Passons aux choses sérieuses: la Saint-Valentin, discussion avec Narcissa et surtout déclaration d'amour qui mène à cette question primordiale dans l'anime Violet Evergarden: "je veux savoir ce que signifie "je t'aime"". Avant de retrouver Bellatrix au chapitre suivant.
J'annonce que j'ai fini la première partie de l'histoire qui correspond à la mort de Dumbledore et je vais me concentrer sur la deuxième partie qui reprendra certains chapitres du 7e tome. Il reste 5 chapitres pour la première partie. Et je vais tenter d'accélérer la cadence d'écriture pour la 2e partie. En me lançant dans l'écriture de cette histoire, le confinement avait franchement aidé et je pensais que cette fanfic allait prendre peu de temps, finalement je l'ai développée plus que ce que j'imaginais et la vie a repris son cours et je n'ai absolument pas géré! Donc je vais essayer de m'améliorer.
Bonne lecture,
L.
Nous avons échangé de nombreuses lettres. Nos mots remplaçaient notre présence. Elle se livrait longuement sur sa vie, sur ses doutes. Son écriture reflétait sa fièvre d'écriture : de petites lettres, des mots serrés. Une impatience s'y lisait. Elle souhaitait tant me revoir.
Je lui répondais au mieux de mes capacités. Cette liberté me plaisait et me terrifiait. Faisais-je ce qu'il fallait ? Disais-je les bons mots ? Servais-je correctement la cause de mon maître ? Tant de doutes. Toujours plus de doutes. Ils augmentaient au fur et à mesure que je prenais mes propres décisions. Comment se préparait-on à cela ? A agir sans guide, sans maître ? Le mien me manquait dans ces moments. Mais je voulais aussi profiter de mon lien avec Hermione. C'était étrange d'avoir la possibilité de le faire, qu'il me laisse ce lien alors même que c'était le genre d'affiliation qu'il méprisait. J'aurais été quelqu'un d'autre, une personne qui ne faisait pas partie de son cercle, il m'aurait prise pour cible. J'aurais pu mourir plus d'une fois. J'avais le droit sans en avoir vraiment le droit. C'était un mensonge. Cette relation était un mensonge. J'étais l'outil de mon maître, et cette relation était mon outil pour mener à bien la mission que mon maître m'avait confiée.
Pourtant ça me semblait plus important, plus complexe que cette simple affirmation. Hermione a son utilité pour moi comme j'ai une utilité pour mon maître. Mais lui ne demandait pas à passer plus de temps avec moi, il n'entretenait pas une correspondance aussi développée. Néanmoins, c'était bien vers lui que je revenais. Il était mon seul vrai point de repère. Je lui devais obéissance. C'est lui qui a fait de moi celle que je suis. Je suis à lui. Je ne réponds qu'à lui. Je me rapprochais d'Hermione pour le satisfaire. Ce lien qui s'approfondissait avec Hermione ne s'approfondissait que parce que mon maître le voulait ainsi. Je répondais à ses ordres. J'effectuais la mission qu'il m'avait confiée. Je faisais ce qu'il fallait pour donner à mon maître les informations nécessaires à sa réussite.
Satisfaite d'avoir compris mon doute, je me remettais plus ardemment à l'exécution de ma tâche. Et pour cela il fallait que je comprenne ce qu'était la Saint-Valentin. Je me tournai vers la seule personne à qui je pouvais le demander sans me compromettre : Bellatrix qui, en réponse, m'envoya sa sœur.
-Narcissa, saluai-je.
-Bonjour, Kid.
Je lui fis un signe pour s'asseoir sur le canapé. Je restai debout face à elle. Je n'avais pas à m'asseoir avec elle.
-Ma sœur a reçu ta lettre avec ta demande. Elle pense qu'il est préférable que je t'explique moi-même en quoi consiste la Saint-Valentin et que je t'y prépare. Apparemment, tu as quelque chose de prévu avec la sang-de-bourbe.
Elle me fixa du regard. C'était l'une des seuls à le faire avec Bellatrix, Hermione et bien sûr mon maître.
-Est-ce mal ?
Elle me regarda encore.
-Assieds-toi, Kid, dit-elle en posant une main sur le canapé à côté d'elle.
Je pris place. Elle ne s'était jamais permise d'être si proche de moi. Nous avions déjà discuté, nous nous étions tenues côte à côté mais d'une certaine manière c'était plus proche.
-Ecoute-moi attentivement, reprit-elle. Ce qui se passe avec la sang-de-bourbe n'est rien d'autre que ta mission. Tu n'auras plus de lien avec elle une fois ta mission terminée. En as-tu conscience ?
-Je dois faire ce qui est nécessaire pour mon maître.
-Bella saurait mieux te parler que moi à ce sujet. Elle semble avoir une idée derrière la tête avec cette relation. Elle n'a pas l'air d'être dérangée par le fait que tu fréquentes cette… fille. Elle te pousserait même à développer davantage ce lien. Mais tu sais qu'elle n'est rien d'autre qu'une sang-de-bourbe et que nous désapprouvons ce… genre.
-Les sang-de-bourbe sont inférieurs. Mais je ne suis qu'une arme. Je ne suis rien d'autre.
Narcissa se leva et me tourna le dos mais je l'entendis murmurer :
-Qu'avons-nous fait ?
Elle se tourna de nouveau pour se trouver face à moi.
-La Saint-Valentin est une fête créée il y a plusieurs siècles pour célébrer les couples et les amoureux. C'est censé être une journée particulière pour dire son amour, pour montrer ses sentiments à la personne qu'on aime. La sang-de-bourbe et toi avez une... relation.
-Qu'est-ce que l'amour ?
-C'est ce qui est interdit entre toi et elle. Tu ne peux et ne dois pas l'aimer. Tout cela est mal.
Elle se pinça le nez. Etrangement, j'avais l'impression que sa dernière phrase ne portait pas uniquement sur Hermione et moi.
-Tu appartiens au Seigneur des Ténèbres et à lui seul. Il te prête à Bellatrix et il t'a demandé de mener à bien une mission. Cette mission se déroule bien parce que tu as su approcher Hermione Granger. Il est content de ce que tu fais. Ça s'arrête là. Miss Granger ne doit pas entrer dans ta vie, elle ne doit rien savoir sur qui tu es réellement. Le Seigneur des Ténèbres te possède et tant que c'est le cas personne d'autre ne peut t'importer.
Ne peut m'importer ? D'autres personnes devraient m'importer ? Mon maître me possède, oui. Je suis son outil, son arme. Je suis fière de l'être. Je lui suis nécessaire. J'ai une utilité pour lui. J'ai un sens.
-Dans cette optique, tu dois donc continuer à plaire à Miss Granger. Ecoute-la, sois attentive à elle, et apprends-en le plus possible sur ce qui se trame avec Potter. La journée de la Saint-Valentin peut être importante. Tu as besoin de nouveaux vêtements.
Narcissa semblait plus calme et l'idée d'acheter des vêtements la ravissait. Nous passâmes donc les heures suivantes à parler de saint-valentin – elle me raconta certaines des célébrations qu'elle a vécues avec Lucius, bien qu'il ne semblait pas que cette fête l'enthousiasmât réellement- et des vêtements les plus à même de plaire à Hermione et de correspondre à cette journée particulière.
Je rentrai dans ma maison. Utiliser le possessif pour parler de ce lieu m'était toujours aussi étrange. J'y tenais pourtant. Ma maison. Le lieu de ma, relative, liberté. Le lieu où Hermione s'était donnée à moi. D'une certaine manière je comprenais le cadeau qu'elle m'avait fait. Je souhaitais l'y retrouver à nouveau. Je désirais la voir. L'image de Bellatrix se superposa à la sienne. Je voulais la retrouver aussi. Je n'avais jamais rien voulu avant le retour de Bellatrix et depuis tout semblait incertain. Je m'accrochai davantage à ma mission. Je devais Le servir. C'était mon seul point d'appui. Il comptait sur moi. Hermione était le moyen de le satisfaire. Mais n'y trouvais-je pas un certain plaisir aussi ? La voir était toujours particulier. Je voulais qu'elle me prenne à nouveau la main. Je voulais qu'elle m'embrasse à nouveau. Je savais ce qui allait arriver ensuite. A un moment, elle découvrirait qui je suis réellement mais c'était dans l'ordre des choses.
Le fameux samedi de la Saint-Valentin, je la rencontrai à l'entrée du village. Je sentis le regard des élèves se poser sur moi, particulièrement ceux de Ron et Harry et d'une jeune rousse, sûrement Ginny Weasley. Elle murmura quelque chose à l'oreille d'Hermione qui rougit. Elle fit un signe à ses amis et me rejoignit. Elle semblait briller et je me surpris à sourire. Un mouvement inattendu et involontaire mais qui ne me paraissait pas incongru. Je suppose qu'on pouvait dire que j'étais heureuse de la voir.
Hermione s'approcha de moi et me caressa discrètement la main. Ce geste était plus intime que tant d'autres, d'une certaine manière.
Nous partîmes nous promener aux abords du village. Je remarquai la surveillance accrue des aurors. La nièce de Bellatrix était là, comme souvent. Elle salua Hermione et me regarda. Je savais ce qu'elle pensait. Elle doutait de moi, comme presque tout l'entourage d'Hermione. Ils se méfiaient de moi, à raison. Pourtant, Hermione continuait de me voir, de me parler. Elle en avait longuement disserté dans ses lettres. Elle m'avait parlé des mises en garde de ses amis, de Ginny, de Tonks, comme elle appelait cette auror. Elle voulait faire ses propres choix. Elle voulait faire confiance aux gens plutôt que de s'en méfier. Elle était persuadée que la confiance pouvait faire une grande différence et que la méfiance ne faisait que créer plus de haine, que c'était le piège de cette guerre et que c'était un poison plus redoutable encore alimenté par la peur que l'affrontement direct. Je commençais à comprendre pourquoi mon maître semblait la respecter. Hermione était au-dessus du lot malgré son sang, malgré ses origines.
Cette question des origines me hantait de plus en plus souvent. Mon identité était un mystère pour tout le monde et pour moi encore plus. Avait-elle tant d'importance pour m'importuner ainsi ? Qu'est-ce, qu'au fond, cela pouvait me faire d'où je venais ? J'avais un rôle, un but, n'était-ce pas plus important ? Je devais obéir à mon Seigneur et je le ferais, quoi qu'il advienne. Rien ne me détournerait de cet objectif.
-Regarde comme c'est beau !
La remarque d'Hermione me ramena au présent. Je regardai dans la direction qu'elle indiquait. Oui, c'était beau. Le monde extérieur était terriblement beau. On m'en avait privé pendant tant d'années mais je pouvais mieux l'apprécier maintenant. Je me tournai vers Hermione.
-Oui, Hermione.
Elle sourit à nouveau et fixa ses yeux dans les miens. Elle se pencha vers moi et m'embrassa. Je ne fus pas surprise et je n'eus pas l'envie de m'éloigner. Pour une fois, je n'eus pas à débattre entre l'envie de rester et l'envie de fuir. Une pause dans ma course.
Nous passâmes la journée à profiter du beau temps, à discuter. J'obtenais toujours plus d'informations de sa part. Drago avait été repéré depuis un moment par Potter mais parvenait tout de même à garder secret sa mission, c'était le principal. Potter passait davantage de temps avec Hermione et Ron. Les leçons avec Dumbledore étaient suspendues ou arrêtées. Elle avait une foi aveugle dans les autres ou me faisait terriblement confiance pour me dévoiler ce genre de détails.
-Pourquoi me dis-tu tout cela ? En ces temps, n'est-ce pas étrange de parler de ce genres de choses ? N'est-ce pas le genre d'informations que tu devrais garder pour toi ?
-Je te fais confiance et puis je ne peux rien dire de plus. Je ne sais absolument pas de quoi parlent Harry et Dumbledore. Ça pourrait être de la magie ou de la famille d'Harry pour ce que j'en sais. Le professeur Dumbledore est important pour Harry, c'est le seul à vraiment savoir ce qui s'est passé et Harry n'a quasiment plus personne pour lui parler de sa famille.
-Tu crois vraiment qu'ils passent leur temps à parler de sa famille ?
-Tu n'aimerais pas que quelqu'un te parle de la tienne ?
Je me suis tue. Aimerais-je savoir qui étaient mes parents ? Est-ce que cela a une véritable importance ? Le seul qui compte est mon Seigneur.
-Je suis désolée, Kid, je ne voulais pas…
-Tu ne voulais pas quoi ?
-Ce n'était pas délicat de ma part de te poser cette question. Je voudrais que tout soit plus simple. Tu es si complexe. Tout le monde me met en garde contre toi et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils ont peut-être raison. Dans le fond, je ne connais rien de toi et pourtant…
-Pourtant quoi ?
Nous étions devant chez moi. Personne ne pouvait nous voir. Nous étions si proches l'une de l'autre. Je la regardais fixement. Ses yeux étaient doux. Elle mit ses bras autour de mon cou et sans réfléchir je posai mes mains sur ses hanches. Elle se pencha vers moi et m'embrassa. Son baiser n'était pas le même que les précédents. Je ne saurais l'expliquer. Mais il y avait une tension chez Hermione qui me transperça au moment où ses lèvres se posèrent sur les miennes.
Elle s'écarta.
-Je t'aime. Et c'est terrible car je sais que tu ne sais pas ce que ça veut dire mais je t'aime et je ne peux pas l'empêcher.
Elle avait raison, je ne savais pas ce que cela voulait dire. C'est quoi « aime » ? Je ne pus rien répondre. Que répond-on à cette phrase ?
