« C'était indiqué "deux pénétrations", oui. Je ne comprenais pas trop l'intérêt, tout à l'heure, et j'ai supposé qu'ils voulaient qu'on les enchaîne, mais... »
Mais Sasuke semblait sceptique, et Naruto l'était aussi, à raison : les pervers ne faisaient rien au hasard. Pourquoi s'enquiquiner à préciser cela pour la dernière épreuve alors qu'il suffisait, comme précédemment, de placer deux portes l'une à la suite de l'autre ? L'effet était le même, après tout...
« C'est peut-être encore une erreur de traduction. »
Si c'était le cas, ils étaient dans la merde. Cependant, Sakura était tout de même une pro, songea Naruto. Il y avait peu de chances qu'elle se soit trompée dès lors qu'elle avait compris le sujet de leur épopée. Sans parler du fait qu'elle avait l'air particulièrement versée dans ces pratiques lorsqu'il s'agissait de fiction. Il en avait lu un certain nombre par curiosité, et...
« Oh ! »
Sasuke haussa un sourcil à son adresse.
« En même temps, c'est genre, pas en même temps pour la même porte, mais en même temps tout court. »
Cette fois, le brun versa sur le côté et se cala sur son coude pour le fixer.
« Naruto. On a que deux bites, hein. Comment on pourrait... Oh, non... »
Dans toute l'industrie érotique, du porno hétéro aux histoires considérées comme les plus sexy chez les lectrices de slash, il y avait un cas auquel ils n'avaient pas encore eu droit : le plan à trois.
« Mais c'est pas possible, ils peuvent pas avoir fait ce coup-là sans prévenir, quand même ? »
Sasuke grimaça.
« Je suppose que seuls les gens très motivés et décomplexés reviendraient ici après ça, avec une troisième personne... »
Pour Naruto, c'était carrément de l'arnaque. Sasuke paraissait tout aussi scandalisé par la situation, mais il détestait suffisamment l'endroit pour ne pas s'en étonner, venant de gens qui avaient dû prendre le scénario de la saga Icha Icha pour modèle et tout mélanger au pif. Quid de l'épisode titré « Innocence » ?
Le brun se replaça sur le ventre, trop fatigué pour se soutenir avec son seul bras. Ils réfléchirent que les sextoys étaient à proscrire. Toutes les pénétrations avaient nécessité d'être anales et effectuées par un pénis. Il n'y avait pas de raison que les règles du jeu changent lors de cette épreuve finale.
« Mais alors... on est coincés, non ? On peut pas aller chercher Sakura pour ça, clairement, personne n'en a envie, et... enfin, je me vois pas faire ça avec quelqu'un d'autre que t... »
Naruto se coupa net. C'était un aveu. Sasuke n'était peut-être pas prêt à l'entendre. Naruto à le prononcer. Mais Sasuke avait poussé un petit soupir exclamatif, comme si cette révélation avait débloqué quelque chose en lui. Naruto espéra que c'était positif. Qu'après tous leurs échanges et accords, Sasuke était capable d'accepter l'information et, malgré sa peur de l'engagement, y répondre favorablement.
Le brun resta silencieux. Naruto commença à suer psychologiquement autant qu'il le faisait physiquement. Sasuke allait-il lui sauter à la gorge ? Qu'avait-il encore fait qui méritât pareil traitement ? Ce n'était plus... plus si grave, à présent, non ?
« Naruto, tu es un imbécile. »
Il prit immédiatement la mouche, trop tendu pour entendre le constat matériel dans la bouche de l'Uchiha.
« Ouais, ça va, c'est bon, je voulais pas dire ça comme... »
Sasuke le coupa immédiatement :
« Non. Je parle pas de ça. Je... »
Une contraction, dans la nuque du jeune homme, informa Naruto qu'il avait hésité à tourner la tête. Puis qu'il avait renoncé, trop embarrassé par ce qu'il allait dire.
« OK. Moi non plus, je me vois plus faire ça avec quelqu'un d'autre. »
Son camarade avait prononcé la phrase très vite, comme l'aveu honteux d'une bêtise faite enfant. Alors, quelque chose en Naruto se dénoua totalement. Une chaleur nouvelle emplit son être, et il accepta tout ce que son compagnon avait concédé pendant cette épreuve : le sexe, le masque, la continuation de cette relation en dehors de la grotte et, enfin, l'exclusivité. Il ne doutait pas une seule seconde que leur lien amoureux devait être, aux yeux de Sasuke, aussi unique que cet échange charnel.
Sasuke ne le regardait toujours pas, soit trop affaibli, soit trop gêné, et Naruto ne put s'empêcher de se pencher en avant pour frotter son nez contre le cou tendu de son camarade. Il le fit glisser une seconde, puis déposa un minuscule baiser à la racine des cheveux avant de s'écarter. Il était sûr que Sasuke était rouge.
Cela le conforta dans l'impression qui l'avait saisi : un jour, quand il se sentirait prêt, il pourrait avouer ses sentiments à son amant tout en sachant que ce dernier ne le rejetterait pas.
Oh, il n'était pas certain que Sasuke puisse répondre à ces affects. Du moins avait-il pris conscience que son compagnon, même hors de la grotte, même après avoir revêtu de nouveau son masque et sa froideur pour mieux faire face au monde, accepterait de s'en départir afin de l'entendre, et ne le condamnerait pas. Avec un peu de chance, il trouverait cela logique, rationaliserait le tout et trancherait qu'il voulait bien essayer d'être aimé ainsi.
« Dire qu'il est tellement aveugle que t'as besoin de lui faire une déclaration... »
Naruto sursauta.
« Désolé d'intervenir, hein, mais ton petit ami est en train de s'endormir pendant que tu t'es perdu dans le vide entre tes deux oreilles. »
Cette fois, Naruto redescendit sur Terre. Il fallait se concentrer. Réfléchir. Trouver une solution. Mais il était à sec d'idées, Sasuke était épuisé, et ils n'étaient pas équipés pour cette dernière épreuve. Naruto dut se faire violence pour prononcer :
« Alors, c'est fini ? On va devoir laisser tomber ? »
Sa voix ramena son pair au présent et l'empêcha de s'écrouler sur le briefing de mission. Sasuke secoua la tête comme pour se la sortir du brouillard de fatigue qui semblait l'entourer.
« Non, marmonna-t-il d'une fois un peu pâteuse.
— Ben, je comprends pas.
— Moi non plus », renchérit Kurama.
Si même un démon renard millénaire et hautement qualifié en termes de perversion ne trouvait pas de solution, Naruto se demandait ce que Sasuke avait bien pu imaginer.
« Je t'ai traité d'imbécile pour une bonne raison, hein.
— En même temps, il y a tellement de raisons de te traiter d'imbécile que je sais pas en quoi ça nous aide... »
Naruto donna une claque mentale au Kyûbi. Pour ce faire, il devait simplement fermer les vannes une petite seconde, puis les rouvrir totalement. Kurama, de son côté, avait sûrement l'impression qu'on lui coupait la télé, mais l'effet sur son humeur se faisait suffisamment sentir pour que son hôte considérât l'acte comme une équivalence convenable.
Sasuke s'impatientait sous lui et commençait à s'énerver physiquement. Ou bien, c'était le plug anal qui le gênait alors qu'il avait manqué tomber dans les pommes. Ou le fait qu'il avait justement failli s'évanouir en plein milieu du travail. Ou le fait que Naruto était également trop stupide pour comprendre pourquoi on lui disait qu'il l'était. Ou tout cela en même temps.
Ce fut à Sasuke de claquer Naruto – sur les fesses, avec son talon –, dans un raté parfaitement indigne de sa lignée qui montra à quel point il avait du mal à se mouvoir. Ne pouvant attendre plus longtemps que Naruto eût ressorti son cerveau du trou noir dans lequel celui-ci se faisait sempiternellement aspirer, Sasuke poussa un soupir. Il se racla la gorge comme s'il allait dire quelque chose de particulièrement embarrassant, et grogna à contrecœur :
« Naruto, rappelle-moi quelle est ta technique préférée ? »
Alors, l'interpelé blanchit. Il fit « Oh. ». Puis il rougit furieusement. La même teinte se dessina sur les oreilles de son pair, et Naruto réalisa que ce dernier ne pensait pas avoir à proposer lui-même cette solution. Mais le brun devrait bien apprendre à accepter que, quand ils étaient ensemble, sa libido comme son imagination devenaient hors de contrôle.
Ensuite, l'idiot comprit pourquoi il avait mis si longtemps à sauter à cette conclusion.
« Euh, je trouverais ça chelou de coucher avec moi-même, je crois. C'est pour ça que ça m'est pas venu à l'esprit. »
Sasuke, qui s'impatientait d'autant plus, pouffa, grogna, et choisit ce moment pour se redresser sur ses coudes puis ses genoux. Naruto sentit les os des reins pâles lui rentrer dans ses cuisses, puis son partenaire fut assez haut pour qu'il se retrouve à cheval sur lui. L'instant d'après, la puissance du brun le désarçonnait, et il atterrissait par terre.
Un gâteau, songea-t-il soudain en se remémorant les désastreux cours d'équitation qu'ils avaient dû suivre dans le cadre d'une mission. Il ignorait pourquoi les chevaux lui en voulaient autant, mais il suspectait un certain démon renard d'être responsable de leur antipathie systématique. Heureusement, il était tombé si souvent qu'il n'avait pas eu à fournir les fameux gâteaux. De toute façon, à l'époque, Sasuke comme Sakura auraient refusé de considérer comme comestible le moindre plat préparé par ses soins – à raison, assurément.
« Évidemment. Ils reconnaissent le prédateur », gronda le Kyûbi dans son estomac, ravi.
Naruto se demanda si les avantages qu'il tirait du démon renard étaient vraiment capables de compenser autant d'inconvénients...
« On reparle de tes couilles ? »
Non. Et puis, ce n'était pas une mission exceptionnelle comme celle-ci qui allait rétablir la balance.
« De toute façon, t'as un autre problème à gérer, je crois. C'est pas moi le prédateur, ici, gamin. »
Perdu dans ses pensées, Naruto s'était relevé machinalement et n'avait pas prêté davantage attention à Sasuke, pas plus qu'au « pouf » qui venait de résonner dans la grotte. Lorsqu'il leva les yeux, il n'y avait plus un, mais deux fantasmes sur pattes à portée de main, nus, un peu tremblants, et arborant l'air disposé à en découdre que la perfection de son pair lui conférait même dans ses moments de faiblesse.
Dans un instant de lucidité, Naruto se demanda si le plug avait aussi été cloné, mais les deux Sasuke ne lui laissèrent pas le temps de poser la question : ils s'avancèrent vers lui, commencèrent à passer leurs doigts sur son corps, l'un à l'embrasser, l'autre à souffler contre sa nuque. Naruto fondit immédiatement et répondit au baiser. Mince, c'était carrément érotique, avec deux némésis au lieu d'une. Il n'était pas sûr d'y survivre, mais il s'en fichait. Les mains de Sasuke sur lui étaient déjà stimulantes. À présent, quatre zones de son épiderme étaient couvertes par les paumes chaudes et un peu poisseuses.
Quelque chose de dur frotta contre sa fesse droite tandis qu'un objet semblable réclamait une réaction à son propre sexe. Lorsqu'il put enfin respirer, Naruto souffla :
« Il faut que tu me prennes, cette fois. »
Il pensait surtout à l'état de Sasuke. Il était conscient, à présent qu'il avait tenté l'expérience, qu'être uke était plus exigeant pour le corps. Être seme, c'était une question d'énergie et d'attention, mais cela ne provoquait pas dans l'anatomie ninja la nécessité de dépenser du chakra pour soigner des parties malmenées, ni la même abnégation psychologique. On savait bien lequel des deux avait besoin de faire des efforts. Il voulait faire cet effort pour Sasuke. Parce que le brun avait beau jouer les durs, s'être cloné sans le moindre problème, Naruto suspectait que tout ceci n'était...
« Que de la gueule, ouais. »
Et si même Kurama le disait...
« Naruto, ça ne me dérange pas d'être cloné, mais je n'ai jamais dit que je ne trouverais pas ça extrêmement gênant d'avoir à me pénétrer moi-même, merci bien. »
Le blond poussa un soupir de soulagement. La configuration appelait à ce qu'il soit... au milieu, en fait, du coup ?
« Waouh, ça va être chaud, gamin. Je regrette presque pas de devoir rester. »
Il déglutit. Kurama avait raison. Par précaution, il alla emprunter un peu de chakra rouge, trop peu pour que quiconque le remarque, mais juste assez pour se sentir prêt à affronter l'appétit sexuel, la contrariété et la frustration générale de deux Uchiha Sasuke physiquement et psychologiquement à bout.
Les deux ninjas s'étaient écartés de lui et l'observaient tour à tour, semblant communiquer entre eux par la pensée. Il se demanda s'il allait seulement s'en sortir vivant et pourquoi son cerveau, pour sa part, s'échinait à s'interroger sur lequel des deux il devait se jeter en premier.
Enfin, le Sasuke de gauche alla s'asseoir sur le matelas, le fixant dans les yeux tout le long de la manœuvre. Les jambes blanches s'écartèrent lascivement, découvrant une érection naissante qui l'aurait mis à genoux immédiatement si l'autre ne s'était pas rapproché pour lui glisser à l'oreille :
« Je garde la télécommande. Tu seras incapable de penser à l'utiliser au bon moment, avec ce que je vais te faire. »
Naruto, dont le sexe était déjà dressé, frissonna de la tête aux pieds.
« Dis-moi. »
Il aurait dû se douter que Sasuke lui donnant des ordres finirait par devenir quelque chose d'aussi fascinant sexuellement que le reste. Il était si naturel de les réclamer, à présent...
« Tu vas le sucer, pour commencer. »
Le Sasuke debout désignait le Sasuke assis, comme s'il avait deviné sa pensée. Mais après tout, Sasuke avait sans doute fait exprès de choisir cette pose, sachant pertinemment quelles envies cela déclencherait en lui. Tout était calculé. Sasuke était un fin stratège, il aurait dû s'en rappeler.
Naruto décida de lâcher prise. Si c'était lui qui subissait, le corps, les ordres, tout, Sasuke allait forcément mieux s'en tirer. Le clone resterait viable plus longtemps, le brun risquerait moins de s'évanouir, et la mission avait plus de chances de réussir. C'était suffisant. De toute façon, il savait également que Sasuke n'en faisait qu'à sa tête, et qu'accéder à ses caprices lui procurait du plaisir et une satisfaction que Naruto ressentait en pourvoyant de telles concessions. Dans le sexe, ce n'était plus une question de compromis : Naruto était prêt à faire absolument tout ce que Sasuke pourrait lui demander, juste parce qu'il était incapable, désormais, de lui résister.
Cela donna un coup à son ego, puis il se rappela que cette forme de soumission était due au fait que Sasuke l'acceptait. Qu'il le désirait. Qu'il avait avoué ne pas souhaiter avoir ce genre d'activité avec qui que ce soit d'autre. Bordel. Il pouvait être fier de ce qu'il offrait ainsi à son compagnon. Personne n'avait un tel privilège. Personne n'avait eu accès à ce que Sasuke révélait depuis ces derniers jours. Personne n'avait assez confiance pour cela, et le brun, lui, n'avait assez confiance en personne pour se dévoiler à ce point. Ils pouvaient en rire ensemble sans pour autant être blessés par la légèreté et la cocasserie de leurs plus profondes cicatrices. Ils étaient de connivence. Ils étaient faits l'un pour l'autre. Naruto ne revenait toujours pas d'avoir mis autant de temps à s'en rendre compte. Ils étaient vraiment trop stupides.
« Moi, je vais m'occuper de toi », gronda le Sasuke collé à lui en lui mordillant un lobe.
Il ne comprenait pas très bien en quoi les oreilles pouvaient représenter un sujet d'excitation, mais il apprécia le geste, le souffle, et que Sasuke termine de lui annoncer qu'il était sur le point d'être dévoré tout cru.
Il hésita une seconde, assez pour que le brun le pousse entre les cuisses du Sasuke assis, qui avait commencé à se masturber, impatient. Il jeta un coup d'œil à ses fesses et constata qu'aucun plug n'en dépassait. Pourtant, la zone semblait étrangement humide, accueillante, comme s'il était possible de...
« Attends, t'as fait apparaître ton clone déjà préparé ?! »
Dans la tête de Naruto, cela tenait du génie. Mais Sasuke était un génie, justement, il n'aurait pas dû s'en étonner. Le double, contrarié que Naruto se plie si lentement aux instructions, râla :
« Évidemment. C'est chiant, la préparation, tu croyais que j'allais manquer une occasion d'abréger ? »
Le sens pratique de Sasuke tenait également du génie. Naruto siffla d'admiration tout en s'agenouillant entre les jambes de son compagnon. Il était temps de satisfaire aux requêtes de l'Uchiha.
Le premier coup de langue sur les bourses fit gémir son amant. Le deuxième remonta jusqu'à la racine du pénis, insista dans le pli à la base, puis s'attarda tout le long de la hampe. Ensuite, seulement, les lèvres entourèrent le bout et la bouche revint à la charge sous le gland, là où la peau sensible rejoignait, dans un renfoncement, le reste de la verge. Sasuke grogna de plus belle, et Naruto poursuivit sa besogne, fasciné par ses réactions.
Lorsqu'un membre chaud et humide se posa sur son anus, il répondit aux râles du clone avec conviction. Le vrai Sasuke était derrière lui et s'appliquait à le lécher à sa manière, envoyant des ondes de plaisir dans tout son système nerveux. Naruto était conscient que le meilleur endroit où insister se situait juste avant le trou, là où le gonflement des bourses se rétractait et que s'y subsistait une peau lisse et sensible dont le moindre titillement, dans son cas, déclenchait une stimulation inédite à l'intérieur du corps.
Il redoubla d'inventivité pour satisfaire le clone, qui avait saisi ses cheveux et se débattait, à présent qu'il pompait le membre entre ses dents. Pour le plaisir, Naruto inséra un doigt dans l'antre préparé, surpris de générer un nouveau frisson.
« Sasuke, ton clone est resté stimulé par ton plug, tu crois ? »
Il s'adressait au vrai Sasuke, mais celui-ci était trop occupé contre ses testicules pour répondre, aussi le double, haletant, parvint-il à gémir :
« Sans aucun doute. On se clone tel qu'on est au moment du clonage, avec quelques ajouts, si possible... Oh ! »
Naruto avait réussi à trouver un endroit, à l'intérieur, qui lui semblait correspondre à la source de tous les plaisirs de son compagnon. Il insista, tâta, découvrit, et ne fut perturbé que lorsque le lubrifiant froid coula entre ses propres fesses. Il fallut faire abstraction, ce qui n'était pas son fort, mais son incapacité à se concentrer sur plus d'une chose à la fois compensa largement ce premier défaut. Occupé à sucer et doigter le clone, il ne sortit de sa transe qu'au moment où la voix de Sasuke grondait dans son dos :
« Tu te sens comment ? »
Il percevait deux phalanges en lui et il avait toujours l'impression d'avoir envie de faire caca sans avoir de caca à expulser, mais à présent, il savait que c'était tout à fait normal.
« Tu peux y aller. »
Il entendit Sasuke déchirer un sachet et, le temps qu'il tourne de nouveau son attention sur le clone, celui-ci était parvenu à se redresser et à lui en fourrer un autre dans les mains. Le double se retourna, l'air mutin, lui présentant ses fesses et étalant son torse sur le futon. Naruto enfila le préservatif avec fébrilité avant de caresser les cuisses largement écartées et d'admirer la façon dont ce clone devait contracter absolument tous les muscles de ses jambes et de son arrière-train pour rester en position.
Sasuke, derrière lui, caressa ses hanches et frôla ses tétons de ses mains humides avant de souffler à son oreille :
« Prends-le d'abord. »
Il sentait la verge tendue au creux de ses reins et avait très envie que ce compagnon toujours en contrôle en perde un peu entre ses chairs, mais il obtempéra. Le cul contracté du deuxième Sasuke l'attirait de façon impérieuse, et celui-ci, la tête tordue, parvenait à le fixer d'un air impatient qui reflétait à la perfection l'agacement de son pair quand il mettait trop de temps à s'exécuter. Il avait remarqué, désormais, que cette hâte et cette frustration s'appliquaient davantage au sexe qu'à n'importe quel autre aspect de leur existence.
Le clone avait encore assez de forces pour résister à la poussée de son pénis, aussi se contenta-t-il de masser les fesses offertes pour l'aider à rester en place tout en s'enfonçant lentement et confortablement dans l'antre brûlant. Sasuke était incroyable. Comment avait-il pu créer un doublon si parfait, si complet, si puissant, avec si peu de chakra et d'énergie ? Où puisait-il toute cette volonté ?
Il ravala un râle lorsqu'il fut calé jusqu'à la garde, et le clone haleta. Il sentait le regard avide du vrai Sasuke par-dessus son épaule. Ce devait être comme observer une sextape avec cette toute nouvelle technologie qu'on nommait « réalité virtuelle ». Il eut envie de bouger et saisit la taille du corps qu'il venait de pénétrer dans le but de ressortir, mais une poigne de fer le retint à la nuque. Il s'immobilisa et jeta un coup d'œil au véritable Uchiha.
Le visage pâle était rouge, les pupilles floutées de désir, la bouche entrouverte comme si Sasuke avait soif de la scène devant lui. Naruto se contorsionna pour happer les lèvres et se laisser aller un instant dans un baiser. Sa souplesse mise à l'épreuve, il n'y goûta que grâce à son camarade, qui s'était avancé et persistait à le caresser de toutes parts.
« Respire », gronda la voix rauque et nasillarde entre deux mouvements de langue, comme si Naruto était capable de s'exécuter alors qu'il pratiquait cette lutte buccale torride avec son pair. Il commençait à avoir mal au cou, mais il préférait souffrir plutôt que de renoncer à la sensation de Sasuke sur son visage, aux coups de nez sur sa pommette, à la mâchoire puissante qui maîtrisait l'échange et lui donnait l'impression de fondre sur place.
Son sexe était enserré par un étau suprême, bouillant, et le clone restait parfaitement immobile, attendant que l'original décide qu'il pouvait agir à son tour, mais c'était la façon dont Sasuke l'embrassait qui déclenchait tant d'extase. Sasuke l'embrassait avec attention, avec tendresse, comme s'il était le seul et unique être qu'il se sentait prêt à envelopper de son affection pour ne jamais le lâcher. Sasuke l'embrassait avec amour, et Naruto se moquait du décor, du rose et de l'or, de l'humidité, de la chaleur qui le faisait suer par tous les pores de sa peau et rendait ses mains moites là où il tenait les hanches du corps qu'il pénétrait.
La sensation désagréable d'une verge entrant sans ménagement dans son anus le perturba suffisamment pour le faire hoqueter, mais même cet acte si naturel, si somatique, avait le goût des baisers que Sasuke persistait à lui dispenser. Les larmes lui montèrent aux yeux, à la fois en raison de la gêne et de cette impression d'être adoré sans condition.
Naruto avait besoin de preuves d'amour depuis toujours. Son compagnon en avait conscience, et le charnel entre eux lui offrait l'occasion inespérée, au regard de son caractère froid, de laisser son corps dévoiler les affects qui l'agitaient, là, derrière le masque, tout au fond du lac de légende dont d'aucuns prétendaient qu'il ouvrait sur l'antichambre des enfers.
Pour Naruto, les enfers étaient brûlants de passion, et les horreurs y errant étaient précipitées sans ménagement dans des crevasses de magma où elles périssaient l'une après l'autre, peu importe qu'elles se régénérassent tout aussi rapidement : Sasuke gagnait ce combat, et il avait la conviction que cet instant de partage lui donnait l'opportunité de le soutenir et de jeter lui-même quelques-unes des hideuses créatures dans les abysses rutilants.
La lave se fit physique lorsque Sasuke glissa ses bras le long des siens et plaça ses paumes par-dessus ses mains, de façon à ce que leurs doigts s'entrelacent et que le clone soit maintenu par leurs deux poignes.
« La vache, il va prendre cher, comme ça, constata Naruto en imaginant ce que pouvait représenter le fait d'être pilonné par leurs deux organismes surentraînés.
— C'est exactement ce que je veux. »
Sasuke était collé à lui, son torse contre son dos, engloutissant son corps fébrile, et Naruto réalisa à cet instant qu'il allait prendre tout aussi cher que le clone, mais que ce serait diablement jouissif. Dans tous les sens du terme.
Sasuke fit un premier mouvement vers l'avant, achevant de s'ancrer entre ses fesses. Il eut l'impression qu'il en faisait autant entre celles du double et sentit ses bourses rencontrer celles de son uke. Il n'aurait pas cru la situation possible, mais l'antre brûlant pulsa immédiatement autour de son sexe tandis que le timbre nasillard, devant lui, jaillissait en un long gémissement de bien-être et de surprise.
Sasuke s'écarta, l'emportant dans son mouvement, et Naruto perçut le corps blanc frissonner de plus belle lorsque son pénis se retira presque complètement. Il avait une vue imprenable sur la façon dont l'anus réagissait à ces mouvements qu'il ne contrôlait pas. Sasuke, derrière lui, donna un coup de reins qui le renfonça profondément dans le fessier du clone. Celui-ci était si excité qu'il fut incapable de résister à la pression et relâcha tous ses muscles. Seuls les vingt doigts mats et pâles entremêlés maintenaient désormais ses hanches en hauteur.
Naruto sentit les mains de Sasuke se contracter. Il l'imita afin de ne pas lâcher leur compagnon. Sasuke recula à nouveau, doucement, et il perçut cette fois la verge se mouvoir dans ses propres entrailles. C'était plus subtil que lorsqu'il n'était pas pris en tenailles entre deux Uchiha assoiffés de sexe et prêts à tout pour obtenir du plaisir. C'était toujours étrange, mais il avait l'impression que cette pénétration stimulait son phallus et faisait frémir tout le bas de son corps.
Comme pour réagir à cette vision, Sasuke se colla encore à lui, se renfonçant lentement. Contre son épaule, il sentait la mâchoire contractée et il entendit les dents grincer dans le mouvement. Il avait presque envie de tout lâcher pour se saisir de la nuque blanche, et d'agiter ses reins afin d'aller à la rencontre des déhanchés suaves de son seme. Mais la posture lui donnait cette sensation de plénitude que l'on associe à un cocon de bien être, stimulé, comblé de toutes parts, et ce qu'il désirait faire pour répondre à Sasuke, il aurait souhaité que le clone le fît également. La chaleur de son amant serait ainsi partout sur lui, l'enserrant, lui prouvant que le brun n'était là que pour lui. Ne voyait que lui. N'acceptait que lui.
Sasuke lui mordilla le trapèze, suçota la base de sa nuque et souffla :
« Ça va ? »
Naruto hocha la tête, cherchant les lèvres de son partenaire sans parvenir à les trouver. À cet instant, une autre voix nasale se manifesta, agressive.
« Ça irait si vous étiez moins mièvres. Croyez pas que je vous vois pas, avec vos petits câlins dégoûtants. Bougez-vous, putain. »
Naruto entendit distinctement Sasuke déglutir. Se faire engueuler par son propre clone n'était certainement pas une chose à laquelle il était accoutumé – il n'en produisait pas si souvent et, d'ordinaire, ils restaient très professionnels. Naruto, lui, était habitué à se disputer avec ses ombres. Elles avaient toutes le même caractère impétueux, la même tendance à mettre les pieds dans le plat, et elles lui avaient démontré une réalité fort déroutante : il ne se supporterait pas lui-même. Ses doubles lui avaient beaucoup appris sur les raisons des réactions de ses pairs, principalement celles de Sasuke.
Naruto ricana à l'idée que visiblement, Sasuke non plus ne se supporterait pas lui-même : dans d'autres circonstances, le brun aurait été aussi impulsif que lui et aurait tout bonnement puni son clone en le faisant disparaître. Ce n'était pas une option, alors le corps en contrôle s'arqua un peu plus derrière lui et la voix séduisante glissa, malicieuse :
« Prêt à lui donner ce qu'il veut ? »
Note
Je ne sais clairement pas être sérieuse. J'espère ça vous a plu ! :D
