Titre : Riza, l'enchanteresse

Genre : Aventure, romance

Rating : K+

Résumé : En fouillant une bibliothèque, Riza se retrouve aspirée dans un livre et elle est propulsée dans un autre monde. Sans moyen de revenir, elle se construit une nouvelle vie là-bas mais c'était sans compter sur Roy qui met tout en œuvre pour la retrouver.

Disclamer : FMA ne m'appartient pas T.T

Spoiler : Tous possiblement.

Notes : Coucou ! Je publie un peu tard, c'est que j'ai perdu l'habitude ^^' et comme je travaillais aujourd'hui, je n'ai pas l'impression d'être samedi…

Merci de tout cœur pour votre accueil et vos reviews ! Ça m'a fait super plaisir :D

Je le précise, comme vous avez pu le remarquer, le temps ne s'écoule pas du tout de la même manière entre les deux mondes.

J'espère que ce chapitre 2 vous plaira tout autant. Bonne lecture ! :)


Chapitre 2


La librairie était immense et bien fournie. Plusieurs employés s'activaient et l'un d'eux les guida auprès de Howard Galway, le libraire. Il était exactement comme ils se l'étaient imaginé. C'était un vieil homme avec des lunettes posées sur le bout de son nez. Il écouta le Général avec attention et resta silencieux un moment à la fin.

« Je suis loin de connaître tous les livres du Manoir Johns... Des livres maléfiques j'en connais quelques uns en revanche.

- Nous aimerions identifier le livre en question et...

- Et que ferez-vous ensuite ? La rejoindre... ce serait prendre le risque de ne jamais revenir... »

L'équipe se renfrogna. Il avait raison...

« Il existe une solution. Ces livres sont des livres spéciaux. Ils permettent de passer d'un monde à un autre et vont toujours par deux. »

Roy se redressa alors.

« Un dans notre monde...

- Et un dans l'autre monde, confirma Howard. Encore faut-il le trouver.

- Vous avez l'air de vous y connaître ?

- Ce ne sont que de vieilles histoires que j'ai entendu mais si votre Lieutenant a disparu ainsi, elles doivent avoir un fond de vérité.

- Pourriez-vous nous aider à identifier les livres qui pourraient correspondre ?

- Laissez-moi voir ça avec mon équipe. Je dois m'organiser. Je vous laisse repasser demain matin ? »

L'équipe approuva et ils sortirent de la librairie avec l'impression d'avoir avancé un peu. C'était déjà un soulagement.


Riza se leva et s'étira tandis que Nymeria s'ébrouait à ses côtés.

« Allez en route, ma belle », fit la jeune femme.

Elles repartirent à pied alors que le soleil se levait.

Adaline avait envoyé Riza lui chercher quelques vivres au village à l'extérieur de la forêt. Autant dire que Riza était impatiente d'y arriver. Elle lui avait expliqué le chemin et surtout le fonctionnement de la société. Elle lui avait donné un peu d'argent en lui expliquant ce que cela signifiait et combien coutaient les produits.

Adaline avait aussi dû lui refaire sa garde robe qui ne convenait pas du tout. Dès son arrivée chez elle, elle lui avait donné des vêtements plus appropriés. Un pantalon noir près du corps et une chemise beige assez ample était sa tenue habituelle. Elle portait également des bottes noires et Adaline lui avait confié une dague au cas où.

Elle pénétra ainsi dans le village aux alentours de midi, sa capuche rabattue sur sa tête. Elle demanda à Nymeria de l'attendre dans la forêt et fit un détour afin qu'on ne la voie pas en sortir. Pour les habitants, la forêt était maudite et déjà une étrangère, une femme seule qui plus est, cela ferait jaser dans le village.

En effet, dès qu'elle franchit les remparts, tous les regards se tournèrent vers elle. Adaline l'avait prévenue, aussi elle ne fut pas trop surprise. Elle se dirigea vers le stand dont elle lui avait parlé et demanda très exactement les produits dont elle avait besoin.

La femme fronça les sourcils mais opina.

« Vous venez de la part de Lady Adaline ? » questionna-t-elle en rassemblant les ingrédients.

Riza opina sans dire un mot.

La femme lui tendit un sac et lui demanda un certain prix. Cela correspondait au prix indiqué par Adaline et elle paya.

« Merci, bonne journée. »

La femme acquiesça, un peu méfiante, et Riza s'éloigna. Elle ne fit pas de détour et prit la direction de l'entrée du village.

Enfin c'était ce qu'elle comptait faire. Tout d'un coup, elle entendit des cris féminins et un attroupement se forma un peu plus loin.

« Il est là-bas ! Tout seul ! criait la femme. Il est parti !

- Il fallait mieux le surveiller. On t'avait dit de faire attention », rétorqua alors un homme assez âgé.

Plusieurs acquiescèrent d'un regard dur.

« Mais c'est mon petit garçon », protesta la femme en pleurs.

Elle tenait un bébé dans ses bras et faisait peine à voir.

« Personne ne va dans la forêt pour le chercher Olie, fit alors une femme, tenant elle-même plusieurs enfants. Tu sais comme moi que personne n'en revient jamais. »

La femme s'effondra alors en pleurs et Riza en eut le cœur brisé. Elle n'hésita pas.

« À quoi ressemble ce petit garçon ? Comment s'appelle-t-il ? Je vais aller le chercher. »

Tous se tournèrent vers elle.

« Il s'appelle Jamy. Il est brun. Il porte des vêtements noirs trop grands. C'est mon bébé... »

Et elle pleura.

« Je vais vous le ramener », rassura Riza.

Elle ne s'arrêta pas sur toutes les personnes qui l'observaient et reprit le chemin de la forêt. Nymeria avait un bon flair, elle le retrouverait.

Elle rejoignit la forêt sans faire de détour cette fois et Nymeria vint à sa rencontre presque aussitôt.

« Un petit garçon s'est aventuré dans la forêt. Peux-tu le retrouver ? »

La louve eut l'air interloquée un moment mais obtempéra. Elle leva le museau et tourna un peu autour d'elle. Elle s'arrêta soudainement et Riza comprit.

« Je te suis.

- Il est en danger, répondit alors la louve, à sa plus grande surprise. Monte. »

Riza eut une seconde de réflexion avant de grimper sur son dos. Nymeria était assez grande à présent pour la porter.

La louve s'élança à travers les arbres, bondissant entre les racines. Riza avait rarement chevauché un loup aussi rapide. Elle se coucha sur son dos, tachant de garder les yeux ouverts. Enfin un cri lui parvint et Riza reconnut une odeur : les sangliers. Son sang ne fit qu'un tour. Ils étaient dangereux, très dangereux. Avant qu'elle ne réalise vraiment, Nymeria s'arrêta soudainement devant une harde de sangliers. Jamy était là, apeuré et tremblant au sol.

« Ce petit garçon est avec moi, fit Riza d'une voix forte en se redressant.

- Et alors ? rétorqua l'un des sangliers d'une voix sourde.

- Il repart avec moi », répliqua Riza.

Les sangliers furent un peu plus silencieux alors et Riza se tourna vers le garçon.

« Jamy ? Ta Maman m'envoie te chercher. Je vais te ramener à elle. Viens. »

Le garçon l'observait avec de grands yeux et Riza sentit qu'il avait peur de Nymeria. La louve gardait pourtant son attention sur les sangliers, méfiante.

« Nymeria ne te fera pas de mal. Il faut être courageux Jamy. »

Il renifla et se leva.

« Non ! C'est notre proie. »

Riza se tourna vers eux, froide et sévère. Une formule lui vint aussitôt.

Un sort d'éblouissement. Elle attrapa la main de Jamy et leva l'autre vers les sangliers. Elle récita la formule tout en tournant la tête. Une lumière incroyable les éblouit soudainement et Riza ramena le garçon contre elle.

« Allez Nymeria ! »

La louve bondit aussitôt et lorsque la lumière cessa, ils avaient tous les trois disparu.

Riza fit revenir Nymeria aux abords du village. Elle posa pied à terre et reprit Jamy dans ses bras. Il était tout tremblant et s'accrochait à son cou.

« Jamy ? » appela Riza en mettant un genou au sol à l'orée de la forêt.

Elle repoussa sa capuche et lui sourit.

« Tu vas être fort encore. Ton village est juste là, mais je ne vais pas t'accompagner. Promets-moi que tu ne retourneras pas dans la forêt. »

Le petit l'observa et opina.

« Allez, file. Ta Maman t'attend.

- M... Merci, bégaya-t-il en séchant ses larmes.

- C'est bien. Tu es courageux Jamy. À plus tard. »

Le garçon porta sur elle un dernier regard curieux avant de filer. Riza l'observa jusqu'à ce qu'il atteigne le village et revint à Nymeria.

« Merci Nymeria. »

La louve ne répondit pas mais le regard qu'elles échangèrent voulait tout dire. Un mutuel respect. Elles partageaient les mêmes valeurs.

Nymeria lui montra son dos et Riza grimpa dessus. Rentrer chez Adaline ne leur prit pas longtemps ainsi et cet épisode scella le début d'une nouvelle relation pour elles deux.


Howard Galway avait accepté de les accompagner au Manoir Johns. Ils sentaient que c'était aussi par curiosité mais furent loin de s'en plaindre. Revenir au Manoir leur prit encore plusieurs jours et le reste fut extrêmement long. Roy resta avec Howard au Manoir mais il renvoya le reste de son équipe à Central. Ils ne pouvaient pas faire grand chose et lui-même avançait dans ses rapports de la bibliothèque. Il avait Havoc tous les jours au téléphone pour faire le point avec lui.

Howard était très prudent et inspecta chaque livre avec attention. Il en connaissait beaucoup et en cas de doute, mettait le livre de côté. Une semaine plus tard, il en était à la moitié de la bibliothèque et une dizaine de livres patientait sur une table.

Roy continuait de remplir ses rapports priant pour qu'ils la retrouvent.

Deux semaines c'est le temps qu'il fallut à Howard pour inspecter toute la bibliothèque.

Lorsqu'il termina, ils avaient une quinzaine de livres de côté.

« Ils sont tous maléfiques dans le sens où ils contiennent tous un maléfice, informa le libraire.

- Comment le savez-vous ?

- J'en connais certains. Les autres présentent des signes qui ne trompent pas. Vous n'y êtes peut-être pas sensible mais celui-ci, fit-il en désignant un épais livre noir, est remplie de magie noire. J'espère que votre Lieutenant n'y a pas touché.

- Elle était dans les allées 6, 7 et 8 à priori, mais qui sait ce qui a pu se passer... »

Howard prit un plan de la bibliothèque et mit de côté les livres correspondant à ses allées.

« Nous allons tout de même nous focaliser sur ceux-là en premier. »

Roy opina. Riza était-elle restée dans ses allées ? Peut-être était-elle en chemin pour les rejoindre quand elle avait été frappée par un maléfice ? Ils n'en savaient rien mais il fallait commencer quelque part.

Howard mit de côté six livres. Sans les toucher, il les inspecta un par un.

« J'ai quelques appels et quelques lettres à envoyer au sujet de ces livres avant que nous ne prenions une décision. Cela risque de prendre encore un moment. »

Roy opina. Ils ne pouvaient pas prendre le risque d'atterrir au mauvais endroit.

Cela lui demanda encore des jours de patience. Il repartit pour Central afin de rattraper un peu de travail en retard. Heureusement, Grumman connaissait la situation et cela ne posait pas de problème.

Il gardait contact avec Howard et le vieil homme avançait peu à peu, réduisant les livres. Vint le moment où il n'en resta que deux. Cela faisait à présent plus d'un mois que Riza était partie. Un des mois les plus sombres de toute sa vie certainement. Il eut une longue discussion avec Grumman, lui expliquant en face à face où ils en étaient et le Généralissime comprit qu'ils pourraient ne jamais revenir. Roy en discuta aussi avec son équipe. Étaient-ils prêts à prendre ce risque ? Ils ne tergiversèrent pas beaucoup. Riza pouvait avoir besoin d'eux. Ils devaient tout tenter pour la ramener.

C'est tous ensemble qu'ils revinrent au Manoir Johns.

« Voici les deux livres en question, commença Howard. L'un est un ancien livre de Xing. D'après mes sources, il conduit vers une contrée lointaine de Xing. Il est le moins dangereux de tous car c'est un pays que nous connaissons. Je ne sais pas à quelle époque par contre. Pour le deuxième... »

Il coula un regard vers le livre en question.

« Il mène dans un autre monde. Un monde où la magie a une place importante. C'est une époque ancienne et les guerres sont encore nombreuses... »

Les gars avaient bien sûr une préférence pour le premier mais Roy doutait. Rien ne faisait pencher la balance pour l'un ou l'autre mais sans savoir pourquoi, son instinct le guidait vers le second, le plus dangereux donc. Ses hommes le sentirent et ils soupirèrent de concert.

« Il vaut mieux vous préparer si vous voulez y aller. Je vais faire venir ma source ici pour qu'elle vous explique de vive voix ce qu'elle sait. »

Ils approuvèrent. Oui c'était certainement plus prudent. Cependant, ils avaient enfin l'impression d'avancer. Peut-être qu'ils n'ouvriraient pas le bon livre... Peut-être... mais ils devaient essayer, pour Riza.


Nymeria bondit par-dessus une branche immense et déboucha sur une vaste plaine. Couchée sur son dos, Riza souriait. Elle adorait partir ainsi en voyage avec la louve. Cette fois-ci, Adaline avait un livre à récupérer auprès d'un ami à elle. Elle lui avait donné une carte et lui faisait confiance pour trouver son chemin. Cela faisait maintenant six mois que Riza suivait son entrainement. Elle avait beaucoup progressé et pouvait dire à présent qu'elle était une apprentie enchanteresse. Cette pensée avait fait son chemin et bien des fois, elle avait senti la magie. Elle n'en avait juste pas conscience mais tout prenait sens maintenant.

Bien sûr, elle ne passerait pas inaperçu avec la louve et elle comptait éviter les villages au maximum pour ne pas effrayer les habitants. Une enchanteresse à dos de louve, ça s'était déjà vu mais c'était rare.

Leur voyage dura une bonne semaine et enfin, ils arrivèrent aux abords d'une ville assez imposante.

« Reste ici Nymeria. »

La louve approuva sans discuter. Elle n'aimait pas les humains de manière générale et plus elle était loin d'eux, mieux elle se portait. Riza et Adaline étaient des exceptions.

Riza pénétra dans la ville, observant les alentours avec attention. Il y avait beaucoup de monde et de nombreux stands donnés sur la rue. Les gens commerçaient bruyamment et elle se fondit un peu dans la masse avec son épaisse cape noire.

Elle sortit le papier indiquant la maison de l'ami d'Adaline et suivit les instructions. Elle dut demander son chemin quelquefois mais parvint enfin à une grande maison en bois comme toutes les autres. Elle devinait être dans un quartier assez aisé et prit soin d'enlever sa capuche avant de frapper à la porte.

Un homme assez âgé lui ouvrit.

« Bonjour. Je suis Riza. Je viens de la part d'Adaline afin de rencontrer Sir Kehlsi.

- Oui, Lady Adaline a prévenu de votre arrivée. Entrez je vous prie. Sir Kehlsi n'est pas présent mais son fils s'occupe de ses affaires courantes en son absence. »

Il la mena dans un agréable vestibule.

« Je vous laisse patienter ici. Je vais le chercher.

- Merci », répondit Riza.

Le vieil homme disparut et elle observa la pièce où elle se trouvait. Un canapé rouge était posé là et cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu une pièce aussi confortable. Il faut dire qu'entre la forêt et le chalet rustique d'Adaline, le confort n'était pas le maître mot mais elle s'y était habituée. Cela lui sembla bien propre également et avec le voyage qu'elle venait de faire, elle n'osa même pas s'asseoir.

Du bruit la fit se retourner vers la porte et un homme d'une trentaine d'années entra. Il eut l'air étonné de la voir et posa sur elle un regard bleu intense.

« Je suis Dayron Kehlsi, le fils de Rob Kehlsi, et vous êtes une amie d'Adaline l'enchanteresse ?

- Oui, je suis Riza. Enchantée de faire votre connaissance, salua-t-elle.

- De même », répondit-il avec un sourire affable.

Il avait de longs cheveux noirs tressés et une mâchoire carrée. Il était assez charismatique mais ne semblait pas s'en rendre compte, ce qui rajoutait à son charme.

« J'ai fait préparer une chambre à votre attention. Vous devez être fatiguée du voyage.

- C'est très aimable à vous », remercia-t-elle en le suivant alors qu'il la guidait hors de la pièce.

Dayron la mena à la chambre en question.

« Je vous laisse vous reposer. Nous discuterons ce soir de la raison de votre venue si cela vous convient. Mary est à votre disposition, fit-il alors qu'une domestique les rejoignait.

- Merci beaucoup. »

Ils se sourirent et Dayron ressortit. Riza perçut son froncement de sourcils avant qu'il ne s'éloigne. Il avait été très poli et aimable mais étrangement, elle le sentait préoccupé. Quelque chose le troublait. Il ne l'avait pas non plus questionnée sur sa venue et lui avait offert l'hospitalité sans tergiverser.

Mary détourna son attention et elle se laissa convaincre par un bain bien chaud. Puis, elle lui ramena des vêtements propres. Riza ne fut pas surprise de découvrir une belle robe crème ainsi qu'un corset marron. Mary l'aida à l'enfiler et elle la coiffa habilement, lui parlant de la vie à Atras, la ville où ils étaient. Puis elle la laissa et Riza se leva pour s'observer dans un miroir.

Elle ne se ressemblait pas. Elle réalisa d'ailleurs que ses cheveux avaient énormément poussé depuis qu'elle était ici. Elle ne savait pas si c'était la magie ou non mais ils étaient magnifiques. Mary avait juste tressé quelques mèches, laissant le reste libre.

Quant à la robe, elle était simple et élégante à la fois. Le corset mettait sa taille et sa poitrine en valeur. Deux pans encadrés la robe sur les côtés et les longues manches blanches étaient parcourus de broderies. C'était très moyenâgeux et plutôt cohérent avec ce qu'elle avait pu voir dehors. Elle passa ses chaussures et se souvint de l'air de Dayron. La curiosité était plus forte qu'elle et elle décida d'aller voir.

Suivant son instinct, elle parvint sans mal à le retrouver dans la grande maison. La porte d'une chambre était ouverte et Dayron discutait à priori avec un homme.

« Alors qu'en pensez-vous ?

- Je n'ai pas beaucoup d'espoir, Sir Kehlsi. Elle souffre d'un mal inconnu et... »

Riza comprit aussitôt de quoi il retournait et resta attentive.

Le médecin puisqu'il s'agissait d'un médecin continua d'expliquer la situation à Dayron.

« Je ne peux rien faire de plus. Je repasserai ce soir. »

Dayron le remercia malgré tout et Riza sentait la peine dans sa voix. Ils vinrent vers elle et elle fit un pas en arrière avant de les saluer.

« Ma Lady, fit le médecin.

- Sir. »

Le vieil homme qui l'avait accueillie arriva et le docteur le suivit alors que Dayron posait son regard sur Riza.

« Pardonnez-moi Sir Kehlsi. Je me suis permise d'écouter votre conversation. Je peux peut-être vous aider. »

Dayron haussa un sourcil.

« Alors c'est vrai, vous êtes l'apprentie d'Adaline ? C'est la plus puissante enchanteresse d'Azméra vous savez. »

Riza acquiesça et lança un regard dans la pièce. Il y avait là une fillette étendue sur un lit, apparemment souffrante.

« C'est Alana, ma petite soeur. Elle a juste sept ans...

- Depuis quand est-elle comme ça ?

- Ça fait trois jours. C'était très soudain.

- Que faisait-elle ? Y-a-t-il un élément déclencheur ?

- Elle revenait d'un tour en ville.

- Où ça ?

- Je ne sais pas. Normalement elle reste dans les beaux quartiers et nous ne nous inquiétons pas. Tout allait bien la première heure et avant le dîner elle a été prise de vertiges et elle s'est effondrée. »

Riza opina et observa la jeune fille. Elle avait les cheveux aussi noirs que ceux de Dayron et respirait difficilement. Elle semblait souffrir et Riza leva une main douce à son front. Aussitôt, la jeune fille parut plus apaisée.

« Pouvez-vous me ramener ma sacoche ? »

Dayron qui regardait la scène, stupéfait, finit par acquiescer. Il prit une seconde de plus à s'éloigner et Riza attendit qu'il quitte la pièce pour lever ses deux mains au-dessus du corps de la jeune fille. La première étape était de poser un diagnostic sur la maladie.

Une fumée bleue sortit de ses mains alors qu'elle prononçait une étrange formule. La fumée enveloppa Alana et les yeux de Riza passèrent du noisette au doré.

Dayron revint rapidement avec la sacoche et s'immobilisa devant la scène incroyable. Une étrange aura entourait les deux femmes et les cheveux de Riza voletaient derrière elle. Concentrée, elle ne fit pas attention à son retour et soudain, inspira. Le charme fut rompu et l'aura disparut. Elle baissa les mains et tendit une main vers Dayron.

« Qu'est-ce qu'elle a ? demanda-t-il en lui remettant la sacoche.

- Un empoissonnement dû à une amanlys, répondit Riza laconiquement en sortant un livre épais.

- Amanlys ?

- Une fleur au pouvoir puissant », ajouta-t-elle en parcourant le sommaire.

Il fit une pause.

« Ça peut-être accidentel ?

- Nous le saurons quand elle se réveillera.

- Vous y arriverez ?

- Si j'ai un contre sort ici ou alors une potion réalisable. »

Il opina sombrement, comprenant que ce n'était pas encore gagné. La jeune femme poussa une exclamation satisfaite et se plongea dans sa lecture, laissant Dayron dans une attente pleine d'espoir.

« Alors ? » questionna-t-il après quelques minutes.

Elle releva la tête vers lui, semblant se souvenir de sa présence.

« Il y a un moyen… pouvez-vous me ramener la carte la plus précise de la région que vous ayez et de l'eau chaude dans un grand récipient ? »

Dayron opina et sortit aussi vite qu'il le put.

Cinq minutes plus tard, il était de retour.

Riza avait pris plusieurs fioles de son sac. Dans son entrainement, Adaline lui avait appris en premier lieu à se servir des plantes, combinant leur pouvoir avec sa magie. C'était ce que Riza maitrisait le mieux et l'enchanteresse était plus que ravie de ses résultats. Riza avait un très bon instinct et elle était bonne élève. Les deux ensemble, elle progressait extrêmement vite.

« Qu'allez-vous faire ? interrogea Dayron.

- J'ai besoin de plantes fraiches que je n'ai pas mais dans l'état actuel des choses, votre sœur ne survivra pas plus de deux jours ainsi. Je dois ralentir le maléfice pour me laisser le temps d'aller chercher ces plantes.

- Vous pouvez faire ça ? » fit-il avec espoir.

Riza opina et mélangea plusieurs herbes écrasées à l'eau chaude demandée. Une odeur forte se répandit dans la pièce. Laissant les plantes infuser, Riza ouvrit la carte, sortit un second livre de son sac et s'installa à même le sol. Il s'agissait de savoir où trouver les plantes en question.

Dayron la regarda faire, impuissant.

Enfin, après plusieurs minutes d'observation silencieuse, Riza entoura trois endroits sur la carte.

« Vous connaissez ces lieux ? »

Dayron prit quelques secondes de réflexion.

« La clairière aux daims est un coin très repoussé dans la forêt. Peu de personnes s'y rendent car il est difficile d'accès. La source de la rivière Kodoma est dans la forêt d'Olove. Une des plus menaçante de la région. Même les chasseurs ne s'y aventurent pas. Et le pic d'Ignas… il est tout bonnement inaccessible, recouvert de neige éternelle… »

Riza opina.

« J'ai besoin de trois plantes différentes et elles poussent dans ces lieux. J'irai donc.

- Le pic d'Ignas est recouvert de neige… je vois mal une plante y pousser. »

Riza sourit.

« La neige n'est qu'en surface et je n'ai pas dit que cette plante poussait en surface… »

Il fronça les sourcils et elle revint à sa préparation. En quelques minutes, c'était prêt. Elle fit boire le breuvage à Alana et aussitôt, un halo doré l'entoura.

« Cela va maintenir son état pendant une semaine. Je serai de retour avant ça, assura Riza en commençant à ranger ses affaires.

- Le pic d'Ignas est à quatre jours de marche au nord, le clairière aux daims, trois jours au sud… comment… »

Elle lui lança un regard amusé et il se tut.

« Ne vous inquiétez pas. Je reviendrai à temps. »

Tout de même anxieux, il l'observa ramasser les affaires.

« Je vous emprunte la carte. »

Il approuva et la suivit hors de la pièce.

« Vous êtes venue à pied, voulez-vous que nous vous prêtions un cheval ?

- Ça ira, merci. »

En cinq minutes, elle était changée et prête. Dayron l'observait sur le perron.

« Les gens savent que vous fréquentez l'enchanteresse Adaline non ? questionna Riza qui pressentait que les Kehlsi étaient une famille très puissante d'Atras.

- Oui, oui, elle est venue plusieurs fois. Mon père et elle ont voyagé ensemble étant plus jeunes. »

Riza acquiesça. Cela ne poserait donc pas énormément de problème si la louve venait ici.

« Nymeria », appela-t-elle dans un murmure.

Il n'y avait pas de temps à perdre. Puis, elle se tourna vers Dayron.

« Je ferai de mon mieux pour sauver votre sœur Sir Kehlsi. Je vous en fais la promesse. »

Il opina gravement.

« Voulez-vous que je vous accompagne ? proposa Dayron.

- Vous me ralentiriez », répondit simplement Riza.

Soudain, une immense louve sembla se matérialiser devant eux. Nymeria observa Riza.

« À dans une semaine. »

Dayron ne répondit pas, surpris. Riza se hissa sur le dos de Nymeria et la louve bondit en avant. Tous les habitants étaient restés figés devant cette scène. En moins d'une seconde, l'animal avait disparu, emportant Riza avec elle.

« Nous allons au pic d'Ignas », informa Riza.

La louve changea alors de direction. Elles ne prirent pas la peine de rester cachées dans les forêts. À la vitesse où elles allaient, les villageois qu'elles croisaient étaient simplement surpris par le vent.

Loin des 4 jours de marche, Riza et Nymeria arrivèrent au pic le lendemain soir au coucher du soleil. L'air était glacial mais la magie qui parcourait leur corps les protégeait du froid.

L'endroit était désert. Aucun animal ne vivait ici et elles ne purent voir correctement que grâce à la magie encore une fois. Riza posa pied à terre et sembla flotter au-dessus de la neige. Elle fit quelques pas et s'immobilisa. Fermant les yeux, elle interrogea son instinct. Où était cette plante ?

Cela dura une bonne heure et l'air s'était encore refroidi avec la tombée de la nuit. Soudainement, elle rouvrit les yeux. Elle l'avait trouvée. Sans tergiverser, elle se dirigea droit vers un endroit bien précis et posa une main sur la neige. Elle murmura une série de mots étranges et la neige fondit sur une surface de quelques centimètres. Peu à peu, Riza plongeait sa main de plus en plus bas et enfin, elle toucha la terre glacée. Sa main s'enfonça dedans et elle grimaça alors qu'elle se couvrait de gerçures. Il fallait faire vite. Après quelques minutes, elle touchait au but. Elle changea de main pour ne pas tâcher la plante de sang et la récupéra. Aussitôt, elle la mit en stase à l'aide d'une autre formule et la rangea. D'un nouveau sort, elle referma le trou créé et revint vers Nymeria. La louve observa sa main ensanglantée.

« Il te faudrait des gants spéciaux, petite humaine. »

Riza opina sans un mot et grimpa sur son dos.

« Ça ira Nymeria. Allons-y. Nous avons encore de la route. »

La louve opina et bondit. Elles dévalèrent la montagne à une vitesse folle et trois jours plus tard, parvenaient à la clairière aux daims. Elles n'avaient croisé aucun animal en chemin et passaient trop vite pour faire attention aux habitants près des villages. Récupérer la fleur voulue fut plus simple qu'au pic d'Ignas et sitôt celle-ci rangée, Riza revint vers Nymeria.

« Tu ne vas pas dormir ?

- Plus tard, répondit Riza.

- Et ta main ? »

Riza n'avait pas pris le temps de la soigner et l'avait juste enveloppée dans un linge.

« Je refuse de te conduire où que ce soit tant que tu ne te soigneras pas, décréta alors la louve en s'asseyant résolument.

« Nymeria »… soupira Riza.

Mais son amie était têtue, peut-être plus qu'elle, et Riza obtempéra rapidement pour ne pas perdre plus de temps. Elle défit son bandage et grimaça. Sa main faisait peine à voir.

« La magie te protège peut-être de la douleur, mais tu pourrais perdre ta main. »

Riza ne répondit pas et un quart d'heure plus tard, un nouveau bandage propre protégeait sa main.

« Voilà, tu es contente ?

- Quand tu te reposeras », rétorqua Nymeria.

Mais elle accepta de la porter et leur aventure reprit.

Trouver la source de la rivière Kodama fut aisé. Il suffisait de la remonter. Elles y parvinrent rapidement et au bout de six jours, elles pénétraient dans la ville d'Atras alors que le soleil se levait à peine à l'horizon.

Dayron qui semblait ne pas avoir beaucoup dormi également les accueillit en personne.

« Lady Riza ! Le halo est devenu terne.

- C'est normal, rassura-t-elle. Je vais préparer la potion tout de suite. »

Dayron opina et se tourna vers la louve, assise sur le perron.

« Voulez-vous… ? Enfin, votre loup peut peut-être entrer ? »

Elle passait juste par l'encadrement de la porte.

« Nymeria que veux-tu faire ? questionna Riza.

- Ma magie et ma chaleur t'aideront », décréta la louve.

Là où Dayron n'entendit qu'un grognement, Riza opina.

« Elle vient, traduisit-elle pour leur hôte, et c'est une louve. »

Dayron acquiesça alors que l'immense louve passait devant lui.

Riza et Nymeria se rendirent droit dans la chambre d'Alana et Dayron les suivit. Il fut un parfait assistant, exécutant chacune des demandes de Riza. Nymeria, couchée au pied du lit, les observait.

La potion prit des heures à être finalisée et Riza fut bien heureuse de la présence de Nymeria à ses côtés. Elle était épuisée et eut besoin de l'énergie de la louve pour mener l'incantation à bien. Cela réussit et Riza administra le contre sort à Alana au coucher du soleil. Une fois cela fait, Riza tomba à genou devant le lit, soulagée mais surtout exténuée.

« Tu vois, petite humaine, il faut te ménager, grogna l'animal.

- Je sais Nymeria, je suis désolée. J'ai voulu… »

Nymeria grogna et posa son museau sur ses genoux. Sa tête entière recouvrait entièrement ses jambes.

« Merci Nymeria. Heureusement que tu es là, fit Riza en la caressant doucement.

- Tout va bien ? s'enquit Dayron en lui tendant une tasse de thé chaude à l'odeur de plantes. C'est un fortifiant, vous en avez besoin je pense. »

Cela fit rire Riza et elle prit la tasse.

« Merci Sir Kehlsi. Je me suis sur-estimée mais votre sœur va s'en sortir maintenant. Elle devrait ouvrir les yeux d'ici quelques jours. Je vais rester auprès d'elle. »

Il lui sourit, s'agenouillant près d'elle.

« Vous allez surtout vous reposer à votre tour. Je vais faire apporter à manger. »

Il ressortit et Riza se tourna vers Nymeria, un peu surprise.

« Enchanteresse », marmonna la louve avant de fermer les yeux.

Riza pouffa et quand Dayron revint, elle dormait profondément, lovée contre la louve.

Il soupira et sourit.

Nymeria ne protesta pas lorsqu'il les recouvrit d'une couverture. Cela ne servait à rien mais il ne le savait pas, aussi elle laissa couler. Les humains étaient si faibles parfois…


« Ce livre était perdu depuis des siècles… comment est-il entrer en votre possession ? J'ai eu du mal à croire votre lettre Monsieur Galway mais maintenant que je le vois… »

La vieille femme ne fit même pas mine de toucher le livre. Elle le regardait plutôt avec horreur.

« Il aurait mieux valu qu'il reste perdu. Je peux tenter de le sceller.

- Une jeune femme s'est fait aspirer dedans », contra Howard.

La femme nia sans espoir.

« Personne ne revient jamais…

- Qu'en savez-vous ? » rétorqua Roy.

Elle l'observa.

« Cette jeune femme vous est précieuse ? questionna-t-elle simplement, semblant reconsidérer quelque chose.

- C'est mon premier Lieutenant, elle…

- Ce n'est pas ma question, répliqua-t-elle. Est-ce que vous l'aimez ? »

Roy fronça les sourcils. Il n'y avait qu'Howard et la vieille femme dans cette pièce. De plus Riza avait disparu alors la loi contre la fraternisation lui parut très loin.

« Oui, répondit-il.

- Cela change la donne, murmura-t-elle. L'amour est la plus puissante des magies. Peut-être parviendrez-vous à la sauver… »

Roy l'observa résolu. Oui c'était bien son but. Plus rien ne comptait sans elle.

« Bien, soupira la vieille femme. J'ai besoin de quelques grimoires. Il vaut mieux ne pas nous précipiter. Je vous laisse régler vos affaires Général. Vous pourriez ne jamais revenir. »

Il opina fermement et le soir même prenait la route de Central. Il allait devoir discuter avec son équipe ainsi que Grumman. La vieille femme quant à elle était repartie chez elle pour récupérer ce dont elle avait besoin.

Une semaine plus tard, ils se retrouvèrent tous au Manoir. Grumman avait tenu à venir également. L'équipe observait le livre avec angoisse. Ils étaient d'accord pour venir malgré les protestations de Roy. Si Grumman n'était pas Généralissime, il serait venu aussi.

« Ça fait beaucoup de monde », nota la vieille femme.

Elle ne protesta pas cependant et prépara la pièce. L'équipe refit un point sur ce dont ils avaient besoin. Ils avaient pris des vivres, des armes et des vêtements résistants. Ils ne savaient pas sur quoi ils allaient tomber et c'était le plus effrayant.

Cela faisait bientôt deux mois que Riza avait disparu. Deux mois dans un environnement hostile… qu'était-elle devenue ? Deux mois pour eux…


Et voilà pour ce deuxième chapitre. Alors ? Alors ? Est-ce que cela vous plait ?

J'ai hâte de vous faire lire la suite ! Des bisous !