Pairing : (j'avais oublié, honte à moi !) ces personnages ne m'appartiennent pas, ils sont bien sûr à Mme J.K Rowling.
Auteur : Nebelhime
Perso principal : Luna Lovegood (« une aura de folie douce »)
Déclaration de l'auteur : Cela fait un moment que je n'ai pas actualisé et mis de nouveaux chapitres. Je gardais ce dernier dans mes tiroirs en attendant de pouvoir le relire. Finalement, je vous le livre comme ça, tout brut. Merci à Demoness Lange pour sa review.
Voilà bonne lecture à vous.
Chapitre 4 : Grains de café
Enveloppée de l'odeur du café qui passe, la main droite agrippée à sa tasse fumante, Luna contemplait le minuscule typhon de ténèbres que provoquait le mouvement incertain de sa cuillère. Elle jeta un coup d'œil distrait dehors. Dehors, la pluie battait rageusement le pavé, implacable. Le ciel lourd semblait prêt à écraser le monde …
- Fais un peu plus attention à ce que tu fais, je te prie, lui souffla Ron.
Elle se redressa brusquement, comme réveillée en sursaut au sortir d'un long rêve et le regarda d'un air hébété. Quelques gouttes noires luisaient sur la table, et Ron la regardait d'un air désapprobateur. Le discours d'Hermione résonnait toujours dans la grande pièce, elle distinguait à nouveau les rumeurs des conversations, les bruits imperceptibles des respirations.
- Sois un peu plus attentive, soupira-t-il d'un ton exaspéré.
- Ah, euh … Oui, bien sûr, balbutia-t-elle.
Ravalant difficilement sa salive, elle ajouta d'une voix un peu tremblante :
- Excuse moi, je suis un peu fatiguée, ces temps-ci …
Le jeune homme fronça les sourcils et reporta son attention sur le discours qu'Hermione continuait à tenir, montrant de sa baguette des parchemins voletant à travers la pièce. Elle sentait les regards posés sur elle, plus lourds à chaque fois. Elle se sentait toujours plus mal à chacun de ses rassemblements, se noyant dans l' atmosphère poisseuse et étouffante qui régnait.
- Que penses-tu, Luna, de cette décision ? Retentit soudain la voix de Harry, alors qu'il dardait sur elle un regard pénétrant.
La jeune femme se sentit défaillir. Elle n'avait absolument rien entendu, n'entendait absolument rien, toute entière dans les quelques mots qui dansaient encore dans sa tête, dans le néant du café où elle s'abandonnait volontiers.
- Eh bien, nous pensons … Commença Ron, précipitamment.
- Je n'ai pas dit « vous », Ron, et je connais parfaitement ton avis sur la question, répliqua Harry. C'est Luna que je veux entendre.
- Je … Murmura la jeune femme.
Les mots ne parvenaient pas à ses lèvres. Pas encore prête à renier son quotidien, plus en mesure de le vivre non plus … Elle sentit la main de Ron se saisir la sienne et la serrer, mince réconfort qui la fit trembler davantage.
- Ecoute Harry, c'est ridicule, tu vois bien que Luna, ces temps-ci, est un peu … Fatiguée. On n'est quand même plus en classe, pour que tu exiges une réponse comme ça, arbitrairement.
- On croirait entendre Rogue… Siffla une voix traînante de l'autre côté de la table.
Luna regarda tour à tour Harry, soufflé, et Malefoy, qui fixait le jeune homme, impassible. Elle serra à son tour la main de Ron.
- Comment … Comment oses-tu ? Fit Harry.
- Bref, il serait peut-être temps de … Dit Hermione d'une voix un peu trop forte.
- De conclure, en effet, Continua Ron.
Il se leva, entraînant Luna, suivi d'Hermione. Malefoy fit de même, quittant délibérément des yeux Harry comme s'il n'était plus digne d'intérêt, et s'approcha de la troupe. Avant de sortir, Avant de franchir la porte, Luna l'entendit lancer auprès de Harry, toujours immobile sur son fauteuil :
- Je ne voulais pas disons … T'atteindre à ce point. Juste pour dire que ta conduite envers elle me semble un peu exagérée … Chacun a ses hauts et ses bas, hein …
Elle sourit doucement et se serra un peu contre Ron, lui chuchotant pour eux deux :
- Merci de m'avoir défendue …
Elle marchait dans la rue, un sac pendouillant à son épaule. Il lui fallait presser le pas. Elle voulait passer son après-midi à la bibliothèque, dans le calme et le bruit des pages qu'on tourne discrètement. Les maisons défilaient de chaque côté de la route, ternes, grises, à l'image du ciel, à l'image de l'asphalte. A l'image de tant d'êtres calfeutrés derrière leurs fenêtres, contemplant l'existence derrière une vitre floue. Aimant à discuter avec leur reflet déformé. A l'image de leurs regards éteints lorsqu'ils arpentent les rues. Un carnet recroquevillé dans une de poches perdues du sac, une plume froissée et un peu mordillée perchée sur l'oreille. L'épisode de la matinée la hantait. Elle réalisait parfois que les regards des passants lui étaient adressées. Elle se concentrait alors sur la mélodie fictive qui ornementait son chemin, et feignait de les oublier. Après tout, elle n'avait fait de mal à personne.
Elle se trouva enfin devant le grand bâtiment de pierre de la bibliothèque et sourit distraitement à Draco qui l'attendait là. Celui-ci lui répondit par un bref signe de la main et entra sans demander son reste. Luna accéléra le pas et pénétra à son tour dans la grande salle aux murs recouverts d'étagères pleines à craquer. Elle saisit un grimoire de rhétorique au passage et s'assit en face du jeune homme. Elle s'immergea immédiatement dans l'étude des lettres et des runes. Après un silence, la voix de Draco s'éleva doucement dans le silence ambiant.
- Tu vas ?
Sans lever les yeux du livre, elle haussa les épaules.
- Peut-être, et toi ?
Il avança le bras, mit le doigt sous le menton de la jeune femme et l'obligea à relever la tête.
- J'aime bien qu'on me regarde quand je parle.
- Il y a des pays où c'est considéré comme une insulte …
- Cela t'arrange bien, n'est-ce pas ?
Elle le fixa avec insistance jusqu'à ce qu'il se sente obligé de détourner le regard.
- Sans doute …
Il changea de sujet.
- Ce matin ?
- Oui, j'attire des ennuis, et pas uniquement à moi. J'avoue, je ne parviens plus à me concentrer.
- Est-ce au moins au profit de quelque chose ?
Elle sortit de son sac un minuscule morceau de parchemin, et le lui tendit. Après avoir lu avec difficulté les quelques phrases griffonnées dessus, il fit :
- Au moins, oui …
- Je devrais étudier, lança-t-elle en se replongeant dans son grimoire.
Sans un mot, il se leva et s'assit à côté d'elle. D'un coup de baguette magique, il fit apparaître deux grandes tasses de café.
- J'avais cru voir que tu n'avais pas pu boire la tienne ce matin, ajouta-t-il, un petit sourire jouant sur ses lèvres.
Elle répondit à son sourire et, tandis qu'il se penchait à son tour sur le grimoire, reprit sa lecture.
Il était une jeune fille au sourire toujours un peu plus triste que les autres. L'été, elle courait vers le parc, sa jupe plissée battant sur ses genoux, les joues rosies par le vent, deux pétales de fleurs posés sur ses pommettes hautes. Comme une farce malicieuse du printemps lui-même. Ses yeux brillaient quand de sa baguette de bois sombre se déversaient des étincelles d'or et d'argent. Il était une jeune fille qui se réfugiait toujours sous l'arbre mort, le dimanche matin et qui, à l'aurore, notait secrètement de son carnet quelques phrases impertinentes. Le nez au vent. Il était une jeune fille aux yeux couleur de lune. Il est une jeune femme aux paupières scellées, au regard balbutiant, à la lumière vacillante …
