La Lance et le Marteau

Résumé

Aloy va aider Érend à retrouver sa soeur. Et si le fait de voyager en sa compagnie pendant un certain temps changeait un peu son point de vue ? Elle qui avait l'habitude de voyager seule se retrouve avec quelqu'un sur qui veiller... et surtout quelqu'un qui veille sur elle.

Notes

Et comme hier je n'ai pas posté le chapitre 9, vous en avez 2 aujourd'hui !

Et on passe au 11 de l'Horizontober, avec le mot "Acrid".

Bonne lecture ^-^


X – Les funérailles d'Ersa

Acrid (day 11)

Le roi Avad tint à recevoir Aloy et Érend, afin d'entendre leur histoire. Mais la première chose qui leur demanda, quand il les vit entrer, fut un simple : « Ersa ? ». Aloy jeta un coup d'œil à Érend qui se tendit à la mention du nom de sa sœur. Surtout qu'il avait été prononcé sur un ton bien trop doux pour porter à confusion : le roi et la Capitaine 'fricotaient' bien ensemble, Aloy en était maintenant convaincue.

Pour toute réponse, Érend secoua tristement la tête et Aloy resta silencieuse. Ce n'était pas à elle de raconter les derniers moments de la jeune femme. Elle se sentait même de trop…

Érend prit une profonde inspiration et raconta à son roi leur voyage, et l'état dans lequel ils avaient retrouvé Ersa. Il n'entra pas dans les détails, ce n'était pas nécessaire : même comme cela, le roi Avad semblait dévasté. Il était debout et dut s'asseoir, se prenant le visage entre ses mains.

« Qu'avez-vous fait de son corps ? » finit-il par demander, en se redressant.

« Nous l'avons laissé à Belvédère, sous bonne garde, » expliqua Érend. « La menace était trop grande pour qu'on risque de faire les funérailles avant de revenir à Méridian. »

Le roi hocha la tête et se passa une main sur le visage. « Nous organiserons ses funérailles à Méridian, si cela te convient, Érend. »

La Nora jeta un coup d'œil au Capitaine de l'Avant-garde. S'il fut surpris, il n'en montra rien, se contentant d'hocher la tête. « Je vais dépêcher certains de mes hommes pour qu'ils m'accompagnent récupérer son corps, » dit-il.

« Bien, » dit le roi. « Fais. »

Érend s'inclina légèrement et quitta la pièce. Aloy le suivit directement. « Attends, » dit-elle. « Je t'accompagne. »

« Non, » répondit Érend en se tournant vers elle. La jeune femme fut surprise de ce refus catégorique et le Capitaine dut s'en rendre compte. Il se radoucit légèrement et s'approcha d'elle, lui prenant les mains entre les siennes.

« Érend… »

« Ce n'est pas que je ne veux pas de ta compagnie, Aloy, » dit-il de sa voix grave. « Mais j'ai besoin d'être seul pour ces derniers moments avec ma sœur. Et puis, tu as déjà tellement fait pour moi… pour Méridian. »

Aloy fronça les sourcils. Ce qu'elle avait fait, ce n'était pas assez à ses yeux. Sinon, Ersa serait encore parmi eux. Comme s'il comprenait qu'elle était sur le point de protester, il porta ses mains à ses lèvres, à la grande surprise d'Aloy. Il y posa un léger baiser sur chacune, ce qui eut le don de la surprendre.

« J'aimerais cependant, si ce n'est pas trop te demander, que tu restes à Méridian pour assister à ses funérailles… S'il te plaît. »

Aloy déglutit doucement mais hocha la tête. Érend sourit et posa un nouveau baiser sur ses mains avant de la lâcher et de s'éloigner.

« Fais attention à toi, » lui dit-elle avant qu'il ne soit hors de vue.

Il se tourna vers elle et lui adressa un sourire un peu charmeur. « Tu t'inquiètes pour moi ? »

Il n'attendit pas de réponse et partit, laissant une Aloy un peu rose derrière lui.

°o0o°

Olin avait décidé de ne plus revenir à Méridian, laissant sa maison à l'abandon. Avad décida de la donner à Aloy qui se retrouva donc seule dans cette grande habitation.

Quand elle vivait avec Rost, ils vivaient aussi dans une maison, qu'il avait construite de ses mains. Mais jamais elle ne lui avait semblé aussi grande.

Sûrement parce que je n'y vivais pas seule… se dit-elle en rangeant le bazar qu'elle avait créé quand elle avait détruit la porte menant à la cave.

Ces derniers temps, elle avait toujours été en compagnie d'Érend. Se retrouver ainsi seule était un peu déroutant pour elle.

Elle comprit alors une chose : il lui manquait un peu.

°o0o°

Enfin, les Oserams qui étaient partis revinrent avec la dépouille d'Ersa. Aloy n'eut cependant pas le loisir de voir Érend car à peine était-il rentré à Méridian qu'il dut s'occuper des funérailles de sa sœur. Elle eut même l'impression, pendant un moment, qu'il l'évitait. Et cela ne lui convenait pas trop, pour tout avouer…

Les funérailles furent programmées pour le lendemain et cela était sur toutes les bouches. Tout le monde semblait touché de la disparition de la jeune femme, tant Oserams que Carjas. Pendant une seconde un peu lugubre, Aloy se demanda comment réagiraient les gens si elle venait à disparaître…

°o0o°

Le lendemain, Aloy se tenait près du roi et d'Érend, devant le bûcher funéraire d'Ersa. La dépouille y avait été déposée avec tous ses effets et quelques présents, remis par le roi et quelques habitants de Méridian. La seule chose qui ne s'y retrouva pas, c'était le casque, qu'Érend tint à garder.

En tant que membre de sa famille, c'est lui qui alluma le bûcher et l'odeur âcre monta rapidement.

C'était la première fois qu'elle assistait à ce genre de cérémonie.

Et une pensée la frappa, aussi douloureuse qu'un coup de patte d'un Dents de scie…

Rost…

Elle n'avait non seulement été dans l'impossibilité d'assister à ses funérailles, vu qu'elle était inconsciente… Mais elle n'avait même pas pris la peine de se rendre une seule fois sur sa tombe…

« Aloy… ? »

Elle revint à l'instant présent et se tourna vers Érend, qui venait de prononcer son nom d'une voix douce. Elle vit flou et comprit que, pour la première fois, elle pleurait la mort de Rost. Pour la première fois, elle versait des larmes pour l'homme qui l'avait élevée…

Mais ce n'était pas le bon moment. C'était les funérailles d'Ersa… C'était déplacé de pleurer la mort de quelqu'un d'autre… Elle s'empressa de s'essuyer les yeux.

« C'est la fumée, » mentit-elle en essuyant ses larmes. « La fumée est âcre et elle me fait pleurer. »

Elle avait un peu honte de mentir, mais elle avait encore plus honte de pleurer la mort de quelqu'un d'autre pendant les funérailles de la Capitaine de l'Avant-garde. Elle ne voulait offenser personne, et surtout pas Érend. Il avait tellement perdu…

D'un geste bien peu élégant, elle s'essuya une dernière fois le nez puis se concentra pour ne plus pleurer et regarder les flammes s'élever. Un jour, se promit-elle, elle prendrait le temps de pleurer la mort de son mentor. Un jour, elle se rendrait sur sa tombe et lui rendrait hommage, comme cela se doit. Mais ce jour, ce n'était pas aujourd'hui…

Érend lui prit doucement la main et elle se tourna vers lui, surprise. Il lui offrit un sourire de réconfort et la Nora sentit son cœur se serrer. C'était lui qui avait besoin de réconfort pour le moment et c'était lui qui la réconfortait, à sa manière.

Une fois de plus, elle fut surprise de la douceur de ses gestes, pour un si grand gaillard.

« Tu sais, » dit-il en reportant son attention sur les flammes du bûcher d'Ersa. « Tu peux pleurer, personne n'y trouvera rien à redire… »

Elle déglutit péniblement et ouvrit la bouche pour lui dire que non, elle ne pleurerait plus, qu'elle était désolée, mais il la coupa avant qu'elle ait pu dire le moindre mot : « Et peu importe pour qui tu pleures. »

Il avait compris… De nouvelles larmes montèrent aux yeux d'Aloy, face aux mots d'Érend qui la touchèrent plus qu'elle ne l'aurait pensé. Il avait compris ses sentiments sans qu'elle ait besoin de les exprimer et c'était la première fois qu'une chose pareille lui arrivait.

Elle avait toujours été seule, ou avec Rost. Et malgré toute l'affection que Rost lui avait porté et qu'elle-même avait porté à Rost, ils n'avaient jamais vécu ce genre de moment. Jamais ils n'avaient vécu de drame, si ce n'est celui de la naissance d'Aloy, entourée de mystères. Les seules larmes qu'il ait jamais eu à sécher, c'était celles d'amertume qu'elle avait versées, quand elle était enfant. Et les larmes qu'elle versait actuellement, il n'était pas là pour les sécher.

Les gens commencèrent à partir, afin de laisser l'intimité nécessaire aux plus proches d'Ersa. Sans savoir comment elle se retrouva dans cette position, Aloy se retrouva collée à Érend. L'Oseram lui avait passé un bras autour des épaules tandis que quelques larmes coulaient encore sur les joues de la rouquine. Sans un mot, toujours avec ses gestes délicats, il sortit un mouchoir de sa poche et lui essuya les yeux.

Une pensée la traversa alors : Rost n'était plus là pour lui essuyer les larmes. Mais Érend, lui, était là...