La Lance et le Marteau
Résumé
Aloy va aider Érend à retrouver sa soeur. Et si le fait de voyager en sa compagnie pendant un certain temps changeait un peu son point de vue ? Elle qui avait l'habitude de voyager seule se retrouve avec quelqu'un sur qui veiller... et surtout quelqu'un qui veille sur elle.
Notes
Et voici le jour 23 de l'Horizontober, avec le mot "Enemy".
Et de nouveau un grand merci Julia Lutecia de m'avoir laissé un nouveau commentaire, tu sais pas à quel point ça fait plaisir ! x3
Bonne lecture à tous !
XXI – Vaincre ou mourir
Enemy (day 23)
Érend avait déjà affronté bien des ennemis, à commencer par le Roi-Soleil Dément, responsable de bien des tragédies. Il y avait ensuite eu Dervahl, bien sûr, qui lui avait volé sa sœur. Et maintenant, ça. L'Avant-garde et les Noras étaient de faction à la Flèche, dans le but de la protéger. Le Capitaine avait déjà vu Aloy se battre et savait que les autres membres de sa tribu seraient tout aussi efficaces.
De là où ils étaient, ils avaient une vue époustouflante sur Méridian. Ça ne valait peut-être pas le détour qu'il avait fait en haut du Grand-Cou, mais c'était tout de même époustouflant.
C'est donc de ce point de vue privilégié qu'ils purent tous voir une explosion au sein de Méridian. Érend retint son souffle quand il vit de la fumée s'élever à plusieurs endroits de la ville.
« Ils sont entrés dans la ville ! » paniqua l'un des gardes de l'Avant-garde.
Érend serra les dents si fort qu'il en eut mal à sa mâchoire. Son rôle était de protéger le Roi-Soleil de toute menace qui pourrait mettre sa vie en danger.
« Aloy est en ville, » dit un Nora non loin d'eux.
Le garçon à la peau sombre qui parlait avec Aloy plus tôt fronça les sourcils à la phrase de son compatriote.
« L'Élue est plus forte que tu ne le penses. Si menace il y a sur cette ville impie, elle l'éliminera ! »
Érend fronça les sourcils. C'est quoi, cette histoire d'Élue ?
Il reporta son regard sur la ville en guerre et se força à avoir autant de confiance en Aloy que ce garçon. C'était vrai, Aloy était forte et il avait toute confiance en ses capacités. Elle s'en sortirait ! Et même plus : elle sauverait Méridian… une fois encore.
De toute façon, ils n'eurent pas le temps de s'interroger plus avant sur le sort que couraient ceux qui défendaient la ville et la Crête, car des machines corrompues commençaient à affluer en direction de la Flèches. Dans un premier temps, l'Avant-garde et les Noras s'en occupèrent à distance, pour les empêcher d'atteindre la plateforme sacrée qui se trouvaient devant la Flèche. Mais ils furent submergés par le nombre des machines et durent reculer, installant rapidement quelques pièges supplémentaires, prenant garde de ne pas les déclencher eux-mêmes en se repliant.
Érend était en train d'abattre une Charognarde d'un coup de marteau puissant quand il entendit une voix, peu importe qu'elle vienne d'un de ses hommes ou des Noras, crier : « La Crête ! Il y a eu un effondrement ! »
Le Capitaine tenta de repousser une fois de plus son inquiétude. Il se devait de rester concentrer sur sa tâche actuelle qui était de défendre la Flèche coûte que coûte. Aloy avait dit que si cet HADES arrivait jusqu'à la Flèche, c'était toute la vie sur Terre qui était menacée. Érend se démena alors pour sauver cette vie qui avait demandé tant de sacrifices de la part des Anciens.
Mais tout à coup, il y eut une explosion assourdissante. Il eut le temps de se sentir tomber avant que le noir ne prenne possession de lui.
°o0o°
« Capitaine ? Capitaine ! »
La voix venait de l'un de ses hommes, il en était sûr. Mais il n'avait pas vraiment envie d'ouvrir les yeux. Il savait que s'il ouvrait les yeux, il aurait mal partout et surtout, le chaos s'offrirait à lui.
« Il est en vie, au moins ? » demanda celui qu'Érend reconnut comme était le Nora qui avait appelé Aloy "Élue".
« Mais bien sûr qu'il est en vie ! » répliqua durement l'un de ses hommes. « Mais il était le plus proche de l'explosion aussi… »
« C'est bien qu'il soit en vie, » dit le Nora d'un ton détaché. « Va savoir pourquoi, je pense qu'Aloy serait très désappointée s'il arrivait quelque chose à votre… euh… capitaine. »
La mention du nom d'Aloy suffit pour Érend. Il ouvrit les yeux et, comme il s'y attendait, se faisant, il eut l'impression qu'un Mastodonte lui était passé sur le corps. Il se redressa, se tenant les côtés et secoua la tête. Il retira son casque un moment et regarda autour de lui. Il vit les Noras et Talanah, la Faucon-Soleil, en train de reprendre peu à peu connaissance.
« Qu'est-ce qui s'est passé, bon sang ? »
« Une explosion, Capitaine, » répondit l'un de ses hommes. « Et un effondrement. Les machines sont au-dessus, près de la Flèche… Et nous, nous sommes ici… »
Érend jura et remit son casque sur sa tête. « Où est mon marteau ? »
Un de ses hommes s'empressa de le lui donner et le Capitaine le remercia d'un hochement de tête bref et sec. Il était sur le point d'ordonner à ses hommes de se mettre au travail pour trouver un moyen d'atteindre les machines qui menaçaient la Flèche quand il vit l'état dans lequel ils étaient. Ils étaient tous blessés, en sang. L'un de ses hommes avait même dû retirer son casque qui présentait une déformation inquiétante.
Ils étaient à bout. Et un coup d'œil rapide lui apprit que c'était aussi le cas des Noras et des Chasseurs du Pavillon, dont Talanah.
« Soignez les blessés les plus graves, » dit-il à ses hommes les plus mal en point.
« Mais… Capitaine… Nous… »
« Exécution ! » ordonna-t-il durement.
« Bien, Capitaine… »
Il les regarda partir sans dire un mot. C'est alors qu'il entendit des pas de courses venant de derrière lui et une voix où perçait un soulagement sans fond : « Ils sont vivants ! »
Le cœur d'Érend bondit dans sa poitrine et il se retourna. Il manqua d'en laisser tomber son marteau quand il vit une tignasse rousse voler vers eux.
« Aloy… » souffla-t-il.
Oui, c'était bien elle, il ne rêvait pas. Il ne savait pas ce qui s'était passé à Méridian et à la Crète, mais Aloy était là, vivante. Elle était pleine de poussière et son casque – le casque d'Ersa – était un peu de travers, mais cela n'avait pas d'importance - jamais elle ne lui avait paru aussi belle et pour cause : elle était en vie.
« Aloy… C'est Aloy ! » cria-t-il en regardant les autres qui l'observaient en haussant les sourcils, sûrement surpris par son enthousiasme débordant. « Enfin, oui… vous l'avez vu par vous-mêmes… »
« Aloy ! » dit le garçon Nora. « On croyait que tu avais péri à la Crête. »
Eh bien, pour un qui était persuadé que son 'Élue' allait vaincre tous les périls… pensa Érend.
« Elle m'est un peu tombée dessus, » expliqua Aloy. « Mais on m'a dit que les machines étaient arrivées jusqu'ici… Et vous êtes en vie. »
Elle posa son regard sur Érend qui eut envie de la prendre dans ses bras une fois de plus. Pour s'assurer que ce n'était pas un rêve, qu'elle était bien en vie.
« Il faut que j'aille arrêter HADES, » dit-elle en levant la tête vers la Flèche.
« Pas seule, » dit le Nora.
« C'est mon combat, » dit Aloy. « Je ne peux pas vous demander de me suivre. »
« Bah, on allait monter de toute façon. Pas vrai ? »
Cela avait été décidé il y a exactement trois secondes, mais le Nora comprit la démarche et hocha la tête.
« Bien sûr. »
Bon, sa réponse n'était pas la plus convaincante, mais c'était suffisant. De toute façon, il serait monté quoi qu'il arrive. Car Aloy avait dit que la vie était menacée si cet HADES accédait à la Flèche.
La rouquine finit par hocher la tête et entreprit d'escalader les gravats. Érend vit que ses bottes de métal lui rendaient la tâche plus ardue et s'en voulut un peu de l'avoir presque forcée à mettre cette armure. Puis il se souvint qu'elle venait de dire que la Crête lui était tombée dessus… Il n'osa imaginer dans quel état elle aurait été si elle avait porté le blason carja…
Érend et le Nora suivirent Aloy jusqu'à la plateforme où ils se trouvèrent face à un Porte-mort. Le Capitaine remarqua aussi une espèce de machine ronde qui était au pied de la Flèche.
« L'intervention de l'entité… a été anticipée… l'entité n'interrompra pas la transmission. »
La voix qui provenait de la machine - HADES - était froide et métallique. Érend se souvint de tout ce que Aloy lui avait expliqué concernant GAÏA et ses subordonnées. Il ne comprenait toujours pas la raison d'être d'HADES, malgré le fait que la jeune femme le lui ait expliqué…
L'air sembla s'emplir de corruption et il fronça les sourcils. Il savait que la bataille à venir ne serait pas simple. Et cette voix le paralysait, lui nouait les entrailles. Ses doigts se raffermirent autour du manche de son marteau.
« Au contraire. Les calculs sont parfaitement exacts. La présence de l'entité… a bien été prise en compte. »
Même si l'envie le prenait de vouloir aller mettre son marteau dans la lentille de la machine, il savait que ce ne serait pas possible. Premièrement, parce qu'Aloy avait dit qu'elle devait s'en charger elle-même. Deuxièmement, parce qu'un Porte-mort lui barrait le passage.
La bataille qui s'ensuivit fut ardue. Plus ardue que tout ce qu'il avait connu depuis la guerre contre le Roi-Soleil Dément. Le Porte-mort visait principalement Aloy et le Nora et lui en profitaient pour lui lancer le plus de flèches possibles, espérant aider la rouquine.
« Mais elle est increvable, cette machine, » maugréa-t-il en voyant son carquois se vider drastiquement.
Le Nora était dans la même situation que lui et même si Aloy n'était pas dans son champ de vision, il se doutait que c'était son cas aussi. Et quand ils se retrouveraient à court de flèches, il leur faudrait alors combattre au corps à corps… et Érend avait beau ne pas être un pleutre, il ne se voyait pas attaquer un Porte-mort avec son marteau…
Mais cela ne fut finalement pas nécessaire. Aloy tira une flèche au bon moment au bon endroit et la machine s'affaissa avec un sifflement sinistre. Aussitôt après, Aloy se précipita vers HADES et planta sa lance dans sa coquille ronde. Elle sembla alors comme électrocutée par cette machine et Érend se serait précipité vers elle si le Nora ne l'avait pas arrêté en l'attrapant fermement vers le bras.
« Non, » dit-il. « Il faut lui faire confiance, elle sait ce qu'elle fait. »
Érend se retint difficilement de lui mettre son poing dans la figure car il savait qu'il avait raison. Mais les secondes que dura cette 'électrocution' sembla durer une éternité pour le Capitaine de l'Avant-garde. Mais cela s'arrêta. Avec soulagement, il vit Aloy s'éloigner de la machine. Mais une onde électromagnétique traversa la zone et le sonna un moment. Lui et le Nora en tombèrent au sol. Quand il rouvrit les yeux, Érend eut l'impression d'avoir perdu connaissance. Il s'assit et retira son casque. Il regarda autour de lui et vit Aloy se diriger vers le mort de la falaise, afin de jeter un coup d'œil sur Méridian, devina-t-il.
Il se leva et laissa tomber son casque. Il suivit la jeune femme. Le Nora aussi. Elle regardait au loin et quand elle entendit des pas derrière elle, Aloy se tourna vers lui, arc levé. Il leva aussitôt les mains en signe d'apaisement, pour lui faire comprendre que tout était fini, qu'elle n'avait plus rien à craindre. Que c'était terminé…
Elle baissa son arc et il s'approcha doucement d'elle. Il posa une main sur son épaule et lui adressa un clin d'œil discret en souriant. Le Nora s'approcha aussi, leur faisant un signe de tête. Aloy sourit, se tourna vers Méridian et leva son arc. Si des guetteurs les regardaient à travers leur longue-vue, ils la verraient et le message serait clair pour ceux qui les observeraient.
C'était fini.
Érend leva son marteau et le Nora sa lance en signe de victoire. La corruption avait disparu de ce monde. La menace avait été éradiquée. Et Aloy était au centre de tout cela.
Elle finit par s'éloigner et il la laissa partir un moment. Puis, quand il en eut assez de lever son marteau, il la rejoignit. Elle était assise sur un débris de pierre, non loin du Porte-mort. Elle tenait le casque d'Ersa entre ses mains et il s'approcha d'elle doucement.
Il posa un genou devant elle et tendit une main pour prendre une des siennes.
« Aloy ? Est-ce que ça va ? Es-tu blessée ? »
Elle leva ses yeux verts vers lui et lui adressa un sourire rassurant. Elle secoua la tête et regarda le casque.
« Non, je ne suis pas blessée. » Elle s'interrompit un moment avant d'ajouter : « Et c'est grâce à toi et à tes talents de forgeron. »
« Je suis heureux de l'apprendre, » dit-il, sincère. « Mais il y a autre chose, pas vrai ? »
Elle se mordit la lèvre et il vit ses yeux briller un moment. Elle prit une profonde inspiration et ferma les yeux. « J'ai encore… quelque chose à faire… Un endroit à visiter… » Il hochait la tête. Il s'en doutait. Aloy ne resterait pas à Méridian. Bien sûr qu'il s'en doutait. Mais cela n'empêcha pas la flèche de la douleur de se ficher dans son coeur. « Seule, » ajouta-t-elle.
« Bien sûr, » dit-il d'une voix qu'il espérait neutre.
À voir le regard un peu inquiet qu'elle lui lança, il avait échoué. Alors il tenta de sourire avant de se relever.
« Mais j'espère quand même que tu vas te reposer avant de partir, » dit-il en faisant tourner son épaule, afin de dénouer un muscle ou deux.
Il allait se détourner afin de récupérer son propre casque quand la main douce d'Aloy attrapa la sienne.
« Érend, » le retint-elle.
Et quelque chose dans sa voix le força à s'arrêter et à se tourner vers elle.
« Je… Ce n'est pas un départ sans retour… Je veux dire… C'est un pèlerinage que je dois faire seule… »
Elle se mordit une nouvelle fois la lèvre, comme hésitante à en dire plus.
« Tu sais, quand tu as voulu aller chercher le corps d'Ersa seul… je t'en ai voulu de me mettre de côté… mais je comprends maintenant… Tu avais besoin d'être seul pour cela… Et j'ai besoin d'être seule aussi… pour retrouver Elisabet Sobeck… »
« La retrouver… »
C'était une Ancienne. C'était impossible qu'elle soit… vivante, pas vrai ? Mais il n'osait pas poser la question à voix haute.
« Dans les dernières informations que j'aie, elle a dit vouloir rentrer chez elle pour y mourir… Peut-être trouverais-je son corps… J'ai besoin de le chercher en tout cas… »
Elle leva vers lui des yeux implorants.
« Ne m'en veux pas, s'il te plaît. »
Lui en vouloir ? Non, il ne lui en voulait pas. Aloy était une femme forte et indépendante. Il était normal qu'elle veuille faire des choses seule. Et surtout, comme elle lui avait à juste titre rappeler, il l'avait lui-même écartée au moment de rapatrier le corps de sa sœur. Alors comment lui en vouloir ?
Il tendit sa main pour remettre une mèche de cheveux rousse derrière son oreille et lui sourit d'un air rassurant.
« Je ne t'en veux pas, » lui assura-t-il.
Il espérait juste autre chose, mais cela, il le tut.
Il fut alors surpris quand Aloy pencha la tête pour chercher le contact de sa main. Il la posa alors sur sa joue avant que la main de la rouquine ne vienne se poser dessus.
« Tu sais, ce n'est pas un adieu, » dit-elle. « Mes pas vont forcément me ramener à Méridian. »
Elle planta son regard vert dans le sien et il vit ses joues rougir légèrement.
« Et j'espère que tu as compris pourquoi… »
Son cœur se gonfla une nouvelle fois. Alors, doucement, comme pour lui laisser le temps de le repousser, il l'attira à lui et la serra dans ses bras. Il enfouit son nez dans ses cheveux tandis que ses bras à elle l'entourèrent.
« Reviens vite, alors, » souffla-t-il dans sa chevelure.
« Promis, » dit-elle en le serrant un peu plus contre elle.
Et ils restèrent un moment dans cette position, Érend se contentant de profiter de la présence d'Aloy entre ses bras, de l'odeur de ses cheveux dans ses narines, de sa chaleur contre lui.
