Il y avait vraiment du beau monde, songea Gilda en entrant dans le grand salon de réception. Et, à son grand soulagement, sa propre famille ne semblait pas en être. Du coin de l'œil, elle pouvait apercevoir Kingsley Shaklebolt accompagné de son épouse, Heidi. Celui-ci faisait mine de surveiller le ministre Cornelius Fudge qui se pavanait au milieu de l'assistance, lui aussi accompagné de sa femme.
Si Gilda méprisait un peu le ministre, elle éprouvait à l'égard Filia Fudge des sentiments plus cléments car elle la savait avisée, bien que plutôt discrète.
Pour le reste, d'éminentes familles étrangères se mêlaient aux anglaises et on pouvait remarquer la présence de nombreux jeunes majeurs dans l'assistance. Voilà qui en disait long sur les objectifs de nombreuses familles…
Gilda avait espéré passer au moins le début de la réception avec Severus, mais sa déception fut un peu amère lorsqu'elle se rendit compte qu'il n'avait visiblement pas l'intention de rester en sa compagnie.
Sitôt qu'ils furent entrés, Lucius Malefoy la présenta à une tablée plutôt nombreuse où s'étaient notamment assises Mesdames Parkinson, Zabini, Flint et Goyles, ainsi qu'une jeune personne du nom d'Aconit Rosier qui avait fini ses études deux ans plus tôt.
Puis il s'éloigna avec le Maître des Potions pour « parler affaires », prenant la jeune femme quelque peu au dépourvu.
Tandis que Gilda regardait à regret les deux hommes se diriger vers l'autre bout de la salle de réception, où s'étaient regroupés une dizaine d'hommes qu'elle savait peu recommandables, la fille Rosier s'était approchée d'elle, sûrement heureuse de trouver quelqu'un d'un peu plus jeune que le reste de la tablée.
Les autres femmes placées non loin d'elles avaient toutes au moins dépassé la quarantaine. Et si madame Zabini restait d'une beauté aussi extrême que fatale, bien qu'un peu venimeuse aux yeux de Gilda, celle-ci n'en était pas moins au courant qu'elle avait plus de cinquante-cinq ans.
Toutes celles qui étaient assises ici, ou presque, avaient des enfants à Poudlard songea Gilda qui se rappela soudain l'hypothèse de Severus.
Il avait peut-être raison après tout, même si elle avait à présent la très désagréable impression d'avoir été jetée en pâture aux fauves.
Les mères d'élèves lui jetèrent en effet toutes le même regard courroucé et celui de madame Zabini fut sans aucun doute le plus haineux (en même temps, elle avait déjà collé deux fois le jeune Blaise pour absence de travail et insolence). Toutefois, aucune des femmes n'osa véritablement la prendre à partie. Mrs Flint s'inquiéta simplement du fait que son fils n'obtienne que de mauvaises notes en Histoire de la Magie :
- Malheureusement, lui répondit la jeune femme. Le dernier devoir à faire pour le professeur Binns n'a jamais été rendu. Quant-à celui sur les implications des sorciers dans les deux guerres mondiales du siècle, il était incomplet. Je pense qu'il a manqué de temps, faute d'avoir anticipé suffisamment. Mais il semble en avoir pris conscience et nous verrons bien la semaine prochaine s'il a su prendre une autre méthode de travail.
Gilda pensait pouvoir se permettre de se montrer rassurante. Marcus Flint étant l'un des rares Serpentard à travailler avec un minimum de sérieux et à écouter en classe, une amélioration de ses résultats pouvait en effet s'espérer.
Mrs Flint acquiesça, assez satisfaite et Gilda se tourna vers Aconit Rosier, la seule qu'elle n'aie encore jamais eu le déplaisir de côtoyer et qui se montrait un peu plus avenante que les autres.
Il s'agissait d'une jeune femme très menue et vraiment pas grande, avec de longs cheveux d'un blond cendré un peu terni et de petits yeux verts. Le moins qu'on pouvait dire était qu'elle n'était pas véritablement jolie, sans avoir l'air d'un monstre non-plus, et surtout qu'elle paraissait extrêmement fatiguée.
A même pas vingt ans, la chose était d'ailleurs plutôt inquiétante.
Des cernes épaisses se voyaient en effet sous son maquillage, et la pâleur de son teint ainsi que sa maigreur alarmante frappaient l'œil. Gilda glissa toutefois sur ces détails qu'elle se contenta d'observer avec circonspection, tout en parlant de tout et de rien avec la jeune fille, surtout de rien à vrai dire.
La soirée commença à s'étirer, entre argumentations parfois stérile avec plusieurs parents d'élèves, et tentatives pas beaucoup plus fructueuses d'engager la conversation avec Aconit.
Seule Mrs Parkinson se montra relativement réceptive, reconnaissant volontiers que sa fille « avait tendance à dépasser les bornes et à se laisser influencer ». Gilda se surprit d'ailleurs à prendre plaisir à converser avec elle lorsqu'elle se joignit à la discussion assez plate qu'elle avait avec Aconit Rosier.
Malheureusement, cela ne dura guère car Mrs Zabini ne tarda pas à monopoliser la parole et Gilda retint avec peine un soupir d'ennui.
Mrs Zabini représentait décidément tout ce qu'elle détestait chez un parent d'élève…
Pendant ce temps et sans qu'elle ne se doute de rien, un homme d'une quarantaine d'années parmi les plus élégants de la soirée l'observait à la dérobée, à demi dissimulé par un petit four et un verre de Wisky pur-feu bien dosé.
Il s'agissait bien entendu d'Ignacius Malefoy et son examen dut lui sembler satisfaisant car, au moment du bal, il vint se présenter devant Gilda pour l'inviter à danser. Interrompant au soulagement de la jeune femme, le long monologue de Mrs Zabini sur le statut de surdoué incompris de son fils.
-Voulez-vous bien m'accorder cette danse? Demanda t-il à la jeune femme qui ne dissimula pas sa surprise d'être si rapidement invitée et ouvrit grand les yeux sous l'effet de l'étonnement.
Ignacius Malefoy ne connaissant pas le nom d'épouse de Gilda et ne sachant pas comment le remplacer, la formule d'invitation s'en trouvait tronquée. Toutefois la jeune femme accepta son bras d'un signe de tête accompagné d'un sourire et ils se mirent en place pour la première valse.
Immédiatement, le héros de cette cérémonie songea en lui-même que cette femme là présentait décidément très bien...
...Et Gilda, que son cavalier faisait vraiment vieux-beau même si au premier abord il semblait plutôt sympathique...
Mais où diable était donc passé Severus?! Vraiment, elle aurait pu le tuer pour l'avoir abandonnée dans la cage aux fauves tout à l'heure !
