Voilà, deuxième chapitre ! Arrivé un peu vite, je commence à savoir où je vais, lol. En espérant que ça vous plaira. Bonne lecture !
Chapitre 2 : Lueur d'automne
Elle avait des larmes plein les yeux, et de la rancœur à lui en couper le souffle. Elle se sentait étouffée, la poitrine comprimée par trois années de mensonge. Elle s'était illusionnée elle-même et soudainement tout lui semblait insupportable. Le bonheur des autres, la cécité de Ron, la respiration à côté d'elle, la pièce, la maison, les sourires absents qu'on lui adressait dans la rue. S'efforçant de devenir respectable, elle avait oublié qui elle était. Soudain, comme si les couvertures lui brûlaient soudain la peau, elle se leva, fermement décidée de changer de vie et de retrouver chacun de ses souvenirs perdus. C'était sans doute idiot, un petit espoir débile et maladroit, mais …
- Loony ? Tu n'arrives pas à dormir ?
- Ecoute Ron, je dois partir.
- Qu … Quoi ? En pleine nuit ?
- Je t'expliquerais plus tard, lança-t-elle en jetant une cape sur ses épaules et en enfilant ses chaussures.
Le jeune homme la regarda partir d'un air ébahi puis finit par se laisser tomber dans le lit, ne sachant que penser.
On frappait violemment à la porte. Harry alluma la lumière, hébété, chercha d'une main incertaine ses lunettes sur la table de nuit et alluma la lumière. Dans un silence éphémère, il se demanda s'il n'avait pas rêvé. Mais des poings impérieux martelaient la porte.
Exaspéré, il se leva, enfila une robe de chambre et descendit ouvrir.
- Ron ?
Son ami attendait là, les cheveux en bataille, l'air égaré, haletant ;
- Que se passe-t' …
- C'est Luna !
- Luna ?
- Elle est partie, Harry !
- Partie ?
Il hausse les épaules et ajouta :
- Une simple dispute de ménage ? Ou elle voulait juste sortir ?
- Non non, tu n'en sais rien, répliqua Ron en fronçant les sourcils.
Il bouscula Harry et s'engouffra dans le couloir.
- Elle est préoccupée ces derniers temps, elle est bizarre, elle tourne en rond, ne répond plus quand je lui adresse la parole …
- C'est si grave que ça ? Grommela Harry en songeant que les problèmes de couple de son meilleur ami ne semblaient pas si graves pour le réveiller ainsi à trois heures du matin.
- Bien sûr ! S'indigna l'intéressé.
- Je veux dire, encore tu m'aurais réveillé dans l'urgence pour une attaque de Mangemorts, ou … Mais parce que Luna est partie faire un tour …
- Tu ne la connais pas, elle a toujours été un peu …
- Bizarre ? Ricana Harry. C'est ce que tout le monde s'est tué à te dire quand tu as commencé à la fréquenter.
Ron se tut et contempla le parquet. Il ne savait quoi répondre.
Une plume au bout des doigts, un parchemin à la main, Luna errait dans le vent froid d'octobre. Au gré des rues, elle traçait quelques mots sur un coin de la feuille et repartait, les yeux hagards, sans trop savoir où ses pas la menaient. Elle était peut-être, sans doute, un peu, beaucoup folle. Mais ça faisait du bien de n'avoir rien à penser, rien à jouer.
Elle finit par s'asseoir sur une balançoire froide qui grinçait un peu, au milieu d'un parc brumeux. Fredonnant toujours, elle réfléchissait à ce qu'elle pouvait faire, à ce qu'elle deviendrait. Qui elle appellerait. Ginny. Neville, un peu comme elle, gentil timide aux joues trop rondes qu'on évitait un peu. Des insignifiantes aux rires futiles, d'autres Serdaigles qui l'avaient déjà oubliée. Elle se sentait l'envie irrépressible de faire partager quelque chose, ce qui bouillonnait en elle, mais ne savait pas à qui s'adresser.
Quelqu'un s'approcha, ses pas doucement amortis par l'herbe blanche, la balançoire voisine répondit à celle qui se balançait mollement.
- Que fais-tu là ?
Luna se tourna vers Malefoy qui la dévisageait de son regard froid.
- Je songe, à ce que j'aurais du faire et penser, plus tôt …
Sous le regard insistant du jeune homme, elle ajouta :
- Alors que j'ai l'impression que tout autour de moi est un rêve. Des anciens camarades de classe ridiculement liés dans cette lutte, tous attachés ensemble, tous aveugles, tous …
Une larme tomba sur l'herbe, se gelant en minuscules particules de givre.
- Je comprends plus rien à tout ça …
Elle ne savait pas trop ce qui la poussait à se confier ainsi, en pleine nuit, à ce presque parfait inconnu. La scène lui semblait irréelle, alors que le grincement des balançoires résonnait dans le silence le plus lourd.
- Je crois que je peux comprendre, finit-il par lâcher, comme à contrecœur.
Etonnée, Luna leva la tête.
- J'ai beau combattre à leurs côtés, avoir renié mes origines, délaissé mes amis –si jamais j'en ai eu, mais ils me regarderont toujours de travers, je ressens une pression, sans cesse, sur moi … Enfin, je ne ferais jamais partie des leurs.
Elle étouffa une seconde larme.
- Entre autres, oui, murmura-t-elle.
Après un silence que seul le sifflement du vent venait briser, elle finit par ajouter :
- Tu viens souvent ici ?
- ça dépend … J'étouffe à force de vivre dans la même maison qu'eux. C'est absolument idiot d'avoir cherché ce rapprochement. Comme pour …
- Oublier tout ce qui se passe autour …
- Ouais …
Luna lui adressa un faible sourire et se leva, un peu gênée.
- En sachant cela, ce sera peut-être plus facile de le supporter. Je vais repartir, Ron va s'inquiéter …
Elle se leva et partit, le cœur un peu plus léger. Sans savoir pourquoi, elle se tourna vers Malefoy, toujours assis, pensif, sur sa balançoire, en un tableau semi comique, semi inquiétant.
- Tu sais, plus tard, je voudrais écrire des histoirespour faire rêver les gens …
Elle s'éloigna avec un léger sourire jouant sur ses lèvres, sans même attendre de réponse.
Malefoy sourit à son tour dans le noir. Soudain, son regard fut attiré par quelque chose dans l'herbe. Il se pencha et ramassa un bout de parchemin où quelques mots avaient été maladroitement tracés.
Sous les saules en pleursSous les implacables
Sous les Ailleurs fades,
Les contes un peu trop grisâtres
Les idéaux déchiquetés
Sous les saules en pleurs.
