Gilda Marty disparue dans la nuit épaisse au bras de celui qui aurait normalement du être son cavalier pour la soirée, si lui-même ne s'en était pas mêlé, Ignacius Malefoy resta pensif sur le perron pendant plusieurs minutes. Il se sentait d'humeur assez mélancolique pour tout dire et resta d'abord totalement indifférent à la présence de Narcissa qu'il devinait pourtant derrière lui.

Si Narcissa jugeait bon de le surveiller, elle s'inquiétait pour rien car il se sentait presque comblé après la soirée qu'il venait de passer. Cette état de tristesse et d'incertitude ne pouvait être que passager et du à la fatigue.

Comme il l'espérait après tout, il avait trouvé en cette cavalière exactement ce qu'il cherchait, ce après quoi il courrait désespérément depuis plus d'un an, lorsqu'il avait enfin décidé de se ressaisir et de refaire sa vie.

Gilda Marty était avisée, sobre, naturelle… Et également très belle, ce qui n'était pas une donnée négligeable à ses yeux. Elle était tout ce qui lui fallait, à lui et aussi à Eris.

Cette femme deviendrait son épouse, il le voulait et il s'en faisait le serment mais restait maintenant à la convaincre. Ou faute de quoi, à la persuader. Il devait bien s'avouer en effet que l'issue de cette soirée était plus qu'incertaine.

Cela dit, on ne refusait pas la proposition d'un Malefoy.

- Je t'ai connu beaucoup plus subtil Ignacius, dit soudain sa belle-sœur derrière lui.

Il sursauta, coupé net dans ses pensées vagabondes, l'estomac se resserrant d'un cran au passage, et il se tourna vers Narcissa qui était restée debout derrière lui, immobile mais le fixant tout de même avec insistance et d'un air vaguement inquiet.

- Et toi, je t'ai connue plus libre, répliqua Ignacius qui ne souhaitait pas la laisser prendre l'ascendant sur lui si facilement. Tu n'as laissé personne t'inviter à danser de toute la soirée.

La sorcière se rembrunit et il sut qu'il avait visé juste :

- Tu sais que Lucius n'aime pas cela, répondit-elle avec honnêteté. Mis-à-part avec toi et encore, il n'accepte pas facilement que je danse avec d'autres hommes que lui.

- Certes, admit Ignacius en lui renvoyant une moue sceptique. Mais ce soir Lucius était occupé à fixer deux choses : Gilda Selwyn et moi.

Canaille, il se permit même d'ajouter :

- Et de toute manière, tu sais aussi bien que moi qu'il n'aurait rien trouvé à redire au fait que tu danses avec le vice-président de l'Assemblée luxembourgeoise, bien au contraire…

- Par Merlin ! Cela plus jamais !

Narcissa avait souri d'un air affreusement dégoûté et, nerveusement, elle se mit soudain à rire en rougissant sous l'effet de la gêne. Ignacius l'imita aussitôt, très content de son trait d'esprit et surtout du fait que celui-ci ait fait mouche.

Fort heureusement, l'honorable dignitaire du Benelux, surtout très connu pour ses émanations corporelles, n'était pas présent ce soir-là et c'est donc assez tranquillement qu'ils pouvaient s'en moquer avec sa belle-sœur.

Pourtant, Narcissa n'était pas du tout décidée à lâcher prise contrairement à ce qu'il avait espéré et, ayant repris son sérieux, elle le sermonna gentiment :

- En vérité, dit-elle sans lui cacher sa déception. J'espérais que tu aurais le bon sens de m'inviter pour une valse ou deux, avant de devenir trop insistant…

C'était dit, et Ignacius sentit comme un poids tomber dans sa poitrine. Au delà de la culpabilité qu'il ressentait soudain vis-à-vis d'elle, le regard de sa belle-sœur ne laissait aucune place au doute quant-au fond de sa pensée.

- Tu penses vraiment que je l'ai lassée, n'est-ce pas ? Répondit-il en comprenant avec rage qu'il avait fauté.

- Je crois surtout que tu es le seul à ne pas l'avoir remarqué sur le moment, répondit-elle avec douceur.

Elle avait beau chercher à le ménager, Ignacius se sentait à présent complètement idiot, pire : Ridicule. Penaud et comme un enfant pris en faute, il baissa la tête pour ne pas qu'elle voit à quel point il rageait contre lui-même.

Narcissa s'approcha sans rien perdre de son air profondément inquiet :

- Est-ce que cette femme t'a à ce point tourné la tête ? Demanda t-elle alarmée. Ou bien ta maladresse de ce soir a t-elle une autre raison ?

Ignacius resta un instant silencieux, cherchant vainement le moyen de se tirer d'affaire mais face à Narcissa le cœur du sujet était terriblement délicat à aborder.

Il finit par botter en touche, surtout afin d'éviter d'avoir à répondre à la seconde question :

- Elle est vraiment… Très bien, souffla t-il. Je ne m'étais pas trompé. Si tu voyais comme elle danse…

- J'ai eu tout le loisir d'observer cela puisque j'ai passé la soirée à vous observer, répliqua Narcissa. Ainsi que d'apprécier son habile stratagème visant à mettre fin à votre duo… Que tu as habilement déjoué je dois dire.

Il eut un faible sourire contrit en comprenant que ce qu'il avait pris pour une tentative de charme était en fait une véritable manifestation de contrariété. Comme quoi, « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis » ne s'appliquait peut-être pas à toutes les situations, ou en tout cas, pas à toutes les femmes.

- Sa conversation est vraiment intéressante… Poursuivit Ignacius, fermement décidé à ne pas dévier sur un autre sujet plus gênant. Toi, tu lui as parlé de Drago, pas vrai ?

- Oui, admit Narcissa d'une voix mesurée, à son tour un peu gênée puisque le comportement de son fils en classe n'avait rien d'excusable. C'est son professeur alors je ne pouvais pas vraiment faire autrement, surtout avec les résultats de mon fils…

- Et ? Demanda Ignacius, ravi que les questions changent un peu de camps.

- Il est vrai qu'elle semble compétente dans son métier, répondit Narcissa d'une voix légèrement accablée. Ce n'est pas Binns qui aurait pu en dire autant je dois dire.

Ignacius acquiesça et répliqua avec dégoût :

- Quand je pense que cette vieille loque sera restée en tout près de cent-dix ans à Poudlard… Sans même être capable de parler de la montée au pouvoir de Gellert Grindelwald puisqu'il était mort avant… Mais comment ont-ils pu le garder si longtemps ?

- Dumbledore… expliqua Narcissa d'une voix aussi méprisante que consternée.

- Dumbledore n'y est pour rien sur ce coup-là, rétorqua Ignacius. Après sa mort à l'époque de Dippet, Binns dépendait de toute manière du Ministère puisqu'il était un fantôme. C'était à eux de l'expuls…

Il s'interrompit à cette idée. Le simple fait de penser qu'un tel sort puisse être réservé à un fantôme le répugnait profondément. D'autant que, de toute évidence, c'était bien ce qui s'était produit.

- Bref, dit doucement Narcissa pour dissiper son malaise. Un problème bien insoluble. Mais les élèves n'ont pas l'air en de si mauvaises mains à présent, même si ce n'est pas la nomination idéale.

- Drago a déjà convenu que le cours était intéressant lorsqu'il se donne la peine d'écouter, fit remarquer Ignacius à sa belle-sœur. La méthode est bonne, l'enseignement intéressant et sans scandale, les élèves progressent… Ton fils ne devrait rien trouver à y redire.

Cela, Ignacius le savait très bien puisque c'était lui qui s'était chargé par courrier de morigéner le jeune homme après son travail non rendu quelques semaines plus tôt, Lucius ayant épuisé son capital crédibilité sur cette affaire.

Il soupira à ce souvenir pénible… Ce garçon n'était pas mauvais mais, sans son arrogance si mal placée, il aurait pu être tellement pu brillant…

Quant-à Lucius, Ignacius ne le remerciait pas de l'éducation aussi bornée que lacunaire qu'il avait donnée à son fils, et qui aboutissait à ses yeux à un sacré gâchis.

Drago était en train de devenir une vraie brute doublé d'un fils à papa roublard, fréquentant des élèves serviles et ne se confrontant guère au monde réel. Devenu adulte, il y avait fort à parier qu'il tomberait de haut.

Cela Ignacius n'en doutait pas une seule seconde et il pouvait en témoigner d'autant mieux qu'il avait déjà eu l'occasion d'apprécier le résultat de l'éducation à la Lucius, la nuit de la Coupe du Monde de Quidditch…

Et franchement, il ne souhaitait cela à personne, pas même à son pire ennemi.

Mais déjà, Narcissa revenait à la charge sur le sujet si délicat qui les concernait tous les deux, visiblement bien décidée à le tirer de sa mélancolie quitte à devoir le bousculer et le mettre très mal-à-l'aise :

- Es-tu prêt pour demain soir ? Lui demanda t-elle soudain, non sans anxiété.

Ignacius se raidit à ses paroles et lui renvoya un regard aussi scandalisé que surpris. Le brusque revirement de sa belle-sœur avait de quoi déstabiliser quiconque, et il montrait de plus qu'elle était fermement décidée à aborder LE sujet.

Mais non, il n'était pas prêt, pas même à en discuter avec Narcissa cette nuit.

Alors pourquoi fallait-il qu'elle évoque maintenant et avec lui cette future rencontre qu'il redoutait plus que tout et dont il pouvait si difficilement parler, même avec elle ?

- Je ne sais pas Narcissa, finit-il par répondre après un temps d'hésitation qui ne pouvait tromper personne sur le véritable fond de sa pensée.

Après toutes ces années, Ignacius savait qu'il aurait du passer l'éponge et prendre un peu de recul. Mais même aujourd'hui, il n'était pas du tout sûr de pouvoir pardonner aux trois évadés ce qui s'était passé cet autre soir-là... même si cette réception à l'issue dramatique qui hantait ses souvenirs avait eu lieu près de quinze ans plus tôt.

- Tu n'as pas la moindre envie de les voir, pas vrai ? Devina sans peine Narcissa.

Ignacius secoua la tête à la négative, il se sentait terriblement tendu rien qu'à l'idée de retrouver ses trois anciens amis, presque malade d'angoisse et de dégoût et Narcissa aurait du le comprendre. Elle le connaissait par cœur après tout, même mieux que Lucius pour tout dire.

- Pourquoi donc Ignacius ? Demanda cependant la sorcière à présent très inquiète.

- Parce que je leur en veux encore, répondit t-il avec froideur. Je pourrais les tuer pour tout ce qu'ils ont fait, et pour m'avoir déshonoré ainsi qu'Hortense.

Il hésita un instant, puis osa ajouter :

- De plus, pour être parfaitement honnête, j'ai peur.

- Tu as peur ? Demanda Narcissa. De quoi ? Lucius dit que l'endroit est sûr et...

- Je crains le pire pour Eris, la coupa Ignacius qui peinait de plus en plus à contenir sa colère. Elle n'a que cinq ans et elle n'a que nous… Quant-à moi je n'ai plus qu'elle. Si jamais je me retrouvais une seconde fois impliqué dans leurs actes, je ne pourrais jamais me le pardonner.

D'un peu plus, il en aurait pleuré et c'est avec la sensation d'avoir un étau dans la poitrine qu'il s'assit sur un des bancs du perron, titubant presque sous le poids des souvenirs. A côté de lui, il avait le vague sentiment de Narcissa se sentait désemparée.

En lui-même, il faisait face depuis plusieurs années à sa rancune vis-à-vis du trio de mangemorts.

Pour dire vrai, il leur en avait toujours voulu depuis cette soirée fatidique à la fin de l'année 1981. Mais longtemps il ne l'avait pas assumé, occultant le souvenir, interdisant formellement qu'on en fasse mention devant lui et fuyant toute discussion à ce propos.

Il se murmurait alors qu'il était sorti extrêmement traumatisé de l'événement et cela faisait qu'autour de lui personne n'en parlait, si ce n'est à voix basse. Sa réputation de fragile s'en était trouvée renforcée à un point difficilement imaginable mais tant pis, Ignacius ne désirait pas prouver quoi que ce soit de toute manière. Au moins on le laissait tranquille dans son coin, pour le moment du moins.

Jusqu'à l'arrivée d'Eris, un telle situation lui convenait parfaitement : oublier, faire comme si tout cela n'avait jamais existé et profiter de la vie avec insouciance, accompagné de sa femme. Cependant, lorsque la fillette était née au beau milieu de l'hiver 1990-91, Hortense et Ignacius avaient senti que le passé les rattrapait malgré tout, et de la plus ironique et insidieuse des manières.

Seuls, porter le poids d'une accusation de complicité d'un crime quel qu'il soit s'était déjà révélé très pénible, surtout pour Hortense. Mais chargés d'un enfant cela aurait été insoutenable tant l'idée de faillir à leur devoir de parents pouvait les effrayer.

Aussi, ils s'étaient évertués à assainir leurs relations et Ignacius par exemple n'avait plus jamais mis un seul pied dans l'Allée des Embrumes (il le faisait déjà très peu à l'époque mais se l'autorisait tout de même de temps en temps, dans le cadre de sa passion pour les tapis volants).

Depuis la mort d'Hortense deux ans plus tôt, et surtout après avoir vécu avec Lucius (mais pas à ses côtés) les événements dramatiques de la Coupe du Monde de Quidditch, Ignacius vivait dans la peur du lendemain. Il se sentait terriblement seul pour faire face à la tragédie qu'il sentait arriver au plus profond de lui.

Quant-à expliquer son état de ce soir, c'était encore une autre histoire :

Les trois Lestrange, dans le temps, avaient compté parmi ses meilleurs amis, pas seulement Rabastan qui était son meilleur ami de Poudlard, le couple Lestrange également.

Ils avaient partagé leurs vies de jeunes adultes appartenant à l'élite, ils avaient ri et pleuré ensemble, vécu la même difficulté à fonder une famille bien que ce soit pour des raisons différentes… Jusqu'à ce jour terrible où le véritable visage du trio s'était finalement révélé.

Oui, il s'était senti trahi et pris au piège, lorsque s'étant interposé entre les aurors et eux en toute bonne foi, il avait découvert avec horreur l'ampleur de leurs crimes et était ainsi tombé de terriblement haut.

Même s'il n'avait passé que quelques heures en cellule et qu'il soupçonnait qu'avec cet histoire d'Imperium les Lestrange avaient réussi à sauver sa peau, l'événement lui restait en travers et Ignacius savait que cela le suivrait jusqu'à la fin.

Et il était d'autant plus secoué qu'il avait également été proche des Londubat, côtoyant Franck à Poudlard (ils avaient même révisé des ASPICS ensembles) et Alice au Ministère de la Magie, notamment un jour où, tout jeune homme, il avait du plaider de longues heures pour pouvoir récupérer son tapis persan, après que celui-ci ait atterri malencontreusement dans le jardin d'une moldue et n'ait vraisemblablement décidé de… Se battre avec le linge qui était étendu non loin.

Alice Londubat l'avait sermonné quant-à l'interdiction d'usage et de réparation « maison » de ces objets, puis lui avait expliqué avec une maîtrise du sujet rarement égalée que s'il mélangeait les écheveaux persans d'origine aux afghans que l'on trouvait actuellement sur le marché noir, il fallait craindre ce genre de réaction incongrue et que son tapis développe un caractère effroyable.

« Autant faire appel à un vrai professionnel et respecter la loi » avait-elle conclu sur un ton sentencieux.

« Oui, oui, oui... » avait pensé Ignacius en retour.

Il n'avait pas la moindre intention d'obtempérer, pourtant le savoir de l'auror lui avait été plus qu'utile afin de ne plus répéter les mêmes erreurs à l'avenir (par contre, les écheveaux persans étaient sacrément chers!).

Il était presque sûr, à présent, que sur le fond Alice Londubat ne le désapprouvait pas tant que cela. L'interdiction des tapis volants était tellement idiote que la majorité des sorciers était contre et que la pratique clandestine était très répandue. De plus, cet épisode cuisant avait été le seul incident dans lequel Ignacius s'était retrouvé impliqué, alors qu'il pratiquait depuis qu'il était tout jeune.

Alice Londubat avait ainsi fait preuve de beaucoup d'indulgence et pour cela il lui en était resté très reconnaissant… Alors apprendre que des amis proches aient pu détruire sa vie sans aucun scrupule l'avait totalement anéanti.

Comprendre qu'ils n'en éprouvaient aucun remord n'arrangeait pas les choses en leur faveur et il ne ressentait plus que du dégoût à leur égard. Cependant, il était coincé à présent et dans le contexte actuel, refuser de les voir aurait rimé à se mettre en danger de la plus bête des manières. Car s'il n'était pas leur allié, il deviendrait forcément un ennemi.

À présent et après toutes ces années passées à essayer d'oublier, puis d'assumer comme il le pouvait, après avoir eu Eris et perdu Hortense, Ignacius se sentait complètement terrifié à l'idée de se retrouver face aux Lestrange. À cet instant, il aurait même tout donné afin d'éviter qu'ils ne reviennent dans sa vie, horrifié à l'idée qu'ils puissent un jour influencer Eris et la mettre en danger.

- Les as-tu revus ? Demanda t-il à Narcissa, déjà mal rien qu'à l'idée d'entendre la réponse.

- Oui, répondit la sorcière, le visage tout aussi grave.

Il lui renvoya un regard interrogateur et elle hésita un instant avant de poursuivre, Le visage soudain triste :

- Bellatrix est devenue très instable, Azkaban ne l'a pas du tout arrangée et elle… Rodolphus seul parvient à la canaliser et à prévenir ses crises.

- Ses crises ? Demanda Ignacius.

- Oui, répondit Narcissa. Des crises de colères où elle n'est plus elle-même… Des moments où elle ressemble à un animal aussi, tellement elle ne sait plus se comporter… J'ai peur pour elle Ignacius…

- Et moi j'ai peur pour ma fille !

C'était fait, Ignacius avait fini par le dire enfin. Galvanisé par son audace, il ajouta sur un ton presque désespéré :

- Je ne veux pas qu'elle soit mêlée à leur retour ! Je veux qu'elle ait une enfance sereine et qu'elle devienne ensuite une adulte respectée et solide… Elle a déjà assez souffert comme cela, elle n'a plus de mère… Je ne veux pas que qui que ce soit vienne la perturber davantage.

Narcissa l'observait, le visage pâle et même horrifié. Mais qu'à cela ne tienne, Ignacius était déterminé à ne pas se laisser imposer quoi que ce soit et il ajouta :

- C'est pour cela que j'ai véritablement besoin de Gilda Marty. Ma fille a besoin d'une femme qu'elle puisse considérer comme sa mère, une vraie et pas n'importe laquelle…

- Et tu ne penses pas que quelqu'un d'autre que Gilda Marty pourrait également faire l'affaire ? Demanda Narcissa sur un ton presque ironique.

Comprenant qu'il ne serait pris au sérieux par personne, Ignacius s'empourpra de colère et répliqua :

- Honnêtement, est-ce que tu vois Aconit Rosier dans ce rôle ?

- Je… Je n'en sais rien ! Répondit Narcissa déstabilisée par sa soudaine véhémence.

- Moi j'en sais quelque-chose et la réponse est non ! Non, non, non et non ! Je ne peux pas… Avec tout ce qui se passe je veux quelqu'un de solide à mes côtés !

- Ignacius, je t'en supplie calme-toi ! Répondit Narcissa en jetant un regard alarmé aux alentours.

Heureusement et du fait du froid mordant de cette nuit d'hiver, ils étaient totalement seuls, personne ne se trouvait dehors pour être témoins de la panique et de la colère d'Ignacius.

Narcissa essaya de le rassurer tant bien que mal :

- Je comprends que tu craignes que ma sœur, son mari et son beau-frère ne reviennent mettre le désordre dans ta vie. Nous le craignons tous à vrai dire.

- Il y a de quoi en effet, fit-il remarquer d'une voix aigre.

- Cela dit, je pense qu'ils sont assez lucides sur leur situation pour ne pas nous mettre en danger.

- Si on se fie à ce qu'il s'est passé la dernière fois que je les ai vus…

Ignacius n'était pas convaincu et Narcissa qui semblait désespérer un peu à présent lui répondit :

- De toute manière dans la position où se trouvent les Lestrange, hors de question qu'ils se mêlent de quoi que ce soit dans ta vie ou celle d'Eris. Nous en avons parlé figure-toi, même Bellatrix convient sans peine que tu dois être épargné à tout prix…

Comme si cela devait représenter le point final qui permettrait de le rassurer, elle ajouta :

- Eux aussi n'ont jamais oublié ton… Geste.

Mais Narcissa était allée trop loin, abordant un terrain plus délicat que ce qu'elle semblait penser. Ignacius lui rétorqua presque sèchement :

- Je suis persuadé qu'ils ne resteront sans doute pas toujours dans « cette position-là » comme tu le dis si bien !

La sorcière resta douchée par son agressivité si inhabituelle et il se sentit aussitôt un peu coupable, mais pas question de reculer pour autant. Maintenant qu'il était lancé, il tenait à se montrer franc :

- Narcissa, ajouta t-il comme elle faisait mine de ne pas comprendre. Tu sais aussi bien que moi ce qui se trame. Sûrement même le sais-tu bien mieux.

- Je ne sais pas grand-chose tu sais… Tenta t-elle de lui répondre.

Mais il la coupa sans scrupule, poursuivant sur le même ton agressif :

- Lorsque le Seigneur des Ténèbres sera au pouvoir, les mangemorts ne vivront plus dans la clandestinité. Bellatrix, Rodolphus et Rabastan retrouveront toute leur aura et ils auront les mains libres.

Cette simple perspective le remplissait de terreur. Tout en fait dans la situation lui donnait du souci et il savait que Narcissa avait également très peur, quand bien même elle s'efforçait de le dissimuler.

Mais pour dire totalement vrai, ils étaient l'un autant que l'autre remplis de terreur, depuis cette terrible soirée de la Coupe du Monde où la situation avait dégénéré sur le camping. Ils en garderaient le souvenir à vie, ils le savaient tous les deux.

D'ailleurs, c'est l'esprit perturbé et accompagné de cette même terreur qu'il se coucha cette nuit-là, après le départ de l'ensemble des invités, et après avoir mobilisé tous ses efforts pour continuer à faire bonne figure malgré l'état d'agitation profonde dans laquelle sa conversation houleuse avec Narcissa l'avait plongé.

Faire bonne figure, il en était capable. Cela faisait des années qu'il donnait le change. D'ailleurs ce soir-là il exécuta encore plusieurs danses avec sa belle-sœur une fois revenu à l'intérieur et tous les deux s'efforcèrent autant que possible de faire oublier leur absence incongrue.

Enfin, Lucius daigna prendre le relai auprès de Narcissa et Ignacius put s'isoler lui-même un peu, mais guère longtemps car il lui fallut bientôt saluer les invités qui quittaient les lieux les uns après les autres.

La nuit était déjà très avancée lorsqu'il rentra enfin chez lui et se retira dans sa chambre, après être allé vérifier qu'Eris dormait bien dans la sienne. Il savait parfaitement qu'autrement Jaody n'aurait pas manqué de l'alerter, et il faisait pleine confiance au vieil elfe pour prendre soin de sa petite fille (il refusait que sa mère s'en charge trop souvent), mais c'était plus fort que lui.

Et le fait que son esprit soit aussi inquiet ce soir-là à propos d'Eris jouait certainement dans ce besoin compulsif qu'il avait de veiller sur elle.

Enfin, déshabillé et prêt à se coucher, il s'assit sur son propre lit et les pensées sombres qu'il avait peiné à mettre de côté le rattrapèrent aussitôt. Malgré son épuisement, il sut qu'il ne dormirait pas cette nuit-là, ou guère.

Lorsque livré à la solitude il s'autorisait à être honnête avec lui-même, Ignacius s'avouait sans peine qu'il redoutait plus que tout le retour du Seigneur des Ténèbres, ainsi que les conséquences que celui-ci ne manquerait pas d'avoir sur la société sorcière. Il s'avouait sans difficulté qu'il détestait ce sinistre individu, même s'il ne se permettait de le dire à personne, pas même à Narcissa et quand-bien-même elle était aussi bonne occlumens que lui, si ce n'était meilleure.

D'aussi loin qu'il se souvienne et depuis sa jeunesse, il avait toujours craint pour sa famille qui était proche des mangemorts de longue date. Au départ il avait surtout peur pour sa mère et son père qu'il craignait de voir arrêtés alors qu'il n'était qu'un enfant, puis pour son frère et la famille de celui-ci.

Même la chute du Seigneur des Ténèbres n'avait pu le libérer de cette peur, car Lucius avait poursuivi ses malversations, se pensant de toute manière en totale impunité. Il avait cependant déchanté trois ans plus tôt, lorsqu'il s'était heurté à Albus Dumbledore en personne.

A ce moment-là, Ignacius n'aurait pris sa défense pour rien au monde s'il avait du être poursuivi.

Enfin aujourd'hui, c'était pour lui-même et Eris qu'Ignacius craignait le plus, car il devinait que les luttes pour les faveurs du Seigneur des Ténèbres seraient sans merci dans la société sorcière anglaise, dès l'instant où celui-ci se révélerait au grand jour.

S'il arrivait au pouvoir, chacun chercherait à lui plaire et tous les rapports de force seraient remodelés pour le pire.

Et dans une société régie par le Seigneur des Ténèbres, même de manière indirecte, Ignacius savait déjà qu'Eris serait un enjeu de taille. Elle était son unique héritière puisque sa fille unique, et si ce qu'il devinait quant-à la raison pour laquelle les Lestrange voulaient le voir s'avérait vrai, elle deviendrait peut-être leur unique héritière à eux aussi…

Autrement dit, le meilleur parti féminin des sorciers de Sang-Pur en Europe, ou presque.

Il devait bien y avoir une famille française, espagnole ou russe pour la concurrencer. Enfin il l'espérait même si cela ne changerait pas grand-chose de toute manière.

Car dans tous les cas, et de par sa position sociale stratégique, Eris perdrait définitivement le droit de choisir et ne serait plus qu'un pion sur l'échiquier du Seigneur des Ténèbres. Elle ne pourrait pas faire autrement que le servir et celui-ci n'aurait aucun scrupule à l'utiliser à sa guise pour affermir son pouvoir, ou pour l'étendre.

Or, Ignacius savait parfaitement ce qui arrivait le plus souvent aux pions : on les sacrifiait. Et cela il ne pouvait l'accepter, même si depuis longtemps il savait qu'il aurait du prévoir une telle possibilité. Eris était sa fille et en aucun cas il ne pouvait accepter un tel avenir pour elle.

Il ne voulait pas qu'elle se retrouve dans la même situation que beaucoup d'enfants de Sang-Purs, à accepter une vie de compromis sans être heureuse.

De plus, il savait depuis le départ que tout ne serait pas simple pour Eris, loin de là. Dès la naissance de la fillette en effet, et surtout pour respecter la tradition familiale, Hortense et lui avaient consulté un visionomeur afin de donner un prénom approprié à leur bébé.

Bien entendu, ils n'avaient rien laissé au hasard dans la démarche et celui-ci n'était autre que l'illustre Andréas Ikenokos : rien de moins que le plus reconnu des voyants européens, oracle suprême du Centre divinatoire de Delphes qui avait d'ailleurs également officié pour Drago.

Peu de familles pratiquaient encore ce rite mais, pour tout Malefoy qui se respectait, c'était un passage obligé au moins depuis le seizième siècle. Les Visionomeurs faisaient partie d'une ancienne tradition de la communauté magique européenne qui se faisait de plus en plus rare à l'heure actuelle mais qui survivait encore dans de nombreuses vieilles familles.

Le rôle du Visionomeur était de prédire le futur et la personnalité d'un enfant, en échange d'une grosse quantité d'or, et enfin de suggérer un prénom adapté à celui-ci.

Depuis la chute de Grindelwald, ce qui était au départ une simple tendance s'était généralisé jusque dans les plus anciennes familles. Beaucoup de parents préféraient à présent que leurs enfants choisissent par eux-mêmes ce qu'ils voulaient faire de leur vie, sans être influencés par quoi que ce soit. Et ils ne souhaitaient pas savoir à l'avance ce que leur enfant deviendrait, choisissant alors de donner simplement à leur enfant un prénom qu'ils aimaient ou qui rendait hommage à un proche, le plus souvent décédé.

En somme, c'était bel et bien les mœurs moldues qui tendaient à remplacer la culture sorcière autour du choix des prénoms depuis quelques décennies. Ignacius était très partagé à ce sujet. Il n'approuvait pas, bien entendu, mais il comprenait la démarche et ne jugeait pas les couples concernés, même les sang-purs.

Il était bien trop souvent arrivé que des parents regrettent amèrement la consultation d'un Visionomeur, soit parce qu'elle s'avérait un fiasco total, soit parce qu'ils auraient préféré n'avoir jamais entendu les prédictions sur le destin ou la personnalité de leur descendance. Et les conflits, refus de payer ou autres étaient de plus en plus fréquents, signe que la pratique commençait sérieusement à prendre du plomb dans l'aile.

Pour tout dire, Ignacius lui-même avait profondément souffert de la pratique lorsque le moment de nommer sa fille était arrivé. Il se souvenait encore avec horreur de l'affreuse séance avec Ikenokos.

Pas que le mage ait été odieux ou malhonnête, là-dessus il n'avait absolument rien à lui reprocher. Au contraire, il s'était déplacé immédiatement bien qu'il doive traverser l'Europe, et il avait fait preuve de la plus grande correction à leur égard ainsi que d'un professionnalisme sans faille.

Après s'être fait raconter les circonstances particulièrement tendues de sa naissance, Ignacius se souvenait l'avoir vu regarder longuement la minuscule petite fille, constater sans mot dire sa pâleur et sa maigreur qui les avaient tant effrayés eux aussi, et même laisser échapper un semblant de sourire lorsqu'elle avait attrapé son doigt avec détermination.

- Elle sera très belle, avait-il dit sans afficher le moindre doute.

C'était vrai, songeait Ignacius, vrai quoique inattendu. Eris même à son jeune âge était déjà d'une grande beauté dont on devinait sans peine qu'elle n'avait même pas encore atteint son apogée. Mais, le jour de la venue d'Ikenokos, personne n'aurait pu le prévoir ni même l'espérer, tant le bébé faisait peine à voir et donnait de l'inquiétude au couple.

Pourtant Ikenokos ne s'était pas trompé. Après quelques semaines, leur fille ressemblait à n'importe quel poupon de carte postale, et aujourd'hui à cinq ans c'était une charmeuse de première sous ses dehors sages. Elle étincelait de santé, alliait joie de vivre, conduite réfléchie et attitude presque irréprochable pour son âge. Même son intelligence vive et profonde ajoutait encore à sa beauté et Ignacius ne se lassait pas de la regarder.

Depuis quelques mois, il avait entrepris de lui apprendre à jouer aux échecs et c'était un bonheur de la contempler en train de se concentrer pour essayer de comprendre les rouages du jeu (elle maîtrisait déjà les dames, l'awalé, les dominos et le Memory).

Pour tout dire, au départ les prédictions d'Ikenokos les avaient totalement comblés :

- Ce sera une grande sorcière, avait-il en effet annoncé. Elle aura un rôle important dans notre monde et elle le connaîtra mieux que la plupart des humains ayant foulé cette terre.

Cependant, la suite avait douché Ignacius :

- Cela dit, avait ajouté le mage. Toute sa vie est d'ores-et-déjà bâtie sur de l'argile et les conflits l'ébranleront sans cesse, d'autant qu'elle en sera systématiquement le cœur et l'instigatrice, malgré elle mais sans jamais pouvoir l'éviter. C'est un destin très fragile que je vois là.

Ignacius et Hortense avaient frémi d'horreur aux prédictions du voyant, et la mort dans l'âme ils avaient appelé la fillette Eris, du nom de la déesse grecque de la discorde.

Au début, Ignacius voulait croire qu'Ikenokos ne méritait peut-être pas sa réputation, qu'il avait pu se tromper. Mais, plus les années passaient, plus il comprenait dans quelle position délicate se trouvait son enfant.

Elle était tout son bonheur, mais représentait également toutes ses inquiétudes les plus sombres. Et c'était logique puisqu'elle éclairait sa vie mais lui faisait craindre plus que tout que celle-ci ne s'éteigne.

Si elle ne pouvait éviter les conflits, il devait au maximum l'en préserver et la protéger, au moins jusqu'à ce qu'elle puisse se débrouiller seule...

Il se coucha enfin, totalement épuisé par ses sombres pensées et pourtant le sommeil mit bien longtemps à venir. Il tourna dans son lit pendant plus d'une heure, comme un animal en cage.

Cette nuit-là pourtant, Ignacius dormit suffisamment pour rêver des événements de la Coupe du monde de Quidditch, qui avait pourtant eu lieu l'année précédente.

Pourquoi cela lui revenait-il en tête maintenant ? Il ne le comprit pas au départ mais la netteté des souvenirs le paralysa et le remplit de terreur :

La nuit était déjà bien avancée et c'est sans scrupule qu'il rentrait dans ses quartiers.

Non, il n'était pas allé « faire la fête » avec les autres. Il n'en avait pas la moindre envie et, de toute manière, il devinait déjà que cela allait virer à la beuverie et peut-être même à l'orgie ou à la bagarre.

Merci mais très peu pour lui…

C'est que les amis de Lucius avaient besoin d'oublier la défaite de la Bulgarie, ce qui leur demanderait beaucoup de volonté, d'alcool et, sans doute, une bonne dose de lâcher-prise.

Or, si lui-même avait fait mine de la déplorer également, il ne partageait pas leur peine pour autant.

Déjà pour commencer, il n'appréciait pas particulièrement le Quidditch, lui préférant largement le vol acrobatique sur tapis volant, très prisé au Moyen-Orient, ou même le Luchenov boy (du moins sa version codifiée en temps qu'art de combat, pas celle des caïds de la zone grise).

Et puis, Ignacius avait plutôt apprécié le jeu de l'Irlande, déplorant simplement que le match n'ait pas duré très longtemps. Le petit Krum était un virtuose certes, digne de rendre fier toute sa famille, sa performance resterait mémorable certes… Mais le jeu de l'équipe adverse restait supérieur car les Irlandais possédaient une cohésion sans commune mesure avec celle des Bulgares.

C'était donc sans regret qu'Ignacius était allé s'allonger dans sa tente plutôt que de suivre son frère. Là, il avait profité du répit pour allumer le feu et contacter le manoir de Battle par poudre de cheminette, Drago ayant une heure de permission avant de devoir le rejoindre et se coucher.

Narcissa de son côté n'avait pas fait long feu non plus. Terrassée par une migraine due au bruit après le match, elle était immédiatement rentrée à la tente et s'était sûrement allongée pour récupérer. En tout cas, elle ne faisait aucun bruit et Ignacius avait soigneusement évité de la déranger.

Son père lisait dans le fauteuil du salon lorsqu'il avait émergé de la cheminée et sa mère jouait aux dominos avec Eris. Tous les trois avaient levé la tête, la fillette avait poussé un cri de joie en le voyant mais sa mère avait été la première à se lever :

- Ignacius ? S'était-elle empressée de dire, peut-être inquiétée par son apparition soudaine. Tout va bien ?

- Oui, avait-il répondu en souriant. Je profite d'un peu de temps libre pour vous saluer… C'est l'Irlande qui a gagné.

Aucun de ses parents n'avait réagi, ils n'aimaient pas vraiment le Quidditch non plus. Sa mère l'avait même un peu sermonné :

- Pourquoi ne faîtes-vous pas la fête avec les autres ? Lui avait-elle demandé avec insistance.

- Je n'aime pas ces ambiances très alcoolisées, avait-il répondu. Et puis, comme ça je pourrai veiller un peu sur Drago…

- Drago a une mère il me semble, s'était alors agacé son père.

- Vu l'ambiance du lieu, avait-il répliqué. Il est possible qu'un oncle ne lui soit pas de trop non plus. D'ailleurs je vais sortir vérifier qu'il revienne en temps et en heure, car je le connais…

C'était un prétexte, mais au moins avait-il pu s'éclipser, non sans dire bonsoir à Eris qui lui avait demandé quand il rentrait.

- Demain mon cœur, je dois d'abord surveiller Drago.

Un peu mélancolique, il était sorti de la tente, avait vadrouillé quelques dizaines de minutes, attrapé Drago au vol et l'avait ramené pour l'heure-dîte malgré ses bouderies et jérémiades. Enfin, il l'avait confié à sa mère qui venait de se lever. A elle de s'en charger maintenant, lui avait envie de dormir après toutes ces émotions !

Déjà qu'il avait accepté de venir uniquement pour faire taire sa famille qui s'inquiétait de son apathie et souhaitait le voir passer au-delà de la mort d'Hortense…

Il avait donné pour ces deux jours et, à présent, tout ce qui l'intéressait c'était de laisser retomber la pression et l'anxiété qui ne l'avaient pas quitté, en sombrant enfin dans un sommeil réparateur.

Pourtant une étrange sentiment d'oppression l'empêchait de dormir, et ce même si sa tente était insonorisée et que presque aucun bruit ne lui parvenait de l'extérieur.

Pour tout dire, il ne sentait vraiment pas Cette nuit-là. Quelque-chose agitait désagréablement son esprit, comme un sombre pressentiment qu'il aurait voulu faire taire mais sans y parvenir.

Quant-au fait que Narcissa fasse les cent pas dans la pièce commune de la tente en attendant Lucius, cela n'arrangeait rien.

C'est au milieu de la nuit que les premiers signes de violence se manifestèrent.

Ignacius qui n'avait pas fermé l'œil se leva dès les premiers cris et retrouva Narcissa, tendue et assise dans la pièce commune avec Drago qui boudait toujours, mais non sans tendre l'oreille en direction du dehors avec intérêt.

- Mais qu'est-ce qu'ils foutent ? Gronda Ignacius en se dirigeant droit vers l'entrée de la tente qu'il ouvrit d'un coup sec.

Aussitôt la peur serra son estomac et il frémit. À la lueur des quelques feux qui continuaient de brûler sur le terrain du camping, il voyait des gens courir devant lui en direction du bois, fuyant quelque chose qui traversait le pré dans leur direction.

Il n'y voyait pas bien, mais ce quelque-chose émettait des éclats de lumière assez inquiétants et lançait des détonations semblables à des coups de feu. Pour le reste, il faisait très noir, trop noir pour un terrain public, Ignacius le comprit immédiatement.

Des exclamations moqueuses, des explosions de rire, des grossièretés sans nom, des vociférations d'ivrognes lui parvenaient et il lui semblait même reconnaître quelques voix, sans toutefois pouvoir les situer…

- Qu'est-ce que c'est que ce bazar ? Souffla t-il pour masquer son effroi.

En tout cas, ça parlait anglais, au moins en partie, et cet anglais n'était ni de l'irlandais, ni de l'américain :

- Mais ce n'est pas vrai ! Marmonna Ignacius qui craignait de comprendre alors que le groupe se rapprochait. Lucius ! Par Merlin… Ne me dis pas que tu es dans le coup, je t'en prie.

Soudain, une puissante lumière verte illumina la scène et Ignacius poussa un cri d'horreur, vieux réflexe de plus de dix ans. A présent il avait nettement distingué l'entité qui se rapprochait de sa tente. A soixante-et-dix mètres de lui environ, une foule serrée de sorciers avançait d'un même pas cadencé, la baguette magique pointée en l'air et traversait lentement le pré en provoquant la panique partout où elle passait.

A la démarche presque militaire du groupe, aucun doute n'était possible.

Les « chevaliers de Walpurgis », nom d'une vieille organisation militante proche des mangemorts (ou se confondant avec selon le point de vue) avaient remis le couvert. Et Ignacius frissonna et étouffa un second gémissement en reconnaissant ces affreuses silhouettes dépourvues de visages qu'il ne connaissait que trop bien…

Ce soir, comme quinze ans plus tôt à l'apogée du règne du Seigneur des Ténèbres, leurs têtes étaient recouvertes de cagoules. Ils marchaient en lignes serrées, exactement comme à l'époque et comme si le règne de celui qu'ils servait leur garantissait encore une totale impunité.

Loin au-dessus des Chevaliers de Walpurgis et flottant dans l'air rafraîchi de la nuit, quatre silhouettes se débattaient, rudement ballottées dans tous les sens et maintenues dans des positions grotesques, comme de simples pantins animés par des fils invisibles qu'actionnaient les baguettes magiques des sorciers situés en dessous.

Ignacius serra les poings et les dents jusque dans son rêve : l'invention de ce connard de Severus Rogue servait toujours à ce qu'il voyait ! Dommage que cela ne soit plus contre lui à présent.

À tous les coups, les chevaliers de Walpurgis s'en étaient pris aux moldus du camping et toute la famille du gérant faisait les frais de leur haine et de leur bêtise.

Deux des silhouettes qui se balançaient dans les aires étaient minuscules, des enfants sans aucun doute possible et pourtant d'autres sorciers se joignaient à la troupe masquée, montrant du doigt avec de grands éclats de rire les quatre corps qui flottaient dans les airs.

Ignacius aurait pu se consoler en songeant que c'était sans doute les Bulgares, cependant il entendait jusqu'à la place où il se trouvait la grande variété de langues présente dans cette meute sinistre. Rien à dire, tout ce que le monde magique comptait d'abrutis s'était visiblement réuni ce soir en parfaite concertation. C'était ridicule, effrayant et cela témoignait d'un évident manque d'éducation de la part des sorciers concernés, Lucius compris.

Des tentes s'effondraient sur le chemin de la foule en marche qui ne cessait de grossir à mesure qu'elle avançait dans la direction d'Ignacius, d'autres personnes s'y joignant au passage. D'ailleurs un des sorciers cagoulés se chargeait de détruire d'un coup de baguette magique chaque tente qui se trouvait sur le passage de la troupe, pulvérisant le tout à coup de confrigo au risque de tuer quelqu'un.

Plusieurs tentes prirent feu tandis que la foule progressait et les hurlements augmentèrent d'intensité, le nombre de fuyards diminuant pourtant au fur et à mesure. Les quatre malheureux qui flottaient en l'air furent soudain éclairés par un amas de détritus qui flambait joyeusement et Ignacius eut aussitôt la confirmation que ce qu'il avait supposé était vrai : c'était bien Mr Roberts, le directeur du camping, qui avait du être capturé et molesté avec toute sa famille. Les trois autres ne pouvaient être que sa femme et ses enfants.

D'un coup de baguette magique, l'un des mangemorts fit basculer Mrs Roberts la tête en bas. Sa chemise de nuit se retourna, laissant voir une culotte d'une taille impressionnante et Ignacius, très gêné, détourna les yeux tandis qu'elle se débattait furieusement pour essayer de se couvrir. Juste au dessous, la foule au-dessous criait et sifflait dans un déchaînement d'allégresse.

- Oh la grosse moldue ! S'écria soudain la voix de Drago juste à côté de lui, et Ignacius se rendit compte que son neveu était sorti pour admirer le « spectacle ».

- C'est répugnant, répliqua t-il d'une voix sèche. Rentre dans la tente.

Mais Drago éclata de rire en regardant le plus petit des enfants moldus qui s'était mis à tourner comme une toupie à vingt mètres au-dessus du sol, sa tête ballottant de tous côtés.

- C'est répugnant… Répéta t-il d'une voix de bébé en singeant son oncle.

Ignacius retint la gifle qui menaçait de partir. Ce gosse ne comprendrait donc jamais rien ? Non, bien-sûr, avec un père comme Lucius il ne risquait pas de comprendre quoi que ce soit !

Du coin de l'œil, Ignacius repéra Arthur Weasley se trouvait juste un peu plus loin et qui tentait d'évacuer sa famille. Drago éclata à nouveau d'un rire méprisant en les apercevant à son tour. Le père Weasley se trouvait juste derrière deux jeunes filles et Drago désigna à Ignacius celle qui était visiblement la plus âgée :

- C'est Granger, dit-il. La Sang-de-Bourbe qui est la chouchou de tous les profs.

Ignacius haussa les épaules avec indifférence et passa la tête dans la tente :

- Narcissa ? Dit-il à sa belle-sœur qui l'observait avec inquiétude. Tu ramènes Drago ?

Elle hocha la tête, pâle et anxieuse, mais lorsque Ignacius ressortit de la tente, son neveu avait disparu.

- Merlin ! Mais où est passé ce gosse?! Râla Ignacius tandis que Narcissa sortait à son tour avec précipitation :

- Il est parti ? S'écria t-elle horrifiée.

- Je vais le chercher, répondit Ignacius. Replie la tente, nous partons dès que je l'ai trouvé. Je le couperai en tranches après...

Au même moment, les trois fils aînés des Weasley émergèrent de leur tente entièrement habillés, les manches relevées, brandissant leur baguette magique. Précédant leur père, ils se dirigèrent droit sur la foule qui entourait les mang… Non, les chevaliers de Walpurgis.

- On va aider les gens du ministère, cria Arthur Weasley aux plus jeunes dans le tumulte, tout en relevant ses manches à son tour. Vous, allez vous réfugier dans le bois et restez ensemble. Je viendrai vous chercher quand tout sera terminé.

Et il suivit ses fils qui couraient déjà à la rencontre des marcheurs. Ignacius vit Amelia Bones un peu plus loin qui se précipitait à leur suite, accompagnée de son frère. D'autres sorciers du ministère arrivaient de tous côtés tandis que la foule des sorciers se rapprochait, la famille Roberts toujours suspendue au-dessus de leurs têtes.

Par Merlin, si Lucius se faisait prendre, il aurait l'air fin face à ses pires ennemis, ceux qui cherchaient depuis des années à prouver son appartenance aux milieux obscurs...

Au loin, les plus jeunes des enfants Weasley et leurs amis s'empressaient déjà de fuir et, en suivant leur direction du regard, Ignacius crut soudain voir au loin la masse blond pâle des cheveux de son neveu.

Il s'empressa de courir à sa suite mais, arrivé à la lisière des arbres (et après s'être pris une branche dans la figure), il crut l'avoir perdu à nouveau :

- Par Merlin où est donc ce gosse ?! Ragea t-il entre ses dents.

Le cœur de la Forêt était noir comme un four et seules des voix paniquées en sortaient, inutile de dire que la poursuite s'annonçait ardue !

Un peu plus loin devant lui, la bande Weasley se retournait pour voir ce qui se passait sur le terrain de camping et, d'instinct, Ignacius les imita.

La foule des sorciers était plus nombreuse que jamais sur la zone découverte et un chaos indescriptible y régnait à présent. Les représentants du ministère se frayaient un chemin parmi la cohue, essayant de s'approcher des sorciers cagoulés.

Cependant, leurs efforts restaient vains car d'autres personnes semblaient prendre un malin plaisir à maintenir les fauteurs de troubles hors d'atteinte, quitte à entraver délibérément le Ministère de la Magie. Au milieu de tout cela, les aurors et les autres employés semblaient avoir peur de lancer un sort qui puisse provoquer la chute brutale de la famille Robert. Ignacius les comprenait sans peine. Agir à la distance où ils se trouvaient aurait rimé à sacrifier toute la famille qui n'aurait pas survécu à sa chute.

D'ailleurs, Ignacius comprenait également avec horreur ce qui avait pu se passer. Si son frère et d'autres extrémistes anglais s'étaient mis de connivence avec les partisans de la suprématie des sorciers disséminés dans toute l'Europe de l'est, que cela soit ou non sous l'effet de l'alcool, alors cela pouvait expliquer cette énorme cohue et ces exactions.

Il n'y avait clairement pas que des anglais et des bulgares dans toute cette masse, et Ignacius avait presque envie d'ouvrir les paris sur qui pouvait s'y trouver…

Les Molotov ? Igor ? Des Cirventès, des Frühehof ? Les Rosier ? Des Delfuego ? La famille Crabbe ? Abernathy ?

Et puis, combien de bulgares avinés et énervés de leur défaite faisaient partie de ce sinistre cortège ? Ignacius craignait de devoir répondre « beaucoup ». Les déconvenues sportives provoquaient bien trop souvent ce genre de réactions violentes et il savait d'ailleurs que le monde moldu n'était pas non plus épargné de ce côté-là.

De leur côté dans la forêt, les choses n'allaient guère mieux. Les lanternes colorées qui avaient éclairé le chemin du stade avant et après le match étaient à présent complètement éteintes et il faisait noir. Des silhouettes sombres trébuchaient parmi les arbres ; des enfants pleuraient à chaudes larmes de tous les côtés ; des cris angoissés et des voix paniquées retentissaient autour d'eux dans l'air froid de la nuit. Combien d'autres parents cherchaient aussi un enfant dans ce chaos.

« J'ai bien fait de ne pas emmener Eris » pensa Ignacius bien que cela soit parfaitement incongru. Il n'en avait en effet jamais été question puisque sa petite fille avait quatre ans et demi et des grands-parents ainsi qu'un elfe pour veiller à sa sécurité.

A présent, il cherchait désespérément son neveu dans la cohue, quand-bien-même il n'arrivait pas à voir la plupart des visages qu'il croisait et craignait que cela soit inutile, surtour si Drago était décidé à resquiller.

Soudain, il entendit un cri de douleur sur sa droite, à une dizaine de mètres dans la pénombre :

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda une jeune fille d'une voix inquiète en s'arrêtant si brusquement qu'un autre la heurta de plein fouet en grognant. Ron, où es-tu ? Oh, c'est idiot… Lumos !

Elle fit jaillir de sa baguette un rayon lumineux qui éclaira le chemin, Ignacius put enfin voir la scène et se sentit parfaitement bête de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Un jeune adolescent était étendu de tout son long par terre, la couleur rousse de ses cheveux annonçant à n'en pas douter un fils Weasley.

- J'ai trébuché sur une racine, dit-il avec colère en se relevant.

- Avec des pieds de cette taille, c'est difficile de faire autrement, dit soudain une voix traînante qu'Ignacius identifia immédiatement, et avec un grand soulagement.

Comme les trois adolescents qui se retournaient en sursautant, il aperçut Drago seul et appuyé contre un arbre, l'air parfaitement détendu et même un large sourire narquois aux lèvres tandis qu'il observait derrière la lisière du bois. Les bras croisés, il semblait ne pas avoir perdu une miette de ce qui se passait sur le camping, tout en restant à l'abri des arbres.

- Va faire bien arranger ta mère par un dragon Malefoy ! Répliqua le fils Weasley furieux.

La phrase était pour le moins vulgaire et Ignacius étouffa un cri scandalisé, seulement afin de rester invisible aux yeux du quatuor. Il voulait en savoir plus :

- Surveille un peu ton langage, Weasley, gronda Drago, une lueur étincelante brillant soudain dans ses yeux pâles, avant d'ajouter : Vous feriez peut-être mieux de vous dépêcher. J'imagine que vous n'avez pas envie qu'elle se fasse repérer…

Il fit un signe de tête en direction de l'adolescente qui accompagnait Weasley et Potter, sûrement Hermione Granger… Oui, c'était bien elle. Au même moment, une détonation aussi puissante que celle d'une bombe retentit dans le camping et un éclair de lumière verte illumina brièvement les arbres qui les entouraient.

Ignacius, horrifié, ferma les yeux.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? lança Hermione Grander à Drago sur un air de défi.

- Granger, je te signale qu'ils sont décidés à s'en prendre aux Moldus, répondit le garçon sur un ton provoquant. Tu as envie de montrer ta culotte en te promenant dans les airs ? Si c'est ça que tu veux, tu n'as qu'à rester où tu es… Ils viennent par ici et je suis sûr que ça nous ferait tous bien rire.

- Hermione est une sorcière, répliqua Harry Potter avec colère.

- Pense ce que tu voudras, Potter, dit Drago avec un sourire mauvais. Si tu crois qu'ils ne sont pas capables de repérer une Sang-de-Bourbe, restez donc ici, tous les trois.

- Fais attention à ce que tu dis ! s'exclama le fils Weasley qui se montrait à présent de plus en plus agressif.

Ignacius comprenait son agressivité, d'autant qu'il avait remarqué qu'il se montrait étrangement protecteur avec Hermione Granger. En effet, « Sang-de-Bourbe » était une façon très insultante de désigner une sorcière ou un sorcier d'ascendance moldue. Ignacius lui-même, et quoi qu'il puisse en penser par ailleurs, ne se serait jamais permis d'utiliser le terme qu'il trouvait de toute manière inapproprié.

- Laisse tomber, Ron, dit précipitamment Hermione Grancer en retenant son ami par le bras, alors que celui-ci faisait un pas vers Drago, visiblement décidé à en découdre.

Ignacius frémit mais n'eut pas le temps de réagir. Une nouvelle explosion encore plus forte que la précédente retentit de l'autre côté des arbres, provoquant des hurlements autour d'eux et lui-même laissa échapper un cri. Drago, lui, eut un petit rire.

- Ils ont vite peur, dit-il d'un ton nonchalant en jetant un œil derrière lui. J'imagine que votre père vous a dit de vous cacher ? Qu'est-ce qu'il fabrique ? Il essaye d'aider les Moldus ?

- Et tes parents, où sont-ils ? répliqua Harry Potter qui commençait visiblement à perdre patience. Là-bas, avec une cagoule sur la tête, probablement ?

Ignacius tressaillit à l'évocation du fait mais Drago, toujours souriant, se tourna vers son ennemi :

- Si c'était vrai, tu penses bien que je ne te le dirais pas, Potter, tu t'en doutes ?

- Bon, ça suffit, dit Hermione Granger en lançant à Drago un regard dégoûté. Allons rejoindre les autres.

- Tu ferais mieux d'aller te cacher, avec ta grosse tête mal coiffée, lança l'adolescent d'un ton méprisant.

- Venez, répéta la jeune fille en tirant ses deux amis par le bras d'un geste autoritaire, car ils faisaient mine de répliquer.

- Je te parie ce que tu veux que son père est là-bas, avec une cagoule sur la tête ! s'emporta Ron Weasley avant de tourner les talons.

Derrière eux, Ignacius vit son neveu tirer sa baguette de sa poche et il ne prit même pas le temps de réfléchir :

- Expelliarmus, souffla t-il en brandissant la sienne en direction de Drago.

La baguette du jeune homme s'envola pour atterrir dans sa main et il se retourna vers son oncle, furieux d'être ainsi arrêté par surprise :

- Mais qu'est-ce que tu fous Ignacius ? S'emporta t-il, la colère l'emportant sur la surprise.

- Je t'évite des ennuis, répliqua le sorcier en glissant la baguette de son neveu dans sa poche.

Il ajouta d'une voix autoritaire en s'approchant de lui :

- Allez viens je te ramène chez toi, avant qu'on ne te prenne pour ton père et qu'on ne t'enferme…

Drago ne l'entendait visiblement pas de cette oreille mais Ignacius l'attrapa par le bras, le tira un peu plus loin puis tourna sur lui-même avec l'intention ferme de transplanner jusqu'au manoir.

Lorsqu'à sa grande surprise cela se révéla impossible, il pâlit et Drago lui renvoya une remarque sarcastique :

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda t-il. Tu as peur ?

- Le Ministère a verrouillé la zone… Souffla Ignacius horrifié en comprenant la situation. On ne peut plus quitter les lieux !

- Et bien on va attendre alors ! Répliqua l'adolescent toujours aussi moqueur.

- Nous oui… Répondit Ignacius. On peut se le permettre. Mais ton père...

Ignacius n'était pas inquiet pour lui-même ou pour Drago, du moins pas directement. C'était pour Lucius qu'il s'inquiétait car, si celui-ci était pris par les aurors du Ministère... Il était clair que cela ferait très mauvais genre…

- Ton père est dans le lot j'imagine bien… Dit-il à Drago.

Le jeune homme hocha la tête avec indifférence, sûrement persuadé que son paternel bénéficierait une fois de plus de l'immunité. En même temps comment lui en vouloir ? Lucius avait défié les lois durant toute sa vie, sans jamais être véritablement inquiété, ce n'était clairement pas le modèle idéal pour comprendre la notion de limites...

- Espérons alors, souffla Ignacius. Que la Confédération Internationale des Sorciers ne se mêlera pas de l'incident… Parce que si Lucius est pris et que Eux exigent des sanctions, il est bon pour Azkaban.