La Lance et le Marteau
Résumé
Aloy va aider Érend à retrouver sa soeur. Et si le fait de voyager en sa compagnie pendant un certain temps changeait un peu son point de vue ? Elle qui avait l'habitude de voyager seule se retrouve avec quelqu'un sur qui veiller... et surtout quelqu'un qui veille sur elle.
Notes
Nous sommes ainsi au jour 2 de l'Horizontober qui est "Bear".
Au début, je partais sur le verbe, puis j'ai décidé de me concentrer sur l'animal.
Bonne lecture o/
II - Animal du passé
Bear (Day 2)
Si la civilisation des Anciens l'avait un jour intéressé, Érend l'avait oublié depuis longtemps. Il avait eu bien d'autres choses à gérer pour s'intéresser à ceux qui avaient disparus depuis si longtemps. Pourquoi s'intéresser au passé quand le présent était déjà bien assez compliqué ?
Depuis qu'il accompagnait Aloy dans sa quête pour sauver sa sœur – qui devait être vivante, l'alternative n'était pas possible pour lui – il avait compris que la Nora avait une certaine fascination pour les ruines ou pour les objets qui venaient des Anciens. Combien de fois ne l'avait-il pas surprise en train de fouiller dans un tas de débris.
Certains de ces objets étaient ensuite vendus contre des beaux tas d'éclats de métal, ce qui n'était pas plus mal. Mais il avait l'impression que se séparer de ces objets ne plaisait pas forcément à la jeune femme.
De temps en temps, le soir, quand ils campaient, il la surprenait le regard perdu dans le vide, les mains volant devant elle, faisait bouger des choses qu'elle seule pouvait voir, comprit-il.
Il aurait bien voulu l'interroger, mais préférait la laisser dans ses pensées quand c'était le cas.
Ce jour-là, ils avançaient, en direction de Dervahl et surtout d'Ersa. Mais une fois de plus, ils durent s'arrêter pour la nuit. Ils avaient vite et bien, mais pas assez vite au goût d'Érend qui aimerait ne pas s'arrêter. Mais il avait besoin de se reposer de temps en temps. Et Aloy aussi.
Cette nuit-là, ils s'étaient réfugiés dans une ruine des Anciens, une de celles qui fascinait tant la Nora. Tandis qu'il installait leur campement, il la laissa examiner les lieux. Certainement allait-elle encore fouiller par-ci par-là pour revenir avec des anneaux et autres bracelets antiques. Cela leur permettrait d'avoir quelques éclats de métal qui pourraient leur permettre d'acheter de meilleures armes et des munitions, en vue de l'affrontement qui allait certainement se dérouler entre Dervahl et eux.
Il venait d'allumer un feu quand Aloy revint. Elle s'assit dans l'halo lumineux et ses cheveux roux semblaient prendre feu sous la lumière. Elle tenait quelque chose entre ses mains. Mais cette fois, ça avait l'air un peu plus imposant qu'un simple collier ou une simple amulette.
« Qu'as-tu trouvé, cette fois ? » demanda-t-il, plus pour faire la conversation que par réel intérêt.
« On dirait une petite statue, » répondit-elle en examinant la chose sous tous ses angles. « On dirait du métal, ce qui explique pourquoi cela a survécu aux ans… Bon, elle est rouillée, donc j'ai failli la prendre pour un bête débris, mais en fait non. »
Elle frotta la chose et souffla dessus, pour retirer des poussières et autres saletés. Elle y passa un long moment, n'ayant pas conscience qu'Érend faisait cuire la viande du lapin qu'elle avait abattu un peu plus tôt. Cela ne dérangeait pas vraiment l'Oseram.
Quand Aloy fut plus ou moins satisfaite du résultat, elle prit la statue de métal rouillé à bout de bras et l'observa, la tête un peu penchée sur le côté, dans une attitude mignonne qui attendrit un peu Érend.
Il s'approcha et prit place à côté d'elle. Il observa la chose. Cela représentait un animal comme il n'en avait jamais vu. C'était un animal qui avait quatre pattes, qui avait une tête ronde et deux oreilles arrondies sur le dessus de sa tête. Un museau assez court et des pattes courtes mais trapues, et qui semblaient terminées par des griffes impressionnantes.
« C'était un animal qui vivait avant, du coup ? » demanda-t-il, la curiosité prenant finalement le dessus.
Elle lui tendit la statue en haussant les épaules, en signe d'ignorance. Érend prit la statue et l'observa à son tour. La statue était petite, mais quelque chose lui disait que l'animal en vrai était bien plus grand qu'un simple sanglier. La texture du métal laissait deviner qu'il devait être couvert de fourrure.
Érend observa encore la statuette. Le fait qu'elle soit en métal faisait qu'elle pesait son petit poids. Il vit Aloy porter la main à son bidule sur la tempe, son focus comme elle l'appelait, et une petite lumière apparut. Il devina que des choses défilaient devant ses yeux, des choses qu'il ne pouvait voir. Elle se tourna vers la statuette, qu'il tenait entre ses mains.
Ses yeux verts allaient d'un endroit à l'autre et il la regarda sans mot dire. Elle hochait la tête devant les informations qu'elle recevait de son gadget.
« C'est la représentation d'un ours, apparemment, » dit-elle en appuyant à nouveau sur son focus. La lumière s'éteignit. « C'était des animaux qui pouvaient être bruns, noirs ou blancs. Ils étaient grands. Une des nombreuses espèces à avoir disparu… »
Érend reporta son attention sur la statuette de métal et essaya d'imaginer l'animal en grand, couvert de poils noirs. Ce devait être une bête majestueuse.
« C'est dommage que ça ait disparu, » commenta-t-il. « Je pense que j'aurais bien aimé voir ça en vrai. »
Aloy sourit, le regard toujours posé sur la statuette.
« Que comptes-tu en faire ? » demanda Érend en lui rendant l'objet. « Le prendre pour le vendre… ou le garder ? »
Leurs doigts s'effleurèrent brièvement pendant le processus.
« C'est trop lourd, » commenta-t-elle avec une petite moue déçue. « Cela risque de nous ralentir et nous devons nous dépêcher si nous voulons retrouver ta soeur. Non, je ne vais pas la prendre. »
Elle continua de retourner l'objet dans tous les sens, la frottant encore pour retirer les poussières incrustées dans le métal.
« J'ai fait un enregistrement, de toute façon. »
« Enregistrement ? » répéta Érend, ne comprenant pas le mot.
« Oui. Je peux enregistrer des choses, des événements. Et mon focus peut me les remontrer tant que je veux. »
Érend ouvrit grand les yeux.
« Tu veux dire que tu peux voir le passé avec ton truc ? »
« Non, pas vraiment. » Elle se mordit la lèvre inférieure, geste qu'Érend trouva, pendant une seconde, assez captivant. « Ce sont des choses que j'ai déjà vues et que je peux revoir, si tu veux. »
Il hocha la tête et se demanda quel genre de choses elle « enregistrait » mais n'osa pas poser la question à voix haute. Au lieu de cela, il observa la Nora. Elle semblait absorbée par ce qu'elle faisait. Et fascinée par ce qu'elle voyait.
Au bout d'un moment, la viande fut cuite et Érend l'invita à manger, ce qu'elle accepta volontiers, posant la statuette sur le côté. Ils mangèrent en silence, l'oreille aux aguets au cas où des machines se rapprocheraient un peu trop. Mais rien ne vint troubler leur repas.
La nuit fut relativement calme et tous deux purent dormir à tour de rôle sans que rien ne vienne les perturber.
Le lendemain matin, le feu allumé par Érend n'était plus que cendres et ils se préparaient à repartir. Aloy tenait toujours la statuette en main et finit par la poser à côté du foyer éteint puis partit la première. Une fois en dehors des ruines, elle s'étira, les bras au-dessus de sa tête et bâilla à s'en décrocher la mâchoire.
Érend la laissa partir en premier. Il termina de ranger ses affaires dans son sac. Il mit son sac sur son épaule et rejoignit la jeune femme pour une nouvelle journée de marche en direction de Belvédère.
