La belle au bois dormant :

Il était une fois, dans un pays baigné de la bienfaisance des dieux, une jeune fille si belle que tous les princes la voulaient pour femme. Mais celle-ci, prisonnière d'un sortilège, dormait depuis 100 ans. On racontait dans le royaume que seul le baiser d'un prince pourrait la sortir de son sommeil maléfique.

Or il se trouva un jour un jeune homme débordant de vie qui était de passage dans cette contrée. Il venait d'un royaume situé loin à l'est, là où la température était douce et le ciel clément toute l'année. Il avait d'ailleurs les yeux remplis de soleil, de ce soleil si pur qui inonde d'or la forêt lors de son lever, et ses cheveux rappelaient par leur couleur l'écorce encore tendre des jeunes arbres. Il voyageait seul, si bien qu'il se perdit dans ce pays pour lui si étranger, et, lorsque la nuit tomba, il dut faire halte sous la voûte céleste. Ce qu'il ignorait, c'était qu'il ne se trouvait qu'à quelques lieues d'un accueillant village.

Au matin, lorsque le chant des oiseaux le réveilla, il se trouvait devant un imposant château. Tout était envahi de ronces, et leurs épines avaient emprisonné pour toujours le sang des courageux princes qui avaient tenté leur chance par le passé. Bien que l'aspect de l'endroit ait pu le faire penser abandonné, le prince, perdu et affamé, décida de s'y rendre.

Il respira à fond, puis résolument s'enfonça dans l'épaisse jungle malfaisante.

Progressant mètre après mètre, se battant contre les pointes qui menaçaient de le retenir à jamais, il arriva enfin dans une clairière préservée du maléfice, où l'herbe était d'un vert tendre et où le soleil faisait étinceler les cheveux blonds d'une magnifique jeune femme au teint blanc. Elle était allongée sur un tapis de fleurs et ses yeux étaient clos.

Le jeune prince retint son souffle, de peur de la réveiller et se sentant de trop. Puis, sentant son ventre crier famine, il s'approcha tout de même, doucement.

"Gomen…"

Rien ne se passant, il répéta, un peu plus fort :

"Gomen nasaï !"

Comme elle ne réagissait toujours pas, il se dit que peut-être elle aussi avait eu tellement faim qu'elle s'était évanouie.

"Mais non, on peut pas dormir quand on a faim, bougonna le jeune homme."

Puisque, apparemment, il n'y avait personne d'autre ici, ni rien à manger, il décida de revenir à la route chercher un village et une auberge. Lorsqu'il apprit, plus tard, la légende d'une princesse endormie, notre beau prince avait déjà repris sa route.