vir05 : Oui, c'est vrai qu'il est un peu émotif, sur ce coup-là, Harry ; mais après tout, avec tout ce qui lui tombe dessus en même temps, il a bien le droit d'avoir la sensibilité à fleur de peau, non ? Quant à Buffy et Drago… Ca viendra bientôt. Et je peux te dire que ça va en boucher un coin à tout le monde.
Merci d'avoir lu !
Funnygirl0531 : Soit, si un peu de romantisme est nécessaire, je suis rassurée. Je suis contente que ce chapitre t'ait plu, et j'espère qu'il en sera de même pour celui-ci – même s'il n'est pas venu aussi vite que tu l'aurais voulu.
Merci d'avoir lu !
lisou52 : Merci, c'est très gentil. J'espère que ce chapitre-ci te plaira aussi !
Bye !
Le Saut de l'Ange : Ca me fait plaisir que tu aies apprécié, même si c'est un peu niais vers la fin. Mais bon, il les aime fort ses amis, quand même !lol ! Sinon, j'espère que tu aimeras aussi ce chapitre qui, lui, n'est pas niais du tout – selon moi !
Bye !
Adaska : Non, justement, il n'a pas compris qu'ils étaient ensemble car, de un, il n'a pas tout de suite compris qu'il voyait par leurs yeux ; et de deux, il ne se souvenait pas exactement de ce qu'ils se disaient. Et comme il n'a pas un esprit de déduction très développé, il n'a pas vraiment fait le rapprochement.
Merci d'avoir lu !
Thealie : Oui, plein de révélations. Mais, comme nous approchons gentiment de la fin, il y en aura de plus en plus.
Merci d'avoir lu !
Selphie451 : Je suis contente que ce chapitre t'ait plu. Je suis d'autant plus ravie que je connais ta préférence pour le couple Ron/Hermione et que je suis très flattée que tu trouves cette scène plutôt « choue ». Merci beaucoup.
Bye !
Chapitre 19 : Va, cours, vole et nous venge
« De l'Onirisme ? »
Buffy, qui avait toutes les peines du monde à se concentrer sur la conversation à cause de Drago qui frottait sa jambe contre la sienne d'un mouvement langoureux, s'efforça de reporter son attention sur le livre que Harry leur présentait. Il s'en était soudain souvenu, en début de soirée, lors de leur entraînement au combat, et avait accouru dans sa chambre rechercher le grimoire usé, ouvert à une page ornée d'enluminures, les réunissant tous dans la salle à manger, autour de la table. Selon ce qu'elle avait compris, Harry se serait aperçu qu'il avait acquis, par inadvertance, un nouveau pouvoir magique, et il semblait le croire d'une grande utilité.
« De l'Onirisme, oui » répondit Harry à Hermione. « Il s'agirait d'une forme détournée de l'Occlumencie et de la Légimencie. Il doit cependant exister un lien affectif entre le sorcier et la personne soumise au charme. C'est pour cette raison que j'ai par moment partagé les rêves de Dawn, ainsi que les vôtres. Mais j'ignore si je parviendrai à songer avec quelqu'un à distance, puisque je tenais la main de chacun d'entre vous lorsque j'ai infiltré votre esprit. »
Buffy vit les pensées d'Hermione défiler dans ses prunelles, le front plissé, la mémoire en ébullition. « Je n'en ai jamais entendu parler » finit-elle par déclarer, comme à regret.
Harry et Ron éclatèrent de rire, s'entreregardant. « Alors ça ! » s'esclaffa Ron. « Hermione qui n'est pas au courant d'un mystère ! »
« L'apocalypse est vraiment à nos portes ! » renchérit Harry, hilares.
Alex et Willow échangèrent un coup d'œil amusé, tandis que Giles demeurait songeur et que Drago levait les yeux au ciel. « Moi, en revanche, je me rappelle avoir lu quelque chose à ce propos » intervint Giles. Harry, Ron et Hermione, qui avait vite rejoint ses amis, se calmèrent aussitôt, à nouveau attentifs. « Les informations ne sont pas très détaillées, comparé à ce que j'avais découvert à la bibliothèque de Sunnydale. C'est une magie ancienne, qui date des chamans et des druides. Elle s'apprend ou se révèle d'elle-même, comme dans ton cas, Harry. D'ailleurs, lorsque l'Onirisme agit spontanément, cela signifie que le potentiel est assez étendu. Tu ne devrais pas rencontrer trop de problèmes pour contacter quelqu'un à distance, selon moi. Il te manque peut-être un peu d'entraînement, mais nous réglerons cela bientôt. Nous pourrons ainsi tenir l'Ordre du Phénix informé. »
Harry acquiesça, relevant ses lunettes sur son nez. Hermione lui prit le grimoire des mains et l'avança vers elle, Willow et elle se penchant dessus, intriguées et fascinées. Ron, pour sa part, passa ses mains dans ses cheveux. « Et vous ? » dit-il. « Les recherches au sujet des armes aboutissent-elles ? »
Giles poussa un soupir. « Oui, peu à peu. Nous avons tout juste terminé de déchiffrer les chapitres de l'ouvrage et en avons repéré deux qui semblent mentionner les armes symboliques des humains pourvus de magie. Ne reste plus qu'à espérer que nos efforts ne sont pas vains car, sinon, nous sommes perdus. »
Un pesant silence s'abattit à la suite de cette déclaration. Buffy se rapprocha de Drago d'un mouvement imperceptible, profitant du fait que chacun contemplait le vide d'un air morne. Drago déposa une paume légère sur sa cuisse, pressant son épaule contre la sienne. Plus le temps filait, plus Buffy appréciait la relation qui la liait à son amant.
Alex prit alors une grande inspiration, se levant en faisant racler sa chaise sur le carrelage. « Je propose que nous allions nous coucher » dit-il avec une voix lasse que Buffy ne le lui connaissait pas.
« Oui » approuva Willow en l'imitant. « Nous commencerons l'entraînement d'Onirisme dès demain. »
Les autres hochèrent la tête, se mettant debout et prenant la direction des chambres. Ron et Hermione, qui avaient dévoilé leur couple la veille, gravissaient les escaliers main dans la main, précédant Harry et Dawn qui appuyait sa tempe sur son épaule, somnolant déjà. Ils se souhaitèrent bonne nuit sur le seuil de leur chambre respective, puis Buffy verrouilla la porte derrière elle. Sitôt, deux bras entourèrent sa taille et des lèvres douces effleurèrent le creux de son cou. Elle se laissa aller contre le torse de Drago, qui l'enserrait d'une manière aussi adorable que possessive.
« Tu es tendue » fit-il remarquer.
Buffy sourit, inclinant la tête afin de laisser champ libre à sa bouche. « Tu parles » dit-elle. « Après une journée pareille… »
Elle fit volte-face dans son étreinte, l'enlaçant à son tour, l'embrassant. Drago glissa ses mains sur ses hanches, dessinant des volutes paresseuses de ses pouces. « Tu n'as pas mis au courant tes copains de ce qu'il se passe entre nous » dit-il lorsqu'ils se furent séparés. Ce n'était ni un reproche ni une question, juste une constatation.
Buffy ferma les yeux, se blottissant contre lui. Non, en définitive, elle n'en avait fait part à personne. Elle doutait que ses amis comprennent les raisons de leur idylle – si elle osait user de ce terme. Car, pour le moment, ils ne partageaient guère d'autres activités que des ébats amoureux réguliers. Elle ne saurait leur expliquer pour quelle raison ces instants d'intimité avec Drago devenaient davantage vitaux de jours en jours, pourquoi elle adorait les quelques mots qu'ils se confiaient sur l'oreiller, pourquoi elle aimait son rire, son sourire, la soie de sa peau et de ses cheveux, la pureté de son regard, son cynisme, son sarcasme… Ses amis toléreraient-ils le fait qu'une ardeur physique s'évince, laissant place à une tout autre forme de passion ? Avec un sorcier fils de Mangemort ? Avec un garçon plus jeune qu'elle ? Alors que maints aspects de sa personnalité coïncidaient avec celle de Spike ? Tous la croiraient déstabilisées par les malheurs qui l'avaient frappée auparavant, qu'elle ressentait un lourd manque affectif et qu'elle tâchait de le combler par tous les moyens. Il ne s'agissait en aucun cas de cela, mais comment le leur ferait-elle comprendre ? Non, il valait mieux qu'ils gardent leur relation secrète, et qu'ils profitent de ce que le temps leur accordait.
« J'ai décidé que ma vie privée ne les regardait qu'à moitié, et que tu faisais partie de la moitié qu'ils n'ont pas besoin de connaître » déclara-t-elle en un souffle.
« Tu as honte de moi ? »
Buffy releva la tête, incrédule. Drago dardait sur elle un œil scrutateur, sans ciller. Elle le dévisagea, les sourcils froncés. « Au départ, c'est toi qui ne voulais rien leur dire » lui rappela-t-elle, outrée.
« Oui, mais tu n'as pas répondu. As-tu choisi de tout mettre sous silence car tu as honte ou car tu penses qu'ils auraient du mal à accepter ? »
« Ils auraient du mal à accepter. » Elle lui rendit son sourire narquois. « Même si j'ai eu des fréquentations pires que toi, je ne pense pas qu'ils se réjouiraient. »
« Pire que moi ? » rit-il. « Ca existe ? »
« Eh oui ! Deux vampires, un demi-dieu maléfique, un militaire drogué… Mon palmarès est loin d'être admirable. Tu es d'ailleurs le garçon le plus normal que je côtoie depuis longtemps. »
Ils éclatèrent d'un petit rire, toujours enlacés. « Et, avec tous ces types… est-ce qu'il n'était question que de sexe ? »
L'interrogation la prit tant au dépourvu qu'elle se dépourvut de son sourire. Drago avait détourné les yeux, fixant le vague par-dessus son épaule. Doucement, Buffy se saisit de ses mains, qui tenaient ses hanches, et les leva à hauteur de son visage, déposant ses paumes sur ses joues. Drago consentit enfin à la regarder. « Je ne te parle que de relations sérieuses. J'en ai eu d'autres, qui n'ont duré qu'une nuit car, là, il n'y avait que du sexe. Mais je ne les ai pas poursuivis car je suis incapable de rester avec quelqu'un rien que pour son corps. »
En dépit de son sourcil haussé, moqueur, et de son expression espiègle, un flagrant espoir transparaissait de ses joues empourprées et de ses iris pétillants. « Même pas avec moi ? » fit-il d'un ton désinvolte.
Buffy secoua la tête. « Même pas avec toi. »
« Il y a trois Poursuiveurs, deux Batteurs, un Gardien et un Attrapeur. Les Poursuiveurs se passent une balle rouge, le Souaffle, et doivent la mettre dans trois anneaux de quinze mètres de haut, les buts, que le Gardien défend. Les Batteurs protègent de leurs battent les autres joueurs des Cognards, des balles brunes et très dures. L'Attrapeur, moi, tourne autour du terrain à la recherche du Vif d'Or, une toute petite balle dorée qui met fin au match. »
« Tu as le rôle le plus important, en fait ? »
« Non, parce que l'issu du match ne dépend pas uniquement du Vif d'Or. Le vif donne cent cinquante points, mais si les Poursuiveurs adverses ont accumulé plus de buts que notre équipe, ils ont l'avantage. »
« Ca a l'air compliqué. »
« Oh, pas tant que ça… »
La conversation avait débuté lorsque Harry avait laissé chuter son Eclair de Feu au sol, en voulant prendre un pyjama dans son armoire. Dawn lui avait alors demandé pour quels usages il s'en servait, et il s'était lancé dans l'explication animée des règles du Quidditch. Dawn, admirative, buvait ses paroles, émerveillée par ses exploits sur balai. Assis face à face, en tailleur, sur leur lit, ils s'esclaffaient de jubilation.
« Tu me montreras, un jour ? » demanda-t-elle, trépignant d'excitation.
« Bien sûr ! » répondit Harry, tout aussi exalté. « Tu verras comme c'est fantastique ! »
« Décris-moi les sensations, s'il te plaît. » Dawn se mordilla la lèvre inférieure, les joues roses, les épaules raidies.
Harry sentit un ridicule sourire béat étirer ses lèvres alors qu'il se remémorait son dernier vol en balai. « Le vent souffle autour de toi » commença-t-il, fixant Dawn mais ne la voyant pas tout à fait. « Il ébouriffe tes cheveux et rafraîchit ton visage. Le paysage devient flou, les couleurs se mélangent, tu ne vois plus rien, à vrai dire. Ton cœur s'accélère, tu n'entends plus que ses battements frénétiques et le sifflement de l'air à tes oreilles. Tu te sens si euphorique que tu en oublies comment était la vie avant que tu ne décolles. Il n'y a rien qui égale ça. »
« Oh, Harry… » Il reprit le cours de la réalité, surpris de se trouver assis sur un lit alors que tout son être éprouvait l'ivresse du vol. Mais l'expression de Dawn valait tous les matchs de Quidditch qu'il avait pus disputer par le passé. Elle la détaillait d'un regard rayonnant, subjuguée. Harry sentit ses joues prendre feu. Pourquoi l'observait-elle ainsi ? « Oh, c'est magnifique » soupira-t-elle. « Tu aimes vraiment ça, pas vrai ? »
« Oh oui » dit-il à voix basse. « Il paraît que c'est dans le sang. Mon père aussi était Attrapeur, et très bon. »
« Et toi ? Ron m'a dit que tu as été le plus jeune Attrapeur depuis un siècle. Est-ce la vérité ? »
Harry éclata de rire. « En doutais-tu ? »
Dawn le rejoignit dans son rire, puis, sans crier gare, se glissa vers lui et sauta à son cou, le faisant basculer sur le matelas. Son amusement se coinça dans sa gorge, le malaise coutumier qu'elle provoquait en lui le remplaçant. A demi allongée sur lui, elle caressait son visage du bout de ses doigts et de ses yeux, repoussant les mèches ténébreuses de ses cheveux en broussailles, effleurant sa cicatrice. « Tu as déjà volé de nuit ? » demanda-t-elle, l'air songeur. « Pour voir les étoiles ou les couchers de soleil ? »
« Non » répondit-il en un souffle, troublé. « Mais c'est une idée. Nous devrions essayer, lorsque nous aurons l'occasion. »
Elle acquiesça, et ils s'embrassèrent. L'occasion. Tous deux savaient que cela signifiait la fin de la guerre, la mort de Voldemort, la disparition de l'apocalypse… Et ce n'était pas près d'advenir. Pourtant, ils s'en moquaient. Seul importait l'instant présent, leurs lèvres qui se dévoraient, leurs esprits qui s'égaraient, leurs mains qui s'abandonnaient…
Une détonation, un éclair vert aveuglant, des rires et des cris retentirent soudain dans la rue. Harry et Dawn sursautèrent. Harry bondit au bas du lit, se précipita à la fenêtre et écarta les rideaux. Son cœur manqua un battement. Une véritable émeute se déchaînait sur la route et le trottoir, les gens se bousculaient en tous sens pour fuir. Certains réverbères étaient éteints, vandalisés, mais des sorts de toutes couleurs fusant aidaient la lune à éclairer les alentours. Cependant, une lumière en particulier dominait sans peine celle des éclairs colorés : la Marque des Ténèbres, ondulant, se mouvant, menaçante, au-dessus des gens paniqués. Des gens auxquels se mêlaient des Mangemorts encagoulés et des vampires hilares. « Oh, c'est pas vrai ! » s'écria-t-il.
Dawn, derrière lui, poussa un cri d'effroi tandis qu'il déboulait dans le couloir, où, déjà, les autres échangeaient des propos affolés. Ron et Hermione, en le voyant, s'empressèrent de le rejoindre. « C'est… C'est… » balbutia Hermione, la respiration hachée.
« Oui, je sais » fit Harry. « Mais pourquoi ? »
« Il est peut-être enfin arrivé » suggéra Ron, la voix vibrante de terreur.
Harry fut parcouru d'un frisson glacé alors que Dawn agrippait son épaule. « Si tard ? Je le croyais déjà ici. »
« Quoi qu'il en soit, une telle bonne humeur chez l'ennemi ne peut être que mauvais signe pour nous. »
« Que fait-on, alors ? » s'enquit Hermione, en proie à une panique croissante.
« On se bat » répondit Alex. « On n'a pas vraiment d'autres alternatives, de toutes façons. »
« Oui, on ne peut pas laisser les gens se faire massacrer par ces monstres » renchérit Willow, blême, en jetant un coup d'œil par la fenêtre du fond du couloir.
Un grand fracas de vitre brisée résonna entre les manifestations de terreur. Willow sursauta, s'éloignant de la fenêtre, les paupières écarquillées.
« Quoi que l'on décide » dit-elle d'une voix blanche « il ne nous faut pas nous attarder davantage. »
« Alors, dépêchons-nous » déclara Buffy. Elle croisa les bras sur sa poitrine, les regardant tour à tour. Harry eut juste le temps de noter son air échevelé, ses joues empourprées et ses vêtements froissés avant que son ton catégorique ne le ramène à la réalité. « Alex, Giles et Willow, restez ensemble aussi longtemps que possible. Vous deux la couvrirez tandis qu'elle jettera ses sorts. Nous devrons être efficaces. Harry, Ron, Hermione et Dawn, occupez-vous des vampires et évitez les Mangemorts ; ce sont eux les plus dangereux. Prenez chacun un pieu et une arme en plus de vos baguettes magiques. L'on ne sait ce qui peut se produire. Drago, toi, tu demeures à mes côtés. Allons-y. »
Ils acquiescèrent, se dispersant déjà en petits groupes. Harry, Ron, Hermione et Dawn suivirent dans sa chambre Giles, qui leur confia de longs pieux de bois épais, une arbalète pour Dawn, deux épées pour les garçons, une dague pour Hermione. Harry tâcha de ne pas s'interroger au sujet de la réserve d'armement considérable que possédait Giles, dissimulée dans un large coffre verrouillé.
« Prenez garde » leur recommanda-t-il alors qu'ils s'élançaient en direction des escaliers. Bientôt, les autres les rattrapèrent, alors que Buffy et Malefoy étaient sortis de la maison, laissant la porte grande ouverte derrière eux. Ne s'accordant pas un instant pour songer dans quelle situation il se précipitait, Harry emboîta le pas à ses amis, et ils débouchèrent sur la rue.
Vu de près, la cohue paraissait s'être amplifiée, tant en panique qu'en Moldus apeurés. Harry glissa son pieu dans sa poche et, gardant son poing serré autour de l'épée, s'empara de sa baguette. Il leva le bras, rassembla l'énergie nécessaire, prononça une première formule. Un rayon bleuté jaillit, touchant un vampire qui courait aux trousses d'une jeune femme. Comme prévu, il se figea durant un quart de seconde avant de s'évaporer en un nuage de poussière grise. Harry esquissa un sourire féroce. Il n'appréciait guère qu'une attaque du Seigneur des Ténèbres interrompe de la sorte l'une de ses entrevues avec Dawn, de manière si abrupte et inopinée, le contraignant à combattre plutôt qu'à embrasser. Une sourde fureur enflamma peu à peu ses sens, guidant ses gestes et ses réactions de manière plus impérieuse que sa raison. Il se moquait des conséquences. Tout ce qui importait, c'était d'éradiquer ses ennemis. Il en avait assez de souffrir ainsi. Ce soir, Voldemort regretterait d'avoir envoyé ses sbires dans les rues de Derry, tant les pertes qu'il aurait subies seraient considérables.
Auprès de lui, Ron et Hermione, s'efforçant de se tenir proche l'un de l'autre, semblaient animés d'une rage semblable à la sienne, vociférant des sorts aveuglants qui atteignaient toujours leur but, décimant les vampires comme s'ils n'étaient rien de plus que des insectes nuisibles. Harry se réjouit de les voir si puissants. Leur amour les enhardissait à leur avantage, leur conférant une assurance telle que nulle crainte ne transparaissait de leur expression, un redoutable courroux émanant de chacun de leurs mouvements. Harry s'enorgueillit de connaître pareils sorciers.
Reprenant ses esprits, il remonta ses lunettes sur son nez. Nul ne semblait remarquer sa présence, tant la confusion tourbillonnant autour de lui était grande. Les Moldus hurlaient, s'effondraient, pleuraient sous les coups des Mangemorts et des vampires. La Marque des Ténèbres enflait, comme si elle s'abreuvait du sang et des cendres qui jonchaient le sol de Derry. Il aperçut un groupe de Mangemorts, baguettes brandies, en train d'asséner des Doloris répétés à quelques personnes prostrées, se convulsant. Harry faillit accourir dans leur direction, mais il se souvint à temps des recommandations de Buffy : il était trop risqué de se mesurer aux mages noirs. Se sentant d'une lâcheté remarquable, il se détourna à contrecœur, crispant les mâchoires. Par chance, Willow, un étrange halo violacé la nimbant, avançait vers eux, effaçant la distance entre eux à grandes enjambées, Alex et Giles l'escortant.
Harry parcourut la route méconnaissable, jetant des sorts au hasard, incendiant les vampires, évitant les sorciers ennemis. Ron et Hermione l'imitaient, dos à dos ou côte à côte. Dawn, l'air déterminé, sourcils froncés, effectuait des traits précis de son arbalète, un carquois plein pendant à son épaule. Harry progressait en tâchant de garder un œil sur eux, craignant qu'un Mangemort survienne et les attaque. Au travers de sa rage bouillonnante, qui dirigeait si bien ses réflexes, filtrait une anxiété constante à leur égard. Il songea avec agacement que cette tendance protectrice était bien vaine, ne suffirait guère à les préserver du danger si celui-ci surgissait à son insu.
Une détonation explosa derrière eux, provocant un éclair aveuglant, les faisant sursauter et faire volte-face. Les Mangemorts qui, un instant auparavant, torturaient les Moldus à coup de Doloris, étaient à présent étendus de tout leur long sur la route, une trace noirâtre de brûlure se déployant sous leurs corps inertes, et leurs victimes avaient fui. Willow, Alex et Giles s'éloignaient à bonne allure, usant de magie et d'armes diverses à l'encontre de l'ennemi. D'ailleurs, ce dernier paraissait contourner, de manière fort ostentatoire, le petit groupe redoutable.
« Eh bien » fit Ron, clignant des paupières. « C'a l'avantage d'être efficace. »
« C'est le moins que l'on puisse dire » approuva Hermione, admirative. « Il faudra qu'elle m'enseigne ce sortilège. »
Harry et Ron se tournèrent vers elle d'un même mouvement, horrifiés. « Tu plaisantes, j'espère ? » dit Ron. « Imagine que tu t'énerves tant contre moi, un jour, que le sortilège t'échappes par inadvertance. Je n'ai pas envie de finir roussi par ma fiancée. »
« Pardon de vous interrompre » intervint Dawn, leur tournant le dos « mais je crois que nous avons d'autres problèmes plus urgents. »
Harry, Ron et Hermione regardèrent dans la direction qu'elle désignait. Cinq vampires s'esclaffant bruyamment avançaient au milieu de la route, des torches enflammées dans leur poing, effrayant les Moldus qui les croisaient. L'un d'eux s'immobilisa devant une maison, brandissant sa torche, faisant mine d'incendier la bâtisse. Ils s'approchaient à grands pas, résolus à les arrêter avant que les dégâts ne soient irréparables, tenant leurs baguettes à bout de bras, mais n'eurent guère le temps d'agir. Buffy se rua sur les vampires à une vitesse prodigieuse, détenant pour unique arme un long pieu effilé, s'immisça entre leurs rangs serrés, frappant en tous sens. Les vampires disparaissant en fumée grisâtre, leurs torches chutèrent au sol, provocant des débuts d'incendies sur les pelouses alentours. Par chance, Malefoy, courant bien moins vite que Buffy, parvint à le rejoindre juste à temps. Il leva sa baguette, hurla une formule, et un impressionnant jet d'eau jaillit de son extrémité. Il éteignit le feu, certes, cependant, dans sa hâte, il aspergea Buffy d'une copieuse part de son sortilège. Il éclata de rire lorsqu'il l'aperçue, assise au sol, trempée jusqu'aux os. Elle lui lança une remarque mécontente, ne se dépouillant pas de sa moue renfrognée alors qu'il lui offrait sa main, la hissant sur ses pieds. Et ils s'éloignèrent, Malefoy toujours hilare. Harry secoua la tête.
Tandis que Harry, Ron, Hermione et Dawn empruntaient une nouvelle direction, cherchant des yeux des vampires à éliminer, tous les autres accoururent jusqu'à eux d'un même mouvement. Ils se retrouvèrent alors réunis au centre de la rue, immobiles dans la cohue assourdissante.
« Qu'y a-t-il ? » s'enquit Ron, haletant.
Willow, que le halo violacé avait quitté, les regarda tour à tour. « Je crois pouvoir effectuer un charme anti-vampire sur tout Derry, pareil à celui qui protége notre maison mais à une plus grande échelle. Il ne serait que provisoire, bien entendu, pourtant, je ne vois pas quoi faire d'autre. Il me semble que les vampires comme les Mangemorts affluent sans cesse, toujours plus nombreux. Il nous faut les arrêter à tout prix. »
« Et pour les Mangemorts ? » demanda Malefoy.
« J'espère qu'ils prendront peur en voyant une moitié de leurs troupes finir en poussière. Crois-tu cela plausible ? »
Malefoy prit un instant de réflexion, jetant des coups d'œil circulaires. « Oui, je pense. Les Mangemorts ne sont pas loués pour leur bravoure. »
« Parfait. En ce cas, Hermione, j'aurai besoin de toi. »
Hermione haussa les sourcils, étonnée. « De moi ? Pourquoi ? »
« J'ignore ses mes pouvoirs sont assez puissants pour lancer un sort de cette ampleur, peut-être devras-tu m'assister. Buffy, Alex, Giles, j'aimerais aussi que vous nous couvriez pendant que nous réalisons le rituel. La moindre interruption nous contraindrait à tout reprendre du début. »
« Bien entendu, pas de problème » affirma Alex.
« Drago, tu restes avec eux » dit Buffy, par-dessus son épaule, alors qu'ils s'en allaient. « Soyez prudents. »
Demeurés ensemble, Harry, Ron, Dawn et Malefoy reprirent leur chasse aux vampires sans un mot. Hélas, ils croisèrent davantage de Mangemorts, qui semblaient se ressembler et attaquer en groupe, les forçant à rebrousser chemin, se dissimuler, les éviter. Alors qu'ils attendaient que trois mages noirs aient dépassé la maison à l'angle de laquelle ils se tapissaient, Harry se tourna vers Malefoy, souriant d'un air goguenard.
« Depuis quand Buffy t'appelle-t-elle Drago, au juste ? » fit-il, railleur.
Malefoy s'empourpra, levant les yeux au ciel. « Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Elle m'appelle comme elle veut, je m'en fiche. »
« Vraiment ? »
« Oui, vraiment. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi ça t'intéresse tant. »
Harry aurait bien aimé répliquer que, considérant le fait que Buffy et lui dormaient dans la même chambre, qu'ils passaient beaucoup de temps ensemble, qu'ils étaient sortis plutôt dépeignés de la pièce, lorsque l'assaut avait commencé, il était en droit de s'interroger quelque peu. A dire vrai, il avait surtout espéré pouvoir se soulager à ce sujet : les grotesques tentatives de séduction de Malefoy ayant cessé depuis quelque temps, il suspectait un secret entre eux deux, tout en souhaitant se tromper de manière fort grossière.
Mais il n'eut pas l'occasion de dire quoi que ce soit ; un ricanement narquois se fit entendre derrière eux, s'élevant de l'obscurité d'un bosquet. Ils tournèrent les talons, brandissant leurs baguettes, Dawn son arbalète. « Qui est là ? » dit-elle, parée à tirer.
Une longue silhouette s'extirpa du bosquet, encapuchonnée, sa cape de jais virevoltant autour d'elle, les pans inférieurs battant ses chevilles. Elle ricana à nouveau, une main sur la hanche. « Alors, Drago ? » fit-elle d'une voix familière à Harry. « Tu ne m'embrasse plus ? »
Malefoy se figea, ses traits se tordant en une expression haineuse, répugnée. « N'y compte pas. »
« Oh, tu me fais de la peine. » Et la femme rabattit sa capuche. Harry sentit son cœur bondir d'une rage fulgurante, ses poings enserrant son épée et sa baguette, ses mâchoires se crispant. L'air hautain, les paupières lourdes, les cheveux bruns, Bellatrix Lestrange les jaugeait d'un regard présomptueux, un exécrable rictus satisfait étirant ses lèvres. « Ta mère serait très mécontente de ton comportement. Heureusement qu'elle est désormais incapable de te réprimander. »
Malefoy brandit aussitôt sa baguette, sa respiration hachée soulevant sa poitrine par saccade. Ses traits tordus de haine, son teint blêmissant étaient quelque peu effrayants. « Prends garde à tes paroles, Bella. Je ne suis pas dans ton camp, pour ta gouverne. »
Lestrange haussa un sourcil railleur, sans se départir de son sourire méprisant. « Je suis au courant, n'aie crainte. D'ailleurs, Lucius ne cesse de m'en rabattre les oreilles. Ta trahison l'a beaucoup déçu, ainsi que maints de nos camarades. T'allier au Survivant, à l'Ordre du Phénix, aux Sang-de-Bourbe… à la Tueuse. C'est tout à fait honteux, mon cher neveu. C'est encore pire que les actes de Narcissa… »
« Ne t'avise pas de poursuivre » l'interrompit-il. Sa voix vibrait de fureur contenue, mais sa prise sur sa baguette était ferme. « A présent, explique-moi ce que les Mangemorts et les vampires font ici. »
« Avec plaisir. Figure-toi, Drago, que le Seigneur des Ténèbres est arrivé. Il est parvenu à ressembler un grand nombre d'entre nous et s'apprête à ouvrir la Bouche de l'enfer dès que possible. N'est-ce pas une bonne raison de nous amuser un peu ? »
Malefoy, excédé, rivait ses yeux gris sur Lestrange, la foudroyant. Harry sentit les regards de Ron et de Dawn se tourner vers lui, cherchant à capter le sien, mais toute son attention était portée sur Lestrange, son sang bouillant dans ses veines, son cœur martelant ses côtes. Une rage sourde le confondait, le rendant imperméables au monde extérieur. Seule sa haine lui était perceptible.
-Allons, tu peux faire mieux que ça ! s'écria-t-il, sa voix résonnant en écho dans la vaste salle.
Le deuxième jet de lumière le frappa en pleine poitrine…
Harry cligna paupières, chassant les images qui se pressaient dans son esprit. N'importait l'arrivée de Voldemort, la jubilation de ses disciples, l'ouverture imminente de la seconde Bouche de l'enfer ; l'assassine de Sirius se tenait devant lui, à quelques pas à peine, et il comptait bien assouvir sa soif de vengeance.
Il esquissa un geste pour lever sa baguette et jeter le premier sort, profitant qu'elle soit en pleine discussion avec Malefoy, cependant, Ron le devança, l'interrompit. Harry lui lança un regard noir. « Lâche-moi, Ron » siffla-t-il entre ses dents crispées.
Ron le fixa sans ciller, ses doigts entourant son poignet. « Il est hors de question que tu fasses ça, Harry » dit-il, résolu.
« Tu ne sais même pas ce que j'allais faire. »
« Tu te trompes, je le sais très bien. Tout comme je sais que ce sera vain. Cela me fait autant mal qu'à toi, Harry, je te l'assure, mais Sirius… enfin, il n'est plus là. Et ce n'est pas de tuer Lestrange qui le ramènera. »
« J'en suis conscient, figure-toi. » Il se dégagea d'un coup sec, défiant Ron de le contraindre à ne pas agir. « Il n'empêche pourtant que je dois le faire. Alors n'interviens pas. »
« De quoi parlez-vous ? » fit Dawn, auprès d'eux.
« Qu'est-ce que ces messes basses, vous trois ? » dit alors Lestrange. Ils reportèrent leurs regards sur elle, qui les dévisageait d'un air suffisant. Malefoy la menaçait toujours de sa baguette, mais cela ne semblait guère l'effrayer. « Tu choisis bien mal tes alliés, Drago. Ils sont tout à fait dépourvus de courtoisie, d'évidence. »
« Attention, Bella, ma patience a des limites » prévint Malefoy. « Pars avant de les avoir franchis. »
« Que de noblesse ! Pourquoi ne pas m'attaquer tout de suite ? Tu as l'occasion de venger ta pauvre mère et tu ne la saisis même pas. Cela vaut de même pour toi, Potter. Sirius serait très déçu de te voir ainsi, les bras ballants, à me regarder sans rien faire… »
Ni Ron ni Dawn n'eurent le temps de réagir ; Harry et Malefoy s'écrièrent en chœur, un rayon lumineux jaillissant de leurs baguettes. Son sourire narquois disparaissant, Lestrange esquiva leur double attaque, les propulsant dans leur direction. Les rayons heurtant leurs poitrines, Harry et Malefoy furent projetés en arrière, hors de la ruelle, atterrissant plus loin sur la route, Ron et Dawn s'empressant de les rejoindre. Lestrange les suivait à grands pas.
« Enfin, ce n'est pas trop tôt » dit-elle, tandis qu'ils se redressaient tant bien que mal, surpris et endoloris. « Je commençais à m'impatienter. J'espère que vous serez davantage à la hauteur que Sirius et Narcissa. »
« Tu vas voir… » répliqua Malefoy, le visage figé de colère.
Harry repoussa Ron et Dawn, qui l'avaient saisi chacun à un bras afin de le hisser sur ses pieds. « Partez. Rejoignez Hermione et les autres, et restez avec eux. »
« Pas question » dit Dawn, empoignant son arbalète. « Je refuse de te laisser seul face à cette femme. »
« Et moi je refuse qu'elle tue à nouveau ceux que j'aime. Partez. »
« Non. » Ron demeura campé sur ses jambes, son épée et sa baguette prêtes. Harry n'eut pas le temps de protester davantage.
Lestrange entama elle-même la bataille, Harry et Malefoy ripostèrent avec promptitude. Indifférents aux flammes, aux éclairs aveuglants, aux hurlements, aux rires qui tourbillonnaient autour d'eux, tous trois combattirent à grands coups de sortilèges, tous plus puissants les uns que les autres. Harry constata que Malefoy rivalisait de connaissances au sujet de magie noire avec sa tante, tant ses sorts, sombres et insidieux, paraissaient l'irriter. Au dernier qu'il effectua, elle para à l'aide d'un Bouclier, renvoyant sa lueur enténébrée à l'expéditeur. Harry fut soudain parcouru d'un violent frisson lorsque Malefoy poussa un déchirant cri de douleur. Par chance, il retrouva presque aussitôt convenance.
Le rire ne s'était pas complètement effacé de ses lèvres mais ses yeux s'agrandirent sous le choc…
Harry secoua la tête et renchérit d'un nouveau charme
Lestrange profita que son neveu soit quelque peu désorienté pour pivoter en direction de Harry, une lueur de démence dansant dans ses yeux. Elle le pointa de sa baguette et, sans que nulle formule n'eut franchi ses lèvres, un terrifiant rayon vert fusa. Par réflexe, Harry eut le temps de se jeter au sol avant que l'Avada Kedavra ne l'atteigne, le heurtant de plein fouet. Lestrange éclata de rire tandis qu'il se relevait, le cœur cognant contre sa poitrine.
« L'on m'avait bien dit que tu excellais dans le domaine de te défiler face à la mort » railla-t-elle, semblant juger leur duel tout à fait distrayant. « Mais ta chance insolente ne pourra pas te sauver lorsque viendra l'affrontement contre le Seigneur des Ténèbres. Il est plus fort chaque jour qui passe et compte bien décupler sa puissance en puisant dans celle de la Bouche de l'enfer. Plus personne ne pourra se dresser sur son chemin. Il étendra son pouvoir, il sera invincible. »
Malefoy s'était tout à fait repris, désormais, et écoutait la tirade dépourvue de sens de Bellatrix Lestrange auprès de Harry, prêt, comme lui, à repasser à l'attaque. Ce dernier cherchant en vitesse une solution quelconque pour se débarrasser d'elle, fouillant sa mémoire à la recherche d'un enchantement concevable et efficace à la fois, espérant qu'elle s'attarderait sur la proche victoire de son maître. Peut-être Malefoy songea-t-il comme lui, car, sa main moite vibrant autour de sa baguette magique, il s'écria avec un peu trop de ferveur pour que cela soit sincère : « Cesse de rêver, Bella ! Le Seigneur des Ténèbres n'est pas invincible. Il ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Inutile de te faire de fausses illusions. »
« Il me semble au contraire que c'est toi qui te berces te sottise, Drago. Si tu étais resté parmi nous, tu aurais constaté par toi-même l'accroissement des pouvoirs de notre maître. A ce propos, sache qu'il te réserve un châtiment spécial pour ta haute trahison. Tu n'aurais jamais dû rejoindre les rangs de Potter, car même Lucius ne tentera pas de te sauver. »
Malefoy afficha soudain une mine grave, sombre, rivant ses iris gris à ceux de Lestrange, n'ayant plus le moindre besoin de feindre quelque intérêt pour son discours. Harry, hébété, encore haletant, ne comprit pas la signification de ce subit revirement. Alors qu'il choisissait plutôt de se concentrer sur une éventuelle échappatoire, il remarqua, par-dessus l'épaule de Lestrange, Ron et Dawn. Ils avaient disparu quelques instants auparavant, et il les avait presque oubliés, tant son combat l'avait absorbé. Prenant garde que Lestrange ne lui prête nulle attention, il interrogea ses amis du regard. Ils ne lui répondirent qu'en déposant un doigt devant leurs lèvres, lui intiment le silence et la discrétion. Harry se détourna aussitôt, reportant son regard sur Malefoy et Lestrange.
« Personne n'aura à me sauver » rétorqua-t-il, le corps frémissant de haine. Harry guetta de coin de l'œil le lent et prudent déplacement de Ron et Dawn, qui s'approchaient peu à peu de Lestrange, l'arbalète chargée d'une flèche.
« Pourquoi en es-tu si convaincu ? »
Malefoy remarqua sans doute la progression de Ron et Dawn, cependant, nul signe ne le laissa transparaître. Il se contenta de poursuivre, feignant de rien : « Car je sais que nous allons gagner. J'en suis persuadé. »
Lestrange ricana. « J'en doute, mon petit. »
« Tu ne devrais pas. En choisissant le camp de Potter, je me suis assuré la victoire. Il a déjà vaincu le Seigneur des Ténèbres à de nombreuses reprises, je te rappelle. Une fois de plus ne sera que routine. J'ai confiance en ses pouvoirs. »
Ron et Dawn se figèrent. Lestrange perdit son expression arrogante, ses épaules s'affaissant. Harry se tourna vers Malefoy d'un mouvement brusque. Avait-il bien entendu ou n'était-ce qu'un effet de son imagination ? Malefoy avait-il bien dit, sans rougir, sans ciller, sans la moindre honte apparente, qu'il avait confiance en lui ? Confiance en Harry Potter, le Survivant, son ennemi depuis près de cinq ans ? Comme s'il avait entendu ses interrogations incrédules, Malefoy lui adressa un regard pénétrant, troublant. A nouveau, Harry constata combien ce regard était dissemblable de celui qui lui était familier. Ces yeux n'étaient pas ceux d'un garçon riche et gâté, mais celui d'un enfant meurtri, blessé à jamais. Les sinistres paroles de Bellatrix Lestrange lui revinrent alors ; se pouvait-il que Narcissa Malefoy ait été victime de Voldemort ? Il lui faudrait le lui demander, dès qu'ils en auraient l'occasion. Malefoy hocha la tête sans le quitter des yeux. Harry lui répondit de même. N'importait le passé, désormais : ils étaient alliés, et de manière irrémédiable.
Ils reportèrent alors leur attention sur Lestrange, toujours aussi abasourdie par la déclaration de Malefoy. En revanche, Ron et Dawn, eux, s'étaient déjà ressaisis et avaient effacé l'infime distance qui les séparait de la sorcière. Profitant de son hébétude, Ron la désigna du menton, puis se recula, laissant à Dawn l'espace nécessaire pour tirer. Elle ne s'attarda pas davantage, pointa le dos de Lestrange du bout de sa flèche, puis appuya sur la détente. Le trait jaillit dans l'air, net et précis. Hélas, sans doute sa vie de Mangemort l'avait-elle accoutumée aux attaques inopinées, car elle fit soudain volte-face, brandissant sa baguette magique, et, lançant un sort, dévia la trajectoire de la flèche. Celle-ci heurta un obstacle invisible et fut propulsée en sens inverse. Harry et Ron hurlèrent en chœur :
« DAWN ! » Poussant un faible cri de surprise, elle lâcha son arbalète, qui chuta au sol avec un bruit sec, vacilla, les yeux écarquillés, puis trébucha, une main déposée sur son épaule où s'était fichée la flèche.
Sirius sembla mettre un temps infini à tomber. Son corps se courba avec grâce et bascula lentement en arrière, à travers le voile déchiré suspendu à l'arcade.
Un bourdonnement l'assourdissant, Harry se précipita vers elle, que Ron venait de prendre contre lui, abandonnant son épée. Il se jeta à genoux, une folle panique étreignant ses entrailles, et saisit le visage de Dawn entre ses doigts. Elle gémit, fronça les sourcils. « Dawn ? » murmura Harry, les larmes enrouant sa voix.
« Je m'occupe d'elle. » Harry leva ses yeux embués vers Ron, ne le reconnaissant pas sitôt. Son ami le fixait d'un air déterminé, enserrant Dawn d'un bras protecteur. Sa mine résolue lui affirma qu'il prendre soin d'elle au prix de sa vie, puisqu'elle s'encrait dans la sienne. Il s'agissait là d'une manifestation de sa loyauté sans bornes, et Harry sut qu'il pouvait avoir tout à fait confiance. Il déglutit, battant des cils afin de se débarrasser des larmes qui y étaient accrochées, puis acquiesça à regret. Ron esquissa un sourire de sombre satisfaction. « Parfait. Retourne combattre, à présent. Mais je te défends de commettre le moindre acte que tu pourrais regretter par la suite. » Harry hocha à nouveau la tête, cependant, il avait déjà décidé de ne tenir nul compte de ses conseils.
Se détournant d'un mouvement lent du corps inerte de Dawn, il fit face à Lestrange et Malefoy, qui le dévisageaient, l'une goguenarde, l'autre grave.
Lestrange lui sourit. « Eh bien, au moins je serais certaine que toute ton attention sera rivée sur moi. Je n'apprécie guère les adversaires distraits. »
Harry sentit une bouffée de rage l'étouffer. « Vous paierez cher ce que vous venez de faire. »
« Vraiment ? »
« Oui, vraiment » intervint Malefoy. « Tu ne devrais pas sous-estimer notre puissance, Bella, car, combinée, elle est redoutable… »
Il ne put poursuivre davantage ; toujours aussi muette, Lestrange se tourna vers lui d'un mouvement fluide, un rayon jaillit de sa baguette, atteignant Malefoy en pleine poitrine. Il n'eut que le temps d'écarquiller les paupières avant de chuter au sol, stupéfixié. Ne perdant pas une seconde, sans laisser à Harry l'occasion d'entamer le moindre geste, elle fit subir le même sort à Ron, qui s'effondra, Dawn à demi étendue sur lui. Harry se raidit, son poing étreignant sa baguette.
Lestrange haussa un sourcil. « Ainsi » dit-elle « nous serons seul à seul. Je n'avais aucune envie que Drago se mêle de ça. Je compte bien m'amuser un peu avec toi avant de te conduire au Seigneur des Ténèbres. Prêt, Potter ? »
Harry leva sa baguette, vibrant d'une haine froide et palpitante. « Prêt. »
Le véritable combat débuta alors. Ils jetèrent leur première incantation en chœur, les faisant se rencontrer dans une explosion d'étincelles aveuglantes. Harry enchaîna les enchantements à une vitesse étourdissante, avec une dextérité dont il n'avait jamais fait preuve par le passé. Hélas, cela ne suffit pas à déstabiliser Bellatrix Lestrange, qui démontrait davantage d'acharnement qu'il ne l'aurait cru. D'ailleurs, son étonnante capacité à esquiver ses maléfices eut tôt fait d'amenuiser son plaisir à le tourmenter. Elle dut même oublier qu'elle avait pour devoir de le mener vivant à Voldemort, car elle finit par user de Doloris et d'autres sortilèges de magie noire inconnus à Harry. A dire vrai, il s'en moquait tout à fait. Tout ce qui lui importait, en cet instant, était de meurtrir au mieux l'assassine de Sirius. En mettant fin à sa vie, elle avait signé elle-même son arrêt de mort. En lui enlever le dernier être qui lui tenait lieu de famille, elle avait noué la corde de sa potence.
Harry vit la peur et la surprise se mêler sur le visage émacié, autrefois si séduisant, de son parrain qui traversa l'antique arcade et disparut au-delà du voile. L'étoffe déchirée se souleva un bref instant, comme agitée par une forte rafale, puis se remit en place.
Se remémorant malgré lui ce souvenir fugitif, il fut confus l'espace d'un quart de seconde. Son égarement passager lui valut de recevoir de plein fouet un puissant sort de désarmement. Déstabilisé, il trébucha et lâcha sa baguette. Il se retrouva alors face à Lestrange, les bras ballants, hébété, désarmé. Elle s'avança, l'expression condescendante, les cheveux ébouriffés, un rire guttural vrombissant dans sa gorge.
Harry entendit le cri triomphant de Bellatrix Lestrange mais il savait qu'il ne signifiait rien – Sirius avait simplement traversé l'arcade en tombant, il n'allait pas tarder à réapparaître de l'autre côté…
Lestrange brandit sa baguette dans sa direction, une pure démence luisant dans ses iris. Harry la défia du regard, le menton haut. « Vous ne pouvez pas me tuer » déclara-t-il avec une apparente assurance qu'il ressentait belle et bien. « Votre maître veut m'achever de sa propre main. »
« Il sera au contraire heureux que j'aie accompli cette besogne pour lui. Il me pardonnera mes erreurs passées et m'accordera mille privilèges. Il aurait été prêt à faire cela pour le fils de Croupton ; je ne vois pas pourquoi je n'en mériterai pas autant. Le Seigneur des Ténèbres glorifiera celle qui a tué en son nom Harry Potter, le Survivant. »
A son grand étonnement, Harry ne parvenait pas à éprouver la moindre crainte à ses menaces. Seule haine faisait encore battre son cœur. Seule sa hargne l'empêchait de s'écrouler auprès de Ron, Dawn et Malefoy. Bellatrix Lestrange allait payer de sa vie ses méfaits. Il la tuerait lui-même. Rassemblant son énergie selon la manière que lui avait enseignée Willow, il joignit ses mains dans son dos.
Sirius, pourtant, ne réapparaissait pas.
Lestrange lui adressa un dernier rictus satisfait. « Ainsi péri le grand Harry Potter… »
Il devait se hâter, car elle s'apprêtait à lancer le plus terrible des Sortilèges Impardonnables, et il n'avait pas encore assez emmagasiné d'énergie magique entre ses paumes.
-SIRIUS ! hurla Harry. SIRIUS !
A nouveau, ce souvenir fit pulser son sang bouillonnant, exalta la cadence de son cœur. Sa magie eut un soubresaut, s'amoncela sous ses doigts, lumineuse et embrasée. Il la conserva, paré à en user.
Lestrange resserra sa prise sur sa baguette, les traits tordus de rage. « Avada Kedavra ! »
-Il faut aller le chercher, le sauver, il est simplement passé de l'autre côté !
-Il est trop tard, Harry.
Harry tendit ses poings devant lui, la lumière en émanant l'éblouissant soudain. « Oriana ! »
L'Avada Kedavra et la Sphère d'Oriane se heurtèrent entre Harry et Lestrange. Comme il l'avait escompté, la Sphère étincelante absorba le rayon vert en son sein, le contraignant de délaisser sa cible. Elle demeura en suspens durant quelques instants, flottant et roulant sur elle-même, fascinant Lestrange, miroitante d'une lueur indescriptible. Puis, sans un son, sans nul signe avant-coureur, elle fusa vers la Mangemort. La lueur nimba cette dernière d'un pâle halo, la figea, et sa peau devint blême, son regard fixe, sa poitrine immobile. Elle se renversa en arrière, atteignant le sol avec un bruit mat. Harry s'approcha, encore haletant. Enfin, il avait vengé Sirius.
Alors, l'agitation des rues à laquelle il n'avait plus pris garde parut décuplé subitement. Comme lorsqu'ils avaient assailli la résidence Summers, les vampires hilares et hurlants cessèrent toute activité, s'évaporèrent dans un nuage de poussière grise. Les Mangemorts, eux, ne comprenant rien aux événements, décidèrent de transplaner sans tarder, tandis que la Marque des Ténèbres s'estompait dans le ciel d'encre. Pourtant, les yeux rivés sur la silhouette inerte de Bellatrix Lestrange, Harry s'en aperçut à peine. De même lorsque ses compagnons le rejoignirent, épuisés, et réanimèrent Ron, Dawn et Malefoy. Il ne réagit pas aux exclamations horrifiées, incrédules qui résonnèrent autour de lui ni à l'étroite étreinte de Ron et Hermione, qui le saisirent chacun par un bras. S'approchant d'un pas traînant, Malefoy observa sa défunte tante du même regard vide que celui de Harry.
« Harry ? Harry, je t'en prie, réponds ! »
Il n'adressa pas le moindre coup d'œil à Hermione qui l'exhortait de manifester un semblant de vie. Un grand froid avait investi sa poitrine, le rendant insensible, indifférent à ce qui l'entourait. Même les gémissements de Dawn, entre les bras de Buffy, ne l'émouvaient pas. Impassible, il ne parvenait à se détourner des traits tirés et blafards de Lestrange.
-Tu ne peux rien faire, Harry… Rien… C'est fini pour lui.
Soit. C'en était aussi fini pour elle, désormais.
A suivre…
Bon sang, ça fait un baille ! J'espère que l'attente ne vous a pas trop irrité et que le chapitre en vaut un peu la peine. A nouveau, je vous prierais de tourner vos imprécations vers mes dévoués professeurs, qui semblent nous préparer comme il se doit à la montagne de travail que nous aurons au lycée. Eh oui, dans moins de deux mois, j'aurai terminé mes années d'école obligatoire ! Rien que d'y songer, j'ai envie de faire la fête ! Enfin, bref. Dès que les vacances d'été commenceront, je poursuivrai et achèverai cette fic. Mais je ne pourrais sans doute plus y toucher d'ici là, aux vues de tout ce qui se prépare pour la fin d'année. Souhaitez-moi bonne chance !
A bientôt,
Sam Dreamangel
