Merci à vous toutes pour les reviews de la fois dernière
J'ai vraiment cru que j'allais passer à la casserole mais ça va vous avez été bienveillants
La cité Impériale
L'absence de toute odeur marécageuse la gênait. C'était affreux… il manquait quelque chose. L'air paraissait plus sec aussi, dans cette pleine à proximité du Mont Da Chao. C'était la première fois depuis leur internement qu'elle sortait de l'école. C'était un nouveau monde qui s'ouvrait devant leurs yeux. Aux portes de la capitale, les gardes leur ordonnèrent de faire halte. Les voir armées ne leur inspirait rien. Karen sortit alors le cachet officiel de la Sororité, avant de le tendre à un des soldats. Rien qu'à voir leurs visages blêmir à la simple vue du sceau, ce fut assez satisfaisant pour le trio.
-Allez-y passez…
Sans un mot, les trois femmes pénétrèrent dans la ville, fièrement assises sur leurs Chocobos de combat. Le plus jeune fantassin regarda son aîné et murmura :
-Des Sœurs ? Des vrais ? Je croyais que ce n'était qu'une simple légende urbaine.
-Oh, que non… elles existent bel et bien Tanjiro. C'est la crème de la crème de notre pays. Celui qui s'en prend à une Sœur… ne revient jamais. Elles sont surentraînées pour tuer. Avoir des Sœurs dans nos rangs… c'est avoir le Léviathan en personne nous porter secours.
ooo
-Des Sœurs… ce sont des Sœurs…
-Oui… regarde-les…
-On dit que ce sont des sorcières…
-Des femmes qui se battent…
-Je croyais que ce n'était que des histoires…
-Regarde-les…
-Pourquoi sont-elles ici ?
-Elles font peur, Maman…
-Gloire au Wutai…
-Le Léviathan en personne est venu nous sauver…
Les murmures et les rumeurs fusaient autour d'elles. Etaient-elles si impressionnantes que ça ? Au point de devenir des légendes vivantes ? Xian Ying était à côté de Karen :
-Dis, tu ne trouves pas qu'ils en font un peu trop sur nous ?
-Je pense que ce doit être rare de voir des gens de la Sororité débarquer dans la Capitale. Après ne fais pas attention, ils nous prennent pour des Sœurs, mais nous ne le sommes pas encore officiellement. Autant rester sourdes à leurs remarques.
-Oui, tu as raison. Nous sommes venues voir Godo. Pas écouter des racontars et des on dit sur nous, renchérit Vuong Chan.
-C'est fou quand même, ils n'ont jamais vu des membres de la Sororité, ou quoi ?
-Sans doute, murmura Karen, en période de paix, les Sœurs veillent sur les villages… en période de guerre… c'est une autre paire de manche. Nous sommes des aspirantes de la Capitainerie Impériales, les filles. Tâchons de montrer ce que nous valons pour obtenir ce grade.
-Compte sur nous, chef.
Chef… elle ne voulait pas que ses amies la voient comme le leader de leur groupe. Elle ne cherchait pas à l'être… le sentiment que tout reposait sur ses épaules était insoutenable… enfin… si elle devait avoir une armée entière sous son commandement, autant prouver sa valeur en devant celles qui avaient confiance en elle… et convaincre Godo en personne. Les mots de Juen Li avant son départ était comme un écho dans sa tête :
« Les hommes croient que les femmes sont faibles. Mesure ta force contre les hommes. Fais preuve de créativité comme tu l'as toujours fait. Ta place dans un Commando est en jeu, Karen. Personne ne doit te la prendre. »
C'était une pression en plus, pour elle, mais aussi pour ses camarades. Karen visait le Commando de l'Oiseau Vermillon. Xian Ying Le Dragon Azur et Vuong Chan la Tortue Noire. Heureusement pour elles, leurs formatrices leur avaient accordé quelques heures d'enseignement des coutumes à la Cour, ainsi que les principales règles de l'étiquette et du protocole. Faisant partie de l'armée et non de l'aristocratie, elles n'avaient besoin que du minimum au niveau protocole. Elles n'étaient pas des invitées de marques comme des représentants d'états ou encore la haute noblesse du Wutai. Toutefois, rien qu'à l'idée de rencontrer l'Empereur en personne, les jeunes femmes étaient nerveuses.
Ne rien laisser paraître… c'était le mot d'ordre de la Doyenne. Quand elles franchirent le pont menant à la Pagode impériale, Karen ressortit le message comportant le fameux sceau et les hommes les laissèrent entrer, avec une pointe de crainte dans leurs yeux. A l'intérieur de l'enceinte, elles descendirent de leurs montures qui furent aussitôt prises en charges par les palefreniers impériaux. Un chambellan se présenta à eux et s'inclina respectueusement. Les trois jeunes femmes en firent de même, avant de suivre en silence leur guide. Le palais abritait la noblesse, les aristocrates et la très haute fonction administrative. Les Maîtres Impériaux suivit des hauts conseillers et toutes leurs suivantes, s'attardèrent un temps pour observer les nouvelles arrivantes. Bien sûr, la haute fonction impériale avait été prévenue trois mois à l'avance pour organiser cette rencontre et préparer l'arrivée de l'élite. Elles étaient des invitées de marque, quoiqu'on en disait.
Elles n'étaient pas en visite touristique. Le palais était ouvert au peuple uniquement deux jours dans l'année : à l'anniversaire de l'Empereur et le Jour de l'an.
Il s'agissait d'une visite d'état, en d'autres termes, leur venue était purement politique et militaire. Alors il fallait être présentable. En premier lieu, le chambellan les intima à rejoindre le palais des bains où elles seraient lavées, parées et habillées, pour convenir aux règles de la Cour. Les servantes s'inclinèrent devant leurs clientes et préparèrent leurs bains avec beaucoup de soin et d'attention.
Tout un luxe auquel les jeunes filles n'étaient pas du tout habituées. L'eau chaude, les éponges fines, les parfumeries et autres lotions de soin du corps les gênèrent plus que leur faisaient du bien. Le bain dura bien une bonne heure et demie, avant une toilette complète qui se composait d'une séance de coiffure, de maquillage et d'ornement. Karen grimaça quand une des employées brossa sa chevelure :
-Est-ce vraiment nécessaire tout cela ?
-Vous allez vous présenter devant sa Sainteté l'Empereur, il est primordial que vous soyez apprêtée pour cette rencontre.
-Vous serez bien entendu habillée avec les plus belles armures faites sur mesure par votre armurière. Elles sont arrivées une semaine avant votre arrivée, le temps que vos chambres soient préparées pour votre séjour.
-C'est un privilège d'être une invitée de sa Sainteté l'Empereur.
-Pour le Léviathan, vous yeux…
Karen poussa un soupir agacé :
-Oui je sais. Je les ai depuis ma naissance. Je suis née comme ça.
-Evitez de parler de ses yeux, s'il vous plaît, la défendit Vuong Chan, ça a tendance à la rendre très irritable.
Sans un rien ajouter de plus, leurs coiffeuses reprirent leurs tâches en silence. Karen gratifia du regard son amie et attendit d'être enfin « présentable » aux yeux de l'Empereur…
Vêtues de peignoir, les jeunes femmes furent conduites dans un passage secret qui les menait directement à leurs chambres respectives. Là aussi, le luxe démesuré des suites mis Karen très mal à l'aise, par manque d'habitude. Même la chambre de la Doyenne était beaucoup plus sobre et humble. Elle jeta un coup d'œil par de-là les fenêtres de papiers, qui s'ouvrirent sur un jardin intérieur. Petit certes, mais elle croyait revoir le jardin de la Sororité, là où elle aimait se reposer et profiter de la quiétude. Elle sourit et laissa l'air entrer chassant peu à peu l'odeur forte et irritante de l'encens.
Elle poussa un bruyant soupir :
-Tandis que nous contentons du strict minimum, la haute noblesse se la coule douce dans les soieries et les dorures…
Derrière un paravent, Karen découvrit son lit... beaucoup trop grand à ses yeux. Elle pouvait facilement accueillir au moins quatre filles de son âge. Quand elle s'y assit, elle découvrit avec horreur que le matelas était bien trop mou pour elle. Elle plongeait littéralement dans les draps et s'y noyait dedans.
Sa consolation, fut de voir l'armure que lui avait faite l'armurière de la Sororité. Une très belle pièce d'apparat, où était gravé un Léviathan d'or sur le plastron et la jupe en cuir et en armure se mariait bien dans les tons sombres. Quelques dorures discrètes et finement réalisées étaient visibles aux extrémités.
La rouquine l'essaya et se regarda dans une glace. Habillée ainsi, elle se croyait être une Sœur, une vraie. Elle croyait percevoir le regard fier de Juen Li, et aurait voulu la voir, voir son expression de la découvrir porter les couleurs de l'école. Sur le mannequin, il restait enfin le fameux casque orné d'une très belle gueule ouverte qui protégeait son visage. Elle le mettrait peut-être… pour le moment, l'armure lui suffisait…
-Plus qu'à être digne… digne de la Sororité…
ooo
Le chambellan les attendait patiemment. Il se faisait tard, il était temps que les invitées prennent un bon et chaud repas. Elles furent alors amenées à la caserne militaire où mangeaient les soldats assignés à la garde impériale. C'était une atmosphère que reconnaissaient un peu plus les futures Sœurs. Cette odeur de cuisine, cette ambiance guerrière que dégageait les hommes et surtout… l'air lourd et sérieux. Elles étaient un peu plus dans leur élément.
Les hommes venaient de tourner leurs regards vers elles. Certains étaient curieux, d'autres peu accueillants et pour une poignée d'entre eux, la venue des membres de la Sororité réveillait une forme de rivalité.
Devant tous ces regards et ces impressions, les filles se contentèrent de les ignorer et de s'installer à une table, l'air de rien. Elles prendraient les hommes de haut pour affirmer leur place.
Le maître cuisinier leur servi des pâtés impériaux, des brioches de riz et quelques gyozas assortis à des fèves de Da Chao. Un homme, bien curieux de voir la tête que feraient ces demoiselles devant dureté de la graine, s'attabla à leur table :
-On va voir si vous êtes dignes du Wutai. Je parie que vos dents vont se casser.
Karen répondit avec un sourire, prit une Fève, et montra ses dents la broyer sans sommation. Devant la mine déconfite du soldat, elle continua à mastiquer, bruyamment, ce qui mit mal à l'aise l'importun. Elle fut rejointe par ses comparses qui en firent de même. Ce fut un concert qui devint insupportable. Après avoir avaler, Karen étira un sourire aimable :
-Ca te va comme réponse ?
L'homme ne répondit et se leva brusquement, toute fierté envolée. Les autres s'occupèrent de nouveau de leurs bols, voulant juste se faire oublier.
-C'est ça, casse-toi, ricana Xian Ying.
-Les hommes je vous jure, renchérit Vuong Chan.
-Je viens du Continent et je mâchouille ça comme du pâté chaud, murmura Karen à ses amies, comme quoi, tout le monde est capable de le faire.
-Il suffit de trouver le point faible de la fève, intervint un homme. Puis-je me joindre à la table de la Sororité ?
Il était très aimable. D'une politesse qui ne laissa pas les filles indifférentes. Karen inclina la tête :
-Si c'est si gentiment demandée, ma foi, prenez place.
D'un geste courtois, l'homme se mit en face d'elle. Il souriait aimablement et secoua la tête :
-Pardonnez le comportement bourru de ces messieurs, c'est rare de voir une femme ici. Nous ne devrions pas nous arrêter à la différence de sexe.
-Enfin un qui réfléchis. Quel est votre nom ?
-Tochizo Hijikata. Capitaine de la légion du Serpent d'Or. Et vous ?
-Karen. Voici Xian Ying et Vuong Chan.
-Enchanté. Vous êtes là à la demande de l'Empereur ?
-Oui, nous aspirons à entrer dans les Commando de l'Oiseau Vermillon, le Tortue Noire et le Dragon Azur.
-Vous visez le haut du panier dis donc ! La guerre est à nos portes, vous avoir parmi nous est un grand honneur. Le Léviathan lui-même nous prête main forte. Vous venez du Continent ?
-Oui, j'ai été adoptée par le Wutai quand j'étais encore qu'un bébé.
-Ca se voit. Vous avez de beaux yeux… je n'en ai jamais vu de tels avant…
Karen ne répondit pas et se contenta d'entamer sa brioche. Hijikata se reprit :
-Si je vous ai offensé…
-Nullement ! C'est rare que l'on complimente mes yeux si… uniques.
-Pour me faire pardonner de cette impertinence… accepteriez-vous un duel ? Duel amical, j'entends.
Mesurer sa force avec celle d'un homme ? L'idée lui plaisait. Un sourire rempli de défi s'étira, ainsi qu'une brûlante détermination luisait dans ses iris :
-Très bien, j'accepte.
-Alors rendez-vous dans la cour d'entraînement de la caserne à minuit.
Il se leva et s'inclina devant le groupe, avant de partir. Vuong Chan ricana :
-Je crois qu'il a mordu à l'hameçon.
-Hein ?
-Arrête tu as vu comment il t'a regardé ?
-Je ne suis pas attirée par les hommes, et c'est juste un combat amical.
-Oui, oui… bien sûr !
-On va y croire !
-Merde vous deux !
Exaspérée, Karen termina son bol assez rapidement avant de se lever et sortir :
-Je serai dans ma chambre.
Le soudain éclat d'humeur de la jeune femme amusa ses comparses qui prirent leur temps… mangeant également la part de leur amie.
Ce séjour au Palais Impériale risquait de ne pas être aussi ennuyeux qu'il n'y paraissait…
