surimigirl : Tu as veillé si tard ? Wouah, c'est dingue… Je suis flattée, vraiment. Le prochain chapitre aussi est assez long ; ne va pas passer de nuit blanche, hein, je m'en voudrais de te priver de ton sommeil réparateur

Merci !

Funnygirl0531 : J'adore ton enthousiaste ! C'est vraiment génial ! Merci ! Voilà la suite (après longtemps, je sais…) avec toutes les réponses à tes questions.

Bye !

Cara53 : Je suis contente que ma fic te plaise. Ca me fait d'autant plus plaisir que l'une des tiennes, Sous la lune d'août, ou quelque chose dans le genre, a été l'une des premières que j'ai lues. Elle s'arrêtait au chapitre 38, je crois. Pourquoi n'est-elle plus disponible sur maintenant ? Tu l'as stoppée ? Dis-moi où je peux lire la suite, ça m'intéressait vraiment !

Encore merci !

Thealie : Que veux-tu… Le vin délie les langues, c'est bien connu.

Contente que tu aies aimé.

A bientôt !

Selphie451 : Heureuse que tu aies apprécié le chapitre, ça fait plaisir. Hein qu'y sont chouquis, Ron et Hermion ? J'adore écrire leurs petits moments, c'est super.

Alors, en ce qui concerne ta remarque, je l'ai prise très au sérieux. Tu peux pas savoir comme ça fait plaisir d'avoir de vraies critiques constructives, parfois. Bref. Pour la façon de parler des persos, je m'inspire de mon mieux des mots des tomes. J'ai donc relu quelques passages dans chaque livres et, en fait, mes dialogues ne sont pas si éloignés de l'histoire originale. Jamais Harry, Ron ou Hermione n'ont juré. JKR a toujours utilisé l'expression : « un juron étouffé, un juron qu'il n'aurait pas osé redire devant Mrs Weasley… » des trucs dans le genre. On ne les voit pas dire merde, fait chier, et autres. Et, de manière générale, les héros de HP comme de Buffy causent plutôt bien. Pis, tu sais, je parle comme un charretier à longueur de journée, l'école que je fréquente est publique et pas très distinguée. J'en ai un peu marre d'entendre tout le monde gueuler des enculés, tu m'emmerdes, va te faire foutre tout le temps. J'aime beaucoup les belles paroles et les beaux mots ; je trouve ça plutôt classe de bien faire parler nos p'tits persos préférés !

Merci beaucoup pour ta super review, c'était vraiment sympa. A plus !

Le Saut de l'Ange : Oh, c'est trop sympa ! Je suis contente que « mon » Ron te plaise, parce que je l'adore et toujours peur de ne pas le faire assez drôle, assez courageux, etc. C'est vraiment un super compliment, merci ! Et Drago, il te plaît ? J'espère, parce que je m'amuse comme une folle ! Attends un peu qu'ils rencontrent Buffy… Les belles disputes que ça va faire, j'en trépigne d'avance !

Merci encore et à bientôt !

Bisous

virg05 : Contente que le chapitre t'ait plu. Voici la suite !

Chapitre 13 : Aux grands maux les grands remèdes

Dawn se plaqua les mains contre les oreilles, les tympans fendus par un brouhaha assourdissant. Autour d'elle, des ombres mouvantes hurlaient et se tordaient de douleur. Elle ne reconnaissait aucune silhouette, aucun visage, ce n'était que des vies souffrant mille morts. Et elle, au milieu de ce chaos, demeurait figée de stupeur, effrayée.

Mais ce fut pire lorsqu'elle perçut, dans ce terrible tumulte, le cri déchirant et trop reconnaissable de Harry Potter. Paniquée, elle le chercha des yeux. Il se tenait un peu plus loin, debout mais prostré, les traits tirés d'une pure douleur. Il se tenait les côtes, la gorge déployée pour laisser échapper un long cri. Affligée, Dawn s'avança d'un pas prudent et posa doucement sa main sur son épaule. Il sursauta, la dévisagea d'un regard perdu.

« D… Dawn ? » fit-il, haletant.

Elle se força à lui sourire. « Oui, c'est moi. »

« Tu es vraie ? Tu n'es pas qu'un rêve ? »

« C'est vraiment moi. Tu n'as pas à t'en faire. » Elle s'approcha davantage, caressant ses cheveux. Il continuait de souffrir, c'était flagrant, mais il contenait à grand peine ses hurlements. « Pourquoi es-tu en cet endroit ? Pourquoi as-tu mal ? »

Harry étouffa un sanglot haché. « Ils l'ont torturée. »

Dawn sentit son cœur se serrer. « Qui ? »

« Hermione. Lucius Malefoy a… a levé sa baguette…le Doloris l'a… Elle avait mal, elle criait… Et c'est de ma faute… Il l'a fait parce qu'il savait qu… que s'il la torturait, il me torturait…En la touchant, il a touché mon… mon cœur… Et il le sait… » Harry fut secoué d'un pleur violent, qui surpassa son premier mal.

Dawn le serra contre elle, regrettant de ne pouvoir le faire pour de vrai. Il enfouit pourtant son visage dans son cou, encerclant sa taille de ses bras. Il tremblait de tous ses membres et ses larmes brûlantes ruisselaient sur son épaule. Dawn déposa un léger baiser sur sa tempe.

« N'aie crainte, Harry » murmura-t-elle. « On va s'en aller. »

Elle ferma les yeux à s'en fendre les paupières et, l'instant qui suivit, elle sentit la douce caresse d'une brise tiède effleurer sa joue. Ouvrant ses paupières, elle retrouva avec soulagement la rive ensoleillée, la rivière, la forêt… Harry, contre elle, parut se détendre un peu. Elle s'assit dans l'herbe, l'entraînant avec elle. Il prit le temps de retrouver contenance, étreignant Dawn comme si sa vie en dépendait. Elle aussi profita du fait qu'il ne la regarde pas, refoulant l'angoisse et les larmes qui montaient en elle. Hermione, torturée par ces monstres, sous les yeux de Harry et Ron. Rien que l'idée l'emplissait d'effroi. Elle comprenait à présent la signification du cauchemar de Harry : les cris étaient sans nul doute ceux de son amie, tout comme la douleur sourdant de lui. Dawn prit une profonde inspiration. Mais c'était fini, désormais. Tant qu'il serait avec elle, il n'avait pas à craindre les mauvais songes.

Harry finit par se détacher de Dawn, retirant ses lunettes un instant afin d'essuyer ses larmes. Lorsqu'il reporta son attention sur elle, un sourire tel qu'elle n'en avait jamais vu joua sur ses lèvres. Qui ne tardèrent pas à trouver les siennes. Dawn lui rendit son baiser, avide de lui.

« Merci, je vais beaucoup mieux, à présent » dit Harry, une fois le baiser rompu.

« Si j'avais su que tu étais dans une telle détresse, je serais venue plus tôt » répondit Dawn. Harry étendit ses jambes devant lui, elle se glissa entre, appuyant son dos contre son torse. Il entoura sa taille d'une étreinte possessive, et posa sa tête sur son épaule. Malgré le sentiment de sécurité et le confort que lui procurait cette position, Dawn ressentit à nouveau l'impatience de la reproduire dans son propre jardin, sur le canapé du salon, sur son lit…

« Pourquoi ne l'as-tu pas fait, au fait ? » demanda Harry, interrompant sa rêverie. Il eut un petit rire. « Grande sœur t'a grondé ? »

Dawn lui asséna une tape sur le bras. « Je n'ai jamais eu peur de Buffy, ce n'est pas maintenant que je vais commencer à la craindre. Et figure-toi que ce n'est pas elle qui m'a grondé, mais Willow. Selon elle, j'ai pris le risque de faire repérer notre maison aux Mangemorts. La magie dont j'ai dû user était conséquente, assez, du moins, pour être perçue par la demi-centaine de sorciers noirs qui se promènent à Derry. Mais il ne s'est rien passé, pour finir. J'ai juste occupé mon lit durant les trois jours suivants, et ils m'ont parus interminables. »

« Oui, à moi aussi. Pourquoi as-tu dû rester au lit ? »

« Comme je n'ai pas de pouvoirs magiques, le sortilège a puisé dans mon énergie vitale, ce qui m'a beaucoup affaiblie. Et, de ce fait, je ne pouvais pas réessayer le sort. Buffy n'a pas fait de commentaires, mais son regard disait : c'est bien fait pour toi. Mais j'ai insisté pour te retrouver moi-même ; je n'avais pas envie que tu partages tes rêves avec quelqu'un d'autre que moi. » Elle s'interrompit un court instant, soudain consciente de ses paroles. Elle rougit. « Enfin, façon de parler. »

Harry sourit, puis l'embrassa sur la joue. « A ton aise. Mes rêves t'appartiennent, alors. » Il savoura son air embarrassé, puis reprit : « Vous avez réussi à faire quelque chose des informations que je t'ai données ? »

« Non, pas vraiment. C'était plutôt mince, tu sais. »

« Eh bien, j'ai des nouvelles fraîches. »

Dawn se redressa un peu, encrant son regard à celui de Harry. « Des nouvelles intéressantes ? »

« Oui, très. Elles nous auraient permis de nous enfuir, mais Hermione a voulu attendre encore un peu, pour voir si tu me contactais à nouveau. A son avis, il serait imprudent de partir sans que vous nous assistiez. »

« C'est sans doute vrai » approuva Dawn. Ne pouvant réprimer sa question, elle reprit la parole avant que Harry n'ouvre la bouche. « Comment… Comment va-t-elle ? »

Il se rembrunit. « Plutôt bien. Elle fait semblant de rien, mais Ron et moi voyons bien qu'elle a encore mal. Et surtout peur. Elle sursaute à chaque fois que la porte de notre cachot s'ouvre. Ron a l'air sur le point de tout casser dès qu'elle grimace, et… franchement, je crois que je suis dans le même état. Ces derniers jours ont été insoutenables. C'est une chance de te revoir enfin. »

Dawn lui caressa les cheveux. « Willow saura la soigner, ne t'en fais pas. » Toutefois, elle savait que ses mots n'étaient qu'un maigre réconfort. Elle se racla la gorge, regrettant d'avoir abordé ce sujet-là. « Alors… qu'elles sont ces informations ? »

« Nous nous trouvons dans un repaire sous-terrain, sous une usine désaffectée à la sortie de Derry. Nous connaissons le sort permettant d'ouvrir notre cellule, le plan exacte des galeries, ainsi que les Mangemorts se baladent parfois dans les couloirs. Ah ; et il ne sera pas trop difficile de récupérer nos baguettes magiques. Mais Hermione pense que Buffy, Alex, Willow, Giles et toi devriez nous attendre à la sortie de l'usine. Les Mangemorts ne sont pas tout à fait stupides et risquent de nous suivre. »

« Cette fille est la voix de la sagesse » fit Dawn, souriante. « Très bien, je le dirai à Buffy. Quand comptez-vous partir ? »

« Le plus tôt possible. »

« Préparez-vous pour ce soir, dans ce cas. Comment allez-vous faire ? »

Harry eut un demi-sourire malicieux. « Notre plan est parfait. Mais je ne te l'expliquerai pas maintenant. Je n'en ai pas envie. »

Dawn fronça les sourcils. « Et pourquoi donc ? Je te signale que je ne sais pas contrôler le sort onirique. Il peut s'arrêter à tout… » Les lèvres de Harry l'interrompirent, et il aurait été impoli de rompre un tel baiser. Alors elle y répondit avec autant d'ardeur.

Ils ne poursuivirent leur discussion que lorsque leur souffle se fut calmé.


Dawn ouvrit ses yeux à contrecœur, revenant à grand peine dans sa chambre, sous les regards scrutateurs de Buffy, Alex, Willow et Giles. Elle fit mine d'avoir les paupières un peu lourdes afin de les garder closes un instant de plus que nécessaire. Elle voulait savourer la sensation de chaleur qu'elle avait éprouvée en compagnie de Harry, ainsi que celle de leurs baisers ardents…

« Ca va ? » demanda Buffy.

Dawn soupira et quitta enfin son rêve. « Oui, très bien. »

Alex émit un bref rire, la mine amusée. « Ca ne m'étonne pas. Pas en t'ayant vu rêvé. »

Dawn haussa un sourcil, méfiante ; le ton d'Alex ne lui plaisait guère. « Que veux-tu dire ? » Sa sœur, Alex, Willow et Giles s'entreregardèrent avec des sourires complices. Non, elle n'aimait pas du tout leur air.

« Disons que… tu es plutôt expressive, durant ton sommeil » répondit Willow.

« C'est le moins qu'on puisse dire » renchérit Buffy, croisant les bras sur sa poitrine. « On peut savoir ce que Potter et toi avez fait dans votre rêve ? »

Dawn sentit ses joues prendre feu et consumer tout son visage. « Hum. Rien de spécial. » C'était vrai, mais cela sonnait faux. Buffy parut plus que sceptique. « Je te le jure ! » Encore moins convainquant.

« De toute façon, ce n'est pas l'important. » Dawn remercia intérieurement Giles pour son sens des priorités hors paire. « T'a-t-il dit quelque chose d'utile ? »

« Oui, plein de choses » affirma Dawn, trop heureuse de changer de sujet. Elle leur raconta tout ce que Harry, Ron et Hermione savaient sur l'endroit où ils étaient enfermés, ainsi que la torture qu'avait subie Hermione trois jours plus tôt. Lorsqu'elle répéta les mots de Harry sur ce passage, les autres grimacèrent d'effroi et de haine.

« Quels horribles… » Mais Giles paraissait de ne pas trouver de qualificatif assez odieux pour les Mangemorts.

L'air insurgé, Willow et Alex approuvèrent d'un vif hochement de tête.

« Dès que je les vois, je leur fais leur fête » dit Buffy d'une voix haineuse.

Une fois le choc de la nouvelle assimilé, Dawn entreprit de leur expliquer le plan de leurs amis, s'efforçant de n'omettre aucun détails. Au fur et à mesure de ses paroles, les trois autres écarquillèrent les yeux davantage.

« Mais ils sont dingues ! » s'exclama Alex. « Ils vont se faire prendre à coup sûr ! Surtout avec tous ces vampires qui rôdent autour de l'usine la nuit tombée ! Non mais, de qui est ce plan ? »

« D'Hermione » dit Willow, se passant une main dans ses cheveux. « C'est tout à fait elle. Et, franchement, je la vois mal proposer une possibilité comme celle-là si elle n'est pas certaine d'avoir au moins une chance de réussir. »

« Moi non plus » fit Alex « mais c'est tout de même un peu suicidaire, non ? C'est vrai ; ils pourraient se faire repérer à tout moment. »

« Et, une fois découverts, qui sais ce que les vampires leurs feront subir » renchérit Giles. « Je ne les pense pas assez loyaux envers Voldemort pour se contenter de les ramener à leur cellule sans… sans, heu… »

« Les goûter ? » suggéra Buffy, haussant un sourcil.

« Oui, voilà. »

« Vous croyez vraiment que les vampires patrouillent à l'intérieur même des galeries ? » demanda Willow.

« Ca m'étonnerait qu'acceptent de rester enfermer en pleine nuit » répondit Buffy, l'air songeur. « Mais ça ne leur servirait pas à grand chose de surveiller l'extérieur de l'usine. Ce serait même suspect. »

« Harry a dit qu'ils circulaient le soir dans les couloirs mais qu'ils ne posaient pas de question aux Mangemorts qui se baladaient tard » dit Dawn.

« Commenta sait-il tout ça, au fait ? » s'étonna Alex.

Dawn haussa les épaules. « Aucune idée. Il me semble sûr de lui, ça me suffit. »

« Tu ne voudrais pas aller lui demander quelle est sa source d'informations ? » dit Giles, essuyant ses lunettes dans un pan de sa chemise.

« Oh non, s'il est certain de ce qu'il avance, c'est que c'est juste » intervint Buffy, catégorique.

« Pourquoi ? » s'insurgea Dawn, prête à se révolter.

« Si vous avez parlé du plan, vous n'avez abordé le sujet que les dernière minutes du charme, à voir l'expression que tu avais. Je ne crois pas que renouveler l'expérience serait très constructif. »

Dawn voulut protester, mais se tut. Sa sœur n'avait pas tout à fait tort.

« Et l'on n'a pas que ça à faire » ajouta-t-elle, décroisant les bras pour poser ses mains sur ses hanches. « Si nous voulons agir dès la tombée de la nuit, il faut nous préparer. Alex, Giles ; prenez toutes les armes qui nous serons utiles ; pieux, eau bénite, arbalète… Willow ; rassemble des potions, poudres, charmes en boîte et autres qui pourront faire diversion. Dawn » elle se tourna vers elle « tu nettoies le pentacle et… cuisine donc quelque chose de chaud. Cela doit faire un moment qu'ils n'ont plus eu de repas décent. »

Sous le choc, Dawn ne put que regarder Giles et Alex se rendre dans la chambre de la Tueuse, Willow prendre la direction de la sienne, et Buffy enfiler son blouson de cuir noir ainsi que ses bottes les plus pratiques. « C'est tout ? » dit Dawn, incrédule.

« Quoi ? Tu veux ranger ta chambre en plus ? »

Dawn se leva d'un bond, indignée. « Ne me prend pas pour une imbécile. Pourquoi ne veux-tu pas que je vous accompagne ? »

Poussant un soupir, Buffy renoua ses cheveux cendrés en une queue-de-cheval. « Je dois te faire un dessin, peut-être ? Vampires avoir grosses dents, sorciers avoir méchantes baguettes. Les deux ensembles être dangereux. »

« Oh, ne fait pas ce coup-là ! Gloria, Willow, la Force étaient dangereuses ! Mais pas une bande de sangsues au service de magiciens débiles ! »

« Ecoute-moi… »

« Non, toi écoute-moi. Malgré le fait que je sois la Clef, je suis encore en vie, que je sache ! »

« C'est différent, cette fois-ci. »

« En quoi ? Tu ne me crois plus capable de me défendre ? »

« Non… »

« Tu me prends encore pour une gamine ? »

« Ce n'est pas ça… »

« Alors quoi ? Après toutes ces apo… »

« Ce n'est pas toi, le problème, Dawn ! » Dawn ferma la bouche, Buffy la transperça de son regard le plus intense. « Ce n'est pas toi » répéta-t-elles sur un ton plus modéré. « C'est Potter. »

Dawn, perplexe, fronça les sourcils. « Harry ? »

Buffy acquiesça. « Lorsque Ron, Hermione et lui seront sortis de l'usine, il y aura de toute façon une poursuite. Les vampires ont un certain flair, ils sentiront qu'il ne s'agit de personne qu'il ne connaisse et leur courrons après. Donc, quand nous devrons fuir le plus vite possible, il risque d'y avoir du grabuge. Et Potter est… un peu inconscient. Il fonce tête baissée sans réfléchir, et j'ai peur que, pour te protéger, il ne mette tout le monde en danger. Pour toi, il serait capable de tout. Et surtout de n'importe quoi. » Buffy s'avança et prit Dawn dans ses bras. « Il est tellement fou de toi qu'il utilise encore moins sa cervelle en ta présence. Tu le distrairais. Tu comprends ? »

Dawn rendit son étreinte à Buffy. Non, elle ne comprenait pas. Elle ne saisissait pas pourquoi sa sœur l'empêchait de secourir celui qu'elle aimait, ni pourquoi Harry Potter, le survivant, serait incapable de se concentrer à ses côtés. Mais elle savait en revanche que Buffy cherchait des prétextes pour qu'elle ne combatte pas auprès d'eux, qu'elle ne prenne aucun risque et attende gentiment à la maison, protégée par les meilleurs sortilèges de Willow. En réalité, c'était Buffy qui n'était jamais tranquille en sachant sa petite sœur fragile en pleine mêlée. C'était Buffy qui craignait de commettre un acte inconsidéré. Buffy qui n'était pas tranquillisée à l'idée de la savoir armée d'un pieu. Buffy encore qui serait distraite. Alors Dawn caressa le dos de sa sœur et murmura un faible : « Oui, je comprends. »

Elles demeurèrent enlacées un moment, puis se séparèrent.

« Je vais y aller » dit Buffy. « Cette usine me dit quelque chose, mais je dois vois jusqu'à quelle distance prend effet le sort de Repousse-Moldu dont parle Potter. »

Buffy fit quelques pas en direction de la porte, adressant un sourire à Dawn. Cette dernière triturait les manches de son chemisier. « Buffy ? » l'interpella-t-elle avant qu'elle ne franchisse le pas de la porte.

Elle s'immobilisa. « Oui ? »

« Tu as intérêt à me le ramener en un seul morceau. »

Buffy eut un petit rire. « Seulement si ses intentions envers toi sont honorables. » Puis elle sortit.

Dawn percevait, de l'autre côté de la paroi, Alex et Giles qui farfouillaient dans les placards et les coffres pour assembler les armes nécessaires. Au rez-de-chaussée, la porte d'entrée claqua d'un coup sec. Elle poussa un soupire las, lança un regard circulaire à sa chambre et, haussant les épaules, s'empara d'un torchon pour nettoyer son parquet des entrelacs de traits formant le pentacle.


L'euphorie emballant son cœur, Harry émergea doucement du sommeil. Il pouvait presque encore sentir la chaleur du soleil au-dessus de sa tête, l'herbe confortable sous ses doigts, le murmure de la rivière chantant à son oreille, les lèvres de Dawn sur les siennes…

« Eh, Potter ! »

Grommelant, irrité, Harry ouvrit les yeux sur les cachots sombres et humides, aussi peu accueillants qu'un cauchemar. Il ressentit une douloureuse nostalgie de son beau rêve, si doux et rassurant. Encore un peu étourdi, il avisa Ron et Hermione qui le dévisageaient d'un air interrogateur, et Malefoy, s'impatientant, qui tapait du pied sur le sol dallé.

« C'est pas trop tôt » se plaignit-il. « Ce n'est pas le moment de faire des rêves érotiques, le balafré. »

Harry le foudroya du regard alors que ses joues prenaient feu. « Je ne faisais pas de… » commença-t-il.

Mais Ron éclata de rire et Hermione se mordit fort la lèvre inférieure pour réprimer un sourire amusé. Malefoy, les sourcils froncés, paraissait s'inquiéter de la santé mentale de ses nouveaux alliés.

« Quoi ? » fit Harry d'une voix sèche.

« Désolé, mon vieux, mais on a un peu de mal à te croire. Tu semblais… bien rigoler » se défendit Ron, secoué de rire.

« Vous êtes ridicules. » Bien que, pour le moment, c'était lui qui se sentait le plus stupide. « Je vous signale que j'ai rêvé de Dawn. »

A sa grande exaspération, l'hilarité de ses amis amplifia d'avantage. « Tes rêves comprenant Dawn son sensés être platoniques, je suppose ? » dit Hermione, qui riait trop pour se meurtrir ses lèvres.

« Elle était vraiment là » précisa Harry.

Ron et Hermione, comprenant aussitôt, reprirent leur sérieux, soudain désireux de connaître les détails de son songe.

« De quoi avez-vous parlé ? » demanda Hermione.

« Du plan. Je le lui ai expliqué le plus précisément possible. Elle le sais aussi bien que nous, maintenant. »

« Tu lui as dit d'en parler aux autres, au moins ? » s'enquit Ron.

« Bien sûr. Elle m'a même promis de venir nous chercher dès ce soir. Je ne suis pas bête au point de négliger ça. »

« Non, mais assez amoureux, par contre » répliqua Ron, tout sourire.

Harry leva les yeux au ciel. « Je dois rire, là ? »

« Arrêtez de faire les pitres, vous deux, ce n'est pas le moment » les réprimanda Hermione. Elle arborait à présent l'expression de concentration et de raison de celle qui élabore une entreprise risquée. L'expression qu'il était réconfortant de voir sur son visage en de tels instants. « Buffy et les autres viendront ce soir, dis-tu ? »

« Oui. Mais ils attendront à l'extérieure de l'usine, à cause du Repousse-Moldu. Dawn m'a dit de nous tenir prêts dès qu'il fera noir. »

Hermione lança un furtif regard à la minuscule fenêtre de leur cellule – d'où s'échappait un faible rayon de soleil, orangé et déjà attiédi. « Ca nous laisse peu de temps. Nous devrons… »

« Mais de quoi parlez-vous ? »

Harry, Ron et Hermione, surpris d'entendre une autre voix que les leurs, se tournèrent vers Malefoy, qui semblait plutôt agacé d'être ainsi tenu à l'écart d'une conversation qui n'avait pour lui aucun sens. Harry aurait presque rit de son air boudeur d'enfant gâté.

« La Tueuse nous attendra à la sortie de l'usine avec toute sa bande, au cas où nous aurions quelques complications durant notre fuite » résuma Ron. « C'est vrai que je me sens plus sécurisé avec elle comme garde du corps. »

« C'est une bonne nouvelle, alors » fit Malefoy. Il avait l'air un peu anxieux. Harry supposa que cela venait du fait qu'il était leur ennemi depuis leur première année à Poudlard, qu'il portait une robe de sorcier à capuche fournie rien que pour lui par les fidèles de Voldemort, et que son père était un Mangemort. Il ne devait être guère rassuré à l'idée de se faire secourir par l'une des plus redoutables combattantes des forces du mal.

« Evidemment, espèce d'idiot » rétorqua Ron, qui n'avait pas perçut le trouble de Malefoy.

« Mais comment pouvez-vous en être sûrs ? Tu as eu une vision Potter ? Avec qui as-tu parlé ? C'est qui cette fille avec qui tu fais des rêves pas platoniques ? »

Les trois amis s'entreregardèrent, incertains. Devraient-ils confier à Malefoy les rencontres oniriques entre Dawn et Harry ? Ce dernier, pour sa part, n'était guère emballé à l'idée que son adversaire de toujours soit mis au courant de quelque chose de si intime. Il allait contribuer à leur évasion, certes, il avait le droit de connaître un minimum ceux qui viendraient les soutenir, mais ils n'étaient amis pour autant. D'ailleurs, Harry espérait que, lorsque Malefoy les rejoindrait à la résidence Summers, il ne causerait pas trop de tracas à Buffy. Harry était bien placé pour savoir qu'il pouvait se montrer insupportable. Il se sentait déjà bien assez coupable d'imposer sa présence à Buffy tout ce temps, avec les attaques et la malchance qui l'accompagnaient toujours, sans en plus devoir lui demander de protéger de quelqu'un d'aussi irritable-exaspérant-désespérant-agaçant-détestable-narcissique-cynique-sarcastique-cinglant-grossier que Drago Malefoy.

Alors Harry reporta son attention sur lui, décidant de trouver une excuse quelconque. Mais ses yeux croisèrent ceux de Malefoy qui attendait des réponses. Son regard si différent de celui auquel il s'était accoutumé, si méconnaissable, si dissemblable de celui de l'arrogant prince des Serpentard. Harry ferma la bouche, réfléchissant un instant.

« Je t'expliquerai plus tard » finit-il par s'entendre dire. « C'est un peu compliqué. »

Malefoy parut sur le point de répliquer (« Tu me crois incapable de comprendre ? » « Oui, c'est à peu près ça. »), mais se contenta d'acquiescer. Ron et Hermione, hébétés, les regardèrent tour à tour, avec l'air d'avoir manqué un épisode.

« Très bien » dit Malefoy, accentuant l'ébahissement de ses amis. « Dans ce cas, je vais chercher ce dont nous avons besoin. Préparez-vous, je vais faire une dernière reconnaissance et je reviens. »

Il rabattit sa capuche, dissimulant son visage pâle, et se dirigea vers la sortie du cachot. La porte grinça légèrement en se fermant.


Le soleil descendait peu à peu à l'horizon, derrière les collines loin après Derry. Le ciel s'embrasait de couleurs chaudes, faisant rougeoyer les nuages moutonneux, alors que la brise d'été se rafraîchissait. Buffy jeta un bref coup d'œil à sa montre à son poignet et pressa le pas sur le trottoir précédant la sortie de la ville. D'ici, elle pouvait en effet distinguer les contours de l'usine, qui se tenait droite et austère, un peu éloigné des dernières maisons de Derry. Elle n'y avait jamais pris garde auparavant, mais, désormais, il lui semblait ne voir qu'elle. Poussant un soupir, Buffy accéléra davantage.

Les gens rentraient chez eux et elle voyait les lumières s'allumer à l'intérieur des maisons. Elle n'était plus qu'à quelques kilomètres de l'usine, et elle s'en approchait toujours. Selon les explications de Willow, le Repousse-Moldu agissait comme son nom l'indiquait : arrivé à une certaine distance de l'endroit ensorcelé, le Moldu qui s'avançait se souvenait soudain d'un rendez-vous important, ou voyait une vieille bâtisse en décombres à la place du lieu qu'il voulait atteindre. Le fait qu'elle puisse encore regarder l'usine telle qu'elle était et ne désirait pas aller à une entrevue primordiale était plutôt encourageant.

Un bruissement tout proche d'elle la fit sursauter. Aussitôt, elle dégaina la dague effilée dont elle s'était armée avant de sortir de la résidence Summers. Mais un chat tigré traversa la chaussée à toute vitesse, les oreilles baissées, aux trousses d'une souris qui filait comme un éclair. Buffy, se sentant grotesque, glissa sa dague dans sa manche, jetant un coup d'œil aux alentours pour voir si personne n'avait remarqué, par sa fenêtre, qu'elle possédait une arme blanche. Elle prit une profonde inspiration et son calme, puis poursuivit sa route.

Buffy enfonça ses mains dans ses poches, la culpabilité la faisant rougir une énième fois. Elle savait que Dawn brûlait d'envie de les accompagner et de voler au secours de Harry, comme lui n'avait pas hésiter à foncer tête baissée lorsqu'elle s'était fait attaquer par le vampire. Mais Buffy, elle, en tant que grande sœur, était morte de peur. Certes, Dawn s'était déjà battue, et dans des situations bien plus dramatiques, mais elle avait assez de la contempler réduire des vampires en poussière, enfoncé une lame dans la poitrine d'un démon, se faire écorcher, griffer, afficher une expression meurtrière déformer les traits de son doux visage. Dawn n'était pas faite pour la haine, le combat, la mort. Dawn n'était qu'amour et tendresse. En dépit de son caractère décidé, elle demeurait sensible et délicate. Buffy ne supportait pas de la voir aux prises avec un ennemi. De surcroît, si Dawn possédait un tant soit peu de sa passion en amour, elle ferait n'importe quoi pour être certaine que Harry sortirait vivant de cette soirée. Son visage rayonnant, béat, lorsqu'elle avait rêvé de lui ce matin même avait été bien assez éloquent. Elle passerait sans nul doute la nuit à tourner en rond en se rongeant les sangs. Mais Buffy la préférait sur les nerfs, enfermée dans l'insoutenable sécurité de leur maison plutôt qu'affrontant les disciples du plus puissant mage noir d'Angleterre et la majorité des vampires du continent.

Soudain, elle se figea, horrifiée. « Mince ! » s'exclama-t-elle. Elle fit volte-face et rebroussa chemin en se demandant comment elle avait pu omettre cela. Elle devait aller rendre visite à sa voisine, Mrs Dembury, pour lui emprunter du beurre ! Elle n'en avait plus ! Comment ferait-elle ses tartines ? Bon sang, quelle tête-en-l'air elle pouvait être, parfois !

Tout affolée de son grave oubli, Buffy mit un certain temps avant de s'apercevoir que jamais, surtout en de tels instants, elle n'aurait songé à tartiner son pain avec du beurre appartenant à sa folle de voisine. Elle s'immobilisa, recouvrant peu à peu ses esprits. Ses réflexions marchant au ralenti, arrivant l'une après l'autre à son cerveau, gravissant à grand peine les marches jusqu'à son sens d'analyse, Buffy se souvint alors de la raison de sa présence à la sortie de Derry. Lorsqu'elle eut à nouveau toute sa tête, elle observa attentivement le nom de la rue, les maisons qui l'entouraient, et enregistra tous les petits détails qui lui serviraient à se rappeler l'endroit exact qui délimitait le Repousse-Moldu. Une fois persuadée d'être capable de s'orienter sans difficulté, elle nota les rayons du soleil de plus en plus faibles, le ciel s'assombrissant et les étoiles qui apparaissaient çà et là, et, tournant les talons, courut à toutes jambes en direction de sa maison.


Voilà plusieurs heures qu'ils patientaient, l'obscurité croissant d'instant en instant. Le cachot était plongé dans les ténèbres les plus totales, Malefoy ne pouvant venir allumer les torches accrochées au mur. Harry, Ron et Hermione s'étaient serrées les uns contre les autres pour se préserver du froid ambiant. Hermione, comme d'ordinaire, entre les deux garçons, fut parcourue d'un frisson. De manière instinctive, ils se pressèrent davantage. Harry perçut le mouvement de Ron en direction de leur amie. Il devait sans doute lui étreindre la main ou passer ses doigts dans ses cheveux. Il avait remarqué qu'ils paraissaient particulièrement apprécier ce simple geste. L'un comme l'autre.

« Ca va aller, Hermione ? » demanda Ron en un souffle. « Tu vas pouvoir tenir le coup ? »

« Bien sûr, ne t'en fais pas. Ca fait trois jours, maintenant. Je suis capable de tenir sur mes jambes. » Elle prit une profonde inspiration. « J'espère que Buffy et les autres seront là à temps. »

« Ne t'inquiètes pas pour ça » intervint Harry. « Dawn me l'a promis. »

Ron et Hermione émirent un petit rire. « Alors si Dawn l'a dit… » fit Ron.

« Pardon d'avoir douté de sa parole » renchérit Hermione. « J'avais oublié combien tu es susceptible sur ce sujet-là. »

Harry se sentit rougir. Depuis un moment, le passe-temps favori de ses amis était de le mettre mal à l'aise le plus souvent possible à propos de Dawn. Il ignorait s'il devait s'agacer de ce jeu ou être heureux de les voir sourire à telles niaiseries en dépit de leur fâcheuse situation. Il envisagea un bref instant de répliquer, histoire de sauver l'honneur, mais se ravisa. Ron et Hermione avaient su cultiver au cours des années et des querelles un sens de la répartie redoutable. L'un contre l'autre, ils étaient fort habiles ; ensemble ils devenaient imparables.

Le silence se prolongea, emplissant l'espace. La tension revenait peu à peu, s'amplifiant à chaque seconde alors que sa rapprochait le moment de leur évasion. Hermione frissonnait, la respiration saccadée, sans doute plongée dans d'angoissantes réflexions, Ron s'agitait de plus en plus tandis que la nervosité le gagnait, et Harry se surprit à songer qu'il était impatient d'entendre le pas assuré de Malefoy claquer sur le sol du cachot.

« Harry ? » souffla soudain Ron, brisant leur mutisme opaque.

« Oui, Ron ? »

« Tu comptes vraiment raconter à Malefoy les rêves que tu partages avec Dawn ? »

Pris au dépourvu, Harry ouvrit la bouche sans sortir un son. Il n'avait pas pensé à l'étonnement qu'il avait suscité en ses amis lorsqu'il avait affirmé à Malefoy qu'il apporterait des réponses à ses interrogations.

« Eh bien… » commença-t-il, incertain. Malgré l'obscurité, il devinait Ron et Hermione pendus à ses lèvres. « Si je le lui ai dit, c'est que… c'est oui. »

« Je ne pensais pas que tu étais sérieux » dit Hermione sur un ton réticent.

« Pourquoi pas ? Il finira bien par le savoir tôt ou tard, de toute façon. Et puis, ce n'est pas vraiment une information confidentielle. »

« Ce n'est pas ce que tu vas lui expliquer, qui est important » tenta Ron, hésitant. « C'est plutôt… Enfin, je veux dire… Tu aurais tout aussi bien pu l'envoyer paître et là, tu… Avant, tu lui aurais juste dit que ça ne le regardait pas… »

« C'est vrai » dit Hermione d'une petite voix. « Il n'y pas si longtemps, tu aurais refusé de lui expliquer quoi que se soit. Je sais qu'il va nous aider à sortir d'ici, et c'était très aimable de sa part de nous donner ces potions, mais… c'est Malefoy. Il a beau être dans le même guêpier que nous, il est toujours… Malefoy. »

« Je comprends. » Et c'était vrai. Dans leurs paroles maladroites et leurs mots embrouillés, Ron et Hermione s'efforçaient de lui demander s'il faisait confiance à Drago Malefoy. Ils voulaient savoir s'il considérait assez bien Malefoy pour lui parler lui-même de la preuve d'amour que Dawn lui avait offerte en cherchant ses rêves par le biais d'un charme onirique alors qu'elle ne possédait pas de pouvoirs magiques. S'il espérait ne pas devoir endurer par la suite les railleries cinglantes de Malefoy une fois sa discussion achevée ou s'il ne se faisait pas d'illusions. S'il le croyait moins crétin qu'autrefois et digne d'être mis au courant. S'il le voyait autrement désormais qu'ils étaient du même bord. Harry, même s'il peinait à se l'avouer, penchait plutôt pour cette dernière alternative. « Je comprends aussi que cela peut être… perturbant. Mais je crois qu'il a changé. Il n'est plus… le même Malefoy. »

« Je le trouve toujours aussi débile » dit Ron. Cela avait le mérite d'être clair.

« Je ne vois pas non plus de grande différence » répondit Hermione avec plus de modération.

« Regardez ses yeux. C'est là que c'est différent. » Sa déclaration sidéra tant ses amis que leurs éventuelles réponses se coincèrent dans leur gorge. Harry entendait presque les rouages que leur cerveau tourner à vive allure pour assimiler toute la portée de son annonce. Mais ils n'eurent pas le temps d'ajouter quoi que se fût. La porte du cachot s'ouvrit tout doucement, laissant apparaître la silhouette de Malefoy éclairée par la lueur tremblotante de la torche qu'il transportait. Il alluma les autres à la hâte et leur fit face, le visage dans l'ombre de sa capuche. Il tenait sous son bras un petit paquet noir.

« Vous êtes prêts ? » s'enquit-il, levant déjà sa baguette sur la serrure de leur cellule.

Harry, Ron et Hermione se mirent debout en acquiesçant vivement. Malefoy, immobile, marmonna une formule aux sons sifflants et inconnus, concentré sur sa tâche. L'instant qui suivit, la serrure frémit, émit un cliquetis et libéra la sortie. Les trois amis franchirent le seuil de leur cage avec empressement, réjouis à la simple idée d'être de l'autre côté des barreaux. Malefoy tendit à chacun une robe noire de Mangemort ainsi que leurs baguettes magiques, dissimulées dans les replis du tissu sombre. Ils les enfilèrent et glissèrent leurs baguettes dans leur manche, comme le leur avait expliqué Malefoy.

« Ton père ne va pas s'apercevoir de la disparition de nos baguettes ? » demanda Hermione alors qu'ils rabattaient leur capuche sur leur tête.

« Il n'ouvre jamais ce tiroir » répondit Malefoy. Il sortit de sa poche un petit poignard à la lame étincelante en jetant un coup d'œil à la porte close du cachot. « Et puis, lorsqu'il l'ouvrira, nous serons déjà loin. Mais il ne faut traîner. »

A ses mots, Harry lui offrit sa main, paume ouverte. Malefoy saisit son poignet et, d'un mouvement délicat, pressa la pointe du poignard sur sa peau, laissant échapper de la balafre un mince filet de sang. Harry grimaça mais ne prononça pas un mot. Malefoy répéta son geste sur Ron et Hermione, et les trois amis serrèrent les doigts pour que quelques gouttes de leur sang s'écoulent sur le sol de leur cellule. Lorsque Malefoy estima que c'était suffisant, il leur fit un signe de la main puis souffla une autre formule en visant la petite flaque de liquide sombre. Une lumière ambrée jaillit de sa baguette et, en quelques secondes, les copies conformes de Harry, Ron et Hermione somnolaient contre le mur de la cellule. Malefoy referma les barreaux sur eux.

« C'est incroyable » murmura Hermione, fixant leurs doubles d'un air admiratif. « On jurerait qu'ils sont vrais. »

« L'illusion est tromperie, et la tromperie est le moyen de survie du Mangemort, Granger » dit Malefoy. Dans son ton transparaissait une note de satisfaction. « C'est donc le premier sort que mon père m'a appris. »

« C'est de la magie noire ? » demanda Ron, un peu surpris, les yeux rivés sur son propre corps qui ronflait auprès de celui d'Hermione.

« Bien sûr, qu'est-ce que tu crois. La magie blanche n'utilise pas souvent le sang, dans ses charmes. »

« Tu aurais pu nous le dire » dit Harry, le fusillant du regard.

« Vous n'aviez pas l'air d'avoir envie que je développe quand je vous ai dit que je connaissais un sortilège capable de camoufler votre absence » rétorqua Malefoy.

Harry voulut le rembarrer davantage, quitte à lancer un « Mais c'est pas bien ! », toutefois Hermione l'empêcha d'ajouter quoi que ce fût.

« On s'en fiche, l'important c'est notre évasion. »

Elle rabattit sa capuche sur sa tête, et fut imitée de mauvaise grâce par Ron et Harry. Ce dernier fut persuadé de distinguer un sourire narquois sur ses lèvres de Malefoy, mais il traversait déjà le couloir pour franchir la porte du cachot. Réprimant son irritation, Harry consentit à lui emboîter le pas, Ron et Hermione à sa suite.


Buffy, Alex, Willow et Giles, chargés d'armes et de sortilèges, s'immobilisèrent au signe de la Tueuse.

« C'est par ici » dit-elle. « Au-delà, je me suis mise à penser au beurre de la voisine. »

« Ces mages noirs sont diaboliques » plaisanta Alex dans l'espoir d'égayer l'atmosphère. Mais Willow esquissa un maigre sourire alors que Giles et Buffy demeurèrent de marbre.

« Cachons-nous derrière ce buisson » dit Giles en le désignant, un peu éloigné du trottoir principal, à l'ombre d'un réverbère. Une fois qu'ils se furent recroquevillés à l'abri des branchages, il ajouta : « Je crois que personne ne nous voit. Tu peux lancer ton sort, Willow. »

Celle-ci s'exécuta aussitôt, traçant des signes cabalistiques dans l'air, marmonnant des incantations qui n'avaient de sens que pour elle. Buffy espéra que la magie n'attirerait pas trop l'attention. Les pouvoirs de Willow étaient impressionnants, tout en bruit et en éclairs colorés ; ils ne passeraient pas inaperçus, surtout en cet instant, alors que le soleil disparaissait et que Derry se faisait peu à peu silencieuse. Buffy fut donc très étonnée lorsque – après qu'une ténue tension dans l'air la fit frissonner, qu'une brise aussi légère qu'une plume agita ses cheveux blonds – Willow cessa tous gestes et déclara :

« C'est terminé. Le Repousse-Moldu est levé. »

Sceptiques, Buffy, Alex et Giles la scrutèrent du regard. « Tu en es certaine ? » demanda Alex.

« Evidemment. Venez, il n'y a pas de temps à perdre. » Elle se redressa, jeta un coup d'œil aux alentours, puis partit d'un pas décidé vers l'usine délabrée. Voyant qu'elle ne tournait pas les talons pour réclamer du beurre à leur voisine excentrique, ses compagnons la suivirent.


Les couloirs étaient déserts, silencieux, sombres. Quelques torches les éclairaient d'une lueur lugubre, projetant sur les murs opposés leurs ombres déformés. Harry, Ron, Hermione et Malefoy n'avaient pas échangé un mot depuis qu'ils avaient quitté le cachot. Ils empruntaient les passages les moins fréquentés, comme l'avait suggéré Malefoy, et n'avaient rencontré encore aucun vampires ni Mangemorts. D'ailleurs, il eût été fort surprenant d'en trouver un éveillé à cette heure tardive. Harry marchait juste derrière Malefoy, en tête, Ron et Hermione sur ses talons. Il s'efforçait de respirer aussi doucement que possible pour entendre et percevoir le moindre bruit, le moindre son suspect. Sa baguette serrée entre ses doigts crispés, il se tenait aux aguets, tendu comme un arc. Il sentait ses amis, à quelque distance de lui, s'inciter au calme alors que leurs nerfs étaient mis à rude épreuve. La tension qui régnait entre eux quatre devenait palpable, à tel point que c'en était oppressant. Cela lui donnait envie de hurler comme un dément en se ruant vers la sortie.

« C'est encore loin ? » demanda Ron à mi-voix, son ton aussi léger que l'air.

« Il nous reste un bout de chemin » répondit Malefoy. Sa démarche était assurée, comme d'ordinaire, mais son corps gardait une certaine raideur qui trahissait sa peur.

Il bifurquèrent à droite à un tournant, longèrent l'étroit couloir, puis gravirent les escaliers précaires qui menaient à une autre porte de bois. Une fois qu'ils l'eurent atteinte, Malefoy s'immobilisa devant le battant et leur fit face, la main sur la poignée rouillée.

« Il faudra être vigilant, à partir de maintenant » prévint-il. « C'est à cet étage que les vampires concentrent leurs patrouilles. Nous risquons d'être regarder de près. Si l'un d'eux nous interroge, on applique le bobard qu'on a préparé. Compris ? »

« On n'est pas tout à fait idiot, non plus » grommela Ron, l'air agité. Harry lui tapota le bras en un geste qu'il espéra réconfortant, bien qu'il ne fût lui-même guère à l'aise. Alors qu'il reportait son attention sur Malefoy, il crut entr'apercevoir le mouvement furtif d'Hermione saisissant la main de Ron et la serrant entre ses doigts. Mais il chassa cette image insolite d'un secouement de tête ; il avait dû rêver.

Malefoy eut un claquement de langue agacé puis tourna la poignée. La porte pivota dans ses gonds, révélant un nouveau couloir en tous points identiques à celui qu'ils quittaient. Il paraissait cependant un peu plus large. Harry, Ron, Hermione et Malefoy parcoururent quelques mètres et débouchèrent alors vers un autre passage, où cinq chemins possibles s'ouvraient à eux. Malefoy se figea, réfléchit un instant, puis entreprit de traverser une série de galerie, de plus en plus éclairées. Ils montèrent un autre escalier, plus court, et prirent à gauche, dans un couloir qui devait mener aux chambres ; des portes s'alignaient le long du mur, mais toujours pas de vampire. Malefoy fit signe aux autres d'avoir le pas davantage léger, afin de ne pas éveiller les Mangemorts endormis.

Harry jeta un coup à Ron et Hermione, derrière lui, comme pour s'assurer qu'ils n'avaient pas disparus tandis qu'il n'y prenait pas garde. Mais ses deux amis se trouvaient toujours à quelque distance de lui, épaule contre épaule, un peu frissonnants. Il les gratifia d'un faible sourire, puis regarda de nouveau devant lui. Malefoy avait pressé le pas, sans doute impatient de quitter l'usine. Harry le rattrapa et se mit à sa hauteur.

« Si tu dis le moindre mot, Potter, tu es mort » dit Malefoy en un souffle presque inaudible avant qu'il n'ouvrît la bouche. « Au sens propre ; nous ne sommes plus très loin de la sortie et des vampires. Donc ferme-la. »

Harry obéit sans broncher, préférant remettre leurs différents à plus tard. Il lança à un furtif regard en coin à Malefoy pour voir s'il était préoccupé. Il était censé connaître les lieux et les sentinelles et, si lui se sentait soucieux à l'idée de passer à côté d'eux, il y aurait matière à s'inquiéter. Mais Malefoy demeurait impassible, le visage à moitié dissimulé par l'ombre de sa capuche ; impossible de définir ses émotions.

Passer le couloir des chambres, ils débouchèrent sur celui des bureaux et des Cheminettes. Plus ils montaient dans les étages, plus les galeries étaient spacieuses. Celles-ci avaient même la largeur de l'un des couloirs de Poudlards. Selon Malefoy, lorsqu'il leur avait commenté la carte, c'était par ici que les Mangemorts croisaient le plus souvent les vampires. Mais il avait aussi dit cela à chaque fois qu'ils ouvraient une autre porte ou gravissaient un autre escalier. Harry étudia les alentours du regard, puis se rapprocha de Malefoy d'un mouvement imperceptible.

« Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans ferme-la, Potter ? » fit Malefoy du bout des lèvres.

« Je n'ai pas dit un mot » s'indigna Harry.

« Et qu'est-ce qui vient de sortir de ta bouche, au juste ? »

« Toi, ferme-la. Je me demandais pourquoi on n'avait pas encore vu de vampires. »

« Tu es pressé d'en croiser ? »

« Non, mais… »

« Ecoute, je n'en sais pas plus que toi, Potter. Contentes-toi de rester silencieux. Avec un peu de chance, nous n'en verrons même pas. »

Harry n'insista pas, mais ne recula pas non plus. Il voulait pouvoir interroger Malefoy à tout moment. Il se permettait de desserrer les doigts autour de sa baguette et de se gratter le nez lorsque le rugissement-grognement caractéristique des vampires retentit tout près d'eux. Harry, Ron, Hermione et Malefoy se tendirent mais firent comme si de rien n'était. Harry prit une petite inspiration, se concentrant pour garder le front baisser. Il entrevit la démarche de Malefoy se faire plus affirmée qu'elle ne l'était déjà, redressant les épaules et remontant le menton. Ils prirent le tournant à droite, et tombèrent enfin sur cinq vampires qui leur bouchaient le passage. Harry réprima un gémissement désespéré lorsqu'il s'aperçut qu'ils se tenaient à quelques mètres de la porte de sortie – qui conduisait aux escaliers menant aux-mêmes à l'usine et à leur liberté.

Les cinq vampires émirent un rire narquois. « Ce serait pas par hasard le p'tit Malefoy ? » fit l'un d'eux, le jaugeant du regard. « Qu'est-ce que tu fiches à te balader à cette heure dans les couloirs ? »

« Je ne crois pas que cela te regarde, sangsue » répliqua Malefoy. Il fit mine de les contourner, mais, bien entendu, les vampires s'interposèrent encore.

« C'est qui, tes trois copains ? » Un autre désigna Harry, Ron et Hermione d'un mouvement de tête dédaigneux. « C'en est pas que je connaisse. Et vous, les gars ? »

« Non, non, jamais vu. » Les autres vampires secouèrent la tête. « C'est pas une odeur qui m'est familière. »

Harry faillit demander ce qu'ils entendaient par odeur familière. Par chance, Malefoy reprit la parole avant lui. « Cette habitude de renifler les gens est dégoûtante, j'espère que vous le savez » dit-il sur un ton méprisant.

« Le Seigneur des Ténèbres nous a demandé de monter la garde, alors on monte la garde avec nos propres moyens. Réponds, petit dragon, qui sont-ils ? »

« Ils viennent d'arriver par voie de Cheminette » récita Malefoy sur un ton plus que convaincant. Harry devrait lui demander de lui donner des cours de comédie, l'un de ces jours. Ce pourrait se révéler utile. « Mon père m'a dit de leur faire visiter les galeries et l'usine. Ecartes-toi, maintenant. »

Mais le vampire s'avança d'un pas, scrutant Harry, toujours auprès de Malefoy, qui s'efforçait de demeurer dans l'ombre. « C'est vrai, ça ? » interrogea le vampire sur un ton suspicieux. « Et d'où tu viens ? »

Une sueur froide suivait la ligne de sa colonne vertébrale, à présent. Mais Malefoy vint à nouveau à son secours. « De Roumanie. Ils sont tous trois bohémiens et ne parlent que le roumain. Leur magie païenne nous sera très pratique. Ecartes-toi. »

« Pourquoi sont-ils arrivés en pleine nuit ? »

« Le décalage horaire, ça te dit quelque chose ? »

Le visage strié de ride du vampire se renfrogna. « En quoi leur magie de gitans pourrait-elle nous servir ? »

« Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Peut-être qu'elle aidera le Maître à ouvrir la Bouche de l'enfer, qui sait ? »

« Ca ne me dit rien qui vaille. La magie des bohémiens n'a jamais été bonne pour les vampires. Une fois, l'un des plus cruels d'entre nous a tué une gitane. Pour se venger, les siens lui ont rendu son âme. Il est encore en vie et souffre des crimes qu'il a commis autrefois chaque jour de son immortalité. Seul un instant de véritable bonheur peut le rendre comme avant. Mais, à part la fois où il a couché avec la Tueuse… Enfin, depuis, il combat avec les forces du bien. Tu imagines si leur sorcellerie maudite nous rend à tous notre âme ? Ce serait… »

« Tu sais quoi, je n'en ai rien à fiche » l'interrompit Malefoy en croisant les bras. « Si tu doutes du sens d'initiative du Maître, va t'en plaindre auprès de lui. Je suis certain qu'il serait tout disposé à t'écouter. » Les cinq vampires pincèrent les lèvres en grimaçant à cette simple idée. « Si tu veux bien te retirer de notre chemin, maintenant, ce sera fort aimable de ta part. » Les démons s'entreregardèrent puis, de mauvaise grâce, se reculèrent le long du mur. « Merci bien. »

Malefoy reprit sa route, suivi de près par Harry, Ron et Hermione. Ils dépassèrent les cinq vampires en silence, le pas calqué sur celui de Malefoy. La porte n'était plus très loin, désormais. Ils ne lui suffiraient que de la pousser, monter l'escalier, et ils retrouveraient la sécurité de la résidence Summers. Mais alors que Harry se voyait déjà dans les bras réconfortants de Dawn, un cri surpris se fit entendre derrière lui. Harry, Ron et Malefoy firent volte-face. L'un des vampires, celui avec qui ils avaient conversé, avait saisi Hermione par le poignet et souriait d'un air goguenard, à l'évidence fier de sa bonne blague. Malefoy incita les deux amis au calme d'un geste imperceptible et s'efforça de paraître irrité.

« Lâche-la, espèce d'idiot » dit-il avec un soupir. « J'aimerais bien ne pas y passer la nuit. »

« Je voudrais voir quelle tête qu'elle a. Les bohémiennes sont louées pour leur beauté, c'est bien connu. » Il tendit la main vers la capuche d'Hermione.

D'un mouvement preste, Malefoy s'approcha d'un pas et lui attrapa l'avant-bras. « Cette gitane est aussi importante que n'importe quel Mangemort ici. Tu as tout intérêt à lui ficher la paix si tu ne veux pas encourir le courroux du Maître. »

Mais cette fois, le vampire n'avait pas l'intention de se laisser faire. Sous les yeux horrifiés de Harry et Ron, il se dégagea de la poigne de Malefoy en poussant un rugissement-grognement, les canines dehors. « Ferme-la, Drago. Je ne vais pas te l'abîmer. » Et il abaissa la capuche, révélant le visage apeuré d'Hermione à la lueur ambrée des torches. L'expression des vampires se mua aussitôt en une stupeur outragée. « Mais… c'est pas une gitane… »

Il ne put poursuivre, Malefoy lui assénant un vif coup de poing. Pris au dépourvu, le vampire desserra sa prise sur Hermione, qui parvint à s'éloigner. Harry et Ron enlevèrent à leur tour leur capuche – ils étaient découverts de toute façon – et attaquèrent au hasard les autres vampires, encore trop surpris pour réagir comme il se devait. Leur tentative de combat serait pourtant bientôt dérisoire ; les vampires étaient de bien meilleurs batailleurs qu'eux. Heureusement, Hermione avait retrouvé assez de présence d'esprit pour leur venir en aide.

« Incendio ! »

Les vampires furent touchés de plein fouet par son sortilège dévastateur et prirent feu. Leurs hurlements se répercutèrent en échos assourdissants contre les parois, résonnant dans tout le couloir, puis les démons s'évaporèrent en poussière.

« Vite, ils ont dû alerter tout le monde » dit Malefoy, haletant. « Passez devant. »

Harry, Ron et Hermione ne se firent pas prier et s'empressèrent de se diriger vers la sortie, Malefoy, sa capuche toujours sur sa tête, surveillant leurs arrières.


Buffy, Alex, Willow et Giles se tenaient à distance raisonnable de l'usine, attendant de voir apparaître les trois amis à l'entrée. Ils s'étaient approchés et dissimulés derrière les arbres qui bordaient la sortie de la ville dès que Willow avait levé le Repousse-Moldu et, depuis, patientaient de leur mieux, s'efforçant de ne pas céder à la panique. Buffy faisait tourner son pieu entre ses doigts, nerveuse, soucieuse de ne pas les voir arriver. Elle soupira.

« S'ils ne viennent pas bientôt, je vais les chercher. » Ce devait être la centième fois qu'elle répétait cette phrase, juste pour détourner un quart de seconde son angoisse, mais n'avait pas osé compromettre leur plan de départ.

A l'instant où Giles voulut, en réponse à ses paroles, argumenter pour la dissuader, un grand fracas attira leur attention. Ils se tournèrent tous vers la porte de l'usine… qui venait de voler en éclat. De la poussière et des débris de métal rouillé voltigèrent en tous sens, les forçant à se protéger le visage de leurs bras. Buffy plissa les paupières afin de tenter de voir à travers le nuage opaque. Lorsque la poussière qui obstruait leur vue se dissipa, elle parvint à distinguer les silhouettes de Harry, Ron et Hermione, couverts de saletés, qui s'enfuyaient à toutes jambes, loin de l'usine, droit sur le trottoir principal qui débouchait sur la rue, risquant ainsi de passer devant eux sans les voir. Buffy, Alex, Willow et Giles accoururent pour les rejoindre.

« Quelqu'un les poursuit ! » s'écria Willow, hors d'haleine.

Buffy jeta un coup d'œil dans la direction du point que désignait Willow et s'aperçut que, en effet, un homme en noir les suivait, à quelques pas d'eux à peine. Son visage était ombragé par l'obscurité de sa capuche.

« Rattrapez-les et reconduisez-les à la maison » ordonna Buffy. « Je m'occupe de ce Mangemort. »

Alex, Willow et Giles acquiescèrent tandis que Buffy se hâtait vers l'homme en noir, bien déterminé à le stopper avant qu'il ne s'en prenne à Harry, Ron et Hermione. Elle courut aussi vite que pouvaient la transporter ses jambes de Tueuse, son pieu serré dans son poing. Elle n'était plus qu'à quelques mètres lorsqu'elle lança un regard à ses amis, qui venaient de rattraper les trois autres. Le Mangemort, lui, se précipitait toujours droit sur eux, à l'évidence peu intimidé par leur nouvelle escorte. Buffy accéléra le pas et, par miracle, parvint à sa hauteur alors qu'il était tout proche de son but. Elle se jeta sur lui, les faisant tous deux chuter au sol et rouler sur eux-mêmes un peu plus loin. Ils finirent leur culbute près d'un buisson, Buffy assise à califourchon sur le Mangemort, son pieu brandi sur son cœur. Elle n'avait pas l'intention de le tuer ainsi, mais cela suffirait sans nul doute à le tenir tranquille le temps qu'elle s'empare d'une meilleure arme. Elle ne distinguait toujours pas très bien son visage.

« Buffy, non ! » s'exclamèrent en chœur Harry, Ron et Hermione.

Ils hâtèrent vers elle, Willow, Alex et Giles sur leurs talons. Elle fronça les sourcils, le souffle court. « Quoi ? »

« Il est avec nous » dit Hermione, la respiration précipitée. « Il nous a aidés à nous enfuir de l'usine. »

« Il s'est procuré un plan des galeries et a soûlé son père pour lui soutirer des informations » renchérit Ron.

« Il n'y a pas de danger, tu peux le lâcher » dit Harry.

« Mais c'est un Mangemort, non ? » demanda Buffy. Elle ne comprenait plus très bien.

« Fils de Mangemort, nuance. » Tous les regards sur portèrent sur l'homme en noir. Il se redressa péniblement sur ses coudes et abaissa sa capuche. Buffy sentit sa gorge se nouer. Elle rencontra un regard aussi gris qu'un ciel orageux, assuré et présomptueux, qui montrait bien qu'il était supérieur et que tous devaient se prosterner devant lui. Son visage était pâle et délicat, aristocratique, glabre. Son sourire en coin lui donnait un air impertinent des plus irritants. Ses cheveux d'un blond presque blanc qui devaient, d'ordinaire, être coiffés avec soin étaient ébouriffés. Il haussait un sourcil en la dardant de ce regard froid, attendant à l'évidence qu'elle se relève et lui fasse ses plus plates excuses. Mais Buffy était trop troublée pour esquisser le moindre geste. « Tu as entendu Potter ? Je suis un gentil, aussi difficile que ce soit à dire. »

« Et à croire » intervint Giles. Il détaillait le garçon d'un œil soupçonneux.

« C'est pourtant vrai. Te veux bien t'enlever, s'il te plaît ? A moins que tu ne trouves cette position trop confortable pour la quitter ? » Il lui adressait un sourire moqueur, fier de sa facétie.

Sa réplique eut au moins le mérite de ramener Buffy à la réalité. « Si tu es un gentil » dit-elle sur un ton sec « pourquoi n'ai-je jamais entendu parler de toi ? »

« Comment veux-tu que je le sache ? C'est Potter qui était sensé communiquer avec ses copains américains. »

« Harry ? »

Ce dernier rougit, se mordant la lèvre inférieure. Il se gratta la nuque. « Hem… Il se pourrait que j'ai… omis de le citer durant les conversations oniriques que j'ai partagées avec Dawn… »

Buffy lui lança un regard désapprobateur. « Nous aurons une petite discussion, Harry, sois en sûr. » Elle ne prit pas garde à son gémissement désespéré ni aux rires étouffés des autres, reportant son attention sur le garçon. « Bon, qui es-tu, alors ? »

« Drago Malefoy. Je suis à Poudlard avec eux, à la même année, mais dans la noble maison de Serpentard. » Il paraissait encore plus arrogant en prononçant ces mots. « Et toi ? »

« Buffy Summers. La Tueuse. » Il lui sembla que son sourire impudent devint quelque peu forcé. Buffy refoula un petit rire. Les gens du monde magique avaient souvent ce genre de réaction lorsqu'ils apprenaient qui ils venaient de contrarier. « Je suppose que je dois t'offrir un toit jusqu'à la fin des vacances scolaires, histoire que les Mangemorts ne viennent pas te chercher ? »

Le dénommé Malefoy déglutit. Buffy demeura impassible, jubilant intérieurement. « Heu, oui… enfin, si ça ne vous dérange pas, Miss Summers. »

Elle ne put se retenir plus longtemps et éclata d'un petit rire. « C'est ça. » Elle libéra enfin Malefoy de son poids et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il la saisit et serra. Buffy sentit les battements de son cœur s'accélérer durant une fraction de seconde, puis, lorsqu'il lâcha sa main, tout s'arrêta. « Mais si tu dois habiter chez moi, évite de me vousoyer ; je ne suis pas si vieille. »

Malefoy s'épousseta sans rien répondre. Buffy passa une main dans ses cheveux, puis fit signe à ses amis. « Rentrons, à présent. J'en connais une qui est impatiente de te revoir, Harry. » Comme elle l'avait prévu, le visage amaigri de Harry Potter s'illumina à la notion de Dawn.

Alors qu'elle prenait la tête en tournant ses pas sur le chemin de la résidence Summers, Buffy fut presque certaine de sentir le regard gris de Malefoy se poser sur elle et ne plus la quitter de tout le trajet.

A suivre…

Ben, voilà… L'attente a été plus longue que d'habitude, mais faut s'en prendre à mes profs ! C'est le premier week-end que j'ai de libre à moi toute seule. Dites, j'espère que vous êtes bien mécontents d'avoir attendu si longtemps ! Vous voulez pas faire une pétition de protestation pour que mes profs me laissent plus de temps pour écrire ? Non ? Oubliez, j'suis juste trop contente d'avoir enfin terminé ce chapitre. J'espère qu'il vous aura satisfait.

A bientôt !

Sam Dreamangel