surimigirl : T'inquiètes, je ne compte pas m'arrêter du tout ! C'est la première fois que je m'éclate autant en écrivant une fic ! Sinon je ne t'en veux pas de ne pas pouvoir me lire très souvent ;), je sais ce que c'est, les devoirs… Beurk, rien que le mot me donne de l'urticaire !
Merci et à la prochaine !
Slephie451 : Merci, c'est gentil. Oh, ne t'en fais pas, le R/Hr se fera de plus en plus présent ; n'oublions pas que Harry se doute de quelque chose mais qu'il n'est pas au courant… J'aime les petits scandales !
Bye !
virg05 : Voilà la suite ! Merci !
Thealie : Oui, je sais, Buffy joue la grande sœur qui sait tout mieux que les autres. Mais j'ai essayé de reprendre le comportement qu'elle avait dans la dernière saison, avec les Potentiels. Elle n'arrêtait pas de donner des leçons à ses apprentis, et je trouvais pas mal qu'elle fasse de même avec Harry.
Ouais, pauvre Harry ! Mais c'est cette malchance qui nous donne envie de le consoler, non ?lol !
Bisous !
kelly : Je suis contente que la suite t'ait plu. Eh oui, sont attendrissants ces trois-là…
Bye !
Le Saut de l'Ange : Oui, c'est vrai que l'aide des Potentielles ne serait pas de trop, mais ça ferait trop reamake de la saison 7, non ? Et puis, ce ne serait plus le combat de la Tueuse, l'Unique, l'Elue de cette génération, avec Celui Qui A Survécu. C'est moins drôle
Le passage de la douche t'a plu ? Lol, ça tombe bien parce que je me suis éclatée en l'écrivant. Et j'aime la façon que tu as de dire que tu aimes ! Continus, ça fait chaud au cœur !
A la prochaine,
Bye !
Chapitre 9 : Dépêchez-vous de succomber à la tentation avant qu'elle ne s'éloigne
(NdA : ce qui va suivre est un passage un peu spécial. Il s'agit, comme vous vous en doutez, du rêve d'Hermione, mais vu par les yeux de Harry, comme précédemment. Il ignore donc qu'il voit par Hermione, qu'il se trouve, en rêve, dans le corps d'une fille. C'est comme s'il vivait lui-même la scène, et ce, même si j'utilise la 3ème personne du singulier au féminin.
J'espère que je me suis exprimée assez clairement Bonne lecture !)
Elle pousse un juron étouffé et prend la fuite sans tarder. Elle s'est efforcée toute la semaine de l'éviter, de ne pas le regarder ni de lui adresser la parole, et voilà qu'elle se retrouve dans la même pièce que lui. C'est tout à fait injuste.
Sans prendre le temps de saisir le livre qu'elle a oublié sur la table basse du petit salon, elle tourne les talons et s'éloigne de l'âtre de la cheminée contre lequel il est adossé – qui a été témoin de leur premier baiser. Mais alors qu'elle pose la main sur la poignée de la porte, celle de son ami tourne la clef dans la serrure rouillée. Il lui serait aisé d'imiter son geste en sens inverse, mais elle ne s'en trouve pas le courage. Inspirant un grand coup, elle lui fait face, le regarde passé la main dans ses cheveux rougeoyants tandis qu'il affiche tant bien que mal un air résolu. Elle relève le menton, se préparant à affronter la conversation gênante qui ne va pas tarder à débuter.
« Il faut qu'on parle » dit-il, sa voix défaillant juste un peu trop.
Elle est tentée de feindre l'indifférence, de demander de quoi il tient tant à parler, et faire comme si cette pièce n'avait aucune importance à ses yeux. Cependant, ses mots se coincent dans sa gorge et la nouent. Elle déglutit avec difficulté.
« Je crois que c'est assez clair » répondit-elle, la scène de la semaine dernière lui revenant et embrasant ses joues. « Je t'ai dit ce que je ressens pour toi, et tu n'as rien trouvé de mieux que de me sauter dessus » La rancœur perce dans sa voix. Cela fait trop longtemps qu'elle garde cette désagréable impression d'avoir servi à assouvir les pulsions à son ami.
Ses yeux s'écarquillent et il paraît consterné. « Mais d'où tu sors ça ? »
Elle lève les yeux au ciel. « Cesse de nier, tu es ridicule. La façon dont tu m'as prise contre toi était tout sauf platonique. Un peu plus, et… »
Il la saisit par l'épaule et plaque sa main contre sa bouche, les traits tordus en une expression blessée. Elle regrette soudain le sous-entendu équivoque de ses derniers mots. « Ne pense pas ça » dit-il en un souffle. « Tu crois vraiment que j'aurais été capable de te… enfin de te faire quelque chose dont tu n'as pas envie ? Tu me crois assez insensible pour te toucher sans sentiments alors que… tu… m'aimes ?… » Il semble hésiter sur cette affirmation, comme s'il ne la concevait pas lui-même.
Elle est touchée par la sincérité de ses yeux, de sa voix, de ses paroles, de son visage. Comment avait-elle pu ne serait-ce que songer qu'il puisse lui faire du mal volontairement ? Elle esquisse un sourire, qui le rassure. Elle ne remarque qu'à présent à quel point tout son corps est tendu. « C'est vrai, je suis désolée » dit-elle, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. « C'est juste que… Ton attitude pouvait prêter à confusion… »
Il rougit et détourne le regard. « Bon… Peut-être que t'embrasser toute la nuit sans ouvrir la bouche… » Elle éclate de rire. La rougeur de ses joues s'accentue. « Ouvrir la bouche pour parler, ne joue pas à l'idiote. » Elle se calme, respectant son embarras. « Bref, je n'ai pas été très fin, comme d'habitude. Agir comme je l'ai fait alors que tu étais vulnérable et que tu venais de m'avouer… tout ça… Enfin, ça pouvait laisser croire que je profitais de toi, en effet. Mais rien n'est plus faut, je t'assure. Jamais je n'oserai te faire quoi que se soit rien parce que j'en ai envie. Et, bon sang, tu ne peux imaginer comme cette envie est consumante, parfois. »
Elle est soudain certaine que son souffle s'est bloqué entre ses poumons et sa gorge, et que son cœur ne parviendra plus jamais à rebattre. Vient-il de dire qu'il ressent du désir pour elle ? L'heure étant propice aux confidences, elle tâche de se reprendre afin d'amener son ami de manière subtile à se dévoiler entièrement. « Mais alors… » commence-t-elle, d'une voix qu'elle espère hésitante « pourquoi m'avoir quittée si brusquement le matin venu et évité tout ce temps ? »
Il se grata l'arrière de la nuque. « Eh bien… Disons que, après cette nuit-là, je ne pouvais plus te regarder sans repensé à… tes lèvres et… ton corps contre le mien… » Il a prononcé les derniers mots en un balbutiement à peine audible. « J'avais un peu peur de me perdre en te regardant et, surtout lorsque nous étions seuls, de ne plus savoir me contrôler. Donc, te faire quelque chose qui te déplairait. » Il jette un coup d'œil au sol, comme s'il détenait un encouragement à une ultime incertitude. Enfin, il encre ses yeux aux siens, et murmure, le souffle court : « Je t'aime. Et il me serait insupportable de te toucher sans que tu le veuilles autant que moi. »
Elle prend le temps de savourer ses mots, la douceur de leur intonation et la promesse qui y est renfermée. Elle clôt ses paupières, sourit, puis s'approche de lui. Elle l'entend retenir sa respiration. Malgré elle, un sourire malicieux joue sur sa bouche. « Tant mieux » répond-elle, son front effleurant celui de son ami. « Car, pour le moment, le plus insupportable serait que tu ne me touches pas. »
Il la serre contre lui alors qu'elle s'accroche à sa nuque, dévorant ses lèvres, se laissant emporter par une vague de passion et de tendresse.
Harry se réveilla en sursaut, le cœur cognant à vive allure dans sa poitrine. Il mit un certain temps à s'apercevoir qu'il n'embrassait pas Ron et qu'il se trouvait coucher dans un lit en compagnie de ses deux meilleurs amis. Troublé, il retira ses doigts de ceux d'Hermione et se leva, prenant soin de ne pas déranger le sommeil de ses compagnons. Hermione bougea, se recroquevillant contre Ron, qui lui-même se serra contre elle. Harry glissa ses lunettes sur son nez, quelque peu inquiet. Il s'agissait bien de Ron, pas de doute. C'était Ron, qui était présent dans son rêve et pour qui il ressentait un désir si ardent. C'était pour Ron qu'il avait murmuré de si incertaines paroles. Pour Ron encore qu'il avait éprouvé l'irrépressible envie de s'emparer de ses lèvres. Harry sentit un frisson d'effroi parcourir son dos. Non, tout de même. C'était une aberration trop énorme. Il n'était pas homosexuel ? Ce n'était pas parce que son rêve comprenait Ron que… Il poussa un gémissement désespéré. S'il ne se souvenait plus de leurs propos, les sensations, elles, demeuraient bien vivantes. Cela avait été de l'amour pur et dur, du désir aussi brûlant que les braises, une euphorie grisante. Il jeta un coup d'œil à son ami, assoupi tout proche d'Hermione. Les joues en feu, Harry laissa le dégoût déformer ses traits. Non, c'était inconcevable.
Il revêtit des habits simples et confortables, et alla regarder par la fenêtre. La matinée était bien entamée, pourtant, il n'entendait pas le moindre son dans la maison. Dumbledore avait choisi une heure bien tardive pour leur communiquer ses maudites informations. Sans doute tous dormaient-ils encore. Profitant de la somnolence qui s'était éprise de la maison, Harry se dirigea vers la porte de la chambre et sortit, un dernier tressaillement le hérissant alors que son regard s'attardait sur Ron.
Sans bruit, il descendit les escaliers et se rendit dans la cuisine, avec l'intention de se préparer un petit thé en attendant que ses compagnons se réveillent. Mais alors qu'il franchissait le seuil de la pièce, il se figea. Dawn, dos à lui, était déjà attablée, un bol de chocolat chaud fumant devant elle. Elle y tournait une petite cuillère d'un geste distrait, fixant les légers remous qu'elle causait. Demeurant muet et immobile, Harry l'observa. Elle portait une robe d'été bleu clair, qui lui seyait à merveille, et ses cheveux trempés tombaient jusqu'à ses reins. D'évidence, elle venait tout juste de prendre une douche. De petites gouttes d'eau formaient une tache d'humidité sur sa robe, d'autres perlaient le long de ses épaules nues. Elle poussa un soupir, réunit ses cheveux sur le côté, puis essuya ses mains sur le tissu de sa robe. Harry déglutit. Il ne s'était pas attendu à la rencontrer si tôt. S'efforçant de reprendre contenance, il lissa sa chevelure indisciplinée, remonta ses lunettes sur son nez, réajusta ses vêtements, et, lorsqu'il estima être présentable, il s'éclaircit la gorge, prévenant Dawn de sa présence. La jeune fille se retourna, puis lui sourit. Harry s'empourpra.
« Bonjour » dit-il, ses lèvres s'étirant en ce qu'il espéra un sourire avenant. « Bien dormi ? »
« A merveille » répondit Dawn alors qu'il s'asseyait auprès d'elle. « J'ai fait un superbe rêve. Je ne me souviens plus très bien de quoi il traitait, mais cela m'a mise de bonne humeur. Tu veux un café ? »
« Oui, volontiers. » Elle se leva et se dirigea vers la machine à café. Harry prit une petite inspiration, cherchant à chasser les images de son propre rêve qui, quant à lui, demeurait bien net et dérangeant. Tout de même, il avait songé à Ron l'embrassant, lui faisant des avances, le contemplant avec amour… Il frissonna. Comment parviendrait-il à regarder son ami en face, après cela ?
Se posant soudain de sérieuses questions sur ses orientations sexuelles, Harry s'avachi sur sa chaise et reporta son attention sur Dawn. Il se figea. Non seulement, sa robe d'été lui seyait à ravir mais, qui plus est, la mettait en valeur d'une manière qu'il aurait rougie de songer. Le tissu était fin, et Harry remarqua que le vêtement en lui-même n'était constitué que de plusieurs couches d'étoffes évanescentes, vaporeuses, qui flottaient à chacun de ses mouvements. Elle moulait ses courbes prometteuses ainsi que sa silhouette élancée. Bien que Harry trouvât fort agréable d'observer ses formes féminines, le détail qui l'interpella le plus fut la longueur de la robe. Ou, plutôt, la brièveté. Car, en effet, le mince ensemble débutait aux épaules par un décolleté généreux et s'achevait à mi-cuisse par de légères ondulations. Bouche bée, Harry détailla d'un regard ahuri Dawn, pieds nus, juste enveloppée de morceaux d'océan limpide, ses jambes hâlées et d'apparence douce plus qu'exposées à sa vue. Harry sentit alors toute crainte s'envoler ; l'effet que Dawn lui faisait démontrait sans conteste qu'il n'avait aucun penchant pour les hommes.
Dawn, toujours souriante, se retourna et déposa sa tasse devant lui. « Merci » dit Harry ; et s'aperçut que sa voix était bien rauque, soudain.
« Je t'en prie » fit Dawn, reprenant place en face de lui. Puis, alors qu'elle buvait une nouvelle gorgée de son chocolat, elle lui jeta un étrange coup d'œil. « Tu vas bien ? » demanda-t-elle.
« Oui, très bien. Pourquoi ? » répondit-il avec empressement. Il but à son tour, les yeux rivés sur le liquide sombre. S'il osait à nouveau lancer ne serait-ce qu'un furtif regard dans la direction de Dawn, il sentait qu'il ne pourrait plus s'en détacher.
« Tu sembles avoir… chaud » dit-elle, le front plissé. « Tu es tout rouge. »
Harry haussa les épaules d'un mouvement peut-être un peu trop nerveux. « C'est possible, mais ça va. » Il but encore une fois. En effet, il avait chaud. Et pas qu'un peu. La tenue de Dawn était tout bonnement indécente. Comment osait-elle se présenter ainsi ? Certes, c'était l'été et la journée se promettait ensoleillée, mais de quel droit se vêtait-elle d'une robe si outrageante de volupté ? Il était amoureux d'elle, il voulait la serrer contre lui, l'embrasser, et toutes ces choses idiotes dont rêvent les amoureux transis. Ignorait-elle qu'un homme amoureux ne se contrôlait qu'en de rares occasions en présence de son aimée ? Ignorait-elle que lui, en particulier, ne savait plus maîtriser ni sa réflexion, ni ses émotions, et qu'il risquait fort de lui dérober bien des baisers s'il demeurait auprès d'elle alors qu'elle était accoutrée de la sorte ? Non, sans doute pas. Harry avala une gorgée brûlante de son café, s'obstinant à regarder le bois blanc de la table. Dawn Summers était sublime, rayonnante, pleine de cette flamme qui habitait d'évidence son sang, superbe à sa damner, et à la façon désinvolte dont elle affichait sa splendeur, il fut persuadé qu'elle n'en savait rien. Harry soupira. Elle était trop belle pour son propre bien. Comme il lui était pénible de résister à l'envie de se lever d'un bond et de s'emparer de ses lèvres !
« Harry ! »
Il releva la tête de sa tasse, surpris. « Oui ? »
Dawn roula des yeux, un sourire au coin des lèvres. « Tu ne m'écoutais pas, n'est-ce pas ? »
Harry rougit, se demandant s'il était devenu sourd à ses paroles depuis longtemps. Mais il n'était pas humainement possible d'écouter Dawn et de demeurer concentré dans le même temps alors qu'elle ne portait que… ça. « Heu… Non, plus vraiment. Pardon. J'étais… ailleurs. » Oh, ça oui, ailleurs. Et très haut dans les nuages, même.
Dawn sourit, d'un sourire tendre et léger, rien de plus qu'une esquisse, un petit creux à la commissure de ses lèvres rosées où il désirait tant poser les siennes. Il lui rendit son sourire, le cœur dansant de joie. Un silence paisible s'installa, accompagné par les sons du dehors. Le chant sautillant d'un oiseau, la caresse tiède d'une brise, l'ondoiement de l'herbe. Le tout inspirait à Harry une merveilleuse sensation de bien-être comme il n'en avait plus connu depuis longtemps. Goûtant une nouvelle fois à son café, il savoura la simplicité de l'instant.
« Je te demandais » reprit soudain Dawn, replaçant l'une de ses mèches trempées derrière son oreille « ce que t'avais dit Buffy, hier soir, lorsqu'elle t'a sorti de force de ta douche. A-t-elle été… agaçante ? »
Harry eut un bref éclat de rire. « Si, par agaçant, tu sous-entends le fait qu'elle m'a parlé dans une salle de bain embuée alors que je ne portait qu'une serviette de bain, je crois que, en effet, elle l'a été. »
« Mais que t'a-t-elle dit ? »
« En résumé, que j'aurais mieux fait d'écouter Dumbledore de manière plus attentive avant de me renfermer dans mon obstination. En s'alliant aux vampires, Voldemort a entremêlé le destin des Tueuses au mien. Je ne combats donc plus seul. C'est une assez bonne nouvelle, mais cela ne change pas le fait que les vacances ne seront pas de tout repose. »
La légèreté avec laquelle il évoquait sa bataille imminente jurait avec la gravité de la situation. Voldemort lui avait dérobé ses principales sources de joie ainsi que celui qui le rattachait le plus à ses parents. Depuis quand l'envie de dissimuler sa détresse derrière une insouciante audace le prenait-il ?
« Je crois qu'elle a raison » dit Dawn, tournant son bol entre ses mains. « Si tu es avec nous, ça ne sert à rien de te morfondre. Nous avons connu bien pire qu'un sorcier cinglé. Tu n'as rien à craindre. »
Harry eut un maigre sourire. Dawn ne comprenait pas. Elle ignorait ce que toute cette affaire signifiait. « J'ai davantage à craindre, au contraire. » Elle lui adressa un regard perplexe. Se passant une main dans ses cheveux, Harry soupira. « Ce n'est pas pour moi que je tremble. C'est pour tous ceux qui me secourent. Je ne compte plus les fois où Ron et Hermione ont risqué leur place à Poudlard, leur réputation et leur vie pour moi. Par amitié, ils sont devenus les principales cibles de Voldemort car il sait combien je tiens à eux. Il sait à quel point je serais détruit si jamais il s'en prenait à eux. Soit je n'aurais plus la volonté de me battre et je me laisserais mourir, soit, au contraire, je serais pris d'une telle rage que la mort m'indifférerait. En entrant dans vos vies, je vous fais courir le même risque qu'à Ron et à Hermione. Désolé. » Piètre excuse. Mais alors qu'il s'apprêtait à en trouver une meilleure, un son tout à fait inapproprié et incongru se fit entendre dans la cuisine. Harry releva la tête ; Dawn riait.
« Quoi ? » Harry était outré. Il lui dévoilait ses craintes, et elle ne trouvait rien de mieux à faire que de se moquer de lui ! Renfrogné, il se laissa aller contre le dossier de la chaise, les bras croisés. Il détourna les yeux lorsqu'elle se fut calmée et le regarda.
« Oh non, ne te vexes pas » fit-elle avec, cependant, un flagrant amusement dans la voix.
« Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle » maugréa Harry, la moue boudeuse. Il hésita à lui répliquer que son comportement n'incitait nullement aux confidences, mais il se tut. Il savait qu'il serait incapable de lui en vouloir longtemps.
Il entendit Dawn émettre un dernier rire attendri, puis, l'instant suivant, elle se trouvait à côté de lui, son visage tout proche du sien. En une semaine à dormir l'un après de l'autre, ils s'étaient accoutumés à une certaine intimité. Si elle n'avait porté pas une tenue si troublante, Harry n'aurait peut-être pas été si embarrassé par sa proximité.
« Je t'assure que je ne me moquais pas de toi » dit Dawn, l'air sincère. « C'est juste que… Tu n'imagines pas tous les démons et autres puissances qui désirent l'extermination de la famille Summers et de leurs amis. Peut-être amènes-tu comme ennuis avec toi tous les sorciers noirs d'Angleterre. Mais, avec nous, tu peux être certain d'être déclaré ennemi officiel des vampires d'Amérique. Et l'Amérique est tout de même plus grande que l'Angleterre. » Harry sourit, comprenant alors son hilarité d'auparavant. Les lèvres de Dawn s'étirèrent à leur tour, ses yeux pétillant. « Ne te soucie donc pas de ça. Nous devrons nous entraider, voilà tout. Et puis » elle rit « je ne vois pas comment tu peux avoir peur alors que je suis là pour te protéger. »
Harry haussa un sourcil, décidant d'entrer dans son jeu. « Tu crois ça. Je pense plutôt que ce sera toi qui me supplieras de te défendre contre les méchants. »
« Je suis loin d'être une demoiselle en détresse, espèce de macho ! »
« Ce n'était pas l'impression que tu donnais le soir où ce vampire a failli te mordre. »
« Je me débrouillais très bien ! En revanche, toi, tu t'es fais avoir comme un débutant. »
« Mais non ! »
« Mais si ! »
« Oh, oublie ! » s'exclama Harry, en proie à un début de fou rire. « Je n'ai pas assez dormi pour pouvoir me battre avec toi. »
« Mauvais perdant. Avoue plutôt que tu ne trouvais rien d'autre à ajouter. » Alors qu'il s'apprêtait à répliquer davantage, Dawn jeta un coup d'œil à l'horloge murale, puis se leva d'un bond. « Que dirais-tu de préparer un petit-déjeuner à tout le monde ? Je doute que qui que se soit ait assez d'énergie pour se mettre au fourneau, aujourd'hui. »
Harry regard à son tour l'heure. Bientôt dix heures. C'était encore assez raisonnable de déjeuner à présent, surtout en considérant le fait qu'ils étaient en vacances. « Oui, d'accord » répondit-il en finissant son café. « Que faisons-nous ? »
« Aucune idée. » Dawn ouvrit plusieurs placards, farfouillant à l'intérieur. Harry l'observa faire à la dérobée, bien conscient qu'elle serait stupéfaite de constater qu'il la contemplait avec tant d'intensité. Puis il réalisa soudain qu'il aimait beaucoup cette situation. Outre le fait qu'elle était encore plus agréable à regarder que d'ordinaire, se trouver dans une cuisine ensoleillée, chaleureuse, en compagnie de son adorée qui cherchait de quoi préparer à manger lui donnait du baume au cœur. Durant un bref instant, il eut la vision irréelle et étourdissante d'une vie de famille normale. Lui et Dawn, jeunes mariés, s'affairant autour d'un repas, dans une maison à eux. Il réprima le sourire qui démangeait ses lèvres. Oui, ce serait merveilleux. Mais aurait-il un jour droit à ce genre de bonheur ?
« Que penses-tu de faire des tartines ? » dit alors Dawn, le sortant de sa douce rêverie. « C'est toujours agréable à manger, et ce n'est pas compliqué à préparer. Je t'avoue que je suis très mauvaise cuisinière. »
« Tiens, moi aussi. » Harry s'avança et aida Dawn à sortir du placard quelques pots de confiture, de beurre de cacahuètes ainsi que deux baguettes de pain. « Connaissant Buffy, je suppose qu'elle ne serait pas très contente de trouver sa cuisine incendiée à son réveille. Les tartines sont plus raisonnables, tu as raison. »
Ils s'attelèrent donc à la tâche. Ils dénichèrent un couteau à pain, deux autres plus petit pour tartiner, un plat, et commencèrent. Harry grommela contre l'inefficacité de son couteau alors qu'il éprouvait quelques difficultés à trancher la baguette de pain. Les premières tranches qu'il parvint à grand peine à découper étaient inégales, bosselées. A force de miettes inutiles et de trous dans la mie, il réussit enfin à obtenir des tranches dignes de ce nom. Mais il avait tant marmonné qu'il s'était attiré les railleries complices de Dawn. Afin de bien l'agacer, elle en vint à se plaindre que ses tranches trop fines laissaient filtrer la confiture, et celles trop épaisses ne pouvaient pas être mâchées. Harry riposta tant bien que mal, mais les sourires ininterrompus et la robe de Dawn l'empêchaient de réfléchir de manière convenable. Lorsqu'il fut à court de répliques, il jugea plus raisonnable d'oublier la parole et d'agir. Sans trop de cérémonie, il plongea un doigt dans le pot de confiture de mûrs, puis le pressa sur les lèvres de Dawn, les enduisant de la mélasse rouge. Elle se tut aussitôt. Harry se rendit soudain compte de toute la portance de son geste. Il retira son doigt, l'essuyant dans une serviette, et détourna les yeux, sentant son visage s'embraser.
« Ce n'est pas du jeu » dit Dawn. Le ton n'avait été qu'un murmure tremblotant. Harry posa sur elle un regard incertain. La gorge nouée, il la contempla passer sa langue sur ses lèvres couvertes de confiture. « Tu… Tu as triché. » Sans doute voulut-elle poursuivre, mais sa voix s'éteignit. De manière presque inconsciente, Harry s'approcha d'elle, la respiration saccadée. Il leva la main vers son visage, puis effleura sa bouche de son pouce. Ses yeux encrés aux siens, Dawn paraissait figée. Elle déglutit.
« En quoi ai-je triché ? » demanda Harry en un souffle, sans vraiment se soucier de la réponse. Il s'aperçut soudain que son visage était beaucoup plus proche de celui de Dawn que quelques instants auparavant. Comment s'était-il retrouvé là ? Qu'importait. Il s'y sentait bien. Cependant, il était persuadé qu'il se sentirait encore mieux s'il n'y avait plus aucun espace entre eux deux.
« Tu n'avais pas le droit d'utiliser la torture » répondit-elle. Elle se mordilla la lèvre inférieure, consumant les dernières traces de raison qui résidaient en Harry.
« La torture ? » Il ne savait plus très bien ce qu'il disait et, d'ailleurs, s'en moquait. Sa main glissa de la bouche de Dawn pour caresser sa joue de sa paume. Dawn ferma les paupières un bref instant, inspirant un grand coup. Harry se demanda comment il parvenait à résister à l'ardent désir de dévorer ses lèvres sans plus tarder.
« Oh, oublie ça, ce n'est pas important. » Elle avait parlé si près de lui que son souffle avait effleuré sa bouche. L'instant suivant, il s'en emparait en un baiser fébrile et impatient. Leurs lèvres s'entrechoquèrent, maladroites, cherchant autant de contact que possible. Elles se pressèrent avec passion alors que Harry glissait ses doigts dans les cheveux de Dawn. Celle-ci posa des mains hésitantes sur sa taille, le rapprochant davantage. Ils finirent, au bout d'un moment d'égarement, par se contrôler et parvenir à se faire plus tendres. Harry eut un léger sourire lorsqu'il réalisa que Dawn avait le goût de la confiture.
Une fois que leur souffle se fit court, il se séparèrent, les joues en feu. Ils mirent un certain temps à réaliser ce qu'ils venaient de faire, ébahis par un déluge d'émotions qui s'abattit sur eux sans crier garde. Les yeux clos, Harry n'eut d'autre envie que celle de retrouver les lèvres aimées, encore toutes proches de lui, frémissantes, laissant échapper une respiration saccadée. Mais il commit l'erreur d'ouvrir ses paupières dans le même temps que Dawn. Leurs regards se croisèrent, ils s'éloignèrent l'un de l'autre, bouche bée, les yeux écarquillés.
« Oh, c'est pas vrai… » souffla Harry, interloqué.
Dawn, pétrifiée, cachait ses lèvres de sa main. « Je… Je suis désolée » balbutia-t-elle. « Excuse-moi, je… je ne voulais pas… Mais tu étais… et j'étais… Oh, bon sang… »
Malgré son hébétude, Harry fronça les sourcils, son cœur se serrant. « Comment, tu… Tu ne voulais pas ? » fit-il, sentant une affreuse sensation de froid envahir son corps.
« Non, enfin, je… Pourquoi, tu le voulais, toi ? » répliqua-t-elle, légèrement sur la défensive.
« Eh bien, oui, sinon, je ne l'aurais pas fait » avoua Harry, détournant les yeux. Il hésita, puis recommença à placer, comme si de rien n'était, les tartines qu'ils avaient préparées sur le plat. Il perçut les mouvements nerveux de Dawn auprès de lui, mais ne chercha pas à lui adresser la parole, évitant de la regarder. Il nettoya ensuite la table, s'efforçant de dissimuler son trouble. Dawn n'avait toujours pas répondu à sa question, et il sentait son cœur s'alourdir de chagrin à chaque instant. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Non seulement Dawn ne l'aimerait jamais de la même façon que lui mais, de surcroît, il venait de perdre son amitié. Un embarras constant demeurerait entre eux. Ils ne parviendraient plus à échanger le moindre regard, la moindre parole, ils ne pourraient plus se tenir proche l'un de l'autre, ni se sourire sans que leur baiser enfiévré leur revienne. Il le savait. Déjà à présent, la tension était palpable dans la pièce. Comment arriverait-il à supporter de côtoyer Dawn sans la toucher, la contempler, la faire sourire après ce qu'il venait de se passer ? Il ne saurait vivre sans les baisers de Dawn, passionnés et emportés, un peu à l'image de sa famille. Maudit soit-il, lui et ses impulsions incontrôlables !
Alors qu'il s'apprêtait à prendre la fuite en prétextant un besoin pressant, des pas résonnèrent dans l'escalier. L'instant qui suivi, Ron et Hermione pénétrèrent dans la cuisine, adressant des sourires radieux à Dawn et lui. Il s'installèrent auprès de Harry.
« Bonjour » fit Hermione, rayonnante. « Bien dormi ? »
« Ca peut aller » répondit Dawn, la voix voilée de trouble. Mais ni Ron ni Hermione ne parut le percevoir.
« C'est vous qui avez fait tout ça ? » demanda Ron, ses yeux observant les tartines disposées sur le plat.
« Oui » dit Harry avec un sourire. Son ami avait un appétit incorrigible. « Servez-vous. »
Affamés, ils ne se firent pas prier. Après une hésitation, Dawn et Harry mangèrent à leur tour le fruit de leur tâche. Harry fut parcouru d'un frisson lorsque sa main faillit effleurer celle de Dawn. Celle-ci fit mine de n'avoir rien remarqué, mais la rougeur qui s'éprit de ses joues fut éloquente. Elle dévora sa tartine avec un empressement suspect, semblant chercher une bonne raison de quitter la table alors que Ron et Hermione venaient de les rejoindre. Ce fut son amie qui lui offrit une gracieuse échappatoire.
« Pourquoi gardes-tu tes cheveux mouillés ? » s'enquit Hermione. « Tu risques t'attraper froid. »
Harry reconnut un éclair de soulagement traverser les yeux turquoise de Dawn. « C'est… C'est que j'avais chaud en me réveillant, alors je suis allée prendre une douche… Et puis, je… je n'ai pas cru utile de me sécher les cheveux. Mais tu as raison, je vais… je vais le faire maintenant avant d'attraper quelque chose. » Puis elle se leva d'un bond, sortant de la pièce sans un regard en arrière.
Harry poussa un soupir, le désarroi nouant sa gorge en un étau serré. Tu le voulais, toi ? Les mots de Dawn paraissaient être des blocs de glace qui tombaient les uns après les autres dans son estomac, gelant ses entrailles. Bien sûr, qu'il en avait eu envie. Durant un moment, il n'avait plus rien été d'autre qu'une enveloppe dont la chair, le sang, les os, le souffle, le cœur s'étaient gonflés d'envie, de désir incandescent ; une torche embrasée qui n'avait attendu qu'un signe pour enflammer une semblable ; un tourbillon prêt à engloutir quiconque se trouvait sur son passage ; une violente bourrasque s'engouffrant par une fenêtre ouverte. Mais Dawn, elle, n'avait pas voulu de tout cela. Du moins, c'est ce qu'il en avait déduit. Dans le cas contraire, elle aurait répondu, n'est-ce pas ? Elle aurait souri, mordillé sa lèvre inférieure, puis repris possession de sa bouche quémandeuse sans aucune parole. Dans le cas contraire, elle n'aurait pas cherché à justifier son comportement, ni à s'enfuir loin de lui, comme s'il était incapable de se maîtriser. Mais pourquoi avait-elle répondu à son baiser, en ce cas ? Pourquoi lui avait-elle paru si troublée – troublée autant qu'il l'avait été ? Pourquoi avait-il pu s'approcher si près, sentir son souffle caresser son visage, ses mains se poser sur sa taille ? Tout à fait perdu, Harry reposa sa tartine à peine entamée sur la table et se prit la tête entre les mains.
« Harry ? Ca ne va pas ? » Ron et Hermione le dévisageaient d'un air anxieux.
Harry ne tenta même pas de sourire, trop accablé de désespoir pour le dissimuler. « Dawn et moi nous sommes embrassés » dit-il sans ambages. Ses amis échangèrent un furtif regard perplexe, puis reportèrent leur attention sur lui. « Et non, ce n'est pas une bonne chose » ajout-t-il lorsque Ron ouvrait la bouche pour lui poser la question. « Quand nous nous sommes séparés, elle… elle m'a regardé comme si… Elle était catastrophée, et… je lui ai demandé si elle le voulait vraiment, elle m'a retourné la question, mais ne m'a pas répondu… Puis vous êtes arrivés, et elle est partie… Et je ne sais toujours pas si… » Harry gémit, laissant tomber son front dans ses paumes. Il entendit à peine le raclement que produirent les chaises poussées de Ron et d'Hermione. Tout ce qu'il constata, ce fut que, l'instant suivant, ses amis lui frottaient le dos d'un geste apaisant, demeurant silencieux.
« Harry… » commença Ron d'une voix douce.
Mais Harry ne lui laissa pas le temps d'achever sa phrase. « Oh bon sang, je l'aime. » Il ne prit pas garde au sanglot qui avait honteusement trahi sa voix. « Comment vais-je faire ? Je l'aime, c'est incroyable. » Ses mots n'avaient plus de sens, et il s'en moquait. Tout ce qu'il voulait, c'était obtenir le pardon de Dawn.
« Oh bon sang, je l'aime. Comment vais-je faire ? Je l'aime, c'est incroyable. »
Buffy se figea au milieu de l'escalier, vêtue de sa robe de chambre. Elle tendit l'oreille, attentive aux propos échangés dans la cuisine.
« Tu sais » fit la voix hésitante de Ron « peut-être que ça ne veut rien dire. Peut-être qu'elle a juste été gênée… »
« Tu crois ça ? Non… On ne s'enfuit pas après un baiser que l'on a apprécié. Avec une personne que l'on apprécie… » Buffy perçut l'accent désappointé dans le ton de Harry. Elle descendit les dernières marches et se posta à côté du seuil afin de mieux entendre. « Mais pourquoi est-ce qu'elle ne m'a pas repoussé avant que je l'embrasse, si elle ne voulait pas ? » reprit-il.
Hermione soupira. « Elle en avait envie, autant que toi, j'en suis certaine. Mais… Tu ne lui as pas appris tes sentiments avant de l'embrasser, n'est-ce pas ? Vous avez répondu à une impulsion, non ? » Il y eut un silence lourd de sens. Buffy songea que Harry avait dû hocher la tête et ses amis s'entreregarder d'un air entendu. « Eh bien » poursuivit Hermione « comme vous ne vous êtes pas mis au clair avant de passer à l'acte, elle ne sait plus très bien où elle en est. »
« Comment peux-tu en être aussi sûre ? » répliqua Harry.
« C'est évident » intervint Ron. Sa voix paraissait légèrement embarrassée. « J'imagine que votre premier baiser a dû être plutôt… Tu vois ? »
« Oui, en effet » répondit Harry.
« Dans ce cas, elle sait juste que tu voulais l'embrasser au point de t'exécuter et de le lui avouer. Elle ignore si tu l'aimes. »
« Elle ignore si ses sentiments sont partagés. Et c'est… ce doit être perturbant » ajouta Hermione.
« Donc, vous… vous croyez qu'elle… m'aime ? » fit Harry d'une voix incrédule.
Buffy sourit au son de deux soupirs exaspérés. « Evidemment » dit Ron. « Alors dépêches-toi d'éclaircir tout ça avant qu'elle s'imagine que tu cherchais juste à profiter d'elle. »
Un silence surpris suivit cette déclaration. « Pourquoi penserait-elle ça ? » s'étonna Harry. « Elle doit pourtant savoir que je la respecte trop pour agir de la sorte. »
Ron se racla la gorge. Même sans le voir, Buffy devinait ses yeux baissés, sa main grattant l'arrière de sa tête, le bout de ses oreilles rougi. « Eh bien… Les filles sont… bizarres, tu sais. Elles cherchent toujours des raisons à tout. Et si on ne leur donne pas une explication, elles s'inventent elles-mêmes des théories tirées par les cheveux. Enfin, je suppose… »
« Depuis quand essais-tu de comprendre le cerveau des filles, toi ? »
« Peu importe » intervint Hermione. « Je te conseille de courir t'excuser auprès de Dawn. Elle est sans doute en proie à un grand supplice. »
Une chaise grinça sur le sol, mais Harry n'apparut pas au seuil de la porte de la cuisine, comme s'y était attendue Buffy. « Mais qu'est-ce que je vais dire ? » demanda-t-il.
Buffy réprima l'envie qui la prit d'imiter Ron et Hermione lorsqu'ils éclatèrent de rire. Secouant la tête, elle gravit les marches quatre à quatre, décidée à avoir une petite discussion avec sa sœur. Elle perçut une légère agitation en passant devant les chambres de Giles, Alex et Willow. Ils n'allaient pas tarder à descendre se sustenter. Arrivée devant la porte de Dawn, elle posa l'oreille contre le battant. Le son ténu d'un sanglot était couvert par le souffle du sèche-cheveux. Buffy toqua.
« Quoi ? » dit Dawn d'un ton sec.
« Je viens en paix » répondit Buffy avec un sourire. « Aurais-tu l'obligeance de m'ouvrir ? »
« Qu'est-ce que tu veux ? »
« Te parler de notre invité à lunettes. J'ai comme dans l'idée qu'il s'est passé quelque chose entre vous deux. » Dawn demeura muette, le sèche-cheveux remplissant le silence. « Allez, ouvre. »
Le sèche-cheveux s'éteignit, la porte pivota. Buffy se glissa à l'intérieure de la chambre, se tournant vers Dawn. Mais alors qu'elle allait parler, elle se figea. La chevelure de sa sœur était encore humide par endroits, gouttant sur ses épaules nues et sa robe d'été. Une robe dont Buffy ne connaissait même pas l'existence et qu'elle jugea indécente. Bouche bée, elle contempla Dawn.
« Mais qu'est-ce que c'est que cette tenue ? » s'insurgea Buffy, les yeux écarquillés.
Dawn, les yeux rougis, se mordilla la lèvre inférieure, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je l'ai achetée l'année dernière. Elle n'était pas très chère, et… je l'ai trouvée jolie. Et puis, j'ai eu chaud en me levant… » Elle se tut, les joues en feu.
Buffy était sidérée. Sa petite sœur, si timide, si fragile, portait un morceau de tissu aussi petit qu'une serviette. « Je comprends pourquoi Potter n'a pas pu s'empêcher de te sauter dessus. Non mais, tu t'es vue ? »
« Oh, c'est bon, ce n'est pas l'important. Comment sais-tu que Harry et moi, nous… nous sommes… »
« Il en parlait avec Ron et Hermione dans la cuisine. Et il était désespéré. Il croit que tu ne voulais pas l'embrasser, et, en plus, il craint que tu penses qu'il profitait de toi. »
« Mais c'est faux ! » s'indigna Dawn, comme si Buffy était responsable. « Je… C'est juste que je ne savais pas quoi dire… et je n'ai pas eu le temps de m'exprimer. Ron et Hermione sont arrivés au mauvais moment. »
« Alors tu pourras lui expliquer ça lorsqu'il montera. » Dawn écarquilla les yeux, mi-ravie, mi-effrayée. Buffy refoula un sourire. « Il tient à venir s'excuser et à te prouver qu'il t'aime vraiment. »
« Il… m'aime ? » répéta Dawn, la voix tremblante d'émotion.
« A ton avis ? » Elle demeura immobile et silencieuse, attendant que sa sœur réagisse. Dawn, tout sourire, se précipita sur elle et l'enlaça. Buffy lui rendit son étreinte, attendrie. « J'espère que c'est réciproque, parce que sinon, Potter risque fort de se jeter dans le lac. »
« C'est réciproque. » Elle n'avait que murmuré, comme si elle craignait que les mots fassent pâlir le sens de ses sentiments.
Buffy garda Dawn contre elle un certain temps, sa sœur la pressant entre ses bras. Elle la sentait fébrile et toute bouleversée, le cœur battant à l'idée que son doux sorcier puisse vibrer autant qu'elle. Comme elle à son âge, lorsque Angel lui avait offert la bague de Claddagh en gage d'amour (NdA : vous savez, la bague représentant un cœur couronné entouré de doigts ailés.). Buffy était heureuse de son choix. Harry Potter était tendre et gentil ; il serait aimant, la protégerait au péril de sa vie, lui donnerait tout ce qu'elle désirait. Lui-même ayant eu une enfance pénible, manqué d'amour, comme il lui avait raconté, il ferait de son mieux pour Dawn ne souffre jamais comme lui. Pourtant, Buffy savait que devenir la fiancée de l'ennemi mortel de Lord Voldemort n'était pas sans risque. Si les Mangemorts venaient à apprendre quelle relation entretenaient Dawn et Harry, ils chercheraient à tout prix à s'emparer d'elle pour attirer Potter dans leurs filets. Et, le connaissant, Buffy ne doutait pas un instant qu'il y plongerait tête baissée, sans même prendre le temps d'y réfléchir. Elle frissonna et repoussa ses songes sordides. L'heure n'était pas encore à cela. Pour le moment, les deux jeunes gens avaient bien droit à ce bonheur. Buffy souhaita mentalement que sa sœur se sente aussi aimée qu'elle l'avait elle-même été dans les bras d'Angel et de Spike.
Buffy tapota le dos de Dawn, lui baisa le front, puis se sépara d'elle. « Je vais te laisser » dit-elle en lui souriant. « Ton prince ne va pas tarder à venir. »
« Merci » répondit Dawn.
Buffy sortit de la chambre, jetant un dernier coup d'œil avant de fermer la porte. Sa sœur s'était assise en tailleur sur son lit, reprenant son activité là où elle l'avait laissée, ses yeux perdus dans la vague. Buffy finit par clore le battant. En se tournant dans le couloir, elle rencontra les regards interrogatifs de Willow, Alex et Giles.
« Un problème, Buffy ? » demanda Alex.
« Non, rien de grave » répondit-elle. « Dawn et Potter sont sur le point d'officialiser leur couple, c'est tout. »
« Oh, chic » se réjouit Willow. « Et si on fêtait ça ? »
« Oui, bonne idée » renchérit Alex. « Peut-être un dîner au restaurant, et la permission qu'ils dorment ensemble. »
« D'accord pour le dîner, mais pas question que je laisse Harry seul dans une chambre avec ma sœur alors qu'il sait à présent qu'il a le droit de l'embrasser, ne compte pas là dessus » dit Buffy, croisant les bras.
« Ils sont trop jeunes, voyons » dit Willow. « Et Harry est un garçon de garçon de confiance. »
« Je n'étais pas beaucoup plus âgée qu'eux lorsque je l'ai fait avec Angel. Ni vous avec Oz et Faith, que je sache. »
« Je vous en prie » intervint Giles. « Je suis très heureux pour eux, mais il y de plus graves problèmes auxquels songer pour le moment. Nous devons faire des recherches pour combattre Voldemort et nous n'avons pas le temps de fêter la naissance de leur idylle. Ce n'est pas comme s'ils allaient se marier. »
« Non, mais ça ne saurait tarder, cher Giles » répliqua Alex. « J'ai du flair, pour ces choses-là, et je peux vous assurer que nous serons bientôt les voisins de Harry et Dawn Potter ainsi que de leurs trois merveilleux enfants. »
Buffy, tout comme Willow, rit à la petite plaisanterie d'Alex. Mais, au fond d'elle, elle ne souhaitait pas voir sa sœur lui être dérobée trop tôt.
« Mariage ou pas, la priorité est notre défensive à venir » poursuivit Giles alors qu'ils descendaient tous trois à la cuisine. « Nous avons bon nombre de livres à éplucher et nous ignorons quand Voldemort compte attaquer. Il peut très bien s'y prendre dès demain… »
A peine eut-il achevé sa phrase que trois cris suivis d'un grand fracas retentirent dans la cuisine. Buffy, Willow, Alex et Giles s'y précipitèrent aussitôt, et se figèrent. Une dizaine de silhouettes encagoulées s'étaient introduite dans la pièce, brandissant des baguettes magiques vers Harry, Ron et Hermione, qui se tenaient dos à dos. Les chaises et la table étaient retournées, les fenêtres brisées, et les ustensiles répandus à terre, le tout formant une pagaille formidable. Les hommes en noir se tournèrent dans leur direction à leu entrée, mais un seul se chargea de leur lancer un sort, les autres n'abaissant pas leur menace devant les trois amis.
« Stupéfix ! » s'écria l'homme.
Mais Willow s'empressa de lever les mains devant elle, et un champ de force les entoura.
Un autre homme ricana. « C'est cela, cachez-vous, tremblez » fit-il. « Vous nous facilitez la tâche. »
« Qui êtes-vous ? » cracha Buffy, le corps vibrant de rage. Harry, Ron et Hermione s'étaient attrapés les mains et entrelaçaient leurs doigts, sans doute afin de puiser du courage en leur lien. Ils n'avaient pas leurs baguettes magiques sur eux, étaient acculés et sans défense, effrayés, vulnérables, et les hommes encagoulés s'en réjouissaient. Buffy esquissa un mouvement pour s'approcher, mais Giles et Alex lui saisirent le poignet.
« Nous ne sommes que les humbles serviteurs du Seigneur des Ténèbres, Tueuse » répondit un autre Mangemort. « Il se trouve que notre maître souhaite s'entretenir avec Potter et ses larbins, lors de sa venue imminente à Derry, seconde Bouche de l'enfer. D'ailleurs, si j'étais à votre place, je profiterais de temps qui me reste pour déguerpir au plus vite. Notre maître, une fois ses pouvoirs renforcés par les puissances démoniaques, purifiera le continent des Sang-de-Bourbe et des Moldus. »
Hors d'elle, Buffy se dégagea de la poigne de ses amis, obligea Willow à baisser les bras, les libérant du champ de force, puis fonça sur les Mangemorts. Mais avant qu'elle ait pu atteindre Harry, Ron et Hermione, trois des hommes en noir jetèrent en chœur un sortilège, et les trois jeunes gens s'effondrèrent, inconscients. Alors que les hommes s'emparaient d'eux, les transportant sur leurs épaules comme de vulgaires sacs, deux autres se postèrent devant Buffy et l'empêchèrent de s'avancer davantage. Buffy leur asséna de violents coups de coude, sa fureur déchaînée ne demandant qu'à jaillir. Frappant dans les ventres, les jambes, les torses, les dos avec ses poings, ses pieds, ses coudes, ses genoux, elle s'efforça de se frayer un chemin dans la mêlée jusqu'à Harry, Ron et Hermione. Mais les Mangemorts qui tenaient les trois amis étaient tout proches de la porte de sortie, et leurs compagnons formaient une masse compacte entre eux et Buffy. Elle parvint presque à leur hauteur, le sang brûlant, la colère décuplant ses forces, lorsqu'une voix retentit derrière elle.
« Doloris ! »
Des lames chauffées à blanc transpercèrent sa peau et fendirent sa chair. La douleur brouillant sa vue, alors qu'un hurlement strident déchirait l'air, Buffy se laissa tomber à genoux au sol, se recroquevillant sur elle-même. Elle perçut vaguement des sons et des gestes indistincts autour d'elle, mais il lui semblait qu'elle se trouvait au beau milieu d'un brasier. Les flammes dansaient sur elle, l'embrasant de toute part, flouaient le décor en ombre, assourdissaient les bruits insupportables à son oreille. Puis, soudain, la douleur s'en fut. Ses membres étaient lourds et engourdis, sa tête lui tournait, son souffle était court, elle voulait mourir, mais elle était en vie. Sur le point de s'écrouler, Buffy vit apparaître sous ses yeux le visage ombragé du Mangemort qui lui avait fait subir la torture. Elle ne distinguait pas ses traits, toutefois, le sourire narquois qui étirait ses lèvres était tout à fait visible.
« Nous allons emmener tes petits protégés dans une charmante cachette, et, par nos soins ainsi que ceux de nos alliés les vampires, ils hurleront tout comme toi chaque nuit jusqu'à ce que notre maître ne vienne les exécuter » dit-il en un souffle, l'air ravi. « Lorsque le Seigneur des Ténèbres et les vampires obtiendront leurs pouvoirs, la totalité des Tueuses du globe ne pourra rien contre nous. Ce que tu viens d'endurer n'est qu'un avant-goût ; prépare-toi à périr d'une mort lente et douloureuse. Toi, tes amis, ta chère sœur… » Le Mangemort eut un dernier rire, se redressa, puis prit la sortie à la suite de ses compagnons. « Passe une bonne nuit, Tueuse. »
Ne pouvant plus tenir, Buffy glissa de tout son long sur le carrelage de la cuisine, le corps agités de spasmes. Elle sentit à peine Alex la prendre entre ses bras et la soulever ; elle ne vit pas Willow se précipiter vers le lavabo, humecter un mouchoir et revenir vers elle pour le déposer sur son front brûlant ; elle ne prit pas garde aux paroles dénuées de sens de Giles ; elle n'entendit pas le cri de Dawn lorsqu'elle s'aperçut qu'ils venaient d'être attaqués ; tout ce qui occupait son esprit était l'image des corps inertes de Harry, Ron et Hermione, ainsi que l'idée qu'ils souffriraient autant si ce n'était plus qu'elle jusqu'à ce qu'elle les délivre des sbires de Lord Voldemort.
A suivre…
C'est méchant, hein ? Lol, mais j'ai adoré écrire ce chapitre, j'ai hâte de savoir ce que vous en avez pensé. Bon, alors, dans le prochain épisode, nous quittons l'atmosphère Walt Disney que je chéris tant pour quelques temps plus glauques chez nos ennemis vampires et Mangemorts. Mais les chapitres suivants seront très importants pour l'histoire, et jouissifs à rédiger pour moi. Je n'en dis pas plus ! Cette parenthèse à le seul objectif de faire apparaître pleins de petits points d'interrogation au-dessus de vos têtes et de vous donner un tant soit peu l'envie de lire la suite.
Bien, à part cela, j'ai une petite question à vous poser : dans l'optique où Buffy a vingt ans et des poussières après la saison 7, selon mes calculs, trouvez-vous tout à fait choquant qu'elle ait une relation amoureuse avec un jeune homme de presque dix-sept ans ? Je dis cela surtout pour vous préparer mentalement car, même s'il y en a des que ça dérange, je ne crois pas que je changerais d'idée. L'anticipation d'une bonne rigolade m'empêche d'imaginer une suite différente à cette fic que celle que j'ai déjà en tête. J'aimerais juste savoir combien de lecteurs je perdrai au cours des prochains chapitres, voilà
Sinon, bonne fin de semaine et à tout bientôt !
Bye, Sam Dreamangel
