Rating : K+
Genre : Romance, Fluff, Noël.
Destinataire : Ma chère Kilkla, j'espère que ce petit texte te plaira ! J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire et peut-être bien que je ship un peu beaucoup le Seroroki maintenant, haha. Joyeux Noëëëël !
Le soir du réveillon
Shouto sonna à l'interphone de l'immeuble que lui avait indiqué son petit ami.
L'adresse était assez éloignée de son quartier – il avait dû prendre le métro et le bus pour arriver jusqu'ici –, il découvrait avec curiosité les rues étroites, bruyantes et colorées, animées de petits groupes de passants qui bravaient le froid de décembre pour profiter de marrons grillés ou d'un verre de vin chaud, vendus sur de petits stands mobiles. Il n'y avait pas de décorations publiques, aucune illumination suspendue aux toits, pourtant Shouto discernait ici une douceur conviviale et chaleureuse qu'il n'avait jamais trouvé dans les larges avenues, trop propres et trop vides, de son lieu d'habitation. La municipalité y fournissait peut-être plus d'efforts décoratifs, mais l'effet était pourtant nettement moins réussi qu'ici. Il décida qu'il aimait bien cet endroit.
Des bruits de pas résonnèrent dans le hall, attirant son attention. Une silhouette sombre grandit à travers le verre opaque de la porte avant que celle-ci s'ouvre brusquement sur le visage rayonnant d'Hanta :
– Tu es là ! s'exclama-t-il avec un sens certain de l'évidence. Entre vite !
L'adolescent se décala pour le laisser entrer, et Shouto apprécia aussitôt la chaleur du hall, dégageant un peu l'écharpe autour de son cou. Hanta glissa ses bras sur sa taille, un petit sourire canaille aux lèvres, et se pencha pour l'embrasser. Les doigts de Shouto se crispèrent légèrement sur le pull de son petit ami, heureux de le retrouver.
Ils s'étaient pourtant vu moins d'une semaine plus tôt, lors du dernier jour d'école avant les vacances d'hiver. Hanta lui avait manqué, alors même qu'ils s'étaient régulièrement écrit depuis. Sa présence lui avait manqué, sa discrète odeur épicée, la chaleur de sa peau, le goût de ses baisers. Glissant sa main dans la sienne, Hanta l'entraîna jusque dans l'ascenseur, lui demandant s'il avait trouvé facilement et s'excusant de n'avoir pu venir le chercher avec ses mères – leur seule voiture était bloquée au garage automobile jusqu'à la semaine suivante. Shouto assura, pour la douzième fois, que ça ne le dérangeait pas. Pour rien au monde il n'aurait raté le réveillon en compagnie de son petit ami.
Beaucoup plus traditionalistes, les Todoroki ne fêtaient pas Noël. La célébration était essentiellement commerciale au Japon, sans la connotation religieuse et familiale de l'Occident. Or, ils n'avaient guère de bons moments à partager ensemble. Shouto ne se souvenait pas d'un seul Noël qui lui fasse chaud au cœur. Il avait donc été surpris, et très heureux, de l'invitation de son petit ami. Son père ne s'était pas opposé à ce qu'il passe le week-end chez « un ami » – bien que son refus n'aurait pas empêché Shouto de suivre ses plans, c'était une trop bonne occasion de s'éloigner de la demeure Todoroki. Et qui plus est, pour passer du temps avec Hanta. Shouto serra ses doigts un peu plus fort, alors qu'une sonnerie annonçait leur arrivée au septième étage.
Il suivit son petit ami dans un long couloir, jusqu'à l'appartement numéroté quarante-deux. Ils entrèrent et les deux mères de Hanta l'accueillirent dans une effusion de joie, de bises sur la joue, de sourires et de paroles bienveillantes. Shouto ne les avait pourtant rencontrées que deux fois, brièvement, à la sortie du lycée, mais elles se comportaient avec lui comme avec leur propre fils – ce qui était encore plus étrange à ses yeux. Il ignorait que les familles pouvaient être comme ça aussi.
– Mets-toi à ton aise ! l'invita Rakkan en le débarrassant de son manteau, de son écharpe et de son sac.
Le teint mat et les traits hispaniques, comme Hanta, elle portait ses épais cheveux bruns en queue de cheval et dégageait une énergie communicative. Artiste aux multiples talents, Rakkan travaillait à la maison.
Rien que depuis l'entrée, Shouto put voir que l'appartement débordait de statuettes de bois, de pièces de poterie, de tableaux au fusain ou à l'aquarelle, parfois inachevés et éparpillés dans un désordre calculé au milieu des plantes d'intérieur, débordant de volumineux pots peints ou suspendues au plafond.
– Nous avons presque fini de préparer le repas, informa Matsuri. Vous nous aidez à terminer ?
– Bien sûr ! répondit Hanta.
Shouto suivit le mouvement avec un léger sourire. Il se sentait plus à l'aise dans ce petit appartement fourmillant de vie que dans l'immense et froide demeure des Todoroki – alors même qu'il venait d'entrer dans le premier et avait passé sa vie dans la seconde.
Matsuri avait les traits caractéristiques d'une japonaise, quoiqu'avec plus de rondeurs que ne s'en vantaient les standards de beauté féminine. Elle les portait bien, ses rondeurs – elle rayonnait. Aussi dynamique et enjouée que sa compagne, quoique dotée d'un humour plus piquant, presque incisif, réalisa rapidement Shouto. Son sourire s'élargit lorsqu'il se remémora certaines anecdotes racontées par Hanta : les occasions, notamment, pour lesquelles Matsuri s'était engagée avec passion et parfois virulence, qu'il s'agisse d'engueuler le livreur qui avait égaré leur canapé ou de défendre son fils contre les remarques insultantes d'un voisin.
Shouto se réjouissait pour Hanta de sa relation avec ses mères, l'enviait peut-être un peu, et se sentait privilégié d'être invité au sein de cette famille si soudée et aimante. Il ne vit pas le temps passer, alors qu'ils achevaient la préparation du repas en discutant, s'échangeant des piques ou des blagues qu'il parvenait de mieux en mieux à saisir, et même lorsqu'il ratait un sous-entendu, iels le lui traduisaient avec simplicité et naturel. Un premier chat vint se frotter contre ses jambes en ronronnant alors qu'il mettait la table et Shouto s'agenouilla pour caresser son poil roux.
– Ah, tu as trouvé Luciole, nota Hanta en rigolant. Barnabé et Pataclop ne doivent pas être loin.
En effet, deux autres chats surgirent d'entre les pots de plantes, miaulant pour quémander des caresses que Shouto leur accorda sans rechigner, faisant ronronner les félins à ses pieds. Hanta se joignit à lui et Shouto ne résista pas à l'envie de prendre son petit ami dans ses bras, déposant un baiser sur le bord de sa mâchoire et caressant distraitement l'articulation ronde de son coude.
C'était le meilleur Noël de sa vie et, il l'espérait, le premier d'une longue série.
