Bon, ça m'a pris plus de temps que prévu, mais le travail me prend pas mal de temps et je ne suis pas toujours au mieux pour écrire... Enfin, bref, je vous présente donc mes excuses... J'espère que vous apprécierez la suite !


Chapitre second

Un invité surprise

Frissonnant, elle se leva du banc de pierre ; Merlin seul savait combien de temps elle avait passé ici, plongée dans ses souvenirs… Discours et commémorations s'étaient poursuivis jusqu'aux alentours de neuf heures et demie, puis tout le monde avait suivi les officiels jusqu'au Ministère ; ils reviendraient aux alentours de minuit, pour assister au feu d'artifice qui marquerait la fin officielle de la semaine de célébrations qui venait de se dérouler, cinquante ans après la chute de Voldemort, cinquante ans après leur victoire, après…

Furieusement, elle battit des paupières pour contenir les larmes qui lui montaient aux yeux, même après tout ce temps, toutes ces années… Jamais personne n'avait complètement réussi à comprendre la nature du sort qui avait causé la disparition d'Harry ; les spécialistes du Département des Mystères, Hermione à leur tête, avaient planché dessus pendant des semaines, sans rien découvrir, utilisant la baguette de Voldemort pour leurs études, étudiant avec minutie – et une certaine horreur – sa bibliothèque personnelle, se plongeant dans des grimoires interdits conservés au plus profond des entrailles du Ministère… Les semaines s'étaient transformées en mois, les mois en années… Après sept ans, le Ministère, par la voix du Ministre de l'époque, avait mis fin aux études.

De vives protestations avaient été émises par nombre de sorciers, bien que ce fut plus pour la forme que sur le principe… A dire vrai, nul ne pensait plus que quoi que ce soit puisse être fait pour contrer le dernier maléfice de Voldemort ; aussi la construction d'un mémorial avait été décidé et l'affaire avait été déclarée close.

A l'époque, ç'avait été comme si le monde s'écroulait autour d'elle… Pendant sept ans, elle avait espéré, un espoir de plus en plus ténu avec le temps, mais qui représentait un fil auquel se raccrocher… Et s'il n'avait pas été là… Elle sourit à la pensée de celui qui l'avait aidé à sortir du gouffre dans lequel elle avait sombré à cet époque… Oh, bien sûr, Hermione et Ron avaient été présents aussi, sa famille également, mais ça n'était pas la même chose… Et aujourd'hui…

Son train de pensée s'interrompit quand les lampions qui décoraient le square s'illuminèrent ; elle releva vivement la tête, tendant l'oreille juste pour percevoir les tintements ténus d'un clocher dans le lointain… Assurément, il devait être minuit ; des bruits de conversation lui parvenaient désormais. Plus par habitude que par réelle coquetterie, elle porta la main à son chignon désormais grisonnant pour le rajuster, lissant sa robe de soirée de l'autre, froissée par son séjour prolongé sur le banc.

"Ah, tante Ginny, te voilà !" fit une voix familière. Elle se retourna pour découvrir le plus jeune de ses neveux, Niall, qui s'extrayait de la foule pour venir la saluer. Elle l'embrassa sur les deux joues, avant de se reculer pour mieux l'observer…

"Ma parole, tu as encore grandi !" Elle lui sourit affectueusement, bien que son cœur fut soudain serré de voir à quel point il ressemblait à son père quand il… D'un geste, elle chassa ses pensées et se mit à discuter quelques instants avec Niall. Quand celui-ci lui signifia qu'il devait aller retrouver des amis, elle lui fit :

"Allez, file ! Je ne voudrais pas te retenir, avec mes radotages de vieille folle…"

"Tante Ginny !" protesta-t-il, bien qu'avec le sourire. Puis il se détourna, mais elle le retint par la manche :

"Au fait, est-ce que tu as aperçu notre vénéré Ministre ?"

Interdit, il la regarda avec de grands yeux, avant d'éclater de rire :

"Tu ne devrais pas te moquer de lui ; franchement…"

"Oh, il a la langue assez bien pendue pour se défendre ; sans compter qu'il me supporte depuis plus de trente ans ; il a l'habitude !"

"Oui, j'imagine…" rétorqua son neveu avec une lueur espiègle dans le regard "Celui qui peut survivre si longtemps avec toi peut résister à tout…" Il esquiva en riant la tape vengeresse à destination de son épaule et ajouta en partant :

"La dernière fois que je l'ai vu, il était au pied de la Statue…"

Elle soupira, réprimant un sourire puis elle se dirigea vers l'endroit où son mari devait à n'en point douter subir le siège d'une cohorte de journalistes, d'officiels et de flagorneurs divers. En effet, entouré d'une trentaine de personnes, il se tenait au pied du monument, sa chevelure blond pâle désormais mêlée de blanc tranchant sur les teintes sombres des robes que portaient son entourage.

"Ah, te voilà !" Il s'interrompit à son arrivée, et tous la saluèrent, qui d'un signe de tête, qui d'un sourire... hypocrites pour certains, sincères pour d'autres ; vu son manque de goût pour la politique, elle ne s'était jamais souciée de plaire et avait parfois froissé des susceptibilités par ses commentaires directs et sans détours. Mais ce qu'ils pensaient d'elle lui était égal et elle répondit d'un léger mouvement de menton. Puis Drago reprit :

"Bien, Mesdames, Messieurs, le feu d'artifice ne va pas tarder, je vous laisse en profiter…"

Il lui tendit son bras et elle le prit ; en s'éloignant, il lui chuchota avec un ton faussement emphatique :

"Tu m'as délivré de cette terrible épreuve ! En récompense, je te servirai fidèlement en exauçant trois de tes souhaits ! Je peux te couvrir d'or, te masser les pieds ou… "

"Ah, ça c'est une excellente idée ! Allez, au travail !"

"Hum… Ca ne peut pas attendre qu'on soit… seuls ?" fit-il, en haussant un sourcil, avec un air prétendument inquiet.

Elle rit, l'embrassant sur la joue alors qu'ils quittaient le monument, entouré de bancs mais situé sous le couvert des arbres et se dirigeaient vers le centre du parc, à une centaine de mètres d'où ils se trouvaient.

Ils s'assirent sur un banc, puis levèrent la tête juste à temps pour apercevoir les premières fusées exploser en l'air. Elles étaient enchantées pour figurer des formes variées ; l'une dessina le visage d'Harry, une autre celui de Dumbledore, une autre encore l'emblème du Ministère…

Tout à coup, elle remarqua qu'une lueur rouge, qu'elle avait tout d'abord attribuée à la fusée qui avait dessinée la rose de l'Angleterre, semblait baigner le parc alentour…

"Drago…"

Son attention distraite du feu d'artifice, le Ministre de la Magie regarda autour de lui. Soudain, elle agrippa son bras :

"Là-bas !"

Il dirigea son regard dans la direction qu'elle lui indiquait ; au pied de la statue, une vive lumière rouge émergeait de nulle part, étincelante, inondant le parc de sa clarté sanglante, conférant à l'endroit un aspect dantesque.

Ils se levèrent prudemment, alors que des exclamations s'élevaient alentour ; apparemment, d'autres qu'eux s'étaient avisés du phénomène. Alors qu'ils s'approchaient lentement, baguettes tirées, parés à se défendre, la lumière se fit plus vive, mais elle ne dégageait aucune chaleur. A mesure que décroissait la distance les séparant de l'épicentre du phénomène, celui-ci gagnait en intensité, jusqu'à les aveugler.

Les détonations du feu d'artifice continuaient de résonner au-dessus de leurs têtes, mais nul ne devait plus y prêter attention ; soudain, la lumière devint si perçante qu'ils eurent l'impression de voir à travers leurs paupières puis elle se contracta sur elle-même et explosa silencieusement, le souffle les faisant reculer brutalement.

Progressivement, la lueur rémanente se dissipant de ses pupilles endolories, Ginny put à nouveau jeter un regard alentour. Tout le monde avait été secoué, certains jetés à terre, mais nul ne semblait être blessé, la plupart se relevait déjà ; tout semblait en ordre mais…

Alors elle le remarqua ; il lui tournait le dos, face à la statue, la contemplant, immobile, comme pétrifié… En elle, une voix s'éleva aussitôt : Arrête, c'est impossible ! Mais comme pour la contredire, il se retourna et ce fut comme un coup de poignard en plein cœur… Engourdie, elle sentit à peine la main de Drago se poser sur son bras, tandis qu'il s'exclamait :

"Merlin tout puissant ! C'est… c'est impossible !"

Egal à lui-même, comme à la nuit même de sa disparition… à l'instant de sa victoire…

Ses yeux verts… ses cheveux noirs de jais…

Harry.