Chapitre 2
J'ai mal. Je souffre, et cette douleur ne me quitte pas.
J'ai mal. Donc je suis vivant. Cette pensée me blesse encore plus.
Je sens une présence. Il y a quelqu'un près de moi. Je sens que cette personne m'observe. Je pourrai ouvrir les yeux, voir de qui il s'agit, mais je ne le fais pas. Je ne le veux pas. Ouvrir les yeux, voir, c'est une preuve supplémentaire que je suis en vie. Alors je garde les yeux fermés. Si je prétends avec suffisamment de force que je suis mort, je le serai peut-être ?
Pathétique. Je reste inerte, je ne fais pas un geste, essayant d'oublier cette douleur et d'imaginer que je suis mort.
J'y suis presque arrivé quand j'entends une voix. Potter, évidemment. Il ne pourrait pas me laisser reposer en paix ? Je sais, c'est moi qui suis venu le chercher, si on y réfléchit, mais je ne lui ai jamais demandé de me persécuter, je voulais juste qu'il me tue, pas qu'il me force, en me parlant, à me rendre compte que je suis vivant.
Je le hais.
Je ne peux m'empêcher d'écouter ce qu'il me dit.
- Malefoy, écoute moi. Je ne compte pas passer ma vie à te regarder faire semblant de dormir, alors tu vas ouvrir les yeux et répondre à mes questions. Pourquoi es-tu venu ici, alors que tu sais très bien que ce n'est pas un endroit pour un mangemort ? Pourquoi tu m'as attaqué ? Pourquoi tu n'as même pas essayé de me tuer ?
Il arrête un instant de parler. S'il croit que je vais lui obéir… Cet imbécile n'a pas été capable de me libérer, je ne vais pas l'aider en lui apportant des réponses à ses questions. J'estime l'avoir assez aidé en lui démontrant que les habitudes sont dangereuses.
Il soupire. Je sais, je suis désespérant. Si je suis suffisamment insupportable, il me tuera peut-être ? Il y a peu de chances, c'est tout de même de Potter, le futur sauveur du monde sorcier, dont il s'agit.
Avant de partir, il parle encore.
- Je laisse ici un plateau-repas, si tu as faim. Tu peux manger, ce n'est pas empoisonné. Je laisse aussi un parchemin et une plume, si tu ne veux pas parler, tu voudras peut-être écrire.
Il s'en va. Alors comme ça, il ne s'est même pas donné la peine d'empoisonner mon repas ? C'est vrai qu'au niveau des potions, il n'a jamais été très doué. Enfin, il existe d'autres poisons, plus simples. Peut-être qu'il a menti au sujet de ma nourriture, on verra bien.
J'ai fini mon repas, je suis toujours en vie. Dommage. Je me retrouve face à un plateau vide, un parchemin et une plume. Je parcours la pièce où je suis du regard. Un lit sur lequel je suis allongé, un bureau et une chaise, un placard qui refuse de s'ouvrir, et une fenêtre qui donne sur le parc.
Je m'ennuie. Mon regard se porte, une fois de plus, sur le parchemin. Il ne croit tout de même pas que je vais m'en servir ?
S'il le croit, il a raison. J'écris. L'adresse des moldus, de ma mission. Rien de plus, juste une adresse, qu'il se débrouille avec.
J'entends du bruit. Je continue de regarder par la fenêtre. Je ne fais plus semblant d'être mort, mais je ne suis pas devenu bavard pour autant.
C'est encore lui. Il me repose ses questions, je ne réponds pas, ne le regarde pas. Il voit le parchemin, le prend. Il sort, emportant l'adresse et le plateau vide.
Très vite, une routine s'installe. Je l'ai déjà dit, Harry Potter est quelqu'un de prévisible.
Il m'apporte mes repas, me pose quelques questions, toujours les mêmes. Parfois, il tente d'engager la conversation sur d'autres sujets. Je suis informé des derniers résultats du championnat de Quidditch, de la séparation des membres du groupe des Bizarr' Sisters… Choses futiles et sans intérêt.
Je ne réponds jamais. Je ne croise jamais son regard. En fait, pas une seule fois je ne l'ai regardé, je crois que ça commence à l'énerver. Victoire dérisoire.
Je n'ai plus écrit. Je ne lui ai pas demandé ce qu'il a fait de l'adresse que je lui ai donnée. Pourtant, je voudrai savoir, vraiment. Mais je refuse de lui parler.
Je me pose un certain nombre de questions, moi aussi. Pourquoi est-ce toujours lui qui vient me voir ? Depuis 2 semaines que je suis ici, personne d'autre n'est venu. Pourtant, il n'est pas le seul, dans cette maison, j'ai entendu les voix d'autres personnes. Pourquoi ne m'a-t-il pas envoyé à Azkaban ? Je suis un mangemort, j'en ai la marque, j'ai provoqué la mort de Dumbledore, j'ai utilisé le doloris, souvent… Et surtout, pourquoi ne m'a-t-il pas tué, ce soir là ? Il en avait envie, je le sais, j'ai senti sa haine.
Mauvais signe, ces questions. Se poser des questions, c'est espérer des réponses.
Il n'y a rien de pire que l'espoir. Après avoir espéré, on est déçu. Toujours. Le seul moyen que j'ai trouvé pour ne pas être déçu, c'est de ne jamais rien espérer. Pas même des réponses.
Ce soir, je n'y tiens plus. La routine, les habitudes, très peu pour moi, merci. Alors ce soir, je le regarde. Je le fixe de toute ma haine.
Je parle. Je lui dis qu'il n'a aucune réponse à attendre de moi, je n'ai pas l'intention de lui en donner. Je lui dis que je ne souhaite pas rester ici, que je préfère, et de loin, être envoyé à Azkaban, ou être exécuté. Cette dernière option me semble la plus attirante, mais je ne le lui dis pas. Je lui dis qu'il devrait récupérer son parchemin et sa plume, il pourrait en faire un meilleur usage que les laisser prendre la poussière. Et je lui dis que je ne veux plus le voir.
Il reste un moment sans répondre. Visiblement, il ne s'attendait pas à ce que je parle, et surtout pas autant. Il étudie peut-être la possibilité de m'envoyer à Azkaban, ou de procéder lui-même à l'exécution ?
- Pourquoi as-tu donné cette adresse ?
Là, c'est moi qui suis surpris. Cette question, il ne me l'avait pas encore posée.
Je voudrais lui demander s'ils se sont occupés des moldus, si un autre mangemort a pris ma place, mais je ne veux pas lui montrer que cela m'intéresse. Alors, je hausse les épaules, retombe dans le silence et me retourne vers la fenêtre, comme avant.
De cette manière, j'essaye de lui faire comprendre que ses efforts ne servent à rien, que je ne suis pas disposé à lui répondre.
- Grâce à toi, ces moldus ont pu être sauvés. On a réussi à arrêter un mangemort qui devait les exécuter. Il nous a dit qu'il avait repris cette mission à cause de ta disparition.
Ils sont sauvés. Je sais, le sort de ces moldus devrait m'être totalement égal, mais je ne peux m'empêcher d'être soulagé. J'ai l'impression d'avoir enfin fait quelque chose de bien dans ma vie.
Une semaine a passée depuis que j'ai parlé à Potter. Il ne s'est pas décidé à me laisser tranquille, je ne me suis pas décidé à lui adresser la parole de nouveau.
Un partout. Comportement puéril ? Peut-être. Je préfère considérer cela comme l'affrontement de deux volontés. Et je continue d'espérer qu'il m'achèvera lorsqu'il en aura assez de ne pas avoir de réponse.
Je crois qu'il y a eu une bataille importante, aujourd'hui, et que plusieurs personnes ont été blessées. C'est ce que j'ai cru comprendre, d'après ce que j'ai entendu de ma chambre.
Si Potter était mort, ou blessé, je me demande si un autre viendrait, ou s'ils me laisseraient mourir de faim dans cette chambre ? Je vais peut-être le savoir ce soir, mon serveur attitré n'est toujours pas là, il a une heure de retard sur l'horaire habituel.
En fin de compte, je ne le saurai pas ce soir. Il vient d'entrer. Je l'entends poser mon plateau. Je ne me retourne pas. Je l'entends qui s'approche de moi.
Il me force à me retourner, me plaque contre le mur. Il a vraiment l'air en colère.
- Malefoy, j'en ai assez ! Trois semaines que tu es ici, tu ne réponds à aucune question ! Ce soir, je veux des réponses, et je te jure que je les aurai !
Je me contente de tourner la tête, montrant que je n'ai pas l'intention de lui obéir.
Il me gifle, ma tête cogne contre le mur. Je ne le regarde toujours pas, alors il me frappe encore. Au ventre, cette fois.
J'ai mal.
Il s'éloigne de moi. Je voudrai crier, lui rendre les coups, mais au lieu de cela, je m'effondre sur le sol, je pleure.
- Pourquoi tu ne m'as pas tué, Potter ?
Il ne répond rien. Au bout d'un moment, j'entends la porte qui se referme. Il est parti.
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Voilà le chapitre 2, dites moi ce que vous en pensez (si c'est la peine que je continue d'écrire ou si je dois abandonner ma carrière d'écrivain de fanfics immédiatement...)
Merci à tous ceux qui se sont donné la peine de lire!
