La Lance et le Marteau
Résumé
Aloy va aider Érend à retrouver sa soeur. Et si le fait de voyager en sa compagnie pendant un certain temps changeait un peu son point de vue ? Elle qui avait l'habitude de voyager seule se retrouve avec quelqu'un sur qui veiller... et surtout quelqu'un qui veille sur elle.
Notes
Et nous voici pour un nouveau chapitre, qui correspond au jour 20 de l'Horizontober, avec "Favorite Outfit".
J'ai écrit ce chapitre avant d'avoir fini le jeu. J'ai terminé le jeu il y a quelques jours, mais j'aime bien ma version, donc je laisse comme ça, ahah.
Bonne lecture !
XVIII – Se préparer
Favorite outfit (day 20)
Aloy partit longtemps loin de Méridian. Vraiment longtemps. Les jours se sont transformés en semaine et les semaines en mois. À chaque fois qu'Érend voyait un éclat de cheveux roux à Méridian, il espérait voir apparaître ses yeux verts pétillants et ses petites taches de rousseur adorables. Mais non, ce n'était pas elle.
Alors il tenta de se changer les idées du mieux qu'il pouvait. Aloy avait dit qu'elle pensait que la Flèche aurait un rôle à jouer dans cette lutte contre l'Éclipse et les machines corrompues, et en tant que Capitaine de l'Avant-garde, il faisait des plans et des stratégies en vue de protéger Méridian. Car il était évident que si la Flèche était concernée, Méridian le serait aussi.
Il en avait bien sûr discuté avec Avad et Marad. Tous deux étaient d'accord avec Érend et Marad entreprit de faire de son mieux de son côté, avec les soldats Carjas.
De temps en temps, Érend regrettait de ne pas avoir un focus, comme Aloy. La Nora lui avait dit qu'un certain Sylens communiquait avec elle par ce biais et il se prit à vouloir pouvoir faire pareil. Juste pour s'assurer qu'elle allait bien, qu'elle n'était pas blessée et perdue, seule, quelque part.
Mais il se secouait alors, écartant toutes pensées pessimistes.
Aloy va bien, se répétait-il dans ses moments de doute.
Car il ne pouvait en être autrement.
°o0o°
Ce jour-là était un jour comme les autres. Afin d'être le mieux préparé possible, il passait du temps avec ses subordonnés afin d'étudier cartes, plans et stratégies d'attaque et de défense.
Lui et ses hommes étaient penchés sur une carte, sur laquelle ils avaient placé des pions, afin d'envisager toutes les configurations possibles en cas d'attaque.
« Il faudra bien sûr s'assurer d'avoir assez de flèches, » disait Érend en montrant la carte du doigts. « Afin que les archers carjas, qui seront placés en hauteur, puissent nous assister au mieux au cœur de la bataille. »
« Tous les forgerons et artisans susceptibles de pouvoir fabriquer des flèches et autres armes sont déjà sur le coup, » répondit l'un de ses hommes.
« Bien, » dit Érend en hochant la tête. « Quelques bombes de glace, de feu et d'électricité ne seront pas de trop. »
« Nous en avons déjà de stock, Capitaine, » dit l'autre homme.
« Mais pas suffisamment, » dit le deuxième.
« Dans ce cas, il faut pallier ce problème. Faites en sorte que nos réserves de bombes aient doublé d'ici la fin de la semaine. »
« Bien, Capitaine, » dit l'un des hommes. « J'y cours tout de suite. »
Il se détourna de la table et se précipita sur la porte. Il l'ouvrit et faillit renverser la personne qui était sur le point de frapper.
« Oh, pardon ! » dit-il en reculant un peu.
« Ce n'est rien, » répondit la personne en question.
En entendant cette voix, Érend se redressa soudainement. L'homme aux bombes s'écarta et s'empressa de partir, laissant apparaître Aloy sur le pas de la porte. Érend sentit son cœur se détendre quand il constata qu'elle semblait en bonne santé.
Elle tourna les yeux vers lui et il fronça les sourcils. Elle semblait en bonne santé, mais son expression et ses yeux étaient plus sombres que dans son souvenir. Il congédia rapidement l'autre homme qui lui envoya un petit sourire entendu avant de filer.
« Aloy, » dit Érend en se dirigeant vers elle une fois la porte fermée. « Tu es rentrée. »
« On m'a dit que tu serais ici, » répondit-elle. « On m'a dit que… tu préparais la bataille à venir. »
« En effet, » dit-il en montrant la table. « Nous avons passé les derniers mois à faire des réserves et à envisager toutes les possibilités. » Il se tourna vers elle, la trouvant étrangement pâle. « Veux-tu quelque chose à boire ou à manger ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette… »
« Je ne veux rien, merci, » répondit-elle d'un ton morne. « Mais tu as raison, je ne suis pas dans mon assiette… Érend… »
Il s'inquiéta quand il entendit sa voix s'étrangler. « Hey, ça va ? »
« Non, Érend, ça ne va pas… »
Elle leva vers lui un regard éploré et il n'eut qu'une envie : la prendre dans ses bras pour la rassurer, lui dire que tout irait bien. Mais il se retint car il comprit ce qui allait suivre…
« Érend, l'Eclipse et ses machines… ils seront là dans dix jours au plus tard… »
Il s'attendait à une mauvaise nouvelle, il ne fut donc pas déçu. Mais il ne s'attendait pas à une aussi mauvaise nouvelle.
« Dix jours… » répéta-t-il en se tournant vers sa table.
« Au plus tard, » dit Aloy en insistant bien. « Ils risquent d'être là plus tôt… Je n'en sais pas plus… si ce n'est qu'ils ont toute une série de machines corrompues et… de Corrupteurs… et de Portes-Mort… »
Érend encaissa la nouvelle plus facilement qu'il ne l'aurait cru. Ils s'étaient préparés depuis des mois. Ils avaient envisagé toutes les possibilités.
« Sais-tu par où ils vont venir ? » demanda-t-il en s'appuyant de ses deux mains sur la table.
Aloy secoua tristement la tête. « J'ai capté une partie de leur conversation sans qu'ils s'en rendent compte. Je ne sais pas d'où Hélis émettait… mais il disait que Méridian serait tombé pour le solstice d'été… »
Érend fronça les sourcils. Le solstice d'été aurait lieu, en effet, dans dix jours. Il prit une profonde inspiration tout en examinant la carte. Il réfléchit et finit par hocher la tête. Il se dirigea vers la porte et, au garde qui se trouvait en faction non loin, lui ordonna de faire venir tous ses lieutenants, et vite. Face à l'urgence de son capitaine, l'homme acquiesça et partit au pas de course. Laissant la porte ouverte, il revint vers la table et s'y appuya à nouveau de ses deux mains.
« J'irai voir Marad tout de suite après, » expliqua-t-il. « Les Carjas sont plus furtifs et meilleurs à l'arc, ils font donc de meilleurs éclaireurs. » Ses yeux bleus parcoururent la carte, ses doigts effleurant ses pions pensivement. « Nous allons devoir faire plus de réserve de munitions et appeler toutes les personnes susceptibles de nous aider. »
« Les Noras vont arriver, » expliqua Aloy. « Après que je sois entrée dans la Montagne de la Toute-Mère, je leur ai dit qu'un danger éminent nous attendait et qu'il fallait se diriger vers Méridian. »
Il hocha la tête. « Oui, très bien. Je vais aussi dépêcher certains de mes hommes pour aller dans les clans oserams, afin de faire venir le plus de combattants possible. »
Les lieutenants de l'Avant-garde arrivèrent et Érend se tourna vers Aloy, qui semblait clairement épuisée.
« Va te reposer, Aloy, » dit-il gentiment. « Nous en rediscuterons demain, d'accord ? »
Elle était sur le point de protester, mais finit par hocher simplement la tête. Elle quitta la pièce et Érend informa ses hommes de l'imminence de l'attaque…
°o0o°
Aloy venait le voir tous les jours, pour lui demander des nouvelles concernant les éclaireurs qu'il avait envoyés. Érend n'avait pas beaucoup d'informations à lui donner pour le moment et il voyait bien que la Nora était plus qu'inquiète. Il aurait voulu pouvoir la rassurer, mais n'avait aucune bonne nouvelle à lui communiquer.
« J'ai parlé avec Talanah, » dit-elle à quelques jours du Solstice d'été. « Les meilleurs chasseurs du Pavillon ne seront pas de trop, vu les machines que l'on va affronter… »
« Les Noras arrivent, comme tu l'avais dit, » ajouta Érend.
« Oui, je sais, j'ai croisé Varl pas plus tard que ce matin, » dit Aloy.
Érend lui adressa un regard interrogateur et la jeune femme haussa les épaules. « C'est le fils de la chef de guerre Sona, » expliqua-t-elle brièvement. « Sa sœur était avec moi à l'Eclosion. Elle est décédée. »
« Oh, je suis désolé, » dit Érend. « Je ne voulais pas me montrer indiscret et curieux. »
« T'inquiète. Et d'après ce que j'ai compris, ils ont pas mal de munitions aussi, ce ne sera pas un tort vu ce qui nous attend. »
Érend en convint.
°o0o°
« Les éclaireurs sont revenus, » dit Érend quand Aloy entra dans son bureau, ce jour-là.
« Tous ? » s'enquit-elle.
Il secoua la tête et fit signe à la rouquine de s'approcher. « Marad et moi avions dépêché une douzaine d'éclaireurs, tous carjas et les meilleurs archers que nous avions. »
Il montra douze petits pions noirs sur la carte, partant tous dans des directions différentes. Il en coucha trois.
« Ils étaient tous les trois partis dans la même direction, ou peu s'en faut, » remarqua Aloy.
« Et surtout, les autres qui sont revenus n'ont rien repéré d'inhabituel, » compléta Érend.
« Donc nous pouvons supposer qu'ils viendront de cette direction… » dit Aloy en examinant la carte. « Mais il ne faut pas oublier qu'Hélis est fourbe… Il ne faut pas négliger les autres directions. »
Le Capitaine de l'Avant-garde acquiesça tout en examinant la carte une nouvelle fois. « Tu sais, j'imaginais ton retour autour d'une table d'un restaurant, pas autour d'une table avec des stratégies de guerre, » plaisanta-t-il.
« Oh, mais je compte bien avoir ce dîner que tu m'as promis, » dit Aloy avec son demi-sourire habituel.
Et dans ces temps troubles et sombres, cela réchauffa le cœur d'Érend.
°o0o°
« Attends, tu vas vraiment porter ça ? » s'enquit Érend en voyant Aloy entrer une fois de plus dans son bureau.
« Euh… Oui. C'est Marad qui m'a donné cette armure. »
Elle baissa les yeux sur ladite armure et Érend se dit qu'il aurait un mot ou deux à dire à Marad l'Irréprochable, après que toute cette folie se sera calmée.
Le blason carja n'était pas ce qu'il pouvait appeler une "armure". Il fronça les sourcils en examinant Aloy.
« Désolé, mais ça ne va pas du tout, » dit-il d'un ton sans appel.
« Pourquoi donc ? »
« Elle ne te protège clairement pas assez, » répondit-il.
« Désolée, mais je ne me vois pas porter une armure oseram, » dit-elle en faisant un geste vers lui avant de croiser les bras sur sa poitrine.
Il avait en effet revêtu son armure complète, casque compris. L'heure de l'attaque approchait dangereusement et tout le monde se tenait prêt. Aloy aussi, mais la vue de son ventre dégagé donnait à Érend l'envie de s'arracher le peu de cheveux qu'il avait sur le crâne.
« Je sais que tu préfères les armures légères, » dit-il en croisant les bras. « Mais tu n'as pas l'impression que justement, c'est un peu trop léger, là ? » Il tendit un bras et d'un doigt ganté, toucha son ventre nu. Elle recula et fit la moue.
« Tu as peut-être raison… » dit-elle. « Je vais voir ce que les Noras ont à me proposer… »
« Ou… tu attends de voir ce que j'ai à te proposer, » dit Érend, une certaine fierté transparaissant dans sa voix.
Aloy le regarda en haussant les sourcils. « Je t'ai dit que je ne saurais pas porter tout cet acier oseram, » dit-elle. « C'est trop lourd pour moi, ça me ralentirait. »
« C'est bien pour ça que je t'ai fait un truc spécial, » dit Érend en secouant la tête.
« Tu m'as fait un truc spécial ? » dit Aloy, curieuse.
« Tu sais, je sais faire d'autres choses que boire de la bière et frapper des têtes avec mon marteau, hein ! Tu oublies que j'ai travaillé dans une forge dans ma jeunesse. »
Il se dirigea vers un coffre, dans un coin de son bureau, et l'ouvrit. Il en sortit une tenue qu'il vint placer dans les bras d'Aloy.
« Voilà. C'est assez léger, mais au moins, ça protège toutes les parties de ton corps, » dit-il. « Bon, c'est certainement moins joli que le blason carja, mais… »
« Tu trouves donc ça joli, » taquina-t-elle avec un sourire narquois. « Tu veux dire que ça me va bien ? »
« Bien sûr que ça te va bien ! Et très franchement, s'il n'y avait pas une guerre imminente, ce serait vraiment un plaisir de te voir dedans tous les jours. Cela pourrait même devenir ma tenue préférée. Mais pour le moment, je préfère ta sécurité, si tu n'es pas contre. »
Elle baissa les yeux sur la tenue qu'elle tenait entre les bras et finit par hocher la tête. « Bon, ben, je vais me changer, » dit-elle en se dirigeant vers la porte. « Fais-moi penser à te remercier autour d'un verre… ou deux. »
Il rit. « Vu ta dernière expérience, je pense qu'il vaut mieux éviter l'alcool, non ? » dit-il en se touchant la tête. « Tu avais mal aux cheveux, si je reprends ton expression. »
Puis, il se souvint des conséquences de l'ivresse d'Aloy. Et si pour lui, cela restait un souvenir mémorable qu'il n'oublierait pas de sitôt, ce n'était qu'un souvenir oublié pour Aloy.
« Et puis, on pourrait regretter certains gestes faits sous le coup de l'ivresse. »
« Ou pas, » répondit Aloy.
Surpris, Érend releva la tête et eut juste le temps de voir le regard pétillant de la Nora avant que la porte ne se referme sur elle.
Il fronça les sourcils. Elle n'était quand même pas en train de sous-entendre ce qu'il pensait qu'elle sous-entendait… pas vrai ?
