Adaska : Merci, c'est gentil. J'espère que la suite des événements te plaira tout autant.
Bye !
lisou52 : Voilà la suite ! J'espère que ça te plaira !
Selphie451 : Merci pour ta compréhension, j'apprécie vraiment. Je me sens toujours un peu coupable de prendre trop de temps pour publier car je n'ai pas les auteurs qui mettent un nouveau chapitre tout les trois mois. Je n'aime pas agacer mes lecteurs, si peu nombreux soient-ils.
Enfin, merci encore !
virg05 : Merci, voilà la suite !
Thealie : En effet, Buffy en voit de toutes les couleurs et elle a pas fini de regarder passer les arcs-en-ciel !lol ! J'espère que tu aimeras aussi ce chapitre. Bye !
Chapitre 16 : Cœur qui soupire n'a pas ce qu'il désire
Le bourdonnement de la rumeur de voix étouffées le tira peu à peu du sommeil. Comme tous les matins depuis une semaine, Drago s'étonna d'ouvrir les yeux sur le salon chaleureux de la résidence Summers au lieu de la chambre sordide que lui avaient légué les Mangemorts. Il avait tant été accoutumé à ce que l'on le sorte des plumes d'une tape sur la tête que les réveils doux de la caresse du soleil sur son visage le déconcertaient toujours autant. Parfois, bien entendu, Buffy, Alex, Willow ou Giles se chargeaient de cette tâche, et avec un regard de claire suspicion, mais c'était tout de même mieux que de rencontrer l'horrible figure de McNaire.
Les événements derniers avaient tout à fait bouleversé sa vie. Qui aurait pu prédire qu'il devrait sa protection à son pire ennemi, le Survivant ? Qu'il allait loger chez l'une de ses alliées ? Qu'il deviendrait, malgré lui, presque – presque ! – conciliant avec eux ? Son père en ferait une véritable attaque cardiaque. Car, il se devait de l'admettre, la compagnie de Potter, Weasley et Granger était davantage acceptable qu'entre les murs de Poudlard. D'ailleurs, ils paraissaient songer pareil, s'il se référait à la confidence de Potter, l'autre soir, concernant l'acte fort noble de sa petite-amie. Ces deux-là étaient éperdus l'un de l'autre, c'était flagrant, mais ce qu'elle avait fait avait renforcé leur amour déjà bien solide. Tant de loyauté, paix, amitié, sincérité, aménité… Les Gryffondors étaient de nature niaise, certes, mais il ne se serait pas douté à un tel point !
Les brumes de sa nuit s'estompant, Drago perçut à nouveau les messes basses provenant de la salle à manger. Se fiant au peu qu'il percevait, il en déduisitt que Summers, la sorcière et les deux Moldus discutaient en préparant un petit-déjeuner équilibré et tout à fait adapté à la journée d'apprentissage qui s'ensuivrait. Après sept jours passés en leur présence, Drago convenait sans trop de mauvaise grâce que les cours accélérés de magie de Rosenberg était plutôt attrayants et s'avéreraient, dans l'avenir, fort utiles dans leur combat contre le Seigneur des Ténèbres. Toutefois, il conservait assez de dignité pour ne rien laisser paraître. Il ne tenait pas à encourir les railleries grotesques de Potter, Weasley et Granger. En revanche, il était prêt à clamer sur tous toits que les leçons de combats variés que leur prodiguait Summers étaient… captivantes. Du moins, Summers l'était. Drago prenait grand plaisir à l'observer sous toutes ses coutures lors de ses démonstrations, pouvant sans mal plaider son intérêt pour les techniques de lutte, la lorgner du coin de l'œil durant les duels contre les autres, et la déshabiller d'un regard avide lorsqu'ils combattaient l'un contre l'autre. Il émanait d'elle une puissante impression de force, de pouvoir, de détermination à vaincre quiconque s'opposerait à elle. Ses yeux francs, décidés, ses traits expressifs, son corps élancé et musclé, tout, oui tout, la rendait attirante d'une manière insoutenable. Drago l'avait avisé dès leur première rencontre, lors de leur fuite. Il avait alors su, en l'étudiant de furtifs coups d'œil, qu'il ne serait en mesure de dormir paisiblement sans l'avoir, rien qu'une fois, conquise. Cette initiative impulsive de pari lui était venue, subite, et lui avait paru être le moyen le plus efficace de l'attraper dans ses draps. Déjà, il s'apercevait qu'elle avait de plus en plus de mal à ne rien laisser transparaître de son désir pour lui, tant il déployait d'efforts pour la séduire. Lui-même, d'ailleurs, commençait à ressentir une certaine urgence à en terminer.
Cependant qu'il tâchait de la faire céder, il remarquait son attachement progressif envers elle. Plus les jours avançaient, plus il notait son caractère indomptable, sa répartie cinglante ainsi que son affection grandissante envers Potter, Weasley et Granger. En fait, elle semblait porter chacun des habitants ce foyer dans son cœur, voulant les protéger contre tous les dangers – hormis lui. Certes, il ne se montrait guère courtois à son égard et ne cherchait pas à l'être davantage. D'ailleurs, il n'attendait à nulle affabilité de sa part. N'empêchait qu'il n'avait jamais, auparavant, été charmé par une femme pour sa personnalité. Il jugeait l'attrait de ses conquêtes en fonction de leur tour de poitrine, en général. Et éprouver quelque passion pour Summers car elle possédait un physique avantageux et un esprit sensationnel était tout à fait nouveau pour lui.
Des bruits de pas interrompirent ses agréables songes. Drago s'empressa de clore ses paupières, guère désireux d'être considéré comme un sal petit curieux. D'évidence, Summers et ses amis étaient pris dans une conversation animée concernant leur préoccupation majeure.
« C'est le seul qu'il reste, vous en êtes certains ? » demanda Summers. A son ton désappointé, Drago supposa qu'elle répétait sa question une énième reprise.
« Persuadés » soupira Harris, qui, lui aussi, devait répondre la même chose. « J'ai fouillé la bibliothèque de la cave avec Giles, et celle du grenier ainsi que celle de nos chambres, bien sûr. »
« J'ai refait moi-même un passage derrière eux » renchérit Rosenberg. « Je n'ai rien trouvé de plus. »
« Nous en sommes donc venu à la conclusion que, si nous avons une chance, si infime soit-elle, de découvrir de quelles armes Harry et toi aurez besoin, c'est dans ce livre. »
Summers émit un son à mi-chemin entre le soupir et la profonde inspiration. Drago la vit presque passer la main dans ses cheveux, et ressentit aussitôt l'irrépressible envie d'y fourrer à son tour ses doigts. « Bien, puisqu'il ne reste rien d'autre… En quelle langue est-il, déjà ? »
« En gaélique, et très ancien » répondit Rosenberg.
« Nous pensons pouvoir le traduire avec l'aide d'Hermione, mais cela prendra un certain temps. » La voix de Giles avait une intonation lasse et fatiguée.
Un lourd silence s'abattit sur eux, et Drago les imagina sitôt en train d'échanger des regards embarrassés. Il s'agissait là de l'unique mais oppressante ombre qui menaçait son été ensoleillé : l'arrivée imminente de Lord Voldemort, donc de l'approche de l'apocalypse. En surcroît à l'entraînement intensif de magie et de combat, Potter, Weasley, Granger et lui avaient passé leurs soirées à éplucher d'imposants volumes, poussiéreux, cornés, en compagnie de Summers, Harris, Rosenberg et Giles. Selon ce qu'il avait compris, Dumbledore leur avait expliqué que, en s'alliant avec les vampires, le Seigneur des Ténèbres avaient muté les prophéties qui liaient Potter et Summers. Si les vampires et lui frappaient ensemble, Potter et Summers riposteraient ensemble. Ils devaient donc découvrir quelles armes seraient les plus efficaces lors de ce double combat. Mais aucun d'eux n'avaient trouvé la moindre information dans tous les grimoires, manuscrits ou simples manuels à ce sujet. Le sentiment d'impuissance qui les saisissait à chaque fois qu'ils ouvraient en vain un livre avait peu à peu instauré une tension palpable dans la maisonnée. En dépit de la grande romance de Potter et de sa petite-amie ainsi que le défi distrayant qu'il avait lancé à Summers, l'angoisse, l'anxiété, l'insécurité étreignaient ses entrailles dès que son esprit se risquait à songer à leur situation. Comme en cet instant.
« Il se fait tard » déclara soudain Giles, rompant leur mutisme pesant. « Je vais préparer le petit-déjeuner. Vous devriez aller les réveiller. »
« Je me charge de Harry et Dawn » dit Rosenberg.
« Et moi de Ron et Hermione » ajouta Harris.
Summers eut un bref grognement exaspéré. « J'ai compris, je m'occupe de l'autre. »
Drago réprima un sourire. Il adorait la rendre folle. Il entendit ses pas s'approcher de lui, puis la sentit se pencher sur lui. S'efforçant de garder une respiration régulière d'un profond sommeil, il tendit l'oreille afin de deviner ces gestes. Elle déposa sa paume sur son épaule, puis l'ébranla d'une vive secousse. Drago cligna des paupières, feignant d'émerger difficilement de ses rêves. Il la regarda à travers ses cils.
« Réveille-toi, il est presque onze heures » dit-elle d'un ton irrité.
Drago lui sourit d'un air béat. « Tu es ravissante, mon cœur » souffla-t-il, le timbre rauque. Ce qui était tout à fait vrai. Sa silhouette se détachait à contre-jour de la lumière filtrant au travers des fenêtres, ombrageant ses traits. Ses cheveux blond cendré tombaient, libres, sur ses épaules, encadrant son visage à l'expression renfrognée. Elle rougit, plissant les yeux. Le sourire de Drago s'élargit lorsqu'il constata que la tension entre eux était telle qu'une simple phrase l'embrasait.
« Lève-toi au lieu de dire des sottises » fit-elle, roulant des yeux.
Summers s'éloignait déjà lorsque Drago se redressa, bien décidé à la mettre davantage mal à l'aise. « Ce ne sont pas des sottises. Tu es superbe, séduisante, charmante, magnifique… »
« Ferme-la, donc, cela ne me fait aucun effet. » Elle répétait cette formule dès qu'il lui en faisait, il n'était pas dupe. Il se leva d'un bond, et lui saisit le bras avant qu'elle ne puisse s'échapper.
« Je le pense. Tu es belle. » Oups. Sa déclaration paraissait un peu plus sérieuse qu'il ne l'aurait voulu. Cependant, elle eut le résultat escompté. Summers le dévisagea, décontenancée, le scrutant d'un regard sceptique. Puis, fronçant les sourcils, elle se dégagea, dirigeant ses pas vers les escaliers, sans doute prendre sa douche du matin.
Drago fixa l'endroit où elle s'était tenue un instant auparavant, tâchant d'identifier le trouble qui s'était épris de lui. Il renonça d'un haussement d'épaules, songeant déjà à un nouveau stratagème pour accroître son désir pour lui. Une idée aussi subite que téméraire lui traversa l'esprit, et il s'élança à la suite de Summers.
Ron était torse nu et la chemise de nuit d'Hermione remontée presque jusqu'à ses hanches lorsque trois coups vifs frappèrent à la porte. Ron et Hermione se séparèrent en toute hâte, s'éloignèrent sur leur couche en s'époussetant.
« Vous êtes réveillés ? » demanda Alex, de l'autre côté du battant.
« Oui » répondit-elle d'une voix rauque. Hermione sentit ses joues s'embraser en songeant à quel point ils étaient, en effet, réveillés.
« Habillez-vous et descendez, Giles prépare le déjeuner. Et, connaissant ses talents de cuisinier, je vous conseille de vous dépêcher, car je risque fort de tout dévorer. »
Ron éclata d'un rire forcé, feignant la désinvolture. « Je paris que je mange beaucoup plus vite que toi ! »
Le rire d'Alex lui répondit alors qu'il rebroussait chemin. « C'est ce qu'on verra ! »
Ron et Hermione tendirent l'oreille, l'entendirent saluer quelqu'un dans le couloir, puis se permirent un soupir de soulagement lorsque ses pas devinrent tout à fait inaudibles. Ils échangèrent un sourire embarrassé, se levant chacun de leur côté du lit. Mortifiée d'avoir tant oublié sa vigilance, Hermione s'empressa se vêtir en tournant le dos à Ron, tandis qu'il faisait de même. Il finit par rompre le silence pesant.
« On a eu chaud » dit-il alors, esquissant un mouvement dans sa direction. « Une chance qu'Alex soit assez civilisé pour ne pas forcer la porte. »
Hermione acquiesça, le visage chatouiller par une rougeur insistante. Elle se sentait tiraillée entre l'émoi que lui avait procuré les caresses de Ron et l'horreur de l'idée d'être surprise en une pareille situation. Plus le temps passait, plus il devenait difficile à eux deux de dissimuler leur relation à Harry. Seulement, s'ils devaient le cacher à Harry, nul autre ne devait être au courant aussi, sous peine de le divulguer à leur ami. Et elle se sentait davantage coupable chaque jour de garder ce secret. Mais quelle serait la réaction de Harry en apprenant qu'ils formaient un couple depuis près de deux mois ? Comment prendrait-il le fait que ses deux meilleurs amis, ses frères, sa famille, ne lui avaient pas révélé leur amour ? Elle en tremblait rien qu'en y songeant. Elle ne s'était jamais sentie si déloyale, si traître. Ron interrompit ses sombres pensées en l'enlaçant soudain par la taille.
« Qu'as-tu donc, Hermione ? » s'enquit-il d'une voix douce. « Pourquoi parais-tu si soucieuse ? »
Hermione haussa les épaules, appréciant le souffle léger de Ron sur sa nuque. « Je crois que je supporte de moins en moins de me cacher comme ça » répondit-elle. « Quand le dirons-nous aux autres ? A Harry ? Il a le droit de savoir. »
« Oui, je sais » soupira Ron. « Mais… Enfin… Je ne sais pas si… »
« Si quoi ? Si on a attendu assez longtemps ? Il est notre ami, il nous fait confiance ; je ne vois pas pourquoi nous devrions lui mentir. Lorsque nous avons décidé de ne pas l'embêter avec notre histoire, il était en plein deuil, tout comme nous. Mais maintenant, il commence à revivre. Il a Dawn, Buffy, Alex, Giles et Willow, qui l'aident à… »
« Nous aussi. » Ron avança son visage du sien, encrant leurs regards. Elle s'y perdit, comme d'ordinaire, puisant le courage dans son amour. « Nous sommes quand même ses amis, non ? Ce n'est pas comme si nous lui avions rien apporté. »
Fronçant les sourcils en souriant, perplexe, Hermione étudia l'expression de Ron – le front plissé, renfrogné. Voyait-elle vraiment ce qu'elle croyait voir ou ses yeux l'abusaient-elles ? « Tu es… jaloux de Buffy et des autres ? » fit-elle, incrédule.
Ron rougit. « Pas du tout. Où vas-tu chercher ça ? »
« N'essaie pas de mentir, Weasley, je sais lorsque tu es jaloux. »
De mauvaise grâce, Ron consentit à s'épancher. « Oui, bon, peut-être. Mais juste un peu. Tu sais, il passe les courtes pauses que nous accordent Buffy et Willow avec Dawn, est complètement émerveillé par leurs cours, adore les plaisanteries d'Alex et admire Giles. En plus, il commence à bien s'entendre avec Malefoy. Je suis sûr qu'il ne nous pas tout dit à son propos. Pourquoi en dirions-nous davantage au nôtre ? »
Il détourna le regard, aussi écarlate qu'embarrassé. Hermione aussi avait perçu l'infime éloignement de Harry, mais s'était interdit d'y réfléchir. C'était stupide, jamais il ne les abandonnerait. Pourtant, elle dut s'avouer que les arguments de Ron évincèrent quelque peu ses remords. Elle sourit tristement, l'embrassant sur la joue.
Sans mot dire, ils échangèrent un profond baiser qui faillit les replonger dans l'état cotonneux d'excitation dont les avait sortis Alex, mais se séparèrent à temps. La gorge nouée, Hermione suivit Ron jusqu'à la sortie, franchissant le seuil à sa suite. Le spectacle qui s'offrit alors à leurs yeux les figea sur place.
Willow les avait incités à quitter le lit quelques instants auparavant, puis était repartie à la salle à manger, discutant avec Alex, qui devait avoir lui-même tiré Ron et Hermione des bras de Morphée. Fébrile, tendu, Harry tournait le dos à Dawn, qui était en train de revêtir ses habits de la journée. Il s'était éveillé dans ses bras, jambes et doigts entrecroisés, d'un rêve on ne peut plus… compromettant. Comportant peu de vêtements et beaucoup de sueur, il avait agité son sommeil, dérangeant par la même occasion celui de Dawn, qui n'avait pas tardé à l'interrogé. Il avait prétexté un cauchemar, mais sa mine n'avait pas dû être à la hauteur du mensonge, s'il se référait au scepticisme apparent de Dawn. Désormais, il se repentait de ses idées déplacées, honteux qu'il était d'avoir osé la songer de la sorte. Il aurait dû s'en douter ; dormir chaque soir auprès de son amoureuse, à une période aussi instable de la vie de ses hormones, était tout à fait stupide, périlleux. Il n'avait jamais fait de rêves érotiques par le passé, craignant dorénavant qu'elle s'aperçoive de son trouble. Par chance, elle ne lui avait pas posé d'autres questions depuis. Il espérait juste disposer de tant de chance les prochaines fois.
Soudain saisi d'une inspiration, Harry s'adressa à Dawn. « Tu as fait un rêve, l'autre soir ? » demanda-t-il, feignant de rien.
Il crut percevoir une mince hésitation. « Heu… oui, je crois. » Le froissement de tissu se poursuivit, elle ne s'étendit pas davantage.
« Et de quoi ? » reprit-il.
« Oh, eh bien… » Elle paraissait tout à fait gênée. « Je… Je ne m'en souviens plus très bien. » Dawn apparut ensuite dans son champ de vision, vêtue d'un chemisier et d'un simple jeans, tout aussi adorable que tous les matins. Une teinte d'un cramoisi soutenu ornait ses joues. « Je ne pense pas que cela devait être bien important. »
« Tu es sûre de n'en garder aucun souvenir ? » insista Harry. Durant la semaine écoulée, des rêves similaires à ceux de Dawn avaient hanté ses nuits. Il avait pris l'habitude de la questionner sur ses songes, ce qui avait confirmé ses soupçons. Cependant, il n'avait pas encore trouvé l'occasion d'en toucher mot à quiconque. D'ailleurs, il craignait que Ron et Hermione ne le regardent à nouveau avec cette anxiété si particulière – celle qu'ils avaient affiché à chaque fois qu'un événement surnaturel le frappait. Et partager les rêves d'autres gens sans qu'il ne sache pourquoi cela arrivait, cela, était tout à fait le genre d'aventure qui pouvait le faire passer pour un dément.
Les pommettes de Dawn s'embrasèrent davantage tandis que, lui prenant la main, elle l'attirait vers elle. Harry se laissa guider, enserrant sa taille de ses bras. « Si je te le dis, tu ne le raconteras à personne, n'est-ce pas ? » dit-elle sans risquer un coup d'œil dans sa direction.
« Ne t'en fais pas, je sais garder un secret. Tu peux tout me dire. »
Ses paroles ne parurent pas lui apporter grand réconfort. Elle se mordilla la lèvre inférieure, se tortillant dans leur étreinte. « C'est que… c'est un peu gênant… »
« Je ne moquerai pas. » Il ponctua sa promesse d'un léger baiser du bout des lèvres.
Dawn prit une petite inspiration puis, étirant le cou afin de placer sa bouche à hauteur de son oreille, lui relata son rêve en quelques mots incertains. Comme il l'avait craint, Harry écouta le récit succinct de leurs ébats imaginaires. Il déglutit en repoussant Dawn, de peur que les images encore fraîches de la nuit ne brouille sa raison.
« Ah, je vois » fit-il. « Je comprends pourquoi tu ne voulais pas m'en parler. »
Dawn ne se tournait toujours pas vers lui, penaude. « Ne le répète pas à Buffy. »
« Oh, ça ne me viendrait jamais à l'esprit ! Elle me tuerait en jurant que c'est de ma faute si de telles idées te traversent la tête ! »
Dawn se détendit enfin, émettant un petit rire. « Ce serait tout à fait son genre. » Elle le gratifia d'un regard attendri. « Je suis désolée. »
Harry haussa les sourcils, surpris. « Pourquoi ? C'est plutôt flatteur, tu sais. Et puis… » Il se pencha vers elle, lui soufflant d'un ton malicieux. « Ca donne un aperçu… »
L'air faussement outragé, Dawn lui asséna une tape sur le bras. « Vous les hommes, tous des obsédés ! »
« Et fiers de l'être ! » Ils échangèrent un baiser plein d'ardeur qui chassa de l'esprit de Harry toutes conceptions de liens oniriques.
Une fois dégagés de leur étreinte, leurs paumes pressée, Harry et Dawn sortirent de leur chambre, s'apprêtant à rejoindre les autres autour de la table. Mais la situation insolite qui se jouait dans le couloir les stupéfia. Ils écarquillèrent les yeux.
« Je le pense. Tu es belle. » Buffy le dévisagea, décontenancée, le scrutant d'un regard sceptique. Puis, fronçant les sourcils, elle se dégagea, dirigeant ses pas vers les escaliers, dans l'intention de prendre sa douche du matin. Exaspérée de la cour fictive de Malefoy, et davantage encore par la déception de savoir qu'il ne s'agissait pas d'une réelle, elle ne jeta pas un regard en arrière lorsqu'elle entendit les pas de son adversaire la talonner.
A son grand mécontentement, les manœuvres de charme de Malefoy fonctionnaient à merveille. Elle n'était désormais plus en mesure de lui adresser le moindre coup d'œil sans se sentir embrasée de l'intérieur. Cependant, un autre trouble entravait ses tentatives de résistance. En dépit de l'irritation qu'il faisait grandir en elle, Malefoy, devait-elle s'avouer, était un jeune homme intéressant. S'il n'avait pas été si désireux de prouver le pouvoir de persuasion de sa virilité, ils auraient peut-être pu devenir amis. Mais c'était trop tard, à présent. Malefoy avait éveillé un brasier affamé dans son ventre, qui ne serait apaisé que lorsqu'il aurait remporté son stupide pari. Buffy voulait pourtant résister plus longtemps que les deux semaines imposées, juste pour démontrer qu'elle était tout à fait maître de ses actes et impulsions. Elle espérait qu'il ne dénicherait pas de nouvelles insinuations à lui lancer lors de leurs duels, car elle ne se sentait plus guère la patience de ménager son orgueil.
« Tu vas où ? » demanda Alex en la croisant dans le couloir en compagnie de Willow.
« Je n'ai pas encore pris ma douche » répondit-elle, se hâtant de les dépasser. Elle voulait à tout prix semer Malefoy. « Vous avez réveillé les autres ? »
« Oui, ils s'habillent » dit Willow. « On t'attend pour manger ? »
« Non, commencez sans moi. »
Ils descendirent les escaliers, suivant des yeux, étonnés, Malefoy qui accourait à sa suite. Sans lui accorder la moindre attention, Buffy poursuivit sa route jusqu'à la salle de bain. Mais alors qu'elle posa la main sur la poignée de la porte, le jeune homme interrompit son geste.
« Que veux-tu ? » soupira-t-elle, levant les yeux au ciel.
Malefoy, d'une poigne ferme, la força à se tourner vers lui, l'accula entre le mur et son corps. Buffy afficha sur ses traits une expression ennuyée, un sourcil haussé, s'efforçant de maîtriser la chamade affolée de son cœur.
« Je crois que je me lasse de ce jeu » déclara-t-il, son souffle caressant ses joues. Elle frissonna. « Et, si je me réfère à tes réactions, toi aussi. »
C'était tout à fait vrai, mais elle n'allait certes pas l'admettre. « Je suis navrée de te faire languire, Malefoy. Je suis aussi lasse, mais pas comme tu le voudrais, je pense. »
Il eut un exécrable sourire en coin qui fit danser les flammes dans le ventre de Buffy. « C'est ça. On ne me la fait pas à moi. Tu as envie de moi. »
Elle éclata d'un rire si franc qu'elle y crut presque elle-même. « Cesse de prendre tes rêves pour des réalités, Malefoy. Je ne m'intéresse pas aux étudiants. »
« Ca fait une semaine que tu radotes cette phrase, Summers. Tu ferais mieux de changer disque si tu veux m'en persuader. De toute façon, ce n'est pas la question. »
« Alors nous n'avons rien à nous dire. » Elle esquissa un mouvement pour le repousser, mais il résista. Elle se rendit soudain compte du ridicule qu'elle devait inspirer. Elle était la Tueuse ; si des vampires et des démons ne faisaient pas le poids, Malefoy était risible. Son besoin de demeurer si proche de lui transparaissait de manière bien trop flagrante à son goût.
« Au contraire. » Malefoy se pressa davantage contre Buffy, la bloquant de son corps. Elle inspira sans vergogne son odeur envoûtante. Il s'adressa à elle d'une voix basse, ses lèvres à quelque distance de son oreille. « Tu es folle de mon corps, je te trouve très, très attirante. En plus, tu m'es plutôt sympathique. Je le sais, tu le sais, le monde entier s'y attendait ! Pourquoi continuer lorsqu'il est si simple d'admettre nos envies et d'y succomber ? »
« Je crois que tu n'as pas compris… »
« Mieux que toi. »
Malefoy celle son regard à celui de Buffy. Elle sentit plus qu'elle ne vit ses mains glisser de ses épaules à sa taille, et ses propres paumes se déposer sur sa nuque. Mais aucun des deux ne fit mine de s'approcher davantage.
« Je ne ressens rien pour toi » dit Buffy d'une voix vibrante – qui démentait tout à fait sa déclaration.
Malefoy, dans un état aussi second que le sien, acquiesça vaguement. « Je ne te demande rien. Juste… une place dans tes draps. »
Ils se dévisagèrent, subjugués, s'enlaçant de manière encore plus étroite. Buffy avait perdu son orgueil et sa raison dans le même temps et, en cet instant précis, aurait été prête à accorder la moindre requête de Malefoy. Ils s'embrassèrent dans le vacarme assourdissant de leurs cœurs cognant leurs poitrines, leurs lèvres se rencontrant, leurs mains oubliant toute convenance. Buffy dévora sa bouche sans nul scrupule, s'agrippant à lui comme à une dernière chance. Comme elle ne s'était plus agrippée depuis… Spike. Peut-être même Angel, qui avait été l'amour le plus intense qu'elle n'avait jamais connu. Malefoy, pour sa part, s'y prenait avec autant d'habilité, de sensualité qu'un homme fait, avec fougue et passion. Il lui semblait qu'elle pourrait demeurer ainsi liée à lui jusqu'à la fin des temps.
Hélas, Buffy et Malefoy durent se séparer bien avant cela. Au premier grincement de la porte tournant dans ses gongs, ils se repoussèrent d'une seul réflexe. La vue encore brouillée par un désir fulgurant, Buffy mit un certain temps à s'apercevoir que Ron et Hermione les fixaient, interloqués. L'instant qui suivit, Harry et Dawn apparurent sur l'embrasure de leur propre chambre, haussant les sourcils face à leur position équivoque. Elle avisa alors les cheveux embroussaillés, le regard brumeux, les joues écarlates et la chemise froissée de Malefoy, songeant qu'elle ne devait guère avoir meilleure allure, ainsi que le bras qui enlaçait encore sa taille.
Ils s'entreregardèrent durant un bon moment, indécis, puis Buffy opta pour la retraite stratégique. « Hem… je crois que le petit-déjeuner est prêt. » Elle se dégagea, prenant la direction des escaliers. « Venez ; nous avons une longue journée devant nous. »
L'incident laissa Harry perplexe durant les six jours suivants. Il en discuta avec Ron, Hermione et Dawn, mais aucun d'eux ne se risqua à interroger les principaux intéressés. De même que le secret ne quitta pas leur cercle, Alex, Willow et Giles n'en surent rien. Harry avait bien remarqué le jeu de séduction dont Malefoy usait pour charmer Buffy, mais il ne se serait pas douté qu'elle y aurait pris goût. D'évidence, l'attirance était réciproque. Pourtant, il ne parvenait pas à se faire à cette idée. Malefoy, en dépit du changement insignifiant de son attitude, restait Malefoy – un garçon arrogant, prétentieux, irritant, sarcastique. Comment avait-il pu ne serait-ce que tenter Buffy ? Harry avait fait part de ces pensées aux autres, qui avaient tous haussé les sourcils d'un air incrédule.
Feignant de rien, reprenant leurs activités quotidiennes, seule l'indistincte distance qu'avaient adopté Malefoy et Buffy trahissait leur trouble. Buffy avait entreprit de leur enseigné le maniement de l'épée, tâche à laquelle Harry s'attela sans rechigner. Lorsqu'une apocalypse s'annonçait, mieux valait de ne pas faire le difficile. Hermione admettant de bonne grâce sa maladresse en ce domaine déclara préférer s'en tenir aux sortilèges sans baguette de Willow – auxquels, bien entendu, elle excellait. Ron s'y adonnait avec enthousiasme, s'imaginant sans doute dans la peau d'un preux chevalier. Dawn faisait danser sa lame et ses membres à chaque mouvement, comme d'ordinaire. Malefoy avait, certes, une certaine prestance, ainsi armée, pourtant, nul ne parvenait encore à égaler Buffy. D'ailleurs, elle ne devait pas porter si haut ses espérances. Elle n'avait de cesse de répéter que, comme Alex, Giles Willow et elle n'étaient pas en mesure de leur apprendre des nouveaux sorts de défense tels que ceux de Poudlard, ils faisaient de leur mieux pour étoffer leurs moyens de protection. Leurs efforts n'étaient pas vains, car la patience exemplaire, les encouragements de Willow et les remontrances de Buffy attisant son désir de réussir lui donnaient peu à peu une certaine expérience en leurs matières respectives.
En revanche, maints points noirs, en surcroît au manège de Malefoy et Buffy, tachaient la satisfaction de leurs progrès. La réserve de grimoires anciens étant épuisée depuis un moment, ils avaient rabattu leurs derniers espoirs sur le fameux ouvrage rédigé en vieux gaélique. Chaque soir, après le souper, Giles, Willow et Hermione s'installaient au salon, livres de traduction, parchemins et bloc-note en main. L'interprétation des lignes énigmatiques avançait, mais d'une telle lenteur que cela semblait dérisoire. Leur situation d'impuissance et d'ignorance grandissait ainsi la tension ambiante. De plus, les entraînements et sa relation avec Dawn ne laissaient guère de temps à Harry pour Ron et Hermione. Le changement était infime, mais l'éloignement certain. Cela faisait une éternité qu'ils n'avaient plus partagé une nuit de plaisanteries, une après-midi de joie ou de confidence. En dépit de tout l'amour, de la passion et de la tendresse que lui apportait Dawn, les moments de complicité passés avec ses amis lui manquaient comme un morceau de cœur. Mais l'approche imminente d'une grande bataille demandait beaucoup de travail et d'organisation.
Il songeait souvent à après la défaite cuisante de Voldemort et des vampires, la fermeture définitive de la seconde Bouche de l'enfer, la guérison de leurs plaies de combat. Après, il pourrait se baigner dans le lac de Derry avec Ron et Hermione. Après, il s'amuserait le reste de l'été à faire la course avec Dawn. Après, il n'aurait pas à craindre la moindre attaque inopinée durant un dîner dans le jardin de la résidence Summers. Après, peut-être Malefoy daignerait-il lui confier le secret qui l'avait tant bouleversé. Après, sans doute Buffy et lui cesseraient-ils cette grotesque mascarade et s'apercevraient-ils qu'ils n'éprouvent rien l'un pour l'autre. Après, Ron, Hermione, Malefoy et lui retourneraient à Poudlard pour leur sixième année.
Mais, en sortant soudain de sa rêverie pour retrouver la morosité emplissant le salon, il s'aperçut qu'après était encore loin. L'heure du coucher ne tarderait plus, pourtant, Willow, Giles et Hermione étaient toujours penchés sur le grimoire gaélique. Alex et Ron échangeaient des propos à mi-voix, Malefoy et Buffy, assis côte à côte sur le canapé, s'obnubilaient chacun d'un point inexistant, et Harry et Dawn, enlacés dans le dernier fauteuil libre, somnolaient. D'ailleurs, tous étaient prêts à s'assoupir sous peu lorsque Giles poussa un bruyant soupir, se levant d'un bond.
« Je crois qu'il est temps d'aller nous coucher » déclara-t-il d'une voix lasse. « Nous ne parviendrons à rien de constructif dans cet état de fatigue. Buffy ? »
Celle-ci leva des yeux ornés de cernes mauves vers lui. « Oui ? »
« Te sens-tu encore assez forte pour passer un coup de téléphone ? »
Elle fronça les sourcils, puis les haussa. « A Los Angeles, je suppose ? J'avais complètement oublié. Oui, je dois être d'attaque. Et puis, Angel est sûrement déjà levé. »
Alex émit un rire amusé. « S'il commence à calquer ses heures de sommeil sur celles des humains, c'est qu'il va très mal. »
« Tu pourrais le saluer de notre part ? » fit Willow, se frottant la paupière d'un doigt. « Ca fait longtemps. »
« Ca va le ravir » dit Alex, un sourire au coin des lèvres. « Nous te saluons, Angel, mais au fait, aurais-tu une idée pour stopper une nouvelle apocalypse ? »
« Oh, tais-toi, Alex » lui intima Giles, essuyant ses lunettes sur le pan de son veston chiffonné. « Je ne suis pas d'humeur à supporter tes blagues. » Il les replaça sur son nez. « Allez, tout le monde au lit. »
Harry prit Dawn par la main et gravit les marches en même temps que les autres, tandis Malefoy s'installait déjà sur son lit de fortune, Buffy saisissait le téléphone. Il avait trop hâte de se glisser dans ses draps pour demander qui était Angel. Arrivé à l'étage, il souhaita bonne nuit à Alex, Willow et Giles, puis adressa un sourire chaleureux à Ron et Hermione. Ils le lui rendirent. Dawn, sans mot dire, dut remarquer son humeur maussade car elle lui donna matière à rêver de songes somptueux juste avant que ses yeux ne se ferment.
Drago s'allongea sur le canapé, remontant ses couvertures jusqu'au menton. Les lumières du couloir de l'étage supérieur venaient de s'éteindre, ainsi que celles du salon, désormais vide. Mais Summers devant contacter un certain Angel, la cuisine demeurait illuminée. D'ailleurs, les paupières plissées, il distinguait les contours de sa silhouette, qui lui tournait le dos de manière ostensible. Drago soupira. Cela faisait six jours – six ! – qu'ils avaient échangé ce baiser fougueux dans le couloir et avaient été surpris en pleine action par Potter et sa clique. Depuis, nul n'avait plus abordé le sujet, et elle s'était évertuée à l'éviter. Son regard, ses paroles et sa présence semblaient dorénavant lui procurer une profonde répugnance. Et cette répugnance se répercutait jusque dans leurs duels à l'épée, durant lesquels elle ne faisait que l'invectiver, le frapper d'une telle rapidité qu'il n'avait pas le temps de prononcer la moindre parole.
Le souvenir des lèvres de Summers dévorant les siennes le hantait dès l'instant où il s'en était séparé, chamboulant ses convictions. La demoiselle de sa convoitise se trouvant soudain hors de portée, il avait commencé à envier chacun de ses gestes, ses mots, ses coups d'œil, même méprisables. Il en venait à regretter de l'avoir fait céder si vite. S'il ne l'avait pas tenté au point de s'embrasser ainsi, il serait encore à glisser des insinuations coquines, des mouvements équivoques, des regards explicites. Sa manœuvre trop audacieuse lui avait fait perdre leur jeu si agréable, leur jeu à eux, rien qu'à eux. Il ne se serait pas montré si impatient qu'il aurait encore la possibilité de la frôler mine de rien. Mais ce n'était plus le cas. Elle lui en voulait trop.
La situation était insoutenable. Son plan de départ avait été de la rendre folle de désir, pas de l'être lui-même. Dès son appel achevé, il la coincerait devant les escaliers pour… A dire vrai, il n'en savait rien. Peu-être pour lui parler, s'excuser de son manque de contrôle ; l'embrasser une nouvelle fois ; reprendre la partie là où ils l'avaient laissée. Il choisissait de suivre son si bon instinct lorsque la voix dépitée de Buffy le sortit de ses songes.
« Oh, ce n'est pas de ta faute » disait-elle. Accoudée au comptoir de la cuisinière, l'objet moldu nommé téléphone mural à son oreille, Summers paraissait plus lasse et préoccupée que jamais. « Non, je t'assure. N'essaie même pas. Aucun être pourvu de pouvoirs magiques ne peut franchir les frontières de Derry. Nous ne savons pas comment leur barrière les repousse. Peut-être que cela te blesserait. Non, ne prends pas ce risque. »
Drago se replaça mieux sur le canapé, cherchant un point de vue plus favorable à son observation. Summers contemplait le vide, les yeux emplis d'anxiété. Elle secoua la tête. « Non, inutile. Mais si tu trouves quelque chose, appelle-moi. De toute façon, je ne peux pas quitter la maison. » Elle eut un maigre sourire. « J'apprends à de jeunes sorciers britanniques à manier l'épée. Eh oui. Même que l'un d'eux est censé être le sauveur du monde sorcier. Epatant, non ? Il dort avec Dawn, en ce moment. Du moins, j'espère que c'est le cas. Il a l'air timide, mais je suis certaine qu'il peut être bien dégourdi. » Cette fois-ci, elle éclata d'un vrai rire, son regard miroitant soudain d'une faible lueur de gaieté. « Ce n'est même pas vrai ! J'avais au moins une année de plus qu'elle quand je l'ai fait ! Tu devrais avoir honte ; tu as été mon premier et tu ne te souviens plus de mon âge. » Drago sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, sa gorge se nouer de colère. Mais qui était cet Angel ? Son premier amant ? Cela suffit à lui inspirer une franche antipathie.
Le rire de Summers mourut dans sa gorge, elle baissa les yeux. « Moi ? Ca peut aller. Non, pas plus. A l'aube d'une apocalypse, tu ne devrais pas t'attendre à mieux. Oh. » Elle cligna des paupières, blêmissant. Drago plissa le front malgré lui, inquiet. Qu'avait-elle ? « Non, Spike n'est pas en cause. J'ai fait mon deuil. Il le faut bien. Je t'assure, je m'en remets. De toute façon, c'est le moment que je commence à m'intéresser aux vivants. » Elle ébaucha une parodie d'hilarité détachée. « Oui, moi aussi. J'espère que l'on aura l'occasion de se revoir. Ah, au fait, les autres te saluent. Je leur dirai. A bientôt. » Summers replaça le téléphone mural dans son socle d'une main tremblante. Puis éclata en sanglots.
Sans plus réfléchir, Drago se leva d'un bond, se précipitant jusqu'à elle. Il l'enlaça avant qu'elle ne s'en aperçoive et puisse protester. D'ailleurs, elle n'en fit rien, laissant ruisseler ses pleurs sur son épaule. « Je ne suis pas prête à m'engager dans une nouvelle relation » déclara-t-elle, le nez enfoui dans son cou.
« Je t'en demande pas tant. Je convoite ton corps, pas ton cœur. » Les mots sonnaient si faux dans sa bouche que Drago eut l'impression d'entendre un étranger les prononcer à sa place.
Summers se dégagea légèrement, scellant ses yeux larmoyants au sien. « Pourquoi tiens-tu tant à m'avoir ? »
« Parce tu es très, très attirante et que tu m'es sympathique. Tu ne ressens donc rien de semblable pour moi ? » Il maudit la note d'espoir qui se manifesta dans le timbre de sa voix.
« Si, un peu. Tu as un physique appréciable et tu es un garçon intéressant » concéda-t-il, refrognée.
« Eh bien, l'idée globale concorde. » Il se tut un moment, mais ne trouva pas la patience d'attendre que le silence s'éternise. « Alors ? »
« Alors quoi ? »
« Qu'en dis-tu ? »
Summers poussa un soupir à mi-chemin entre l'exaspération et le soulagement. « J'en dis que tu devrais te dépêcher de m'embrasser. »
Drago ne se fit pas prier. Ses lèvres, ses mains, son corps eurent tôt fait de trouver sa bouche, ses hanches et son contact. Summers répondit avec tout autant d'ardeur à son brûlant assaut. Elle immobilisa sa tête en glissant ses doigts dans ses cheveux tandis que les siennes se frayaient un chemin sous son chemisier. La température grimpa à toute vitesse, embrasant leurs sens, évinçant leur bon sens.
Drago entreprenait de s'attaquer à la gorge offerte de Summers lorsque la chaleur chuta soudain. Les lumières de la salle à manger clignotèrent, faiblirent, s'éteignirent. Drago et Summers cessèrent toute agitation, avisant, pris au dépourvu, la pièce désormais éclairée par la lueur blafarde de la lune. Le froid les saisissant, ils raffermirent leur étreinte, regardant autour d'eux.
« Que se passe-t-il ? » fit Summers. Son souffle se mua en buée tiède devant ses lèvres.
Drago l'étreignit brusquement, d'un réflexe désespéré, en réalisant la cause de tout cela. Paniqué, durant un bref instant, il ne put qu'espérer se tromper, faire fuir les monstres de sa simple volonté. Hélas, ce n'était pas si simple. Et même la proximité intime de Summers tout contre lui ne parvint à le réchauffer lorsqu'une haute silhouette encapuchonner, flottant au-dessus du sol, masqua la lune en s'élevant face à la fenêtre.
A suivre…
