Correctrice : Clina

Personnages : Saori-Athéna, Cygne Hyoga

Mention de : Dragon Shiryu, Andromède Shun, Phoenix Ikki, Pégase Seiya, Tatsumi

Ship : aucun

Type d'écrit : réconfort, famille (fraternelle)

Arc temporel : quelques années après Hadès, dans la lignée temporelle des autres OS, suit l'OS n°19

Lieu : Lieu d'entraînement de Hyoga, Sibérie

Autre : J'aime beaucoup leur relation fraternelle à tous les six. Je poursuis donc ma vision du lien unissant Saori et les 5 Bronzes – Divins. En espérant ne pas être trop OOC.

Nombre de mots : 2861

Titre : Refuge


Hyoga s'arrêta à quelques mètres de l'isba. Cela faisait déjà quelques minutes qu'il ressentait ce Cosmos, et il était étonné qu'il se trouve chez lui. Bien sûr il n'y avait rien aux alentours hormis son isba et son lieu d'entraînement. Et le Cygne ne se souvenait pas qu'elle soit déjà venue ici. C'était bien le dernier endroit au monde où elle viendrait d'elle-même et pour une visite de courtoisie. Et s'il était arrivé quelque chose, ce serait un autre Saint qui serait venu porter le message ou l'ordre de mission. Il le savait. Alors que faisait-elle là ? Hyoga observa les alentours. Il ne ressentait la présence d'aucune autre Cosmos énergie. Et il ne voyait personne. Serait-elle venue seule ? C'était encore plus étrange. Mais le seul moyen de percer ce mystère était d'avancer et d'aller à sa rencontre. Le Cygne inspira profondément et il reprit sa marche lente vers l'isba. Il se fit la réflexion que ça devenait fréquenté pour une région polaire désertique en théorie ! En quelques semaines, il avait eu la visite de Shun, Isaak et maintenant elle. Lentement, luttant un peu contre le vent polaire hivernal, Hyoga regagna la maison. Il se secoua pour chasser la neige avant d'ouvrir la porte.

Hyoga fut surpris par la froideur de la pièce. Il n'y avait pas de feu dans l'âtre. Elle était simplement assise sur le tapis face à la cheminée, emmitouflée dans son manteau d'hiver. Ses longs cheveux pendant librement dans son dos. Elle fixait la cheminée d'un regard vide. Le Cygne ressentit une certaine tristesse et angoisse dans son Cosmos. Ce n'était pas habituel. En général, il émanait d'elle bienveillance, douceur et gentillesse. Elle semblait perdue dans ses pensées et absente. C'était comme si elle n'avait pas senti sa présence, ni entendu la porte s'ouvrir et se fermer. Hyoga prit quelques minutes pour l'observer. Elle était toujours aussi jolie, avec des traits extrêmement doux. Ses yeux pers reflétaient à nouveau une certaine forme de mélancolie. Pourtant elle avait, elle aussi, retrouvé le sourire après les Guerres Saintes. Elle avait tout fait pour eux, pour qu'ils se sentent bien à nouveau, pour qu'ils aient la vie qu'ils pouvaient désirer. Elle n'avait même pas exigé leur présence près d'elle, se contentant de ce qu'ils lui offraient. Et Hyoga n'était pas le plus présent pour elle. Loin de là, il passait plus de temps en Sibérie et au Sanctuaire. Il ne lui accordait pas autant de temps qu'à Shun, Seiya, Shiryu ou même Ikki. Il passait même plus de temps avec son Maître Camus. Le Cygne eut un pincement de regret au cœur. Elle ne méritait pas vraiment qu'il l'oublie autant.

« Saori-san ? », appela-t-il doucement en approchant pour s'agenouiller près d'elle. Les yeux pers papillonnèrent et se tournèrent vers lui.

« Bonjour Hyoga. J'espère ne pas te déranger. », répondit-elle avec un léger sourire poli. Elle avait des cernes sous les yeux remarqua Hyoga. La dernière fois qu'il l'avait vue aussi épuisée et anxieuse c'était lors des Guerres Saintes. À l'époque, elle avait littéralement le poids du monde sur les épaules. « Tu peux laisser les marques honorifiques de politesse de côté », proposa-t-elle lentement.

Saori savait comment agir avec Seiya et Shun. Mais Hyoga restait une énigme par moments pour elle. Le Cygne agissait toujours avec froideur et neutralité avec tout le monde. Il n'y avait vraiment sûrement qu'Andromède pour arracher facilement un mot ou un sourire à Hyoga, ou alors Seiya et son humour. Saori avait un autre statut. Elle était la réincarnation d'Athéna. Elle était leur cheffe suprême. Mais elle avait toujours voulu être leur sœur. Elle aurait aimé sauver ce lien précieux qu'elle avait désiré si fort après leur retour de leurs entraînements. Mais tout s'était emballé après le vol de l'armure du Sagittaire. Elle secoua légèrement la tête. Les yeux bleus la fixaient avec une certaine curiosité. Elle aurait aimé pouvoir avoir avec Hyoga la même relation complice qu'avec Seiya et Shun. Mais ce n'était peut-être pas aussi simple avec tout le monde. Quoi qu'elle ait progressé avec Ikki, ils s'étaient étrangement rapprochés pendant qu'il jouait au garde du corps. Il était d'ailleurs le seul à qui elle avait dit où elle allait. Et c'était bien parce qu'elle venait voir le Cygne, qu'il avait laissé couler comme il disait. Saori sursauta quand elle sentit la main de Hyoga attraper la sienne. Le Cygne fronça des sourcils.

« Tu es gelée. Tu aurais dû faire du feu. », commenta-t-il en prenant son autre main dans les siennes pour les réchauffer un peu. C'était vrai que sa peau était chaude contre la sienne légèrement glacée.

« Tu sais je n'ai jamais fait de feu de ma vie ! Je n'ai même jamais campé… Puis je ne peux théoriquement pas tomber malade. », répondit-elle avec un léger sourire amusé.

« Donc tu voulais tester ta théorie sur le fait qu'être Athéna te protège des maladies ? », questionna-t-il en frictionnant ses mains fines.

« J'étais en toge à Asgard pour éviter que les glaciers ne fondent. J'ai survécu. », lui fit-elle remarquer avec un peu de taquinerie.

« Vraiment ? Merci du rappel. », la taquina-t-il un peu. Il lui lâcha finalement les mains. « Je vais faire du feu… Et après tu me diras pourquoi tu es ici. », proposa Hyoga avec un léger sourire. Il s'inquiétait un peu pour elle.

Le Cygne se remit debout. Et il prit quelques bûches et du papier près de l'âtre pour faire un bon feu. Cela réchaufferait l'air ambiant. De plus bientôt la nuit tomberait. Le feu et les bougies seraient le meilleur moyen d'avoir de la lumière. Il ne fallut pas longtemps pour que le feu prenne. Saori présenta ses mains aux flammes pour les réchauffer un peu. Malgré ce qu'elle avait dit, elle ressentait la froideur et l'engourdissement liés à la température basse dans l'isba. Elle soupira légèrement de bien-être. Hyoga se rassit près d'elle et il observa en silence le jeu des flammes pendant quelques secondes. Saori ne dit rien non plus. Elle savourait le moment. Et elle essayait de se souvenir quand était la dernière fois qu'ils n'avaient été que deux. En général, elle le rencontrait au Sanctuaire lors des visites officielles, ou au Japon quand il visitait ses amis. Et depuis que Shun avait son propre appartement, Hyoga, tout comme Ikki, préférait loger chez lui lors de ses visites plutôt qu'au manoir. Elle pouvait comprendre pourquoi et elle respectait ce choix. Les yeux pers regardèrent en coin le jeune homme blond. Il semblait l'observer avec attention aussi discrètement que possible. Elle supposait qu'il cherchait à deviner la raison de sa présence en ces lieux.

« Donc, que me vaut l'honneur de ta présence chez moi ? », demanda finalement Hyoga en penchant légèrement la tête pour mieux l'observer. Il ne manqua pas la petite grimace de Saori.

« Je pensais que tu ne relancerais pas le sujet. », confessa-t-elle de manière assez directe. Elle lissa machinalement son pantalon, comme elle le faisait avec ses robes quand elle était nerveuse. C'était assez rare qu'elle porte un pantalon pour être remarqué. Et le Cygne se demanda si elle était venue du village à pied.

« Je ne suis pas assez vieux pour oublier si vite. », plaisanta-t-il avec un léger sourire. « Tu sais que je peux sentir ton trouble… Enfin ton Cosmos dégage une certaine lassitude et mélancolie. »

Hyoga avait toujours été direct quand il parlait. Il n'était pas du genre à faire de grands discours ou des détours pour obtenir une information. Pour autant, il avait gardé une voix relativement chaleureuse et douce. Peu importait les raisons de sa présence, Saori ne semblait pas au mieux et il voulait qu'elle se sente bien ici. Elle semblait avoir besoin d'une pause et de réconfort. Généralement, c'était plutôt vers Shun qu'elle se tournait quand elle avait besoin qu'on la console. Saori avait une relation privilégiée et unique avec chacun d'eux. Il ne savait pas trop où il se situait dans son cercle intime, mais il savait qu'il n'était pas un simple Saint de Bronze à ses yeux. Après tout, ils avaient en quelque sorte grandi ensemble. Il faisait partie de ceux qui l'avaient accompagnée dans chaque combat. Le Cygne ne savait pas comment il pourrait l'aider. Il n'avait aucune idée du problème qui assombrissait son esprit.

« Gérer le Sanctuaire est plus simple que la fondation Graad. », murmura Saori en fixant les flammes dansant dans la cheminée. « C'est assez compliqué parfois de négocier. Je ne suis qu'une jeune femme après tout… Cela étant, Ikki m'a été d'un grand secours. » Un fin sourire amusé prit brièvement place sur ses lèvres rosées alors qu'elle se remémorait la scène.

« Ikki ?! », répéta Hyoga. « Je croyais que c'était Seiya qui était ton garde du corps et parfois Shun. » Il peinait à imaginer le Phoenix remplir ce rôle volontairement.

« Ah j'ai offert des vacances à Seiya. Il en avait bien besoin. Shun a ses examens et il est assez fatigué. Je ne veux pas l'épuiser non plus. Et Shiryu est en Chine, il doit aider Shunrei avec leur mariage après tout. », expliqua lentement Saori sans le regarder. Elle faisait preuve de prévenance avec tous. « Et toi, tu vis ici. Comme Ikki était présent, il a bien voulu jouer un peu au garde du corps. Finalement ce fut relativement amusant. »

« Ikki et amusant dans la même phrase ? Parle-t-on toujours du frère de Shun ? », taquina Hyoga. Il constata que Saori se détendait petit à petit. Mais il pouvait imaginer la scène sans plus de détails. En général, un simple regard du Phoenix suffisait à faire peur à n'importe qui, même à un guerrier habitué au combat.

« Hum oui. », répondit finalement Saori. Elle bougea pour s'installer de manière plus confortable. « Après j'ai eu besoin de souffler. J'ai dit à Ikki que je venais ici et je suis partie. Sans prévenir. Je voulais… J'ai besoin d'un… Comment dire. Un refuge. Un endroit calme pour… Me ressourcer et recentrer. Et tu as toujours réussi à me calmer, à m'apaiser et me permettre de contrôler mes émotions, de rester calme alors… Je sais que j'aurais dû prévenir avant de débarquer chez toi. » Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure.

« C'est un peu chez toi. Le lieu d'entraînement appartient au Sanctuaire. », fit remarquer Hyoga. Il évita de répondre à la première partie de sa phrase. Il était surpris d'avoir cet effet-là sur elle. Mais il supposait que cela venait de son côté froid et neutre, qui présentait une façade calme la majeure partie du temps. Il pouvait le comprendre.

« Peut-être. », murmura-t-elle en secouant la tête. « Mais ce n'est pas ce que je voulais dire. Juste… » Saori semblait peiner à trouver comment s'expliquer en cet instant. Hyoga fit le choix de ne pas insister plus que cela sur le sujet.

« Restes-tu longtemps ? », questionna-t-il pour faire la conversation.

« Je peux repartir aujourd'hui même. Je ne veux pas m'imposer. », répondit Saori en tournant légèrement la tête vers Hyoga.

Il y eut un nouveau silence entre eux alors qu'ils s'observaient mutuellement. Hyoga fronça un peu les sourcils. Saori soutint le regard un moment. Finalement la jeune femme détourna les yeux pour admirer le jeu d'ombres et de lumières des flammes. L'obscurité s'étendait lentement à l'extérieur. Dans le calme de l'isba, ils pouvaient entendre le vent polaire souffler sur la plaine. En tournant la tête vers les petites fenêtres, Saori constata qu'il neigeait à nouveau. C'était plutôt un spectacle apaisant et serein. Saori aimait la neige en général. Elle ne saurait expliquer pourquoi. Elle sentit ses muscles se détendre légèrement. Et elle avait moins froid maintenant. Elle sentait la chaleur du feu colorer légèrement de rouge ses joues. C'était réconfortant cette tiédeur qui se répandait dans la pièce principale. Saori n'avait pas vraiment réfléchi d'où elle dormirait, combien de temps elle resterait en Sibérie. Elle voulait juste trouver un refuge auprès d'un de ses frères de cœur. Et c'était de Hyoga en ce moment qu'elle avait besoin, plus que des autres.

« Tu peux rester aussi longtemps que tu le désires. Tu seras toujours la bienvenue ici. Et il y a deux chambres. », déclara le Cygne avec un sourire. « Bon par contre, il faudra aller au village chercher de vivres demain. Et malheureusement tu vas devoir cuisiner. Je n'ai pas de personnel pour tout faire ici. »

« Je peux essayer, mais je ne promets rien pour le repas ! », rigola légèrement Saori. Elle n'avait jamais été très manuelle. Et pour ce qu'elle en savait Hyoga n'était pas le meilleur cuisinier au monde.

« Je peux cuisiner. Tu peux aider. Mais ce ne sera pas de la grande cuisine. Tu sais plutôt cuisine simple : viande ou poisson grillé, pommes de terre et légumes cuits dans de l'huile. Mais je peux te promettre en dessert un chocolat chaud fait maison. Et si tu te fies à l'avis de Shun, mon chocolat est délicieux. », proposa Hyoga avec un peu d'humour.

« Marché conclu. », Saori lui tendit la main pour sceller leur accord. Le silence revint quelques secondes entre eux. « Je peux ? », demanda énigmatiquement la jeune femme.

Le Cygne se contenta d'acquiescer de la tête. Saori bougea pour s'allonger sur le tapis confortable et elle déposa sa tête sur les jambes de Hyoga. Avec un léger soupir, elle ferma les yeux. Elle profitait amplement du calme qui émanait du Cygne et de son Cosmos. C'était apaisant pour elle qui avait les idées un peu noires ces derniers jours. Elle n'était après tout qu'une jeune femme d'à peine dix-huit ans qui devait gérer non seulement une fondation multinationale, une fortune familiale mais aussi un Sanctuaire et des Guerriers, avec des accords de paix pour éviter de nouvelles guerres. Si elle tenait debout c'était parce qu'elle pouvait s'appuyer sur Tatsumi, son personnel, mais surtout sur eux. Et cela avait toujours été le cas. Depuis qu'ils avaient leurs Armures Sacrées, ils étaient ses repères et sa force. Certes elle se devait d'aimer de la même manière tous ses Guerriers et Amazones. Et elle les adorait tous. Elle leur était à tous et toutes reconnaissante pour leur dévotion et protection. Mais Seiya, Shun, Hyoga, Shiryu et Ikki avaient une place à part. Ils étaient devenus dans sa tête et dans son cœur ses frères spirituels, sa famille de cœur. Elle avait besoin d'eux, de ce qu'ils pouvaient involontairement lui offrir. Et elle espérait qu'elle leur apportait quelque chose en retour.

Saori ne sursauta pas quand les doigts de Hyoga se perdirent dans sa longue chevelure. Au départ, il semblait juste la recoiffer lentement et discrètement. Peu à peu les mouvements devinrent des caresses réconfortantes. Le Cygne continua pendant de longues minutes en silence ses gestes tendres pour apaiser son esprit tourmenté. Saori ferma définitivement les yeux et elle savoura l'attention amicale et fraternelle. C'était plus commun avec Shun ce genre de gestes tendres. Même Seiya était plus prompt à lui offrir des câlins pour la consoler que les autres. Mais elle allait de surprise en surprise. Et peut-être qu'elle commençait à réussir à tisser ce lien précieux qu'elle désirait depuis des années avec eux. Après tout, Ikki lui avait offert un câlin. Et maintenant Hyoga s'y mettait aussi. Certes il était plus courant qu'elle s'appuie contre le Cygne qu'elle ne s'approche du Phoenix. Mais les choses changeaient lentement. Elle espérait juste que cela ne pourrait aller que vers un mieux.

« Je vais m'endormir si tu continues. », murmura-t-elle sur le ton de la confidence.

« Tu sembles en avoir besoin. », répliqua posément Hyoga. « Si tu t'endors, j'irais préparer le souper. Demain on ira au village acheter quelques trucs, et après si tu es en forme ou le lendemain on ira promener. J'ai un truc à te montrer que tu vas adorer. »

« Non, je veux t'aider à préparer le repas. », rétorqua un peu têtue la jeune femme.

« Très bien. Je sens que ça va être amusant. », Hyoga imaginait sans peine la scène. Voir Saori avec un couteau à éplucher des légumes serait sûrement amusant.

« Ne te moque pas ! Je prends le risque de manger ce que tu prépares. D'après les autres tu es un horrible cuisinier ! », répliqua-t-elle en bougeant la tête pour l'observer un peu mieux. Elle plissa des yeux dans la pénombre.

« Tu veux savoir un secret ? Je n'aime pas cuisiner. Mais je ne suis pas aussi mauvais que je leur fais croire depuis des années. », expliqua-t-il avec un clin d'œil. « Mais il faut que ça reste notre petit secret. » Saori se contenta de lui offrir un sourire complice et de rire un peu. Elle pouvait bien garder cela pour elle. Après tout, elle allait profiter des talents culinaires de Hyoga, parce qu'elle n'y connaissait vraiment quasiment rien en cuisine. Enfin elle savait faire cuire un œuf. Un jour elle demanderait à Andromède de lui apprendre quelques trucs pour épater les autres.