Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour un atelier, trois contraintes piochées au hasard ! J'ai eu : trois personnages exactement, une adelphie, un prince / une princesse
pre canon
Jaime avait toujours été nostalgique du temps qui passait. Peut-être était-ce parce que son enfance c'était brutalement terminée à la mort de sa mère, peut-être parce que les deux années auprès de Aerys lui avait arraché la moindre parcelle d'innocence... Quoi qu'il en était, Jaime trouvait que les années passaient trop rapidement.
Cependant, aucune année ne s'était écoulée aussi vite que celle qui avait suivit la naissance de Joffrey. Il avait l'impression qu'il avait serré la main d'une Cersei en pleurs seulement la veille... alors qu'en réalité, il tenait maintenant la main du petit prince pour l'aider dans sa marche encore vacillante.
À ses côtés, sa jumelle semblait être d'une humeur toute aussi mélancolique.
Dire que Joffrey a déjà un an...
C'est vrai. Il est si grand ! Et déjà si déterminé, plaisanta Jaime en voyant le bambin râler de voir que son attention n'était plus dirigé envers lui. Je suis là, mon prince, vous n'avez aucune raison de protester.
Ayant eu gain de cause, Joffrey retourna au babillage joyeux qui accompagnait ses quelques pas.
Son fils qui marchait... Jaime était ému de pouvoir vivre de tels moments. Si Robert avait eu un tant soi peu d'intérêt envers son héritier, ce dernier aurait été entraîné pour une journée de festivités et repas gargantuesques. Heureusement, pour ne pas changer, le roi n'avait même pas réalisé l'importance de la date, permettant indirectement à Jaime de profiter de ce moment rien qu'à eux. Cersei et leur enfant... que pouvait-il demander de plus ?
Jaime était en train de se dire que ce moment était l'un des plus parfaits de sa vie lorsque la magie de l'instant fut brisée par le garçonnet lui-même.
Fier d'avoir réussi à rejoindre sa mère, il avait tendu les bras vers Jaime, bafouillant :
- Pa... pa...
Joffrey n'avait encore jamais parlé.
Jaime aurait dû être heureux de se voir devenir le premier mot de son fils.
Et pourtant, une chape de plomb lui tomba dans l'estomac.
Joffrey ne devait pas dire ce genre de choses, ni même seulement y penser. Personne ne devait se douter de sa véritable filiation.
Cersei se mit alors à reprendre l'enfant, lui expliquant clairement que Jaime était son oncle – Robert est ton papa, tu m'entends ? Bien que ces mots lui brisent le cœur, il laissa faire sa sœur.
Sitôt l'explication terminée, Jaime se dirigea vers la sortie ; il ne fallait pas embrouiller plus longtemps Joffrey. Mais avant de franchir la porte, il regarda une dernière fois Cersei et leur fils. Il n'avait pas eu besoin de regarder sa jumelle pour savoir qu'elle en était arrivée à la même conclusion : plus jamais ils ne devraient partager de tels moments.
À partir de maintenant, Jaime ne s'autoriserait plus à être l'oncle attentionné. Tout ce qu'il sera pour Joffrey désormais, c'était un parfait étranger.
