Bonjour : )

Voilà le chapitre 5 de ce défi, qui devrait logiquement se terminer au prochain chapitre. J'espère vous mettre la fin rapidement en ligne, et je pense que cela sera possible, car comme d'habitude pour « Te revoir », mon inspiration marche deux chapitres par deux chapitres.

Au niveau des conditions du défi, j'ai presque tout rempli, le dernier chapitre contiendra, si tout va bien, celles qu'il reste (dont la superbe et très facile « Quand je bois Contrex, je me sens bien ! », hem … Je vais m'amuser).

Un grand merci à tous ceux qui m'ont lu et tous ceux qui m'ont reviewé (dont une nouvelle lectrice, Slydawn : merci pour ta review qui m'a fait un grand plaisir !).

Bonne lecture à tous pour ce nouveau chapitre : )


Te revoir

Chapitre 5 : Interrogations

Pourquoi ?

Assis sur le balcon d'une des plus hautes tours de Poudlard, les jambes pendant dans le vide, j'attends. J'attends de comprendre ce que je fais là, j'attends de comprendre ce que Draco attend de moi.

J'attends qu'il allume sa cigarette et qu'il la fume pour enfin me parler. J'entends le clic du briquet, le son mouillé de ses lèvres qui étreignent la première bouffée, la fumée qui s'échappe comme un dernier soupir.

Je n'ose pas tourner la tête vers lui, et il ne prend pas la peine de me regarder quand il me dit, après un long silence que je commençais à trouver pesant :

« Ca fait bizarre, hein ? »

« Quoi donc ? » Pourtant oui, je trouve ça bizarre qu'on soit assis là, côte à côte, sur ce rebord de fenêtre. Rebord qui a beau être grand n'empêche pas nos jambes de se frôler.

Il laisse la fumée s'échapper lentement de sa bouche à demi-entrouverte avant de me répondre : « D'être là. A Poudlard. Toi et moi. »

Enfin je me recule un peu et le fixe. Après être resté silencieux un moment, je lui dis : « Ce qui me fait bizarre, c'est de t'avoir croisé ici. Je ne pensais pas que tu reviendrais … »

Il va pour porter une nouvelle fois sa cigarette à sa bouche, mais il suspend son geste et reste ainsi, les yeux rivés droit devant lui. Puis il baisse la tête, et murmure, visiblement mal à l'aise : « Moi non plus, je ne pensais pas revenir. Surtout ici. Surtout … »

Puis il me regarde, et de nouveau je vois ses prunelles vaciller, leur gris en devenir plus trouble, plus incertain. Je tente d'ignorer la détresse que je lis en lui.

« C'est vrai que comme tu n'as pas mis les pieds du côté sorcier depuis trois ans … Qu'est-ce qui a bien pu te faire changer d'avis ? Par deux fois, en plus ? »

Il sursaute, mais me répond, après une seconde d'hésitation : « Je … la première fois, c'était exceptionnel. C'était pour le boulot. On m'avait commandé des photos de tombes … »

« De tombes ? » Je dois avoir l'air choqué, car il rougit et se justifie : « Oui … cherche pas, c'était pour illustrer un livre ou je ne sais quoi. » Il hausse les épaules : « Enfin, moi je m'en fous. Je prends les photos, ils en font ce qu'ils veulent … »

« Tu fais un métier vachement malsain quand même … »

« Parce que le tien est mieux, peut-être ? » s'écrie-t-il soudain. Merveilleux ! Nous avons vraiment toujours eu le don de nous énerver l'un l'autre. Il poursuit : « Tu traques les gens pour les tuer ou les livrer à la justice. Toi aussi, en un sens, tu côtoies la mort tous les jours. »

« Oui, mais moi c'est pour régler la situation. Pour que la justice soit faite. J'y participe. »

« Et moi je rends compte de la situation, le plus objectivement possible. »

Un silence, cette fois tendu, vient se poser comme un mur entre nous. Je le vois faire tomber quelques cendres par-delà la fenêtre, puis parler de nouveau, d'un ton qui se contrôle autant que possible : « Bref, pour en revenir à ces photos de tombes, il y en a ici quelques-unes que je voulais photographier pour le boulot. Finalement, je ne l'ai pas fait. »

« Pourquoi ? »

Il me jette un coup d'œil : « Parce que je t'ai croisé … »

Oh ! Il est donc retourné dans le monde moldu tout de suite après avoir filé du café. Il devait vraiment s'être senti mal à l'aise à ce moment pour repartir comme ça. Mais dans ce cas …

« Et pourquoi es-tu revenu, alors ? »

« Parce que je t'ai croisé. » Comme si cette phrase était la réponse à tout. Comme si elle pouvait tout expliquer dans sa vie. Comme si … comme si notre brève rencontre l'avait marqué à ce point. Ca, je ne le comprends pas : moi, ça ne m'a pas tant touché. Peut-être plus intrigué et énervé qu'autre chose, mais pas plus. Et lui, pourtant …

Il doit me voir le dévisager avec étonnement, car il se sent alors obligé d'ajouter, tout en jetant sa cigarette non achevée par la fenêtre : « Laisse tomber, te prends pas la tête comme ça, Harry … Je ne vais pas en faire tout un plat parce que notre rencontre m'a plus marqué moi qu'elle ne t'a secoué. » Il hausse les épaules, et fait : « Même quand nous étions à l'école, c'était déjà le cas : après chacune de nos disputes ou de nos bagarres, moi je ressassais ça pendant des heures et des heures. Je suis sûr que toi, tu oubliais l'incident jusqu'à la fois d'après … Ca a toujours été comme ça, j'ai toujours été plus marqué par toi que tu ne l'étais par moi. Une histoire de destin, sans doute. » Il rigole un moment –mais je n'y sens aucune joie ni aucune ironie : « Tu sais que même quand je t'ai revu sur ce quai de gare, j'ai compris que rien n'avait changé depuis tout ce temps. Je me suis dit « Quoiqu'il se passe, je n'effleurerais jamais son esprit comme il touche le mien, à ce type … ». Alors tu vois, t'as pas à te biler, je m'y suis fait. »

Il se tourne un peu sur lui-même et saute du rebord de la fenêtre jusque sur le sol de la petite pièce où nous nous trouvons (une salle de classe vide, loin des couloirs où nous étions susceptibles de croiser des élèves). Je le regarde alors, et lui dit : « Pourquoi tu m'avoues tout ça ? Que cherches-tu ? »

« Rien. Je pense juste que ça n'a plus d'importance, après tout ce temps. Ca ne change rien que je te le dise maintenant. » Il n'ajoute pas « n'est-ce pas ? » mais son regard en coin, mi-interrogateur, mi-implorant, parle pour lui. Qu'est-ce que je peux répondre à ça, franchement ? Et qu'ais-je envie d'y répondre ?

Mais déjà, il change de sujet : « Et toi, pourquoi es-tu revenu ici ? A Poudlard, je veux dire … Je croyais que tous, toi y compris, avaient du mal à mettre les pieds ici … »

A mon tour de descendre de notre perchoir improvisé. Je balaie du regard la classe, puis repose mes yeux sur mon ancienne Némésis.

« Ca nous rappelle à tous tant de souvenirs … Des bons, mais aussi des mauvais. La plupart d'entre nous préfère ne pas trop ressasser tout ça. Mais on m'a fait comprendre qu'on ne peut pas vivre non plus en oubliant le passé … »

Il esquisse un petit sourire en coin, et dans ce simple geste je retrouve un peu de l'ancien Malefoy. Celui que je connaissais si bien. Et ça me rassure, au fond. « Tu es venu affronter tes anciens démons ? Après tout ce temps ? »

Je le fixe un moment, sérieusement, puis dis : « N'es-tu pas venu pour la même chose ? Aujourd'hui ? »

Il vacille une seconde, et ça ne me déstabilise plus autant qu'auparavant. Je crois que je commence à m'habituer au nouveau Draco, également. A ce mélange de faiblesse et de fragilité, concentrées dans ce corps frêle, qui garde pourtant encore de sa superbe, et qui, surtout, ne s'écroule pas. Jamais. Même s'il semble constamment sur le point de craquer.

Et, comme je le supposais, il se reprend. Il enfonce les mains dans les poches, et en retire son paquet de cigarettes. Il en sort une, tout en me disant : « Je sais pas … Depuis l'autre fois, après ce que tu m'as dit … Je me suis dit que, peut-être, je pouvais essayer d'avancer un peu. Mais bon … »

Il hausse les épaules comme si ça n'avait pas d'importance. Comme si ça n'en avait plus. Il se penche vers ses mains, qui tiennent son briquet allumé, pour enflammer le bout de sa cigarette, mais je m'avance à grands pas vers lui et la lui arrache de la bouche. Il me regarde, scotché, ne comprenant pas mon geste –et j'avoue ne pas bien le comprendre non plus.

Je lui dis cependant, d'un ton sourd, presque menaçant : « Arrête avec ça. Ca te bousille la santé, et ça ne te sert à rien : tu ne les fumes même pas en entier. Alors à quoi bon fumer clope sur clope ? »

Il me regarde d'un air détaché écraser dans ma main sa cigarette, et quand les brins de tabac et de papier tombent au sol dans un petit bruit mat, il dit : « Et bien, mon cher Potter, le jour où tu me trouves une autre drogue qui me permette de tenir le coup comme ça, fais-moi signe. Et ce jour-là, peut-être que j'arrêterais de fumer, oui. »

Je le prends par le col jusqu'à coller son visage tout près du mien : « Arrête … Tu sais très bien que bientôt, ça ne te suffira plus. Tu as commencé par le café, et ça ne t'a plus suffi. Tu fumes maintenant, mais demain, ce sera quoi ? Quand le tabac ne suffira plus à t'abrutir assez pour oublier ? » Je le relâche et il me regarde de ses grands yeux. « Tu es venu ici pour tenter d'apprendre à vivre avec ton passé. Si tu y arrives, tu n'auras plus besoin de ces drogues pour oublier … Alors commence dès maintenant ! » J'ai crié ces derniers mots, et je crois que c'est mon cri même qui m'a fait revenir à la raison.

Pourquoi ?

Pourquoi m'énerver ainsi sur lui ? C'est sa vie, après tout : s'il a envie de la bousiller comme ça, c'est son problème. Et je n'ai pas à m'en mêler. Si encore il était un de mes amis, ça serait normal que je m'inquiète pour lui. Mais ce n'est pas le cas. Ce n'est peut-être plus un ennemi, mais ce n'est pas devenu pour autant un proche.

A vrai dire, Draco Malefoy m'est devenu indifférent.

Oui, alors si c'est le cas, pourquoi est-ce que je me comporte comme ça avec lui ?

Je relève les yeux vers lui, et vois qu'il n'a pas bougé : il se trouve toujours à quelques centimètres de moi. Il me fixe de ses prunelles grises. Et pour la première fois de ma vie, je ne comprends pas ce que j'y lis : ni colère, ni détresse, ni mépris … Il y a bien quelque chose, mais quoi ?

« Harry … je te le redemande encore une fois, et ce sera la dernière. Je veux bien te supplier, mais il y a des limites. Je ne suis peut-être plus le Malefoy que j'étais autrefois, mais même Draco peut garder sa fierté. Alors, je te le redis : il faut que tu m'aides. Tu as bien compris que seul, je ne m'en sortirais pas. J'ai besoin de quelqu'un, et je n'ai personne. Je n'ai que toi … »

« … ton ancien ennemi. »

Il déglutit, mais hoche la tête, acquiesçant.

Oui, la situation est étrange. Nous sommes là, tous les deux, sur les traces de notre passé, qui nous a tous deux tant marqués, tellement blessés. Nous sommes là, à tenter de réparer notre âme, recoller les morceaux de notre cœur et de notre corps brisés par ce que nous avons traversé.

Nous sommes là, tous deux conscients que nous n'y arriverons pas seuls. Que nous avons besoin d'aide.

Et subitement et douloureusement conscients que la seule personne qui pourra nous aider est notre ancien ennemi. Lui, pour moi. Moi, pour lui.

Et plus l'un contre l'autre, pour une fois.

« Qu'allons-nous faire ? » je demande d'une voix éteinte, presque désespérée, pour la première fois depuis trois ans. Enfin, enfin, je craque. Il m'aura fallu le temps pour ça. Il m'aura fallu Draco Malefoy pour enfin ouvrir mon cœur.

Quelle ironie ! La vie est parfois si surprenante …

« Toi, je ne sais pas … » me répond mon vis-à-vis. « Mais moi, je crois que je vais me trouver dès aujourd'hui une nouvelle drogue. Et celle-là, j'en suis sûr, sera enfin assez efficace pour que je puisse vivre avec mon passé. Sans fuir, sans me trahir. Et sans souffrir. »

Je lève un sourcil interrogateur, puis reprend un air courroucé : « Une nouvelle … Ah mais t'es vraiment impossible, toi ! Qu'est-ce que je viens de te dire ? Ca ne servira à rien ! De toutes façons, tu n'écoutes jamais, mes conseils tu t'en fous, hein … Et puis c'est quoi, d'abord cette nouvelle drogue ? »

Il me sourit alors malicieusement, et en cet instant, le nouveau et l'ancien Draco se mêlent : j'ai face à moi un homme changé, je crois. Il s'approche, et, incrédule, je le vois se coller contre moi tout en me murmurant : « Une nouvelle drogue qui s'appelle Harry Potter … Je crois que je vais m'en enivrer jusqu'à la fin de ma vie … » Et là, il va pour m'embrasser dans le cou.

En tout cas, je ne sais pas si c'est ce qu'il comptait faire, parce que c'est à cet instant que je l'ai repoussé de toutes mes forces. Choqué, je lui hurle alors : « Mais t'es malade ! Qu'est-ce qui te prend ? Tu … mais casse-toi ! Tu as perdu les pédales, ou quoi ? Tu t'es imaginé que … Ah ! »

Il se relève, et me lance le regard le plus noir et le plus haineux que j'ai pu lui voir de toute notre vie : « Va te faire voir, Potter ! Espèce de connard … Tu me demandes comment je comptes m'en sortir, je te réponds que j'ai besoin de toi. De toi ! Tu crois que quoi ? Que juste se voir tous les 36 du mois pour boire un pot me suffirait ? »

Il serre les poings, et je sens qu'il se retient de ne pas m'en envoyer un dans la gueule. « Quand je dis que j'ai besoin de toi, c'est que j'ai vraiment besoin de toi ! De ta présence à chaque instant, de ta force, et de ta faiblesse aussi. J'ai envie que tu sois là chaque jour pour moi, qu'on s'entraide, que … Merde, tu le sens pas que je suis pas bien ? Tu le vois pas que ma vie ne tient à rien ? J'avais pourtant cru que tu étais le seul à t'en être rendu compte … »

Il ravale ses larmes, et crache avec hargne : « Pendant ces trois ans, personne ne s'est inquiété de savoir ce que je devenais ! A mon procès, personne n'était là ! Pourquoi je ne suis jamais revenu ici, à ton avis ? Peut-être que pour une fois, j'avais besoin qu'on vienne me prendre la main, qu'on me dise qu'on avait besoin de moi … Mais personne n'était là. » On dirait que son cœur vient définitivement de se briser, et j'assiste, impuissant, à son effondrement, à travers son accès de colère et de désespoir. « Quand je t'ai revu, je ne m'attendais à rien … Mais tu as voulu prendre le temps de me parler, de me comprendre. Toi, tu as essayé de savoir pourquoi je n'étais plus là, pourquoi je n'étais pas bien … Du moins, c'est ce que je pensais ! En fait, peu importe si tout ça n'était que de l'hypocrisie de ta part, ou un mensonge … Le résultat est que j'ai été assez con pour penser qu'en toi, j'avais enfin trouvé la personne qui … »

Cette fois, malgré tous ses efforts, sa voix se brise, les larmes naissent à ses yeux. Il met la main dans sa poche pour attraper une cigarette, par réflexe, puis laisse son geste en suspens. Il reprend d'une voix mourante, ne cherchant même plus à dissimuler son chagrin à mes yeux. « Quand je suis parti, au café, c'est juste que … que ça me faisait trop mal de me dire que celui qui pouvait m'aider, celui qui avait su me percer à jour … c'était toi. Toi, mon ancien ennemi, mon ancien rival. Toi, Harry Potter. J'ai mis du temps à accepter ça, mais … »

Il ravale ses mots, et son chagrin, et sa colère. Et c'est d'un ton froid qu'il me fait alors : « Mais laisse tomber. Oublie. Faisons comme avant, hein : on va repartir chacun de notre côté, toi tu vas oublier, moi je vais ressasser ça, en me disant juste que ce coup-ci, il n'y aura pas de prochaine fois. Et on va en rester là. »

Et il s'en va. Me laissant là. Là, comme un con, comme un abruti.

Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça s'est passé comme ça ? Pourquoi n'ai-je pas su répondre à ce qu'il me disait ?

Je n'ai pas les réponses à toutes ces questions, et moi qui étais venu ici pour résoudre tous les problèmes qui m'envahissaient, je me retrouve encore plus perdu et désorienté qu'avant. C'est définitif, Poudlard n'est plus le lieu où je pouvais trouver refuge, réconfort, soutien …

L'a-t-il jamais été, de toutes façons ? Ma vie ne semble avoir été qu'une succession d'hésitations, d'errements, de doutes … Et aujourd'hui comme hier, je me sens perdu, incertain, seul … terriblement seul.

Mes pas me guident d'eux-même vers la sortie, et je croise quelques élèves qui me reconnaissent après un petit moment d'hésitation. Dans un état de semi-conscience je les entends parler de moi : « le grand Harry Potter », « le Survivant », « le héros de la dernière guerre » … sont les mots qui reviennent le plus souvent. Comme j'aimerais tous les balayer ! Ils ne signifient rien ! Ils ne m'ont jamais aidé, mes titres ne m'ont jamais rien rapporté, ma célébrité m'a plus fait souffrir que jouir … Je ne veux pas de tout ça ! J'ai tant besoin d'autre chose, j'ai tant besoin qu'on me regarde avec d'autres yeux que ceux de l'admiration ou de la reconnaissance … Mais qui peut me donner ça ?

C'est effondré que j'arrive à l'appartement de mes deux meilleurs amis. Ron m'accueille d'un air inquiet en voyant mon air, et m'invite avec empressement à leur raconter ce qui s'est passé. Après un moment à être resté enfermé dans un mutisme hébété, je leur dis enfin tout ce qui s'est passé. Toutes mes incompréhensions, toutes mes hésitations, tous mes doutes.

Quand je finis mon récit, je lève les yeux vers eux, et la seule chose que j'ai le temps de voir, mais sans pouvoir l'éviter, c'est la main de Hermione qui s'abat violemment sur ma joue. La gifle claque dans l'air, dans un bruit presque effrayant.

Ron et moi la voyons se lever, rouge de colère. Elle s'adresse à moi d'une voix tremblante de colère : « Tu es vraiment, vraiment le roi des crétins. Comment as-tu pu faire ça ? Comment as-tu pu être assez con pour … » Ses lèvres palpitent d'indignation. « Harry, tu as laissé filer la seule personne qui pouvait peut-être encore faire quelque chose pour le cas désespéré que tu es … »

« Hermione … tu parles de Draco, là. Draco Malefoy ! Comment veux-tu qu'il soit celui dont j'ai besoin ? Enfin … »

« Ca crève les yeux, abruti ! » me crie-t-elle, ne me ménageant pas, une fois de plus.

Je tourne un regard incrédule vers mon meilleur ami, cherchant à obtenir son soutien, maintenant que sa fiancée est visiblement devenue folle. Mais je suis reçu par son petit air gêné.

« Oh non, Ron, ne me dis pas que … »

« Ecoute vieux, ça me tue de l'admettre, crois-le bien … Je n'ai jamais aimé la fouine, tu le sais mieux que quiconque, mais … Mione a raison, j'en ai peur. » Devant mon air horrifié, il explique : « Vois toi-même : il est le seul à comprendre vraiment ce que tu ressens, le seul à avoir besoin de toi autant que tu as besoin de lui. Et le pire, c'est que c'est le seul qui pourra t'apporter ce dont tu as réellement besoin, parce que lui … lui, il ne te verra jamais avec les yeux de l'ami, ou de l'admirateur. Ca peut paraître paradoxal, mais après tout, n'es-tu pas toi-même un paradoxe à toi tout seul : seul quelqu'un qui t'a côtoyé comme il l'a fait peut t'apprécier à ta juste valeur. Lui, il t'a haï. Il ne peut que t'aimer … »

Je me lève, hagard, regardant mes deux amis, comme s'ils étaient devenus fous … Quelle potion ont-il bien pu avaler pour pouvoir me dire des choses pareilles. Des choses aussi incohérentes, aussi bizarres, aussi incompréhensibles ?

Et moi, quel sort ai-je bien pu recevoir pour finalement penser qu'ils ne sont pas si fous que ça ; et pire : pour me retrouver en cet instant même devant la porte de l'appartement de Draco, à y frapper comme un malade pour qu'il m'ouvre ?


Oui, je sais : c'est toujours cruel de couper aux moments les plus critiques … Mais patience, la fin devrait vite arriver !

Gros bisous,

Rickiss : )