.
La première partie de ce chapitre est une reprise du texte "Abusivement", disponible en tant que Les deux fondateurs #6 (FanWarriors) ou Even stars burn out – FR #38.31 (Isa'ralia Faradien).
La seconde partie est une adaptation du texte "D'innocent à tueur", disponible en tant que Les deux fondateurs #7 (FanWarriors) ou Even stars burn out – FR #76 (Isa'ralia Faradien).
Chapitre n°3 :
Fléau
[An 1 019 après J.C. / -1 016 avant Yavin]
La COMBE les faisait trimer abusivement. Mais les mineurs d'Apatros ne considéraient même pas la grève : ils étaient financièrement pris à la gorge.
Travailler, toujours remonter de plus en plus de cortosis, tout ça pour toujours payer encore plus pour leurs besoins primaires et s'endetter alors que le coût de la vie dans la colonie était artificiellement gonflé au fil des mois par leur employeur.
Ces dettes étaient les seules choses qui les retenaient ici. Ils s'étaient comme vendus à la compagnie, qui décidait désormais de leur date de « remise en liberté ».
.
~oOo~
.
Dessel sentait les coups pleuvoir sur son corps, mais il s'efforça de rester calme. L'enfant de dix ans ne broncha pas une seule fois durant les longues minutes durant lesquelles son père, ivre, le frappa sans relâche.
- Tu es un fléau ! hurlait l'adulte. Le fléau de ma vie ! Tout est de ta faute ! Si je travaille encore dans les mines, c'est de ta faute ! Si ta mère est morte, c'est de ta faute ! Tu n'aurais jamais dû venir au monde, tu es une abomination !
Chacune de ces déclarations était ponctuée d'un coup de poing, d'une gifle, d'un coup de pied. Ils venaient s'ajouter à la douleur psychologique de l'enfant, qui voyait son père lui reprocher des choses dont il n'était même pas responsable – et qui voyait également son père le rejeter chaque jour un peu plus.
L'humiliation n'en était que plus grande, et les plaies – physiques et mentales – étaient à vif.
Des corrections violentes de ce genre, Dessel en recevait régulièrement. Hurst était trop souvent ivre, et il passait alors ses nerfs sur son fils, qu'il accusait de tous les maux – vraiment de tous les maux. Dès que Hurst pouvait reprocher quelque chose à son fils unique, il en profitait pour le passer à tabac.
Hurst cessa soudain de frapper et de vociférer, et Dessel sut que la fatigue l'avait enfin gagné. L'homme, à bout de souffle, s'effondra dans le fauteuil, et essuya d'une main tremblante, abîmée et ensanglantée, la sueur qui perlait sur son crâne chauve.
L'enfant en profita pour ramper loin de lui, en faisant le moins de bruit possible. Il ne devait pas éveiller de nouveau la colère de son père... Il le laissa donc derrière lui, hagard.
Dessel était en piteux état. Hurst était un homme qui possédait beaucoup de force, acquise par ses nombreuses années de travail dans les mines de cortosis d'Apatros. L'enfant ne sentait cette fois-ci aucun os fracturé, mais les plaies ensanglantées sur tout son corps et les hématomes enflés sur son visage ne faisaient aucun doute.
Il alla se réfugier sur sa couchette, le plus loin possible du monstre qui l'avait élevé. Il se roula en boule, et les larmes qu'il avait contenues jusqu'à présent coulèrent à flots le long de son visage abîmé par les coups. Il prit cependant grand soin de pleurer aussi silencieusement que possible, car Hurst détestait entendre ses sanglots.
Les larmes coulaient, plus abondantes que jamais, irritant les plaies et les ecchymoses qu'elles rencontraient en chemin. Je voudrais tellement que tu meures, je voudrais que tu meures... C'était une litanie que Dessel repassait sans cesse dans sa tête, pour se donner l'illusion de pouvoir faire quelque chose contre son père.
Je voudrais que des roches s'effondrent sur ta tête et qu'elles t'écrabouillent. Je voudrais que tu disparaisses. Je voudrais que tu me laisses tranquille. Je voudrais que tu meures.
Un bruit le tira de ses pensées. Il entrouvrit difficilement un œil pour voir Hurst, sorti de sa torpeur, se lever et avancer en titubant en direction de sa propre couchette, presque voisine de celle de Dessel. Le garçon se recroquevilla encore plus. Son père empestait l'alcool.
Hurst grogna lorsqu'il passa près de lui, et bougonna à voix basse :
- Fléau... Abomination... Ne mérite pas que je me tue à la tâche pour le nourrir...
Dessel l'entendit s'effondrer de toute sa masse dans son lit. Quelques minutes plus tard à peine, des ronflements résonnèrent dans la petite pièce unique.
L'enfant se permit alors de passer une main sous son oreiller depuis longtemps aplati. Il ne farfouilla pas longtemps pour tirer à lui un petit morceau d'étoffe.
Avant de mourir, sa mère avait, selon toute vraisemblance, commencé à lui tricoter une couverture, qui aurait dû être son cadeau de naissance. Elle était restée inachevée, mais Hurst la lui avait un jour offerte, sous le coup d'une ivresse nostalgique de son épouse perdue à jamais.
Dessel l'avait soigneusement cachée sous son oreiller, mais la couverture n'avait pas pu être protégée de tous les dangers.
Un soir comme celui qu'il venait de vivre, il avait utilisé une fois de plus la couverture inachevée comme un doudou. Mais Hurst l'avait vu, et sous le coup de la colère, il l'avait saisie pour la déchirer en deux.
Désormais, il attendait d'être certain que son père soit assoupi pour serrer la couverture verte contre lui – seul souvenir de cette mère qu'il n'avait pas connue, et dont il n'avait jamais pu bénéficier de la protection et de la douceur.
