La Lance et le Marteau
Résumé
Aloy va aider Érend à retrouver sa soeur. Et si le fait de voyager en sa compagnie pendant un certain temps changeait un peu son point de vue ? Elle qui avait l'habitude de voyager seule se retrouve avec quelqu'un sur qui veiller... et surtout quelqu'un qui veille sur elle.
Notes
Et voici le chapitre 11, qui correspond au jour 13 de l'Horizontober, "Vestige".
J'ai décidé de passer outre le thème "Meme", car tout comme le crossover, je ne vois pas comment j'aurais pu intégrer cela dans ma fanfic, ahah.
Bonne lecture à tous et à toutes ^-^
XI – Après la bataille
Vestige (day 13)
Il avait promis à sa sœur qu'il serait à la hauteur. Et quand il reprit le poste de Capitaine, cette fois-ci, il se sentait un peu plus légitime que la dernière fois. Car cette fois-ci, Ersa lui avait confié cette charge. Elle lui avait demandé d'être à la hauteur. C'était son dernier souhait.
Et la première chose qu'il dut faire en tant que Capitaine, c'était nettoyer les vestiges de la bataille qui avait fait rage à Méridian. Se débarrasser des restes des machines qui envoyaient des ondes de chocs et de sons. Ils trièrent du mieux qu'ils purent les pièces qui composaient ces appareils. Celles qui pourraient encore être utilisées à d'autres fins étaient mises de côté. Les autres, on s'en débarrassait, tout simplement.
Érend essayait au maximum de se tenir occupé, afin de ne pas penser à Ersa ou à Aloy. Et il essayait aussi d'éviter la Nora. Non pas parce qu'il était fatigué de sa présence, bien au contraire. Mais parce qu'elle allait partir, à un moment ou à un autre. Il le savait très bien. Et Aloy devait le savoir aussi.
Et il devait commencer à se sevrer de sa présence. Il devait commencer à s'habituer à son absence. S'y accoutumer petit à petit était, à ses yeux, la meilleure solution. Il s'attendait à tout moment à ce qu'elle lui dise qu'elle partait - ou qu'elle parte sans même le prévenir. Car il avait compris une chose depuis qu'il la côtoyait… elle était une jeune femme très occupée. Et elle devait encore s'occuper de cet HADES. Mais pour l'affronter, elle devrait collecter plus d'informations sur lui… Et pour collecter ces informations, elle devrait partir.
Sans lui.
Car son devoir, à lui, c'était de protéger Méridian. De protéger le Roi-Soleil. De diriger l'Avant-garde. Et pour cela, il devait rester à Méridian. Et donc habituer son cœur à être éloigné d'Aloy. Et malgré son envie d'accompagner la jeune femme, il devait se faire une raison : il ne l'accompagnerait plus. Elle continuerait à chercher des informations sur HADES, à chercher des réponses quant à ses origines, à explorer les vestiges des Temps Anciens. Et lui resterait à Méridian, à diriger l'Avant-garde et à protéger cette ville.
Le soir, chez lui, quand il était couché dans son lit, épuisé et fourbu après une journée bien remplie, il ne pouvait s'empêcher de repenser à Aloy et à Ersa.
Il repensait à sa jeunesse, où Ersa le protégeait déjà de leur père alcoolique. Où elle s'interposait entre lui et les coups qui pleuvaient. Il savait que c'était à cause de ce père alcoolique qu'Ersa voyait d'un mauvais œil son habitude à boire beaucoup. Quand il était ivre, elle le regardait d'un regard désapprobateur. Mais lui s'en fichait. Il aimait bien la sensation de l'ivresse. Et quand on lui avait appris la mort de sa sœur, tombée dans une embuscade des Carjas de l'Ombre, il avait trouvé du réconfort dans la bière.
Puis Aloy était arrivée, et avait tout chamboulé. Non seulement il avait ainsi appris qu'elle avait survécu aux Carjas de l'Ombre, mais aussi qu'elle avait perdu un être cher. De nouveau, il s'en voulait de son manque de compassion à son égard à ce moment-là. Et il n'avait jamais osé reparler de cet épisode. Pourtant, il avait tellement envie de s'excuser, de lui demander de lui parler de cet homme qui l'avait élevée, de lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur. Mais il savait aussi qu'Aloy n'était pas du genre à se confier.
Pourtant, elle avait pleuré. Lors du bûcher funéraire d'Ersa. Elle avait pleuré, certainement plus pour Rost que pour sa sœur. Mais c'était la première fois qu'il la voyait montrer un signe de faiblesse. Cela lui avait fendu le cœur. Elle s'était toujours montrée si forte, si déterminée. Il avait eu tellement envie de la prendre dans ses bras pour la réconforter. Au lieu de ça, il s'était contenté de passer un bras autour de ses épaules et lui essuyer ses larmes avec un mouchoir.
S'il s'écoutait, il lui proposerait de la suivre, où qu'elle aille. Il abandonnerait le commandement à l'un de ses meilleurs hommes et il irait là où son cœur lui dit d'aller.
Mais il y avait les derniers mots d'Ersa. La promesse qu'il lui avait faite avant qu'elle ne rende son dernier soupir. Il ne pouvait pas abandonner l'Avant-garde et Méridian…
Soupirant de toute son âme, il se releva de son lit et s'habilla. Une petite pinte de bière ne lui ferait pas de mal, pour lui changer les idées. Juste une. Pas plus. Aller à la taverne et profiter de l'ambiance pour se changer les idées.
Arrivé sur place, il inspira profondément. Oui, c'était une bonne idée. Cela allait lui changer les idées et ôter les pensées d'Ersa et d'Aloy de sa tête. Il lui faudrait au moins ça…
Il s'assit au comptoir, auprès d'autres Oserams et ensemble, ils burent et parlèrent des derniers événements. Ses hommes lui présentèrent une nouvelle fois leurs condoléances, avant de changer rapidement de sujet quand ils virent son expression s'assombrir.
Ils parlèrent alors d'acier, de bières et de femmes. Érend les écouta sans vraiment participer à la conversation. Car pour lui, une seule femme comptait maintenant dans sa vie, mais il pouvait le dire. C'était son secret à lui et à lui seul.
Alors que ses hommes burent pinte sur pinte, lui conserva son seul verre, comme il se l'était promis. Arrivé à la fin de sa boisson, il envisagea de finalement rentrer chez lui ou d'aller se promener à Méridian, pour expulser son trop plein d'énergie.
« Vous avez entendu parler de ce qu'il se passe au Pavillon ? »
Érend tendit l'oreille. Le Pavillon, toute une institution à Méridian. Il ne comprenait pas la ferveur des Carjas pour cela. Mais depuis qu'Avad avait ouvert le Pavillon aux étrangers et aux femmes, c'était devenu un sujet de conversation assez commun à Méridian.
« Ahsis aurait trouvé la localisation de Rougemors, » dit la personne.
Érend tourna la tête pour voir deux Carjas parler. Ce n'était de toute évidence pas des chasseurs, ni des nobles. Sûrement des commerçants du marché.
« Et Talanah Khane Padish serait partie à sa suite, en laissant un mot à sa Grive. »
« Talanah a une Grive ? » s'étonna l'autre Carja.
« C'est très, très récent, » confirma l'autre en hocha la tête. « Une Nora, d'après ce que j'ai compris. Celle qui a sauvé Avad des griffes de cette brute Oseam… »
Érend se sentit pâlir. Sans vraiment s'en rendre compte, il se leva de sa place, ignorant les regards incrédules de ses hommes qui étaient certainement en train de lui parler, pour se diriger vers les deux Carjas. Ceux-ci levèrent les yeux en le voyant approcher, curieux de voir le Capitaine de l'Avant-garde se diriger vers eux.
« Euh, excusez-moi… Vous parliez de… euh.. de Rougemors, c'est ça ? »
Les deux hochèrent silencieusement la tête, s'interrogeant certainement sur les raisons que pouvait avoir le Capitaine de l'Avant-garde de s'intéresser ainsi aux activités du Pavillon.
« C'est quoi, Rougemors ? » demanda-t-il, sachant à l'avance qu'il n'apprécierait pas la réponse.
« C'est un Gueule-d'orage, » dit l'un des deux, comme si c'était une évidence. « Celui qui arrivera à vaincre Rougemors deviendra le Faucon-soleil du Pavillon. »
« Et… vous avez dit que plusieurs personnes étaient parties à sa recherche, il me semble. »
« Ahsis, » dit l'autre. « C'est l'actuel Faucon-soleil. Mais on ne peut pas dire qu'il soit le plus légitime. Donc il veut abattre Rougemors pour asseoir son pouvoir sur le Pavillon. »
« Talanah aura la peau de Rougemors avant Ahsis, c'est moi qui te le dis, » dit l'autre.
« N'oublie pas que le parrain de Talanah a perdu la vie en chassant Rougemors, » rappela l'autre.
« Oui, mais Tarkas était parti seul ! Ici, Talanah a eu la présence d'esprit de prévenir sa Grive. »
« C'est vrai qu'en plus, ce n'est pas n'importe quelle Grive… »
« Cette Grive, » interrompit Érend, qui commençait à en avoir assez de leurs babillages et qui s'était senti pâlir encore plus en apprenant la mort d'un chasseur expérimenté face à ce Gueule-d'orage. « Vous avez dit que c'était une Nora… »
« Oui, c'est celle qui a sauvé notre bon Roi, » dit l'un. « Celle qui excelle à chasser les machines et qui peut même monter dessus. »
Aloy.
« Et elle est partie à la recherche de Rougemors… » Ce n'était pas une question, mais plutôt une simple constatation qui lui broya le cœur. Elle était partie… Sans un mot…
« Pas encore, » dit l'autre. « Elle a été prévenue dans la soirée. D'après ce que j'ai compris, elle prépare ses affaires au Pavillon et partira demain à la première heure. Elle disait qu'elle irait plus vite à dos de Galopeur… »
« À dos de Galopeur... » répéta l'autre. « Cette fille est vraiment étr… »
Érend n'attendit pas la suite. Il sortit de la taverne sans un regard en arrière et se dirigea vers le Pavillon à toutes jambes, ayant l'impression de n'avoir jamais couru aussi vite.
