frère, tu m'as pris mon cœur. » Fred rapprocha son visage de l'oreille de la rouquine pour lui chuchoter. « Je ne vis que pour éteindre la lignée des Weasley. »
« Non… » Murmura Molly, horrifiée de savoir que ses deux fils survivants allaient probablement connaître le même sort qu'Arthur, Perceval et elle.
« Ton avis ne m'intéresse pas. » Fred pressa sa main contre la joue de sa mère pour disloquer sa mâchoire d'un seul coup. Molly poussa un hurlement brisé. « Ça fait mal, n'est-ce pas ? Ce n'est rien à côté de voir son âme se faire arracher devant tes yeux. Rien du tout. »
Et Fred pressa contre la mâchoire de sa mère. Il pressa si fort qu'il l'arracha. Molly poussa un râle étranglé, son sang se mélangea avec sa salive et sa langue pendit lamentablement contre le sol, sans aucune mâchoire pour la retenir. Fred rit et rit, encore et encore, ravi de tenir la mâchoire de sa mère entre ses doigts. Il joua avec elle alors que Molly pleurait de douleur et de désespoir.
« Tu sais, maman, je voulais vraiment une famille aimante. » Se lamenta Fred, se mettant à compter les dents magnifiquement entretenues de Molly. « Pourquoi avoir tué Ron et Harry ? Pourquoi avoir tué Ginny ? Pourquoi avoir tué George ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? »
Tout ce que pouvait Molly, c'était pleurer et râler lamentablement, incapable de répondre avec une partie de sa bouche manquante, incapable de bouger à cause de ses membres cassés et ses os détruits. Elle ne pouvait observer son fils, ce monstre, détruire les dents de sa mâchoire du bas, une à une, dans un élan de rage.
« Je suis seul, maintenant… » Murmura Fred, des larmes coulants le long de sa joue visible, l'autre étant caché par les ombres. « Pourquoi, maman, pourquoi ne m'as-tu pas aimé ? »
Fred regarda Molly, ensanglanté et mourante, incapable de lui répondre. Mais ses yeux répondaient à sa question : « monstre » criaient-t-ils. Il était un monstre à ses yeux. Mais il avait décidé de devenir un monstre. Cependant sa mère le voyait comme un monstre depuis que George et lui avaient décidé de coopérer avec les Slytherin. Et il resterait pour toujours un monstre à ses yeux.
« Au revoir, maman. » Souffla Fred, comprenant qu'il n'aurait jamais la réponse qu'il souhaitait.
Et il plongea sa main droite dans le corps de sa mère qui poussa un dernier râle de douleur. La seconde suivante, dans une pluie de sang, il retira sa main de son ventre, le cœur chaud de Molly reposant entre ses doigts. Le corps de Molly, défiguré et non-reconnaissable, s'écroula sur le sol, silencieux à tout jamais. Mais Fred n'avait d'yeux que pour le cœur de sa mère. Il n'en revenait pas. Pour lui, Molly représentait le monstre invincible qui lui avait retiré son frère adoré. Et il l'avait tuée si facilement. Une simple main dans sa poitrine avait suffi à prendre son cœur.
Des larmes coulèrent silencieusement le long de ses joues. Pourquoi pleurait-il ? Un de ses doigt, couvert de sang, se posa délicatement sur sa joue, surpris. Il ne comprenait pas. Lorsqu'il avait tué son père, il n'avait ressenti que du bonheur et de la satisfaction. Alors pourquoi pleurait-il la mort de sa mère ? La mort de ce monstre ?
Des souvenirs de son enfance envahirent son esprit. Des souvenirs aimants, doux, remplis de bonheur. Il y vit sa mère l'habiller en douceur, il la vit cuisiner pour eux, sacrifier son travail pour s'occuper de ses enfants, rouspéter et s'inquiéter à la moindre blessure. Oh. Fred aimait sa mère. Et malgré sa trahison et ses crimes, il l'aimait encore. Oui, ce qu'il avait dit était vrai : il rêvait d'une famille aimante, il voulait à nouveau cette même famille de son enfance. Ses yeux regardèrent la figure détruite de sa mère. Il ne regrettait pas sa mort. Il regrettait son enfance, la figure aimante qu'elle avait été. Mais elle n'était plus.
« Oh, Fred, Fred. » La main de l'Ombre parcourut les cheveux sales et ensanglantés de Fred, aimant. « Donne-moi son cœur, je veux son cœur, son cœur. »
Sans attendre, l'Ombre plongea sur le cœur se trouvant toujours au creux de la main de Fred. L'instant suivant, plus rien ne s'y trouvait. Et Fred ne pouvait qu'observer le sang couler le long de son bras, hypnotisé.
« Fred, Fred. » Appela l'Ombre, s'enroulant autour de son corps. « Il est temps, il est temps. Il en reste deux. Deux. Tue-les. Tue-les. Tue-les. » Ordonna l'Ombre. « Je veux leur cœur. Leur cœur. Donne-moi leur cœur. Je veux ton cœur, Fred. Bientôt, tu me donneras ton cœur. Ton cœur. Fred. »
« Oui, l'Ombre. » Murmura Fred, ses yeux toujours rivés vers le corps sans vie de sa mère. « Je dois te donner leur cœur. Je dois te donner mon cœur. Deux. Encore deux. »
Fred sentait qu'il était à la fin de sa vie. Il pouvait se sentir partir. Sa santé mentale se détériorait à chaque fois qu'il se rapprochait de la fin de sa vengeance et de sa mort. Il était proche. Proche. Bientôt.
Tous ses sentiments de tristesse, de perte, de satisfaction et de joie qu'il avait ressenti à la mort de sa mère s'envolèrent. Ses larmes se séchèrent, un calme inhumain s'empara de lui et une faim sans nom grignota son ventre. Une faim et une soif de sang. Il voulait ses frères. Il voulait les tuer comme il avait tué sa mère et son père. Encore deux et il serait complet. Il pourrait rejoindre ses frères et sa sœur dans l'au-delà. Il aurait la paix.
Sans un autre regard pour Molly, Fred se releva, sa main agrippa à nouveau la mâchoire détachée de sa mère. C'était le prix de sa victoire, tout comme il avait gardé l'oreille de son père.
Fred se rapprocha de la porte et plongea dans l'ombre avec un rire sadique, heureux. Ses deux dernières proies l'attendaient.
Ses proies.
Ses proies.
Était-il toujours humain ?
Ses yeux étaient toujours blancs, ne reprenant pas leur couleur d'origine.
L'Ombre rit dans le silence de la chambre.
OoO
Fred glissa entre les murs, parcourant les étages doucement, savourant les derniers moments de sa vie, savourant les derniers moments avant la fin de sa vengeance. Bientôt, il serait à destination. Ses frères ainés étaient toujours dans le salon. Aucun des deux n'avait remarqué la mort de leur mère. Comment le pourraient-ils ? Ils n'étaient que des Sorciers. Et Fred utilisait les pouvoir d'une Ombre, un être supérieur créé directement par Médée.
Doucement, Fred se retrouva dans le salon, dans les ombres, invisibles. Avec précision, il bloqua toutes les issues, de la même manière qu'il l'avait fait avec Molly. Ses frères ne pourraient jamais quitter le salon.
Néanmoins, il décida de passer par une différente approche. Il ne pouvait pas utiliser la même méthode de torture qu'avec sa mère et son père. Il devait innover. Pour s'amuser. Non. Pour s'assurer que sa vengeance en valait la peine. Pour s'assurer que ses frères et sa sœur reposent en paix.
Il se métamorphosa dans le couloir, juste avant le salon. Il n'avait qu'à tendre la main pour ouvrir la porte et accomplir sa vengeance. Juste tendre la main. Sa vengeance était à portée de main. Il voulait trancher leurs membres, les découper, les dépecer, les faire crier, les faire pleurer…Mais…
« Pourquoi hésites-tu, Fred ? Hésites-tu ? » L'Ombre susurra à son oreille, le poussant délicatement vers la porte. « Tends la main, tends la main, Fred. Allez. Tends ta main. Ta main, Fred. Juste ta main. »
« Je veux les tuer, Ombre, je le veux, je le veux plus que tout au monde. » Assura Fred, ses yeux brillèrent vicieusement, ses ombres glissèrent le long de son corps.
« Alors pourquoi cette hésitation, Fred ? » Les mains de l'Ombre se posèrent sur ses épaules, plantant ses griffes dans sa chair. « Pas d'hésitation, Fred. Juste un pas. Un pas. Fais ce pas, Fred. Rien qu'un pas. Un pas, Fred, un pas. Fais ce pas. »
« Ombre, suis-je un monstre ? » Demanda Fred, pendant un instant, son humanité revint, se rappelant des yeux accusateurs et horrifiés de sa mère. « Suis-je devenu comme eux ? Suis-je un monstre ? »
« Oh, Fred. » L'Ombre tournoya et deux yeux globuleux et blancs, flottant dans le vide fixèrent le visage hésitant de Fred. « Tu es un monstre, Fred. Un monstre. Tout comme moi. Tout comme ta mère. Un monstre, Fred. Comme tes frères. Un vrai monstre. Un monstre n'hésite pas. Un monstre fait le pas. Fais le pas, Fred. Tu es un monstre. Le pas. Monstre. Tends ta main, Fred. Tu es un monstre qui mourra en humain. »
La dernière phrase de l'Ombre l'électrocuta. Oui. L'Ombre avait raison. Ses doutes n'avaient pas lieu d'être alors qu'il se trouvait si proche du but. Il était un monstre, oui. Il était prêt à tout pour détruire les Weasley, prêt à sacrifier son âme. Mais sa vengeance n'avait qu'un unique but : détruire ceux qui l'avaient détruit. Il était devenu un monstre pour eux. Et une fois toute sa famille morte, il redeviendrait un humain. Fred sourit. Ce n'était pas un sourire sadique ou malsain. Non. C'était un véritable sourire. Un sourire en paix. Fred souffla profondément. Ce n'était pas le moment d'hésiter. Il devait faire ce pas, tendre la main et ouvrir la porte. Il serait en paix. Bientôt.
Il tendit la main, son doux sourire se transforma en une grimace terrifiante et ses ombres l'entourèrent pour qu'il puisse prendre une apparence terrifiante, grossière et décomposée. Aucune des blessures se trouvant sur son corps n'avait cicatrisé depuis le pacte avec l'Ombre. Il se décomposait vivant mais le pacte le maintenait en vie. L'odeur puante qui se dégageait de lui faisait penser qu'il était un mort-vivant. Sans ses ombres, il ressemblait à un humain défiguré et difficile à regarder sans frémir, puant et se décomposant, couvert de cicatrices infectées. Mais avec ses ombres, il devenait un être de cauchemar, indescriptible.
Il ouvrit la porte.
« Bonjour, mes frères. »
OoO
L'élégant salon renvoyait l'image d'une famille aisée, voire riche. C'était la pièce centrale d'une maison, la pièce de vie où invités et habitants se rassemblaient autour d'un thé pour discuter des dernières nouvelles. Les meubles se devaient d'être attirants et les fauteuils confortables. Les grandes baies vitrées alimentaient le salon en lumière du soleil, et donnaient sur un magnifique paysage de landes, de bruyères et de marais, si typiques de l'Angleterre. Le salon était le parfait exemple d'une pièce accueillante.
Aujourd'hui, pourtant…aujourd'hui, l'invité n'était pas bienvenu. Ni même attendu.
Fred était assis confortablement dans le plus grand fauteuil du salon, les jambes croisées, son menton reposant sur sa main. Ses yeux globuleux et brillants étaient fixés sur ses frères. A aucun moment il ne cligna des yeux. Il regardait juste devant lui avec ce terrible sourire et ses terribles yeux. Ses ombres se mouvaient autour de lui, comme animées d'une volonté propre, s'amusant à cacher le soleil de leurs « membres ». Elles glissaient, s'enroulaient amoureusement autour des bras, des jambes et du torse de Fred, tournoyaient au-dessus de lui, tapotaient gentiment les joues de Bill et Charlie, avant de les griffer méchamment. Et ainsi de suite. Encore et encore.
Et Fred ne bougeait pas.
On pouvait le croire mort, assis sur ce fauteuil, si ce n'était pour sa respiration. Mais son immobilité avait quelque chose…d'inhumain, tout comme ses yeux et son sourire. Il inspirait la peur. Pas la même peur que Voldemort ou Dumbledore. C'était une peur qui transperçait les tripes et refusait de lâcher sa proie jusqu'à ce qu'elle soit totalement réduite en poussière.
Et Bill et Charlie ressentaient cette terrible terreur.
C'était tout ce que voulait Fred. Voir ses frères dans cet état, à genoux devant lui, tremblants, couverts de pisse et de sang, incapables de le regarder dans les yeux et de bouger. Le moindre mouvement et une ombre s'empressait de leur couper un orteil ou un doigt. Bill n'avait plus que six orteils et sept doigts, Charlie avait seulement un orteil et deux doigts en moins. Dans un sens, Fred reconnut qu'ils étaient admirables. Ses deux frères s'étaient battus contre lui malgré leur choc et leur peur face à un inconnu dans un corps grossier ressemblant à l'un de leurs frères qui devrait être mort. Malgré leur défense active et puissante, ils ne faisaient pas le poids face à ses ombres et lui. Fred était simplement meilleur et plus fort. Il avait manipulé leurs corps pour les forcer à s'agenouiller à ses pieds sans aucun mot depuis qu'il était entré. Pour le moment, il voulait juste savourer son moment de victoire et les observer résister en vain.
« Fred. » Murmura doucement l'Ombre, bien trop bas pour que ses frères l'entendent. « Fred. Maintenant, joue, Fred. Joue. Joue et donne-moi leur cœur. Ils le méritent. Allez, Fred. Allez. Allez. Allez. » Pressa la voix, posant une main invisible sur sa tête. « Regarde-les. Regarde-les. Ils le méritent. Joue. Je veux leurs cœurs. Maintenant. N'attends plus. Allez, Fred. Il ne reste qu'eux. Eux. Allez Fred, joue pour moi. Joue. »
Fred modifia soudainement son sourire. Son sourire fixe s'agrandit pour prendre une proportion sadique, faisant trembler ses frères. Il aimait les voir ainsi soumis. Il n'avait pas réussi à soumettre sa mère, malgré sa terreur. Jusqu'à la fin, ses yeux l'avaient accusé de monstre. Mais Bill et Charlie lui étaient soumis. Soumis. Comme il l'avait été. Comme son frère adoré l'avait été.
« William. Charlie. » Fit doucement Fred, d'un ton étrangement chaleureux. « Quel plaisir de vous revoir. Je suis bien triste que vous m'ayez attaqué avant même qu'on puisse discuter confortablement… »
Son dos posé contre les cousins duveteux, Fred patienta, attendant lequel des deux allait ouvrir la bouche le premier. Lequel serait le plus brave ? Bill avait voyagé à travers le monde pour le compte des Gobelins, rencontrant bien des défis. Mais Charlie vivait en compagnie des dragons. Les deux étaient braves. Mais cette bravoure n'allait pas les sauver. Cette bravoure n'allait pas les empêcher de mourir pour leur trahison, pour leur cruauté et leurs tortures. C'était tout ce qu'ils méritaient.
« Comment… ? » Souffla Bill, qui ne parvenait pas à se remettre de la survie de son frère et de son apparence. « C'est… »
« Tut, tut, tut, mon frère. » Fred manipula ses ombres pour relever le menton de Bill et le forcer à le regarder. « Tu te tais. Tu ne parles pas. Pourquoi parles-tu ? Tu n'as pas le droit. »
« Tu es fou. » Comprit le plus âgé des Weasley, les yeux écarquillés.
Fred éclata d'un rire rauque, qui n'avait rien de plaisant pour les oreilles. Bill parlait vraiment pour ne rien dire : il savait très bien qu'il perdait la tête. Après tout, il aurait dû mourir en même temps que George, comme le voulait son lien magique. Il survivait seulement. Il survivait par son pacte. Il était un être qui devait être mort et qui ne s'accrochait au monde des vivants que pour sa vengeance. Et au plus proche il se rapprochait de la fin de sa vengeance, au plus proche il approchait de la folie…puis de la mort. Et les murmures de l'Ombre dans le creux de ses oreilles ne l'aidaient pas à rester sain d'esprit et se maintenir hors de l'eau.
« Oh, mais je le sais. » Ricana Fred. « Mais qu'est-ce que ça change pour vous et pour moi ? Rien. Rien. Rien. » Il répéta à plusieurs reprises, frappant l'accoudoir du bout de son doigt, en rythme. « Mais tu as parlé, Bill. Je suis déçu. » Il fit la moue. « Très déçu. Il ne faut pas que tu parles. On obéit aux ordres. Comme j'ai obéi aux ordres. Comme George a obéi aux ordres. Obéis ! Obéis ! »
Fred leva son unique main à la vitesse de l'éclair et une pluie d'ombres se précipita vers Bill, le propulsant sur le sol. Le rouquin frappa violemment le sol et il gémit. Il devait s'être cassé plusieurs côtes. Fred sourit, s'abreuvant des gémissements de douleur de son frère. Il força ensuite ses ombres à le remettre sur ses genoux, à côté d'un Charlie horrifié et immobilisé, également, par des ombres. Bill se mordit les lèvres, probablement pour ne pas hurler lorsqu'il se retrouva de nouveau à genoux.
« Maman est juste en haut, tu devrais nous laisser partir. » Tenta tout de même Charlie, sa bravoure revenue.
Fred soupira et secoua la tête, exaspéré. Pourquoi ne pouvaient-ils pas lui obéir docilement comme ils l'avaient fait pendant presque quatre ans ? Ses frères étaient-ils stupides ? Et pourquoi annonçaient-ils directement à leur agresseur qu'une supposée troisième personne se trouvait ici ? Si cette personne voulait les sauver, elle devrait être discrète ! Comment pouvaient-ils dire des informations aussi importantes ? Certes, ils ne savaient pas que Molly était morte, mais quand même ! C'était très frustrant pour Fred de voir sa « famille » se comporter comme des idiots alors qu'il avait dû ruser pour survivre.
« Oh oui. Maman. » Fred ne s'embêta pas à cracher ce mot faisant frémir ses deux frères. « Elle. »
Fred se pencha en avant, posant ses coudes sur ses genoux, se voulant élégant. Mais son corps difforme rendait l'action terriblement menaçant.
« Vous savez… » Murmura Fred, comme s'il disait un secret. « Une mère devrait être aimante et soutenir ses enfants quoi qu'il arrive. Alors pourquoi pas elle ? Pourquoi ? Pourquoi me trahir ? Pourquoi nous trahir ? Pourquoi ? »
Il cria le dernier mot, perdant le contrôle de ses ombres pendant un bref instant. Elles ravagèrent le salon, détruisirent les vitres, miroirs et tableaux, pressèrent Charlie et Bill contre le mur, rajoutant quelques fractures et blessures internes. Puis Fred souffla et rappela ses ombres qui revinrent docilement l'entourer, à la manière d'un chat.
« Pourquoi ? » Souffla-t-il enfin.
Seul le silence lui répondit. Que pouvaient dire Bill et Charlie en réponse ? Comment pouvaient-ils justifier la torture qu'avait subie leurs frères ? Comment justifier l'assassinat de Ron, Harry et l'abandon de Ginny ? Comment ? Comment ? Fred voulait hurler, crier, pleurer, rire, se câliner, tuer…il voulait des réponses.
« Tu es un monstre. » La voix brisée de Charlie répondit à toutes ses questions, à l'image de Molly.
Monstre. Oui. C'était le mot qui le décrivait. C'était le terme qui le définissait. Le terme qui répondait à toutes ses questions. C'était parce qu'il était un monstre qu'il avait torturé, qu'il avait perdu un bras, qu'il avait perdu son jumeau. C'était parce qu'il avait décidé d'aider et de coopérer avec des Slytherins, des Sorciers « noirs » alors qu'il possédait un noyau « blanc » qu'il était traité de monstre et de traitre. Il était un monstre. Monstre mais terriblement humain.
« Je sais. Je sais qui je suis. Et je sais pourquoi j'ai subi toutes vos tortures. Je sais. Je sais. Je sais. Je sais. » Marmonna Fred, sa main agrippa ses cheveux et une larme coula le long de ses joues, sous le regard de ses frères. « Et c'est parce que je sais que vous devez payer. Ne suis-je pas un monstre ? Et un monstre réclame toujours sa vengeance. »
Bill voulut se relever, les ombres l'empêchèrent, l'agrippèrent méchamment, réclamant son sang. Charlie, se voulant plus calme, habitué à gérer des dragons, souffla, terrifié par le regard de Fred.
« Maman ne va pas… » Tenta à nouveau Charlie.
« Oh, pauvre Charles, bercé par ses illusions… » Pleura faussement Fred avec ce sourire. « Pauvre, pauvre Charles. Il faut se réveiller, Charles. Se réveiller. C'est la réalité. Pas un conte avec un sauvetage de dernière minute. »
Si c'était un conte, George serait avec lui, jouant, faisant des blagues, paniquant devant les prochains exams. Ron, Harry et Ginny seraient avec eux. Sa famille serait liée par des liens très forts. Mais ce n'était pas un conte de fée. Non. Devant les regards perturbés de ses frères, Fred ricana. Et il lança quelque chose devant eux, à leurs pieds.
« Voilà maman. » Fred sourit de toutes ses dents. « Ce qu'il reste de maman. »
« Que… ? » Souffla Bill avant de pousser un cri horrifié et terrifié, parvenant à reculer sous le choc malgré les ombres et ses fractures.
« Non ! » Hurla Charlie qui, lui, s'écroula.
Devant eux se trouvait la mâchoire de Molly, ensanglantée, avec ses dents brisées, les ligaments et les muscles rattachant la mâchoire au reste du visage étaient méchamment déchirés, avec des filaments de peaux et de chairs dégoulinant sur le tapis, l'aspergeant. La découverte macabre n'aida pas l'esprit des deux rouquins. La seconde suivante, en larmes, Charlie vomit tout son repas, avant de s'affaisser dans son propre vomi, agrippant délicatement la mâchoire de sa mère entre ses doigts, caressant le reste de peau.
« Non, non, non, non, non… » Murmura-t-il en boucle, gémissant et sanglotant, accrochant ce qui restait de sa mère comme une bouée de sauvetage. « Maman, maman, pas toi, non… »
Charlie venait juste de craquer, ne pouvant supporter cette vision morbide. Il ne faisait pas face à un dragon mais à sa mère. Sa mère. Ce n'était pas la même chose. Pas du tout. Mentalement, il venait d'affronter la perte de Percy, de son père puis de sa mère en l'espace de quelques jours. Et sa mère était morte dans sa chambre, une pièce au-dessus d'eux et ils n'avaient rien pu faire. C'était pire.
Bill, figé, observait, horrifié, son frère se briser devant lui, serrant précieusement la mâchoire de sa mère entre ses bras. Bill était en larme, ne pouvant imaginer la douleur qu'avait subie sa mère entre les mains de ce monstre. Mais il ne pouvait pas perdre espoir. Il ne pouvait pas ! Il devait partir, quitter cet endroit et amener Charlie avec lui. Ils devaient survivre. Pour sa mère, pour son père, pour sa famille !
Fred pouvait comprendre leur douleur, leur impuissance et il s'en délecta. C'était exactement ce qu'il avait ressenti lorsque Molly avait tué George sous ses yeux sans qu'il ne puisse lever un seul bras. Il adora voir Charlie aussi brisé, désespéré, gémissant et pleurant. Et il voulait voir la volonté de Bill se plier à lui, comprendre qu'il ne pouvait rien faire.
« Oh…je ne m'attendais pas à le briser si rapidement. » S'amusa Fred, reposa à nouveau son dos contre le dossier de son fauteuil. « Pas drôle, pas drôle du tout. »
Bill lui envoya un regard noir, se voulant terrifiant, mais c'était gâché par ses propres larmes.
« Bill, Bill…tu n'as pas besoin de me haïr. Je te hais suffisamment pour nous deux. » Fred pointa Charlie du regard. « Et dire que j'aurais cru qu'il serait plus brave avec son amour pour les dragons…je suis bien déçu. Je ne comprends pas, pourtant…il réclamait sa mère depuis le début, elle est là, maintenant, il devrait être content. »
« Comment… » Commença Bill, entre ses dents.
« Comment oses-tu ? » Hurla soudainement Charlie et même Fred fut surpris par la hargne et la fougue surprenante de son frère.
Charlie voulut se jeter physiquement sur lui, incapable d'utiliser la magie sans baguette, pour le faire payer. Mais Fred rit comme Molly l'avait fait lorsqu'elle avait tué son frère. La résistance de Charlie était pitoyable. Pitoyable.
Ses ombres répondirent à son appel et l'instant suivant, elles maintenaient Charlie dans les airs, voltigeant autour de son corps, tirant ses cheveux, sa peau, ses membres alors que le dragonnier gémissait et pleurait de douleur et de chagrin. Bill ne pouvait rien faire d'autre qu'observer.
« Tue-le, Fred, tue-le. Tue-le. » Murmura l'Ombre dans son oreille. « Tue-le comme il veut te tuer. Donne-moi ce qui m'appartient. Tue-le. Fred. Tue-le et donne-le-moi. »
Fred sourit sadiquement, se leva et s'approcha de Charlie. Il en profita pour donner un coup de pied dans la mâchoire de Molly, l'envoya entre les jambes écartées de Bill, qui recula, horrifié.
« Tu aimes vomir, Charlie ? » Demanda curieusement Fred mais il n'attendit aucune réponse. « J'ai toujours voulu tenter quelque chose. Tu veux savoir ? Tu veux savoir ? Je vais te le dire. » Depuis ses ombres, il sortit une étrange petite fiole verte et la déposa sous les yeux de Charlie. « Regarde, regarde ! C'est un poison de ma propre conception ! J'ignore ses effets. Je veux essayer. Tu veux essayer ? Tu vas essayer. »
« N…on… » Hoqueta Charlie, tenta de secouer la tête et d'être hors de portée de Fred. Peine perdue.
« Fred, s'il-te plait, si tu es encore notre frère, ne fais pas ça… » Supplia Bill, ne supportant pas la vision devant lui.
Mais Fred lui adressa un merveilleux sourire.
« C'est parce que je suis votre frère que je dois faire ça. » Il se tourna vers Charlie. « Ouvre la bouche, Charlie. Ouvre ! »
Charlie secoua la tête, ses larmes coulaient abondement. Mais Fred s'en fichait. Il voulait vraiment voir l'effet de ce poison. Il voulait voir et il verrait. Il força la tête de Charlie à rester immobile, força sa bouche à s'ouvrir, ignorant les protestations et supplications de ses deux frères. Puis, il versa rapidement le liquide avant de forcer le dragonnier à avaler. Ses ombres le lâchèrent et Charlie tomba lamentablement au sol.
Fred attendit.
Les effets ne tardèrent pas. Soudainement, le corps de Charlie fut pris de convulsions fiévreuses et de la sueur commença à perler le long de son front. Une main vola vers sa gorge, l'autre vers son ventre, les yeux écarquillés, terrifiés et confus.
« Que… ? » Il avait du mal à parler.
Un hoquet fit trembler sa colonne vertébrale. Il tomba à quatre pattes, la tête rentrée, tremblant. Un autre hoquet douloureux le prit par surprise. Sa respiration se bloquait, la douleur dans son abdomen était intense et Fred…
Fred s'était accroupi à côté de lui, sa main posée sur son épaule, comme pour le réconforter. Mais il suffisait de regarder son visage pour y voir sa curiosité morbide. Puis Charlie vomit, criant et pleurant de douleur. Il vomit un mélange de salive, de sang, de bile et d'un étrange morceau de viande ensanglanté.
« Oh ! Intéressant ! » S'écria Fred, claquant sa main contre le dos douloureux de Charlie. « Charlie, tu viens de régurgiter un bout de ton pancréas ! Il faut croire que mon poison te fait digérer tes propres organes vitaux. »
« Quoi ? » S'écria Charlie, absolument terrifié et horrifié de mourir de cette terrible et douloureuse façon.
L'instant suivant, Charlie cracha à nouveau un bout de son pancréas et la douleur s'intensifia, ses pleurs aussi. Puis il vomit, encore et encore, du sang se mêla à ses organes vitaux sur le tapis. Il vomit doucement les parties internes de son corps, son intestin, ses poumons, son estomac (l'acide gastrique se répandit dans son corps, faisant fondre ses autres organes), seulement par petits bouts, ce qui ne le tuait pas immédiatement. C'était horrible. C'était douloureux. C'était tout ce que voulait Fred.
Fred avait toujours aimé les potions. A l'origine, il voulait inventer des potions pour fonder un magasin de farces et attrapes. Mais maintenant…il mettait ses talents au profit de sa vengeance. Et la conception de poisons était la meilleure idée possible. Cela le réconfortait et le rendait absolument curieux. Et voir Charlie mourir doucement de l'intérieur était satisfaisant. Le voir cracher ses propres organes sous ses yeux…
« B…ill… » Charlie tendit la main vers son frère ainé, immobile, horrifié, se débattant et hurlant contre les ombres qui le maintenait sur place. « A…ide… »
Charlie toussa et toussa et toussa. Doucement, sa langue se détacha de sa bouche, pour rejoindre le tapis. Criant et pleurant, gémissant, Charlie griffait désespérément son abdomen, comme pour empêcher ses organes de le quitter.
Peine perdue.
Charlie expira son dernier souffle dans une douleur atroce, les yeux révulsés de sang, le visage pâle, son corps vide. L'instant d'après, il s'écroula dans son propre sang, dans ses organes.
« Non ! » Hurla Bill, en larmes. « Charlie, non ! Pourquoi, Fred ? Pourquoi ? » Sanglota-t-il lorsqu'il remarqua que les ombres ne le lâchaient toujours pas.
« Tu connais la réponse, William. » Fred se releva, oubliant totalement Charlie. « Tu sais pourquoi. »
« Tue-moi. » Murmura Bill, baissant la tête. « C'est ce que tu veux, n'est-ce pas ? »
« Oh, Bill. » Fred s'avança pour relever doucement le visage de son frère et lui sourire. « Je veux bien plus que cela. Je veux une famille aimante. Je veux mon frère. » Il lâcha son violemment menton et cracha méchamment. « Mais vous me l'avez volé ! »
« Oui, oui, oui ! » L'Ombre s'excita, invisible, tournoyant autour du corps de Charlie et de Fred. « Vas-y, Fred ! Vas-y ! Encore un. Encore un, Fred. Le dernier. Le dernier, Fred. Et tout sera fini. Fini. Tu pourras dormir. Oui, oui, oui, dormir. »
L'Ombre ne rêvait plus que de la fin du pacte et poussait Fred à commettre son dernier meurtre. Et qui était Fred pour lui désobéir ?
« Je… » Bill ne semblait avoir aucune excuse pour son terrible comportement.
« Ne t'inquiète pas, mon frère. » Fred lui adressa un merveilleux sourire. « Tu vas souffrir comme j'ai souffert. Tu vas souffrir comme Charlie, Molly et Arthur ont souffert.
Si Percy était mort, il ignorait s'il avait souffert, il l'espérait, il le méritait.
« Tu comprends ? » Demanda-t-il comme s'il parlait à un enfant.
Bill hocha la tête avec beaucoup de réluctance. Il fallait le comprendre. Qui voulait mourir après être torturé ? Mais que pouvait-il dire ? Absolument rien. Sa famille était décimée. Sa richesse, son titre de noblesse achetés pour avoir assassiné Ron et Harry (et Ginny) ne servaient à rien dans cette situation. Ils avaient tout perdu en l'espace de quelques semaines, pour rien. Ils avaient détruit leur famille pour…rien. Et c'était trop tard pour tout changer. Beaucoup trop tard. Bill ne pouvait pas se morfondre, regretter ou culpabiliser. C'était trop tard. Et Fred le savait.
« Je ne peux pas dire que je suis désolé. » Murmura Bill. « Tu sais que je mentirais. »
« Je sais, Bill, je sais. »
Fred connaissait sa famille et leur face cachée. Il savait que si Bill regrettait ses actions passées il ne pourrait jamais s'excuser. Pour lui, Fred et George étaient des traitres, ayant trahi leur famille. Pour lui, Ron était un Sorcier « noir » et Harry était un outil à utiliser et à jeter une fois inutile. Les Weasley étaient totalement manipulés et croyaient en la propagande puriste : les Sorciers « blancs » étaient mieux que les « noirs ». Et malheureusement, Fred savait que Bill ne reviendrait jamais sur ses idées malgré le fait qu'il reconnaissait ses erreurs. Et c'était tout ce qui lui importait.
Fred ordonna à ses ombres d'allonger Bill sur le sol. Puis, il agrippa son bras gauche pour le déposer sur le tapis. Et Fred sourit à nouveau ce qui fit trembler son frère ainé.
« Tu m'as pris un bras, ce jour-là. » Doucement, il caressa son moignon. « Il est normal que je prenne le tiens. »
Bill mordit ses lèvres, ferma les yeux et ne dit rien : il savait qu'il allait souffrir et il se préparer. Fred écarquilla les yeux, surexcité. Dans sa main droite, une lame faite d'ombre se matérialisa doucement. Et sans attendre plus longtemps, il frappa. Une première fois. Bill gémit, tentant de ne pas faire trop de bruit. Fred ne possédait pas la force de son frère et il était frêle et malade. Seules ses ombres lui permettaient de bouger sans aucune peine. Sa frappe n'était pas assez forte et la lame venait de buter contre l'os du bras. Fronçant les sourcils, Fred répéta son action. Il frappa. Une deuxième fois. Bill hoqueta, ses lèvres étaient en sang à force d'avoir trop mordu. La chair découpée était difforme, en lambeau. La lame n'avait pas frappé tout à fait au-même endroit. Fred frappa. Une troisième fois. L'os se brisa en morceau mais la lame n'avança pas dans la chair. Il frappa. Une quatrième fois. Cette fois, Bill ne put s'empêcher de hurler de douleur et de pleurer. Son bras pendait, à moitié accroché par des morceaux de muscles filandreux. Fred frappa. Une cinquième fois. Nouveau hurlement et un râle résonna dans la pièce. Encore un coup. Il frappa. Une dernière fois.
Le bras se détacha du corps de Bill comme un morceau de viande. La chair était mal découpée, brouillonne et sanglante. Rien à voir avec le moignon de Fred qui, paradoxalement, avait été proprement coupé.
Bill reposait contre le sol, reprenant son souffle, larmoyant et reniflant, incapable de jeter un seul coup d'œil à son bras. Ce qui restait de son bras. Fred soupira face à l'entêtement de son frère. D'un mouvement brusque, il attrapa le bras pour le placer sous le nez de Bill qui ne put s'empêcher d'avoir un haut-de-cœur.
« Ne t'inquiète pas. » Chuchota Fred à son oreille. « Ce bras t'appartient. Il est à toi. Reprends-le. »
Et Fred commença à découper le bras en morceau avant de les fourrer dans la bouche de Bill. Il le força à manger son propre bras. Et à chaque fois que Bill était sur le point de vomir, Fred l'en empêchait par un sort. Doucement mais sûrement, Bill avala le dernier morceau de son bras, en larmes, tremblant, incapable d'avaler autre chose. Et Fred rit et rit et rit du malheur de son frère. Il rit de son visage, il rit de son expression horrifiée, il rit du sang qui coulait le long de son menton, il rit du bras manquant. Il rit de tout.
« Tu es le dernier. » Dit finalement Fred. « Le dernier de ma vengeance. Je peux enfin dormir. Adieu. »
Il ne disait pas adieu à Bill. Non. Il disait adieu à sa vie, à son passé, à ses douleurs. Il disait adieu à ce monde, adieu à sa vengeance. Fred était au bout, physiquement et mentalement. Il ne lui restait plus que Bill. A l'image de Molly et d'Arthur, il plongea violemment sa main dans le torse de Bill pour récupérer son cœur chaud. Bill poussa un râle de douleur, surpris, avant de s'effondrer, mort.
Fred resta accroupi pendant quelques instants, à fixer le cœur. Puis il se reprit. Il récupéra également le cœur de Charlie et les déposa sur le sol. L'Ombre ne tarda pas à dévorer son sacrifice. Et plus rien ne resta. Hormis Fred. Le seul être vivant de la maison. Qui allait bientôt rejoindre le royaume des morts.
Fred se laissa tomber dans le fauteuil, sentant son énergie le quitter doucement. Son contrôle sur les ombres se fissura et elles disparurent dans le néant. Il était épuisé et vidé. Il méritait de se reposer, n'est-ce pas ? Il avait vengé son jumeau. Il avait vengé Harry, Ron et Ginny. Il s'était vengé. Il méritait bien une pause. Une longue pause. Entre ses paupières, il observa l'Ombre reprendre une certaine forme physique. De la fumée noire entoura ses deux yeux blancs globuleux et elle s'approcha de lui de manière inquiétante.
« Il est temps, Fred. Le temps s'est stoppé. » L'Ombre s'arrêta devant le fauteuil. « Ton âme. Je veux ton âme, Fred. Ton âme. »
« Comme convenu. » Fred hocha la tête avec un sourire fatigué. « Je ne reviens jamais sur ma parole. Tu m'as aidé à me venger, tu m'as maintenu en vie suffisamment longtemps. Je te dois bien ça. »
Pour la première fois depuis le début de la « relation » qu'il entretenait avec l'Ombre, il fut surpris de la voir frétiller d'émotion. Ce n'était pas de l'excitation. Non. C'était du respect. Du respect, pour lui. L'Ombre caressa doucement ses cheveux, heureuse.
« Tu es un Sorcier étrange, Fred. Étrange. Vraiment, Fred. » Murmura-t-elle, passant ses doigts fumeux entre ses mèches. « Je te fais un dernier cadeau, Fred. Un dernier. Le dernier. »
Fred cligna des yeux, confus. Il ne comprenait pas. Il devait donner son âme comme convenu. Pourquoi aurait-il le droit à un dernier cadeau ? Il avait accompli tout ce qu'il voulait faire avant sa mort.
« Cinq minutes. » L'Ombre chuchota doucement. « Je te donne cinq minutes avant que je ne te prenne ton âme. »
« Pourquoi ? » S'étonna Fred, absolument épuisé.
« Une dernière personne veut te voir. »
« Qui ? »
Qui pourrait bien vouloir le voir ? Il n'avait plus personne. Plus d'amis, plus de famille, plus personne sur qui compter. Pourquoi voudrait-on le voir ? C'était incohérent et confus.
« Lui. » L'Ombre dit simplement, disparaissant dans une fumée de poussières.
« Fred ? » Une voix appela, paniquée. « T'es où ? Fred ? »
Épuisé et affaibli par son état, Fred n'avait pas remarqué l'arrivée d'une autre présence dans la maison. Une personne qui semblait le connaitre et ayant la volonté absolue de le voir. Qui ? Qui voulait le voir ? Les pas se pressèrent dans le couloir. La personne courait et appelait. Et la porte du salon s'ouvrit violemment et se fracassa contre le mur. Les paupières lourdes, Fred observa le nouveau venu. Il se doutait bien que cette personne ne lui voulait aucun mal : l'Ombre ne lui aurait pas donné ces cinq minutes autrement.
L'inconnu était grand, baraqué, des cheveux roux pâle et courts, la peau claire et les yeux bleus presque transparents, des vêtements luxueux encadrant la forme de son corps. Mais il semblait épuisé et en deuil, attristé par une perte d'un être cher. Fred pourrait reconnaitre ces yeux n'importe où : il avait les mêmes. Il ne reconnut pas cet étranger mais il se rappela l'avoir aperçu pendant la bataille de Gringotts. C'était le jeune homme qui voulait tuer Arthur.
« Qui… ? » Demanda Fred avant de tousser.
L'inconnu se précipita à ses côtés pour l'aider, attrapant délicatement son unique main entre les siennes, sans prendre connaissance des cadavres torturés jonchant le tapis. L'inconnu était vraiment paniqué pour lui et Fred ne comprenait pas pourquoi.
« Fred, regarde-moi. » Supplia le nouveau venu. « Tu ne peux pas partir alors que je viens tout juste de te retrouver. »
Quelques larmes coulèrent sur ses joues et Fred sentit une chaleur envahir gentiment son cœur. Cela faisait longtemps que quelqu'un ne s'était pas réellement inquiété pour lui (depuis la mort de George).
« Qui es-tu ? » Murmura Fred, profondément curieux.
« Tu… ? » L'inconnu écarquilla les yeux. « Bien sûr que tu ne me reconnais pas ! Les autres non plus ne m'ont pas reconnu ! Que je suis bête ! » Le rouquin pressa ses mains contre ses joues. « C'est moi, Fred : Ron. »
Ron ? Non. Impossible. Il ne pouvait pas ? Si ? C'était…
« Ron ? »
Il était mort. Ron était mort. Il y avait quatre ans. Il était mort. Mort. Mort. Sa propre famille avait commandité sa mort. Il ne pouvait être en vie. C'était juste impossible. Impossible. Il devait rêver. Oui. Rêver. Ou halluciner. C'était commun d'halluciner avant la mort. Pourquoi ne voyait-il pas George alors ? Il voulait voir George avant de mourir et de le rejoindre. Il voulait le voir une dernière fois. Pourquoi l'Ombre lui offrait-il le droit de revoir une dernière fois Ron ? Une récompense pour avoir tenu sa promesse ? Pour lui, sa récompense était la mort de sa « famille ». Mais…Ron ?
« Comment… ? »
Fred leva sa main, difficilement et faiblement, pour la déposer contre la joue humide de larmes de son petit frère. Il s'attendait à ce qu'elle passe au travers mais Fred sentit la chair contre ses propres doigts. Ses yeux s'écarquillèrent, choqués. Non. Ce n'était pas une illusion. Mais…comment… ? Ron était…il était vraiment vivant ? Mais la Chambre des Secrets…le Basilic ? Il devrait être mort ! Totalement ! Mais…devant ses yeux…
Ils n'avaient jamais retrouvé son corps et Lockhart était un manipulateur et un menteur.
Rien ne prouvait sa mort, ni celle d'Harry et de Ginny. Rien d'autre que les paroles de Lockhart. Alors…Ron était réellement vivant ? Vraiment ? Il n'était pas seul…vraiment pas…il lui restait encore une famille. Encore une. Des larmes se mirent à couler et un sanglot fit trembler son corps. Sa tête se déposa contre l'épaule de Ron et il savoura l'étreinte, la première étreinte et contact physique qu'il recevait depuis si longtemps. Ron était vivant. Vivant et avec lui. Il ne pouvait rêver mieux comme mort. Bien que cruelle de ne lui accorder que cinq minutes avec le dernier membre de sa famille (si Ginny était vraiment morte), Fred lui était reconnaissant de pouvoir au moins lui dire au revoir.
« Tu es vivant… » Sanglota Fred, accrochant son frère. « Vivant… »
Il avait toujours du mal à y croire.
« Comment ? »
« C'est une longue histoire. » Murmura Ron en réponse, serrant le corps frêle de son frère contre lui. « Lockhart a voulu nous assassiner, Harry et moi nous sommes enfuis dans la Chambre et cachés pendant quatre ans. On s'est ensuite fait passer pour d'autres personnes. »
« C'était toi…à la banque… »
« A la banque ? » Ron sembla réfléchir surpris et confus de la question. « Que veux-tu…oh. C'était toi. » Réalisa également Ron. « Le type en noir qui a tué Arthur. »
Fred hocha la tête, ravi que Ron ne reconnaisse pas non plus Arthur comme son père.
« J'ai été déçu que quelqu'un le tue à ma place. » Soupira Ron avec un sourire. « Mais si c'est toi, ça va. »
« J'en conclus que c'est toi qui as tué Percy ? » Supposa Fred, amusé de toute la situation, puis il toussa, du sang coula entre ses lèvres, paniquant Ron.
« Fred ? Qu'est-ce qui se passe ? Je dois faire quoi ? Hé ? J'ai appelé les médicomages, il faut que tu tiennes un peu ! »
Ron tata son corps, cherchant des blessures et Fred put le voir grimacer d'horreur devant le nombre impressionnants de cicatrices et blessures infectées et pourrissantes.
« Pourquoi tu n'as pas guéri ? » Demanda Ron, désespéré de nettoyer les blessures les plus graves. « Pourquoi ? »
« Ron…calme-toi…Ron. » Fred tenta alors qu'il observait son frère paniquer.
« Je dois aller chercher des bandages, je dois…par Médée ! Je ne connais aucun sort de soin ! Je ne suis pas spécialiste dans ce domaine ! Mais je peux cautériser les plaies avec du feu… ? »
« Ron. » La voix ferme de Fred et la main accrochée à son bras le figea et Ron le regarda dans les yeux. « Tu sais pourquoi je ne guéris pas. Cela ne sert à rien. »
« Non. » Ron secoua vigoureusement la tête, avant de se remettre à nettoyer les plaies. « Je refuse. Tu n'as pas le droit. »
« Tu le sais… »
« Non ! » Cria-t-il et une flamme s'échappa de lui, surprenant Fred qui cligna des yeux. « Je te cherche, George et toi, depuis que je suis sorti de cette Chambre ! Les traditionalistes n'ont pas arrêté de vous chercher ! Lady Zabini vient tout juste de me dire où tu étais ! Juste après Azkaban et après… » Ron renifla et sanglota, s'accrochant aux épaules de Fred. « Tu ne peux pas partir maintenant, pas maintenant. »
Fred ferma les yeux, sentant également les larmes lui échapper. Pour toute réponse, il agrippa fermement Ron et cacha son visage contre son torse. Il savoura avidement tout contact. Il était fier de voir ce qu'était devenu Ron. Il était heureux de savoir que les traditionalistes ne l'avaient jamais abandonné. Il était heureux d'avoir été retrouvé.
« Ron, ne pleure pas pour moi. » Murmura-t-il. « J'ai fait ce que je devais faire. »
« Je sais, j'ai vu. » Renifla Ron, la voix basse. « Ils le méritent. »
« Oui. » Fred passa sa main dans les cheveux roux de son frère. « Et maintenant, tu dois me laisser partir. »
« Fred, s'il te plait… » Supplia Ron dans un gémissement. « Ne me laisse pas toi aussi. Pas après… » Ron sanglota simplement.
Mais Fred savait que son temps était terminé. Son corps ne lui répondait plus, il ne sentait plus ses jambes et son bras lui semblait si lourd. Du coin de l'œil, il aperçut une masse sombre. Des yeux blancs globuleux l'observaient. Pas Ron. Mais lui. L'Ombre attendait. Elle leva sa « main » et secoua ses doigts. Les cinq minutes étaient écoulées.
« Ron. Ron, écoute-moi. » Fred força son frère à le regarder et Ron savait ce que cela voulait dire. « Quoiqu'il arrive, ne plonge pas dans la dépression comme moi. Continue de vivre. S'il te plait. Fais-le pour moi. Pour nous. »
« Fred…non… » Ron agrippa ses épaules. « Non… »
« Ron. Promets-moi. » Ordonna Fred alors qu'il vit l'Ombre s'approcher doucement derrière Ron, invisible à ses yeux. « Ron. » Le temps lui manquait.
« Je promets, je promets. » Pleura Ron, tremblant. « Je suis désolé, je suis en retard, je suis désolé, désolé… »
« Tu n'as pas à être désolé. » Fred ferma les yeux alors qu'il sentit la main de l'Ombre effleurer sa joue, doucement. « J'ai choisi. »
Fred accepta sa mort. Il entendit les pleurs et les protestations de son frère, il sentit ses mains sur ses épaules, son dos et son ventre. C'était cruel, pensa Fred, cruel de laisser son frère seul, cruel de le voir mourir. Fred espérait que Ron ne serait pas seul, qu'on l'aide et l'accompagne dans son deuil. Il ne pouvait pas plonger dans des pensées sombres comme il l'avait fait. Ron était le dernier Weasley, il devait vivre. Pour lui. Pour eux. Mais Fred se sentait heureux de ne pas être seul. Il était avec quelqu'un et cela le rassurait.
« Ron ? Tout va bien ? Par Médée ! Fred ! » Une voix lointaine résonna dans ses oreilles : une autre personne venait d'arriver.
Mais Fred était beaucoup trop fatigué pour bouger et ouvrir les yeux. Il soupira doucement, comprenant que Ron n'était pas seul. Tout allait bien. Il pouvait partir en paix. Ron lui avait promis de vivre une véritable vie et non une demi-vie. Il espérait sincèrement que cette nouvelle personne soit présente pour son petit frère. Fred n'entendait plus. Il pouvait juste écouter des murmures indistincts et des sanglots mais il ne comprenait pas la conversation. Il devina sans mal les supplications et il sentit quelqu'un le secouer pour le maintenir en vie. Ron était encore dans le déni, n'est-ce pas ? Il l'avait été aussi. Pendant si longtemps. Mais Fred accepta.
« Je suis à toi, Ombre… » Murmura-t-il si bas qu'il doutait que Ron et l'autre personne puissent l'entendre. « Viens. »
Il ne pouvait la voir, les yeux toujours fermés, mais il savait où elle se trouvait. Il ressentait sa présence. Il avait vécu avec elle bien trop longtemps. L'Ombre le caressa, le toucha et une de ses mains reposa contre son torse. Sans un mot, elle plongea dans son corps. Fred grimaça, se sentant soudainement frigorifié. L'expérience était déplaisante. Très.
Il ne pourrait décrire les étranges sensations qui s'emparèrent de son corps. Il avait froid, chaud, froid…sa main brûla (de froid ou de chaud ?), ses jambes ne semblaient plus exister, il n'arrivait plus à respirer, il s'étouffait, son cœur s'emballait. Une main caressa directement son cœur, aimante.
Avant que Fred ne puisse gémir, la main arracha son cœur.
Et Fred expira une dernière fois.
A tout jamais.
« Tu es un humain très intéressant, Fred. Très. Merci de me donner ton cœur, Fred. Je vais le savourer. »
OoO
Oh, bordel ! Enfin terminé ! Après 6 mois de silence ! Je suis de retour avec la fin de l'arc de Fred ! Un calvaire à écrire ! Mais j'ai adoré ! J'adore écrire la folie de l'Ombre ! Enfin…elle n'est pas folle, elle n'est pas humaine, son comportement est normal. Mais cela n'empêche pas Fred de tomber un peu fou…PS : j'ai commencé à écrire ce chapitre le soir d'Halloween…
Yeah ! Fred est mort ! Je pleure…Ron n'a vraiment pas de chance, il perd tout le monde si rapidement : Muriel, les Flamels, Draco, George et maintenant Fred. Je le plains. Heureusement que Harry est là !
Prochain chapitre, on entre dans l'arc final : le Jugement ! Préparez-vous à voir une Médée 100% badass massacrer ses ennemis ! Mouhahahahahahahahahahaha !
A bientôt !
