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Pourquoi ne commencerions-nous pas par le tout premier jour de vie de ce futur Seigneur Sith de légende ? Un premier jour déjà rempli de tragédie...


Chapitre n°1 :

Sirannon Heldane


Le dispensaire de la petite planète minière d'Apatros était en ébullition. Cette structure, équipée seulement pour répondre aux exigences de la vie locale, se trouvait soudain sous-dimensionnée pour répondre à l'urgence vitale qui lui était soudain tombée dessus en salle d'accouchement.

Hurst, mineur de son état, observait avec dissociation les allées et venues du personnel médical. Il était comme enveloppé de coton, son cerveau refusant net d'analyser la situation, paralysé par la terreur. Il lui avait été demandé de patienter dans le couloir, mais la porte de la salle qui monopolisait l'attention des soignants était grande ouverte, quelques mètres devant lui.

Allongée sur le lit d'hôpital, pâle comme la mort, entourée par une douzaine de personnes en blouse blanche, se trouvait sa femme.

Le jeune homme n'avait pas été présent près d'elle lorsqu'elle avait ressenti ses premières contractions et s'était précipitée au dispensaire. Il se trouvait alors plusieurs mètres sous la surface de cette maudite planète, trimant pour miner du cortosis. Il n'avait appris la nouvelle qu'en remontant, à la fin de ses dix heures de dur labeur.

Hurst avait alors foncé, toute trace de fatigue soudain disparue, pressé de faire la rencontre de son enfant. Les coûts médicaux étant prohibitifs, Sirannon n'avait reçu aucun suivi de sa grossesse, et le couple n'avait donc aucune idée du sexe de leur bébé à venir.

Arrivé au dispensaire – proche des mines pour plus d'efficacité en cas d'accident –, il était tombé en plein chaos. Une infirmière pressée prit rapidement son identité, puis lui exposa brièvement la situation avant de lui interdire l'entrée dans la salle jusqu'à la fin de la crise.

Une importante hémorragie de la délivrance. Le bébé est sorti vivant, il reçoit les premiers soins.

Les mots de l'infirmière étaient les seuls sons qu'entendait Hurst, et c'était parce qu'ils passaient en boucle dans sa tête. Il était hanté par la pâleur cadavérique de Sirannon, trop petite dans son grand lit d'hôpital, entourée par beaucoup trop de personnes...

Sirannon avait toujours été plus petite et menue que lui, le grand gaillard tout en muscles... Elle travaillait à l'accueil du dispensaire, et non dans les mines... Il avait fait sa connaissance presque deux ans plus tôt, alors qu'il accompagnait un ami blessé. Il avait immédiatement été charmé par sa douceur et ses grands yeux bleus.

Hurst revint immédiatement à l'instant présent en voyant la foule massée autour de sa Siri se disperser, la tête baissée. Un médecin avança dans sa direction, la mine sombre.

- Non..., murmura-t-il. Non...

- Monsieur Heldane, c'est bien cela ? fit le docteur face à lui.

Hurst hocha la tête, sa gorge désormais trop nouée pour émettre le moindre son.

- Je suis désolé, monsieur Heldane. Nous avons tout tenté, mais elle a perdu beaucoup trop de sang, et son cœur s'est arrêté de battre.

Hurst sentit comme un énorme poids s'abattre sur lui, l'assommant presque par sa violence.

- Vous pouvez entrer pour lui dire au revoir, conclut simplement le médecin.

Tel un automate, le jeune homme se mit en mouvement, refusant toujours d'assimiler l'horrible vérité. Pas elle... Pas elle, pitié... Non...

Il se retrouva au chevet de Sirannon. Si elle n'avait pas été aussi pâle, il aurait pu la croire endormie, ses longs cheveux châtains éparpillés sur l'oreiller. Il posa sa large main calleuse sur la sienne, si petite, si fine, crispée sur son pyjama d'hôpital.

Sirannon n'ouvrit pas les yeux, et Hurst réalisa enfin l'ampleur du cauchemar qu'il venait de vivre.

- Siri..., glapit-il en se penchant vers elle. Siri, non, je t'en prie... Reviens... Ne m'abandonne pas, toi aussi...

Il lâcha sa main et attrapa plutôt son épouse dans ses bras. Il la pressa contre lui, ignorant le sang qui vint tacher ses vêtements, et il sanglota.

Il se sentait perdu, abandonné, comme la fois où son propre père alcoolique l'avait jeté à la porte, clamant qu'il avait déjà beaucoup trop de bouches à nourrir comme ça. Hurst n'était encore qu'un adolescent. Il avait erré des jours entiers dans les rues de son monde natal, avant de tenter sa chance pour être embauché par la Compagnie Minière de la Bordure Extérieure.

Un vaisseau l'avait déposé, ainsi que plusieurs autres jeunes hommes, sur Apatros, et le piège s'était refermé sur eux.

Seule Sirannon était parvenue à adoucir ses jours sombres sous l'exploitation honteuse de la COMBE. Et elle était partie.


Comme vous l'avez peut-être remarqué en début de chapitre, il n'y a pas de citation pour introduire le contenu du chapitre... et il n'en est prévue aucune tout au long de ce tome. Premièrement, parce qu'il va être trèèèès long, et deuxièmement, parce que beaucoup de chapitres rapprochés vont traiter de thématiques similaires.