Note : Coucou tout le monde ! Je sais qu'il est un peu tard pour poster, mais je vais avoir une semaine chargée alors j'en profite pendant que je peux encore ! C'est la fin du chapitre quatre, le retour du scénario et des scènes un peu utiles à l'histoire. Tout un programme. Bref, je vous embête pas plus et je vous fais des bisous !
CHAPITRE 4B
Il y avait un cadavre sur son tapis.
Tony avait brièvement maintenu l'illusion que ce qu'il voyait n'était qu'un tas de vêtements ensanglantés, mais un coup de pied donné dans la masse molle avait confirmé qu'il s'agissait bien d'un cadavre. Sur son tapis,encore. Il était irrécupérable, le bonhomme, pas le tapis.
Enfin, bonhomme était un bien grand mot pour désigner un type qui se rapprochait tout de même plus du lézard que de l'être humain. Enfoui sous une masse de vêtements et de bijoux un peu trop ostentatoires au goût de Tony, il était presque aussi vert que le Hulk et avait une espèce de crête orange fluo en guise de cheveux. Et trois doigts aussi. C'était bizarre, ça, trois doigts.
Tony fixa un long moment le visage déformé par la mort du type. Sa bouche pleine de dents était tordue et ses yeux, très rouges, ne fixaient plus rien. Tony détourna le regard. Loki était allé trop loin, une fois de plus, et cette fois-ci, il n'y aurait pas de retour en arrière. On ne revenait pas de la mort, après tout. Même si ce n'était qu'un extraterrestre reptile bizarre.
« Loki ! hurla-t-il à pleins poumons.
Loki, évidemment, ne lui répondit pas. Enragé, Tony demanda.
- JARVIS, tu peux vraiment pas me dire où est cet enfoiré, là, tout de suite ? Il doit être dans cette putain de tour s'il a laissé son cadavre dans mon putain salon.
- J'ai bien peur que non, monsieur, mes capteurs sont toujours hors service.
Tony se saisit de son téléphone, essaya d'appeler Dieu, sans rien obtenir d'autre que d'agaçantes tonalités électroniques et un répondeur tout aussi casse-couilles. Tout en pestant, il continua de composer le numéro et entreprit de faire le tour de sa propre maison, téléphone toujours en main. Peut-être n'aurait-il dû pas la concevoir aussi grande, en fin de compte. Mais il devait bien être quelque part, putain de merde !
- Loki ! Enfoiré, brailla-t-il comme un possédé. Réponds, putain de merde ! Loki ! »
Lorsque la voix du petit merdeux en chef lui parvint enfin, la gorge de Tony était au supplice d'avoir tant crié, il se sentait devenir fou, et il avait cassé son téléphone en le jetant contre un mur dans un accès de rage. La réponse de Loki lui parvenait trop étouffée pour qu'il discerne ses mots, mais elle provenait assez nettement de l'infirmerie. Après un dernier juron mental envers les enfoirés psychopathes meurtriers qui laissaient des cadavres sur les tapis hors de prix, et qui, pour comble de leur crime, réussissaient apparemment à se blesser dans le processus, Tony courut à petites foulées rejoindre les lieux.
La pièce était dans un bordel monstre, et plus surprenant encore, surpeuplée d'enfants. D'enfants. De toutes les tailles, formes et couleurs. D'enfants extraterrestres. Tony chercha une chaise sur laquelle s'effondrer, parce que s'en était trop pour lui. Il avait un cadavre à l'étage et deux dizaines d'enfants extraterrestres plus bas. Il s'installa sur un tabouret grinçant et manqua de se ramasser la gueule.
Au milieu du foutoir, Loki était assis, entouré de tout un tas d'instruments médicaux que Tony avait du mal à identifier. Il était occupé à recoudre un gosse rouge, au crâne chauve comme un œuf et au corps anormalement anguleux, mais il avait levé les yeux de son travail pour l'accueillir. Il y avait une once de panique dans leur vert habituellement moqueur.
Loki lui-même avait l'air aussi secoué que les gosses. Il portait l'armure que Tony voyait encore dans ses cauchemars, mais cette armure-ci était endommagée, couverte de saletés et de sang. Ses traits étaient tirés et sa peau luisait de sueur, plus blanche qu'à l'ordinaire. Il irradiait la fatigue et le stress.
« Qui est-ce ? demanda une petite fille bleue qui fixait Tony avec suspicion. Et petite n'était peut-être pas le bon mot, parce qu'elle lui arrivait à l'épaule, et que ce qui ressemblait à des cornes lui ajoutait quelques bons centimètres.
- Anthony Stark, ma chère Signy, le présenta sobrement le dieu. Nous résidons actuellement dans sa demeure.
- Pourquoi chez lui ? l'interrogea encore la dénommée Signy.
Tony passa une main sur son visage. Il s'aperçut qu'elle tremblait un peu. Sa tour était s'était transformée en une putain d'école primaire.
- Excellente question, la stroumphette ! s'exclama-t-il avec un poil d'hystérie mal contrôlée. Pourquoi chez moi Rudolphe ? J'ai l'air d'une assistante sociale ?
Un des gosses grommela un truc qu'il ne comprit pas. Loki venait de finir sa suture d'un point expérimenté, et désinfectait le bras du gosse rouge avec un calme impressionnant. Mais son petit numéro ne trompait personne, du moins, il ne trompait pas Tony.
- Nous aurons cette discussion plus tard, Stark, trancha le dieu en dardant ses yeux sur lui. En attendant, j'apprécierais toute l'aide que tu voudras bien nous offrir. »
Tony soutint son regard pendant de longues secondes, désarçonné par la demande presque polie. Le Loki qu'il avait sous les yeux ressemblait si peu à celui qu'il côtoyait habituellement… Envolés, sa fierté et son arrogance et tous ses airs moqueurs. Ne restait qu'un homme démuni, et presque paniqué, malgré la voix traînante et les dehors nonchalants. Le voir ainsi réveillait quelque chose en Tony, quelque chose qu'il n'avait fait jusqu'alors que craindre et soupçonner .
Sa propre panique reculait doucement. Il voulait l'aider, le tranquilliser, réalisait-il avec un sentiment de vertige. Il se sentait putain de protecteur envers Loki, de toutes les personnes de l'univers. Le gars qui tuait des gens dans son temps libre.
Ah oui, et on parlait d'enfants, accessoirement. Il ne pouvait pas rester là, les bras croisés, sans rien faire.
Il poussa un long soupir et rompit le contact visuel.
« Très bien Loki Doki. Qu'est-ce que tu veux ?
Il entrevit le coin de la bouche de Loki qui se soulevait, juste un peu, un petit sourire où il perçut une pointe d'apaisement qui lui serra le cœur.
Loki parcourut la pièce du regard, évaluant les gosses. Ils étaient tous plus ou moins rassemblés en petits groupes, vêtus d'uniformes gris et en sale état. Aucun d'entre eux n'avait l'air très heureux d'être ici.
- Je pense qu'on va commencer par un bon repas. Occupe-toi de nous trouver à manger. Et moi, je vais finir de soigner vos blessures, hein ? » adressa-t-il au reste de l'assemblée silencieuse.
Tony s'exécuta. Le dieu avait intérêt à avoir une putain d'explication pour plus tard.
Tony n'aurait jamais cru que de si petites personnes puissent le faire autant chier. Vraiment, ce n'était pas qu'il n'aimait pas les enfants, mais ils avaient juste tellement de besoins. Ses robots étaient plus faciles à vivre : un coup d'huile, une mise à jour de temps en temps, et tout se passait très bien dans le meilleur des mondes. Mais des enfants.
Il avait d'abord fallu les nourrir. Soit. Pourquoi pas. Mais Tony n'avait aucune putain d'idée de ce que des enfants extraterrestres pouvaient bien manger. Il avait commandé de tout : fast-food, traiteur, soupes, toutes sortes de boissons, des jus de fruits, des sodas, des gourmandises et des chips, des menus végétariens, végans même, juste au cas où. Tout ça pour s'entendre raconter qu'un des gosses ne mangeait que du putain de métal. Sérieusement ?
Avec l'aide de Loki, il s'était assuré que tout ce petit monde mangeait bien à sa faim, mais pas trop, qu'ils savaient utiliser des couverts, qu'ils n'allaient pas vomir, ou s'étouffer avec un aliment quelconque. Et il ne voulait même pas penser à toute la vaisselle que tout cela avait laissé.
Entre-temps, ils avaient soigné des blessures plus ou moins graves, géré des crises de larmes à répétitions, des questions auxquelles ils n'avaient pas de réponses, expliqué le fonctionnement des toilettes terriennes, acheté des tonnes de vêtements pour remplacer ceux qui étaient trop grands, trop petits, trop sales, déchirés, ou en lambeaux. Tony avait passé de longues minutes à s'arracher les cheveux sur certains gosses qui avaient des membres en trop, ou en moins.
Il était à deux doigts de la crise de nerfs, et Loki n'avait toujours pas daigné l'informer de ce qu'il se passait. Et il ne lui avait toujours pas expliqué la présence d'un cadavre dans son salon.
Il n'allait plus tenir longtemps. Loki se trouvait un peu plus loin, en grande conversation avec une fillette aux yeux clairs, et qui aurait eu l'air humaine, si elle n'avait pas de la putain de mousse, du genre qui pousse sur les arbres, à la place de ses cheveux. Tony s'approcha et se racla la gorge pour annoncer sa présence.
« Excuse-moi petite mère nature, je peux te l'emprunter cinq minutes ? demanda-t-il à la gamine en pointant Loki du doigt.
Celle-ci, l'air ingénue, acquiesça sagement, et Tony embarqua le dieu par le coude, loin des oreilles indiscrètes des gosses, mais en s'assurant tout de même de pouvoir garder un œil sur eux en cas de crise de larmes ou d'incendie involontaire.
- Okay, je sais que j'ai dit que j'allais te filer un coup de main, mais t'avoueras que ça fait quand même beaucoup là, commença-t-il. J'ai besoin d'explications. Du genre, maintenant.
Le dieu grogna et porta ses doigts à ses tempes. Derrière eux, les enfants échangeaient leurs petits secrets à force de murmures, ou criaient carrément pour communiquer d'un bout à l'autre de la pièce. Au moins, avaient-ils pris leurs aises, constata Tony, non sans une pointe d'agacement. Loki, pour sa part, leur jetait régulièrement des coups d'œil tendus.
- Ça ne peut vraiment pas attendre Stark ? On est un peu occupés là, des fois que tu ne l'aies pas remarqué, chuchota-t-il furieusement.
- Non, ça ne peut pas ! lui répondit-il. J'ai, je sais pas combien de gosses qui mangent des trucs bizarres et un cadavre sur les bras ! Par ta faute, je te rappelle ! Déjà, tu te barres encore sans me demander permission pendant trois jours, alors que t'es genre le criminel le plus recherché de la planète et…
- Oh, je t'en prie ! l'interrompit le dieu. Si tu tenais tant que cela à me garder enfermé tu ne m'aurais pas retiré ces stupides menottes. Et ton peuple me pense encore au fond d'une cellule à Asgard !
- Et… Et t'as encore niqué ce putain de tapis ! éclata-t-il, à bout de toute patience.
- Toi et ton tapis ! pesta le dieu. Revois tes priorités pour une fois, personne n'en a rien à foutre de ce satané tapis !
Tony le frappa dans le bras pour sa peine.
- Quel sauvage ! s'indigna Loki.
- Va te faire foutre ! Je te jure sur tout ce que tu veux que si tu continues à garder tes petites infos pour toi, j'appelle le SHIELD illico presto mon vieux ! Je suis pas ta nounou personnelle, merde à la fin. Et c'est mon tapis préféré !
Loki grogna et se massa l'endroit où il l'avait frappé.
- Tu avais l'air moins préoccupé par son sort lorsque tu as décidé de me culbuter dessus, la semaine dernière, persifla-t-il.
Tony fit les gros yeux au souvenir, et s'assura qu'aucun des gosses n'avait entendu la dernière réplique de son insupportable prisonnier, amant, ou peu importait ce que Loki était pour lui.
- Je ne t'ai pas entendu te plaindre non plus Rock of Ages, hein, lui rappela-t-il.
- C'est Loki !
- Rudolphe.
- Insupportable ! Très bien, tu as gagné ! Tu veux savoir quelque chose, Stark ? Je n'ai aucune idée de comment je me suis retrouvé là-dedans non plus ! J'allais juste récupérer un de mes biens et…
Il s'interrompit, comme à court de mots. Tony n'était pas sûr d'aimer le début de l'histoire.
- Tu veux dire que t'es allé voler un pauvre type ? demanda-t-il.
- Non, il avait mis la main sur quelque chose qui m'appartenait, insista Loki. Et je t'assure qu'il ne s'agit pas d'un pauvre type, comme tu le dis si bien, mais plutôt d'une infâme raclure.
- C'est le gars à l'étage pas vrai ? Oh, mon Dieu, me dis pas que tu l'as zigouillé pour récupérer je sais pas quoi ! Mon Dieu, mais si, tu l'as totalement zigouillé ! Et c'est de ma faute parce que je t'ai laissé partir en vadrouille, mais qu'est-ce que j'ai fait ! »
Il était un meurtrier. Un putain de meurtrier d'extraterrestre reptile bizarre. Il ne connaissait même pas le nom du type et il était mort par sa faute, parce que Tony avait été incapable de remettre les menottes au gars avec lequel il couchait et qu'il ne pensait qu'avec sa putain de bite.
Sa panique subite fut interrompue par la main de Loki qui se posait sur son épaule. Elle était fraîche et ferme, Tony la sentit même à travers le tissu et l'épaisse couche d'angoisse qui l'enveloppait.
« Regarde-moi, Stark, lui ordonna-t-il.
Tony obéit malgré lui. Même avec le stress qui menaçait de l'envahir, il ne put s'empêcher d'admirer le visage harmonieux du dieu. Putain de merde, mais qui lui avait foutu un cerveau pareil ?!
- Écoute-moi et arrête de te monter la tête tout seul, d'accord Stark ? reprit le dieu d'une voix grave et assurée. J'ai tué l'homme sur ton tapis. Moi et moi seul. Tu te souviens de New York ? Tu penses que j'ai besoin de l'aide de qui que ce soit pour tuer quelqu'un ? Je peux faire ça dans mon sommeil et, menottes ou pas menottes, j'aurais trouvé un moyen si je l'avais voulu.
Tony chercha dans son expression les indices d'un mensonge, mais il n'en trouva pas. Il avait raison, réalisa-t-il en inspirant profondément. Loki était intelligent, vicieux et déterminé. S'il avait décidé de tuer un gars, il le ferait, peu importait les obstacles sur sa route.
- Bon, reprit le dieu en pressant doucement son épaule. Maintenant, je vais te raconter le reste de l'histoire, tu seras libre d'en penser ce que tu veux et d'agir en conséquence par la suite. Mais je veux que tu me promettes de m'aider avec ces enfants, d'accord ? J'ai besoin de ton aide. De nous deux, c'est toi le super-héros en costume débile.
Tony eut un rire nerveux à la dernière réplique.
- De nous deux, c'est toi qui portes une armure à cornes Rudolphe.
Loki sourit un peu et sa main quitta son épaule. Tony le suivit instinctivement, tendit à son tour la main pour rattraper son avant-bras. Celle-ci resta bêtement suspendue entre eux.
- Je… Non, rien, se rétracta-t-il. Okay, c'est quoi la suite ? »
Le reste de l'histoire était plutôt simple. C'était le genre de tragédie qui arrivait déjà sur Terre, dans tous les pays et qui se cachait insidieusement aux yeux des bonnes gens. C'était d'un banal à pleurer, parce que Tony entendait ces événements presque tous les jours, avec son costume débile, comme l'avait si gentiment formulé Loki.
Ce dernier était donc allé rendre une petite visite à l'un de ses vieux amis pour récupérer un objet fort mystérieux. Il avait refusé de donner plus de détails à ce sujet, ce qui tendait à faire penser à Tony qu'il avait affaire au narrateur le moins fiable de l'histoire. Il ne comptait cependant pas faire passer un tas d'interrogatoires à des gosses traumatisés pour vérifier les propos du dieu. Il était le gentil de l'histoire.
Il s'avéra que ledit vieil ami avait opéré une reconversion professionnelle. Dans l'esclavage. Charmant secteur. Loki lui avait brièvement expliqué que le peuple auquel il appartenait avait formé des alliances avec d'autres races voisines, et qu'ensemble, ils avaient enrichi leurs sociétés, cultures et technologies respectives sur la base de l'esclavagisme. Pendant des siècles.
Ce n'est pas rare, dans la galaxie, avait-il ajouté, la voix pragmatique et les yeux perdus dans le vide. Odin avait fini par s'en mêler, et avait envoyé Thor et d'autres asgardiens leur régler leur compte. Non sans un certain sarcasme, Loki avait précisé :
« Il ne l'a pas fait par altruisme, mais il ne pouvait pas permettre à une alliance si puissante d'exister hors de son contrôle. D'une manière ou d'une autre, ils auraient fini par menacer les neuf royaumes. Et son autorité avec.
Après cela, l'économie de la planète entière avait été ruinée. Certains avaient été assez malins pour fuir avant le drame, dont le cher ami de Loki, qui était homme assez riche pour prendre ses cliques et ses claques et aller s'implanter ailleurs. L'intervention de Thor et de ses amis n'avait pas été suffisante pour annihiler toutes les formes d'esclavagisme et une grande partie de ces pratiques était passée dans l'illégalité.
- En réalité, je pense que ça a plutôt aidé ses affaires, expliquait Loki qui avait récupéré une assiette de nouilles au cours de sa narration, et les mangeait sans enthousiasme. Blóðughadda, occupe-toi de tes sœurs s'il te plaît, cria-t-il à l'attention d'une gamine rousse qui passait par là.
- Ouais, simple règle du marché. Je suppose que la demande est montée et les prix avec. Il devait être content, abonda Tony en pensant au lézard qui jonchait toujours son tapis. Et alors, c'est là que t'as trouvé les gosses ?
- Oui, acquiesça le dieu. Il s'était spécialisé dans ce marché précis.
- Sympa, grimaça Tony. Je suppose que c'est pour ça que tu l'as tué ?
- Ne raconte pas n'importe quoi Stark le corrigea-t-il. Premièrement, je ne l'ai pas tué, je l'ai accidentellement laissé mourir. Quand les enfants et moi-même avons quitté Sszardil, il était encore vivant et gémissait comme un vermisseau.
Tony n'aurait pas dû en rire, mais on parlait d'un trafiquant d'enfants et c'était dur de ressentir de l'empathie pour un type pareil. Il était même plutôt content que Loki lui ait réglé son compte, bien qu'il ne l'avouerait jamais. Peine de mort, éthique, et tout ça.
- C'est gentil de ta part de l'avoir un peu épargné, remarqua-t-il. Ça ne te ressemble pas.
- Je pensais laisser cet honneur à ses victimes, c'est pour cela que je l'ai emmené avec nous. L'un d'entre eux aurait pu manifester une envie de vengeance.
Tony le fixa, incrédule.
- Attends, tu veux dire que tu l'as laissé vivant pour que des enfants puissent l'assassiner ?! T'as vraiment des problèmes dans ta tête, tu le sais ça ?
- À leur place, j'aurais voulu obtenir vengeance moi-même, argumenta posément le dieu. Mais cette discussion est stérile Stark. Il n'a pas supporté le voyage et j'avais mieux à faire que de surveiller son état de santé.
- C'est quand même tordu, lui commenta-t-il pour la forme. Enfin, bon. Mais ça m'explique pas comment il s'est retrouvé sur mon tapis préféré. »
Loki eut un large sourire, mais ne lui répondit rien. En fait, il n'eut pas besoin de répondre, parce que Tony devina sans problème ce qui se cachait derrière cet air satisfait. Il l'avait fait exprès pour le faire chier, cet enfoiré. Il avait vu le tapis, le cadavre, l'opportunité de faire monter sa tension artérielle et il s'était rué dessus comme le petit vicieux qu'il était.
Tony soupira longuement. Le dieu allait le rendre chèvre.
« Je suis quand même curieux. Qu'est-ce qui t'a pris de les libérer ? Je veux dire, sans vouloir être vexant, t'es pas du genre à sauver la veuve et l'orphelin.
Loki haussa les épaules.
- J'avais prévu de mettre le feu à l'endroit. Tu devrais le savoir, un bon criminel évite de laisser des traces derrière lui. J'aurais pu les laisser là où je les avais trouvés, mais les brûler vivants, c'était une autre affaire. Et puis, j'ai pensé que tu saurais t'en occuper, c'est ton occupation favorite, après tout.
- Pas vraiment, protesta-t-il. Je me serais bien passé de toutes ces conneries. Mais bon, je suppose que c'est mieux que d'en faire un barbecue, ouais.
- Je m'étais dit que tu risquais de ne pas apprécier, oui, sourit le dieu. Mais j'ai quelque chose pour te remonter le moral. »
Tony se sentit partagé entre méfiance et excitation. Il regarda le dieu qui lui souriait d'un air malin, une lueur d'espièglerie dans ses yeux verts. C'était le visage qu'il lui préférait, parce qu'il créait toujours cette petite anticipation dans sa poitrine, celle-là même qui faisait battre son cœur un peu plus vite. Peu de choses pouvaient encore le surprendre, mais Loki y arrivait sans difficultés, et il avait toujours l'air si libre, si heureux, si jeune dans ces moments.
Il aimait le voir ainsi, mais il en venait toujours à se demander si ce Loki était le même qu'il avait eu le malheur de croiser à New York. Plus le temps passait et plus il avait du mal à associer les deux.
« Qu'est-ce que c'est ? Tu m'as ramené une surprise ? le taquina-t-il en se rapprochant un peu du dieu, qui l'imita, l'air conspirateur.
- Figure-toi que notre ami n'était pas qu'un esclavagiste. Sa race est détentrice de technologies plutôt avancées, même à une échelle aussi vaste que celle de l'univers. Maintenant, devine comment nous avons voyagé d'une planète comme Sszardil jusqu'à Midgard.
Tony le fixa stupidement.
- Je pensais que tu les avais juste téléportés, avoua-t-il.
- Voyons Stark. Dix-neuf enfants et un cadavre ? Je ne suis pas mauvais en la matière, mais c'est bien au-delà de mes capacités.
Il n'arrivait pas à y croire. Il saisit les épaules du dieu, prit d'une folle incrédulité.
- Un vaisseau spatial ! Tu les as ramenés en vaisseau spatial, espèce de maniaque ! C'est ça qui fout le bordel dans les capteurs de JARVIS !
Loki éclata de rire, visiblement ravi de sa réaction.
- Et il est tout à ta disposition. Enfin, une fois que l'on aura fini de s'en servir, parce que je suppose que tu vas vouloir le démonter.
Pris d'une impulsion subite, Tony claqua un baiser sonore sur le front du dieu. Celui-ci n'en rit que plus et Tony l'accompagna volontiers.
- Je l'ai fait atterrir sur ton toit, l'informa Loki lorsqu'ils se furent un peu calmés. Il est plutôt petit, je suppose qu'il le réservait pour son usage personnel. Et, avant que tu ne demandes, les sorts d'invisibilité sont parmi les plus faciles. Personne ne s'en apercevra.
- J'ai un vaisseau invisible sur le toit de ma tour ! C'est genre, le plus beau jour de ma vie.
- Tu exagères, le morigéna gentiment le dieu. Ce genre de technologie n'est pas si rare dans les neuf royaumes.
- Ouais, ouais, dit Tony qui se remettait encore de l'information. Enfin, j'espère que tu sais que ta technologie extraterrestre ruine les capteurs du pauvre JARVIS. Il ne peut même plus voir ce qu'il se passe dans la tour.
- Vraiment ? s'étonna le dieu.
- C'est exact, monsieur Loki. Les ondes électromagnétiques émises par votre véhicule semblent incompatibles avec les fréquences terriennes. Tous mes capteurs sont hors service.
Loki haussa ses deux sourcils.
- Eh bien, je peux couper l'alimentation pour ce soir. Nous nous occuperons de ce problème technique plus tard, décida-t-il.
- T'as laissé les moteurs tourner ?
- Au cas où les choses tourneraient mal. Un départ rapide est toujours plus sûr. »
Ouais, Loki était quand même un peu parano. Tony ne comprenait pas comment il avait pu s'imaginer qu'il le chasserait de sa tour, surtout lorsqu'il avait avec lui un tas de mômes traumatisés et un putain de vaisseau spatial. Enfin, il avait toujours été plus raisonnable d'eux deux. Depuis le début, Tony avait laissé ses suspicions s'effondrer une par une sans trop combattre le phénomène. Loki pouvait lui mentir, s'enfuir, ruser, le mener par le bout du nez sans trop de conséquences, et il en était conscient. Mais l'inverse n'était pas si vrai.
Il pouvait le sentir, parfois, dans la ligne tendue des épaules, dans les yeux étrécis par le doute et la curiosité. Loki ne lui faisait pas confiance, et il ne faisait confiance à personne. Heureusement, d'ailleurs, parce que cela agissait sur Tony comme une piqûre de rappel. Il ne devait pas oublier ce dont le dieu était coupable, et ce qu'il pourrait encore faire dans le futur.
Loki regardait à présent les enfants qui s'agitaient autour d'eux. Sa bouche formait une moue pensive. Tony l'interrompit.
« À quoi tu penses, Don Juan ?
Il sembla hésiter à lui répondre un instant. Finalement, il articula lentement, en choisissant ses mots de la voix grave qui faisait des trucs à l'estomac de Tony.
- Je me disais qu'aider ces enfants était la chose la plus folle que j'ai jamais faite de ma vie.
Tony avait du mal à y croire.
- T'es un dieu, mec. Je suis sûr que t'as déjà fait bien mieux. Ou bien pire, je veux dire, envahir une planète avec des orbes de pouvoir bizarres et une armée, tout ça, lui rappela-t-il.
Loki secoua la tête en signe de dénégation. Ses boucles s'agitèrent autour de sa mine assombrie.
- Tu ne comprends pas, Stark. Envahir votre monde n'avait rien de déraisonnable pour le sombre personnage que je suis. C'était attendu, tristement prévisible, et facile. Enfin, ce que je veux dire, c'est que le malheur et la destruction me viennent naturellement. Mais aider, c'est un acte d'altruisme, tu comprends ? C'est là que réside la vraie folie, dans ce que personne ne pourrait imaginer. »
Tony comprenait un peu. Il se souvenait de ses débuts en tant qu'Iron Man, de ce sentiment qu'il avait parfois, de n'être qu'un imposteur et un incapable. Des cauchemars qui le prenaient au milieu de la nuit, si puissants qu'ils balayaient toute sa rationalité. Il avait encore des jours où ils lui chuchotaient qu'il lui serait plus confortable de retourner à son ancienne vie, de se vautrer dans le luxe, le sexe, l'alcool, parce que c'était là sa place. Là où sa petite personne égoïste devait se trouver.
Oui, Tony comprenait, mais il n'aurait pas su trouver les mots pour le dire au dieu. Du moins, pas encore. C'était trop vif, trop honnête pour qu'il le lui offre.
À la place, il s'installa confortablement à côté du dieu et se pressa contre son flanc. Il posa sa tête sur son épaule, lentement, pour ne pas l'effaroucher, prit sa main dans la sienne, et la contempla. Cette même main qu'il tenait si précieusement, comme si elle contenait des secrets qu'eux seuls pouvaient comprendre, et cette main qui avait fait tant de mal.
« Je serai là, offrit-il finalement.
Ce n'était pas beaucoup, mais c'était déjà ça.
Il sentit Loki remuer un peu contre lui et poser son menton sur le haut de son crâne.
- C'est parce que tu es un idiot Stark. »
Ils furent interrompus par l'un des enfants qui vint se planter silencieusement devant eux. Tony le détailla. Avec du recul, il s'habituait plutôt bien à leurs particularités respectives. Le garçon avait l'air jeune, il lui donnait peut-être sept ans, et il était entièrement bleu. Ses yeux rouges les fixaient sans frémir. Loki n'eut pas l'air si perturbé que ça puisqu'il soutint son regard sans broncher.
« Qu'est-ce qu'il y a, Sigmund ? demanda-t-il en se détachant de Tony avec un brin de fébrilité. Tu cherches ta sœur, c'est ça ?
Ledit Sigmund hocha la tête. En se relevant, Tony se rendit compte qu'il était plutôt grand pour un garçon de son âge. Il lui rappelait la gamine qui l'avait questionné lorsqu'il était arrivé, il y avait de cela plusieurs heures. Les cornes aidaient beaucoup.
- On va la retrouver, le rassura Loki. Je vais éteindre le vaisseau et on demandera à JARVIS de la chercher, d'accord ? Elle ne peut pas être bien loin.
L'enfant lui jeta un regard interrogateur.
- JARVIS est l'intelligence artificielle de Tony, tu te souviens de Tony, n'est-ce pas ? C'est lui qui l'a créé. Il est très compétent, il va trouver ta sœur en un clin d'œil.
- Je veux mon neveu, renchérit Tony.
Loki prit la main de l'enfant dans la sienne et reporta son attention sur Tony.
- Je propose qu'on commence à mettre tout ce petit monde au lit. Et demain…, Il s'interrompit, visiblement perdu. Tony ne pouvait pas l'en blâmer. Les événements de la journée avaient été intenses, même pour eux.
- Demain, on s'occupera de planifier la suite avec eux, le compléta-t-il. On ne peut pas les garder sur terre, il va falloir leur demander s'il leur reste de la famille, ou à défaut, un endroit conçu pour ce genre de choses sur leur planète d'origine. Je suppose que ça va dépendre des situations.
Loki acquiesça, visiblement rassuré.
- Tu as raison. Je vais m'occuper du vaisseau, Sigmund, tu viens avec moi ? Je vais te montrer comment ça marche en attendant qu'on trouve ta sœur. Stark, tu pourras t'occuper des chambres, tu connais mieux la tour que moi. » Ajouta-t-il avec un petit rire tendu.
Tony obtempéra sans protester. Il leur restait encore beaucoup de choses à faire, et la nuit promettait d'être agitée.
