La Lance et le Marteau
Résumé
Aloy va aider Érend à retrouver sa soeur. Et si le fait de voyager en sa compagnie pendant un certain temps changeait un peu son point de vue ? Elle qui avait l'habitude de voyager seule se retrouve avec quelqu'un sur qui veiller... et surtout quelqu'un qui veille sur elle.
Notes
Et voici le jour 5 de l'Horizontober avec le mot "Break".
Bonne lecture si des lecteurs passent éventuellement par ici, ahah.
V – Insolation
Break (day 5)
Aloy ne se sentait pas très bien. Elle ne savait pas trop ce qui lui arrivait, mais elle savait que quelque chose clochait. Est-ce que cela la poussait à s'arrêter ou à demander une pause ? Non. Ils devaient avancer. La vie d'Ersa était peut-être en jeu. Ils ne pouvaient se permettre de prendre du retard. Déjà qu'elle regrettait d'avoir poussé Érend à monter sur le Grand-cou, estimant après coup que c'était une perte de temps inutile.
Mais elle avait chaud. Elle sentait ses joues et son front particulièrement cuisants. Et elle était couverte de sueur. Bien sûr, ce n'était pas la première fois. Il faisait chaud et il était normal de transpirer. Mais là, c'était vraiment de grosses sueurs dont elle souffrait.
Elle avait également d'étranges sensations dans sa tête. Comme si ça 'flottait'… c'était une sensation très bizarre. Chez les Nora, elle n'avait jamais vraiment dû souffrir de pareilles chaleurs.
Cela va passer, se dit-elle. Cela allait nécessairement passer…
Aussi, pensant que ce n'était que passager, elle continua d'avancer.
« Aloy ? »
Elle se tourna vers Érend. Il semblait inquiet. Enfin, lui semblait-il.
« T'es sûre que ça va ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils et en se rapprochant d'elle. « Tu as le visage fort rouge et on dirait que tu titubes un peu… »
« Je ne titube pas, » protesta-t-elle.
Le froncement de sourcils d'Érend s'approfondit et ses yeux bleus s'assombrirent un moment.
« Si, tu titubes. Et tu es aussi rouge que tes cheveux. »
Elle fronça les sourcils. « Tu exagères. »
Mais déjà, il retirait l'un de ses gants, qu'il coinça à sa ceinture, et porta d'autorité une main à son front. Une main fraîche qui soulagea instantanément Aloy qui ferma un moment les yeux pour savourer la fraîcheur de sa peau. « Tu te moques de moi ? Tu es bouillante ! Il faut trouver un abri. »
Aloy rouvrit les yeux, fronça à nouveau les sourcils et recula pour se défaire du contact d'Érend. « Non, » dit-elle fermement, butée. « Il faut qu'on avance. »
« Non, » contredit Érend, tout aussi buté. « Il faut que ta température descende. Je n'ai pas trop envie que tu me meures entre les mains. »
« Je ne vais pas mourir car j'ai un peu chaud, » répliqua Aloy en haussant les épaules.
Elle se retourna pour se remettre en route, mais l'Oseram l'attrapa par l'épaule et la tourna vers lui. « Tu n'as aucune idée de ce que la chaleur peut causer comme dégâts, » dit-il durement. « Il faut se reposer. »
« On se reposera ce soir, » siffla-t-elle en repoussant sa main. Elle vacilla légèrement en reculant. « Il faut qu'on avance, » répéta-t-elle.
« Il faut qu'on te trouve un coin d'ombre, surtout, » exigea Érend. « Je pense que tu es en train de me faire une belle insolation. »
« Pffff, je le saurais si je faisais une inso… »
Sa phrase resta en suspens car le noir prit possession de sa vue et elle se sentit vaciller. Puis plus rien…
°o0o°
Aloy ne termina pas sa phrase et Érend se précipita en avant. Il parvint à la rattraper avant qu'elle ne touche le sol, mais de justesse. L'élan le fit même tomber à genoux sur le sol dur. Mais la douleur qu'il en ressentit, il n'en avait cure. Il était plus inquiet pour la forme inerte qu'il tenait dans ses bras.
« Aloy ? » appela-t-il, un peu affolé.
Il porta sa main dénudée à son cou pour chercher son pouls. Ce n'était pas vraiment nécessaire, car la jeune femme respirait difficilement et ça se voyait. Il jura et regarda autour de lui. Un coin d'ombre. Il fallait qu'il trouve un coin d'ombre. Et de l'eau…
Si seulement il savait comment pirater les machines, comme elle savait si bien le faire… Mais bon, pas de Galopeur ni autre machine dans les environs, de toute façon… ce qui n'était pas plus mal, quand il y pensait.
Érend soupira et tout en glissant un bras sous les genoux d'Aloy, se releva. Heureusement pour lui, elle n'était pas si lourde que ça. Certes un peu plus que ce à quoi il s'attendait, mais pas aussi lourde qu'il aurait pu le craindre.
Maintenant, il ne restait plus qu'une chose à faire : trouver un coin d'ombre, pas trop loin d'un point d'eau, si possible…
Il regarda autour de lui et soupira. Des terres arides à perte de vue…
« Toi et moi, » dit-il en regardant Aloy, évanouie dans ses bras, « va falloir qu'on ait une petite discussion… »
Et il se mit en marche.
°o0o°
Il avait fini par trouver un coin d'ombre. Un arbre qui offrait une ombre plus que bienvenue. Il y avait déposé Aloy. Et il avait eu l'agréable surprise de trouver un point d'eau à même pas cinq minutes de marche de là. Au moins, il ne la laisserait pas longtemps sans surveillance !
Après avoir rempli sa gourde et celle d'Aloy, il s'était empressé de revenir vers elle. Il la fit boire du mieux qu'il put et entreprit de lui passer un linge humide sur son visage et ses bras.
« Il va vraiment falloir qu'on parle, toi et moi, » dit-il pour certainement la dixième fois depuis qu'elle lui était littéralement tombée dans les bras.
S'il était vrai qu'il avait déjà rêvé avoir des contacts intimes avec Aloy, dans le genre la tenir dans ses bras, ce n'était toutefois pas exactement cela qu'il avait en tête…
« Parler de quoi… ? » La voix d'Aloy était faible, mais audible et il crut un moment avoir rêvé, car elle avait les yeux fermés. Mais ses paupières tressautèrent et elle ouvrit des yeux flous sur lui.
« Parler de quoi ? » répéta-t-il en mettant un nouveau linge humide et frais sur son front. « Parler de ton inconscience, par exemple ? »
Elle fit une petite moue mais soupira de soulagement quand il passa le linge sur son visage. « Je ne pensais pas que je perdrais connaissance, » avoua-t-elle, un peu dépitée. « Je pensais que ça allait passer… »
« Donc la prochaine fois, tu m'écouteras quand je te dirais qu'il faut faire une pause, tête d'enclume. »
Elle eut un petit rire. « Tête d'enclume ? Tellement oseram comme expression. » Elle referma les yeux et il crut voir de la détresse passer sur son visage. « On perd du temps… Je suis désolée. »
« Ne le sois pas. Mais la prochaine fois, tu m'écouteras ! »
« Mais Ersa… »
« Ersa est plus solide que tu ne le penses. Alors oui, je veux la retrouver, elle me manque et je crains pour sa vie. Mais nous hâter au point de se ruiner la santé, ça n'en vaut pas la peine. Dans l'idéal, je préférerais retrouver ma sœur et te garder en vie, si tu vois ce que je veux dire. »
« On n'a déjà perdu du temps avec le Grand-cou… » dit-elle d'une petite voix. « Je suis désolée. »
« Ce n'était pas une perte de temps, » contredit-il. « Tu as piraté la machine pour avoir la carte. »
Elle eut un petit sourire pas très convaincu et ferma les yeux.
« Puis, c'était amusant, » ajouta-t-il. « Sauf la partie descente en rappel… Je m'étonne toujours de te savoir en vie après avoir vu ta façon de faire… Mais le reste, c'était… grisant. Merci d'avoir partagé ça avec moi. »
Elle rouvrit les yeux et se tourna vers lui. Elle cherchait certainement à savoir s'il était sincère ou pas. Et il l'était. Et quand elle en fut convaincue, elle sourit à nouveau.
« Pas de quoi. »
« Maintenant, repose-toi. On fait une pause jusqu'à ce que tu ailles mieux. »
Elle hocha la tête et ferma les yeux. Elle se rendormit assez vite et Érend passa le reste de l'après-midi et de la soirée à passer un linge humide sur le visage et les bras d'Aloy, pour faire baisser la température. Il la fit boire également à chaque fois qu'elle ouvrait les yeux.
Il monta sa tente quand le soleil commença à se coucher et y installa Aloy, qui protesta légèrement : « Je peux le faire moi-même ». Il l'avait fait taire d'un regard et la jeune femme s'était à nouveau rendormie, dans la tente.
Quand elle se leva, tard dans la nuit, indiquant qu'elle était remise, Érend vérifia sa température. Ses joues semblaient en effet moins rouges à la lueur des flammes, et son front était moins chaud.
« Érend ? » interrogea Aloy, alors qu'il gardait sa main sur son front plus de temps que nécessaire. Il retira sa main et le regard d'Aloy était toujours empli d'interrogation.
« On dirait que ta température a bien baissé, » dit-il après s'être raclé la gorge. « C'est rassurant. »
« Merci d'avoir pris soin de moi, » dit-elle en souriant. Elle lui donna une petite pichenette sur sa joue. « Maintenant, c'est à toi de prendre une pause bien méritée. »
Il hocha la tête. Cette journée l'avait épuisé… Ils échangèrent ainsi leur place, Aloy s'asseyant près du feu et Érend entrant dans la tente, se couchant à l'endroit qu'avait occupé la Nora quelques minutes auparavant. Sa chaleur résidait encore dans la couche et son odeur aussi.
Il soupira de bien-être et s'endormit, bercé par la chaleur et le parfum d'Aloy.
