Chapitre 1 : Le pouvoir de négociation
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« Automne... le dernier charmant sourire de l'année.»
- Wlliam Cullen Bryant -
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Un tapis ocre crépite sous ses pas alors qu'il traverse le parc. Une douce brise joue avec ses cheveux indomptables, curieusement tiède, le tentant de dénouer son foulard tricoté autour de son cou. Cependant, il y résiste. Une part de lui espère que cela peut aider, qu'il ne s'agit que d'un rhume et rien de plus sérieux.
Il donne un coup de pied dans un tas de feuilles sèches, sur le pavé, qui s'envolent un instant avant de retomber sur l'herbe mouillée, se trouvant à proximité. Il peut sentir le froid pénétrer ses souliers, lui rappelant que malgré la température tiède, l'automne est bien là.
- Harry!
Le Héros National se retourne en fronçant les sourcils. Hermione Granger accélère sa foulée jusqu'à presque courir vers lui.
- Tu ne peux pas t'en aller à chaque fois qu'on commence à argumenter, à propos de cela, lui reproche la femme.
Le sorcier jette un bref coup d'oeil autour et n'apercevant personne, il tire sa baguette magique pour écrire en l'air:
« Oui, je peux. »
Les mots rayonnent d'un rouge foncé, entre eux, prennent une teinte orangée, puis disparaissent complètement.
- Je sais que tu es frustré, commence son amie, en essayant de placer une main compatissante sur son épaule mais le jeune homme se recule, hors de sa portée. Ses lèvres se pincent en mince ligne. Sa main, de l'index, pointe le centre de son torse. – Tu as besoin d'aide, Harry, que tu le veuilles ou non. Cela fait deux semaines! Ce n'est pas normal.
À nouveau, celui-ci brandit sa baguette et d'autres mots apparaissent dans l'air, luisant de leur couleur écarlate.
« C'est juste un rhume. ».
- Non, ce n'est pas juste un rhume, s'énerve-t-elle, son regard lui envoyant des éclairs. - Et tu le sais aussi car rien n'aide. Je sais que tu as pris des potions de Pimentine quand tu pensais que j'avais le dos tourné.
Une légère touche rouge monte aux joues du jeune homme. Hermione poursuit:
- Je t'ai dit que ça ne fonctionnerait pas. Ça ne peut pas marcher car peu importe ce que c'est, ça semble être provoqué par un genre de sortilège. Je crois avoir déjà vu cela quelque part mais je n'arrive pas à me rappeler où. Je t'en prie, reviens et laisse-moi au moins te lancer d'autres sorts de diagnostic. On va reprendre toute cette histoire à tête reposée. Je t'en prie, Harry, reviens avec moi. Nous sommes très inquiets...
Le sorcier aux iris émeraudes, portant des lunettes rondes, prend une profonde inspiration puis recule d'un pas. Ensuite, il acquiesce et la brunette pousse un soupir de soulagement.
- Bien. Plus j'en aurai appris sur ce sortilège, plus ce sera facile pour lui.
À cette évocation, le sang du Héros National se fige dans ses veines. Sans y songer, ses sourcils se froncent encore une fois. Tandis qu'Hermione, ne paraît pas d'accord avec son attitude, lève les yeux vers le ciel.
- Il est peut-être l'unique personne qui serait capable de t'aider. Pourquoi ne veux-tu pas le considérer?
Le jeune homme secoue sa tête avec vigueur, obstiné, se retourne et la salue d'un mouvement de sa main, en l'air.
Son amie échappe un grognement avant de le suivre, marchant d'un pas lourd sur le lit de feuilles sèches. Elle lui crie:
- Si cette chose ne te tue pas, je le ferai, Harry Potter!
Le Héros National, à la cicatrice en forme d'éclair sur son front, pointe sa baguette au-dessus de lui.
« Je vais aller mieux, Hermione, tu verras. J'ai pas besoin de lui. Ni de personne d'autre. »
Les mots s'évaporent tranquillement.
La sorcière le quitte pour rentrer également chez elle. Elle ne se conterait pas de cela, ne lâcherait pas l'affaire. Avait-il seulement conscience jusqu'où elle était prête à aller?
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Le grand homme, mince, à l'épiderme translucide, se tient debout dans l'entrée de son porche. Il respire l'air rafraîchissant mais cela ne l'inquiète pas. En effet, Severus Snape sait qu'il se réchauffera plus tard, volant encore quelques moments à la saison précédente. Retardant l'arrivée de l'hiver ainsi que du déploiement de ses ailes blanches.
Il est reconnaissant du doux automne qui s'est installé depuis deux semaines. De même que ses citrouilles, dans son jardin situé derrière la maison, qui ont récemment doublées de taille. Les pommiers s'y trouvant aussi, se courbent sous leur charge d'abondance, remplis de gros fruits rouges, verts et jaunes. D'un autre côté de sa demeure, des poires à la forme généreuse, attendent d'être cueillies. Elles côtoient de bleues et de violettes asters débutant leur éclosion.
Le sorcier quitte le porche afin de se diriger vers son jardin. Une tasse de thé fume entre ses mains aux longs doigts alors qu'il se fraye un chemin, avec prudence, entre des bosquets de clématites. Le parfum sucré de leurs fleurs blanches lui parvient, taquine son nez.
Le soleil se fait lumineux à l'horizon, prometteur d'une autre agréable et paisible journée. Juste à l'instant où Severus avale ses dernières gouttes de Earl Grey, étire ses membres raides, une tache velue, orangée et tigrée attire son attention. Le chat flâne entre les lys, secoue son crâne pour en retirer la rosée.
- Te voilà donc, lui murmure Snape. - Je croyais avoir réussi à te perdre.
Le félin l'observe de manière dédaigneuse avant d'émettre quelques miaulements, réclame son repas.
L'homme hausse un sourcil tout en courbant son corps sur l'animal, puis désigne le cottage de sa tête aux noirs cheveux raides.
- À l'intérieur.
Aussitôt, le chat quitte le jardin, bondit sur les marches en courant bruyamment. Il se faufile par la porte restée entrouverte. D'ailleurs, le sorcier aux habits foncés l'y suit en soupirant. Il nettoie sa tasse avant de se diriger à son laboratoire. Il songe alors que s'il commence assez tôt les potions qu'il doit préparer aujourd'hui, il pourrait finir de vider les pommes de deux arbres à Granny Smith. Les fruits mûrs étaient prêts à récolter depuis une semaine déjà mais Severus a été si occupé qu'il dut attendre la fin de semaine.
La potion de Pimentine que Marcus lui a demandée, est assez simple à brasser. Par contre, celle du Philtre Revigorant requiert davantage de temps. Il se décide à débuter par cette dernière ainsi, il pourrait ensuite en partir une de Pimentine, simultanément. Et aussi une d'extra car, après tout, l'automne est là, la saison froide débutera sous peu.
Au moment où la première potion a été laissée à mijoter, des coups retentissent sur la porte du cottage. Espérant que ce n'est que cette satanée bestiole à fourrure, il ne bouge plus, écoutant, tâchant de déterminer de quoi il s'agit. Il n'attend pourtant personne; Marcus l'a informé qu'il passerait vers onze heures, dans quatre heures d'ici précisément.
Le sorcier se redresse, ses genoux émettent un bruit de craquement, tel celui du feu sous le chaudron. Son regard perçant couleur charbon se fixe sur la porte de son laboratoire, comme s'il avait pu passer au travers afin de se rendre jusqu'à l'entrée principale. Et effrayé quiconque osait le déranger en ce vendredi matin. Le visiteur ne dû pas ressentir cette menace, ou fait preuve de bravoure, car il frappe à nouveau. Snape étend son bras vers la flamme du chaudron, l'éteint d'un mouvement de sa main pâle. Ensuite, il monte l'escalier de ses longues enjambées et va répondre, prenant un air irrité. Il se résout à ouvrir, même en sentant que cela va être sûrement une très mauvaise idée.
- Comment m'avez-vous retrouvé, Mademoiselle Granger? est la première question qu'il demande à l'indésirable.
- Bonjour, Professeur Snape, salue la femme en lui souriant, ignorant la remarque.
- Mon jour ne sera pas bon, grâce à votre visite. Également, vous remarquerez que je ne suis plus votre enseignant, poursuit-il d'un ton similaire, ironique.
- Et vous remarquerez que je ne suis plus désormais, Mademoiselle Granger, continue-t-elle en mettant sa main dont l'annulaire porte un anneau, devant les yeux ébène du grand homme.
- Madame Weasley alors, je présume? De toute façon, ce qui m'importe et à quoi vous n'avez pas répondu: comment m'avez-vous trouvé? rétorque Snape. Il croise ses bras sur son torse, puis reprend: - Pourquoi êtes-vous ici? Je ne souhaite recevoir personne, quittez ma propriété.
- Je regrette mais je ne peux pas faire ça, dit la brunette en passant à côté du sorcier et en pénétrant à l'intérieur du bâtiment. - Ho! C'est une jolie maison que vous avez, Professeur... Monsieur Snape? Elle hésite, à présent, quant au titre à lui donner.
Severus se retourne, fronce les sourcils, sa voix glaciale menace:
- Appelez-moi grand-papa si ça vous chante, je m'en fiche. Par contre, ce que je ne souffrirai pas, c'est qu'on pénètre chez moi sans y avoir été convié. Partez, et prenez acte que c'est la dernière fois que je vous le demande poliment.
Hermione tique au mot, ses yeux s'arrondissent et elle faillit s'étouffer. Il ne l'a jamais traitée ainsi. Mais par la suite, elle se reprend, car elle doit mener à bien sa mission. Aussi observe-t-elle autour, cherchant de quoi s'asseoir. Elle déniche une chaise en bois noir à la petite table, de la cuisine. Elle y prend place en soupirant avant de cracher le morceau. - C'est à propos d'Harry, Monsieur. Il a besoin de votre aide. Je ne vous dérangerais pas autrement.
Un sentiment de colère se répand en Severus, à la mention de ce prénom. Encore une fois, il se retient de brandir sa baguette pour expulser la fille, hors de chez lui. À la place, il passe l'une de main dans sa noire chevelure, puis s'assied également à la table.
- Qu'est-ce que cet imbécile a encore fait?
- Il ne peut parler, explique la brunette, de son ton inquiet. - Il insiste que ce n'est qu'un rhume mais j'ai vérifié, il est en parfaite santé. À l'exception... qu'il ne peut prononcer le moindre mot.
- Rien du tout? interroge, vraiment curieux, le sorcier.
- Non. Pas un son ne sort de sa bouche.
L'homme à la haute stature sourit et ajoute avec moquerie:
- Si vous voulez mon avis, il n'y a là aucun problème, Granger. En vérité, tout est comme cela aurait dû toujours être. Il se lève, une expression satisfaite sur sa figure. - Maintenant, si vous voulez m'excuser j'ai... une vie à vivre.
Hermione ne le laisse pas s'échapper et agrippe son bras, avant de le tirer de force sur sa chaise, à nouveau. Tandis qu'elle-même se met debout, son regard colérique s'impose dans celui, opaque, de Snape.
- Quoi?! Vous ne pouvez pas faire ça?! s'écrie-t-elle, puis de le supplier. - Vous devez l'aider! Il souffre peut-être de quelque chose qui pourrait le tuer!
Severus se recule dans son siège, se force à calmer sa rage.
- Je peux faire cela et je vais faire cela. Que vous croyiez que je me soucie de ce crétin me dépasse. Laissez-moi donc vous donner la juste information, plus longtemps il souffre, plus j'y prends plaisir.
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Hermione Granger réapparaît chez elle, fulminante, pratiquement au bord des larmes. Au moment où elle franchit le seuil de sa maison, elle réclame son mari.
- Ron!
Une tête aux cheveux couleur gingembre s'étire dans le couloir, depuis le salon.
- Je suppose que ça veut dire qu'il n'a pas accepté de venir?
- Cet arrogant... insupportable... La brunette réfléchit et respire profondément afin de se calmer, lâche tout de même: - con.
Le sorcier aux multiples tâches de son, la fait prendre place dans l'un des fauteuils.
- Il s'en fout que cette chose puisse tuer Harry! Comment peut-il être si... démoniaque? Elle frappe l'accoudoir, de frustration. - Cet idiot m'inquiète tellement. Pourquoi ne veut-il pas d'aide, Ron?
- Tu sais, comme moi, comment il est: il veut s'en occuper par lui-même.
La brunette essuie une larme sur sa joue et regarde vers son époux.
- Ce n'est pas qu'un rhume ordinaire.
- Je te crois, 'Mione, lui confirme-t-il en hochant sa tête. - Mais qu'est-ce qu'on peut faire? Les Guérisseurs n'ont rien trouvé. Madame Pomfresh n'a rien trouvé. Même toi, tu n'as rien trouvé. Harry ne demandera jamais l'aide de Snape. Snape ne se soucie pas d'Harry. Il n'écoutera pas McGonagall non plus. Qui reste-t-il vers qui se tourner? Il y a assez peu de potionnistes connaissant la magie noire et dont on serait sûr, qu'ils ne vendraient pas l'histoire, à la Gazette du Sorcier.
- J'aimerais que Dumbledore soit encore ici. Il pourrait convaincre Snape d'aider. La femme sourit, ajoute d'une voix basse: - Ou juste, lui ordonner.
- Tu as raison, approuve le rouquin. Il nous faut quelqu'un qu'il respecte assez, qui apprécie Harry et qui pourrait le faire changer d'avis... Il pousse un soupir. - Moi, j'aimerais qu'on puisse ramener sa mère à la vie.
- Ron! Tu as trouvé! Tu es un génie! crie soudain la sorcière avant de se précipiter vers la cheminée.
Son époux la dévisage, la mâchoire tombante, alors qu'elle prend une pincée de poudre de cheminette.
- T'es pas sérieuse, Hermione, tu veux pas invoquer Lili Potter?!
- Évidemment que je ne peux pas, le rassure la femme en lui faisant un clin d'oeil. - Mais, par contre, je peux faire la deuxième meilleure solution.
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Harry Potter s'observe dans le miroir, de la salle de bain, tandis que sa bouche s'ouvre et se ferme. Il essaie, encore et encore, jusqu'à en hurler. Cependant, ses cordes vocales ne produisent aucun son.
Il se rend ensuite dans sa chambre à coucher. Il regarde un instant le lit, pas par fatigue, car il ne croit plus, maintenant, que du repos peut lui être bénéfique. Non, la cause est complètement différente.
Depuis qu'Hermione a suggéré d'aller rencontrer Snape, de lui demander son aide, ses pensées se bousculent, se fixent vers cette... chose sous son lit. Incapable de résister à la tentation de la revoir, il s'y dirige, doucement, comme s'il craint ce qui s'y cache. Le Héros National à la cicatrice en forme d'éclair, sur son front, s'agenouille à côté. Il s'étire dessous, cherche durant quelques minutes, se persuade que la boîte ne s'y trouve plus. Que par un heureux concours de circonstance, celle-ci a disparu dans la noirceur.
Mais ses doigts finissent par l'atteindre et il échappe une plainte, silencieuse.
Le sorcier aux cheveux courts tire l'objet, puis l'ouvre avec lenteur. À l'intérieur, il y a ses trésors et des souvenirs accumulés pendant des années. Sur le dessus, sa cape d'invisibilité recouvrant les autres items, fonctionnant toujours, donne l'illusion que la boîte est vide. Il retire le tissu, révélant le reste.
Bien qu'en réalité, rien n'a de valeur monétaire. Il s'agit d'une flûte en bois offerte par Hagrid et fabriquée par lui. Le premier Vif d'or qu'il avait attrapé. Puis, un album de photos de famille.
Tout au fond, se trouve des clichés envoyés par Colin Crivey, il y a trois ans de cela maintenant.
Après la guerre, lorsque lui ainsi que tout un tas de personnes ont reçu l'Ordre de Merlin, Colin a pris une énorme quantité de photos durant la cérémonie. Une, cependant, continue à horrifier Harry. Et amuser le reste du monde. Une insignifiante erreur, selon Colin, pas de quoi s'énerver. Le Héros National voudrait pouvoir le croire. Aux circonstances qui auraient pu y mener. Elle a depuis été oubliée par tous… excepté lui. Il continuait à la sortir de la boîte, jour après jour, la fixant. Incapable de saisir comment une telle image pouvait exister.
À nouveau, il tend sa main tremblante afin de saisir le cliché. Espérant de fois en fois, y découvrir une différence, un retour à la normalité. Mais, cela ne se produisait jamais. Rien ne changeait au gré du temps, les deux visages de certains individus se rapprochaient et leurs lèvres se joignaient dans un baiser, encore et encore. C'est pour le moins perturbant.
Des coups rapides retentissent à la porte de chez lui. Le sauvant, pour le moment, de ses tergiversations. Il remet la photo compromettante dans sa boîte avec les autres, la referme. Avant de se lever à nouveau, de la repousser d'un coup de pied. Il sort précipitamment de sa chambre, descend les marches alors que les coups redoublent d'intensité. Il ouvre enfin, peut-être n'aurait-il pas dû...
- Harry Potter! Pourquoi je n'ai pas été informé de ceci? éclate la voix tonitruante de Molly Weasley.
La femme se tient dans le couloir du 12 Square Grimmaurd, ses mains posées sur ses hanches, ses lèvres dessinant une mince ligne. Elle semble être apparue sur le seuil, depuis le Terrier, n'ayant pas pris la peine de retirer son tablier de cuisine rose, souillé.
Derrière elle, il trouve son plus jeune fils, sa tête rouquine penchée en direction du sol, qui tente de devenir invisible. À la différence d'Hermione, qui elle lève fièrement le menton. Ses yeux bruns le mettent au défi de dire un mot... s'il le pouvait. Il se contente de les saluer en faisant une révérence, puis leurs cède le passage en se mettant contre le mur. Molly entre suivit des deux conspirateurs.
- Tu es muet? s'informe-t-elle une fois à l'intérieur.
Le Héros National acquiesce avant de sortir sa baguette magique et d'écrire en l'air:
« Oui. »
Le visage renfrogné de la femme s'adoucit aussitôt. Elle le serre, bien fort, entre ses bras. Lâche une plainte qui semble lui transmettre le message: « Ho! mon fils... » Harry met également ses bras autour d'elle, ils demeurent ainsi un instant. Hermione et Ron sourient devant la scène, rassurés que tout va s'arranger.
- Assoyons-nous, propose la sorcière au tablier rose en prenant place, autour de la table, dans la cuisine. Ensuite, elle agite sa baguette et une théière en fonte se pose sur la cuisinière, prête à bouillir. Tandis que quatre tasses sortent d'une tablette, pour se poser, en douceur, sur le comptoir. Cinq minutes plus tard, ils dégustent un réconfortant thé au gingembre.
- Ron et Hermione m'ont dit que ça durait depuis plus de deux semaines. Pourquoi tu as rien dit? Pourquoi tu veux pas d'aide? Est-ce que tu veux pas aller mieux? commence-t-elle en regardant le jeune, portant des binocles. Ce dernier ne répond pas. Ses mains saisissent sa tasse de thé avec davantage de fermeté. Les traits de sa figure prennent un air soucieux. Ses épaules se courbent vers la table. Molly reprend d'un ton affectueux, essayant l'une des possibilités. - Ou est-ce parce que tu veux pas demander de l'aide d'une certaine personne?
Harry lève ses yeux, sa gorge se noue soudain, se sentant coupable. L'une des mains de la femme, à la chevelure cuivrée, attrape l'une des siennes. Il a l'impression d'avoir onze ans à nouveau, et non vingt.
- Je comprends que demander de l'aide à Severus Snape encore une fois, peut te sembler difficile. Mais si nos guérisseurs ne parviennent pas à trouver ce que tu as, il est peut-être ton unique chance, mon chéri.
Le Héros National brandit sa baguette magique au-dessus de lui et y inscrit:
« Il me hait, il ne m'aidera jamais. »
Les iris de la sorcière prennent une teinte sombre. Tout d'un coup, la gentille dame qu'il considère comme sa mère de substitution, se transforme en tigresse. Et pour un moment, il a presque pitié pour l'homme.
- On verra bien.
Il lui sourit tandis que les lettres rouge foncé, brûlent entre eux.
« Merci. »
Molly se lève de la table et embrasse son front, à la cicatrice en forme d'éclair.
- C'est à ça que je sers, mon cœur.
Quelques minutes plus tard, elle a quitté afin de retourner au Terrier. Harry, lui, retourne à la cuisine, un sourcil relevé, en se tournant vers ses deux amis. Sa baguette écrit:
« Ceci était injuste. »
- Ceci était nécessaire, rétorque aussitôt la brunette, prête à faire valoir son point.
De son côté, le Survivant se dit qu'il est peut-être temps d'affronter ce qui se trouve sur l'image, lui et… Severus Snape.
Il ajoute à ses amis:
« Lorsque vous ramasserez mes cendres dans une boîte d'allumettes, rappelez-vous que je vous avais prévenu que ça finirait mal. »
Hermine rigole alors que Ron sourit en avouant:
- Je vais prendre la chance. C'est trop bizarre de ne pas t'entendre intervenir quand on se querelle.
Le Héros National s'esclaffe aussi et se rappelle, comme il est bon d'avoir ses deux meilleurs amis, toujours parés pour lui remonter le moral.
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La matinée passe. Les bouteilles de potions s'accumulent sur le comptoir de la cuisine. Et Severus peut finalement s'occuper de vider ses deux pommiers, tel que désiré la semaine durant. Il se trouve d'ailleurs, actuellement, grimpé sur une échelle en bois afin d'atteindre chacun des fruits. Il les ramasse dans un panier qu'il a installé à l'extrémité d'une branche. Il n'utilisait pas la magie. Il préférait la manière traditionnelle de récolter, même si cela lui prenait davantage de temps. Il avait découvert que la magie changeait le goût des aliments lors de la fabrication des tartes.
Soudain, un puissant bruit retentit, le faisant presque chuter de son échelle. Que Merlin le foudroie, n'y a-t-il pas moyen de terminer cette tâche? L'expérience lui ayant appris que des mauvaises nouvelles provenaient toujours de la Directrice de Poudlard. Pourtant, cette fois il ne s'agit pas de la sorcière qui s'avance vers lui. Bien que tout aussi féroce. Minerva pouvait l'avoir révélé à n'importe qui: comment faire pour le trouver. Telle Molly Weasley, qui lui fait grâce de sa présence. Il sait pourquoi elle est ici, il parle avant qu'elle en ait l'opportunité.
- Je ne désire rien entendre. Tu auras la même réponse que Granger: je refuse.
- Tu feras pas ça.
- Ho! que oui et avec le plus grand des plaisirs, répond l'homme à l'épiderme translucide, du haut de son échelle. Il poursuit d'un ton amer: - Il t'a peut-être ensorcelée, Molly, mais pour moi, ce n'est qu'un mécréant, qui a ruiné ma vie.
- Par les Fondateurs! Tu exagères, il n'y a pas de quoi être si dramatique, Severus, s'esclaffe la femme. Elle met ensuite ses mains sur ses hanches. - Il était ton étudiant, a eu parfois quelques écarts de conduite. Sûrement rien avoir avec mes jumeaux, tellement turbulents. C'est qu'un pauvre garçon qui a besoin de ton aide.
- Tu ne peux m'obliger à le faire. C'est surtout un imbécile irrespectueux. Pas le genre d'individu avec qui je m'associerais, même par devoir.
- C'est ton devoir de l'aider, répète avec patience, Mme Weasley.
- C'était. Il y a très, très longtemps, rétorque le grand sorcier, au regard sombre. - Il est un adulte à présent, capable de prendre soin de lui. Et si non, tant pis, car les idiots méritent la malice que le Sort leur réserve.
Cette dernière phrase donne froid dans le dos à Molly. Ses yeux bleus se perdent vers les arbres fruitiers. Comment parviendrait-elle à faire céder cet entêté? Puis, soudain, un scintillement pétillant les traverse. Elle chuchote, résignée:
- Je vais te donner ma recette secrète de dumpling aux pommes.
Severus Snape essaie de camoufler son étonnement. La recette est restée hors d'atteinte depuis des années. Pratiquement plus secrète que de connaître l'emplacement du quartier général de l'Ordre du Phoenix. Il considère l'offre. Il est persuadé que peu importe ce qu'a Potter, il pourrait trouver un remède en quelques jours. Aussi, les dumpling aux pommes de Molly rendraient Marcus stoïque, et se vendraient probablement bien au marché. De plus, si Potter restait en sa compagnie, il pourrait l'aider à récolter les pommes pendant qu'il travaillerait sur ses potions ou un contre-sort. Un sourire moqueur s'étire sur ses lèvres fines.
- Ainsi que ton brûlé à la citrouille.
La sorcière, vêtue d'un tablier rose, réfléchit un instant avant de hocher sa tête.
L'homme aux cheveux noirs et raides, descend de son échelle en bois, courbaturé par de nombreuses heures de travail. Il époussette la saleté de ses vêtements. C'est ce moment que choisit la boule orangée pour venir se frotter contre ses jambes et répandre ses poils. Il pousse un soupir en fronçant ses sourcils, reprend l'action. Puis, il tourne sa figure contentée vers Molly Weasley.
- Amène-le moi.
