La Lance et le Marteau
Résumé
Aloy va aider Érend à retrouver sa soeur. Et si le fait de voyager en sa compagnie pendant un certain temps changeait un peu son point de vue ? Elle qui avait l'habitude de voyager seule se retrouve avec quelqu'un sur qui veiller... et surtout quelqu'un qui veille sur elle.
Notes
Nous sommes ainsi au jour 3 de l'Horizontober qui est "Storm".
Bonne lecture o/
III - Vent et sable
Storm (Day 3)
Le vent était fort. Érend avait déjà dû faire face à des tempêtes de sable et il avait l'impression que quelque chose de semblable allait arriver. Aloy et lui étaient actuellement dans une zone aride et sèche. La chaleur les écrasait mais ils continuaient d'avancer.
Érend comprit alors que la jeune femme, qu'il avait cru être une femme comme les autres, ne l'étaient pas du tout. Elle était déterminée et infatigable. Il savait qu'elle souffrait de la chaleur – il était impossible de ne pas souffrir de cette chaleur écrasante – et pourtant, il ne l'avait pas entendue se plaindre.
Il admirait secrètement sa façon de se battre quand ils croisaient la route de Veilleurs ou autres machines belliqueuses.
Et là, le vent se levait et soufflait de plus en plus fort, et pourtant, elle continuait d'avancer. Il savait qu'elle avait à cœur de découvrir où était certainement détenue Ersa et pour cela, il ne la remercierait jamais assez. Cependant, dans l'état actuel des choses…
« Aloy ! » Le vent soufflait tellement fort qu'il devait hausser la voix pour espérer se faire entendre de la rouquine. Celle-ci l'entendit et se tourna vers lui, l'interrogeant du regard. Sa chevelure de flamme volait tout autour de sa tête et certaines mèches passaient sur son visage. Érend se surprit à avoir une envie furieuse de retirer lesdites mèches de son visage. « La tempête se lève et ça risque de devenir dangereux ! » Il se rapprocha d'elle. Elle le regarda faire sans mot dire. « Il faut trouver un abri, » continua-t-il.
« On ne peut pas continuer un peu ? »
« Crois-moi, tu n'as pas envie d'être prise dans une tempête de sable, » dit-il. « Il faut trouver un abri avant que le vent ne soulève le sable. »
Elle fronça les sourcils et fit une moue. Cela la contrariait et à tout avouer, cela le contrariait aussi. Mais il valait mieux qu'ils trouvent un abri avant que cela ne mette leur vie en danger. Aloy dut en venir aux mêmes pensées, car elle finit par hocher la tête et ils se dirigèrent donc vers des falaises de pierre, seul endroit qui pourrait leur offrir de quoi se protéger contre le vent et le sable.
Mais ils ne se déplacèrent pas assez vite. Ou alors la tempête arriva sur eux plus rapidement que l'avait escompté Érend. Le sable se levait, le vent forçait et ils devaient lever un bras pour protéger leurs yeux. Il devenait de plus en plus difficile de voir devant eux et l'Oseram fronça les sourcils. Il se rapprocha d'Aloy et sans un mot, lui prit doucement sa main.
Aloy sursauta et se tourna vers lui, les yeux emplis de surprise. Érend avait lentement mais sûrement pris conscience de ce que vivre en paria depuis sa naissance impliquait réellement. Aloy avait vécu pour ainsi dire seule, avec l'homme qui l'avait élevée - Rost. Elle n'avait pas l'habitude de la foule… ni des contacts.
« Il ne faut surtout pas qu'on se perde de vue, » expliqua-t-il.
Car c'était bien pour cela qu'il lui avait attrapé la main. Certes, il aurait préféré que ce soit dans d'autres circonstances, mais les choses étant ce qu'elles étaient, il n'avait pas d'autres choix.
Aloy finit par hocher la tête et ils avancèrent à deux, ensemble, liés par ces mains jointes, courbés face au vent qui se faisait de plus en plus violent. La situation devint un peu plus supportable quand ils atteignirent enfin les falaises. Mais ils n'étaient toujours pas à l'abri…
Il leur fallu un autre long moment pour trouver une faille dans la roche dans laquelle se faufiler. Quand ils furent tous les deux entrés, Érend lâcha la main d'Aloy. Il retira son paquetage de son dos et en sortit la toile de tente, afin de calfeutrer l'ouverture. Heureusement, la faille était assez petite et l'ouverture aussi, donc il n'eut aucun mal à les protéger du vent et du sable. Quand la toile fut installée, il soupira de soulagement et se secoua légèrement, afin de retirer le sable de ses habits et de ses cheveux.
« Ce n'est pas bien grand… » commenta Aloy en secouant sa chevelure rousse.
« Ce n'est que temporaire, » affirma Érend qui avait déjà connu son lot de tempêtes de sables. « Et il y a assez de place pour s'asseoir et se reposer un peu, non ? »
Heureusement pour eux, oui, il y avait assez de place pour qu'ils puissent s'asseoir. L'entrée était étroite, mais l'intérieur de l'abri s'élargissait un peu. À peine. Mais suffisamment. Ils prirent place et l'étroitesse de l'abri fit qu'ils étaient collés l'un à côté de l'autre. Érend était on ne peut plus conscient de la chaleur que dégageait Aloy. Il sentait aussi ses cheveux qui avaient une odeur de sable.
Il faisait sombre dans cet abri et il n'y avait pas assez de place pour allumer un feu. La toile d'Érend accrochée à l'entrée claquait au rythme du vent et l'Oseram espérait avoir réussi à bien l'accrocher.
« Tu sais combien de temps va durer cette tempête ? » demanda Aloy, au bout d'un moment.
Il haussa les épaules, son bras frottant contre le sien dans le processus.
« Cela dépend, » commenta-t-il. « Ici, elle est montée assez vite. Elle devrait se calmer tout aussi vite. »
Il la sentit hocher la tête. Il s'adossa à la roche derrière et croisa les bras. N'ayant rien d'autre à faire, autant en profiter pour se reposer. Pendant un moment, Aloy resta dans sa position d'origine, puis finit par s'adosser, à côté de lui. Ils se retrouvèrent donc de nouveau collés l'un à l'autre, par le bras.
Dans la pénombre de la grotte – pouvait-on vraiment appeler ce trou à rat 'grotte' ? - Érend se permit de sourire. Ce n'était pas désagréable d'être ainsi en contact avec une aussi jolie femme, se dit-il.
Le silence qui s'étendait entre eux n'était troublé que par le vent, de l'autre côté de l'ouverture. Puis par le bâillement d'Aloy.
« Tu devrais en profiter pour te reposer, » dit Érend. « Autant en profiter. »
« Oui… ce n'est pas le plus confortable, mais on devrait… »
« Au pire, prend mon épaule pour un oreiller, hein, » dit Érend avec sa petite touche de charmeur, comme il en usait parfois.
« Hmmm… Je vais y réfléchir, » répondit-elle, avec une expression un peu moqueuse dans la voix.
Il sourit, même si elle ne pouvait pas le voir. Un nouveau silence s'appesantit sur eux mais il la sentit s'installer un peu plus confortablement contre le mur de roche. Érend garda le regard sur la toile contre laquelle claquait le vent et le sable.
« Aloy ? » finit-il par dire.
« Hmmm ? » dit-elle d'une voix un peu endormie.
« J'voulais te remercier, » dit-il d'un ton un peu bourru. « Je veux dire… de m'aider à retrouver Ersa… Je sais qu'au début, je ne t'ai pas vraiment laissé le choix… Mais merci de m'avoir quand même aidé à comprendre, malgré cela. »
« Y a pas de quoi, » dit-elle. « J'espère qu'on la retrouvera vite. Et en bonne santé. »
Il acquiesça, puis se rappelant qu'elle ne pouvait certainement pas voir son geste, se racla la gorge et déclara :
« Moi aussi… »
Sa sœur. Sa grande sœur. Qui était irremplaçable… Il se devait de la retrouver. De la ramener. Elle seule pouvait vraiment mériter le grade de Capitaine de l'Avant-garde. Elle seule pouvait réellement réunir Carja et Oseram, comme l'avait ainsi déclaré Avad. Elle était indispensable à la paix nouvellement acquise et si fragile.
Un monstre de colère grondait en lui. S'il retrouvait Dervahl, si c'était vraiment lui qui avait capturé et blessé sa sœur, il ne donnait pas cher de sa peau.
Certes, on pouvait dire que Dervahl avait souffert du règne de Jiran. Érend n'avait de femme ni de fille, aussi ne pouvait-il qu'imaginer la douleur qu'il avait dû ressentir quand elles avaient été sacrifiées. Il se surprit même à se demander si la souffrance qu'il avait ressentie en apprenant la mort d'Ersa était comparable à celle que Dervahl avait ressentie face au sacrifice de sa femme et de sa fille… Et durant une seconde, très brève, il eut une pointe de compassion envers Dervahl.
Il prit une profonde inspiration pour calmer ce monstre de colère. Il devait le garder au fond de lui pour le jour où il mettrait la main sur lui. Et il regretterait. Oh oui, il regretterait d'avoir osé toucher à sa chère sœur.
Il fut coupé dans ses pensées meurtrières par un léger poids sur son épaule. Il tourna la tête et il crut distinguer la tête d'Aloy posée contre lui. Il allait parler, quand il entendit la respiration calme et régulière de la jeune femme. Elle s'était endormie.
Bon, il ne s'attendait pas vraiment à être pris pour oreiller, mais y avait pire comme situation. Il la laissa donc et tenta de ne pas trop bouger pour éviter de troubler son sommeil.
Au bout d'un moment, il décida de suivre son exemple. Avec une dernière pensée pour sa sœur, Érend ferma les yeux et laissa le sommeil le prendre. Avec un peu de chance, quand ils se réveilleraient, la tempête serait passée.
Tiens bon Ersa, pensa-t-il à travers le brouillard du sommeil qui prenait déjà doucement possession de lui. J'arrive.
