La Lance et le Marteau
Résumé
Aloy va aider Érend à retrouver sa soeur. Et si le fait de voyager en sa compagnie pendant un certain temps changeait un peu son point de vue ? Elle qui avait l'habitude de voyager seule se retrouve avec quelqu'un sur qui veiller... et surtout quelqu'un qui veille sur elle.
Notes
Et voici le jour 16 de l'Horizontober, avec le mot "Frost".
J'ai décidé de mettre en place une petite quête secondaire qui entraînait bien dans le thème du froid, du givre et tout ça.
Bonne lecture !
XIV – Vers le Nord
Frost (day 16)
Érend était partagé. Il ne savait pas trop quoi faire. Aloy avait tenté de lui faire dire ce qui s'était passé le soir où elle avait un peu trop bu, mais il n'osait pas. Comment le prendrait-elle, si elle apprenait qu'il l'avait embrassée alors qu'elle était ivre. Certes, elle avait initié le premier pas, mais elle n'était pas dans son état normal. Elle était ivre… Et si elle le méprisait d'avoir "profité" de la situation… ?
Alors il se taisait. Il ne l'ignorait plus autant qu'après la défaite de Dervahl et les funérailles d'Ersa. Quand il le pouvait, il passait du temps avec elle. D'autant plus qu'elle semblait vouloir rester un petit peu plus longtemps à Méridian.
Mais pas assez longtemps à son goût. Quand il la croisa au marché, en train de faire des emplettes, il s'approcha d'elle et plaisanta : « Alors, tu prépares ton prochain voyage ? » Il ne s'attendait pas à ce qu'elle acquiesce. « Oh. Bien. Euh… Je t'invite à dîner ce soir, avant ton départ ? » Elle hocha à nouveau la tête et il sourit. Au moins, son départ ne serait pas aussi brutal que la dernière fois.
Le soir même, ils étaient en train de manger à un endroit où Érend aimait passer du temps.
« Alors, où tes pas vont-ils te mener, cette fois ? » interrogea-t-il, l'air de rien, comme si cela ne l'affectait pas qu'elle parte… une nouvelle fois.
« Je vais d'abord partir vers l'est, puis vers le nord, » expliqua-t-elle. « Un certain Vilgund a parlé de choses étranges à propos d'un campement Banuk. »
« Vilgund ? » s'étonna le capitaine. « Celui qui n'arrête pas de brailler sur la place du marché ? »
« Oh, je vois que tu le connais, » taquina Aloy.
« Quiconque avec des oreilles le connait… » fit remarquer Érend.
« Ce n'est pas faux. »
« Et tu vas donc aller dans un campement Banuk… Que penses-tu y trouver ? »
« Des machines dociles, apparemment, » répondit-elle en haussant les épaules. « Quelque chose qui rend les machines dociles… c'est intéressant pour tout le monde, non ? » Elle chipota dans son assiette, pensive. « Tout le monde en retirerait quelque chose de positif, s'il était vraiment possible de rendre des Gueules-d'orage ou des Mastodontes dociles… Tu sais, ce serait bénéfique pour Méridian aussi… Et pour l'Avant-garde... »
Érend se frotta le menton, réfléchissant à ce que la Nora venait de dire. « Tu veux que je dépêche quelques-uns de mes hommes pour t'accompagner ? »
Aloy rougit et secoua la tête vigoureusement, surprenant le Capitaine.
« Oh, je pensais que tu sous-entendais que… »
« Je ne sous-entendais que je voulais être accompagnée par certains de tes hommes, » dit-elle en cachant sa gêne en buvant une gorgée de sa boisson. « Je sous-entendais que je voulais être accompagnée par toi… » Elle but une autre gorgée tandis qu'Érend ouvrit de grands yeux. « Mais je sais que tu es Capitaine de l'Avant-garde… Tu dois certainement avoir beaucoup de choses à faire à Méridian. J'irai donc s… »
« Non ! » s'écria-t-il en se levant de sa place. « Je viens ! »
Sa réponse surprit Aloy qui le regarda, les yeux ronds, avant de se mettre à rire légèrement, tandis que toutes les têtes se tournaient vers eux. S'en rendant compte, Érend se racla la gorge et se rassit, buvant une gorgée de bière. « Comme tu dis, » reprit-il plus posément, « c'est le genre d'informations qu'il est bon d'avoir pour Méridian… et pour l'Avant-garde… Je confierai le commandement à l'un de mes hommes… »
°o0o°
Érend trouvait déjà qu'il faisait froid dans les Terres Sacrées des Noras. Mais là… Comment les Banuks pouvaient-ils survivre par des températures pareilles… ? Heureusement, Aloy l'avait conseillé avant de partir, donc il avait des vêtements chauds… Mais quand même ! Toute cette neige, toute cette glace, ce vent, ce givre…
À un moment, le vent se leva plus fort encore et il crut qu'il allait geler sur place.
« Je crois que nous allons devoir faire face à une tempête de neige, » dit Aloy qui, en plus de ses habits Noras, portait un épais manteau de fourrure.
« Boh, après une tempête de sable, une tempête de neige, » dit Érend. « Normal. »
« Il faut trouver un abri, » dit Aloy. « Sinon, nous allons geler sur place. »
Érend aurait donné n'importe quoi pour trouver un abri, mais le vent et la neige qui tombait les empêchait de voir bien loin. Aloy décida d'ailleurs de les attacher l'un à l'autre à l'aide de sa corde qui ne quittait jamais sa taille.
« Il ne faut pas qu'on se perde l'un l'autre, » dit-elle en serrant la corde autour de la taille d'Érend.
Ils continuèrent ainsi à avancer, reliés l'un à l'autre, Aloy en avant, elle qui avait un peu plus l'habitude de ce genre de météo.
Alors qu'ils pensaient qu'ils allaient être pris dans la tempête de neige, une petite cabane de bois émergea dans le paysage, sortie de nulle part comme un miracle. Ils s'y rendirent et frappèrent à la porte, espérant que l'occupant les hébergerait le temps que la tempête se calme. Personne ne vint leur ouvrir et Aloy tenta alors d'ouvrir la porte qui n'offrit aucune résistance. Un rapide coup d'œil leur apprit que l'habitation était vide et ils s'empressèrent d'entrer. Ils se secouèrent afin de se débarrasser de la neige qui les recouvraient et Aloy défit la corde qui les reliait. La Nora trouva très rapidement une note laissée par celui qui semblait être propriétaire des lieux.
'Chers voyageurs de passage,
Ma cabane vous est ouverte si vous avez besoin d'un abri. Je n'ai qu'une seule demande : laissez le mobilier là où il est et ne laissez pas la réserve de bois vide… La prochaine personne pourrait en avoir besoin !
La clé est sous l'oreiller.'
Aloy et Érend se jetèrent un regard puis décrétèrent d'un commun accord qu'ils allaient occuper cette cabane le temps que la tempête se calme.
« On coupera du bois au moment de partir, quand la tempête se sera calmée, » dit Érend en se dirigeant vers la cheminée à côté de laquelle se trouvait une pile de bûches, ainsi que de nécessaires pour allumer un feu.
Aloy hocha la tête et entreprit de verrouiller la porte avec la clé qui se trouvait en effet sous l'oreiller.
Après qu'Érend eut réussi à allumer un feu, ils retirèrent leurs manteaux trempés par la neige et leurs bottes fourrées. Mais le froid semblait tenace dans la petite maisonnette.
Le mobilier était simple et rudimentaire : une table, deux chaises, quelques casseroles et assiettes, et un lit. Érend observa le lit et fit la moue. La bienséance voulait qu'il le cède à Aloy et il le ferait… Mais l'idée de dormir assis sur une chaise en bois mal taillée ne le ravissait pas vraiment.
« On devrait se reposer, » dit Aloy en s'étirant. « Autant profiter qu'on ne puisse pas avancer pour se reposer. »
Il ne répondit que par un hochement de tête. Aloy observa le lit d'un œil critique, puis souleva les couvertures, inspectant le matelas tandis qu'il prenait place sur une chaise. Bon sang, mais quel froid !
La Nora allait se glisser dans le lit quand elle vit son compagnon de route sur la chaise. Elle fronça les sourcils vers lui et il se demanda quelle pouvait bien être la raison de son mécontentement.
« Que fais-tu ? » demanda-t-elle.
« Je te laisse le lit, » dit-il, comme si c'était une évidence.
Elle leva les yeux au ciel et secoua la tête. « Tu ne vas pas dormir là, » décida-t-elle. « Le lit est assez grand pour deux, tu sais. Et la chaleur humaine sera plus efficace pour éviter de mourir de froid. »
Érend se sentit rougir tandis qu'Aloy se glissait dans le lit, lui laissant une place conséquente. Il se demanda si c'était vraiment une bonne idée, après ce qui s'était passé le soir où elle était rentrée à Méridian. Bien sûr, elle n'en avait aucun souvenir. Mais lui… il se souvenait de tout. De la douceur de ses lèvres sous les siennes, du goût de sa bouche, légèrement parfumée à la bière, de la chaleur de la peau de ses joues, qu'il avait tenu entre ses mains… Alors partager le même lit… Cela ne ferait que remplir son esprit de pensées qu'il vaudrait mieux éviter, pour son état de santé mentale.
« Érend, » dit Aloy d'une voix déjà un peu endormie. « Tu vas geler sur place si tu restes les fesses posées sur cette chaise, » prédit-elle. « Si c'est dormir dans le même lit que moi qui te dérange, on peut aussi se tourner le dos l'un l'autre… Mais au moins, notre chaleur sera en-dessous de la couverture et partagée. »
« Non, non, ça… ça ne me dérange pas… » Il se leva et se dirigea vers le lit. Aloy recula un peu pour lui laisser encore plus de place et se mit sur le côté, face à lui, tandis que lui se coucha sur le dos. Une fois sous les couvertures, il dut admettre que c'était plus agréable que la chaise dure. La douceur des couvertures et la chaleur humaine d'Aloy le détendirent.
Jamais il n'aurait cru qu'il s'endormirait aussi vite, et pourtant, bercé par le vent contre les murs de la cabane en bois, par la chaleur sous les couvertures et par l'odeur des cheveux d'Aloy qui lui parvenait aux narines, il sombra vite dans un sommeil peuplé de rêves peu avouables...
