Bonjour,

De nouveau j'ai enchaîné un chapitre après l'autre ! Bizarrement pour cette fic mon inspiration semble fonctionner comme ça : les chapitres se suivent deux par deux. Remarquez, j'imagine que ce n'est pas pour vous déplaire, lol.

J'espère que celui-là sera aussi à la hauteur de vos espérances … Il est un peu plus long que prévu, mais je crois que c'était un passage essentiel.

Et j'ai réussi à caser une ou deux répliques pas évidentes dans ce défi, alors je suis contente (j'espère que tu ne seras pas déçue Mayura, lol).

Merci déjà aux lecteurs qui m'ont reviewé sur le chapitre précédent, c'est très agréable et constructif pour moi d'avoir vos impressions chapitre par chapitre, c'est utile dans la construction de l'histoire.

Trêve de blablas (pour une fois que ce n'était pas long, notez bien !), place à la lecture !


Te revoir

Chapitre 4 : Incertitudes

Quand j'ouvre les yeux, je mets quelques minutes à me rappeler où je me trouve. C'est finalement la fourrure roux flamboyant de Pattenrond, qui dort sur mon torse, qui m'indique que je suis allongé sur le canapé-lit de mes deux meilleurs amis. Je m'étire, et profite de la semi pénombre du salon pour me réveiller en douceur. Après un moment, je décide de me lever : je soulève doucement le gros chat de Hermione, le prend dans mes bras, et me dirige jusqu'à la cuisine avec l'animal dans les bras. En chemin, je me dis avec ironie que décidément, ma camarade a toujours eu de l'affection pour les bestioles aux poils roux !

Quand j'entre dans la petite cuisine, j'y trouve la maîtresse des lieux attablée devant un grand bol de chocolat chaud, un livre à la main.

« Tu ne peux pas t'empêcher de bouquiner dès le matin, hein ? » je lui fais d'un ton taquin, mais pas méchant.

Elle lève les yeux vers moi, surprise, puis me dit : « Tu es déjà levé ? Je pensais que tu dormirais un peu plus longtemps … »

Je jette un coup d'œil à l'horloge murale : elle indique 7h45. Je soupire. Il n'y aura donc pas un seul jour où je serais capable, comme quand j'étais adolescent, de dormir au-delà de 8h du matin ?

« L'entraînement … » je lui réponds avec lassitude, tout en m'asseyant en face d'elle.

Elle se lève pour venir récupérer son chat –toujours endormi dans mes bras-, puis me sourit avec tendresse tout en ébouriffant ma tignasse, qui elle, est toujours aussi broussailleuse et désordonnée que dans ma jeunesse.

« Bon, et qu'est-ce que tu prends au petit déjeuner, mon grand ? » Beaucoup ne supporteraient pas qu'on leur parle comme à un gamin. Moi j'adore. J'ai si peu connu ma mère que je crois bien rechercher ces petites attentions toutes maternelles chez les femmes de mon entourage. Sans doute Hermione l'a-t-elle senti, aussi s'en donne-t-elle à cœur joie quand elle peut. Et comme Ron n'aime pas trop ça, elle se rattrape sur moi … avant de le faire avec ses propres enfants, plus tard !

« Heu, je sais pas. Qu'est-ce que tu me proposes ? »

Elle ouvre un des placards en bois clair, et me dit : « On a de tout tu sais, c'est pour ça que je propose … »

« De tout, vraiment ? »

Elle me fait un clin d'œil : « Avec un ventre comme Ron, faut assurer … »

Je lui souris, et lui répond alors : « Ben, moi le matin je mange plutôt des céréales. J'aime bien les Rice Krispies, tu sais, de Kellog's … Mais bon, ça m'étonnerait que tu aies ça. » Mione est moldue, donc elle a eu l'occasion d'en manger, comme moi, dans sa famille d'origine ; mais elle ne doit sûrement pas en avoir dans le monde sorcier.

Effectivement, je la vois refermer le placard qu'elle avait ouvert. Mais elle se dirige vers un autre, plus à gauche, et à ma grande surprise en ressort le paquet de céréales tant convoité.

« Depuis que je lui ai fait découvrir, quand je l'ai amené chez mes parents, Ron ne jure plus que par les céréales le matin. » m'explique-t-elle dans un sourire. « Alors du coup, quand il va du côté moldu, son père nous en ramène plusieurs paquets, de toutes sortes. » Elle pose les céréales devant moi, ainsi qu'un bol et une cuillère, avant d'aller me chercher une bouteille de lait. « Toi et lui, vous êtes pareils : de vrais gamins, à manger ça le matin ! »

Dans sa bouche, ça sonne comme un compliment : comme si c'était la chose la plus adorable du monde. Je me verse mon petit déjeuner dans le bol, et lève un regard un peu sombre vers mon amie :

« Mais nous ne sommes plus des enfants … malheureusement. »

Hermione me jette un petit coup d'œil, puis pose Pattenrond à terre. Le chat remue un instant, puis tourne en rond et se recouche sur le carrelage, se rendormant. Je n'ai jamais vu un animal aussi paresseux ! A part peut-être mon meilleur ami, qui doit être encore en train de dormir comme un bienheureux à cette heure-ci.

Ma camarade se lève de table pour venir s'asseoir sur la chaise à côté de la mienne.

« Harry … » murmure-t-elle doucement. « Pourquoi dis-tu ça ? »

Je lui jette un coup d'œil en coin, puis me concentre de nouveau sur mon bol, dans lequel j'entends crépiter doucement les céréales. « Tu le sais très bien … » Ma voix n'est plus qu'un souffle.

Hermione lève les bras au ciel, et s'exclame : « Oh, mais il faut que tu arrêtes aussi ! Tu ne vas pas te bouffer la vie éternellement avec ça, quand même … »

Cette fois mon regard se braque directement sur le sien : « Mione ! C'était la guerre ! Comment pourrais-je oublier ? »

Elle me regarde sérieusement, et me dit : « Il ne s'agit pas d'oublier. Personne ne le pourra, à moins d'avaler une potion d'amnésie … et encore, je ne suis même pas sûre que ça soit assez efficace. Ce que je veux dire, c'est qu'il faut que tu arrêtes de culpabiliser. Tu n'es pas responsable de tous les malheurs qui arrivent autour de nous ! »

Je soupire, et repousse le bol de céréales. Cette discussion m'a coupé l'appétit. Mais mon amie ne l'entend pas de cette oreille : elle repousse le bol devant moi, et me met de force la cuillère dans la main. Tandis que je la regarde, surpris, elle me fait de son ton autoritaire qui nous faisait tous trembler à Poudlard :

« Harry, je ne plaisante pas. Tu n'es pas la cause de ce qui est arrivé. Tu en as même été la solution … » Comme le lui jette un regard énervé, elle continue : « Je ne vais pas te faire le coup de la fan hystérique, arrête … Simplement, le fait est là : tu as fait la part du boulot qu'on te demandait. Tu as tué Voldemort et permis à tous de reprendre une vie normale. Sortis de là, je ne vois vraiment pas où est le problème. » Nous gardons le silence un instant, puis elle reprend, lissant les plis de sa chemise de nuit. « Que tu restes marqué par ce que tu as vécu, c'est normal … Je ne vais pas faire de la psychologie à deux mornilles, mais ça me paraît naturel que tu sois traumatisé par ça. Maintenant, ça ne t'empêche pas de tout faire pour reprendre une vie normale … »

« Vie normale ? Vie normale ! Hermione, tu en parles comme si c'était facile. Et ça l'est sans doute pour certains … Mais regarde toux ceux qui sont marqués à vie, physiquement : Dean, Ron … »

Elle me lance un regard empli de colère, et persifle : « Je ne crois pas que l'un d'eux se soient jamais plaints de quoique ce soit … »

Je secoue la tête : « Non, bien sûr. Ils sont même très courageux, je trouve. Je les admire. Simplement, je … »

Elle se lève de table, comprenant soudain le fond de mon problème : « Ah je le savais bien ! Tu te sens coupable de ce qui leur est arrivé ! »

Je lève un regard contrit vers ma meilleure amie : « Si je ne les avais pas entraîné là-dedans, ça ne serait jamais arrivé … »

« Parce que tu crois qu'ils ne t'auraient pas suivi quand même ? » Elle semble vraiment s'emporter, en cet instant. « Merde, Harry ! Ce sont tes amis, ils te suivraient au bout du monde, même si tu ne le voulais pas. Il faut bien que tu aies conscience de ça : tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé, et tu as même fait ton maximum pour que tout s'arrange. Alors tu n'as pas à t'en vouloir. Tu n'as rien à regretter. Et surtout, surtout, tu as le droit d'être heureux, toi aussi … »

« Mais … » je tente encore, mais c'est cette fois la voix de Ron qui m'interrompt.

« Harry, nous nous sommes heureux aujourd'hui. Pourquoi toi, tu n'y aurais pas droit ? »

Nous nous retournons vers mon camarade, debout devant l'entrée de la cuisine. Mione s'avance vers lui :

« Tu es réveillé ? »

Il sourit, puis grimace tout en s'ébouriffant les cheveux : « Avec vos hurlements, c'était pas dur … » Hermione rougit, aussi énervée de ses mots qu'embêtée de l'avoir sorti de son sommeil. Mais elle se rassérène quand il lui caresse doucement le bras en lui souriant encore. Puis il se retourne vers moi, et continue :

« Elle a raison, vieux. Tu n'as pas à t'en vouloir de ce qui nous est arrivé. Personnellement, je suis même plutôt content de mon sort … »

Je me lève et lui fais face : « Si je n'avais pas été là, ta jambe serait sans doute en meilleur état … »

« Non, si tu n'avais pas été là, je serais sans doute mort à l'heure qu'il est. » Son ton s'est durci. C'est si rare chez mon ami, que j'écoute alors attentivement ce qu'il me raconte. Il continue : « Je sais que tu n'as jamais aimé ce rôle, mais tu as été le héros de cette guerre. C'est nul, mais c'est comme ça. Mais tu n'étais pas seul, ne l'oublie pas non plus. »

« Je ne l'oublie pas ! Ron … par Merlin, ce n'était pas mon intention de dire que vous n'aviez rien fait pendant la guerre. Au contraire ! Sans vous, je … »

Il me coupe dans mes excuses d'un sourire : « Je sais, vieux. Tu n'es pas comme ça, à nous oublier. On a toujours été unis, tous ensemble, tu le sais … »

« Oui, je le sais. » dis-je d'un ton plus calme.

Les yeux de Ron redeviennent sérieux : « Alors pourquoi veux-tu absolument être seul à porter ce fardeau ? »

Je reste cloué sur place, scotché par ses paroles. Ron ne parle pas souvent sérieusement, mais quand il le fait, il faut reconnaître qu'il sait tomber juste. Sacrément juste. Je baisse les yeux, fixant le carrelage intensément. Hermione s'approche alors de moi, et me pose une main sur le bras :

« Harry … Harry, regarde-moi. Ron a raison, tu sais. Etre le héros de l'histoire ne t'oblige pas à rester seul pour faire face au monde. Tu es avant tout un être humain ; tu as droit à tes faiblesses et tes instants de doute … comme tout le monde. Tu as le droit de ne pas savoir comment faire. Mais tu n'as pas le droit de rester seul dans ton coin à souffrir. »

Je relève la tête et suis accueilli par son sourire, si doux et bienveillant. Ca me fait un bien fou : j'ai tant besoin qu'on veille sur moi, moi aussi … Même si je me refusais à l'admettre.

Ron intervient de nouveau : « Et puis tu sais … Nous, je sais pas si on est capables de t'aider à porter ce fardeau. Je veux dire, nous on veut bien, mais peut-être qu'on n'est pas les personnes dont tu as besoin ou envie pour ça. Mais il existe forcément quelqu'un qui peut t'aider … »

Hermione hoche la tête, approuvant ce qu'il vient de dire. Elle me questionne du regard, attendant de voir ce que je vais ajouter. Mais je ne peux rien dire, là. Je sens les larmes me monter aux yeux : c'est beaucoup en une semaine, tout ça, ma rencontre avec Malefoy, puis les mots de mes amis. Je ne sais plus trop où j'en suis ; ce que je me sens encore capable de faire. J'ai tellement l'habitude d'être fort que là …

« Te sens-tu prêt à t'ouvrir aux autres ? » me murmure Mione.

Je lève un regard douloureux vers elle, et hausse les épaules, avant de trouver enfin la force de parler. Désignant de la tête Ron, je réponds : « Il a su fissurer le masque derrière lequel je me suis voilé jusqu'à présent … Voilé aux autres et à moi-même … Alors, avant de pouvoir m'ouvrir comme ça à quelqu'un d'autre, il me faudra sans doute du temps … »

« Du temps … ou la bonne personne. » conclut d'un ton entendu Hermione.

Je sens à ce moment Pattenrond qui se frotte contre ma jambe en ronronnant. Nous le regardons tous les trois, et il nous renvoie un regard suppliant.

« Je crois qu'il a faim … » note avec pertinence Ron, avant d'ajouter : « Et puisque je suis levé, moi aussi je crois que je vais m'attaquer au petit déjeuner. »

Hermione et moi rions, de façon autant sincère que cathartique après cet échange entre nous, et la jeune femme se dirige vers les placards pour nourrir ces deux ventres qui habitent chez elle. Attendri, je la regarde taquiner Ron sur son appétit, et mon ami lui couper la parole en l'embrassant. Mes amis sont heureux, c'est vrai. Ils ont su se trouver l'un l'autre, créer entre eux cet équilibre dont ils avaient besoin. Ils font chacun un métier qui les passionne, sont fiancés depuis une semaine maintenant : malgré les difficultés passées, ils ont su faire confiance à l'avenir et avoir envie d'y tenter quelque chose ensemble.

Ils n'ont peut-être pas tort : moi aussi je devrais enfin me lancer dans la grande aventure qu'est la vie. Après avoir frôlé autant de fois la mort, il serait enfin temps, après tout …

Même si cela signifie affronter mes vieux fantômes, une fois de plus. Mais cette fois pour les exorciser. Plus pour les laisser me dominer.

C'est ce que je vais faire. Si j'en ai la force. J'en ai en tout cas la volonté : c'est un bon début, non ?

Et si j'échoue, je pourrais au moins ne pas regretter de ne pas avoir tout tenté.

Aussi, quand Hermione se retourne vers moi pour me demander ce que je veux faire de ma journée, je lui réponds que je vais aller faire un tour … seul.

« Oh non ! » s'exclame alors Ron. « On ne t'as pas vu pendant cinq mois, et tu viens juste de te poser chez nous … Tu aurais même pu venir ici dès ton retour, au lieu d'aller à l'auberge … »

« Je ne voulais pas vous déranger, vous veniez de vous fiancer. »

« Oui, c'est vrai … mais là, on voulait passer la journée avec toi, tous les trois. » reprend-il.

Je souris, puis m'adresse à eux deux d'un ton sérieux : « Oui, je comprends. Moi aussi j'en ai envie … mais là, j'ai besoin de faire le point, seul. »

« Tu sais où tu veux aller te promener … pour ça ? » me demande mon amie.

Je fixe ses prunelles chocolat : « Oui. Là où nous avons tous du mal à retourner. Là où pourtant tout a commencé et où tout a fini, en un sens. Là où je trouverais les réponses à mes questions. »

Hermione ferme les yeux, et hoche doucement la tête. Après un moment, elle me regarde de nouveau et dit simplement d'une voix douce : « Tu passeras le bonjour à McGonagall, si tu la croises, d'accord ? »

C'est à ça qu'on reconnaît les vrais amis : ils vous comprennent, même sans paroles. Ils vous pardonnent, même sans excuses. Et ils vous aiment, même sans raison.

Cela fait longtemps que je n'ai pas mis les pieds à Poudlard. Bien sûr, depuis la fin de la guerre j'y suis déjà retourné, mais sans jamais prendre le temps d'y rester. De m'y attarder. Et de me réimprégner de l'ambiance qu'il y a ici.

J'avance doucement à travers le grand parc, longe la forêt maudite jusqu'à revenir près de ce lac qui m'a vu pleurer et maudire mon sort tant de fois. Je n'ose pas encore me retourner pour faire face à la grande bâtisse de pierre, mais je la devine dans mon dos, imposante mais paisible. Toujours debout, malgré les années. Malgré la guerre.

Doucement, je m'assieds sur l'herbe sèche, au bord de l'eau, et essaie de profiter simplement de l'instant. Mais les souvenirs, les regrets et la douleur tentent sans cesse de revenir, affluant vers moi par vagues, comme ces petites ondées que la brise pousse jusqu'à la rive, sous mes pieds. Je pose la tête sur mes bras repliés sur mes genoux, et tente de faire le vide. De me dire que le passé est bien derrière moi, que je peux avancer. Mais tout semble me tirer en arrière. Rien ne paraît m'attendre devant moi. Rien qui ne vaille vraiment la peine.

Et je sens, inexorablement, mon esprit pencher une fois de plus du côté du regret, de la tristesse. Au mieux, du néant, annihilant tout en moi, le bon comme le mauvais. Le meilleur comme le pire. Toute vie, tout espoir.

Je relève la tête, sentant les larmes monter aux yeux. Par Merlin, et dire que je suis là pour tirer enfin un trait sur mon passé, pour arriver à vivre sans me raccrocher sans cesse à cette douleur passée ! Mais je n'y arrive pas … Ron et Hermione ont peut-être raison : seul je n'y arriverais sans doute pas. Mais qui pourrait bien m'aider à m'en sortir, si eux, les personnes que j'aime le plus au monde, ne le peuvent pas ?

« Harry ? » fait une voix étonnée derrière moi.

Je me retourne et aperçoit Draco, qui se tient debout à quelques mètres de moi. Que fait-il là ?

« Je te croyais reparti pour le monde moldu … » je lui glisse d'une voix un peu cassée.

Il se passe la main dans les cheveux, tentant de se départir de sa surprise et de sa gêne de me trouver là. « C'était le cas … »

Je me relève enfin, et fait quelques pas dans sa direction. Comme il paraît petit, silhouette frêle se découpant sur le fond de la grande bâtisse qu'est Poudlard. Il me fixe alors de ses prunelles grises :

« Je suis reparti, mais … »

« Tu es revenu. »

Un petit silence revient nous entourer. Nous sentons juste le vent nous frôler, presque timide, comme s'il n'osait pas briser la bulle dans laquelle nous semblons tout à coup enfermés tous deux.

Enfin, Draco fait un pas vers moi, murmurant, visiblement embarrassé : « Après notre rencontre, de l'autre jour, je … Ca m'a remué, tu sais. Je n'aurais pas pensé à ce point. Je ne comptais pas revenir après ça. Mais … »

D'accord, moi aussi ça m'a secoué de le revoir, mais ça ne m'a pas ébranlé à ce point, quand même … Pourtant, lui, semble une fois de plus osciller entre effondrement et force. Il semble si incertain, si perdu …

« Mais j'avais besoin de te revoir. Encore une fois. Rien qu'une fois. » conclut-il, balayant de nouveau ses cheveux de sa main fine.

Comment ? Que puis-je bien lui apporter, que pourrais-je faire pour qu'il … Je ne sais pas où j'en suis, je ne comprends pas ce qu'il veut …

Il lève vers moi un regard trouble, et je peux presque voir ses prunelles vaciller, trembler. Ce n'est qu'une impression, bien sûr, mais elle est troublante. C'est comme si tout son être se résumait dans ses yeux, et que j'y lisais une funeste prédiction. Comme si je l'y voyais se fissurer ; et une fois de plus j'ai face à lui la sensation de voir une blessure jamais cicatrisée qui continuerait de le torturer.

Si c'est le cas, si vraiment il ne s'est jamais remis de cette guerre, de ce qui s'est passé il y a trois ans, je me demande une chose : comment a-t-il pu tenir le coup, jusqu'à aujourd'hui ?

Sans avoir rien vu venir, tant j'étais perdu dans mes pensées, je sens soudain les mains de Draco se poser sur mes épaules. Je sursaute et lève un regard étonné vers lui, plein d'incompréhension, et d'interrogations.

Il me regarde, puis murmure, d'une voix lointaine :

« Harry … je n'y arrive plus, seul. Là, il faut que tu m'aides. »

Je repense alors aux mots de mes amis, et une pensée me traverse, me foudroie presque : si eux, que j'aime plus que tout, ne peuvent pas m'aider, Draco, que j'ai tant détesté, le pourrait-il, lui ? Serait-ce possible que celui qui puisse m'apporter les réponses dont j'ai besoin soit également celui qui ait besoin des miennes ?

Et si c'est le cas, qu'est-ce que je vais faire …


Je sais, je sais, c'est cruel de couper là, mais si je ne le fais pas, ce chapitre sera beaucoup plus long que les autres (déjà que …). Mais promis, la suite arrive bientôt, avec un dénouement qui ne sera plus très long à venir, cette fic n'étant pas prévue pour faire des kilomètres.