Auteur : Nebelhime, toujours

Sujet : Dir En Grey

Disclaimer : Depuis rien n'a changé, ces pauvres messieurs ne m'appartiennent pas (grand bien leur fasse)

Déclaration : Bah voilà, un second chapitre, d'un point de vue différent. J'aimerais vraiment que ça vous plaise, enfin voilà. Désolée pour avoir fait de vos idoles des humains incompris, renfermés et tout le reste .

Orchidée.

Chapitre 2.

Il y a des choses dont il vaut mieux ne pas se souvenir. Des instants des vie qui n'auraient pas du exister, et qu'on se doit d'oublier le plus vite possible. Surtout. Caressant distraitement la minuscule tête de son chien, Shinya sirotait nonchalamment son thé. La dernière répétition s'était plutôt mal passée, et il redoutait la prochaine, qui aurait lieu dans quelques heures à peine. On l'avait prévenu juste à la dernière minute, pour qu'il n'aie pas le temps de se dérober. Ou parce que depuis toujours, tout s'organisait à la dernière minute, à la va-vite. Ou encore parce que les différents membres préféraient penser de plus en plus à leur vie, leur propre musique, plutôt que de celles du groupe.

Shinya ne s'était pour ainsi dire jamais senti intégré dans ses différents groupes. Toujours en décalage. Trop rêveur, trop muet, pas assez consistant pour attirer les regards. Pourvu que la batterie soit grande, afin qu'on ne le voie pas trop. Même le chien qu'il s'était choisi était minuscule. Shinya n'y pouvait rien, mais il se sentait irrémédiablement petit. En vérité, le malaise de Kyo l'avait sincèrement remué. Lui, il le voyait depuis longtemps, ce risque, ce danger. Il l'entrapercevait déjà lors de l'enregistrement de Macabre, ce gouffre brumeux dans lequel les Dir en Grey commençaient à sombrer sans trop s'en rendre compte. Mais il se matérialisait de plus en plus sous leurs pieds. Comme le prouvait le fait que leur chanteur s'en soit rendu compte, à son tour.

Il y a des choses qu'on ne s'avoue pas. Cela remue trop les conventions, les idées bâties, les piliers qu'on s'est construit dans la vie. On a peur, que ça réduise tout en cendres, qu'on ne soit pas réellement prêt à parier sa vie et son image pour une passade. On hésite toujours à prendre de grands tournants dans sa vie … Pourtant Shinya, le jeune et timide Shinya l'avait fait plus d'une fois, caché derrière sa batterie. Mais peu importe, après tout …

Le jeune homme se saisit de son manteau et sans se donner la peine de nourrir Miyu, sortit dehors pour se diriger vers sa voiture, pour aller regagner la salle de répète. La neige crissait sous ses pas, jouant sa drôle de petite berceuse, la litanie silencieuse des ballets de flocons …

- Tiens bonjour Shinya ! Lança Toshiya en se dirigeant vers l'intéressé.

- Oui, bonjour … La salle n'est pas ouverte ?

Le bassiste haussa les épaules avec un petit sourire contrit.

- C'est Kaoru qui a les clés, et j'ai perdu les miennes …

- Ah … Fit distraitement Shinya.

Il se rappela qu'il n'avait jamais demandé de double de ce trousseau de clé promettant l'accès au local de musique. Ce n'était pourtant pas un manque d'implication de sa part. On ne le lui avait pas vraiment proposé non plus … Tous les autres en auraient-ils un ?

Il fut interrompu dans ses pensées par le bruit d'un moteur, et le cri de joie de Toshiya.

- Enfin ! Je croyais que nous allions mourir gelés de froid.

- Tu parles comme ce serait dommage, Toshiya ! Nous aurions pu enfin trouver un nouveau bassiste ! Lança une tignasse écarlate qui émergeait de la voiture.

Die accourut, et ouvrit en hâte la porte. Quand tous furent à l'intérieur au chaud, il prit la peine de saluer Shinya, et tous se mirent aussitôt à leurs instruments respectifs. Shinya gardait le silence, observant les deux autres musiciens. Ils ne semblaient pas beaucoup plus loquaces que lui, leurs répliques lui semblaient un peu redites, leurs rires un peu surjoués. Peut-être, peut-être pas … Il devait se laisser un peu trop aller à ses doutes, interprétant peut-être mal les sentiments de Kyo. Son esprit devrait être aussi silencieux que sa gorge. Se contenter de jouer. De donner ses idées de rythmiques à Kaoru. Sourire de temps en temps.

Il se rappelait du lycée. Un peu … On ne venait pas volontairement le voir. Encore moins les filles. Trop frêle, trop effacé, plus l'image d'un enfant égaré, hagard, plutôt que celle du presqu'homme protecteur qu'elles attendaient toutes. Musicalement, il aimait à la fois tout et rien. Cela dépendait de la personne avec qui il parlait. Comme il n'avait rien d'autre à penser, il travaillait. Au moins pendant ce temps là, il ne voyait pas qu'on se désintéressait de lui. Shinya était un gentil garçon. Il s'entraînait à la batterie et faisait ses devoirs. Rien de plus.

Puis ça avait changé, lorsqu'un jour, il s'état vu abordé par un petit échevelé, à moitié écervelé, déjà révolté par tout ce qui bougeait. Peut-être jouait-il d'un instrument et serait-il intéressé pour former un groupe ? Shinya se souvenait distinctement des mots qui étaient sortis de la bouche de Kyo lorsqu'il lui avait demandé pourquoi il avait pensé à lui.

« Je sais pas moi … J'avais entendu dire que tu faisais de la batterie, et … Quelque chose au fond des yeux qui dit que tu es plus vivant que les autres … »

Cette poésie superflue l'avait fait sourire sur le coup. Dehors, il neigeait toujours autant.