Chapitre 4 : L'échange
Lorsque le Prince s'éveilla le lendemain, il avait toujours en tête le projet de retourner dans la sublime et gigantesque bibliothèque du palais. Il se leva donc de bonne humeur, prit le temps de s'habiller d'une tenue classique bleue assortie à ses yeux, et d'un pantalon gris. Il enfila ses bottes et courut dans les couloirs en direction de la salle pleine d'ouvrages. Encore une fois, la pièce était déserte. Personne ne lisait donc dans ce pays ? Haussant les épaules à sa question muette, Deidara mit quelques minutes à parcourir les étagères avant de trouver un livre qui l'intéressait. Il alla donc s'installer dans un fauteuil près d'une fenêtre et commença sa lecture. Il fallut une demi heure avant qu'un bruit sourd n'attire son attention hors du livre. Un bruit sourd, ou plus exactement un cri de douleur. Le jeune Prince jeta un coup d'œil dehors, et il comprit aussitôt. Dans la cour, des gardes s'exerçaient au combat. Et ils n'étaient pas seuls, le Roi aussi était présent. C'est lui qui venait d'envoyer violemment son adversaire au sol. Deidara ne put s'empêcher de le regarder attentivement. Il avait vu juste lors de sa première rencontre avec Sasori. Celui ci, torse nu pendant son entraînement, possédait un physique des plus impressionnants. Il n'avait pas une grosse carrure, mais une musculature à la fois fine, discrète, et redoutablement efficace. Ses biceps se gonflaient lentement sous ses gestes précis, ses abdominaux si bien sculptés se mouvaient en harmonie avec son torse qui s'élevait à chaque respiration. Sa peau pâle brillait légèrement, maculée d'une fine couche de sueur témoignant des efforts qu'il offrait. Le blond laissa son regard descendre. Malheureusement pour lui, le monarque portait un pantalon ample sombre qui ne pouvait que cacher ses jambes, mais le jeune homme était sûr qu'elles étaient tout aussi musclées et fortes que le reste de son corps, et la forme en V qui se dessinait sur le bas de son ventre confirmait ses suppositions. Les cheveux rouges en bataille, dissimulant légèrement ses yeux de miel, Sasori était encore plus beau que les fois d'avant. Il n'y avait pas que son allure, mais aussi son comportement. Il se tenait avec nonchalance, comme s'il n'avait rien à faire ni à craindre. Pourtant, à chaque fois qu'un soldat entamait un combat avec lui, il réagissait avec une vitesse et une agilité déconcertantes. Son bassin tournait, ses membres répondaient à la moindre de ses sollicitations, et en quelques secondes, la personne qu'il affrontée était à terre. Deidara n'en croyait pas ses yeux, tout en Sasori n'était qu'élégance et force. Il se demanda à quel point ses compétences physiques pouvaient être exceptionnelles, et il rougit instantanément.
- Pas dans ce sens là, crétin, s'insulta-t-il à voix basse.
Perturbé, il continua d'admirer le Roi de l'Ouest, si bien que lorsque la séance fut terminée, il se rendit compte qu'il avait passé la matinée à le fixer, et que l'heure du déjeuner était déjà arrivée. Il referma son livre, le rangea à sa place et courut rejoindre ses appartements au cas où quelqu'un le rechercherait. Mais il se promit qu'il reviendrait le lendemain dans la bibliothèque, et cette fois, ce n'était pas pour les livres.
Sasori rejoignit ses quartiers privés après son entraînement avec les soldats. Il aimait se défouler et s'exercer comme cela chaque jour. Cela lui permettait de réfléchir, et de se dépenser avant de passer le reste de la journée plongé dans les papiers et les débats politiques. Arrivé dans sa salle de bain, il saisit une serviette et s'épongea lentement avant de se rincer le visage avec l'eau du lavabo. Il entendit toquer à sa porte et autorisa l'entrée. Ebizo et Chiyo entrèrent et s'inclinèrent devant lui tandis qu'il plaçait la serviette autour de ses épaules en revenant dans la pièce principale.
- Bonjour Sasori, commença sa grand mère. Nous voulions te parler.
- A propos de ? demanda le Roi.
- Au sujet du Prince Deidara, enchaîna Ebizo. As tu eu l'occasion de lui parler depuis son arrivée ?
Sasori grimaça.
- Pas beaucoup en vérité. J'ai été occupé, et il est réservé. Je l'ai invité à partager un repas, je compte poursuivre ainsi, et lorsque les dossiers principaux seront réglés, j'irai le voir dans la journée. Mais je ne veux pas non plus trop m'imposer.
Chiyo hocha la tête, approuvant la façon de faire. Le vieux conseiller reprit.
- As tu déjà décidé d'une date pour votre mariage ?
- Non, affirma le jeune homme en croisant les bras. Les parents du Prince lui ont demandé une date rapide, mais il est encore trop peu confiant ici. Je ne compte pas le piéger. Il a été forcé à venir ici, ce n'est pas juste pour lui.
- Mais Sasori... protesta l'homme.
Le Roi leva une main, intimant le silence, qu'il obtint. Il possédait un don naturel pour imposer son autorité.
- Ebizo, je sais que cette alliance est une bonne chose, mais elle n'est pas nécessaire. C'est eux qui ont besoin de nous plus que l'inverse. Je suis peut être impitoyable sur le plan politique et sur le plan militaire, mais je n'irai pas abuser de lui.
- Je croyais que tu aimais manipuler les autres, répondit son interlocuteur.
- Je manipule les gens quand cela peut m'apporter du bénéfice. Je n'aurais rien à gagner en faisant de ce jeune homme mon pantin. C'est lui qui décidera si ce mariage a lieu, et lui seul. Je lui ai déjà fait part de mon avis, il faut maintenant du temps pour qu'il prenne sa décision. Mais je ne m'inquiète pas à ce sujet. Alors, faites moi confiance et ne vous tracassez pas.
Les deux conseillers échangèrent un regard, puis, Chiyo s'approcha, posant sa main sur le bras de son petit fils.
- Entendu Sasori, nous nous fierons à ton jugement. Je suis fière de toi. Tu seras un grand Roi.
Le jeune homme saisit la main de son aïeule et il déposa un baiser sur ses doigts.
- Merci, grand mère.
Le monarque attendit que les deux visiteurs aient quitté ses quartiers, puis il se laissa tomber sur le grand lit royal. Un souvenir de la matinée revint dans sa mémoire et il sourit alors. Tout cela s'annonçait très intéressant.
