Le Saut de l'Ange : Eh oui, elle n'a pas eu beaucoup de chance Mais tu verras, Drago va lui rendre le goût des vivant !lol ! Sinon, Harry apprendra tout bientôt le secret de ses amis. Et l'on verra bien comment il le prendra… Et puis, ne t'en fais pas : le trio est trop solide pour rester éloigné trop longtemp
Merci !
Adaska : Heureuse que le chapitre te plaise. Le Détraqueur t'a surprise ? Lol, ça me fait plaisir ! Ce sont de vrais sales bêtes, tu le savais, toi ?
Merci d'avoir lu !
Selphie451 : Les choses sérieuses, en effet !lol ! Je suis contente que ce chapitre t'ai plu. J'espère que ce sera la même chose pour celui-ci.
Merci, bye !
virg05 : Bien sûr qu'ils arriveront à repousser les Détraqueurs – ce sont des héros, ne l'oublions pas – seulement, ils s'y prendront… d'une certaine façon (suspens !)
Merci d'avoir lu, et merci d'avoir apprécié !
Lisou52 : Voilà la suite, régale-toi !
Un grand merci pour ta review !
Thealie : Eh oui, un Détraqueur – plusieurs, même. Je suis contente que les petites intrigues sentimentales te plaisent. J'avais peur que ça fasse trop feuilleton américain. Mais si ça te plaît, c'est que ce ne doit pas être si mauvais.
Merci
Funnygirl0531 : Ouh, impatiente ?lol ! Oui, c'est vrai, c'est pas très sympa de ne pas les laisser conclure, mais j'ai pas pu m'empêcher ! Mais ne t'attends pas à un Lemon citronné à souhait – si tu es fan, je n'en sais rien – ce n'est pas tant mon genre. Tu as vu le raiting de la fic ? Je ne sais plus très bien lequel c'est, mais ce n'est pas du R (ou M, pour les nouveaux). J'espère que ça ne te dérange pas.
Merci d'avoir lu !
Chapitre 17 : Chose promise, chose due
Une fois en pyjama, ses lunettes déposées sur la table de nuit auprès de sa baguette, les lumières de chevet éclairant seules la pièce, Harry se glissa dans ses couvertures, son esprit obnubilé par le dernier sourire échangé dans le couloir avec Ron et Hermione. Ce n'était qu'en les regardant disparaître derrière la porte de leur propre chambre qu'il avait constaté à quel point ils lui maquaient. Dumbledore l'avait pourtant dit : la capacité de Voldemort à semer la discorde était considérable. Il lui suffisait d'annoncer son arrivée pour que la préparation de son accueil divise les rangs. S'enfonçant dans ses oreillers, pestant intérieurement contre le mage noir, il ne remarqua qu'au bout d'un bon moment l'absence de Dawn à ses côtés.
Elle farfouillait dans l'armoire contenant ses vêtements, le visage s'engouffrant dans la pénombre des étagères. Harry en profita pour la toiser à la dérobée, appréciant les courbes de sa silhouette, désormais familières, puis se décida à l'interpeller.
« Que cherches-tu donc ? »
Dawn ne répondit pas tout de suite, et s'extirpa enfin de l'armoire. « Ca » répondit-elle. Sa trouvaille à la main, elle prit place auprès de Harry, se blottissant contre lui. Il s'aperçut alors qu'il s'agissait de son album photo, celui dans lequel reposaient les portraits de ses parents, de Sirius, Lupin et de Ron et Hermione. Dawn l'ouvrit sur une page au hasard, révélant la photographie mouvante de ses amis et lui en train de rire aux éclats. Harry sentit un pincement au cœur. La plupart des images les représentant tous trois avaient été prises à leur insu par Colin Crivey, qui les lui avait offertes comme cadeau, un jour, sans raison particulière. Harry avait adoré les ajouter à son album, dorénavant empli des portraits des personnes comptant le plus pour lui. « Lorsque Buffy et moi avons rangé tes affaires dans cette armoire, nous avons trouvé cet album, mais nous ne l'avons pas parcouru » reprit Dawn, interrompant ses songes. « J'ai juste regardé cette photo avant de le refermer. Seulement, je m'en suis servi pour te contacter dans tes rêves. Cela signifie qu'il s'agit d'un objet précieux à ton cœur. J'aimerais… » Elle hésita, rougissant, détournant les yeux. Harry sourit à part lui. « J'aimerais que tu me racontes un peu l'histoire de ces photos. J'aimerais être encore plus proche de toi. » Elle releva la tête, encrant son regard au sien, incertaine. « Si, bien entendu, cela ne te gêne pas. »
Harry déglutit, ouvrant l'album à la première page. Il s'aventurait sur une pente savonneuse car, hormis les traits de ses amis, reposaient les dernières images de ses parents. A chaque fois qu'il y risquait un coup d'œil, il se mettait à larmoyer. Il espérait être en mesure de paraître plus brave devant Dawn. « C'est d'accord » dit-il sans la regarder. « Mais ça prendra un certain temps. »
Un demi-sourire joua au coin de lèvres de Dawn. « Nous avons toute la nuit devant nous. »
Harry se mordilla la lèvre inférieure, prenant une légère inspiration. La photo le montrait Ron, Hermione et lui, alanguis sous un grand chêne, dans le parc de Poudlard. Un petit amoncellement de livres les entourait, ainsi que leurs sacs, leurs capes et leurs vestons. Il se souvenait tout à fait de ce jour-là. « C'était vers le début de l'année scolaire, de notre quatrième » commença-t-il, les yeux perdus dans le vague. « Nous venions de terminer nos devoirs – enfin, Ron et moi venions de terminer de recopier les notes qu'Hermione avaient prises au moins une semaine avant nous. C'a toujours fonctionné ainsi, du moins en Histoire. » Dawn eut un bref rire, Harry tourna une page. L'on avait figé la suivante dans l'un des couloirs de l'école, durant une dispute entre Malefoy et lui. Dawn ne put retenir une franche hilarité, cette fois-ci. « Oui, bon. Ca fait longtemps que ce n'est plus arrivé » commenta Harry, soudain conscient des changements de sa relation avec Malefoy.
Ils passèrent quelques minutes à tourner les pages, découvrant peu à peu les photos, toutes plus touchantes les unes que les autres. Harry souffrit davantage à chaque instant, s'apercevant combien l'éloignement de Ron et Hermione lui pesait. Mais ses larmes ne lui brouillèrent la vue que lorsqu'il découvrit une dernière image d'eux trois se disant au revoir sur la voie neuf trois quarts. Dawn n'insista pas, lui prenant l'album des mains, et l'enlaça. Harry tâcha de reprendre son calme, frémissant dans les bras de Dawn.
« Tu crois que je n'avais pas remarqué ? » fit-elle en lui caressant les cheveux.
« Remarqué quoi ? » demanda Harry, la voix tremblante.
« Que Ron, Hermione et toi ne trouviez plus un instant pour vous. Tous ces entraînements, ces recherches… moi. C'est bien des préoccupations. Vous n'avez pas passé beaucoup de temps ensemble. Je trouve cela injuste. »
« Je ne veux pas que cette maudite guerre nous sépare » dit-il, la gorge nouée. « J'ai peur de les perdre. De perdre notre amitié, de les voir combattre pour moi, à mes côtés, puis de… »
« De les voir mourir ? Je comprends. J'ai vu ma sœur se sacrifier pour moi, sous mes propres yeux. Je sais ce que tu crains, et je sais ce que tu ressens. Tu devrais aller leur parler, non ? »
Se sentant grotesque, Harry se blottit contre Dawn, respirant son odeur et savourant sa chaleur. Ses pleurs étaient amers, brûlants, tandis qu'il se rendait compte que Voldemort lui volait un été de joie – peut-être même le dernier – avec ses amis alors qu'un océan les séparait. Désespéré, il étreignit Dawn de toutes ses forces, comme s'il craignait de la voir disparaître, emportée comme tous les autres par la disgrâce qui le poursuivait. « Je suis un véritable idiot » souffla-t-il. « Je laisse Voldemort gagner sans rien faire d'autre que de gémir sur ton épaule. »
Dawn le força à croiser son regard, et il vit alors qu'elle pleurait aussi. Il en éprouva davantage de honte. « Tu n'es pas un idiot, loin de là, mon amour » murmura-t-elle, des traînées limpides sillonnant ses joues. « Tu le garçon le plus merveilleux que j'ai eu le bonheur de rencontrer. Ecoute-moi : Ron, Hermione et toi avez de la chance de vous connaître. Vous êtes loyaux, courageux, animés de sentiments sincères et liés par… quelque chose de si fort que je ne saurai expliquer de quoi il s'agit. Crois-moi, Harry. Tu ne dois pas avoir peur de les perdre. Car… »
« Les personnes que l'on aime ne nous quittent jamais vraiment ? » suggéra-t-il, morne. Combien lui avaient-ils déjà dit cela ?
« Tout à fait » affirma Dawn, avançant son visage du sien. Elle s'efforçait de jouer le rôle de Buffy – celui de la protectrice et mère pleine d'assurance, d'expérience – mais, en dépit du fait qu'elle était sur la bonne voie, il était flagrant qu'elle était tout autant démunie que lui. « Elles seront toujours dans ton cœur, car je sais que ton cœur est unique. De plus, tout n'est pas perdu, je te l'assure. Si vous avez survécu à toutes ces années de combat, il serait stupide de succomber maintenant, tu ne crois pas ? » Elle parvint à sourire, et Harry l'imita.
« Que ferais-je sans toi ? » Il se pencha vers elle, sa bouche toute proche de la sienne.
« Pas grand chose, m'est avis. » Souriant tous deux, ils s'embrassèrent. Bien vite, ils s'allongèrent, leurs lèvres toujours celées, et, comme chaque nuit, entrelacèrent leurs doigts. La joue pressée contre le front de Dawn, Harry déplora d'une pensée son attitude. Sa douce avait beau dire, il était tout de même d'une imbécillité prodigieuse. Il parlait de ses amis comme s'ils étaient morts, enterrés et qu'il n'avait pas eu l'occasion de leur dire adieu. Pourtant, ils dormaient juste dans la pièce d'à côté. Il y aurait encore de nombreuses journées ensoleillées dans la résidence Summers avant qu'ils ne doivent se séparer. Ce n'était pas parce qu'ils n'avaient pu passer beaucoup de temps ensemble que leur amitié était révolue. Harry se maudit à nouveau. Qu'il était sot ! Leur amitié datait de trop d'années et était trop serrée pour qu'une guerre la détruise. Il s'en rendait compte, à présent. Ses craintes de s'éloigner de Ron et d'Hermione alors que Voldemort ne tarderait pas à faire son apparition l'avaient aveuglé. Il ne devait pas perdre le temps qui lui était donné en se lamentant. Il prit ainsi la décision d'aller leur dire, dès demain, qu'il les aimait. Et qu'il était désolé. Si désolé…
Fort de ses résolutions, Harry resserra sa prise sur Dawn, se laissant sombrer peu à peu dans le sommeil. Mais alors qu'il était sur le point de s'assoupir, un grand froid le sortit de sa torpeur de manière brusque. Se redressant d'un même mouvement, Harry et Dawn avisèrent aussitôt la buée qui dansait devant leurs bouches ainsi que la température glaciale de l'air ambiant.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? » fit Dawn, apeurée, en frissonnant.
« Je crois savoir » répondit Harry. Il étreignit la main de Dawn dans la sienne, plaçant ses lunettes sur son nez et saisissant sa baguette magique de l'autre. « Mais j'espère me tromper. » Il rejeta leur couverture sur le côté et attira Dawn à sa suite en direction de la porte. S'il s'agissait bien de Détraqueurs, comme il le pensait, il devait avertir les autres et Ron, Hermione et lui seraient contraints de créer leurs Patronus respectifs.
Il posait sa paume sur la poignée lorsqu'un hurlement strident résonna. Pris de frayeur, Harry sentit ses jambes faiblir, s'appuya contre le battant, convulsé de tremblement. Il dut réunir toute sa volonté pour repousser l'inconscience qui le menaçait.
« Harry ! Harry, je t'en prie ! » s'écriait Dawn, le soutenant de son mieux. « Harry, que t'arrive-t-il ! »
Mais il l'entendait à peine. Les cris de sa mère emplissaient sa tête, brouillant sa vue, l'abrutissant. Il ne discernait que les traits terrorisés de Dawn.
« Reste avec moi » fit-elle, paniquée.
Au bord de l'évanouissement, Harry vit Dawn le traîner jusqu'au lit et l'y jeter, tandis que le froid et la voix de sa mère engourdissaient sa raison. Il ne s'aperçut qu'il avait défailli pour de bon que lorsqu'il reprit connaissance. Se redressant en sursaut, haletant, il croisa le regard fixe de Dawn, puis ceux plus maîtrisés de Ron et Hermione. L'eau glaciale que lui avaient jetée au visage ses amis avait atténué les hurlements de sa mère, et il retrouva l'usage de la parole. Il perçut même l'agitation régnant à l'étage inférieur.
« Des Détraqueurs ? » dit-il d'une voix rauque.
Ron acquiesça. « Selon Willow, ils auraient mis un sacré bout de temps à percer ses barrières. Elle et Giles tentent de les faire fuir tout en protégeant Alex, Buffy et Malefoy. Ils ne peuvent pas faire grand chose d'autre, pour le moment. »
« Il faut que tu viennes invoquer ton Patronus » ajouta Hermione.
« Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? »
« Nous avons essayé, mais ils ne sont pas assez puissants. »
« Excusez-moi, mais je ne comprends rien à ce que vous dites. » Harry, Ron et Hermione se tournèrent vers Dawn qui, se tordant les doigts, se tenait sur le seuil de la porte. « Qu'elles sont ces créatures ? Comment peut-on les exterminer ? Et pourquoi ai-je l'impression de ne plus jamais pouvoir sourire ? »
Harry, voyant son effroi, la saisit par les épaules et encra son regard au sien, dans l'espoir qu'elle y trouve quelque peu de réconfort. « Ce serait trop long à t'expliquer. Mais dès que nous serons en bas, tu devras rejoindre la protection de Willow et Giles, d'accord ? Je raconterai tout plus tard. Promets-le-moi. »
Dawn hocha la tête en prenant une inspiration hachée. « Je te le promets. »
« Bien. » Harry coula sa main le long de son bras et s'empara de ses doigts. Il s'apprêta à quitter la pièce mais Ron, sur ses talons, le retint. Harry porta son attention sur lui, haussant les sourcils. « Qu'y a-t-il ? »
« Tu crois que ça ira ? » s'enquit Ron, le regard luisant de véritable anxiété.
Harry ébaucha un sourire, caressant les phalanges de Dawn et observant tour à tour ses amis. « Tant que vous êtes là, je n'ai rien à craindre. » Ron et Hermione lui rendirent son sourire.
Enserrant leurs baguettes dans leurs poings, Harry agrippant Dawn, ils s'élancèrent dans le couloir glacial et dégringolèrent les escaliers, se précipitant dans le salon. Harry manqua de s'évanouir à nouveau, cependant, Ron, Hermione et Dawn l'entourant, ils le saisirent par les bras en le secouant d'une poigne vive. Il s'efforça alors d'ignorer le timbre effrayant de Lily Potter et de se concentrer sur l'affrontement se déroulant devant lui. Les Détraqueurs, sombres silhouettes vaporeuses, avaient envahi le rez-de-chaussée comme une marée ténébreuse, poussant leur râle grêlé. Ils tendaient leurs mains putréfiées vers Willow, les iris virant au noir, et Giles, les yeux rivés sur un vieux grimoire, qui récitaient d'une voix forte une incantation. Alex, et Buffy, bouche bée, demeuraient figés de stupeur derrière le bouclier miroitant qu'avait confectionné Willow, auprès de Malefoy, qui, pour sa part, avait le teint livide. Se défaisant de la prise de Ron et Hermione, Harry attrapa Dawn et la propulsa dans le bouclier. Sa sœur l'emprisonna aussitôt dans ses bras, lança à Harry un furtif coup d'œil de reconnaissance.
« Venez, on va tenter de jeter le sort en même temps » clama-t-il, sa voix couvrant à peine le vacarme émanant de Willow et des Détraqueurs. Il leva sa baguette. « Souvenez-vous de ce que je vous avais dit à l'AD. Il faut se remémorer un moment heureux de votre vie et y penser très fort. Prêts ? »
Ron et Hermione, l'encadrant, brandirent leurs baguettes à leur tour, l'air déterminé. « Prêts » dirent-ils en chœur.
Harry reconstitua dans son esprit son premier et fiévreux baiser avec Dawn, se rappelant les battements désordonnés de son cœur, son souffle précipité, son désir palpitant. « A trois : Un… Deux… Trois… Spero Patronum ! » Hélas, en dépit de l'énergie qu'ils déployèrent, leurs Patronus ne furent guère davantage qu'un mince filet diaphane pour Ron, une masse informe pour Hermione et cerf rachitique à peine visible pour Harry. Le sort leur demandant tout de même beaucoup, ils eurent du mal à tenir sur leurs deux jambes lorsqu'il s'estompa. Harry entendit les cris éplorés de sa mère, plus glaçants et intenses qu'auparavant. « Ce n'est rien, nous n'avons qu'à réessayer. Nos souvenirs ne devaient pas être assez puissants. »
Ils s'exécutèrent une nouvelle fois, sous les yeux attentifs de Buffy, Alex, Dawn et Malefoy, tandis que Willow et Giles poursuivaient leur incantation – sans grand succès, d'ailleurs. Mais leurs efforts furent vains, sans qu'ils puissent se l'expliquer. Harry avait de plus en plus de mal à demeurer éveiller, tant le brouhaha assourdissant qui assaillait sa tête le déstabilisait. Ron et Hermione avaient beau lui asséner de petites tapes, le secouer afin de le tenir conscient, il sentait sa concentration faiblir. Ainsi, au bout de la cinquième tentative de Patronus, son cerf n'en était plus un, ne valant guère mieux que le filet scintillant que produisait la baguette de Ron. Hermione le frappa de manière plus dure, cherchant à le réanimer un tant soit peu. Harry fixa avec difficulté son regard sur elle. Elle paraissait alarmée.
« Harry ? Ca va ? » demanda Ron, préoccupé. « Tu es vraiment pâle. »
Harry acquiesça, bien que cela était tout à fait faux. Il allait on ne peut plus mal et craignait de s'effondrer à tout instant. Une chance que Ron et Hermione soient à ses côtés pour le maintenir en état. A peine eut-il songé cela qu'une idée lui traversa soudain l'esprit. Abasourdi par sa propre étourderie, il recouvra aussitôt ses capacités, tant l'évidence de sa pensée était saisissante. Comme les pièces manquantes d'un gigantesque puzzle, le dénouement d'une énigme s'imposa à lui. Sans plus réfléchir, il fourra sa baguette magique dans sa poche, s'attirant les regards sceptiques de Ron et Hermione.
« Heu… Qu'est-ce que tu fais ? » s'informa Hermione, étonnée.
« Je sais comment les repousser » déclara Harry, que la découverte subite de la solution exaltait. « Rangez vos baguettes et prenez-moi les mains. Allez ! » les pressa-t-il alors qu'ils s'entreregardaient, perplexes. Puis ils choisirent de lui faire confiance, comme d'ordinaire, et entrecroisèrent leurs doigts aux siens dans une étroite étreinte. Les Détraqueurs, râlant et effleurant l'air de leurs mains purulentes, encombraient le salon, ombres oppressantes, sinistres, s'approchant toujours plus des autres, malgré le sortilège de Willow et Giles. Harry entraîna Ron et Hermione jusque devant eux deux, levant le menton face aux créatures. Les cris de sa mère n'en devinrent que davantage horrifiants, mais il tâcha de les oublier un bref instant. Car, si ses suppositions étaient justes, son entreprise ne durerait que quelques minutes. « A trois, nous formulons l'incantation, d'accord ? » fit-il, plissant les paupières. Le froid ambiant s'insinuait désormais entre ses vêtements. Il ne tiendrait guère plus longtemps.
« Nous n'avons pas tout à fait le choix » remarqua Ron, contemplant, affligé, les Détraqueurs qui cherchaient à les toucher.
« J'espère que tu sais ce que tu fais » renchérit Hermione, refoulant des larmes de frayeur.
Harry sentit la culpabilité familière de leur faire subire tant d'atrocités lui enserrer le cœur, mais il n'y prit pas garde. « A trois » répéta-t-il, désemparé. « Un… »
« Deux… » murmura Ron. Harry sourit par inadvertance.
« Trois ! » acheva Hermione.
« Spero Patronum ! » s'écrièrent-ils d'une même voix.
Sitôt qu'ils eurent prononcé la formule, Harry éprouva la violente impression de devenir sourd. Il n'entendait plus ni les râles des Détraqueurs, ni les voix de Willow et Giles, ni le crépitement d'énergie que dégageait leur sortilège, ni les plaintes de sa mère. Ses mains liées à celles de ses amis, il ne put que contempler, pétrifié, la gorge nouée. Les Détraqueurs stoppèrent leur lancinante progression, se figeant soudain, comme stupéfaits. Alors, dans le silence immobile qui s'était abattu sur la pièce, un vrombissement ténu froissa l'atmosphère, et une faible lueur blafarde, scintillante, s'échappa des poignes serrées de Harry, Ron et Hermione. Incrédules, tout comme leurs autres compagnons présents qui se reculaient avec précaution, ils observèrent la lueur se muer peu à peu en rayon éblouissant. Tous plissèrent les paupières. La lumière diaphane gagna en intensité durant quelques insoutenables instants, jusqu'à se faire aveuglante, puis, enfin, elle prit la forme, grandiose, imposante, spectaculaire, d'un majestueux dragon. Soudain, Harry retrouva l'usage de l'ouïe. Le Patronus-dragon poussa un rugissement assourdissant et fondit de toute sa magnificence sur les Détraqueurs. Apeurés – du moins était-ce l'impression qu'ils donnaient – ces derniers se dispersèrent comme une foule paniquée. Le dragon les chargeait, hargneux, en battant de ses puissantes ailes, et ils sillonnèrent, leurs capes en haillons bruissant autour d'eux. Harry ne distinguait guère davantage dans ce tumulte que des hurlements, des grondements, des lézardes enténébrées zébrant une lumière rutilante. Puis, brusquement, tout prit fin.
Harry mit un certain temps à s'apercevoir qu'il avait chu au sol – ainsi que tous les autres. Il promena un regard circulaire autour de lui : Ron et Hermione, auprès de lui, les yeux écarquillés, paraissaient assimiler avec difficulté les derniers événements. Alex s'était traîné jusqu'à Willow, hébétée, qu'il enlaçait et pressait de questions sur son état. Giles, les lunettes de travers, baladait un œil scrutateur sur le salon intact. Buffy, pour sa part, serrait Dawn entre ses bras, la berçant à un rythme à peine trop vigoureux pour le rendre apaisant. Malefoy, pour sa part, s'était carrément évanoui. Harry songea avec compassion que son père avait dû lui faire subire des choses horribles pour qu'il soit si vulnérable au pouvoir des Détraqueurs. Ils étaient à égalité, désormais. En dépit de la course effrénée de son cœur affolé, il courba ses lèvres en un maigre sourire.
Harry passa sa main dans ses cheveux, effleurant au passage sa cicatrice. Une main l'attrapa alors à l'épaule, le faisant pivoter. Il rencontra les yeux ahuris de Hermione, qui ne lui laissa pas voir davantage, le plaquant contre elle. Il lui rendit son étreinte frissonnante, heureux de constater qu'elle était plus ou moins en bonne forme. Par-dessus sa chevelure en broussaille, il échangea un coup d'œil amusé avec Ron, qui lui sourit. Et ce fut comme si l'éloignement des derniers jours n'avait jamais eu lieu.
« C'était dément ! » souffla Ron, encore sous le choc.
« Bon sang » murmura Hermione, toute proche de son oreille. Elle se détacha de lui, gardant tout de même ses bras autour de ses épaules. « Mais comment as-tu su ? »
Harry déposa un baiser sur le front de son amie. « Mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore… Vous vous souvenez ? Je crois que c'est de ça qu'il s'agit. »
« Que veux-tu dire ? » fit Ron.
« C'est vous, ou nous trois, ou notre amitié, le pouvoir que Voldemort ignore » déclara Harry, regardant Ron et Hermione tour à tour. « J'en suis persuadé. Je le sais. Je le sens. Tant que vous êtes là, tant que nous restons unis, il ne pourra rien nous arriver, à vous comme à moi. Vous comprenez ? »
Ron et Hermione le gratifièrent d'un sourire rayonnant, les larmes embuant leurs yeux. Ils acquiescèrent avec un petit soupir.
« Tout le monde va bien ? » Ils portèrent alors leur attention sur Buffy, qui s'était mise debout et toisait l'assemblée. Ils répondirent par de timides hochements de tête et des chuchotements enroués. « Bien, dans ce cas. » Harry remarqua qu'elle tremblait de tous ses membres et que sa poitrine montait et s'abaissait à une cadence précipitée.
« Quelqu'un pourrait-il m'expliquer ce que c'était que tout ça ? » fit Alex, blême. « Ces créatures et… ce dragon ? »
« J'ai… J'avais lu quelque chose à ce propos » dit Willow, se blottissant contre Alex. « C'était des Détraqueurs. Des êtres maléfiques se nourrissant des pires souvenirs des gens, de leur peur. Il me semble qu'ils sont les gardiens de l'une des plus célèbres prisons de sorciers, non ? »
« Du moins l'était » intervint Hermione. « Mais plus maintenant. »
« Voldemort les a ralliés à lui, je présume ? » soupira Giles, tandis qu'ils se relevaient.
Harry, Ron et Hermione lui lancèrent un regard résigné, auquel il répondit en plissant le front, essuyant ses lunettes sur un pan de sa chemise.
« Et… quel était ce dragon blanc ? » dit Dawn, entortillant une mèche de cheveux autour de son doigt.
« Un Patronus » reprit Willow. « Un bouclier érigé avec des souvenirs heureux servant à repousser les Détraqueurs. Ca, c'est clair. Ce que je n'ai pas compris, c'est comment vous avez fait pour le créer sans vos baguettes. »
Harry, Ron et Hermione s'entreregardèrent, complices, réprimant un sourire malicieux. Cela aurait été déplacé en de telles circonstances. Pourtant, l'idée que leur amitié soit une arme redoutable contre Voldemort les rendait radieux. « Je dirais que c'est parce que tu es un bon professeur de magie sans baguette » répliqua Harry, haussant les épaules.
A défaut de convaincre tout à fait, ses paroles eurent au moins le mérite de détendre l'atmosphère. Buffy, les traits adoucis, ramassa le corps inanimé de Malefoy, toujours inconscient, et le déposa sur le canapé. « Allez, retournez vous coucher » dit-elle en suite, se tournant vers Harry, Ron, Hermione et Dawn. « Profitez des dernières heures de la nuit. »
Ron et Hermione les précédant, Harry saisit la main de Dawn, lui déroba un baiser tandis qu'ils gravissaient tous quatre l'escalier. Ron émit un léger ricanement. « Quand je pense que Malefoy se moquait de toi, Harry, parce que tu t'évanouissais, en troisième… Demain, je me ferai un plaisir de le lui rappeler, lorsqu'il saura qu'il a perdu connaissance ! » Il rit à nouveau.
« Ce n'est pas drôle, Ron » le réprimanda Hermione, renfrognée.
« Oh, je t'assure que si. »
« Non, vraiment pas. Cela veut juste dire qu'il a vécu des choses aussi horribles que Harry. »
Le bout des oreilles de Ron rougit alors qu'ils atteignaient le couloir. « Tu ne veux quand même pas que je lui excuse tout ce qu'il nous a dit sous prétexte qu'il est dans notre camp ? »
« Je n'ai jamais laissé entendre ça… Mais si tu pouvais éviter de te payer sa tête, demain, je crois qu'il appréciera… »
« Il ne se gêne pas de nous insulter, lui ! »
« Ce n'est pas la question ! »
« Alors il faut m'expliquer pour nous avons cette discussion ! »
« Parce que tu es incapable d'écouter ce que l'on te dit sans t'emporter ! »
« C'est faux ! »
« Vraiment ! »
La porte de leur chambre se referma sur eux, étouffant les propos de leur querelle. Harry éclata de rire sous le regard perplexe de Dawn. « Tu viens d'assister à l'une des disputes légendaires de Ronald Weasley et Hermione Granger ! » dit-il, hilare.
Dawn haussa un sourcil alors qu'ils entraient dans leur propre chambre. « Légendaire ? Tant que ça ? »
« Eh oui ! S'ils recommencent, c'est qu'ils vont beaucoup mieux ! »
Dawn rit à son tour, croisant ses bras autour de la taille de Harry, qui encercla pour sa part ses épaules. « Tu es bien plus beau lorsque tu ris que lorsque tu pleures » fit-elle, appuyant son front contre le sien.
Harry sourit, et ils s'embrassèrent. « C'est ta présence qui m'embelli. »
Buffy attendit de ne plus percevoir les chamailleries de Ron et Hermione avant de se tourner vers Willow, Alex et Giles. Ils paraissaient préoccupés.
« Comment doit-on prendre cette visite nocturne, selon vous ? » fit Alex, les mains enfoncées dans ses poches.
« Comme une mise en garde, je pense » répondit Giles. « Les Mangemorts doivent être furieux que l'on ait libéré leurs prisonniers et Malefoy. »
« Mais pourquoi ne nous ont-ils pas attaqués plus tôt ? » demanda Willow.
« Ils ont dû avoir du mal à percer tes barrières » sourit Buffy. « Je trouve plutôt rassurant de savoir qu'ils peinent à entrer dans la maison. »
« Oui, mais cela ne durera pas » dit Giles, soucieux. « Voldemort ne va pas tarder à arriver, et nous n'avons toujours aucune idée des armes que Harry et toi devrez utiliser. »
« Mais vous avez vu quelle puissance ils ont, ces trois-là ! » s'exclama Alex. « M'est avis que, armes ou pas, ils seront de formidables adversaires. »
« Il faut pourtant mettre toutes les chances de notre côté » répliqua Willow.
« Et tout ce qui nous reste pour ça, c'est un vieux grimoire en gaélique incompréhensible » soupira Buffy, lasse comme jamais. « Sans compter qu'Angel n'a aucun renseignement utile. »
« Ah, vraiment ? » dit Giles.
« Oui. Mais il promet de nous contacter s'il trouve quelque chose de son côté. »
Buffy, Willow, Alex et Giles soupirèrent en chœur. L'affrontement s'annonçait ardu.
« Je propose que nous allions nous coucher » dit Willow. « La journée a été longue. »
« Et celle de demain le sera aussi » renchérit Alex. « Si la bataille approche, nous devons redoubler d'effort. »
Buffy reprit dans ses bras Malefoy, inerte, et entreprit de se rendre à l'étage supérieur, ses amis sur ses talons. Ils se souhaitèrent bonne nuit sur le seuil de leurs chambres respectives, et Buffy ferma sa porte d'un coup de pied. Elle déposa Malefoy sur son lit, le glissa sous les couvertures. Elle ne put refouler le regain de désir qui la réchauffa de l'intérieur. Qu'il était beau, ainsi endormi… Si le Détraqueur n'était pas intervenu, ils auraient sans doute… Buffy secoua la tête, chassant toutes pensées incongrues. Après tout, c'était mieux ainsi. Une relation uniquement basée sur le plaisir charnel ne menait jamais loin. Dès qu'il serait éveillé, elle lui parlerait. Ils ne devaient succomber à ces envies, ce n'était pas bien. Ils s'en voudraient par la suite.
Buffy, s'assurant qu'il dormait bel et bien, se tourna vers son armoire, ôtant son t-shirt et son jean, puis se vêtant d'une chemise de nuit. Alors qu'elle closait les battants de son grand meuble, deux bras emprisonna sa taille, la plaquant contre un torse familier. Elle vit volte-face, affrontant Malefoy du regard, s'étonnant à peine de ne pas l'avoir entendu se lever. Il lui souriait d'un air goguenard. « Tu t'es remis de ta petite frayeur ? » rétorqua-t-elle.
« Tout à fait. Je me sens en pleine forme. » Et il se pencha vers elle, capturant ses lèvres dans un baiser persuasif.
Buffy ne trouva – d'ailleurs, elle ne chercha même pas – la force de le repousser. Ni lorsqu'il l'étreignit, ni lorsqu'ils se laissèrent tous deux tomber sur son lit.
A suivre…
