La suite,
bonne lecture
L.
"Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons rose, Par n'importe quel autre nom sentirait aussi bon."
Shakespeare, Roméo et Juliette
Je passai les deux semaines des vacances de Noël chez les Malefoy. La plupart du temps enfermée dans ma pièce.
Le jour, nous provoquions parfois de nouvelles terreurs chez les moldus. L'exaltation de ces moments m'avait manqué. J'étais née pour ça, j'avais été élevée dans ce but, j'avais passé mes premières années à voir les visages se crisper, se tordre de douleur, à entendre les cris, à profiter des flammes destructrices. Cachée derrière mon masque, je participais à certains raids, ceux sans risques, ceux où les aurors n'arriveraient pas à temps.
Le soir, dans la chambre de Bellatrix, à moins d'un ordre contraire.
-Eh bien, Kid, pose-moi ta question.
Bellatrix souriait. J'avais envie de l'embrasser mais elle le fit avant moi.
-Est-ce qu'ami peut avoir un autre sens ?
-Parfois, certaines personnes l'utilisent pour parler de la personne avec qui… comment te dire ça ? Toi et moi sommes amies. Tu peux me poser toutes les questions que tu veux. Tu peux tout me raconter. Mais nous passons aussi nos nuits ensemble. Certains utilisent le mot ami dans ce sens.
-Et si quelqu'un veut être ami avec moi dans ce sens, ai-je le droit ?
-Mon amour, si naïve. En as-tu envie ? Qui est cette personne ?
-Hermione Granger. Elle ne souriait plus quand j'ai dit que j'avais une amie.
-Quand on ne sourit pas, Kid, c'est qu'on n'est pas content, triste, et si on crie c'est qu'on est en colère.
-Oui, oui, je sais. Elle était en colère quand je lui ai dit que j'avais une amie. Elle était en colère que je ne lui parle pas de moi.
-Penses-tu à la sang-de-bourbe, Kid ?
-Oui, Bella.
-As-tu envie de passer des nuits avec elle ?
-Oui, Bella.
-Alors, fais-le. C'est un très bon moyen de te rapprocher d'elle et d'en savoir plus. Mais ne t'attache pas à elle, c'est une sang-de-bourbe.
-Mais est-ce possible de passer des nuits avec toi et des nuits avec elle ?
-Ahahah, ne lui dis pas. Personne n'a besoin de savoir ce qui se passe dans ma chambre. Utilise la sang-de-bourbe pour ta mission, fais ce que tu dois faire.
Alors j'avais le droit de désirer Hermione comme je désirais Bellatrix. Mais je ne pouvais pas désirer plus. Seulement désirer coucher avec elle. Il était acceptable que je couche avec une inférieure pour ma mission. C'était logique qu'on me l'autorise : je ne suis pas un être humain. Je suis un objet. Je ne peux pas être souillée comme les sang pur.
-Bella, ai-je un prénom ?
-Tu t'appelles Kid, ça ne te suffit pas ?
-Et un nom de famille ?
-Pourquoi en voudrais-tu un ? Tu n'as pas de famille.
-Hermione m'a demandé.
-Que lui as-tu dit ?
-Qu'on ne connaissait pas ma famille.
-C'est très bien. Elle ne pourra faire aucune recherche. Et puis c'est vrai. Mon amour, tu réfléchis trop.
Nous avons passé le reste de la nuit à adorer nos corps. Et le lendemain, comme les autres fois, nous avons fait comme si rien ne nous liait. Ça ne me dérangeait pas. Le jour j'étais à mon maître. J'obéissais à mon maître. La nuit j'étais à Bellatrix quand elle voulait de moi, quand elle avait le droit de me voir. Bientôt, je serais à Hermione.
Narcissa était dans tous ses états à cause de réveillon de Noël. Bellatrix et moi avons fui les lieux le plus souvent possible. De toute façon, je ne participerais ni à ce réveillon ni à celui de la nouvelle année : des personnalités importantes du ministère étaient conviées, les mangemorts étaient interdits dans le manoir et officiellement je n'existe pas. Je resterais avec Bellatrix ce soir-là mais celui de Noël, je serais seule dans ma chambre. Je ne comprenais pas pourquoi ces deux jours étaient particuliers mais je ne cherchais pas à savoir.
-Il serait bien que tu fasses un cadeau à la sang de bourbe pour Noël, Kid.
-Pourquoi, Bella ?
-C'est une tradition à Noël : on offre un cadeau à ses amis. Ce serait un moyen de te faire pardonner et de te réconcilier avec elle.
-Ai-je fait quelque chose de mal ? A quel sujet dois-je me faire pardonner ? Nous ne nous sommes pas disputées.
-Elle était… déçue de savoir que tu avais une autre amie et elle a pensé qu'elle ne pourrait pas passer plus de temps avec toi. En lui offrant un cadeau tu lui fais comprendre que tu apprécies sa compagnie. Et tu apprécies sa compagnie, Kid ?
-Oui, Bella. Mais dans ce cas, je dois te faire un cadeau aussi ?
-Ce n'est pas nécessaire, mon amour. Je passe des nuits merveilleuses avec toi, je n'ai pas besoin d'un autre cadeau. Qu'aime-t-elle ?
-Les livres. Elle adore les livres, les vieux livres, les livres d'histoire. Elle aime tout ce qui à trait à la magie et ses sources.
-Un bijou. Offre-lui un bijou ancien. Ils renferment toujours des mystères. Je demanderai à Narcissa de t'amener dans une boutique qu'on connaît. Ne t'inquiète pas, ajouta-t-elle, il n'y aura pas de magie noire.
J'ai passé du temps avec mon maître aussi. Il était plus en colère que d'habitude. Il ruminait sans arrêt sur l'idiotie de Drago et de Lucius, libéré depuis plusieurs mois. Les détraqueurs étaient toujours à ses ordres. Mais parfois, il me disait qu'il était satisfait de mon travail.
-Mon arme, tu as bien fait jusqu'à présent.
-Merci, mon maître.
-Tu as pu me prévenir pour Slughorn et l'importance du bar de Rosmerta. Drago a tenté d'utiliser cela à son avantage. Mais il a échoué, comme son père. Toi par contre, tu as pu approcher le trio et particulièrement Miss Granger.
-Oui, mon maître.
-Continue sur cette voie. Elle t'a appris une chose essentielle : Potter a besoin de Slughorn.
-Oui, mon maître.
-Je ne m'en fais pas. Il a trop peur de ce qu'il a fait pour ne jamais divulguer la vérité.
-Qu'a-t-il fait ? Que sait-il, mon maître ?
-Mon secret. Et ce secret est si sombre à ses yeux qu'il n'osera jamais en parler. Dumbledore ne saura jamais. Je le vaincrai.
-Oui, mon maître.
La nuit du réveillon de l'an, j'étais à nouveau avec Bellatrix. Elle m'a parlé de ma mission. Elle m'a rappelé le but de mon existence : servir notre Seigneur, comme si je pouvais l'oublier. J'étais née pour Lui, je vivais pour Lui, je mourrais pour Lui. Si j'échouais, mon Seigneur échouait. Je n'avais pas le droit. J'étais toute à lui. Je devais réussir pour lui. C'est lui qui m'a donné tout ce que j'avais. C'est lui qui avait pourvu à mon éducation à travers ses mangemorts. Lui qui m'avait donné un lieu où vivre. Je continuerais à surveiller le château et le trio jusqu'à ce qu'ils me disent d'arrêter. Je continuerais de voir Hermione et de transmettre ce qu'elle m'apprendrait. Je voulais la voir mais ma mission prédominait. J'agissais dans le but de ma mission.
-Nous nous reverrons, mon amour. Peut-être plus tôt qu'on ne le pense.
Je partis sur ces mots. Je retournai dans ma petite maison du Pré-au-Lard. Je retrouvai ma solitude. Pourquoi, alors que j'avais passé des années seule, est-ce qu'elle me semblait pesante ?
Je sortis et allai voir Rosmerta. Les rues étaient enneigées. Les gens riaient, se lançaient de la neige. Etait-ce ce qu'ils appellent un jeu ? Les boutiques étaient illuminées. L'atmosphère avait quelque chose de différent. Mais ce n'était pas celle du manoir Malefoy qui, même avec ses illuminations, paraissait sombre. Mais je préférais ça à cet excès de lumière chaude.
-Tiens, Kid ! Joyeux Noël et bonne année !
Rosmerta m'accueillit avec un grand sourire et me prépara immédiatement un chocolat chaud à ma place habituelle.
-Merci, toi aussi Rosmerta.
Heureusement, Bellatrix m'avait appris cette tradition aussi : se souhaiter une bonne année. Les gens espéraient-ils vraiment que tout irait bien avec de simples mots ? Plus je les côtoyais, plus je trouvais les êtres humains étranges.
-As-tu passé les vacances avec ta famille ?
-Oui. J'ai pu la revoir. Et toi ? Détourner le conversation, absolument.
Elle me raconta alors les fêtes qu'elle avait passées.
Je rentrai à nouveau chez moi. L'elfe me prépara à manger. Il disparut ensuite et j'allai dans ma chambre.
Demain. Demain, la vie reprendrait son cours normal.
