Titre : Riza, l'enchanteresse
Genre : Aventure, romance
Rating : K+
Résumé : En fouillant une bibliothèque, Riza se retrouve aspirée dans un livre et elle est propulsée dans un autre monde. Sans moyen de revenir, elle se construit une nouvelle vie là-bas mais c'était sans compter sur Roy qui met tout en œuvre pour la retrouver.
Disclamer : FMA ne m'appartient pas T.T
Spoiler : Tous possiblement.
Notes : Enfin ! Enfin ! Le chapitre que vous attendiez tant ! (Vous voyez je vous le poste tôt pour me rattraper de la semaine dernière ^^') Bon courage pour le début du chapitre, le suis devrait vous plaire un peu plus ;) J'ai fait un long chapitre (réunion de deux chapitres) pour que ça avance bien. Bonne lecture !
Chapitre 9
Le lever du soleil les trouva là, blottis l'un près de l'autre. Riza fut la première à ouvrir les yeux. Elle se redressa, admirant ce spectacle. Le ciel était bleu, immense. Il ferait beau aujourd'hui.
Près d'elle, Luan dormait toujours. Elle passa une main dans ses cheveux et soupira. Elle devait être toute décoiffée. Patiemment, elle enleva les pinces qui formaient sa coiffure et les libéra. Luan ouvrit les yeux sur cette vision et leva une main, la glissant dans ses longs cheveux blonds.
Elle se retourna vers lui et lui sourit.
« Bonjour Luan.
- Bonjour, marmonna-t-il, au paradis.
- Le palais s'éveille, murmura-t-elle en tressant ses cheveux. Je pense que votre valet de chambre va paniquer en ne vous trouvant pas dans votre lit. »
Luan soupira. Oui, et cela ferait jaser. Il s'accorda encore quelques secondes avant de se redresser.
« Descendons alors. »
Il se leva, s'étira et sourit en voyant Riza faire de même.
« Ce voyage, c'est une très bonne idée.
- Je l'espère. J'espère que cela va vous plaire.
- Vous serez avec moi, cela va forcément me plaire », taquina l'empereur.
Elle pouffa et ils redescendirent discrètement, évitant les domestiques qui s'activaient.
Elle laissa Luan devant la porte de sa chambre et s'éloigna. Elle n'avait pas fait trois pas qu'elle tomba sur Mehdi.
« Mehdi ? fit-elle, surprise.
- Riza. »
Il l'était moins, non, il était même venu à sa rencontre.
« Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.
- Un faucon vient d'arriver avec un courrier urgent apparemment.
- Pour moi ?
- Oui, je revenais de votre chambre et ne vous y trouvant pas, je me suis dit que vous seriez par ici. »
Elle rougit et toussa quelque peu.
« Hum… oui, l'empereur m'a emmenée voir les étoiles hier soir… »
Mehdi leva les yeux au ciel en soupirant.
« Vous êtes incroyable tous les deux…
- Et la lettre ? »
Il la lui tendit et elle fronça les sourcils. Cela venait d'Adaline. Elle l'ouvrit sans tarder, pressentant quelque chose.
Mehdi s'étonna de la voir pâlir peu à peu.
« C'est Dayana… murmura Riza. Elle est malade. Adaline me demande de rapporter au plus vite diverses plantes pour qu'elle puisse la soigner… »
Mehdi ouvrit de grands yeux et s'avança vers elle.
« Quelles plantes ? J'ai peut-être ce qu'il lui faut. »
Elle lui fit lire la liste et il pâlit. Au vue des plantes demandées, c'était grave, très grave…
« J'en ai une partie. Venez avec moi. »
Elle le suivit jusqu'à son jardin et ils regroupèrent là une partie des demandes d'Adaline.
Riza repéra sur la carte les autres plantes dont elle avait besoin.
« Je vais y aller. Merci Mehdi.
- Il m'en voudra de ne pas l'avoir prévenu…
- Oui, Marco aussi. Allons les chercher. »
Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient tous les quatre dans la cour du palais.
« Vous partez ? Si vite ? s'étonna Luan.
- Dayana est malade. Elle a besoin de moi. Je suis déjà partie trop longtemps, fit Riza, rongée par le remord.
- Je vous rejoindrai, assura Marco. Partez devant, vous irez plus vite.
- Merci Marco. Mehdi, merci pour les plantes. Je vous ramènerai de nouvelles variétés quand je reviendrai.
- Ne vous inquiétez pas, vous ne me devez rien.
- Majesté, désolée de partir aussi vite, je…
- Je comprends, Riza. Ne vous inquiétez pas. Allez-y. »
Elle le remercia d'un regard et sans hésiter, appela Eagle. Black Fire était le plus rapide sur terre, mais passer par les airs lui ferait gagner du temps. Aussitôt, d'immenses ailes poussèrent dans son dos et sa robe s'évapora, laissant place à un pantalon marron et des bottes noires cavalières. Une chemise beige surmontée d'une veste marron complétaient sa tenue. Elle aperçut quelques mèches blondes et devina qu'elle avait gardé sa couleur de cheveux.
« Nymeria, tu me rejoins ma belle ? »
La louve opina et d'un battement d'ailes, Riza s'envola. En quelques minutes, Boréalis était loin et les jours qui suivirent furent intenses.
Il ne lui fallut qu'une petite semaine pour rassembler les plantes et rejoindre la forêt d'Arya. Elle atterrit directement chez Adaline, sachant que sa fille devait y être.
« Adaline ! appela-t-elle en s'avançant vers le chalet.
- Riza ! »
L'enchanteresse sortit de la maison et Riza lut sur son regard qu'elle était soulagée de ma voir. Sans attendre, elle la conduisit auprès de Dayana. Adaline l'avait mise dans un état de stase et Riza ne chercha pas à savoir. Elles se mirent toutes les deux à préparer l'antidote et le lui firent boire. Peut-être était-ce trop tard ? Elles levèrent l'état de stase et la longue attente commença. Dayron et Decensa les rejoignirent dans la soirée. Ils retrouvèrent là les deux femmes, inquiètes, au chevet de Dayana.
« Elle est si petite », murmura Riza, caressant ses boucles blondes.
Decensa posa une main compatissante sur son épaule.
« Avec la fièvre enfantine, on ne peut rien faire normalement. Cette petite a de la chance d'être entourée d'enchanteresses, émit Dayron.
- Voyons voir si la chance continue de lui sourire », soupira Adaline.
Les minutes, les heures, les journées furent interminables. Enfin, un matin, Dayana ouvrit les yeux.
« Maman… murmura-t-elle faiblement en reconnaissant Riza.
- Oh Dayana… ma chérie. »
Riza sentit les larmes couler sur ses joues et la serra contre elle.
« J'ai eu tellement peur ! Tellement peur. »
La petite pleurait à chaudes larmes et exténuée, se rendormit alors que Riza la berçait.
« Elle est hors de danger », informa Adaline en prenant ses constantes.
Tous furent soulagés de l'apprendre et Nymeria et Marco arrivèrent dans la journée. La louve ne quitta plus la chambre de Dayana alors que Riza racontait ses aventures et notamment sa deuxième rencontre avec Marco. Ils furent surpris de comprendre qu'il avait renoncé à récupérer Dark mais ne posèrent pas trop de question.
Dayana se rétablit peu à peu et bientôt, elle put retourner chez elle. Marco avait élu domicile dans une des chambres de la maison et Této s'était fait une nouvelle amie. Si les deux renards-écureuil semblaient cordialement s'ignorer au début. Ils avaient commencé à se rapprocher et bientôt, Moon ne quittait plus Této. Ils jouaient souvent à se poursuivre sous les rires de Dayana qui reprenait des forces.
Dès qu'elle s'était remise, Riza avait envoyé une lettre à l'empereur et Mehdi pour les en informer et les rassurer.
Du haut de ses un an et demi à présent, Dayana courrait partout et explorait les environs. La forêt pleine de racines et de branches ne lui faisait pas peur et heureusement que Moon et Této étaient avec elle pour la protéger.
C'est en l'observant jouer que Riza sentit enfin son cœur s'apaiser. Elle s'en aurait voulu toute sa vie si Dayana était morte alors qu'elle était loin. Elle savait qu'elle ne pouvait pas rester près du bébé tout le temps, mais Dayana avait eu besoin d'elle et elle n'était pas là… Elle se sentait coupable pour ça et décida de rester un moment ici. Elle-même avait besoin de souffler et de profiter un peu de la petite. Elle n'était partie que quelques semaines mais Dayana avait tellement changé.
Dans les mois qui suivirent, l'empereur et elle échangèrent de nombreuses lettres. Comme promis, il avait fait en sorte de se libérer cinq jours en avril et Riza regrettait presque ce voyage en pensant à Dayana. Elle ne pouvait pas l'emmener avec elle non ? Elle était tiraillée quand quelques semaines avant le voyage, l'empereur lui proposa d'emmener la petite avec eux. Riza dut relire trois fois la lettre pour être sûre de bien comprendre. Il voulait bien emmener Dayana ? Même, il devinait ses tourments et proposait une solution. Elle en fut tellement soulagée et répondit aussitôt positivement.
Cela décida les autres et ils préparèrent leurs affaires. Decensa avait envie de revoir les membres du palais, Dayron voulait emprunter quelques livres de la bibliothèque royale et Marco était juste ravi à l'idée de voyager. Bref, tout ce petit monde se mit en route dès la semaine suivante, direction Boréalis.
Ils voyageaient plus lentement tous ensemble et arrivèrent juste avant la date prévue pour le voyage. Luan fut ravi de les revoir, enfin surtout Riza, et ils furent aussi bien accueillis qu'habituellement.
« Va où ? » demanda Dayana alors que Luan la soulevait jusqu'à Riza.
Riza l'installa en selle, devant elle et caressa ses boucles blondes.
« On part en voyage.
- A'ec Luan ?
- Oui, ma chérie. On va lui montrer nos endroits préférés.
- Maison ?
- Non, ça fait un peu loin », sourit Riza, à la fois amusée et émerveillée par les progrès qu'elle faisait.
Luan était en selle et l'interrogea du regard. Ils avaient décidé de voyager à cheval et Riza chevauchait Black Fire. Elle dut retenir le cheval constamment pour ne pas devancer trop l'empereur et ils quittèrent ainsi la capitale.
Dayana était une petite bavarde et elle n'arrêta pas de babiller. Tout n'avait pas toujours de sens mais cela les amusa beaucoup.
Le soir venu, Riza installa la petite près de Nymeria qui les suivait et rejoignit Luan un peu plus loin. C'était bien plus sommaire que la dernière fois. Il avait étendu sa cape au sol et observait les étoiles, l'air ravi cependant. Elle vint se glisser contre lui, le réchauffant, et était à peine installée que Dayana les rejoignit. Elle se lova entre eux deux, tout contre sa Maman.
« Dayana », reprocha Riza.
Mais la petite n'en avait que faire et Luan lui fit signe que ce n'était pas grave.
Ils s'endormirent ainsi tous les trois et lorsque Luan se réveilla, il fut surpris de se retrouver tout contre Nymeria. Il se redressa un peu paniqué et se leva. Riza et Dayana n'étaient pas là. La louve l'observait, amusée.
« Où sont-elles ? » demanda-t-il mais le grognement de Nymeria ne l'aida pas beaucoup.
Heureusement, il entendit bientôt des rires et Dayana et Riza arrivèrent. Les cheveux humides, elles revenaient apparemment de la rivière. Riza portait le bébé dans ses bras et elle lui sourit.
« Nous ne voulions pas vous réveiller. Vous avez bien dormi ? »
Il opina, soulagé.
« Nymeria va vous accompagner jusqu'à la rivière si vous le voulez. Elle est fraîche mais ça réveille.
- Oui ! Ça 'éveille ! s'écria Dayana, un sourire aux lèvres.
- Je vois ça, s'attendrit l'empereur. Oui je vais y aller. »
Il la trouva glaciale en revanche et fit une toilette sommaire avant de revenir. Riza avait rangé le campement et lui tendit une tasse de thé. Il apprécia la boisson chaude et alors que Dayana pourchassait un papillon, Riza le prit dans ses bras. Il sentit une douce chaleur l'envelopper et se réchauffa.
« Mehdi me tuerait si vous attrapiez froid. »
Il rit et ils se remirent en marche.
Pendant ces quelques jours, Riza lui montra les merveilles de la nature : les cascades sauvages, les montagnes infiniment grandes, les rivières chantantes, les lacs d'eau turquoise. Il fut émerveillé, mais tant par ces endroits, que par Riza, qui vivait dans la nature, beaucoup plus épanouie qu'au palais. Il la sentait heureuse et vivante ici, avec Dayana et Nymeria.
Bien sûr il avait déjà voyagé mais il était toujours entouré de ses hommes. Ici les choses étaient différentes, bien plus simples.
Cependant, le retour au palais fut le bienvenu pour Luan à qui le confort manquait un peu. Il était néanmoins ravi de ce voyage. Il avait découvert une autre Riza et s'était attaché grandement à Dayana. La petite était toujours sous le charme de l'empereur et elle ne manquait pas de venir se blottir contre lui, lui faisant entièrement confiance.
« Alors ce voyage ? » questionna Mehdi à leur retour.
Ils le leur racontèrent autour d'une bonne tasse de thé, Decensa posant mille et une question.
Le petit groupe resta encore une semaine à Boréalis avant de prendre la route pour Atras. L'anniversaire d'Alana approchait et Dayron avait envie de lui faire une surprise. Il fallait dire que cela faisait un moment qu'il n'avait pas vu sa petite sœur. Elle allait avoir huit ans.
Alana fut certainement autant ravie de revoir son frère que Riza qu'elle adorait. Elle passa peut-être la meilleure journée de sa vie, fêtant dignement son anniversaire, et Dayron discuta longuement avec son père. Sir Kehlsi lui apprit alors qu'il avait déjoué il y a peu une tentative d'enlèvement et cela alarma Dayron.
« Encore ?! L'empoisonnement, puis l'enlèvement…
- Oui, je suis inquiet également, Dayron, mais que puis-je faire ? Je ne vais pas l'enfermer ici…
- Non, mais j'ai peut-être une idée, fit son fils. Laissez-moi en discuter avec Lady Riza. »
Riza prit un air grave en apprenant la nouvelle et lui proposa d'elle-même.
« Prenons là avec nous. Cela lui fera voir autre chose qu'Atras et à priori, elle sera en sécurité.
- Oui, c'était mon idée aussi. »
Sir Kehlsi n'y vit pas d'inconvénients, étant même soulagé, et avec les beaux jours qui revenaient, ils ne tergiversèrent pas. Alana fut ravie de cette idée et ce fut décidé.
Lorsqu'ils repartirent deux semaines plus tard, ils emmenèrent la fillette avec eux. Ils s'arrêtèrent en chemin chez Rose. La sorcière avait quelques livres pour Dayron et une petite semaine plus tard, ils reprenaient la route en direction de leur maison cette fois.
Alana adora sa nouvelle chambre et Dayron l'aida à la décorer au mieux. Il aimait beaucoup sa sœur et était heureux de la savoir avec lui. Comme elle n'avait plus de cours, il prit sur lui de lui apprendre ce qui lui semblait essentiel. À côté de cela, Riza lui enseigna le nom des plantes et leurs pouvoirs.
Des mois plus calmes s'écoulèrent ainsi. Ils trouvèrent leur équilibre dans cette maison, Adaline venant leur rendre visite souvent. Riza passait beaucoup de temps à parcourir la forêt, rassemblant des plantes. Elle en envoya certaines à Mehdi et fit pousser son propre jardin sur le toit de la maison. Cela lui demanda du temps. Adaline continua de lui apprendre ce qu'elle savait et Dayana grandit à vue d'œil. Sans qu'ils ne comprennent comment, elle fêta ses deux ans. Alana qui la considérait comme sa petite sœur passait beaucoup de temps avec elle et Riza se félicita d'avoir pris la fillette avec eux. Ensemble, elles s'épanouissaient mieux. Elle eut du mal à réaliser que Dayana ne serait bientôt plus un bébé. Cela faisait un moment qu'elle ne l'allaitait plus déjà et la transition avait dû être plus dure pour Riza que pour Dayana.
Un matin d'octobre, Riza fut surpris de recevoir la visite de Yomi, un des frères de Nymeria. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu.
« Que se passe-t-il ? questionna-t-elle face à son air sérieux.
- Mère vous appelle auprès d'elle. »
Riza fronça les sourcils mais ne tergiversa pas. Elle prévint les autres et partit rapidement, chevauchant Nymeria, Yomi les guidant. À présent, Nymeria dépassait son frère en taille et certainement en force.
Ils prirent quelques jours à rejoindre la tribu des loups se trouvant alors à l'autre bout de la forêt. Là Riza fut heureuse de revoir Arya mais concernée aussi. Que voulait-elle ?
« Riza, Nymeria, accueillit-elle. Je suis ravie de vous voir. »
Elle s'avança vers sa fille et vint frotter son museau contre le sien.
« Qu'y-a-t-il Mère ? »
Arya prit un air grave et tourna la tête derrière elle. Riza l'aperçut alors. À même le sol, au milieu de langes sales, un bébé dormait.
« Mais qu'est-ce que… » fit-elle en s'avançant.
Elle le récupéra dans ses bras. Il était vraiment petit. Peut-être trois mois ?
« Que fait un bébé dans la forêt ? s'étonna Riza.
- Ses parents font partie d'un village nomade qui a élu domicile à l'orée de la forêt. Ils coupent nos arbres centenaires et attaquent les animaux de la forêt. Ils étaient sur notre territoire de chasse quand nous les avons croisés. Ses parents ont jeté leur bébé entre mes pattes pour mieux fuir, grogna Arya, apparemment en colère
- Ils ont jeté… le bébé… » murmura Riza sidérée.
Elle était doublement étonnée car tous savaient dans la région qu'il ne fallait pas s'aventurer dans la forêt d'Arya. Par ailleurs, les ressources naturelles étaient suffisamment nombreuses pour qu'ils n'en aient pas besoin. Les habitants vénéraient Arya pour la déesse qu'elle était et respectaient son territoire. Quel était ce village nomade ?
« Je vais aller les voir et leur ramener ce bébé. »
Arya eut l'air sceptique mais opina.
« Il est grognon et pleure beaucoup. Si je ne t'avais pas envoyé chercher, je l'aurais dévoré.
- Mais comment as-tu fait pour le nourrir ?
- Les loups aussi peuvent allaiter et c'est clairement ma magie qui l'a maintenu en vie. »
Riza acquiesça et appela Nymeria. Elle grimpa sur son dos avec le bébé.
« Yomi, peux-tu nous guider ? »
Le loup approuva et partit devant.
« Je reviendrai te tenir au courant », déclara l'enchanteresse avant de partir.
Ils ne prirent pas longtemps à rejoindre le village et dès que les loups sortirent de la forêt, les cloches sonnèrent.
« Au loup ! Au loup ! » cria-t-on.
Ils n'avaient pas d'armes à feu mais ils sortirent leur arc et n'attendirent pas avant de tirer. Riza érigea un écran de protection et sauta à terre. Inutile de plus les paniquer. Elle marcha jusqu'au village, continuant d'essuyer leurs tirs.
« Je ne vous veux pas de mal ! cria-t-elle. Je viens vous rendre votre bébé. »
Le petit être commença à pleurer alors et les tirs cessèrent. Un homme âgé s'avança vers elle.
« Qui êtes-vous, démone sortant de la forêt des loups ?! »
Riza fronça les sourcils.
« Je suis Riza, l'élève d'Adaline, l'enchanteresse. Cette forêt est le territoire de la tribu divine de la louve Arya. Vous n'avez rien à y faire.
- Nous avons besoin de bois et de chasser pour nous nourrir, rétorqua l'homme.
- Et vous avez largement de quoi faire dans les autres forêts. Je suis ici pour vous mettre en garde. Si vous continuez à abattre les arbres et à tuer les animaux, la prochaine fois que vous croiserez les loups, ils vous dévoreront. »
Riza n'exagérait pas. Elle connaissait bien leur tempérament pour vivre avec Nymeria depuis plusieurs années maintenant.
« Dans tous les cas, je suis aussi venue pour vous ramener votre bébé. »
Tous l'observaient avec de grands yeux et aucun ne s'avança vers elle. Le bébé pleurait toujours et Riza sentit son cœur se serrer. Elle décida de le poser au sol et l'homme l'interrompit.
« Ce bébé revient des loups. Il est maudit ! s'exclama-t-il alors que tous approuvaient vivement, apparemment pétrifiés. Personne ne le prendra.
- Dois-je le manger ? questionna Nymeria. Ils comprendront ainsi.
- Tout ne peut pas se régler comme cela Nymeria, rétorqua Riza, la gorge nouée.
- Que faisons-nous alors ?
- Nous partons… »
Elle se retourna et sauta sur le dos de Nymeria. Dans ses bras, le bébé hurlait à plein poumons. Ils retournèrent auprès de la tribu des loups et Riza raconta leur rencontre avec le village.
« Veux-tu que je t'en débarrasse ? »
Riza se pencha vers le bébé. Son visage était déformé par les pleurs. Il était sale et faisait peine à voir.
« Non… il n'a rien fait pour mériter cela, pauvre petit. »
Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et serra les dents. Les parents de Dayana avaient été lâchement tués. Ils n'auraient pas la chance de voir leur fille grandir, de l'aimer, mais les parents de ce bébé étaient toujours vivants. Ils pouvaient élever leur fils. Ils pouvaient l'aimer alors pourquoi… pourquoi…
Le soleil brillait fort dans le ciel mais dans le cœur de Riza, il pleuvait des trombes d'eau. Elle ne remarqua pas qu'elle s'était laissée tomber au sol avant que Nymeria ne vienne tendrement frotter son museau contre elle.
« Allez petite humaine, de l'amour tu en as à revendre non ? »
Riza renifla et hoqueta quelque peu.
« C'est injuste… il ne mérite pas…
- Il gagne certainement au change, décréta la louve. Tu vas l'élever et l'aimer comme tu sais si bien le faire. Debout, Riza.
- Nymeria a raison, fit Arya en s'avançant. Il n'y a pas de hasard dans la magie. Ce petit devait être avec toi. »
Riza se releva et opina.
« Merci. Oui, pas de hasard… »
Elle baissa la tête vers le bébé et soupira. Elle ne connaissait même pas son prénom.
« En tout cas Arya, ils sont prévenus.
- Je me ferai un plaisir de les dévorer s'ils osent encore abattre des arbres ou tuer des animaux. »
Riza acquiesça et salua la tribu des loups avant de repartir avec Nymeria.
Elle s'arrêta à la première rivière qu'elle trouva et nettoya le bébé. Il pleurait par intermittence mais refusait de téter. Après l'avoir changé et avoir nettoyé ses vêtements, elle ne voyait pas ce qui n'allait pas. Elles se remirent en marche, le bébé pleurant toujours.
« Tu ne peux pas refuser de téter comme ça. Il faut reprendre des forces, mon bonhomme. »
Mais il hurlait et elles finirent par s'arrêter. Riza le berça. Elle fit des allers retour, essayant de le calmer. Normalement, elle y parvenait toujours avec Dayana alors pourquoi n'y arrivait-elle pas ?
Elle se laissa tomber contre un arbre et installa le bébé sur ses genoux relevés.
« Je sais, ce n'est pas drôle. Tu préférerais être avec tes parents. Pour tout t'avouer, moi aussi je préférerais que tu sois avec eux. Pourtant, c'est ainsi. À partir de maintenant, c'est moi qui vais prendre soin de toi. Je ne suis pas parfaite mais je fais de mon mieux et je peux te promettre de ne jamais, jamais, t'abandonner. Je serai là pour toi, mon bonhomme. Alors arrête de pleurer. Ils ne méritent pas ce chagrin. »
Elle se débarrassa de sa chemise, installa le bébé à son sein et le serra contre elle. Il avait ouvert de grands yeux noirs pendant son discours et hoqueta quelque peu avant d'enfin se mettre à téter. Riza en fut soulagée. Un sourire s'épanouit sur son visage et elle soupira avant de laisser sa tête retomber contre le tronc. Il tétait avec force et cela la rassura. Il semblait plein d'énergie.
Il s'endormit une fois fini et Riza et Nymeria repartirent. Les quelques jours jusqu'à la maison permirent à Riza et au bébé de prendre le temps de s'apprivoiser. Elles eurent le droit encore à de nombreux pleurs. Des gros chagrins que Riza eut du mal à calmer. Elle le garda contre elle, dans ses bras, tout le long. Elle lui murmura des mots de réconfort, des mots d'amour, tout en caressant ses cheveux noirs.
Dayron, Decensa et Marco furent les plus surpris à son retour.
« Un bébé ? s'étonna Decensa. Mais… encore ? »
Riza dut tout leur expliquer. Elle prit sur elle et resta la plus neutre possible.
« Ils l'ont abandonné… souffla Decensa, horrifiée.
- Comment ont-il osé ?! » gronda Marco.
Riza secoua la tête et s'avança vers Dayana. Elle s'accroupit devant elle.
« Dayana, je te présente ton petit frère. Dans la religion de tes parents, le frère de Dayana est Hélios, le dieu de soleil. Il s'appellera donc Hélios.
- Hélios ? fit la petite en levant une main vers le bébé.
- Oui. Il faut être très gentille avec lui. Tu es sa grande sœur maintenant. Tu dois prendre soin de lui, comme Alana prend soin de toi. »
Dayana se tourna vers Alana et opina.
« Tu prendras soin de lui aussi Alana ?
- Oui, sourit la petite fille. Il est tout petit.
- Il va vite grandir, répondit Riza, amusée.
- Riza, fit alors Marco. Je suis allé en ville entre temps et j'ai ramené un instrument. Vous m'en direz des nouvelles ! »
Il parlait avec un peu trop d'entrain pour que ce soit naturel mais elle acquiesça. Marco était ainsi, à toujours vouloir remonter le moral de tout le monde.
Le soir venu, ils eurent le droit à un morceau de musique de Marco. Il jouait du violon et plutôt bien. Alana l'accompagna au chant, aussitôt rejointe par Dayana. Si une note sur deux sonnait faux dans le chant des deux fillettes, cela eut le mérite de changer les idées de Riza.
Ce soir là, elle prit du temps à s'endormir. Dayana était lovée tout contre elle et de l'autre côté, Hélios respirait profondément. Comment pouvait-on faire cela ? Elle sentit à nouveau les larmes couler sur ses joues. De quel droit abandonnait-on un enfant ?
Elle eut du mal à en parler à l'empereur. Comment lui raconter cela ? Quoi lui dire exactement ? Cela signifiait qu'il adopterait potentiellement un deuxième enfant s'il l'épousait. Un petit garçon cette fois. Elle avait l'impression que cela compliquait les choses. Pourtant, lorsqu'elle lui écrivit, Luan n'y fit pas de tout allusion. Il s'indigna de l'abandon et s'estima heureux que le bébé soit tombé sur elle. Ses mots eurent le mérite de lui mettre un peu de baume au cœur.
Au fur et à mesure des semaines, le bébé prit du poids et se développa rapidement. Riza savait que c'était grâce à la magie mais cela ne l'empêcha pas d'être rassurée. Il avait les yeux noir onyx et des cheveux tout aussi noirs et bouclés. Avec ses bonnes joues à présent, il était adorable. Ses pleurs devinrent aussi de plus en plus rares. C'était bien simple, il passait de bras en bras dans la maison. Tous s'extasiaient sur lui, le berçant, lui chantant des chansons. Alana et Dayana furent de vraies grandes sœurs pour le bébé. Elles aimaient venir le câliner, lui apporter des jouets lorsqu'elles jouaient ensemble. Dans leurs chansons inventées, elles rajoutaient souvent des paroles consacrées au bébé et cela les faisait tous bien rire.
Le soir, Riza s'installait au sol contre Nymeria dans un coin du salon, souvent non loin de la cheminée et l'allaitait tranquillement tandis que Marco jouait du violon et que les discussions se poursuivaient dans le fond.
Ils chérissaient leur routine.
Hélios était vraiment petit pour voyager, aussi Riza ne put aller à Boréalis avant un moment. Surtout que Moon et Této s'entendaient de mieux en mieux et peut-être un peu trop bien à en juger par le ventre arrondi de la renard-écureuil. Riza attendit donc le printemps. Là, ils eurent le droit à un accouchement haut en couleur par Moon, cela eut lieu deux jours avant les trois ans de Dayana. Ils furent ainsi envahis de cinq nouveaux bébés renards-écureuil. Moon resta ainsi avec ses petits chez Adaline alors que le reste du groupe entamait le voyage. Ce fut le premier grand voyage d'Hélios et ils eurent besoin d'un mois pour atteindre la capitale.
Autant dire que Mehdi et Luan furent ravis de les revoir.
« Et voilà, le petit Hélios. »
Le bébé observa l'empereur de ses grands yeux et lui dédia un magnifique sourire. Il avait bien compris à présent que son sourire avait un pouvoir sur les gens et en abusait sans honte. Bien sûr, Luan fut charmé et Riza le lui confia le temps qu'elle descende de Nymeria.
« Luan ! » appela alors Dayana en courant vers lui.
L'empereur l'accueillit dans ses bras en riant.
« Dayana », tempéra Riza.
Luan lui fit signe que ça allait et porta les deux enfants dans ses bras.
« Adopté », taquina Marco à l'attention de Riza.
Il avait été discret mais elle rougit.
Luan avait plusieurs réunions de prévues et les mena juste à leurs quartiers avant de les quitter. Il rendit Hélios à Riza et se pencha vers elle.
« J'espère tout de même que la prochaine que vous me présenterez un enfant, ce sera le nôtre, souffla-t-il à son oreille.
- Luan », reprocha-t-elle faussement en se sentant rougir.
Il rit et caressa sa joue tendrement avant de s'éloigner. Ils restèrent un mois au palais, Hélios achevant de conquérir Luan.
Ensuite, ils avaient prévu de passer par Atras afin que Dayron et Alana puissent voir leur famille. Là, ils séjournèrent encore quelques semaines et arrivèrent chez eux pour le début de l'été. Adaline avait pris soin de leur jardin heureusement. Ils avaient fait des écuries juste à l'extérieur de la forêt ainsi qu'un jardin potager. Après tant de route, ils furent ravis d'arriver chez eux. Moon et Této furent certainement les plus heureux et la maison fut à nouveau envahie de bébés renards-écureuil pour le plus grand bonheur des enfants.
« Oh Riza, je viens de recevoir une lettre de Rose, informa Adaline le jour même. Elle a mis la main sur un livre très intéressant. »
Étonnamment, Riza sentit son cœur s'emballer. Quel était ce livre ? Elle pressentait quelque chose.
« Veux-tu que j'aille le chercher ? »
Adaline opina.
« J'irai plus vite seule je pense.
- Oui, et je pressens plusieurs choses. »
Riza acquiesça. Elle avait la même sensation.
« Vous repartez déjà ? s'étonna Dayron.
- Oui, et je vous laisse Dayana et Hélios. Je sais que vous saurez bien vous en occuper. Je n'en ai pas pour longtemps normalement.
- Ne t'inquiètes pas Riza, assura Decensa en prenant le bébé dans ses bras. Tout ira bien. »
Elles se tutoyaient depuis le temps, seul Dayron restant au vouvoiement.
Riza lui sourit et elle partit dès le lendemain matin pour la maison de la sorcière. Nymeria bondissait souplement par-dessus les racines et Riza savoura la vitesse à laquelle elles allaient. Elle aimait voyager avec les autres mais c'était un tout autre type de voyage. Elle devait s'arrêter souvent pour allaiter Hélios et Dayana ne tenait pas en place très longtemps. Les enfants se couchaient tôt. Il leur fallait un point d'eau. Bref, c'était toute une organisation dont elle se passait bien lorsqu'elle voyageait seule avec Nymeria.
Elle n'était plus qu'à quelques jours quand elle eut un soudain mauvais pressentiment. Nymeria fit un écart juste à temps et Riza se cramponna pour rester sur son dos. La louve grogna et elles se retrouvèrent face à face avec une immense louve grondante. Un filet de bave dégoulinait de ses babines noires.
« Mon nom est Molo et je vais te dévorer ! » grogna l'animal.
Riza reconnut sans mal la louve maléfique de la forêt d'Usold. Son aura était pleine de magie noire et nauséabonde.
Riza appela La Lumière et Les Ténèbres. Elle aurait au moins besoin d'eux pour éviter ses crocs.
« Éloigne-toi Nymeria », fit-elle en bondissant vers Molo.
Elle sortit son sabre et attaqua. La louve esquiva sans peine son attaque mais Riza réitéra, plus rapide. Elle esquiva un coup de griffes, entamant les pans de son kimono noir et les attaques s'enchaînèrent. Bien vite, Riza perçut son point faible. Elle était aveuglée par sa colère. Elle avait tendance à attaquer sans chercher à se défendre. Néanmoins la magie noire la protégeait et étant en pleine forêt, Riza avait plus de mal à utiliser des attaques puissantes. Elle parvenait plus facilement à esquiver, sautant de branches en branches. La plaine était encore loin, aussi, elle devrait se contenter de cela.
Elle évita de peu ses crocs et répliqua férocement. Le sang gicla et la louve gronda. Riza ne savait pas si cela allait l'énerver et la dissuader. La louve releva la tête soudainement et une seconde plus tard, avait disparu. Riza réalisa alors qu'elle était à bout de souffle. Elle reprit son apparence normale. Que venait-il de se passer ? Que faisait la louve aussi loin de la forêt ?
« Il va falloir trouver un moyen de l'arrêter. Qui sait ce qu'elle peut faire comme ravages sur son chemin. »
Nymeria approuva en la rejoignant. Elle frissonna, bien consciente qu'elle ne pouvait pas lutter contre l'animal maléfique.
« Dépêchons-nous alors de récupérer ce livre », fit la louve.
Riza approuva et sauta sur son dos. Nymeria s'élança à travers la forêt. Elles parvinrent rapidement chez Rose et la vieille femme les accueillit avec un air concerné.
« Rose, tout va bien ?
- Riza, je me doutais qu'Adaline t'enverrait. Ce livre était perdu depuis des générations. Qu'il réapparaisse ainsi n'est pas un hasard.
- Jamais de hasard, fit Riza qui commençait à s'habituer. Montre-moi ce livre. »
Elle la suivait à l'intérieur et sans même prendre le temps de s'asseoir, elles se retrouvèrent devant un épais grimoire d'un rouge terne.
« J'ai déjà vu ce livre… » murmura-t-elle, inexorablement attirée.
Avant que Rose ne puisse faire quoi que ce soit, elle l'avait déjà prise dans ses mains. Riza sentit son cœur s'accélérait et une image lui vint en tête. Une vision floue d'une jeune femme en uniforme bleu. Il y avait un homme, cet homme… bleu… les cheveux noirs, un regard onyx…
Puis, tout s'effaça.
« Combien de temps ? questionna Havoc qui avait envie d'une cigarette.
- Deux heures ? hasarda Falman.
- J'aurais plutôt dit deux jours, marmonna Breda, l'estomac dans les talons.
- Et je pense que cela fait beaucoup plus de temps que ça », marmonna Roy, concerné.
Soudain, un rayon de lumière transperça l'obscurité et ils sentirent distinctement la présence de Riza avant que tout ne disparaisse. Un nom leur vint en tête à ce moment : Adaline.
Lorsqu'ils rouvrirent les yeux, ils étaient dans une étrange forêt impraticable. L'endroit semblait menaçant. Complètement sonnés, ils se remirent lentement et observèrent les alentours.
« Vous croyez qu'on a réussi ? interrogea Havoc.
- En tout cas, on n'est plus à Amestris », assura Fuery.
Les autres approuvèrent. Cela ne ressemblait à rien qu'ils connaissaient.
« Bon, trouvons un moyen de sortir de cette forêt tout d'abord », décréta Roy.
Ils se mirent en marche, s'enfonçant sans le savoir dans la forêt d'Arya.
Riza marmonna et ouvrit brusquement les yeux. Le livre !
Elle croisa le regard inquiet de Rose et la vieille femme l'aida à se redresser.
« Que s'est-il passé ?
- Il y a eu une forte interaction magique entre toi et le livre. Je confirme, tu avais déjà été en contact avec ce livre auparavant.
- Je n'ai aucun souvenir », grommela Riza en portant une main à sa tête.
Le livre était posé sur la table basse.
« Adaline en saura peut-être plus. Je vais te l'emballer pour que tu puisses le lui apporter. »
Riza opina et elle ne repartit que le lendemain tellement sa tête la faisait souffrir. Nymeria semblait nerveuse.
« C'est cette louve, n'est-ce pas ? questionna l'enchanteresse.
- Oui, elle est mauvaise et je sens que nous allons la recroiser. Ce n'est pas une vraie louve, enfin je ne crois pas. »
Riza fronça les sourcils.
« Fonce Nymeria. Je vais envoyer une lettre à Mehdi. Nous déciderons ensemble quoi faire. Je ne suis pas sûre de pouvoir la vaincre seule. »
Nymeria approuva et bondit en avant. Riza s'accrocha. Elle se sentait étrange. Sa rencontre avec la louve puis le livre, tout cela l'avait affaiblie et elle était fatiguée.
Quelques jours plus tard, elles parvinrent à la forêt d'Arya et aussitôt, Riza perçut une intrusion. La magie était bouleversée ici. Ce n'était pas les habitants du village nomade.
« Changement de cap Nymeria. Il faut savoir ce qu'il se passe. »
La louve grogna mais obéit. Elles eurent vite fait de sentir la présence maléfique de la louve et Riza se remercia mille fois d'avoir protégé la maison avec de puissants enchantements. Elles étaient tout au sud de la forêt néanmoins et la maison était encore loin, ce qui la rassura.
Pourtant, la louve semblait avoir trouvé de nouvelles proies. Sa présence était fixe et Nymeria accéléra.
« Bow… » souffla Riza, invoquant l'arc.
Elle visa la présence maléfique et tira. Sa flèche fila à travers les arbres et un hurlement les informa qu'elle avait atteint sa cible. Riza appela Raja, prête à se battre. Ses longs cheveux devinrent noirs et deux oreilles félines en sortirent. Trois marques distinctes apparurent sur ses joues et elle portait la tenue de combat du tigre. C'était un pantalon noir ample mais resserré aux chevilles avec un haut orange court, laissant voir une partie de son ventre.
Riza repéra la présence de cinq humains et Nymeria bondit au-dessus d'eux, repoussant la louve maléfique d'un coup de patte.
« Molo ! » cria Riza avant d'appeler Dark.
L'épée apparut dans ses mains et la louve esquiva de peu sa lame enflammée.
Riza atterrit devant le groupe et leva une barrière de protection. Elle bondit dans les airs, évitant ses crocs et abattit son épée dans sa direction. Molo n'avait pas l'air d'apprécier le feu et Riza allait invoquer Black Fire quand une gerbe de feu jaillit sur sa droite. Elle ne l'avait pas sentie venir… pas du tout… c'était pourtant de la magie non ?
Molo gronda ne l'ayant pas vu non plus et d'un bond, s'évanouit dans la nature.
Riza se retourna vers le groupe. Elle ne se sentait pas en danger et reprit forme humaine. Nymeria grogna derrière elle et Riza posa une main douce sur son museau.
« Tout va bien Nymeria. Ils ne nous veulent pas de mal. »
Ils portaient tous une tenue de voyage en mauvais état, et tenaient dans leur main des armes à feu. Riza ne reconnut pas les tenues en question. Elle sentait de plus qu'ils ne venaient pas d'Azméra, ni même d'un pays voisin mais de bien plus loin. Pourtant, elle ne pouvait pas l'expliquer…
« Qui êtes-vous ? » demanda-t-elle en s'avançant.
Elle avait repéré que l'un d'eux était blessé. Le plus petit, a priori, c'était sa cheville.
« De simples voyageurs », répondit celui qui semblait mener le groupe.
Il portait des gants blancs et Riza devina qu'il était l'auteur de ces flammes. Il n'avait pas d'aura magique pourtant, même si sa présence était forte. Il la regardait, les yeux écarquillés. Cela n'étonna pas Riza. Changer ainsi d'apparence et se retrouver face à une enchanteresse, c'était souvent la réaction qu'elle avait.
Pourtant, c'était autre chose qui venait en tête de l'équipe du Général Mustang. C'était elle, ils l'avaient retrouvée. Il n'y avait pas de doutes possible mais elle ne semblait pas les reconnaître. Se souvenant des mises en garde de la vieille femme, ils ne dirent rien, attendant les ordres de Mustang. Même si elle était là en face d'eux, elle était très différente. Ses vêtements déjà mais surtout sa présence. Il y avait comme une sorte d'aura autour d'elle et Fuery se sentit instantanément mieux dès qu'elle posa une main sur son épaule, l'invitant à s'asseoir.
« Montrez-moi votre cheville. Vous êtes blessé non ? »
Fuery écarquilla les yeux. Oui il avait mal à la cheville mais, sur le moment, n'y avait pas fait attention.
Elle posa ses mains dessus et une substance dorée entoura sa cheville. Attrapant sa sacoche, elle sortit un flacon de verre avec une sorte d'onguent dedans. Elle massa sa cheville avec et haussa un sourcil. Ils l'observaient toujours, sans bouger. Normalement, à ce stade, on lui avait déjà demandé son identité.
« Et que venez-vous faire dans la forêt d'Arya ? Vous savez que c'est une forêt maudite. Personne n'en ressort jamais vivant… »
Roy réfléchit rapidement à une excuse probable et se souvint de ce nom : Adaline.
« Nous venons voir Adaline, déclara-t-il brusquement. Nous sommes des amis. »
Riza se redressa, curieuse. Elle venait de finir le bandage autour de la cheville de Fuery.
« Vraiment ? Des amis d'Adaline… »
Elle réfléchit quelques secondes, plongeant son regard dans celui onyx du chef de groupe. Elle eut une étrange sensation et opina. Elle ne pouvait de toute façon pas les laisser seuls dans cette forêt. Ils finiraient dévorés par les animaux, si ce n'était pas Molo qui revenait avant.
« Alors je vais vous conduire à elle. »
La plaine était non loin et elle jugea que ce serait plus prudent de longer la forêt.
« Nymeria », appela Riza, faisant venir la louve à elle.
Ils reculèrent tous d'instinct devant l'animal imposant.
« Tu vas m'aider ma belle. »
Fuery se raidit en se retrouvant près de la louve.
« Je ne vais pas monter dessus ?
- Vous ne pouvez pas marcher dans votre état. Comment vous appelez-vous ?
- Fuery.
- Sir Fuery, Nymeria est une perle. Elle vous portera. »
Nymeria gronda son désaccord mais Riza avait déjà hissé Fuery sur son dos, le portant sans peine. Le Sergent-chef en fut tout surpris.
« Allez, ne restons pas ici. Molo pourrait revenir. »
Ils la suivirent et tous se mirent en route. Si Riza marchait souplement entre les racines, ils trainaient et elle retint un soupir devant leur lenteur. Ils étaient des proies faciles ainsi et elle surveillait les alentours quand un sourire fendit son visage. Dayron !
« Lady Riza ! » appela-t-il soudain en arrivant sur le dos de Této.
Le renard-écureuil feula et vint se frotter contre l'enchanteresse.
« Této ! Dayron ! Je suis heureuse de vous voir.
- Nous aussi. Vous preniez du temps à revenir donc je suis venue à votre rencontre.
- J'ai croisé le chemin de Molo, la louve maléfique, et ce sont des amis d'Adaline. »
Dayron descendit de Této et fronça les sourcils.
« Des amis d'Adaline ? »
Ils semblaient dans un drôle d'état.
« Quelle idée de voyager dans la forêt d'Arya…
- Nous ne savions pas qu'elle était maudite », fit Havoc.
Dayron en fut surpris mais ne dit rien.
« Je vais appeler les chevaux à nous », informa Riza avant de siffler.
Cela ressemblait à un doux sifflement mais pourtant à des kilomètres de là, Milo releva la tête, ainsi que Lys, la jument de Decensa, et Moon fit de même, sentant l'appel de Riza.
« Elle va revenir, gronda Nymeria.
- Dépêchons-nous alors. »
Ils pressèrent le pas et sortirent enfin de la forêt alors que le soleil amorçait sa descente.
Riza tiqua en apercevant un éclair blanc et appela Dark juste à temps. Fuery fut éjecté de Nymeria alors que Riza abattait l'épée sur la louve maléfique.
« Molo ! Assez ! Protège les Nymeria. Je vais régler cela », gronda Riza, en colère.
Cela faisait trois fois en moins de deux semaines qu'elle croisait cette louve.
« Black Fire ! » invoqua-t-elle.
Sa tenue changea pour un pantalon noir, près du corps, des bottes de même couleur et sa chemise devint blanche. Un veston noir compléta sa tenue. Ses cheveux avaient perdu leur couleur doré et une queue de cheval ébène flottait derrière elle. Le cheval apparut devant eux et Riza sauta sur son dos.
À une dizaine de mètres, Molo grognait. Black Fire cabra et ses sabots s'enflammèrent. Le feu était surpuissant dû à la colère de la jeune femme. Elle leva une main, faisant apparaître une boule de feu rougeoyante. Molo esquiva son attaque et Riza lança le cheval au grand galop.
Les autres eurent le temps de voir deux éclairs s'entrechoquer, un rouge et un blanc. Il y eut une déflagration et Molo se retrouva à l'autre bout de la plaine alors que le cheval piaffait à quelques mètres.
« Elle va s'épuiser », gronda Nymeria.
Dayron partageait son inquiétude mais il ne pouvait rien faire. Riza disparut dans un éclair rouge alors que Molo bondissait vers elle. Il y eut plusieurs chocs et ils pouvaient ressentir la puissance de leur magie de là où ils étaient. Soudain, Riza atterrit près d'eux dans un grand fracas. Le cheval avait disparu et elle venait de glisser sur plusieurs mètres. Elle se redressa et essuya machinalement une traînée de sang sur sa joue. Puis, elle leva Dark devant elle, se mettant en garde.
« Dayron, tu vas les emmener à la maison. Je vous rejoindrai.
- Hors de question, refusa le jeune homme.
- Vous ne me servez à rien ici, rétorqua Riza, mais je dois vous protéger. Je t'en prie Dayron. Les chevaux sont en chemin. Ils viendront à votre rencontre. »
Riza disparut à nouveau et le choc de leur rencontre leur fit perdre l'équilibre. Lorsque Riza réapparut, elle avait posé un genou au sol.
« Il va falloir terminer ça rapidement. Nymeria, emmène les plus loin. »
La louve grogna mais poussa Fuery qui était près d'elle vers l'autre côté de la plaine.
Dayron resta crispé, immobile, partagé entre son ordre et ce qu'il voulait faire.
Un combat sans merci se déroulait plus loin dans la plaine. Déjà l'herbe prenait feu autour d'elles et la terre se fendait sous leurs assauts.
Dayron retint un cri et se tourna vers les autres.
« Elle a raison nous ne servons à rien. »
Ils opinèrent et suivirent le mouvement, tous, sauf Roy qui restait le regard fixé sur Riza.
Il pouvait l'aider. Il n'était juste pas assez rapide. Par contre…
Il se tourna vers Nymeria et prit son courage à deux mains.
« Nymeria ? J'ai besoin de ton aide. »
La louve gronda et Roy fit jaillir une gerbe de feu devant lui.
« Je peux l'aider mais j'ai besoin de ta vitesse. Tu veux bien ? »
Nymeria hésita une seconde. La suivante elle était devant Roy et il sauta sur son dos. Il se cramponna du mieux qu'il put et tenta de suivre le combat. Heureusement, Nymeria fit en sorte de le diriger vers Molo et les premières gerbes de feu atteignirent la louve.
Si Riza en fut surprise, elle ne protesta pas devant l'aide bienvenue et profita de la distraction que cela causa pour attaquer Molo. La louve parvint à esquiver quelques attaques, mais entre Roy et Riza, elle perdait du terrain. Elle fut décontenancée lorsque Moon lui tomba dessus. Této qui était resté près de Dayron réagit aussitôt en voyant sa bien-aimée se battre et intervint à son tour. Les renards-écureuils ne tenaient pas face à la louve, mais leur présence permit de la distraire et le coup d'épée que Riza lui asséna entailla son poitrail. La louve hurla alors que le sang giclait et Riza sentit la magie noire augmenter. La colère décuplait sa force. Elle ne pouvait pas la laisser repartir. D'un mouvement brusque, elle repoussa magiquement Moon, Této, Nymeria et Roy pour ne pas qu'ils soient blessés.
« Qu'allez-vous faire ? questionna Roy.
- La sceller, mais d'abord, j'ai besoin qu'elle soit immobile. »
Riza fut stupéfaite de voir trois murs de terre s'ériger du sol et enfermer la louve. Elle les démolit rapidement mais Roy enchaîna. Riza en profita pour préparer son enchantement. Elle allait répliquer sommairement le sortilège réalisé pour sceller la pierre maléfique. Après tout elle venait du même endroit donc il y avait moyen que cela fonctionne. Roy tâcha de tenir la louve occupée pendant ce temps-là. Ce n'était pas une mince affaire et il se sentait s'épuiser quand une aura blanche entoura Molo.
Il se tourna vers Riza et réalisa qu'elle avait retrouvé ses cheveux blonds. Une longue robe blanche voletait sur ses chevilles nues et les deux mains levées devant elle, elle paraissait concentrée.
Il y eut un flash lumineux et soudain, tout s'arrêta. Un calme assourdissant se répandit dans la plaine.
« Riza ! » appela Roy en clignant des yeux, ébloui.
Il ne voyait rien. Il parvint difficilement jusqu'à elle et comprit qu'elle s'était évanouie.
« Riza ? Riza ?! » appela-t-il en posant une main sur son cou.
Il sentait son cœur. Cela le rassura. Alors qu'il recouvrait la vue, elle revint à elle. Elle portait une tenue de voyage et semblait être de nouveau elle-même.
« Ça a fonctionné ? marmonna la jeune femme.
- Molo n'est plus là en tout cas. »
Riza se redressa difficilement, aidée par Roy, et croisa son regard. Elle lui sourit et se releva.
La plaine était vide. Riza s'avança vers l'endroit où se trouvait la louve auparavant et ramassa une carte. Lorsqu'elle se retourna vers lui, elle avait un sourire éblouissant.
« Nous avons réussi ! Merci de votre aide. Et toi Nymeria, c'est bien la première fois que tu me désobéis, mais j'en suis contente. »
La louve grogna et vint se frotter contre elle.
« Mais vous ne m'avez pas dit votre prénom ?
- Je m'appelle Roy, Roy Mustang. »
Elle fronça les sourcils et opina. Roy ? Mustang… C'était un nom étrange pour Azméra mais étonnamment, pas si étrange que cela pour elle. Elle n'eut pas le temps de se poser plus de question cependant car Dayron arrivait en courant, devancé par Této et Moon qui se jetèrent sur elle. Elle manqua de tomber et rit alors qu'ils se frottaient contre elle.
« Oui, oui, tout va bien. Merci de m'avoir aidée. Merci.
- Lady Riza ! Vous allez bien ? Que s'est-il passé ? »
Elle lui montra la carte avec un grand sourire et il le lui rendit en comprenant.
« Incroyable !
- N'est-ce pas ? Allez, rentrons à la maison. Nous avons bien mérité un peu de repos. »
Les chevaux arrivèrent à cet instant. Breda se retrouva sur Milo, Falman sur Lys alors que Havoc grimpait sur Moon, passablement inquiet. Dayron chevaucha Této sans problème tandis que Riza se tournait vers Roy et Nymeria.
« Vous avez l'air de bien vous entendre tous les deux. Je vais monter Black Fire avec Sir Fuery dans ce cas », fit-elle, taquine.
Elle invoqua le cheval et hissa Fuery sur son dos avant de monter derrière lui.
Roy se tourna vers Nymeria et la louve gronda. Oui cela ne lui plaisait pas.
« Si j'avais pu faire autrement, je l'aurais fait », se défendit Roy.
Elle détourna la tête mais lui montra son dos. Roy se retrouva bientôt sur la louve immense et ils se mirent en route.
« Alors, vous êtes des amis de Lady Adaline ? reprit Dayron en chemin, intrigué.
- Oui, répéta Roy, se demandant qui pouvait bien être cette Lady Adaline.
- C'est étonnant qu'elle vous ait invité à la rejoindre dans la forêt… »
Ils ne répondirent pas.
« Je suis Dayron Kehlsi au fait, également un ami de Lady Adaline j'imagine. »
Riza sourit, amusée, et Fuery installé devant elle se présenta à son tour.
« Kain Fuery. Merci de m'avoir soigné… Lady Riza. »
Elle opina, lui signifiant que ce n'était rien. Tous se présentèrent les uns à la suite des autres puis Moon feula.
« Oh et voici Moon, Této, désigna Riza. Sir Falman, vous chevauchez Lys et Sir Breda, Milo, le cheval de Dayron en réalité. Vous avez tous déjà compris qui était Nymeria, ajouta-t-elle alors que la louve grondait.
- Et… Black Fire ? questionna Fuery, les mains crispées dans la crinière du cheval ébène.
- C'est une carte magique, expliqua Riza. Je possède un jeu de cartes et chaque carte est différente. Je peux les invoquer et utiliser leurs pouvoirs. Vous avez vu Black Fire, la carte de l'élément du feu, ainsi que Raja, le tigre puissant, quand je vous ai sauvés la première fois de Molo. Sir Mustang, vous avez vu la carte de La Lumière lorsque j'ai scellé Molo.
- Et vous vous battez souvent ? demanda Havoc, se tournant vers elle.
- Certainement plus souvent que je ne l'aimerais, répondit simplement Riza.
- Et, où sommes-nous exactement ? » osa Breda, restant volontairement vague.
Riza prit le parti de répondre de manière précise, ne sachant pas d'où ils venaient.
« Vous êtes dans le royaume d'Azméra et nous longeons la forêt d'Arya, la déesse louve, la mère de Nymeria. »
Ils acquiescèrent en silence.
« Nous allons bientôt arriver, informa Dayron alors qu'ils arrivaient au niveau d'un grand pré. Laissons les chevaux ici. »
Ils descendirent et rentrèrent les chevaux dans l'enclos avant de continuer à pied, sauf Fuery qui restait sur Black Fire. Ils marchèrent le long d'un chemin et soudain, il y eut un cri de joie et Riza lâcha la bride du cheval. Avec un grand sourire, elle se mit à courir.
« Maman ! » s'écria une fillette en se précipitant vers eux, les bras tendus devant elle.
Une ribambelle de bébés renards-écureuil la suivait. Riza réceptionna Dayana en riant et la serra dans ses bras.
« Dayana ! Coucou ma chérie ! Oh comme tu m'as manqué ! »
La petite fille rigola alors que Riza l'embrassait. Avec ses longs cheveux blonds et bouclés, ils assumèrent de suite qu'il s'agissait bien de la fille de Riza. Moon et Této furent ravis de retrouva leurs bébés.
Puis, Riza reposa Dayana au sol et ils virent un homme descendre d'une sorte d'escalier suspendu qu'ils n'avaient pas repéré jusque là.
« Marco !
- Riza ! Nous avons eu peur ! » s'écria-t-il en venant à sa rencontre.
Il la serra contre lui et l'observa.
« Mais tu es blessée ?!
- Légèrement, ce n'est rien », assura-t-elle.
Ils avaient abandonné le vouvoiement et les Sir/Lady au fil de temps.
« J'ai croisé la louve maléfique. »
Ils le virent se raidir et un autre cri se fit entendre. Riza se détacha de lui et récupéra Alana dans ses bras. Elle rit en serrant la petite fille contre elle avant qu'elle ne file voir son grand frère. Riza sentit la présence de Decensa et grimpa les premières marches. Elle enlaça la jeune femme qui descendait de la maison. Decensa la serra contre elle avant de lui donner Hélios qui réclamait sa Maman bien sûr.
« Oh mon Hélios, mon amour. Ça fait si longtemps », murmura-t-elle en câlinant le bébé dans ses bras.
Entre temps, Dayron avait aidé Fuery à descendre et Black Fire s'était évanoui. Riza se retourna vers eux et redescendit.
« Oui, c'est vrai. Ce sont des amis d'Adaline.
- Des amis d'Adaline ? » répétèrent Marco et Decensa en cœur.
Il fallait dire que si Adaline avait des amis, aucun ne venait la voir dans la forêt. Riza confirma et les présenta avant de faire de même pour ses amis à elle.
« Voici Marco et Decensa. »
Elle appela Dayana à elle et posa une main sur son épaule.
« Voici Dayana, ma fille.
- Bonjour ! clama la fillette avec un grand sourire.
- Et voici Alana, ma petite sœur, informa Dayron, portant Alana dans ses bras.
- Et le petit dernier, Hélios, mon fils », fit Riza en s'avançant avec le bébé.
Il ouvrit ses grands yeux noirs sur les nouveaux venus et agrippa la tresse de sa Maman pour se rassurer.
« Tout va bien mon Hélios, fit Riza en caressant sa joue rebondie. Ce sont des amis. »
Puis elle se tourna vers les autres.
« Je pense que nous avons eu assez de voyage pour aujourd'hui. Je vous conduirai à Adaline demain si cela vous va. Vous resterez ici ce soir. À priori, nous avons assez de chambres si Alana dort avec Dayron et que tu acceptes de partager mon lit Dayana.
- Voui ! » s'écria la petite fille ravie.
Cela les fit rire. Dayana dormait de plus en plus dans sa propre chambre mais elle passait encore un grand nombre de nuits dans les bras de Riza.
« Ça m'en fait du monde à nourrir tout ça, réalisa alors Dayron avant de filer vers l'escalier pour préparer à manger.
- Je vais faire les chambres, décréta ensuite Decensa.
- Je vais vous faire visiter la maison », fit alors Marco.
Il s'avança vers Fuery et le prit sur son dos pour monter l'escalier. Pendant ce temps, Riza était agenouillée près de Dayana qui lui racontait à grand renfort de mouvements tout ce qu'elle avait fait en son absence.
« Vous avez plongé dans la cascade avec Marco ? » s'étonna Riza, levant un regard vers l'homme en question.
Il détourna le regard, gêné.
« Elle était dans mes bras, promit-il.
- Marco, reprocha Riza, ramenant Dayana dans ses bras. Elle est encore petite.
- Mais non Maman ! Je suis grande comme ça ! » fit-elle en levant une main le plus haut possible.
Cela fit rire Riza mais elle lui fit promettre de ne pas le refaire seule.
« Je le referai avec Tonton Marco alors ! » s'écria Dayana en courant vers lui.
Marco lança un regard à Riza et elle sourit, amusée.
« Assume maintenant. »
Puis, elle passa devant avec Hélios. Le bébé faisait coucou à toutes les nouvelles têtes qu'il croisait de ses bras.
La soirée défila à grande vitesse. Il fallait dire que toute l'équipe du Général passa par la case salle de bain avant de venir à table. Le repas fut délicieux. En même temps, ils avaient eu du mal à se nourrir dans la forêt et ils mourraient de faim. Ce fut aussi très bruyant. C'était visiblement une habitude, entre les petites filles, Marco qui parlait fort, Hélios qui babillait dans les bras de sa Maman et le nombre incalculable de bébés renards-écureuil qui gambadaient partout dans la maison, il y avait de quoi faire. En revanche, l'ambiance était bonne et chaleureuse. Ils se sentirent bien.
Après le repas, ils s'installèrent dans le salon et discutèrent devant la cheminée.
Dayron leur racontait leurs voyages, à leur demande, quand Marco soupira avant de se lever. Riza s'était assise comme bien souvent à même le sol, contre Nymeria pour allaiter tranquillement Hélios. Elle avait juste mis un châle sur ses épaules. Personne n'y avait trop fait attention avant que Marco ne remarque qu'elle s'était endormie, exténuée. Il récupéra le bébé et le donna à Decensa. Puis, il souleva la jeune femme dans ses bras.
« Je reviens », fit-il alors que Riza rouvrait les yeux.
Elle se laissa retomber contre son épaule.
« Je suis sûr que tu ne t'ai même pas soignée », marmonna Marco.
Elle grommela une réponse inaudible et ils disparurent par l'escalier.
Marco ne revint qu'un bon quart d'heure plus tard. Il récupéra une Dayana endormie contre Nymeria et un petit Hélios bien trop réveillé au contraire.
« Allez, il est l'heure pour les enfants de dormir, fit-il.
- Tu as entendu, Alana ? » reprit Dayron.
Elle protesta un peu mais finit par se laisser convaincre, emportée dans son frère. L'équipe resta donc seule avec Decensa.
« Mais, Lady Riza n'est pas mariée ? » en profita Havoc, qui ne savait pas trop comment aborder le sujet qui les intriguait tous.
Decensa ouvrit de grands yeux avant de rire.
« Oh non, non, pas encore… enfin… oui c'est particulier. Elle a recueilli Dayana après que son village ait été décimé. Pour Hélios… »
Son visage se ferma.
« Ses parents l'ont abandonné. »
Ils prirent un air grave. Voilà qui avait dû bouleverser Riza.
« Ce ne sont pas ses vrais enfants, mais c'est tout comme. »
Ils opinèrent, comprenant. Roy ne put s'empêcher de se sentir soulager. Elle n'était pas mariée. Par contre, il avait comme une sorte de mauvais pressentiment.
Eux non plus ne tardèrent pas à monter se coucher. Avec toutes ses émotions, ils étaient épuisés également. Havoc et Breda dormirent dans la même chambre. Falman et Fuery en prirent une autre tandis que Roy se retrouvait seul dans la sienne.
C'était à priori la chambre de Dayana s'il en jugeait par le décor et surtout les dessins qui ornaient les murs.
Dayana avait un bon coup de crayon pour son âge et il reconnut Riza sur la plupart des dessins. Elle avait parfois les cheveux d'une autre couleur mais l'aura jaune qu'avait dessiné la petite fille ne trompait pas.
Même s'il était fatigué, il eut du mal à s'endormir cette nuit-là. Tout tournait dans sa tête. D'accord, ils avaient retrouvé Riza. C'était déjà une bonne chose. Elle semblait aller bien. Cependant elle ne se souvenait pas d'eux et paraissait avoir refait sa vie ici. Que pouvait-il faire ? Avait-il le droit de lui dire que normalement elle était son Lieutenant ? Qu'il avait besoin d'elle ?…
Quelque chose lui disait que la dénommée Adaline pourrait l'aider et il essaya de se convaincre de cette idée.
Le lendemain matin, ils ne virent pas Riza en descendant petit déjeuner.
« Je vais vous amener à Lady Adaline », informa Marco.
Il manquait aussi Decensa et les trois enfants. Ils devinèrent qu'ils étaient certainement partis tous les cinq.
Comme convenu, Marco les mena à la maison d'Adaline. Ce fut encore un trajet compliqué. Il porta Fuery tout de long, sautant de racines en racines avec souplesse alors qu'ils le suivaient difficilement, manquant de glisser à chaque pas.
Adaline sortit de la maison lorsqu'ils arrivèrent dans la clairière. Roy fit la grimace. Qu'allait-il se passer maintenant ?
« Sir Marco ? Qui m'amenez-vous là ? questionna-t-elle, mains sur les hanches.
- Des amis à vous à priori.
- Des amis ?… »
Elle s'interrompit en croisant le regard de Mustang. Étonnement, Adaline comprit presque aussitôt.
« Oui, c'est vrai. Roy Mustang ? C'est cela ? » fit-elle en s'avançant vers le brun.
Riza lui avait parlé de ses yeux noirs, ses cheveux décoiffés. C'était lui et il était à Azméra. Elle en fut surprise.
« Merci Sir Marco. Nous avons plein de choses à nous raconter je pense. Par contre, c'est trop petit ici pour tout ce monde alors…
- Nous vous attendrons pour le dîner », coupa Marco en déposant Fuery.
Il lui souhaita une bonne journée et repartit. Adaline se tourna vers eux et fronça les sourcils.
« Mais comment avez-vous…
- Comme Riza j'imagine, répondit Roy. Vous connaissez mon nom ?
- Elle n'a pas perdu tous ses souvenirs d'un coup. Elle m'a longuement parlé de vous avant de vous oublier. »
Il ne savait pas s'il était heureux de l'apprendre ou pas. Elle lui avait parlé de lui mais l'avait oublié à présent…
« Vous n'auriez jamais pu venir ici… c'est incroyable, murmura Adaline.
- Pourquoi ? » interrogea Havoc.
Elle les fit entrer en voyant Fuery tenter de rester debout et leur servit une bonne tasse de thé.
« Vous n'êtes pas empreints de magie, voilà pourquoi. Pourtant, vous êtes là… Cela signifie qu'on vous a appelés et je suis sûre que c'est elle qui vous a appelés… »
Elle parlait presque pour elle et ils ne comprirent pas grand chose de ce qu'elle disait.
« La magie ne fait jamais rien par hasard, déclara-t-elle brusquement. Vous êtes là pour une raison. En attendant, vous ne pouvez pas révéler à Riza d'où vous venez ou votre lien.
- Pourquoi ? demanda Fuery.
- Cela va la bouleverser et… elle a refait sa vie ici. Si elle doit se souvenir, elle le fera. Je vais faire en sorte que vous restiez avec eux. »
Ils la remercièrent pour cela.
« Et Riza, comment est-elle arrivée ici ? interrogea Breda.
- Un peu comme vous je suppose. »
Adaline leur raconta son arrivée. Elle en était à leur rencontre quand elle se redressa soudainement.
« Elle arrive justement. »
Elle sortit et ils la suivirent à temps pour voir Nymeria bondir dans la clairière, Riza sur son dos.
« Bonjour ! » lança-t-elle en sautant au sol.
Ses longs cheveux blonds étaient tressés et agrémentés de fleurs. Visiblement, les petites filles s'étaient bien amusées ce matin.
« Adaline, fit-elle en la serrant contre elle.
- Riza. Merci d'avoir amené mes amis. Tu as quelque chose pour moi ? »
Riza opina et sortit un paquet de sa sacoche.
« Ce livre est étrange. Il y a une interaction magique entre lui et moi quand je l'ai touché. Méfie-toi. »
Adaline acquiesça et prit le paquet. Riza rejoignit l'équipe.
« Avez-vous bien dormi ? Les enfants se sont réveillés tôt ce matin et comme nous voulions vous laisser dormir, nous sommes partis nous baigner.
- Oui, c'était très calme », approuva Falman.
Les autres opinèrent et Nymeria vint frotter son museau contre Riza.
« Qu'y-a-t-il Nymeria ? s'enquit Riza en se tournant vers elle.
- Un message du clan des loups », fit-elle en dressant l'oreille.
Elle écouta.
« Des intrus sur leur territoire. Mais ce ne sont pas des villageois… Ce sont des hommes armés. Ils portent des uniformes gris…
- Je vais y aller alors. Qu'elle m'attende avant d'attaquer. S'ils sont armés… »
Nymeria opina et hurla sa réponse.
« Désolée Adaline, nous discuterons plus tard de ce livre. Passez une bonne journée ! » salua-t-elle avant de sauter sur le dos de Nymeria.
La louve disparut dans un bond et ils ne les revirent pas avant un moment.
Ils passèrent la journée chez Adaline et ce fut pour eux l'occasion d'en apprendre plus sur la vie de Riza ici et sur quel était ce ici d'ailleurs. L'enchanteresse leur parla d'Azméra, de ses coutumes, de l'empereur, sans entrer dans les détails. Elle savait que Riza avait l'intention d'aller à Boréalis dans peu de temps. Des activités suspectes avaient été repérées aux frontières et Mehdi souhaitait qu'ils en discutent de vives voix.
« Et Decensa a dit qu'elle n'était pas mariée, enfin pas encore… hasarda Havoc, qui décidément prenait tous les risques.
- C'est cela. Pas encore mais elle a des prétendants disons. Ou plutôt un prétendant déclaré et on ne peut plus sérieux. »
Tous se tournèrent comme un même homme vers Roy qui avait une main au menton, pensif.
« Qu'y-a-t-il ? questionna-t-il neutre.
- Alors vous n'étiez pas mariés… comprit Adaline. Elle n'arrivait pas à cerner les contours de votre relation lorsqu'elle m'en parlait. Mais je comprends mieux à présent… »
Roy sentit ses joues chauffer et toussa pour se redonner une contenance.
« Elle était mon Premier Lieutenant et ma meilleure amie je suppose.
- La magie ne vous a pas fait venir pour une relation de travail. Une amitié peut-être, qui sait… », fit Adaline en haussant les épaules avec un drôle de sourire.
Breda soupira alors.
« En fait, les relations plus que fraternelles disons sont interdites dans l'armée. Ceux qui bravent cet interdit sont jugés et emprisonnés. »
Adaline haussa les sourcils et se tourna vers Roy.
« Est-ce vrai ? Pourquoi ? »
Il lui expliqua un peu plus ce qu'il en était et l'enchanteresse comprit mieux la situation.
« Refouler ses sentiments n'est jamais bon, marmonna-t-elle. Je vous souhaite bonne chance en tout cas. Je ne sais pas où en est Riza. Elle ne m'en a pas parlé récemment mais je sais qu'elle réfléchit activement à la proposition qu'elle a eu.
- Une proposition ? répéta Fuery sans comprendre.
- Une demande en mariage. Si ses sentiments pour vous l'ont retenue ces dernières années, peut-être les choses ont-elles changé… »
Roy ouvrit de grands yeux. Une demande en mariage ? Ses sentiments pour lui ? Tout se chamboulait dans sa tête. Riza pouvait décider de rester ici ? Mais lui avait des choses à faire à Amestris, il ne pouvait pas… Et puis si elle était mariée à un autre homme…
Il passa une main dans ses cheveux et soupira.
« Allez, vous venez juste d'arriver, fit Adaline. D'abord, tâchons de vous trouver des vêtements plus appropriés que ceux là. Ils sont hors d'usage à présent. »
Les autres furent aussitôt de cet avis, laissant Roy perdu dans ses pensées.
Le soir venu, comme convenu, Adaline les ramena à l'autre maison. Riza n'était pas encore revenue. Ils mangèrent tous ensemble dans la joie et la bonne humeur. L'ambiance était peut-être un peu plus tendue que la veille dû à l'absence de Riza. Ils étaient inquiets.
Là, Adaline en profita pour leur demander si « ses amis » pouvaient rester ici un peu plus longtemps. Elle-même avait des choses à faire en forêt pendant les jours à venir. Ils n'y virent pas d'inconvénients et ce fut décidé.
Riza ne revint que trois jours plus tard. Il était tard et les enfants étaient couchés. Elle pénétra dans la maison et aussitôt Této et Moon lovés près de la cheminée, relevèrent la tête. Ils filèrent dans l'entrée et les autres surent qu'elle était revenue. Ils n'eurent pas le temps de se lever qu'elle apparut dans la pièce. Ses vêtements étaient déchirés et son regard fatigué.
« Que s'est-il passé ? fit Marco en la rejoignant, l'inspectant.
- Des soldats d'Asgora.
- Dans notre forêt ? » s'étonna Dayron.
Elle opina et passa une main sur son visage.
« Mais ce n'est pas tout… Ils n'étaient pas nombreux, mais… il y avait quelqu'un avec eux… un enchanteur qui m'a donné beaucoup de fil à retordre. Je ne l'ai pas affronté en face à face. Ils utilisent des astuces pour ne pas se mettre en danger. Il faut que j'en parle à Mehdi. À priori, ils ne reviendront pas dans la forêt. Nous devons avancer notre voyage et je dois prévenir Adaline.
- Elle n'est pas là, informa Decensa. C'est pour cela que ses amis sont ici.
- Je vais lui déposer une lettre alors. Je suis désolée mais j'aimerais que vous veniez avec moi. Je ne laisse aucun de vous ici dans ces conditions. »
Tous opinèrent gravement et elle leur dédia enfin un mince sourire.
« Vous venez aussi, informa-t-elle à l'intention de l'équipe du Général Mustang. C'est trop dangereux ici. »
Cela leur convenait très bien et personne ne protesta.
« Je vais vous faire réchauffer un plat, décréta Dayron en filant vers la cuisine.
- Non, ne t'embête pas pour moi, je… »
Son regard la fit taire et elle se retrouva bientôt avec une assiette bien chaude dans les mains. Assise à même le sol devant la cheminée, elle commença à manger.
« Mais où est Nymeria ? questionna alors Marco.
- Elle se nettoie », répondit simplement Riza.
Cela signifiait que du sang avait dû couler, beaucoup de sang.
Sans perdre de temps, elle écrivît une lettre pour Adaline et une autre pour Mehdi, l'informant de leur arrivée pour dans quelques semaines.
Cette nuit-là, Roy eut du mal à s'endormir, une constante ces derniers jours. Ils partaient le lendemain matin cependant et il voulait être en forme. Il décréta qu'une balade dans le jardin sur le toit lui ferait du bien. Seulement, il n'était pas le seul apparemment.
Assise sur un banc, les yeux rivés vers les étoiles, Riza était là. Elle portait Hélios dans ses bras et il devina qu'elle l'allaitait.
« Excusez-moi, fit-il en faisant demi-tour.
- Non, ne vous en faites pas, rétorqua Riza en rabattant son châle sur ses épaules. Vous ne parveniez pas à dormir ? »
Roy nia et la rejoignit finalement.
« Moi non plus… nous avons évité une guerre il y a quelques années mais j'ai dans l'idée que nous n'éviterons pas la prochaine.
- La guerre vous fait peur ? demanda-t-il.
- Non, je crois que ce n'est que justice. Adaline vous l'a sans doute dit, mais je ne viens pas d'Azméra. Je viens d'un autre monde et là-bas… j'ai dû faire des choses terribles pour que le poids de la culpabilité me suive ainsi… »
Il se raidit et ne répondit pas. Elle avait oublié ses souvenirs mais pas ça alors… Cela le bouleversa et l'horrifia. Même amnésique, ça la suivait.
« Ce dont j'ai peur, murmura Riza, c'est de les abandonner, tous les deux… Ils ont déjà perdu leurs parents, je n'ai pas le droit de leur faire ça… » souffla-t-elle, parlant des enfants.
Il eut envie de la serrer contre lui pour la réconforter mais il ne pouvait pas. À la place il posa juste une main attentive sur son épaule. Elle tourna la tête vers lui, surprise, et lui sourit. Il pouvait voir ses yeux briller.
« Je suis désolée, fit-elle soudainement. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça.
- Ne vous excusez pas. Je comprends ce que vous ressentez. J'ai vécu la guerre aussi et… je suis certainement aussi coupable que vous si ce n'est plus. »
Elle ouvrit de grands yeux et Hélios babilla. Roy se détourna le temps qu'elle se rhabille. Elle redressa le bébé dans ses bras et il leur dédia un magnifique sourire.
« Vous voyez, je ne peux pas l'abandonner, fit Riza en lui montrant le bébé.
- Non, c'est sûr, une bouille aussi adorable, ce n'est pas possible », sourit Roy en caressant la joue du bébé.
Hélios secoua ses petites jambes dans les airs, les faisant rire. Brusquement, Riza s'interrompit et se leva. Nymeria atterrit devant eux, faisant sursauter Mustang.
« Qu'y-a-t-il ?
- J'ai porté la lettre à Adaline et voici sa réponse.
- Merci Nymeria. »
Si Riza prit la lettre et commença à la lire, la louve se tourna vers Roy et plongea son regard dans le sien. Adaline était chez elle, non dans la forêt… elle souhaitait donc qu'ils restent avec eux… pourquoi ?
Roy ne détourna pas le regard et Riza soupira.
« Bon, elle va renforcer les sortilèges de protection et prévenir les différents clans de la forêt. Nous pouvons partir tranquille. »
Elle eut un sourire ensuite.
« Elle précise aussi qu'elle s'occupera de mon jardin. »
- Vous feriez mieux de vous reposer alors, gronda Nymeria.
- Oui tu as raison ma belle. Sir Mustang, je vous souhaite une bonne nuit. »
Elle posa une main douce sur son épaule et lui fit un clin d'œil avant de sauter sur une branche en hauteur. Il l'observa grimper vers la cime de l'arbre, apercevant la cabane au sommet, avant de sentir ses paupières se faire lourdes. Il eut juste le temps de redescendre avant de s'effondrer sur son lit et de s'endormir.
Le lendemain matin c'était le branle-bas de combat dans la maison. Ils eurent beau se lever tôt, tenter de s'organiser, ils ne partirent qu'à dix heures. Avec tous les bébés renards-écureuils, les enfants, les bagages, on pouvait dire qu'ils ne passaient pas inaperçus. Comme d'habitude, ils évitèrent les villes et villages. Ils s'arrêtèrent juste dans le premier pour acheter des chevaux afin que chacun ait sa monture. Si Dayron était en tête avec Decensa le plus souvent, Riza fermait la marche, aux aguets. Marco lui restait au milieu du groupe. Ils les sentaient sur leurs gardes.
Rejoindre Boréalis leur prit un temps fou, heureusement entre Dayron et Decensa, ils eurent le droit à toutes les histoires possibles sur Azméra. Si Dayron restait dans les traditions, les grandes histoires, Decensa leur raconta plutôt les histoires secrètes. Alana et Dayana semblaient bien habituées au voyage. Elle courrait souvent entre les chevaux ou chevauchaient avec respectivement Dayron et Riza. Hélios lui était dans une grande écharpe, lové contre Riza.
Ils ne firent aucune mauvaise rencontre et parvinrent un soir à la capitale. L'équipe de Mustang en fut impressionnée. Elle était immense et magnifique. Ils furent encore plus surpris de se diriger droit vers le palais. Ils savaient que Mehdi était un enchanteur, mais pas qu'il habitait au palais.
Prévenus de leur arrivée, Mehdi, Jude Pow, le gouverneur de Boréalis, et l'empereur les attendaient.
« J'espère que vous avez fait bon voyage ! » accueillit ce dernier, ravi de les revoir.
Il s'avança avec Mehdi vers Riza qui arrivait en bonne dernière.
« Un peu long mais ça été Majesté », répondit-elle en tendant Dayana qui somnolait à Mehdi.
Luan l'aida à descendre à son tour, la soulevant par les hanches. Il la reposa au sol devant lui et ils se sourirent.
« Ça faisait longtemps Riza.
- En effet, j'en suis désolée, répondit-elle, sincèrement heureuse de le revoir.
- Comment va Hélios ? » interrogea-t-il face au bébé dans ses bras.
Elle le lui montra tandis que Jude aidait les autres à mettre pied à terre, faisant emmener les chevaux aux écuries.
Roy ne perdit rien de l'échange entre Luan et Riza. Depuis quand avait-elle besoin d'aide pour descendre de Nymeria ?
Mehdi aussi semblait bien proche d'elle, discutant avec Dayana qui s'était réveillée dans ses bras.
« Mais vous venez encore plus nombreux que la dernière fois.
- Oui, fit Riza. Ce sont des amis d'Adaline. »
Elle fit les présentations et ils furent tous surpris et décontenancés en comprenant qu'il s'agissait de l'empereur d'Azméra. Celui-là même qui portait à présent Dayana dans ses bras, la petite fille étant ravie de le revoir.
« Rentrons alors, le dîner est servi. »
Tous le suivirent et le repas fut comme toujours bien animé. Tous semblaient habitués à être au palais et ils devinèrent qu'il ne s'agissait pas de leur première venue loin de là. Riza était assise entre l'empereur et Mehdi et ils discutaient tous les trois comme de vieux amis.
« Vous devez être fatigués », fit Luan à la fin du repas.
Dayana dormait déjà dans les bras de Riza et Hélios dans son couffin.
- Un peu, avoua Riza en se levant. Je vais aller coucher les enfants. »
Il opina et récupéra le couffin d'Hélios, apparemment décidé à l'accompagner. Cela ne surprit que l'équipe de Mustang, les autres souriant, amusés.
Roy eut un mauvais pressentiment. Qui était ce prétendant déjà ? Pourquoi n'avait-il pas demandé ?!
Dans le couloir, Luan mena Riza à sa chambre. Elle la connaissait, c'était toujours la même, mais cela leur importait peu. Il lui ouvrit la porte et elle installa Dayana dans son lit. Elle prépara Hélios pour sa nuit et le recoucha avant de rejoindre Luan qui l'attendait près de la fenêtre.
« Vous êtes fatiguée, je le vois bien, fit-il en prenant sa main dans la sienne.
- Oui, je suis surtout inquiète pour la suite des événements. »
Il opina gravement et gardant sa main dans la sienne, la guida vers la porte.
« Allons nous promener dans le jardin. »
Elle acquiesça et bientôt, ils se retrouvèrent tous deux à déambuler sous le clair de lune.
« Vous craigniez une guerre, n'est-ce pas ?
Oui, souffla-t-elle, et j'ai tellement à perdre cette fois… »
Il lui sourit doucement.
« Nous nous battrons pour protéger ceux que nous aimons. Il ne leur arrivera rien », assura-t-il, caressant sa joue.
Elle le laissa faire et frémit alors qu'il posait ses lèvres sur les siennes.
Quelques mètres plus haut, Roy se tenait crispé sur son balcon. Il aurait mieux valu attendre avant d'admirer la vue de sa chambre. Au moins, Adaline n'avait pas menti. Elle avait un prétendant sérieux et c'était l'empereur en personne.
Le lendemain matin lorsque l'équipe du Général Mustang arriva dans la salle du petit déjeuner, seul Dayron était là avec Alana, Dayana et Hélios.
« Où sont les autres ? questionna Havoc en se servant une grande tasse de café.
- Lady Decensa est allée voir ses proches dans le palais, Sir Mehdi avait quelque chose à dire à Sir Marco je crois et Lady Riza est partie très tôt ce matin avec l'empereur. Je suis de garde d'enfants comme vous pouvez le voir.
- Mais c'est quand que Maman va revenir ? demanda justement Dayana.
- Je ne sais pas ma chérie. »
Roy s'assit à table, d'une humeur massacrante.
Ils terminaient le petit déjeuner quand Mehdi et Marco entrèrent.
« Tonton Marco ! » appela Dayana ne se précipitant vers lui.
Il la réceptionna en riant.
« Dayana, tu as bien dormi ? »
Elle opina et posa la question du moment.
« Je crois qu'ils reviennent justement, répondit Mehdi. Tu veux qu'on aille les rejoindre ? »
Dayana acquiesça et prit la main que lui tendait Mehdi. Les autres ayant fini de déjeuner, ils décidèrent d'aller avec eux.
C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent tous dans la cour du palais, côté jardin.
« Tiens, regarde Dayana », fit l'enchanteur en désignant deux cavaliers.
La petite courut vers les chevaux alors.
« Maman !
- Dayana », répondit la cavalière.
Elle montait une sublime jument blanche, très élégante et racée. Elle était magnifique parée. Des bijoux étaient posés sur son poitrail et Riza ne dépareillait pas.
Elle portait une belle robe d'un rouge très doux, cintrée à la taille et libérant ses épaules. Ses cheveux étaient remontés en une coiffure complexe et agrémentés de bijoux.
C'est à peine s'ils la reconnurent lorsqu'elle arriva près d'eux. Elle ressemblait vraiment à une dame de la cour.
« Mais qu'elle est cette jument ? interrogea Marco.
- Un cadeau de l'empereur, fit Riza les joues rougies. Elle s'appelle Perle.
- Ouah ! s'écria Dayana. Elle est toute fine et elle a plein de bijoux. »
Cela les fit rire.
« Elle est très bien dressée aussi. »
Dayana tendit les bras vers sa Maman.
« Marco, tu veux bien l'aider ? » fit Riza.
Marco porta la fillette afin que Riza puisse la prendre sur ses genoux.
« Pourquoi tu montes comme ça ? questionna Dayana en se rendant compte que sa Maman avait les deux jambes du même côté.
- Parce que je porte une robe. Je monte en amazone.
- Parce que tu peux pas monter comme d'habitude ?
- C'est ça. C'est moins pratique avec une robe. »
Riza fit faire demi-tour à la jument et la mit au petit trot. Cela enchanta aussitôt Dayana. La jument trottinait souplement et on avait l'impression qu'elle était sur un nuage tellement sa démarche était aérienne.
Luan, juché sur son beau cheval blanc habituel, les observait avec un sourire.
« Vous avez une réunion dans une vingtaine de minutes, Majesté, rappela Mehdi.
- Je sais, Mehdi. »
Il gardait son regard fixé sur Riza pourtant.
Soudain, Dayana eut un éclat de rire. Riza venait d'invoquer Black Fire et avait donc changé de tenue pour pouvoir monter normalement. Bien à cheval cette fois, elle avait mis la jument au galop et Dayana rigolait dans ses bras. Riza revint vers eux et arrêta net la jument qui obéissait décidément très bien.
« Encore ! » s'écria Dayana en levant les bras.
Riza fit piaffer la jument avec élégance et cela amusa grandement la petite fille.
« Allez, déclara finalement la jeune femme. Je crois qu'un certain empereur a une réunion importante à venir. »
Elle sauta souplement de cheval avec Dayana dans ses bras et retrouva sa belle robe et ses cheveux blonds. Elle fit passer les rênes par-dessus l'encolure de Perle et Luan mit pied à terre également.
« Merci pour ce cadeau, Majesté, sourit-elle, caressant l'encolure de la jument. Elle est superbe. »
Il lui sourit, ravi.
Cet échange de sourires ce fut plus que Roy ne put supporter. Personne ne faisait attention à lui donc il s'éloigna simplement, reprenant la direction du palais.
Pourtant, alors que Riza repartait vers l'écurie, tenant Dayana par la main, les rênes de Perle dans l'autre, elle lui jeta un regard curieux. Cet homme l'intriguait. Il semblait porter un poids sur ses épaules, un fardeau qu'étrangement elle avait l'impression de comprendre. Elle se souvint de leur discussion sur le jardin du toit. Il ne faisait rien pour l'approcher mais depuis cet échange, elle se sentait liée à cet homme. Peut-être était-ce parce qu'il avait quelque part vécu la même chose qu'elle ou quelque chose de similaire. Personne n'avait remarqué son attitude du moment mais à chaque fois qu'il l'observait, elle sentait son regard onyx sur elle. Il avait quelque chose d'hypnotique et elle évitait de le croiser, elle qui pourtant aimait regarder les gens dans les yeux, lui semblait l'intimider. C'était presque surréaliste car peu de personnes réussissaient à l'intimider. Toujours est-il qu'elle avait senti sa désapprobation et puis plus rien. Elle avait compris en le voyant s'éloigner. Il n'approuvait pas sa relation avec l'empereur ? Ou alors le fait qu'ils soient proches alors que pas encore engagés ? Elle ne savait pas, ne parvenait pas à comprendre ce qui justifiait son attitude. Cependant, Dayana attira son attention et elle revint au moment présent.
Une centaine de mètres plus loin, Roy rentra dans le palais. Il marcha sans trop faire attention où et finit par se perdre mais cela avait peu d'importance. Perdu dans ses pensées sombres, il s'assit sur un banc dans un couloir désert et soupira.
Elle semblait si différente mais pourtant elle gardait la plupart du temps cette attitude neutre qu'il connaissait si bien. Pour Dayana, Hélios et Luan c'était différent. Les autres avaient le droit à un léger sourire, une petite marque d'affection, mais ces trois là non. Le plus évident était les enfants. Dès que Dayana ou Hélios étaient dans les bras de Riza, elle se métamorphosait et il la trouvait tellement belle. Elle rayonnait. Un sourire lumineux se dessinait sur son visage et ses yeux se remplissaient d'amour. Impossible de ne pas voir à quel point elle les aimait. Avec l'empereur c'était encore différent, plus tenu. Il la connaissait assez pour savoir qu'elle avait un penchant pour lui, si ce n'est plus. Il ne la pensait pas éperdument amoureuse de lui cependant. Cela signifiait qu'il avait encore une chance certes mais voulait-il la saisir ? Avait-il le droit, alors qu'elle semblait trouver le bonheur, de tout venir chambouler ?
Il en était là dans ses considérations quand une personne s'assit à côté de lui. Il releva la tête et fut surpris de croiser le regard de Decensa.
« Sir Mustang, salua-t-elle. Vous avez l'air en proie à de bien sombres pensées.
- Lady Decensa, oui j'avoue que… »
Il soupira sans savoir quoi dire. Oui il avait de sombres pensées en effet.
« Vous pensez à Lady Riza, je me trompe ? »
Il releva la tête, surpris.
« Vous l'observez depuis que vous êtes arrivé. Cela arrive souvent. Lady Riza est intrigante et très belle. Fascinante serait peut-être le bon qualificatif mais votre regard est différent je trouve… »
Roy était stupéfait. Oui il n'avait pas été le plus discret mais tout de même.
« Je n'arrive pas à comprendre si elle vous contrarie ou si au contraire vous l'aimez. Mais peut-être que c'était un coup de foudre et que cela vous contrarie ? » tenta Decensa.
Elle avait avancé ces propos plus pour le faire sortir de son mutisme qu'autre chose et s'il avait un peu mieux connu Decensa, il n'aurait pas répondu. Seulement, sa réflexion l'amusa.
« J'aurais tendance à dire aucun des deux mais peut-être que vous avez raison, peut-être me contrarie-t-elle ? Enfin, ce n'est pas elle qui me contrarie mais… »
Il se tut. Comment dire ce qu'il voulait dire ? C'était ce monde qui le contrariait. Cette vie qu'elle s'était refaite et il s'en voulait de penser cela. Heureusement qu'elle avait pu avancer, se relever, se trouver des amis, même plutôt une famille. Elle méritait cela et tellement plus.
Il soupira, portant une main à son front, et se souvint de Decensa.
« Oui, vous avez raison Lady Decensa. La vérité c'est que je l'aime. Je l'aime depuis si longtemps déjà. Ça fait partie de moi, je ne peux pas m'en défaire.
- C'est une enchanteresse, tempéra Decensa. Elle a un côté envoutant, concéda-t-elle mais en un mois, c'est… »
Il rit cette fois et secoua la tête.
« Non, vous ne comprenez pas. Mais ce n'est pas grave. »
Il s'était levé et Decensa se leva aussitôt.
« Qu'allez-vous faire ? »
Elle paraissait inquiète et il la rassura.
« Rien qui ne pourrait compromettre son bonheur. »
Il avait dit ça avec un sourire presque douloureux et elle comprit qu'il l'aimait vraiment. Elle opina gravement. Ainsi, le bonheur de Riza passait avec le sien. Quel homme…
« Nous devrions rejoindre les autres. Ils vont s'inquiéter de ne pas vous voir. »
Il approuva et Decensa le guida jusqu'aux quartiers où ils logeaient.
En effet, on avait apparemment envoyé des domestiques à sa recherche.
« Désolé, je me suis perdu en chemin. Heureusement que j'ai rencontré Lady Decensa, » s'excusa Roy.
S'il souriait d'un air léger, Riza pouvait voir la gravité de son regard. Elle l'observa quelque peu avant de sentir un autre regard sur elle et croisa les yeux bleu gris de Mehdi. Il paraissait intrigué. Elle lui sourit simplement avant de revenir à Hélios qui babillait dans ses bras.
Le reste de la journée défila tranquillement jusqu'à ce que Mehdi et Luan puissent s'entretenir avec Riza. Elle commença pour leur parler de Molo et de ce qui s'était passé. Mehdi avait reçu sa lettre pour la louve bien sûr, puis une seconde expliquant que la situation était réglée mais Riza n'était pas rentrée dans les détails. Elle le fit cette fois-ci avant de parler sa rencontre avec les soldats d'Asgora dans la forêt d'Arya. Une fois qu'elle eut tout raconter, ils semblaient tous les deux pensifs.
« Cherchaient-ils un autre trésor ?
- Je n'en sais rien. Quand je suis arrivée ils avaient trop offensé les loups pour qu'ils restent passifs plus longtemps. Le combat avait déjà commencé mais ils étaient assez nombreux et éparpillés. Ils avaient aussi des armes à feu. Un des fils d'Arya ne s'en est pas sorti. Cela les a mis dans une colère noire. D'une, ils profanaient un territoire sacré. De deux, ils abattaient la végétation pour pouvoir avancer. De trois, ils tuaient le moindre animal rencontré même s'ils n'avaient pas l'intention de le manger. Tuer Yuki fut une grave erreur… On aurait dit qu'ils provoquaient les loups exprès. Leur chef s'est fait dévoré rapidement par Arya elle-même et après, il a s'agit de les contenir. J'en ai interrogé quelques uns mais sans succès. Ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient là. Ils ont un enchanteur puissant de leur côté. J'ai eu affaire à ses sortilèges. Il ne se montre pas cependant. »
Riza soupira. Elle s'était sentie si impuissante.
« Sans surprise, les Asgoriens ne nous ont pas oubliés… marmonna l'empereur. Ils bougent aussi au niveau des frontières. Je pense que la guerre est proche. Toutes les lettres que j'envoie restent sans réponse et mon dernier envoyé n'est pas revenu encore. Je ne peux guère risqué de me placer en personne… »
Il semblait abattu.
La conversation qui s'ensuivit ne les mena pas à grand chose et quand Riza regagna sa chambre ce soir là son humeur était sombre. Ils n'étaient pas plus avancés et si la situation empirait apparemment de jour en jour, ils étaient toujours dans l'attente.
Puis, autre chose la troublait. Il y avait quelques semaines, elle était décidée. Elle avait décidé d'enfin donner une réponse à l'empereur. Une réponse positive bien sûr et cette décision l'avait apaisée. Elle en était heureuse mais tout avait changé depuis. C'était étrange et elle n'avait pas compris avant un moment que tout découlait de cet instant. Quand elle avait touché à ce livre, tout avait basculé. Elle ne l'avait pas remarqué de suite mais ses rêves étranges qu'elle avait fini par oublier étaient revenus. Elle voyait toujours le visage flou de cet homme, son sourire. Elle sentait son odeur, sa main sur son épaule. C'était tellement étrange. Ils semblaient même plus forts. Elle avait repoussé ses rêves le plus possible. Non ! Elle avait enfin décidé de tourner la page ! Il ne pouvait pas revenir la hanter maintenant. Elle s'était convaincue jusqu'à son arrivée au palais que ce n'était rien. Qu'elle l'oublierait à nouveau. Jusqu'à ce que Luan ne l'embrasse le soir dans le jardin. Elle avait eu une drôle de sensation et lorsqu'elle avait rouvert les yeux, Luan avait comme changé d'apparence. Elle avait dû attendre bien deux secondes avant qu'elle ne réalise qu'il s'agissait bien de Luan. Depuis, elle continuait d'essayer de faire comme si, mais cela ne fonctionnait pas. Non, elle ne pouvait pas faire semblant. La balade à cheval avait été très agréable mais quelque chose manquait. Son cadeau l'avait touchée bien sûr et elle aurait voulu se sentir transportée mais cela n'avait pas été le cas. Ce qu'elle ressentait pour l'homme de ses rêves était tellement plus fort et intense. Luan ne méritait pas ça. Il ne méritait pas d'être le second choix.
Autant dire qu'elle ne dormit que peu cette nuit-là. À l'aube, elle avait récupéré Hélios, réveillé également et s'était rendue dans le petit salon pour ne pas réveiller Dayana. Elle s'installa pour allaiter le bébé et observa le soleil se lever au loin. Elle était perdue dans ses pensées quand quelqu'un entra. Elle releva la tête et croisa un regard onyx.
« Sir Mustang, salua-t-elle doucement.
- Lady Riza, je suis désolé, je vais… »
Il fit mine de sortit mais elle le coupa, ramenant un châle sur ses épaules.
« Ne vous inquiétez pas et puis ce n'est pas la première fois. Vous êtes levé tôt.
- Vous aussi, nota-t-il.
- Je n'arrivais plus à dormir. »
Il opina et vint s'asseoir près d'elle.
« Moi non plus… C'est la guerre à venir qui vous angoisse ? J'ai cru comprendre que ce n'était qu'une question de temps avant qu'une guerre ne soit déclarée entre Azméra et Asgora. »
Il fut surpris d'entendre Riza rire.
« Oui, elle m'angoisse mais j'avoue que ce sont d'autres pensées qui ont troublées mes nuits. »
Il osa un sourcil et sans qu'elle ne sache pourquoi, elle eut envie de se confier à lui. C'était étrange comme elle lui faisait confiance.
« Vous ne devez pas être au courant, mais l'empereur m'a fait une demande en mariage il y a quelques années. Récemment, j'ai décidé de l'accepter. »
Et Roy sentit son cœur se briser. Son cerveau parut se déconnecter et il fut perdu de longues secondes, incapable de saisir le moindre mot de ce qu'elle lui disait. Elle allait lui dire oui, elle allait accepter sa demande. Il aurait dû être heureux mais c'était trop dur pour lui, trop dur…
« … C'est étrange je sais d'être si perturbée par des rêves mais je n'y peux rien… »
Roy cligna des yeux sans comprendre. De quoi parlait-elle ? Des rêves ?
« Enfin, je vous embête avec mes histoires.
- Pas du tout, assura-t-il. Répondre à une demande en mariage n'est jamais simple. »
Il n'avait rien compris de ce qu'elle avait dit et le regrettait amèrement à présent.
« Oui, c'est sûr. Je ne sais pas ce qu'en pensera l'empereur. »
Sur ces mots, elle se tut et Roy resta confus. Sa dernière phrase remettait tout en question. Si elle acceptait sa demande en mariage, l'empereur serait forcément content et il avait bien vu comment il la regardait. Il était fou d'elle.
Roy resta perdu dans ses pensées jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur une Dayana encore endormie.
« Maman ! s'écria-t-elle en se précipitant vers elle et en s'échouant sur ses genoux.
- Bonjour, ma chérie, fit Riza en la ramenant contre elle, près d'Hélios. Tu as bien dormi ? »
Dayana opina et Roy se sentit ému de voir Riza avec ses enfants dans ses bras. La jeune femme qu'il connaissait vivait constamment dans le remord et avoir des enfants auraient été, il en était sûr, un acte difficile à réaliser. Elle se serait sentie coupable, non méritante. Pourtant, Riza avait ses deux enfants contre elle et son air inquiet s'était effacé, laissant place à un sourire apaisé.
Elle releva la tête à ce moment-là et croisa son regard onyx. Si envoutant. Cela dura quelques secondes, courtes et longues à la fois. Roy Mustang l'intriguait décidément. Quel était ce regard tendre ? Ce regard étrange et familier…
Ils détournèrent le regard, presque d'un commun accord, et ce fut Dayana qui rompit le silence.
« Sir Mustang ? C'est vrai que vous êtes un guerrier ancien du feu ? »
Roy ouvrit de grands yeux.
« Un quoi ?
- Un guerrier ancien du feu, répéta Riza. Marco est un guerrier ancien de la terre par exemple et comme vous maniez les flammes avec une efficacité redoutable, Dayana pose cette question. J'avoue que je suis moi-même troublée. Vous ne possédez pas de magie mais vous faites des prouesses, alors comme faites-vous cela, Sir Mustang ? »
Il eut un triste sourire.
« C'est de l'alchimie. De là d'où je viens, certaines personnes pratiquent l'alchimie. On m'appelait l'alchimiste de flammes.
- Vous ne maniez pas que les flammes, nota Riza. Même si c'est ce dans quoi vous êtes le plus à l'aise, vous pouvez déformer la matière. Elle semble vous obéir. C'est assez incroyable. »
Il se retint de rire. C'était elle qui faisait des choses incroyables, pas lui, loin de là.
« L'alchimie est une science complexe qui est basée sur le principe de l'échange équivalent. Pour une chose donnée on en obtient une autre de même valeur, ce n'est que de la transformation de matière en soi. »
Riza fronça les sourcils.
« Mais comment faites-vous sans formule, ni sort écrit ?
- Oh normalement, l'alchimie se pratique à l'aide de cercles complexes. »
Il sortit un de ses anciens gants. Il en avait toujours un sur lui par réflexe, même si maintenant il n'en avait plus besoin.
Elle observa le cercle au dos du gant.
« Mais, disons simplement que j'ai une bonne mémoire et que mon corps a intégré toutes ses formules… »
Son air s'était assombri et Riza comprit que cela n'avait pas dû se faire simplement.
Mustang repensait à ce jour où il avait failli la perdre. Peut-être le pire moment de sa vie. Qui aurait dit que des mois ou des années plus tard, ils seraient là assis dans ce canapé, dans un palais luxueux d'un autre monde, Riza cajolant ses enfants.
« L'échange équivalent, murmura-t-elle. J'imagine que cet apprentissage a coûté cher… »
Il se redressa, surpris qu'elle ait compris aussi vite.
« Ma vue et il a surtout failli coûter la vie de la femme que j'aime », souffla Mustang sans pouvoir s'en empêcher, son regard plongé dans le sien.
Riza se sentit frissonner devant l'intensité de son regard. Pourquoi se sentait-elle si touchée soudainement ?
« La femme que tu aimes ? fit Dayana. Alors tu es amoureux. »
Roy pouffa devant sa candeur et opina.
« Et tu es marié ?
- Non, c'est assez compliqué, répondit-il seulement.
- Pourquoi ? demanda Dayana pour qui les choses étaient rarement compliquées.
- Déjà, elle ne sait pas que je l'aime.
- Dis-lui », rétorqua aussi sec Dayana.
Il secoua la tête.
« Je ne peux pas lui dire… elle est… trop loin de moi.
- Tu peux lui écrire ? »
Il nia et Dayana fronça les sourcils.
« Alors il faut la rejoindre ! »
Il soupira. Elle avait perdu la mémoire. Il avait beau l'avoir rejoint, cela ne changeait rien.
« Je crois bien qu'elle m'a complètement oublié maintenant Dayana. »
La petite fit la moue.
« Oublier ? souffla Riza en l'observant apparemment stupéfaite.
- Oui, confirma Roy qui ne comprenait pas son étonnement.
- Je ne pense pas, Sir Mustang, que vous soyez homme à être oublié », déclara-t-elle avec sérieux.
Il ouvrit de grands yeux, ne s'attendant pas à cela.
« Je vous assure que c'est pourtant le cas.
- La mémoire va lui revenir, assura Riza. Ce n'est pas possible qu'elle vous oublie complètement.
- Disons qu'il s'agit d'une sorte de sortilège, souffla Roy, la tête basse.
- Cette femme vous aimait en retour, n'est-ce pas ? »
Il opina sans un mot. Cela, il avait fini par le comprendre et l'admettre.
« Alors sachez que l'amour vient à bout de tous les sortilèges. Il lui faut certainement du temps », sourit-elle, voulant le rassurer.
Roy ne put retenir son rire à cette remarque. C'était tellement incroyable ce qu'elle lui disait là. Si vraiment elle retrouvait la mémoire, il devrait lui rappeler aussi ce moment qu'ils puissent en rire ensemble.
« D'accord, merci Lady Riza », répondit-il, apaisé par ses paroles.
Ils se sourirent et Dayana ronchonna. C'est-à-dire que la petite fille n'était pas la patience même et que l'idée d'attendre ne lui plaisait pas. Cela les fit rire et bientôt, il y eut du bruit dans les couloirs.
« Nous devrions rejoindre les autres pour le petit-déjeuner. »
Leurs regards se croisèrent une nouvelle fois, de longues secondes, avant qu'ils ne se lèvent.
Tellement de choses dans ce chapitre ! Est-ce que vous avez aimé ? Nous avons enfin le retour de Roy ! Je n'en dis pas plus parce que je sais que certaines lisent ce commentaire avant de lire le chapitre donc je ne spoile rien ahahah !
Des bisous !
