Chapitre 15.
Ils n'en avaient jamais reparlés.
Hermione et Snape n'avaient jamais révoqué cette partie de jambe en l'air. Comme si elle n'avait jamais existé… ou comme s'ils faisaient semblant de s'en foutre. Dans tous les cas, cela leur convenait, parce qu'ils n'avaient pas le courage d'y refaire face.
Snape était encore assez terrifié par ces sentiments bizarres et ambigus qu'il ressentait pour la jeune femme, et elle de son côté, était déstabilisée par toutes ces choses qu'elle avait pensé sur Snape, qui s'étaient avérés finalement fausses, et toute sa personnalité qu'elle avait appris à connaître et à apprécier.
Quelque part, elle réalisa que cela allait lui manquer de ne plus être dans son corps.
Elle y songeait en touillant la potion, accoudée sur la paillasse de son salon d'un air fatigué.
« Qu'est-ce qui a, vous boudez ? »
Lorsqu'elle leva les yeux, elle vit Snape qui la regardait de haut alors qu'il lui tendait sa tasse de chocolat chaud, exactement comme elle l'aimait. Elle s'en saisit sans un mot, pensive, appréciant le goût du cacao en poudre qui venait un peu adoucir sa peine.
Elle avait rajouté cet ingrédient à la cuisine plus très vide maintenant de Snape, au milieu des pots de sauce tomate, des paquets de pâtes et de chocolats en tout genre, sans parler des monts de fruits au sirop qu'elle avait acheté.
Lorsqu'il l'avait remarqué, Snape s'était même demandé si elle ne se préparait pas à la fin du monde, ou quelque chose comme ça.
« Ça me rend triste que tout cela soit terminé. »
Snape leva les sourcils si haut qu'ils menacèrent de dépasser la limite de son cuir chevelu. Il porta sa main sur le front de la jeune femme, comme s'il était inquiet de son état physique avant qu'elle ne l'éloigne en pestant. Lui et son cynisme !
« Vous voulez un Xanax ? J'en ai dans la pharmacie.
_ Arrêtez, ce n'est pas drôle.
_Vous allez retrouver votre vie espèce de petite sotte ! Vos amis, votre dortoir, votre pieu, vos jupettes insupportables, j'ai même arrangé les choses avec votre petit copain, c'est comme si vous roucouliez comme au premier jour ! En plus, comble du spectacle : je ne vais même pas pouvoir vous lancer un oubliette tellement on a fichu le bazar dans nos vies respectives. Vous devriez sauter de joie.
_ Oh oui, j'exulte, grogna-t-elle.
_ Si vous insistez tant, je vous la file moi, ma vie. »
Hermione lui lança un regard noir avant de bouder de nouveau.
« Arrêtez de dire n'importe quoi, marmonna-t-elle.
_ Je ne plaisante même pas vous savez. Si pour échapper à Dumbledore, je dois pisser assis toute ma vie et me faire appeler madame, personnellement, je signe. »
Hermione plissa les yeux vers lui, ébahi avant de se secouer la tête. Elle ne put s'empêcher d'être amusée par ce qu'il venait de dire, et en tentant de cacher son rictus, elle finit par en rire un peu.
« Vous êtes un abruti, Severus Snape.
_ Peut-être, mais vous ne m'avez toujours pas dis ce qui vous tracasse réellement. Comment ma vie pourrait-elle vous manquer ?
_ En réalité, ce n'est pas d'habiter votre corps qui me créera de la nostalgie, mais plutôt… »
Hermione remua sa main dans le vide, mal à l'aise avant de soupirer. Sauf que Snape n'y comprenait vraiment rien du tout. Il tiqua bruyamment, un peu agacé.
Il avait l'impression qu'elle se moquait de lui.
« Plutôt quoi, la marque qui peut vous chauffer le bras à n'importe quelle heure de la journée et de la nuit, les rapports de Dumbledore, les suspicions de l'ordre et des sorciers qui vous prennent pour un sale traître, le manque de reconnaissance, d'appétit, de sommeil ?
_ J'allais dire que cet endroit allait me manquer, et vous, mais vous êtes trop bougon pour me laisser finir.
_ Oh. »
En effet, il était un abruti.
Hermione finit par lui sourire d'amusement avant qu'il ne se renfrogne. Snape trifouilla ses outils sur sa paillasse, attendant que la potion refroidisse. Enfin, ce fichu remède était prêt, ne lui restait-il plus qu'à figer durant une dizaine de minutes. Il avait ainsi versé ce mélange dans deux fioles devant eux, et voulait ranger pendant que Granger peaufinait ses notes, mais il y allait à reculons.
Mal à l'aise, il observait les alentours, un peu trop silencieux.
Hermione était trop concentré à écrire pour remarquer son attitude, mais elle vit au bout d'un certain temps comme il remuait pensivement les choses devant lui et plissa les yeux.
« Quoi ? finit-elle par demander avec suspicion.
_ Vous… pourriez venir. Enfin… J'ai remarqué comme la salle commune était bruyante et… et ici, c'est silencieux et vide, comme vous avez pu le constater.
_ Vous me proposez de revenir ici ?
_ De temps en temps, oui… Enfin, ce n'est qu'une suggestion, idiote, peut-être. Mais chez les Gryffondor, il faut admettre que c'est un véritable capharnaüm.
_ Il y a la bibliothèque de Poudlard qui me permet d'étudier dans le calme vous savez, joua Hermione comme pour le pousser dans ces retranchements.
_ Oh. Oui. C'est vrai. »
Snape garda son regard dans le vide, trifouillant la fiole en la faisant claquer contre le bois en un bruit désagréable.
« Miss Weasley ronfle énormément.
_ Oui je sais, mais je lance des sortilèges pour pallier à ce problème.
_ D'accord. Vous auriez pu me le dire avant tout de même. Après tout, on ne sait jamais, le crapaud de Neville aurait pu tout aussi bien me tomber sur la tête si j'avais balancé un sort dans votre dortoir.
_ Désolée, j'y penserais la prochaine fois qu'on échangera nos corps respectifs.
_ Bien. »
Severus se racla la gorge, remuant sur place. Il ne restait plus que 5 minutes à attendre.
« Pour la bibliothèque, les horaires d'ouverture peuvent être vraiment péniblse aussi, en cas de…
_ Severus ? Est-ce que vous me demandez de façon totalement maladroite de venir ici juste pour ma compagnie ?
_ Non. »
Hermione finit par poser sa plume et le fixa longuement d'unir entendu.
« Oui. Peut-être. En fait, ce n'est pas tant pour votre compagnie, mais pour vous rendre service.
_ Voyez-vous donc.
_ En plus, vous n'avez même pas encore débarrassé vos affaires. Enfin, c'est vous qui me disiez être nostalgique, moi je voulais juste être aimable.
_ Vous êtes le bon samaritain de Poudlard, c'est bien connu.
_ C'est oui ou non alors ? Car si c'est non, je change les protections magiques de la maison, je refuse de prendre le risque que…
_ C'est oui, lança Hermione en levant les yeux au ciel tout en souriant d'amusement. »
Snape hocha la tête alors que Hermione avait un sourire qu'il qualifierait volontairement de niais planté sur le visage.
« Arrêtez de sourire, je ne souris jamais. C'est. effrayant…
_ Je suis heureuse que vous m'ayez proposé de rester, c'est tout.
_ La potion est prête, on peut la prendre maintenant, jugea-t-il en remuant le contenant. »
Snape observa la jeune femme se saisir de la fiole, puis en sentir son contenu. Ce n'était pas aussi ragoutant que le polynectar, et il n'y avait là qu'une seule gorgée à prendre.
Elle observa tout de même Snape et eut une once d'hésitation.
« Quoi encore ?
_ J'ai… Je ne sais pas, soupira Hermione en posant le verre sur la table un peu vivement. Je n'y arrive pas.
_ Vous avez perdu la tête ?
_ Faites le, vous, si vous êtes si malin. »
Snape affronta le regard noir que lui envoya Granger avant de porter le goulot à ses lèvres.
Il repensa à tout ce que cet incident avait provoqué.
Jamais ils ne se seraient rapprochés ainsi sans cette retenue, sans qu'il n'ait cette idée de doxycide. C'était la première potion à laquelle il avait pensé, il avait lu il ne savait même plus où plus tôt. Il avait suffit de si peu de choses : une feuille mal taillée, un changement d'ingrédient… Il eut l'impression de tout revoir au ralenti. Le couteau de Granger tailler les tourmentilles, le bandibon écrasé sous le pilon. L'était-il trop, ou pas assez ? Il revoyait l'acide en ressortir, la couleur du Musard bleutée durant cette heure-ci. Aurait-elle du attendre qu'il vire au violet pour l'écraser, était-ce son venin, le responsable ? Le foie de dragon avait infusé durant 27 minutes, peut-être aurait-il du l'être moins ?
Snape ne savait plus.
Mais ce dont il était sur était que son destin aurait été tout autre sans cet élément qui avait tout fait basculé. Il avait cru connaître Granger, et Granger avait cru le connaître. Mais ne dit-on pas que toute affirmation n'est pas un axiome ?
Il fixa les prunelles d'Hermione guetter son action, en proie à une sorte d'attente insoutenable.
D'un geste, Snape porta la bouteille à ses lèvres. Il ferma ses paupières, puis sa bouche. Il attendit une seconde, puis bascula sa tête en arrière, mais soupira au lieu de boire le contenu de la potion qu'il venait de dégager de lui.
Lorsque Hermione rouvrit les paupières, elle se rendit compte qu'elle les avait close tout en retenant sa respiration.
« Je comprends. »
Ces deux petits mots furent l'élément déclencheur pour la jeune femme qui inspira enfin de nouveau. Elle en frissonna, mais Snape, lui, évitait toujours ses yeux… Il avait l'impression d'être soumis à un capteur, une machine capable de lire en lui mieux que ne le ferait le meilleur legilimens du monde sorcier, lui qui avait pourtant tant de mal à faire face à lui-même.
« Comme l'aurait bien dit mon ami Igor Karkaroff, l'habitude est une chemise de fer, narra-t-il d'un ton volontairement détaché.
_ Dans ce cas, je vous citerais ce politique et philosophe que mon père aime tant : l'habitude nous réconcilie avec tout. »
A ces mots, le sorcier osa enfin affronter le regard de la jeune femme. Derrière son apparence, derrière ses propres traits, il la voyait telle qu'elle était réellement. Il n'avait pas besoin de faire de quelconque effort, il ne se reconnaissait tout simplement plus derrière ce masque physique.
« Nous n'avions rien à concilier, lui avoua-t-il.
_ C'est peut-être votre opinion, professeur. Pas la mienne. »
Auparavant, il l'aurait insulté de Miss Je Sais Tout pour cette capacité à toujours trouver réponse à ses arguments, mais il savait d'ores et déjà que c'était stupide, et vain de cacher l'émotion qu'elle suscitait en lui derrière une note de cynisme.
« Ce n'est pas votre vie que j'ai envie de garder, ni l'impasse du Tisseur. Et vous, est-ce la salle commune des lions de Poudlard ou mes amis hyper collants qui vous poussent à ne pas boire le remède ? »
Snape releva de nouveau son visage, prêt à en découdre. Mais il la savait déterminée. Et lui, trop couard pour s'aventurer sur ce terrain glissant.
« Nous allons pourtant bien devoir le faire, cingla-t-il, pourtant mal à l'aise.
_ Bon, très bien, alors à trois, on la prends. D'accord ? »
Le sorcier leva les yeux au ciel, puis soupira avant de décider de se saisir de la fiole, poussée par la jeune femme.
« 1… 2… 3. »
Lorsque Hermione finit son décompte, tout deux continuèrent de se regarder sans bouger.
« Vous exagérez, grogna-t-il.
_ Non, mais et vous alors ? Vous êtes gonflé !
_ C'est absurde, cela fait des semaines qu'on s'occupe de ce truc ! Combien de jours passés à ruminer, mmmh ? Combien ai-je passé d'heures à écouter votre putain de copine ronfler comme une machine à expresso en rêvant de l'étrangler dans son sommeil et tout ça pour quoi ? se mit-il à hurler.
_ Et moi alors ? Vous croyez que c'était facile, de rester seule ici, à devenir parano en guettant la marque des ténèbres toutes les trois minutes ? A surveiller cette foutue potion, ce remède à la con alors que la potion initiale n'est censé mettre que une heure à être préparée ? Mais quel sorcier, quel abruti de sorcier a bien pu inventé une solution aussi longue pour un soucis aussi handicapant que celui qu'on a rencontré ?
_ Arrêtons de jouer aux imbéciles et prenons là une bonne fois pour toute, trancha Snape, toujours en évitant de la regarder directement.
_ Donnez-moi juste deux minutes.
_ Je vous en file même dix. »
Hermione soupira, puis posa la fiole juste devant elle. Elle la fixa un long moment, son cerveau tournant à plein régime. Snape l'observa, ses traits tordues par des sentiments sans doutes contradictoires, et intenses. Elle semblait préoccupée, inquiète, triste aussi et en colère. Alors lui-même, soupira et observa le liquide crème en train de tournoyer dans le verre de la fiole.
Les potions… C'était ce dans quoi il était le plus doué. Il avait créé des tas de sortilèges, mais les potions représentait un véritable don, et toutes ces années d'enseignements n'avaient pas réussi à lui ôter cette habilité. Cet art demandait tant de rigueur, un sens de la perfection et de la justesse, une logique certaine et beaucoup de patience.
Il ne put s'empêcher de se tourner de nouveau vers Hermione qui avait posé son menton sur ses bras, croisés sur la paillasse, hypnotisée par les tourbillons provoqués par le remède.
« Cela va s'arrêter, prononça-t-elle avec résignation.
_ Oui. Oui, il semblerait, lui répondit-il sans parvenir à détacher son regard d'elle.
_ J'ai peur, avoua-t-elle.
_ Peur ?
_ J'ai peur que tout s'efface. »
Lorsque Hermione tourna ses yeux vers lui, il ne les détacha pas, cette fois.
« Je me suis trompée, sur vous. Sur moi, sur tout. Je pensais savoir, mais je ne savais rien. Ma vie était… si fade avant.
_ Vous n'allez peut-être pas me croire, mais je ressens la même chose que vous Miss Granger.
_ C'est vrai ?
_ Aurais-je pu faire de Neville Longdubat le gardien de mon secret le plus cher il y a seulement un mois de cela croyez-vous ?
_ Vous l'avez nommé gardien d'un secret ? »
Snape prit une profonde inspiration avant d'observer de nouveau la fiole. Il haussa les épaules. Quelle importance de toute façon ? Hermione quant à elle n'osa pas creuser, de peur de le faire fuir.
« J'ai l'impression d'être dans ce corps depuis toujours. J'ai l'impression que nous n'avons jamais été de parfaits étrangers l'un pour l'autre.
_ Vous aurez toujours une partie de vous en moi, et de moi, en vous.
_ Peut-être, mais nous ne pourrons plus jamais échanger après.
_ Je le sais, lui dit-il en posant sa main sur la sienne. »
Hermione leva ses yeux vers Snape qui fixait sa main sur la sienne, cette paume et ces doigts si fins posés, serrant cette peau plus rugueuse et blanche.
Sans un mot, la jeune femme prit la fiole et en avala le contenu. Severus en fut surpris, avant de fermer les yeux et de boire la sienne aussi.
Il eut un étourdissement, moins violent que pour leur premier échange. Il n'était même pas tombé de sa chaise.
Lorsqu'il ouvrit alors de nouveau les paupières, sa main se trouvait en dessous de celle qu'il avait posé. Il la sentit, serrer sa légère poigne sur lui. Il se tourna alors vers Hermione qui l'observait avec une certaine nostalgie, un mélange de soulagement et de tristesse.
Le maître des potions se détacha de la prise de la jeune femme avant de frotter sa main, puis il se leva de son siège.
Tout devait redevenir comme avant.
C'était important.
Elle se leva elle aussi, et il s'apprêta à partir, sans un mot, sans un geste. Hermione quant à elle, resta clouée sur place, pétrie par ce sentiment d'abandon qui lui tordait les tripes, et cet peine immense de perdre cette chose qui s'était imposée en elle, en lui et entre eux.
Il lui avait dit qu'elle pouvait revenir, elle ne savait pas si elle en aurait la force.
Snape s'arrêta pourtant, lui faisant dos. Ce semblant de sévérité était en train de lui tordre l'estomac, de le tuer alors qu'il avait été son mode de survie premier avant que tout cela n'arrive. Aujourd'hui, ce masque avait prit du poids, et il était devenu si lourd sur lui, trop même.
Il se tourna ainsi vers elle et fit deux pas avant de la prendre dans ses bras, comme il n'avait jamais enlacé qui que ce soit de sa vie. Hermione en eut le souffle coupée une seconde avant de s'accrocher à lui comme à une bouée, le coeur martelant sa poitrine, menaçant de sortir à tout moment de son corps.
Impulsivement, il déposa des baisers appuyés dans son cou, sur sa joue, son visage, le coin de ses lèvres, la respiration aussi haletante que la sienne.
« Ça ne redeviendra pas comme avant, lui assura-t-il, comme pour se rassurer lui-même.
_ Si j'avais su, je n'aurais jamais ressenti toutes ces choses, jamais, lui avoua-t-elle. »
Elle-même, posa ses mains autour du visage du maître des cachots. Elle caressa sa barbe déjà naissante de ses pouces avant de l'embrasser, avec toute cette force qui pouvait l'animer.
« Et que ressentiez-vous, lui demanda-t-il en la soulevant afin de la poser sur le seul bureau de la pièce.
_ Je doutais, je vous prenais pour un homme ambivalent, peu fiable, énuméra-t-elle en retirant les boutons de sa chemise un par un, je vous prenais pour un sombre sorcier frapadingue incapable de compassion.
_ Et je pensais que vous n'étiez qu'une miss je sais tout.
_ Mais je suis une miss je sais tout, rit-elle en ôtant la chemise du sorcier avec une rapidité déconcertante.
_ Et je suis un sombre sorcier frapadingue incapable de compassion. »
Hermione rit de nouveau avant que Snape ne glisse sa main dans ses cheveux et ne l'embrasse avec passion.
Oh oui, elle aimait tant quand il faisait ça qu'elle en sourit contre sa bouche et il en fit de même.
Tout deux avaient raisons : ils avaient toujours été ainsi, rien de cette expérience n'avait eu le pouvoir de les changer. Seulement, la possibilité de voir l'autre sous toutes ses coutures, dans son entièreté avait eu un pouvoir dévastateur et inattendu. De la méconnaissance était née cette hostilité, mais enlever l'ignorance, il ne pouvait que rester un respect mutuel. Mais une fleur était sortie au milieu de ce capharnaüm. Une fleur délicate, rare, et dont personne n'aurait pu soupçonnée l'existence un jour.
Snape se permit moins de cérémonie que la jeune femme et déchira ses boutons sans avoir la patience de les retirer un à un. Quasiment toutes les coutures sautèrent sous sa force, et il sentit la respiration d'Hermione s'accélérer dangereusement.
De transi, son regard se bruma d'une passion presque noire tant le désir l'envahissait. Elle prit son visage en coupe de nouveau, avant de l'embrasser avec toute l'ivresse dont elle pouvait faire preuve, le faisant gémir contre elle.
« On va encore le faire alors, conclut-elle en l'aidant ensuite à se débarrasser de son pantalon.
_ Quoi, vous n'en n'avez pas envie ? demanda Snape en ne cessant pourtant ses mouvements.
_ Vous plaisantez j'espère, lâcha-t-elle en se débarrassant elle-même du reste de ses vêtements. »
Snape rit contre elle avant de l'embrasser de nouveau, caressant sa nuque, ses cheveux, descendant sa bouche contre sa gorge, puis sa poitrine avant qu'elle n'émette de longs soupir de plaisir. Puis, il remonta et sa main explora son corps féminin en douces caresses, pressées néanmoins il devait l'admettre. Il avait tellement envie d'elle qu'il ne savait plus où il était, qui ils étaient ni même comment s'y prendre sans l'effrayer.
Mais Hermione était loin, bien loin de ressentir la moindre once de peur contre ses assauts, bien au contraire. Elle hoqueta lorsqu'il se saisit de ses hanches afin de l'entraîner à s'accrocher à lui. Il la transporta ainsi jusqu'au mur à côté et s'introduit en elle, sans préparation, sans mot ni autre geste.
Elle sursauta autant de surprise que de délice avant de laisser échapper un long gémissement de sa gorge.
« Professeur, laissa-t-elle échapper en un murmure d'extase.
_ Tu aime quand je te la mets comme ça, lui glissa-t-il au creux de l'oreille.
_ Oui, soupira-t-elle en fermant les paupières, enivré par le mouvement de bassin qu'il lui imposa d'emblée. »
La tapisserie dans son dos se mit à lui provoquer une chaleur de frottement, mais ce que son maître était en train de lui faire à elle était capable de lui faire tout oublier, de cette position jusqu'à son prénom.
Hermione n'était plus que désir, que transie, qu'aimée et amante. Ne subsistait d'eux qu'un concert de soupirs et de gémissements rauques, que ce rythme, cette danse des corps bruyante, animale, mais si intense et fondamentale.
Il n'avait pu en être autrement, plus rien n'avait de rationalité depuis cet incident, depuis cette fois où ils avaient fait l'amour.
Comme en réminiscence de ces souvenirs, Severus souleva un peu plus une des jambes de la jeune femme, et la pressa contre lui avant de s'appuyer contre le mur et de la prendre toute entière, jusqu'à la garde.
Hermione songea que personne ne lui avait jamais fait l'amour avec autant d'intensité, et surtout, autant de maîtrise et de possession. Il n'y avait aucune demi mesure, aucune hésitation, rien qui ne puisse l'empêcher de la faire jouir, ici et maintenant.
« Supplie-moi de te baiser plus fort, lui souffla-t-il.
_ Severus, prends-moi, gémit-elle avec délectation.
_ J'adore t'entendre crier, lui glissa-t-il. Je veux que tu en perde la voix. »
Il la prit alors contre lui, avant de la re déplacer sur la paillasse, sans jamais que son membre ne cesse ses activités entre ses jambes. Il continuait ses vas et vient, encore et encore, toujours plus rudement au fil des minutes.
« Continuez, continuez encore, supplia-t-elle.
_ Ton corps m'a manqué, lui chuchota-t-il à l'oreille. »
Snape la fit alors s'allonger et plaqua ses mains au dessus de sa tête, avant de frotter son membre en elle à un endroit bien spécifique qu'il ne pouvait être que le seul à connaître. S'en suivit une Hermione tremblante de toute part, un pantin uniquement habité par la félicité, et cette grâce sembla transpirer par tous ses pores jusqu'à prendre possession d'elle, jusqu'à ce que Snape ne grogne de plaisir et qu'elle ne jouisse sans crier garde, hurlant son nom.
Ses jambes flageolèrent sous la puissance de cet orgasme avant qu'il ne gémisse lui aussi, accélérant son mouvement jusque'à se figer en elle en un râle presque animal, à peine une seconde après l'avoir senti jouir autour de lui.
« Vous allez me tuer, soupira-t-il en se retenant à la table pour ne pas s'écrouler sur elle. »
Mais la jeune femme, la main sur la poitrine, était bien trop essoufflée, bien trop ébranlée pour répondre quoique ce soit. En quelques minutes à peine, il l'avait déshabillé, mis en sueurs avant de la faire jouir comme une petite pucelle. Et pour quoi, quel avait été l'élément déclencheur, elle ne s'en souvenait même pas !
Elle eut envie de lui dire qu'elle l'aimait, là tout de suite. Mais elle ne le fit pas.
Ce serait de la folie… vraiment de la folie.
Hermione affronta enfin le visage de Snape. Malgré son épuisement, ses traits s'adoucirent, et elle posa une main tendre sur sa joue avant de l'embrasser. A défaut de lui dévoiler quoique ce soit, elle tenta de faire passer ces sentiments à travers ce geste.
C'était sans doute peine perdue, jamais quoique ce soit ne pourra se concrétiser, elle le savait.
Snape mit un terme à ce dernier baiser avant de poser son front tout prés de son cou et qu'elle ne l'enlace avant qu'il s'en aille.
« Qu'est-ce qu'on a encore fait, soupira-t-il de dépit.
_ Je ne sais pas, lui répondit-elle en secouant la tête. »
Le potionniste sentit les mains de la jeune femme courir dans son dos avant de mourir dans ses cheveux, les trifouillant pensivement. Il aimait ces instants de flottement. Jamais il n'avait eu l'occasion d'en vivre vraiment.
C'était presque aussi bon que le sexe… En fait, ça l'était même plus.
Elle n'avait pas envie qu'il s'en aille, pas tout de suite. Plus vraiment, en réalité, maintenant qu'elle savait que plus jamais elle ne pourrait être aussi proche de lui.
« Ça ne peux pas se reproduire.
_ Je sais, lâcha Hermione. Mettons ça sur l'émotion.
_ Oui c'est ça. L'émotion. »
Snape hocha la tête, puis se redressa. Il fixa le visage de la jeune femme qui l'observait elle aussi, comme captivée. Il ne put s'empêcher de se pencher sur elle afin de l'embrasser, avec cette même douceur que la première fois. Vite, le baiser dégénéra, au vu de la passion que la jeune femme y mit, gémissant contre sa langue qu'elle caressa avec force en appétit. Severus se laissa transporter un instant avant de grogner, son corps mimant de nouveau l'acte avant qu'il ne se détache brutalement d'elle.
« Arrêtons, finit-il par dicter, effrayé par le pouvoir ensorcelant qu'elle pouvait avoir sur lui. »
Tremblant, l'homme ramassa à la hâte ses vêtements éparpillés dans la pièce afin de les enfiler. Lorsqu'il se retourna vers Hermione, il vit qu'elle était elle-même en train de boutonner sa chemise, un peu trop vite néanmoins puisque des boutons manquaient ou étaient décalés.
Snape soupira de dépit avant de remonter sa braguette et de se diriger vers elle. Hermione fronça alors les sourcils, jusqu'à ce que Snape ne retire ses mains pour l'aider à remettre son chemisier correctement.
Elle avait jeté un sort pour recoudre les pauvres boutons éclatés.
« Laissez, il ne manquerait plus qu'on vous voit sortir de mes quartiers toute débraillée. »
Sans un mot, elle l'observa faire. Elle fixait ces doigts fins et longs remonter le long de son haut, boutonnant chaque bouton jusqu'à sa poitrine. Il effleura par inadvertance la dentelle de son soutien gorge, et jeta un léger coup d'oeil troublé avec la sorcière. Elle retint sa respiration, retenant tout gémissement. Lorsqu'il boutonna la fermeture suivante, ses doigts furent plus près encore de ses seins, et elle eut l'impression de sentir ses inspirations la quitter lorsque sa main passa plus franchement sur buste.
Hermione soupira, posant sa paume sur la sienne afin de le guider vers la rondeur de son sein. Il la sentit serrer ses doigts, accrochant son soutien gorge elle-même, tordue par l'envie de le retirer de nouveau. Mais cela n'avait rien de raisonnable, en particulier à cette heure, juste après avoir trouvé une excuse idiote à leur pulsion soudaine.
Severus ralentit alors ses mouvements, avant de soupirer difficilement et de retirer enfin sa main de cette tentation afin de continuer à refermer son chemisier, ses mains pourtant d'ordinaire si assurées tremblantes comme jamais.
« Voilà, lâcha-t-il d'une voix peu sûr de lui, chevrotante.
_ Merci, répondit-elle sur le même ton, le timbre flageolant.
_ Ça va passer, balança-t-il, comme pour se rassurer lui aussi.
_ J'espère, rit-elle un peu jaune, le corps tout entier brulant de désir de nouveau.
_ Rentrons avant que Seamus ne revienne de son match de Quidditch. Ce garçon me fait flipper depuis quelques jours. »
Hermione acquiesça avant de rentrer dans l'âtre de la cheminée, suivit par Snape. Se retrouver de nouveau à côté de lui réveilla cet émoi qu'elle cacha du mieux qu'elle le put.
« Les cachots, prononça-t-il en balançant la poudre de cheminette à leurs pieds. »
Heureusement qu'il avait reprit ses esprits, encore un peu et il aurait bégayé. Il n'aurait plus manqué qu'ils se retrouvent dans un lieu inconnu par dessus de le marché.
Snape soupira de soulagement en retrouvant ses quartiers. Hermione s'y précipita, afin de lui échapper, et de fuir cette embrasement qu'il créait en elle dès qu'il se trouvait trop proche. Elle se rua alors sur sa besace trainant par terre, tout près de son canapé.
« J'y vais, lança-t-elle alors en se retournant. »
Snape cligna des yeux vers la nuque de la jeune femme, rougie par la rudesse cette barbe de deux jours qu'il traînait. Elle sentit le regard de son professeur descendre vers son col, puis plus bas. Si elle ne se cassait pas très vite de là, elle allait lui sauter dessus. Ou il le ferait. Ils ne savaient pas trop.
« J'ai des tas de choses à faire, balbutia-t-elle, les mains tremblantes et le regard volontairement fuyant.
_ Je suppose que je dois aussi remettre de l'ordre dans mes affaires, déglutit-il. »
Hermione acquiesça avant de se ruer avec la sortie.
« Miss Granger, l'interpella-t-il une dernière fois. »
Hermione se retourna avant de voir qu'il lui tendait son gilet. Il devait l'avoir posé elle ne savait où avant leur changement de corps, et le reste. Elle s'en saisit alors, et ils eurent du mal à lâcher le vêtement, tout à coup magnétisé par l'autre. Snape finit par le lâcher, mal à l'aise.
« A demain.
_ Demain ?
_ Vous avez cours… le jeudi. Avec moi.
_ Oh. Oui. C'est vrai. »
Seigneur.
Les cours.
Elle ne pourrait plus jamais l'entendre prononcer une leçon sans l'imaginer la supplier encore de jouir.
« A demain professeur, finit-elle par répondre avant de sortir de la pièce. »
Hermione s'avança plus loin dans le couloir, jusque'à s'adosser à un des murs des cachots. Elle porta sa main sur sa poitrine dont son coeur menaçait bien de sortir. Elle le laissa ainsi se calmer, les paupières closes, avant de reprendre le chemin de sa tour avec un peu plus de calme et de mesure.
Lorsqu'elle parvint jusqu'au tableau de la Grosse Dame, Hermione bloqua.
« Mot de passe.
_ Facto, no verba.
_ Mot de passe, grogna de nouveau la grosse dame. Le bon, cette fois. »
Hermione ouvrit la bouche, avant de la refermer, la voix bel et bien bloquée dans sa gorge.
Merde.
Merde qu'est-ce que c'était déjà ? Cela faisait au moins 1 mois qu'elle n'avait pas eu à le redonner !
« Hermione ! entendit-elle au loin. »
La jeune femme soupira de soulagement.
Ron. Il arrivait toujours à point nommé. Hermione sourit, avant de voir le rouquin s'arrêter dans son mouvement pour l'enlacer, hésitant.
« Tu ne rentre pas ?
_ Oh, j'ai… j'ai oublié le mot de passe, grimaça-t-elle, mal à l'aise.
_ Abstinence, prononça Ron, provoquant la crispation de Hermione à côté de lui. »
Bordel, mais comment avait-elle pu oublier un mot de passe pareil en plus ?
Hermione entra dans la salle commune, et se figea, sentant sa culotte s'humidifier. Elle devint pâle avant de se tourner vers Ron qui la suivait. Le garçon venait d'enlacer sa hanche en un maigre rictus amoureux.
La réalité la frappa alors de plein fouet comme une vilaine claque dans la figure.
Elle avait couché avec Snape. Deux fois.
Elle avait trompé Ronald avec Severus Snape. Et maintenant, la main de son ami entourait ce même bassin qui s'était fait éclaté par son professeur de potions.
Oh, seigneur.
Hermione s'éloigna alors de Ron à la vitesse grand V.
« Je vais aux toilettes, se contenta-t-elle de clamer avant de se sauver. »
Ron soupira avant de hocher la tête. Il décida de s'asseoir sur le canapé de la salle commune, attendant sa petite amie.
Il avait comme l'impression que quelque chose s'était cassé depuis quelques semaines, mais il ignorait quoi, ni pourquoi. Lorsque Neville entra à son tour dans la salle commune, Ron grogna.
Il se tramait quelque chose, il en était sûr.
