Bon, on a pas tout à fait atteint les 800 reviews auxquelles j'avais prévu de publier ce bonus, mais il s'inscrit bien à ce moment de l'histoire (pour la suite) donc cadeau un peu en avance !
Pas de chapitres sur la Vengeance cette semaine, je suis un peu à la traine sur cette histoire ^^". En ce moment j'ai pas mal d'inspi sur RAD j'ai déjà 5 chapitres d'écrit après celui-ci. Ca ne m'était jamais arrivé dans ce sens alors je me laisse porter par la vague.
Bonne lecture.
Bonus 4
William Armstrong Jones n'était pas stupide. Et il connaissait Mary depuis 5 ans maintenant même si leur relation avait connu des hauts et des bas. Ils s'étaient peu à peu éloignés à partir de la 3ème année, mais cette distance avait disparue après la bataille de Poudlard. Il avait bien sûr noté à quel point elle était différente à présent. Mais lui aussi, alors il supposait qu'il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.
Oui, la bataille de Poudlard avait tout changé. Enfin, bataille… Pouvait-on vraiment dire ça alors qu'il n'y avait quasiment pas eu de combat ? Les Mangemorts avaient agi de manière si fulgurante que prendre toute l'école en otage n'avait pas semblé plus difficile pour eux que de piquer une sucette à un nouveau né.
Il se rappellerait toujours de la terreur qu'il avait ressentie. Il savait que Mary était poursuivie par Voldemort et ses Mangemorts. Il n'avait juste pas réalisé la folie sanglante qui se cachait derrière.
Il se rappellerait toujours la douleur. Quand on lui avait posé la question, il avait dit qu'il avait fait une mauvaise chute dans les escaliers. Il n'était pas sûr que Ted Tonks qui l'avait soigné, l'ai cru. En réalité, c'était un Mangemort qui lui avait fait ça. D'un sort, il lui avait fait éclater le genou, riant quand il se tordait de douleur au sol. Puis, il s'était amusé à bouger son genou disloqué pour faire adopter à sa jambe des positions anatomiquement impossibles.
Il se rappellerait toujours ses hurlements qui lui vrillaient les oreilles au point d'occulter tout ce qu'il se passait autours de lui.
Il avait hurlé et hurlé.
Et prié pour qu'on le tue. Prié pour que ça cesse. On lui avait asséné encore quelques coups sur le genou et ailleurs, et la douleur avait fini par avoir raison de lui : il s'était évanoui.
Reprendre conscience avait été un intense moment de stress et de douleur, mais après la crise de panique initiale il avait compris qu'il avait été sauvé. Il ne savait pas par qui. Il ne savait pas pourquoi lui. Il aurait voulu savoir à qui il devait la vie. Qui l'avait attrapé et porté pour sortir de Poudlard. A défaut, il avait remercié Ted Tonks tellement de fois qu'il s'en sentait à présent embarrassé.
Sa jambe ne pourrait pas guérir. Le genou était en mille morceaux, impossible même avec la magie de reconstituer l'articulation. Ils avaient dû souder les os : il ne pouvait désormais plus plier la jambe. La douleur avait reflué sans disparaître totalement. Elle était toujours tapie là. Parfois, elle l'empêchait de dormir. Mais plus souvent encore, c'étaient les souvenirs de l'attaque qui faisaient fuir le sommeil. Comme tout le monde, il avait eu le droit à quelques jours de potion de sommeil sans rêve. Le stock s'était cependant rapidement épuisé et il avait été laissé seul avec son esprit.
Ca n'avait pas été une expérience agréable.
Retrouver Mary lui avait fait du bien. Il avait été soulagé qu'elle s'en soit tirée. Un peu en colère qu'elle soit indemne. La mort d'Emeli avait été une autre paire de manche. Il n'arrivait pas à réaliser que l'une des personnes qui lui était si proche avait disparue et qu'il ne la reverrait jamais. Le concept de la mort ne lui était pas familier jusque là. Il savait ce que c'était, mais le vivre était autrement plus pénible. Quelques jours plus tôt encore il discutait avec elle. Quelques jours plus tôt encore il pouvait monter un escalier sans que cela semble être le parcours du combattant. N'était-ce pas aberrant de se rendre compte à quel point la vie de quelqu'un pouvait basculer en si peu de temps ?
Il avait passé beaucoup de temps à s'apitoyer sur son sort. Mais immanquablement, à force de la côtoyer, il avait constaté que Mary, si elle était physiquement bien, avait des soucis d'une autre nature.
L'adolescent se demandait si elle se rendait compte que parfois, elle semblait avoir le regard de quelqu'un d'autre ? Il voyait parfois danser dans ses pupilles vertes le félin désormais tapi dans son esprit. Mais d'autres fois, quand ce n'était pas le puma, c'était quelqu'un d'autre. De plus sombre. Savait-elle qu'il lui arrivait de s'arrêter en plein milieu d'une phrase pendant quelques secondes de trop avant de reprendre comme si de rien était ? Il doutait que quiconque d'autre l'air remarqué : mis à part avec lui elle n'interragissait pas avec grand monde. Comme si elle avait peur et se rattrachait à lui.
Quoique cela aussi avait changé que Tom Jedusort était arrivé.
Il n'était pas stupide. Le garçon avait à peu près leur âge mais sans qu'il ne l'ait jamais vu à Poudlard. Et elle ne semblait pas le connaître par sa famille vue la réaction qu'avait eu sa mère adoptive. Pourtant, il y avait quelque chose entre lui et Mary. Il ne savait pas quoi mais cela semblait malsain. Si ce n'était ni de Poudlard ni de sa famille, d'où pouvaient-ils se connaitre ? La fragile relation qu'il avait restaurée avec elle semblait à nouveau battre de l'aile depuis que le garçon était arrivé. Elle ne semblait même pas s'en rendre compte.
Prudent et suspicieux, il s'était renseigné sur ce Tom Jedusort. Trouver des informations n'avait pas été difficile. Les croire l'avait été. Il s'agissait du nom de naissance de Voldemort. Mais Voldemort devait avoir plus de 60 ans et il se déchainait sur le monde sorcier quelque part au dehors. De plus, les descriptions qu'il en avait eu ne correspondaient pas au jeune homme élégant qui vivait désormais au manoir. Comment Tom Jedusort pouvait-il exister ? Etait-ce un homonyme ? Peu probable en tenant compte de la réaction que Crystall Entwhistle, la propriétaire du Manoir, chef de la résistance et mère d'adoption de Mary avait eu. Il la comprenait d'ailleurs mieux et se demandait sincèrement pourquoi elle n'avait pas mis sa sentence à exécution et autorisé celui qui semblait être à priori un jeune Voldemort entre ces murs.
Il avait eu du mal à s'endormir après avoir découvert qui était le nouveau venu. Tom Jedusort ne se préoccupait sans doute pas de l'ami infirme de Mary. Il était sans doute trop obsédé par la rousse. Mais malgré tous les arguments pour essayer de se raisonner, il n'arrêtait pas de craindre de se faire attaquer, torturer, tuer dans son sommeil. L'épuisement avait fini par avoir raison de lui après plusieurs nuits d'angoisse.
L'idée qu'une personne puisse être à deux endroits différents l'obsédait cela dit. Connaissant le personnage, il ne doutait pas qu'il s'agisse de magie noire. Mais comment avait-il procédé ? Etait-ce répétable ? Pouvait-on défaire cet horrifiant miracle ? Il avait littéralement élu domicile dans la bibliothèque pour essayer de trouver des réponses à ces questions. Eplucher un à un chaque titre de livre, lire en travers ceux qui pourraient contenir une piste, s'agacer de ne rien trouver... ça prenait énormément de temps.
Mary passait le voir régulièrement, s'étonnant de le trouver toujours là.
Il se demandait ce qu'elle savait. Il se demandait comment elle pouvait côtoyer Tom Jedusor. Il n'était pas stupide. Elle disparaissait parfois des heures. Souvent pour aller dans le jardin, transformée en animagus : il la voyait bondir ça et là. Mais il aurait pu parier son seul genou intacte qu'elle voyait aussi le jeune Voldemort en cachette.
William avait essayé de lui soutirer des informations, tenté de tâter le terrain, mais elle restait vague ou ignorait carrément ses questions. Sans doute ne voulait-elle pas en parler. Ou n'en avait-elle pas le droit. Il voyait les regards que posaient Crystall Entwhistle et ses lieutenants, Alastor Maugrey et Andreas Negresco sur Tom Jedusor. Ils avaient tous la clé du mystère.
Au bout d'un mois et demi de recherche et quasiment tous les rayonnages parcourus en travers, il avait dû se rendre à l'évidence : si cette bibliothèque avait un jour contenu les réponses à ses interrogations, elles ne se trouvaient plus là ou alors il était trop bête pour les trouver. Ca avait du sens : la prudence de la propriétaire des lieux lui avait sans doute dicté de retirer les livres les plus dangereux et sombres de cette pièce accessible à tous. Sauf à Jedusor, heureusement.
Il s'était mis à se poser d'autres questions. Dont les réponses n'étaient pas plus faciles mais peut-être plus vitales.
Combattre dans son état était compliqué. Il n'était pas mobile et avait un point faible évident. Il avait bien progressé avec Mary : sa précision était hors paire. Mais s'il voulait la protéger ce n'était pas suffisant.
La réponse à ce problème là n'avait pas été très longue à venir. Il connaissait quelqu'un d'autre qui était estopié, plus encore que lui, et qui pourtant était un combattant dont personne n'oserait dire qu'il était faible. Quelqu'un dont le nom était dit avec crainte même parmis les Mangemorts.
Maugrey Fol Œil le regarda de travers quand il vînt le trouver.
Il avait un pied fermement dans la vieillesse à présent. Ca ne l'empêchait pas de rester effrayant.
- Ce s'rait suicidaire, oublie, grogna l'ex-auror.
- Vous y arrivez bien, pourquoi pas moi ?
- Ecoute garçon, j'étais déjà rodé au combat bien avant de perdre ma jambe. Ca a à peine changé les choses. Toute manière, t'es trop jeune.
- Ce sont vos paroles ou celle de Madame Entwhistle ?
Le regard que le sorcier lui avait lancé à ce moment là aurait pu le faire ravaler ses paroles et partir... Il avait levé le menton, déterminé, avant de poursuivre :
- Ecoutez, ma meilleure amie, et peut-être la seule qu'il me reste, risque de se faire tuer. Je ne veux pas rester là les bras ballants ou être laissé en arrière.
S'il avait pensé adoucir Alastor Maugrey avec ça, il se trompait. Complètement. Il avait toutefois retenu son attention. L'adulte fit pivoter sa chaise, descendant sa jambe de bois jusque là posée sur un pouf pour le soulager, et il se pencha en avant.
- J'en ai vu des gens qui voulaient se battre, garçon. Sur tout ceux là y'en a même pas cinq qui avaient vraiment les tripes et les deux seuls survivants sont quelque part dans ce foutu Manoir. C'qui fait les combattants, c'est pas vouloir sauver les autres quoi qu'on puisse prétendre. Les héros avec de nobles idéaux, c'est pour les crétins et les idéalistes. Et si je doute pas que tu veuilles sauver la p'tite Potter, ce n'est pas vraiment ce qui t'anime n'est ce pas ?
William c'était senti piégé devant ce regard vairon. L'œil noir était fixe et le deuxième, d'ordinaire tourbillonnant, semblait décidé à faire de même. Il déglutit. Bien sûr qu'il voulait protéger Mary. Il se raccrochait à cette idée parce qu'il ne voulait pas vraiment analyser ce qu'il se passait au fond de lui. Parce que c'était moche, sombre et définitivement quelque chose qu'il ne voulait pas admettre.
- Quand tu pourras me répondre p't'être que je t'aiderais. Ou pas. J'ai autre chose à faire qu'aider des mioches.
Ca l'avait laissé pensif et déprimé. Ce n'était pas non plus comme s'il avait grand-chose d'autre à faire que déprimer, lire des livres et aider Mary à s'entraîner de temps en temps. Les devoirs qu'on leur donnait à faire en dehors des cours organisés par la Résistance étaient dérisoires.
Puis, quelques jours plus tard, il tomba par hasard sur ce Tom Jedusor au détour d'un couloir. Face à face, manquant de se bousculer, ils se fixèrent un instant et le plus jeune se fit la remarque que ce devait être la première fois que l'autre le regardait en face ou qu'il le voyait d'aussi près. Il était plus séduisant qu'il ne l'avait estimé de loin.
- Oui ? l'interpella Jedusor en voyant qu'il ne semblait pas décidé à s'écarter de son chemin.
Séduisant, mais en un mot il avait réussi à faire battre une veine à la tempe du Serdaigle. C'était lui qui avait une canne et il devrait s'écarter ? A quel point l'autre était-il arrogant pour ne pas vouloir faire un pas de côté ?
- Qu'est ce que tu es exactement ?
La question avait jailli malgré lui et il n'arriva pas à en ressentir du regret. Il aurait peut-être pu y mettre les formes… Ou pas, il n'était pas capable de faire semblant d'apprécier quelqu'un pour ensuite lui soutirer des informations. Il se demanda si son vis-à-vis allait nier, se mettre en colère ou simplement l'ignorer.
- Tu es le garçon que Mary traine toute le temps derrière elle c'est ça ? finit par répondre l'interpellé. C'est une question dangereuse, mais tu poses la bonne question. Tu es plus intelligent que je ne l'aurais pensé... Cependant, pour ton propre bien, arrête de creuser le sujet.
- Mary est mon amie et quoi que tu sois, ta présence près d'elle ne peut pas être bénéfique.
- Comme c'est touchant. Pourtant elle ne t'a rien dit sur moi, non ?
Il avait raison bien sûr. Il avait pourtant essayé de savoir mais la rousse évitait toujours, plus ou moins subtilement, de lui répondre. L'air renfrogné du Serdaigle fit naître un sourire satisfait sur le visage de Jedusor.
- Tu vois ? Elle sait que ce serait au mieux stupide, au pire dangereux. Car après tout, que pourrais-tu faire ? Ne lui en veut pas : elle ne souhaite que te protéger. Tu devrais obéir et t'écarter afin d'éviter une mort inutile. Les infirmes sont inutiles pendant une guerre.
Le poing de William était tellement serré sur sa canne qu'il s'étonna que ses os n'aient pas encore cassé. Ou qu'une de ses dents n'ait pas sauté tellement sa machoire était crispée. Le jeune homme avait mis le doigt précisément sur un des points que le travaillait le plus. Les infirmes sont inutiles pendant une guerre. Il n'avait jamais parlé à ce connard, comment pouvait-il lire en lui si facilement ?
- Inutile de me lancer ce regard, je ne dis ça que pour ton bien et celui de Mary : nous ne voudrions pas qu'elle perde quelqu'un d'autre, hum ?
Et il s'en était allé, laissant le Serdaigle debout au milieu de ce couloir bataillant avec son esprit. Il lui fallut de longues minutes pour desserrer les dents et prendre une grande inspiration. Ca avait fait mal. Parce qu'il avait raison bon sang. Il était à présent infime. Et inutile. Mais si il avait pensé réussir à le faire abandonner, il se fourrait la baguette dans l'œil jusqu'au coude. Parce qu'il n'y avait pas que ça.
- Je les hais, cracha t-il. Je les hais tous et je veux qu'ils meurent. Je veux qu'ils paient ce qu'ils m'ont fait, ce qu'ils ont fait aux autres et ce qu'ils vont encore faire.
Bien sûr qu'il voulait protéger Mary. Mais ce n'était pas l'objectif principal. L'objectif principal était bien moins altruiste et noble. La vengeance. La haine.
Il n'avait pas pu regarder Maugrey quand il avait dit ça, mais il sentait l'attention de ce dernier peser lui. Le silence avait semblé s'étirer entre eux pendanth une éternité.
- Très bien garçon, on va peut-être pouvoir faire quelque chose de toi. As-tu déjà entendu parler des sorts d'Immobilité Imposée ?
Etonné et soulagé, il avait secoué la tête en levant les yeux.
- M'étonne pas, c'est pas une branche de la magie très explorée. Les personnes qui s'y sont intéressées se comptent sur les doigts d'une main.
Comme indiqué par son nom, les sorts d'Immobilité Imposés nécessitaient une immobilité totale et prolongée pour fonctionner ainsi qu'une concentration extrême. On pouvait alors obtenir des sorts d'une puissance éblouissante mais c'était dangereux pour le sorcier les lançant (se tenir totalement immobile au milieu d'un champ de bataille n'était pas vraiment un gage de survie) et le périmètre d'action desdits sorts était imposé par la puissance du sorcier et souvent les sorts ne portaient pas aussi loin qu'un autre lancé de manière classique. Mais nul besoin de pointer la direction dans laquelle le sort devait aller : une fois le périmètre d'action établit, une simple pensée suffisait. Malheureusement, ce n'était pas la seule difficulté.
- Y'a qu'un livre qui porte sur le sujet mais t'as de la chance, je l'ai. Tu vas devoir deviner seul comment ça marche par contre.
- Vous ne pourriez pas m'aider ?
- C'est pas que je veux pas. C'est que j'peux pas. J'ai essayé après qu'on m'ait coupé la jambe mais j'ai jamais réussi.
Qu'un guerrier chevronné n'y soit pas arrivé n'était pas encourageant. Et la technique semblait avoir plus d'inconvénient que d'avantage. Mais il était clairement incapable de se battre de manière classique. Et puis, qu'avait-il dit déjà ? Qu'il était suffisamment intelligent pour trouver un moyen d'aider Mary malgré son handicap ? Maugrey lui avait donné un petit coup de main, mais il allait apparemment avoir beaucoup de travail. Mais, hé ! Rester immobile et réfléchir, ça il pouvait encore le faire.
Il ne serait pas laissé derrière, se promit-il. Pas question.
J'espère que vous avez aimé, j'adore William personnellement. A suivre...
