Note
Lights et I need you love d'Ellie Goulding ont servi de musique de fond pour ce chapitre très hot :).
Il s'écroula sur un corps dur dont les bras puissants refusèrent de le lâcher. Des lèvres saisirent les siennes, les picorèrent, des mains fourragèrent dans ses cheveux, et il lui fallut plusieurs secondes pour intégrer l'idée que c'était Sasuke, sous lui, qui agissait de la sorte. Les doigts défirent le bandeau frontal qui ne le quittait jamais, replongeant dans les mèches avec autant d'impatience, tirant sur la fermeture éclair de sa veste, semblant demander pourquoi il portait toujours des vêtements si compliqués à enlever. Les phalanges dézippèrent, déboutonnèrent, dégrafèrent tout ce qu'elles touchaient, si bien que Naruto fut certain que s'il se relevait, il perdrait la moitié de son attirail. Une chance qu'il se soit peu armé, au regard des circonstances. Sasuke aurait sans doute piqué une crise d'hystérie.
Il profita de ce que son compagnon ne trouvait plus rien à détacher pour dégager le blouson orange de ses épaules et le fixer, ébahi par cette hâte loin du personnage. Le brun le regardait, placidement, mais la couleur de ses joues et son essoufflement ne pouvaient tromper personne. Naruto se laissa s'affaisser sur lui, juste pour vérifier qu'il bandait. Sasuke émit un petit son étouffé de sa voix grave et nasillarde, et il se sentit soudain démuni.
C'était tout de même fou, d'avoir Uchiha Sasuke sous lui, qui voulait le déshabiller et le dévorer. Qui le désirait, lui, Naruto, comme une évidence et une incohérence sans précédent. Il se croyait dans un univers parallèle où son ami aurait été plus sincère, plus en paix avec lui-même, assez pour être aussi expansif. Le masque pâle, pourtant, était en place, ses couches luisantes ne laissant filtrer que le rouge de ses joues, et Sasuke était loin de l'état d'abandon dans lequel il l'avait admiré la veille.
Sasuke était une étrange porcelaine, dont le moindre morceau brisé risquait de vous arracher la gorge. Naruto aimait peu l'image. Il ne voulait pas être blessé par les démons de Sasuke. Il voulait les exorciser. Il voulait gonfler le corps de Sasuke d'émotion. De toute l'affection qu'il éprouvait pour lui. Se provoquer pour se donner envie, c'était agréable. Se défier au point d'en oublier d'y mettre un peu de sentiments, cela ne lui convenait pas.
Sasuke était dur contre son entrejambe.
« Tu bandes pas. »
Le constat de la voix nasale lui fit presque mal, comme un écho à ce que Sasuke aurait pu ressentir. Alors seulement, les fêlures dans le masque figé réapparurent. Elles disaient la solitude de Sasuke, elles montraient sa déception, pas parce que Naruto n'était pas à la hauteur, non, plutôt parce que lui n'était pas à la hauteur. Pas assez bon ou sexy ou engagé pour l'exciter de quelques caresses. Jamais assez. Comme cela avait été le cas toute son existence.
« Je suis stressé par la situation », justifia Naruto, ce qui était fondamentalement vrai, même s'il éludait le reste de ses affects.
Sasuke se redressa après avoir grimacé.
« Qu'est-ce que je dois faire pour t'aider ? »
La question était instinctive, sans aucune arrière-pensée. Pas une lueur maligne dans les onyx, pas une pointe de moquerie dans la voix. Sasuke avait envie qu'il le désire. Il ne faisait pas cela pour le bien de la mission. Il le faisait parce qu'il voulait partager ce moment avec Naruto. Parce qu'il souhaitait son corps contre le sien et son âme au bord de ses lèvres, comme la veille. Parce qu'il l'aimait, au fond. Peut-être pas, sans doute pas d'amour. Sasuke n'était pas capable d'aimer, n'est-ce pas ? Toutefois, il n'était pas aussi glacial qu'il le laissait paraître. Il savait rire, pleurer – même si personne mis à part son équipe n'en était persuadé –, il avait appris à vivre.
Naruto hésita encore. Il ignorait ce qui pourrait l'encourager, calmer ses terreurs et la sensation qu'entre eux, quelque chose se créait qui était rouge sang, couvert d'épines et bien trop délectable pour s'en passer ensuite. À cet instant, le regard de Sasuke fut piqueté d'étoiles, et Naruto ajouta ces morceaux d'or chatoyants au tableau morbide, réalisant que les épines n'étaient pas empoisonnées.
« J'ai une idée. »
Naruto aimait toujours quand Sasuke avait des idées. Lors d'un combat, cela signifiait qu'ils allaient gagner. Gagner haut la main, avec une stratégie improbable et trop fine pour que son cerveau atrophié puisse y avoir pensé une seule seconde. Ou bien qu'il allait prendre cher, parce qu'il s'entraînait contre Sasuke et que le jeune homme redoublait d'inventivité face à son adversaire favori. Il déglutit. Il retrouva cette impression d'être une pièce de viande juteuse sous le regard affamé de Sasuke.
« Tu me laisserais faire ? »
Il hocha la tête, fasciné par l'assurance de son pair et la façon dont les étoiles malicieuses rendaient ses iris à la fois mystérieux et expressifs. La nuit de Sasuke, dans ces moments complices et bienheureux, était-elle si sereine ?
Son camarade le retourna d'un coup de reins. Naruto ne put s'empêcher d'émettre un « oumph » sonore. Puis, les mèches brunes lui chatouillèrent le menton et glissèrent le long de son torse, lentement, tandis que les mains s'affairaient à hauteur de son sexe indifférent. Elles baissèrent le pantalon et le caleçon avec facilité, en sortirent le pénis et les bourses avant d'écarter légèrement la braguette ouverte pour éviter tout accident.
Soudain, le visage de Sasuke se trouva à ce même endroit, le plâtre incapable de masquer ce petit sourire en coin qui se fichait de vous.
« Oh, merde. »
Il dut plaquer ses mains sur son visage tant l'image était à la fois érotique et embarrassante. Il entendit Sasuke ricaner. Ce fut ce bruit familier qui déclencha la première vague d'excitation dans sa verge, mais son partenaire ne lui laissa pas le temps de s'habituer à la sensation : alors même que Naruto osait baisser la tête, Sasuke saisit le pénis encore mou, planta ses prunelles dans les siennes et enfourna le membre dans sa bouche.
Un long gémissement jaillit de celle de Naruto qui, désormais incapable de détourner les yeux, dut observer Sasuke faire coulisser ses lèvres sur toute la longueur de sa hampe avant de redescendre lentement. L'onyx plongeait en lui, si bien qu'il n'était pas certain de savoir où regarder sans se sentir dépassé, anéanti par tant de stimulation.
« Oh merde, oh merde, oh merde, oh merde… »
Sasuke pouffa autour de son sexe et Naruto ne put s'empêcher de sourire, malgré son désarroi.
« Sasuke… »
Il ignorait pourquoi il avait prononcé son nom ainsi. Pourquoi ancrer en lui l'idée que Sasuke était responsable de tant de bien-être était si important, si primordial à son plaisir et sa stabilité. Les mèches du brun chatouillaient ses cuisses et son ventre. Ses lèvres accrochaient un peu, sèches et pelées par endroits, et Naruto se demanda si Sasuke était du genre à en arracher la peau avec les dents lorsqu'il était nerveux. Il se promit d'y prendre garde à l'avenir. Il n'était peut-être pas assez attentif à son compagnon, perdu au milieu de ses tentatives de respecter sa distance et de ses peurs de briser à la fois leur statu quo et le masque défiguré sur le faciès de son ami.
Soudain, alors que son sexe achevait de se dresser dans la bouche brûlante de l'Uchiha, la terre se mit à trembler en un faible grondement.
Au même instant, Sasuke s'éloignait de lui.
« Waouh, c'était génial. »
Le brun le fixa comme s'il était stupide.
« Je t'ai à peine sucé, Naruto. N'en fais pas tout un plat. »
Il y avait de quoi en faire un plat. C'était à placer en haut de la liste des choses les plus chaudes qu'il ait jamais faites, en compétition directe avec leur séance précédente. Combien avaient-ils d'étapes à passer, au fait ?
« Je suppose que ce grondement, c'était la première porte qui s'ouvrait, commenta son rival en s'essuyant distraitement le menton.
— Déjà ? »
Naruto aurait préféré que Sasuke continue. Quelques coups de langue avaient suffi pour le plonger en pleine extase. Qui n'aurait pas attendu davantage ?
« La première porte s'ouvre à condition qu'au moins deux personnes soient excitées dans la zone de sceau. On a monté la tente de façon aussi temporaire parce qu'on ne comptait pas passer plus de cinq minutes ici. Tu as écouté le briefing de Sakura, ou pas, imbécile ?
— Excuse-moi, j'étais sans doute trop occupé à éviter de regarder les sex toys qu'elle nous a collés sous le nez ! » rétorqua Naruto, frustré et agacé.
Cette fois, le brun eut l'air surpris.
« J'avais l'impression que parler de sexe ne te gênait pas plus que ça.
— Sauf quand Sakura me prête ce genre d'objet en étant parfaitement consciente de comment et avec qui je vais m'en servir !
— Ça t'embête qu'elle sache que tu le fais avec moi ? »
Naruto se posa sérieusement la question.
« Non. Je m'attendais juste pas à ça. Enfin, tu réalises qu'elle se les est fournis quelque part, qu'elle a peut-être choisi des modèles qu'elle connaissait. Et qu'est-ce qu'elle fiche avec tous ces trucs dans ses rouleauception ?
— Oh !
— Ah, tu vois ! Ça te choque, d'un coup !
— Non, je viens de comprendre rouleauception. »
Naruto resta quelques instants stupéfait, puis, remarquant le coin lèvre retroussé, il éclata de rire.
« OK, laisse tomber ! reprit-il, rasséréné. On va vite démonter cette stupide tente et foncer à l'intérieur de la stupide grotte pour continuer cette stupide mission, parce que là, j'ai très, très envie de toi. »
Il se releva comme il put, rajusta son boxer et son pantalon et sortit de l'abri, y abandonnant Sasuke, écarlate, interdit et le cœur battant. Ce fut seulement lorsqu'il eut commencé à rassembler leurs affaires que Naruto se rendit compte de ce qu'il avait dit. Mais Sasuke et lui étaient toujours rouges, à présent, aussi personne ne vit-il la différence.
Son coéquipier eut la présence d'esprit d'utiliser la rouleauception pour ranger les sacs, l'équipement de camping, la nourriture, et tout ce qui allait les encombrer. Il n'était pas si tard dans la matinée. Ils avaient tout le temps de continuer leur petite expérience à l'abri de la montagne.
Les murs étaient couverts de dessins érotiques. Positions du Kâmasûtra, techniques de dilatation, pratiques à l'utilité discutable. Sasuke se demandait qui avait eu le courage de consacrer autant de temps au sexe. Un grand passionné, indubitablement. La grotte était soutenue par de belles colonnades sombres, aussi explicitement sculptées que les fresques. Naruto observait l'ensemble avec un intérêt poli, comme il le faisait lorsque Sakura les traînait dans un musée, sans paraître fasciné, bien qu'il fût en réalité curieux de tout. Il n'aimait simplement pas lire, et Sasuke supposa que la culture lui était plus accessible sous cette forme très imagée.
Ils avançaient silencieusement, mais le blond ricanait parfois et désignait une position ou un croquis farfelu à son ami, qui ne pouvait s'empêcher de hocher la tête, amusé. L'érection de Naruto ne redescendait plus, si bien qu'il marchait étrangement, malgré sa décontraction évidente. Peut-être le fait de se retrouver seul avec lui, dans une sorte d'intimité improbable, l'avait-il rassuré ? Sasuke espéra que oui, et qu'ils arriveraient rapidement à la seconde porte, car il avait lui-même fort envie de s'occuper de la situation dans le pantalon de Naruto.
Il se demanda quand ce genre de désir était devenu une évidence. Quand il avait cessé d'être choqué par une telle pensée, et quand il avait intégré l'idée que Naruto serait d'accord. Tout s'était déroulé si vite… Dans des circonstances plus sereines, auraient-ils eu le temps d'en parler davantage ? De se perdre en chemin pour mieux se retrouver ? Ou de faire semblant que rien ne s'était passé ?
Au moins, même s'il s'agissait d'une mission, ils ne pourraient jamais prétendre que tout cela était une erreur, un moment d'égarement ou un ordre suivi. Ils étaient trop impliqués l'un comme l'autre. Trop excités par l'autre, trop naturellement attirés par l'autre, désormais, pour revenir en arrière. Sasuke ignorait seulement où ils allaient, et la peur refusait malgré tout de le délaisser. Il profita du répit pour relire les instructions à voix haute, au cas où Naruto n'aurait pas non plus entendu cette partie-là. Il y avait une chance sur deux que, même s'il avait écouté, il n'ait pas retenu la moitié des informations.
« Ils suivent une sorte de système de préliminaires. La seconde porte n'exige qu'une pénétration… de n'importe quoi, visiblement.
— Genre, ça pourrait être un doigt dans une bouche ?
— Je ne trouve pas ça très clair. On n'aura qu'à tester quand on y sera. Les gens ont tous une perception différente de ce qu'est le sexe, donc de ce qu'est une pénétration. »
Naruto acquiesça. Ils savaient l'un comme l'autre que certains utilisaient l'expression « jusqu'au bout », pour évoquer un phallus s'invitant dans un vagin ou un anus. Pourtant, ils étaient tous deux convaincus, sans besoin de remise en question aucune, que cette première expérience sous la tente était du sexe pur et dur, jusqu'au bout. Sasuke trouvait cette façon de hiérarchiser le charnel particulièrement stupide : quand on était homosexuel, on n'avait que peu l'occasion de pratiquer ce genre de chose, n'en déplaise aux livres érotiques de Sakura et à à peu près toute la pornographie gay.
Malheureusement, cet endroit avait l'air plutôt hétérocentré et, si cela ne le mettait pas mal à l'aise, il espérait que cela ne poserait pas problème. Aucun des éléments de la liste ne semblait contre-indiqué pour deux hommes, mais l'esprit tordu des pervers hétéros l'inquiétait. Peut-être devait-il cesser de s'inquiéter de tout. Comme Naruto, qui paraissait concentré sur l'objectif sombre devant eux.
Soudain, celui-ci pila, plissa les yeux, puis frissonna.
« Ça y est, je crois que je le vois ! »
Sasuke n'eut pas le temps de protester que le blond le tirait par le bras, accélérant son pas bancal. Il s'étonna que la deuxième porte apparaisse si vite, mais peut-être Sakura avait-elle calculé plusieurs jours pour leur laisser des pauses, se basant sur le physique du mâle moyen de leur âge. Elle était douée pour les statistiques. Toutefois, Sasuke ne put s'empêcher de songer que Naruto était du genre à exploser tous les compteurs du monde, et il décida que s'il suivait le rythme, ils contribueraient à faire baisser les chiffres en question. Imaginer que l'endurance sexuelle de Naruto valait sa capacité de régénération le fit bander. Il s'étrangla tout seul, se trouvant ridicule.
Au même instant, le sceau se manifesta sous leurs pieds, luisant d'une couleur rose intense.
« Erk, qu'est-ce que c'est que cette horreur ? »
Cachés dans la tente, ils n'avaient rien vu de tel.
Mais Naruto se fichait bien de savoir de quelle teinte était le sol à cet instant, car, avant que Sasuke ait pu conspuer une fois de plus cette stupide mission, le blond l'avait jeté contre un mur. Mur dont les rayons rose fuchsia ne tardèrent pas à nimber d'une couleur surnaturelle les yeux ciel d'orage de l'agresseur. Il n'eut pas non plus le temps de se moquer de l'épiderme couvert du ton néon, ni de répondre au pouffement de son compagnon : celui-ci l'embrassait déjà, avec une précipitation dont il se délecta.
L'instant d'après, il faisait rouler Naruto contre les parois et lui rendait son baiser, plus violent, plus hâtif, comme un écho de tous leurs combats. À la place des coups habituels, Naruto lui retourna ses caresses, la brutalité de son désir et l'essoufflement de l'excitation sur sa peau.
Merde, merde, merde.
Il enleva sa veste de jônin d'un mouvement d'épaule. Son vis-à-vis se débarrassa de son blouson.
Ce n'était plus à Naruto de réciter ce mantra à voix haute. C'était à lui de le penser et de le répéter encore et encore. C'était lui qui n'en pouvait plus de son pair. Lui qui se demandait comment il allait survivre à tant de chaleur, comment il allait maintenir sa façade sous tant d'attentions. Comment il allait pouvoir répondre à tout ce que Naruto lui offrait sans perdre la face.
Quelle face, enfin ? Naruto te connaît par cœur. Il a tout vu de toi. Il sait. Il sait peut-être tout. Tout. Alors pourquoi conserver ce masque obsolète ?
Le T-shirt noir suivit, retourné par-dessus sa tête, ébouriffant ses cheveux. La résille transparente, sous ses yeux, disparut avec la même hâte.
Lâche-toi un peu. Si tu ne peux pas le faire pour toi, fais-le pour lui. Lui, tu lui fais confiance. Lui, est le seul qui saura jamais accepter ce qu'il y a au fond de toi. Lui, il le mérite.
Naruto donna un puissant coup de pied dans la pierre, qui les envoya tous deux contre le mur d'en face. Sasuke heurta durement le roc, le ninja blond protégeant son crâne de sa main et redoublant d'ardeur.
Sasuke enleva fébrilement tout ce qu'il conservait sur le reste de son corps. Naruto l'imita, trébuchant dans les plis de son pantalon.
« Merde. »
C'était son rival qui avait juré.
« Quoi ? » rétorqua Sasuke agressivement, furieux à l'idée que quelque chose puisse venir contrarier ses plans.
« On peut pas faire ça là-dessus. »
Son ami désignait le sol de roches sombres illuminé de dessins roses. Inconfortable. Impraticable. Et vu leur précipitation, quelqu'un risquait de s'ouvrir le dos s'ils poursuivaient dans le même ton.
Sasuke grogna.
« Debout.
— Quoi ? »
Il ignorait si Naruto était choqué ou trop dense pour comprendre.
« On a qu'à faire ça debout. »
La porte, devant eux, luisait également de sa teinte fuchsia. Elle était tout aussi repoussante, mais la matière était lisse. De quoi s'appuyer plus sereinement.
Ils avaient prévu le lubrifiant et les protections, les laissant accessibles dans les poches à kunai – dans d'autres circonstances, Naruto aurait trouvé cela hilarant –, pas le couchage, qui était sagement replié sous des épaisseurs de toile militaire, rêche et emmêlée par la frustration du départ.
Naruto jeta lui-même un coup d'œil à la texture de la porte, puis il fixa Sasuke d'un air prédateur.
Merde.
L'impact fut dur et doux en même temps, une deuxième fois. La lumière rose dégageait une agréable chaleur, remarqua soudain Sasuke, coincé entre le sceau et le corps nu et brûlant de son coéquipier.
Lorsque celui-ci fourra un doigt dans sa bouche, au milieu de leurs deux langues, Sasuke eut envie de le mordre férocement. Pour le plaisir. Naruto le coupa dans son élan :
« Bon, bah ça marche pas. »
Étonné et un peu inquiet, il ouvrit les yeux puis haussa les sourcils, interrogatif.
« C'est une pénétration, après tout, ça aurait pu suffire », justifia le blond.
Sasuke déglutit. En cet instant, il était bien heureux de ne pas pouvoir jouer sur les mots.
« Et tu te serais arrêté là, si ça avait marché ? »
Les yeux bleus se relevèrent pour rencontrer le lac noir, déroutés.
« Mince, j'avais pas pensé à ça. »
Imbécile heureux, va.
Mais cela aurait été un trop beau compliment pour un type qui avait pris le risque d'arrêter cette rixe sexuelle absolument délectable.
« Alors, mets ton doigt là où il sera utile, crétin. »
Il vit distinctement la carotide monter puis redescendre, et le bruit de déglutition résonna dans toute la grotte. Il pouffa, inspira et saisit la bouche dans un autre baiser, allant jusqu'à mordiller la lèvre inférieure. Il trouvait toujours cela surfait, dans certains films que Naruto les avait forcés à regarder, mais à présent qu'il y était, il comprenait mieux pourquoi on en faisait autant. C'était sans doute parce que son partenaire était Naruto et que son désir pour lui se révélait sauvage et particulièrement décomplexé.
La main blanche vint saisir les doigts humides de salive. La salive séchait trop vite. D'un mouvement coutumier, il fit sauter le bouchon du flacon de lubrifiant et en versa assez pour qu'aucune phalange ne soit épargnée. Naruto sembla découvrir la texture, curieux. Elle poissait, sans pour autant donner la sensation d'être sale. Elle était froide. C'était la seule chose qui rebutait Sasuke.
D'un geste impérieux, sa main reprit le contrôle des doigts et les glissa derrière ses reins, à la place qu'ils devaient occuper. Naruto s'étrangla. Sasuke ricana. Il manqua lui demander s'il flippait, mais ils n'en étaient plus là.
« Vas-y, allez », l'encouragea-t-il d'un ton sans réplique, espérant que cela suffirait à le débloquer.
L'ordre suffit en effet. Naruto décida d'abord de l'embrasser, puis de saisir sa fesse droite avec sa paume sèche. Sasuke sentit le liquide froid, enrobant les appendices chauds, contre son anus et entre les plis de ses muscles. L'un d'entre eux erra sous ses bourses. Il frissonna. Lorsqu'un peu de chair pénétra son antre, il lâcha tout ce qu'il tenait et passa ses bras autour de la taille de Naruto pour le rapprocher de lui. Cela enfonça le doigt en lui, légèrement. Cela ne faisait pas si longtemps depuis la dernière fois. Il s'habituerait vite.
Son mouvement avait généré un sursaut chez son partenaire. Sasuke poursuivit d'un coup de reins suggestif qui fit frotter leurs sexes, et tira en arrière, cherchant à appuyer le haut de son dos contre le support rosâtre. Contre toute logique, le geste déclencha un frisson qui permit au doigt de s'abîmer plus profondément. Sasuke laissa échapper un petit feulement, d'inconfort et de hâte.
« Ça va ? »
Naruto l'observait, ayant écarté son visage du sien. On aurait dit qu'il avait peur de le blesser. Sasuke se vexa.
« Mets-en un deuxième, imbécile. Je suis pas en sucre. »
Il regretta d'avoir déjà autant insulté son amant. Il n'aurait pas dû. Mais c'était comme ça : l'attention que lui portait Naruto déclenchait en lui cette nécessité de montrer qu'il était à la hauteur, qu'il n'avait pas besoin qu'on le protège. Surtout pas Naruto. À cela s'ajoutait la frustration, la lenteur des gestes du blond, trop préoccupé par son bien-être pour aller au rythme de sa fougue coutumière.
« Mais je veux pas te faire mal !
— J'ai pas mal, Naruto. Je suis habitué à ça. »
Alors, Naruto rougit. Plus que d'excitation. Plus que d'embarras. D'une espèce de mélange d'un millier de choses, de réalisations soudaines. Sasuke ne put s'empêcher de le couver du regard et il espéra, immédiatement après, que son ami n'avait rien vu. Naruto était parfois aussi adorable que stupide.
Pour se sortir de cette situation gênante, il reprit le contrôle de la manœuvre : alors que son coéquipier détournait la tête, il donna un coup de reins et le plaqua contre la porte. Ensuite, il saisit la paume glissante et sépara de leurs semblables les deux phalanges qui suffiraient à le préparer. Quand Naruto croisa enfin son regard, il les enfonça à l'intérieur. Dans son autre poing, il tenait un préservatif, attrapé au passage avec le lubrifiant. Cela avait du bon, d'être ninja.
« Mets ça, tu veux ? Je suis occupé à faire la moitié de ton travail. »
Naruto ne se le fit pas dire deux fois. Sa main libre saisit l'objet, le porta à ses lèvres pour en déchirer délicatement le sachet et, avec l'aide de Sasuke, parvint miraculeusement à l'enfiler correctement.
« T'as plus l'habitude qu'il n'y paraît, toi aussi », ne manqua pas de remarquer le brun.
Naruto lui adressa un petit sourire contrit. Il ne parlait plus tant, étrangement. Peut-être était-il trop concentré sur ces deux tâches simultanées pour que son cerveau puisse envoyer des phrases cohérentes à sa langue – elle-même régulièrement occupée à rendre à Sasuke ses baisers. Lorsqu'il eut achevé ses préparatifs, il put enfin se consacrer à mouvoir ses doigts coincés dans la chair. Et à répondre :
« C'est dingue qu'on arrive encore à se surprendre, hein… »
Il n'y avait pas d'ironie dans cette réplique. Pas d'insulte. Pas de doute. Juste un constat pur et simple, une réalité qui faisait partie du ciment de leur statue en éternelle pose érotique de combat.
Sasuke passa cette fois sa main dans les cheveux paille, ancrant sa tête contre l'oreille. Il cherchait dans cette gêne, à l'arrière de son enveloppe, la furtive sensation de bien-être qui le menait vers quelque chose de plus fort. La posture n'était pas idéale, le poignet de Naruto tordu. Il murmura :
« Plus bas, si tu peux. »
Naruto dut se pencher et se décaler sur le côté, mais il s'exécuta. Ce ne fut pas soudain, pourtant. Ce fut subtil. Un minuscule fil blanc qui devint une onde subliminale dans tout son corps, partant de son aine pour se rendre à ses tempes. Les doigts se firent plus aventureux, écartant l'entrée, tâtant vaguement les chairs. Sasuke indiqua les moments de bien-être avec de légers halètements, même si le plaisir ne l'y forçait pas encore.
Les phalanges se mouvaient désormais avec assurance. Sasuke dut appuyer ses mains contre le roc, faiblissant et grimaçant d'envie. Cette fois, les remous électriques étaient plus réguliers. Et le lubrifiant était chaud.
« Naruto… »
Il dut se reprendre avant de poursuivre sa phrase.
« C'est bon. On échange de position. »
Le blond se retira et se redressa, obéissant, mais il sembla hésiter. Sasuke comprit pourquoi et leva les yeux au ciel. Il ne vivait pas le fait d'être pénétré comme une domination. Même par-derrière. Même sauvagement, plaqué contre un mur froid par son meilleur rival. Après tout, le travail n'était-il pas plus difficile pour celui qui s'échinait entre ses cuisses, à tenter de lui faire saisir cette fibre tendue à l'intérieur de son corps ?
Il décida de placer lui-même Naruto là où il souhaitait le voir.
« Voilà, ici. »
Il avait l'air agacé ; il était pressé. Cela fit rire son compagnon. Jusqu'à ce qu'il se retourne pour lui montrer ses fesses offertes, le regardant par-dessus son épaule, impatient. Le gloussement mourut dans la gorge mate.
« Bon, tu rentres ou je dois encore le faire moi-même, espèce d'incapable ? »
L'insulte, cette fois, était une provocation intentionnelle. Il voulait pousser Naruto à bout. Il voulait lui faire dépasser les bornes, le faire aller au-delà de sa gentillesse ordinaire. Le rapprocher de ce qui le menait à l'agresser dès qu'il faisait une remarque, l'encourager à transcender ses terreurs et son naturel attentionné pour réagir, face à lui. Naruto n'était si lui-même, si beau et si heureux à ses côtés, que parce qu'il l'invitait à révéler le meilleur de lui-même. Parfois, c'était sans doute trop. Parfois, Sasuke le blessait par ces biais exagérément exigeants. En cet instant, il avait l'impression que c'était la solution pour que son camarade se laisse aller.
Il ne comptait pas prendre du plaisir seul. Il ne comptait pas sur ce que Naruto avait envie de lui faire ressentir. Il voulait que Naruto ait du plaisir. Il voulait qu'il jouisse. Il en avait assez éprouvé lui-même, par petites ondes, grâce aux doigts et aux effleurements de peau sur sa verge. C'était déjà suffisant. Naruto, lui aussi, devait avoir sa part.
Le blond répondit à la provocation plus efficacement que jamais : une main saisit une fesse ; l'autre était sans doute autour du pénis, l'aidant à viser. La tête bombée entra d'un coup et Sasuke eut à peine le temps de serrer les dents que le reste du sexe se trouvait enfoncé jusqu'à la garde. Il en eut les larmes aux yeux. Ce n'était pas plaisant, à ce stade, mais la sensation de plénitude que déclenchait cette pénétration totale lui rappelait qu'il était vivant.
« Ç… »
Naruto se coupa net. Sasuke devina qu'il se mordait la lèvre pour ne pas lui demander si tout allait bien. Il lui en fut reconnaissant.
Continue.
Il répéta l'ordre à voix haute, se rappelant que malgré leur proximité, son ami n'était pas dans sa tête et ne pouvait déduire plus avant.
Le mouvement lui arracha un râle. Le sexe était brûlant. L'activité lui donnait souvent l'impression de cuire ; jamais à ce point.
« Oh ! »
Il avait serré par mégarde, il le savait. Il voulut s'excuser. Il ne s'excusait jamais auprès de Naruto. Tant pis. Il bougea pour lui faire sentir davantage ce plaisir nouveau, sans doute inédit. Naruto répondit, saisissant les os saillants.
Alors, seulement, Sasuke fut forcé de plaquer ses mains contre la porte massive et d'accuser les coups de reins de son pair. Voilà. C'était ça qu'il voulait. C'était qu'on s'occupe un peu moins de savoir s'il avait mal et un peu plus du fait qu'il aimait le claquement des hanches contre ses fesses, le chuintement rapide du préservatif contre son anus détendu, et les délicieux frissons que les effleurements du gland contre sa prostate envoyaient dans son cerveau toujours trop concentré. Entouré, inondé de la sorte, il ne parvenait plus à réfléchir, et la sensation était divine. Il laissa jaillir quelques râles au milieu de son souffle saccadé. Il gémit le nom de Naruto, une fois, et le regretta immédiatement : le blond ralentit la cadence le temps qu'une de ses mains saisisse son pénis humide.
« Oh ! »
Il entendit Naruto pouffer dans son cou, puis les coups de reins reprirent frénétiquement alors que la main, immobile, servait de fourreau à son propre sexe.
Dieu que c'était bon. Naruto était trop attentionné pour lui, pour l'instant. Mais s'il avait la présence d'esprit d'agir ainsi, s'il restait, jusqu'au bout, cette espèce de boule d'affection ambulante, trop impliquée pour ne pas donner absolument, à tel point que tout partenaire risquait de s'y brûler, cela convenait à Sasuke. Tout en lui n'était que plaines carbonisées. Il ne craignait pas l'intensité de l'amour de Naruto. Ni sa fougue. Ni ses démons.
À cet instant, des dents mordirent son trapèze, tout doucement. Aussi dangereusement et délicatement que le faisait d'ordinaire, par des gestes anodins, la bienveillante impétuosité de sa némésis. En même temps, le corps tanné s'était courbé pour l'atteindre et l'angle, entre ses cuisses, varia légèrement. La main serra son phallus. Il ne put retenir, cette fois, le cri de jouissance que ces actes combinés déclenchèrent. Dans son cœur, la cendre s'envola, révélant la richesse d'une terre en friche. Au même instant, la fournaise autour de la hampe de Naruto se déversa à l'intérieur, jusque dans ses reins, empruntant les nerfs le long de sa colonne vertébrale, coupant ses jambes et titillant les racines de ses cheveux, si violemment qu'il sentit son visage bouillonner de toutes parts.
Il eut d'autres sursauts, presque insignifiants en comparaison du premier jet de cet orgasme fulgurant, et manqua s'effondrer au sol. Une main poisseuse l'empêcha de tomber. Dans un coin de son esprit, Sasuke se rappela avoir perçu, à un moment donné, Naruto jouir aussi. Il n'en était pas certain.
« Waouh. »
Maintenant, si. Le poids du blond, qui le maintenait tant bien que mal, était sur lui, et sa verge toujours à l'intérieur, il le sentait.
Au moment où il décidait enfin de se dégager, considérant avoir assez de forces pour tenir debout seul, un grondement secoua la montagne. Il remarqua alors que les néons roses s'étaient estompés.
« Merde ! » eut-il le temps de crier avant que le mur ne se dérobe sous ses doigts.
Soudain privé de support, Sasuke ne put retenir la chute. Puis, un corps au poids improbable s'écrasa sur lui de tout son long.
Il ne fallut qu'une seconde pour que le rire de Naruto résonne dans la grotte, soutenu par les jurons satisfaits de Sasuke.
Note
J'espère que ce chapitre vous à plu ! Il y a de petites choses sur lesquelles je reviendrai plus tard et qui devraient évoluer ou être questionnées chez les personnages. Je me suis bien amusée avec les descriptions de la grotte et la chute finale :p.
