Le Saut de l'Ange : Je suis contente que ce chapitre t'ait plu. C'est sûr, il est bien moins guimauve que l'autre, et la vision que tout le monde avait de Malefoy va beaucoup changé. J'espère que tu apprécieras la façon dont les choses évoluerons.
A la prochaine et merci de continuer la lecture de cette fic en dépit de l'attente !
lisou52 : Eh oui, je suis de retour ! Et cette fois, l'attente entre deux chapitre sera beaucoup moins longue, je te l'assure ! Merci pour ta review !
Funnygirl0531 : Merci d'avoir aimé ce chapitre. C'est vrai que, par certains aspects, il assez déstabilisant – et c'est tout à fait volontaire. La déclaration de Malefoy, le fait que Harry commette un meurtre… C'est pas mal de chocs psychologiques en peu de temps ! Je suis heureuse que cela t'ait plu !
Merci d'avoir lu et à bientôt !
Thealie : Ne t'en fais pas trop, tout va très vite s'arranger. Je suis contente que ce chapitre t'ait plu, et j'espère que le prochain te fera le même effet !
Merci d'avoir lu !
virg05 : Merci, c'est sympa ! Voilà la suite, régale-toi !
Bye !
emma : Wouah, quel enthousiasme ! Ca fait plaisir, vraiment, merci pour cette review pleine de verve ! J'espère que la suite te plaira tout autant, même s'il t'a fallu attendre plus longtemps que tu ne l'aurais voulu. Mais ne t'en fais pas, à présent que l'année scolaire est enfin terminée, je vais pouvoir me consacrer tout à fait à l'écriture de ma fic. A tout tout bientôt, alors ! Bye !
Chapitre 20 : On ne rêve que lorsqu'on dort
Lorsque l'on l'arracha de sa morbide contemplation, Harry perdit pied avec la réalité. Dans un brouillard opaque de confusion, il sentit des fermes poignes le conduire dans les rues de Derry, où les citoyens se remettaient, effarés, de l'attaque, jusqu'à la résidence Summers. Il entrevit Buffy, suivie de Giles et Willow, gravir les marches quatre à quatre, Dawn, inconsciente et blessée, entre ses bras, tandis que Ron et Hermione le faisaient s'attabler à la salle à manger. Crasseux et l'air éreinté, Alex se tourna vers la cuisinière et entama de préparer du thé. Malefoy prit place en face des trois amis.
Harry, envahi d'une écrasante lassitude, laissa Hermione l'étreindre et lui caresser les cheveux, dans l'espoir de le faire réagir. « Harry… » soupira-t-elle, un sanglot dans la voix. « Harry, par pitié, dis quelque chose. Tu es si pâle. »
« Eh, mon vieux » intervint Ron, ne semblant guère plus fringuant que son amie. « Il faut… Il faut que nous parlions, tu sais… De ce qui s'est passé, et de… Enfin, ça te fera du bien… »
« Justement, parlons-en. » Alex les regarda tour à tour, la théière bouillant derrière lui. « Qu'est-il arrivé ? »
« Je ne sais pas exactement » répondit Ron. « Bellatrix Lestrange m'a stupéfixié après avoir blessé Dawn. »
« Et qui est-elle, cette Lestrange ? »
« Ma tante. » Ils se tournèrent tous, hormis Harry, vers Malefoy, qui fixait le vide, blême. « Une disciple du Seigneur des Ténèbres. Et une meurtrière. Elle n'a eu que ce qu'elle méritait. »
Alors qu'ils le dévisageaient, interloqués par son ton haineux, Willow, Giles et Buffy les rejoignaient, soulagés. « Elle s'en sortira sans la moindre séquelle » annonça Giles. « La flèche n'a touché aucun organe vital, et l'hémorragie n'a pas duré. »
« Oui » dit Willow. Ils s'assirent autour de la table. « Un simple sortilège de guérison moyen a suffi pour la soigner. »
« A présent » fit Buffy « j'aimerais quelques explications au sujet de ce qu'il s'est déroulé en notre absence. »
Le silence dura quelques instants, pesant sur la pièce. Hermione déposa une paume légère sur la main de Harry, attirant son attention. « Harry ? » dit-elle d'une voix douce.
Il la regarda sans tout à fait la voir, plongé dans un état second. Il soupira. « Malefoy et moi avons combattu contre elle pendant un moment. Puis Dawn a tiré sur elle, mais la flèche a bifurqué. Lestrange a sutpéfixié Ron et Malefoy, et nous avons poursuivi le combat à nous deux. Elle a voulu me lancer une Avada Kedavra, j'ai riposté avec la Sphère d'Oriane. Et elle est morte. »
Hermione étouffa un gémissement, Ron la prit contre lui, Alex et Willow échangèrent un regard douloureux, Giles baissa les yeux, mais Malefoy et Buffy ne bronchèrent pas. « Pourquoi s'en est-elle prise à vous ? » ajouta-t-elle.
« Elle était folle » dit Malefoy, se calant dans sa chaise, croisant les bras. « Elle adorait la torture et la mort. L'une des favorites du Seigneur des Ténèbres. L'année dernière, elle a tué son cousin, Sirius Black. C'est lorsqu'elle s'en est vanté parmi les Mangemorts que nous avons appris qu'il était le parrain de Potter. Je suppose qu'elle a voulu lui rappeler cet épisode. Ainsi qu'à moi, la mort de ma mère. » Il se détourna, renfrogné. « Un conflit les séparait. Je crois que ma mère n'était déjà plus d'accord avec les agissements de mon père et du reste de la famille. Elle voulait me préserver du joug des Mangemorts. Mais cela n'a pas plu à Bellatrix. Alors elle l'a tuée, comme ça. Personne ne l'en a blâmé, même pas mon père. » Il s'interrompit, parut vouloir ajouter quelque chose, puis se résigna au mutisme. Une expression meurtrie tirant ses traits, il se leva d'un bond, la chaise raclant le carrelage, quitta la cuisine, et gravit les escaliers en direction de sa chambre. Nul ne tenta de le retenir.
A nouveau, le silence s'instaura entre eux. Harry, immobile, ne parvenait à réorganiser ses pensées, qui s'entrechoquaient dans son esprit bouillonnant. Il revoyait sans cesse Sirius disparaissant derrière le voile de l'arcade, et Lestrange recevoir la Sphère en pleine poitrine. L'un et l'autre des souvenirs s'enchaînaient en boucle, lui faisant oublier l'instant présent, ne suscitant en lui nulle émotion. Il était las et épuisé, certes, mais un bruissement assourdissant l'imperméabilisait des autres, qui l'observaient d'un œil soucieux. Néanmoins, au travers du voile d'indifférence qui l'isolait, il percevait le timbre ténu et angoissé d'Hermione, le suppliant, au bord du désespoir. Il se concentra sur sa voix, tâchant de comprendre ses paroles. Ce ne fut qu'ensuite qu'il songea qu'il n'aurait pas dû se contraindre à cet effort.
« Harry, tu es un assassin. » Son ton tremblotant, sa mine déconfite, ses yeux vitreux, ses joues ruisselantes de larmes furent davantage efficaces que sa déclaration. Il se demanda pourquoi elle semblait si désemparée, et sentit même un semblant d'anxiété à son égard, signe qu'il reprenait peu à peu conscience. Mais lorsque son esprit assimila enfin le sens de ses mots, son cœur parut se remettre à battre. Et de manière fort douloureuse. En une seconde fugitive, en suspens, il eut l'impression vertigineuse que toutes ses sensations réfrénées jusqu'à présent lui retombaient dessus d'un bloc, sur ses épaules, dans son ventre, dans sa poitrine. Il en eut le souffle coupé. Jetant à Hermione un regard incrédule de souffrance, semblable à celui que lui adressaient les autres, il se rendit compte d'à quel point elle avait vu juste.
« Hermione, enfin, ne dis pas ça ! » s'écria Alex, outragé. « Il n'a agi qu'en légitime défense ! »
« Il dit vrai » renchérit Giles, les sourcils froncés. « Il n'est en rien responsable de l'attaque de cette sorcière. »
« De plus » ajouta Willow, décontenancée par son intonation abrupte « il ne l'a pas exécutée de manière directe. Il s'est contenté de lui renvoyer son sortilège. »
« Tu n'as pas le droit de dire cela, Hermione » fit Buffy, interdite.
Seul Ron n'avait pas protesté, et Hermione ne semblait guère repentante. Ils le fixaient la respiration haletante, sans ciller. Harry, qui, un instant auparavant, paraissant être dépouillée de sentiments, avait la sensibilité à fleur de peau, translucide et fragile, tel un fil prêt à se rompre. Hermione le traitant d'assassin, Ron ne faisant rien pour la contredire… Que cela signifiait-il ? Le voyaient-ils vraiment ainsi ? Comme un assassin ? Un homme froid, cruel, sans pitié ni amour ? Un être semblable aux Mangemorts, à Bellatrix Lestrange, à Lord Voldemort ? Avait-il, en vengeant Sirius, perdu l'estime et l'amitié de Ron et Hermione, son unique famille ? L'idée même était insoutenable. Un étau glacial enserrait son cœur, tandis qu'un profond accablement l'abîmait. Ses yeux passant de Ron à Hermione, blafards, raides, il crispa les poings sur ses genoux, puis se détourna, closant ses paupières brûlantes. Bientôt, des larmes vinrent emperler ses joues, un frisson parcourir son échine, un sanglot bourdonner dans sa gorge. « Pardonnez-moi » souffla-t-il, les épaules secouées de spasmes.
Aussitôt, et à sa grande incompréhension, des bras l'entourèrent de toutes parts. Il rouvrit les yeux, hébété, constata alors que Ron et Hermione l'enlaçaient, pleurant comme lui, frémissant de tous leurs membres. Il ne chercha pas à se dérober à leur étreinte. « Que faites-vous ? » demanda-t-il, la voix rauque. Il devait avoir raté un élément primordial. Pourquoi le tenaient-ils ainsi contre eux s'ils le considéraient comme un vulgaire et méprisable assassin ?
« Oh, Harry… » soupira Hermione, à mi-chemin du rire et du sanglot. « Tu n'es pas un meurtrier, tu es si bon, si généreux… Ne crois jamais que tu puisses avoir l'âme d'un tueur, c'est inconcevable… Tu es trop innocent pour cela… »
« Je crois que je n'ai pas tout suivi » fit Alex, interrogeant ses amis du regard. Mais ils avaient l'air tout aussi égaré que lui. D'ailleurs, Harry lui-même partageait son sentiment.
« Mais pourquoi… ? » Il n'acheva pas sa question, c'était inutile.
« Pour te faire réagir » dit alors Ron. Hermione et lui se détachèrent et se reculèrent de Harry, lui permettant de croiser leurs yeux soulagés, leurs expressions heureuses et sincères. « Tu paraissait… pire que mort. Comme si tu avais subi le baiser du Détraqueur. Il fallait que nous te fassions bouger. C'était insupportable de te voir plus longtemps comme ça. Désolé de t'avoir fait de la peine. J'espère que tu sais que personne ne croit un mot de tout ça. Tu n'es pas un assassin. »
Harry dut s'accorder un moment avant de trouver un sens à cela, puis, jugeant la frayeur qu'il lui avait faite justifiée, leur sourit, incertain. « Ne me refaite jamais ça » dit-il.
« Tu plaisantes ? » s'offusqua Hermione, encore ébranlée. « C'est à toi de ne pas recommencer ! Quelle idée de tomber transe, d'un coup, sans prévenir ! »
Il rit avec Ron, mais un dernier malaise entravait son enjouement. « J'ai quand même tué quelqu'un… »
« Ce n'était pas seulement quelqu'un, Harry » dit Giles, essuyant ses lunettes à un pan de son gilet. « Selon ce que nous a dit Malefoy, c'était l'assassine de ton parrain. Tu n'a pas commis un meurtre ; tu as vengé un être cher à ton cœur. »
Les autres approuvèrent. Harry écarquilla les paupières, ébahi. Qu'ils demeurent ses amis malgré son acte le réconfortait et l'allégeait d'un fardeau pesant ; cependant, qu'ils prennent de manière si désinvolte le fait qu'il ait ôté la vie de Lestrange le laissait tout à fait ahuri. Comme si elle avait lu dans ses pensées, Willow renchérit aussitôt, d'une voix douce : « Tu sais, je crois qu'il n'y a personne autour de cette table qui n'ait jamais versé le sang de quelqu'un, démon, sorcier, déesse ou humain. Nous sommes condamnés, nous qui connaissons l'existence des forces occultes, à devoir choisir entre quelques sacrifices, que cela nous touche ou non, et l'avenir du monde. Nous avons beaucoup tué, mais c'était pour préserver l'équilibre. Sommes-nous mauvais pour autant ? » Elle lui sourit, de son sourire amène, touchant, qu'il appréciait tant chez elle. Il ne put que lui répondre, ses paroles lui procurant une certaine chaleur interne qui le réanima davantage. « Dis toi » ajouta-t-elle « qu'en éliminant cette Mangemort, tu as contribué à l'affaiblissement de Voldemort, rien de plus. Elle était une ennemie qui tentait de t'exterminer, tu n'as que riposter. »
« Ne t'inquiète donc pas » fit Alex. « Ce n'est pas ça qui nous fera changer d'idée à ton propos. » Harry acquiesça. Quelle chance il avait, tout de même, de posséder pareils amis. Il avait échappé aux abysses à maintes et maintes reprises grâce à leur secours.
La voix de Buffy interrompit ses songes. : « Il est tard, vous feriez mieux de monter vous coucher. Demain, nous commencerons ton entraînement à l'Onirisme, Harry… »
« Si nous sommes capables de lui apprendre quelque chose… » marmonna Alex, dubitatif.
« Ah, et au fait » dit-elle encore alors que Harry, Ron et Hermione quittaient la salle à manger. « Je crois que ma sœur attend avec impatience une petite visite de ta part. Tâche juste de ne pas trop la bousculer, il faut qu'elle se remette de sa blessure. Bonne nuit. »
Ils accédèrent à l'étage supérieur en riant légèrement. Harry n'eut alors qu'une hâte : oublier les derniers événements et s'étendre auprès de Dawn, en espérant que Lestrange ne l'ait pas trop meurtrie. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à se séparer de ses amis sur le seuil de leurs chambres respectives, il remarqua la présence Malefoy, qui les attendait en haut des marches, adossé au mur. Il se tourna vers eux, et ils gardèrent le silence quelques instants, embarrassés. Puis Malefoy tendit la main à Harry, qui eut un mouvement de recul instinctif. Il le dévisagea, ne comprenant pas la signification de son geste.
« Tu as peut-être vengé ton parrain » dit-il alors « mais tu as aussi vengé ma mère. Je t'en suis reconnaissant et redevable. Tu as la garantie de ma loyauté. C'est promis. »
Harry voulut protester qu'il n'avait rien à lui rendre, qu'il n'était même pas au courant de la mort de Narcissa Malefoy lorsqu'il avait mis fin à la vie de Bellatrix Lestrange. Mais il n'en eut ni l'envie ni le courage. Alors il prit la main offerte de Malefoy et la serra dans la sienne. Il ne sut pas tout à fait quelle sorte de pacte ils venaient de scellé, mais cela semblait bien solennel.
Sans mot dire, Malefoy hocha la tête, dégagea sa main, puis s'éloigna en direction de sa chambre, fermant la porte derrière lui. Harry, Ron et Hermione se retrouvèrent alors seuls dans le couloir enténébré. « Bon, eh bien » fit Ron, se grattant l'arrière du crâne. « Je crois que nous devrions aller dormir. Cette journée est bien trop bizarre. »
« Tout à fait d'accord » soupira Hermione. Elle embrassa Harry sur la joue, entrecroisant ensuite ses doigts à ceux de Ron. « Bonne nuit, alors. »
« Bonne nuit, vous deux. » Avec un dernier sourire, ses amis disparurent à leur tour derrière leur porte – qu'ils durent sans doute verrouiller d'un sortilège.
Prenant une brève inspiration, il fit face au battant clair, en tourna la poignée, puis entra dans sa chambre. La seule lumière dissipant l'obscurité provenait de la lampe de chevet qui reposait sur la table, auprès du lit, sur lequel était allongée Dawn. Ses couvertures remontées jusqu'à sa poitrine laissaient voir les fines bretelles de sa chemise de nuit, ainsi que le pansement qui enserrait son épaule. Il s'avança sans faire de bruit, pourtant, elle s'éveilla dès qu'il eut esquissé quelques pas. Elle lui sourit, l'air ensommeillé. « Salut » souffla-t-elle.
« Salut. » Il retira ses chaussures, déposa ses lunettes et sa baguette magique sur la table, et s'installa à ses côtés. « Ca va ? » demanda-t-il, caressant son visage du bout des doigts.
« Oui, ne t'en fais pas. Et toi ? » Sa question anodine était d'une toute autre nature.
Il l'embrassa sur le front, sa paume englobant sa joue. « Oui, je vais bien. Dors, maintenant. Tout est revenu au calme. »
Elle acquiesça d'un mouvement imperceptible. « Nous pourrons bientôt voler dans les étoiles sur ton balai. »
Il sourit, le sommeil l'engourdissant à son tour. Sa pénible nuit commençait à avoir raison de lui. « Nous volerons loin, et je t'apprendrai, si tu veux. »
« J'en serais ravie… » Elle se rendormit presque aussitôt après avoir prononcé ces derniers mots. Harry s'assoupit en la détaillant, subjugué.
Accoudée à la table, Buffy se prit le visage entre les mains. Elle entendit Alex se lever, s'emparer de tasses et de la théière, les déposer face à Willow, Giles et elle, puis les remplir. Qu'elle soirée éprouvante ! Rien que d'y songer, elle sentait l'épuisement peser sur ses épaules. Une main s'y posa, doucement, et la secouer un peu. Buffy daigna alors relever les yeux afin d'entamer la discussion. Ses amis paraissaient tout aussi exténués qu'elle.
Willow poussa un faible soupir, plissant le front d'un air contrit. « Je suppose que la situation s'aggrave soudain, n'est-ce pas ? »
« C'est le moins que l'on puisse dire » fit Giles. « Si Voldemort est vraiment ici, à Derry, il peut enclencher l'apocalypse d'un moment à l'autre. »
« Il nous faut donc agir vite et de manière efficace » dit Alex, passant sa main dans ses cheveux.
« Eh oui. »
« Bon, eh bien, que faisons-nous ? » intervint Buffy. « Nous n'avons toujours pas découvert quelles armes seront nécessaires à Harry et à moi pour la bataille, la traduction du grimoire semble stagner, nous ne pouvons pas contacter ni les Potentielles ni l'Ordre du Phénix, et il y a cette histoire d'Onirisme… »
« Justement, l'Onirisme pourra peut-être nous servir à lancer un appel au secours » dit Willow. « Il suffit que Harry parvienne à en user… »
« Mais nous ne disposons que de peu de temps » rappela Alex.
« Il faudra s'en contenter. »
« De plus » ajouta Giles « si l'Onirisme s'est manifesté de lui-même en Harry, cela signifie que cette capacité est déjà presque mûre. Il ne nous reste plus qu'à la façonner selon nos besoins. »
« Facile à dire. »
« Nous réussirons. »
Ils se turent, buvant tous un peu de leur thé. Le liquide chaud coulant dans sa gorge la revigora d'une fort agréable manière, lui prodiguant un mince sentiment de sécurité. Et après une telle nuit, elle en avait bien besoin. Hélas, elle doutait qu'elle éprouverait un véritable réconfort avant de n'avoir retrouvé les bras de Drago. D'ailleurs, lui aussi devait en recevoir, aujourd'hui. Son cœur se serrant, elle se remémora l'expression hagarde, absente, de Drago lorsqu'il leur avait révélé le triste sort de sa mère. Elle avala une nouvelle gorgée de thé, le chagrin embuant ses yeux. Son pauvre chéri, si jeune et contraint de vivre tant d'horreurs… Cette idée lui fut soudain intolérable. De surcroît, Harry, Ron, Hermione et même Dawn étaient entraînés dans ce cours incontrôlable d'événements, sans pouvoir se retenir, affrontant les mages noirs et les vampires afin d'éviter l'apocalypse. Buffy soupira, ses épaules roidies s'affaissant. Elle avait espéré, qu'une fois la Force vaincue et les Potentielles éveillées, pouvoir vivre au calme, avec ses amis, sans devoir sauver le monde sans cesse. Mais, d'évidence, elle était condamnée à sacrifier son bonheur et sa quiétude pour celui des autres. Cela aurait pu être supportable si ses proches n'avaient pas eu à y être mêlés.
Chassant ses sombres songes, elle vida sa tasse d'une traite, puis la reposa sur la table. Alex, Willow et Giles, eux, se resservaient une seconde fois, l'air à bout de forces. « Je crois que je vais monter » dit-elle alors avec un faible sourire. « J'ai sommeil et… je pense que Drago aura besoin d'un peu de soutien. »
Elle fit mine de se lever, mais Willow la retint. « Attends, Buffy… » Elle s'interrompit, jetant un furtif regard aux deux autres. Ils acquiescèrent en retour. Willow prit une profonde inspiration, comme pour se donner courage. « Nous aimerions te parler de quelque chose. »
Buffy se redressa sur son siège, croisant ses bras sur sa poitrine dans une attitude méfiante. Lorsque Willow s'adressait à elle sur un ton pareil, et semblant si embarrassé, c'était que le sujet de la conversation ne serait guère à son goût. « Je vous écoute » répondit-elle, la voix neutre.
Ses trois amis s'entreregardèrent à nouveau, puis Alex se résolut à prendre la parole en premier. « Eh bien, en fait » commença-t-il, ses yeux parcourant la pièce, évitant ceux de Buffy « c'est à propos de Malefoy… et de toi. » Il rougit, Buffy écarquilla les paupières. Cela n'augurait rien de bon.
« Qu'y a-t-il ? » demanda-t-il, feignant en vain de paraître curieuse.
« Nous avons remarqué que, depuis quelques temps, vous sembliez… assez proches, tous les deux » dit Giles « et que vous étiez souvent ensemble. »
Elle haussa les sourcils. « Vraiment ? »
« Oui » reprit Willow avec un sourire conciliant. « En dehors des entraînements journaliers, des repas et des recherches, Malefoy et toi discutez un moment dans le salon ou le jardin avant de monter dans votre chambre. D'ailleurs, le fait que vous partagiez la même chambre est… »
« C'est pour que nous soyons tous au même étage en cas d'attaque » rétorqua Buffy, ses joues lui brûlant.
« C'est une bonne idée, c'est vrai, mais il n'y a pas que ça » dit Alex. « Les deux premières semaines succédant son arrivée ici, nous nous sommes aperçus qu'il tentait de te faire du charme… Hum, et nous pensons… que tu n'y étais pas tout à fait indifférente. Et puis, vos disputes et vos petits duels verbaux sont de moins en moins fréquents depuis l'attaque des Détraqueurs… »
« Venez-en au fait, je vous en prie » l'interrompit-elle, se massant la tempe droite d'un doigt. Si tous ses insignifiants détails les avaient interpellés, il ne servait plus à rien de nier quoi que ce soit.
« Très bien, si tu y tiens » dit Giles. « As-tu une aventure avec Malefoy, Buffy ? »
Elle se détourna, se renfrognant, guère désireuse de croiser leurs regards indignés lorsqu'elle leur répondrait. « Ca se pourrait bien. »
A sa grande surprise, ils ne poussèrent pas en chœur de soupir résigné ni d'exclamation interloquée. Elle se risqua à reporter son attention sur eux. Ils la dévisageaient, souriant d'un air sincère, échangeant des coups d'œil entendus. « Et quand comptais-tu nous en faire part ? » fit Willow, malicieuse.
Ebahie, elle cligna des paupières. « Je… Je ne sais pas… J'avais peur que vous le preniez mal. »
« C'est vrai que c'est assez difficile à concevoir » concéda Alex « mais nous n'avons pas à juger de tes choix. S'il te rend heureuse, c'est tout ce qui importe. »
« Tout de même, j'aimerais m'assurer que tu sais ce que tu fais » intervint Giles, son sourire s'effaçant. « C'est un fils de Mangemort, plus jeune que toi et qui a été durant longtemps l'ennemi de Harry, Ron et Hermione… »
« J'en suis consciente, ne vous en faites pas. Tout comme je suis consciente que chaque être possède plusieurs facettes, qu'il peut les alterner à sa guise ou user de masques pour se protéger, que les gens changent et que les épreuves difficiles influent beaucoup sur la personnalité. Alors n'insinuez pas que je manque de discernement. »
« Nous n'insinuons rien du tout, Buffy » dit Willow. Elle se leva et vint prendre place à ses côtés, entourant ses épaules d'un bras protecteur. « Nous voulons juste t'éviter de souffrir. »
« Drago ne me fera jamais souffrir, j'en suis convaincue. Je comprends qu'il puisse vous inspirer de la méfiance, mais il suffit de le connaître un peu mieux pour s'apercevoir que c'est quelqu'un de bien. Il se cache, voilà tout, et il en a sans doute autant vu que Harry. J'ai confiance en lui. »
Sa déclaration les déconcerta quelque peu. Ils demeurèrent stupéfaits un moment, puis lui sourirent à nouveau, de manière bienveillante, complice. Elle puisa une certaine force en leur expression avenante. « Eh bien » fit Alex « il faut croire qu'il compte beaucoup pour toi. Tu l'aimes ? »
Cette fois-ci, ce fut Buffy qui dut s'accorder un instant. Elle s'aperçut alors qu'elle ne s'était jamais interrogée à ce sujet. Aimait-elle Drago Malefoy ? Etait-elle amoureuse de lui ? Eprouvait-elle pour lui semblable flamme que celle qui l'avait consumée pour Angel ou Spike ? Certes, leur relation ne se résumait pas à une attraction physique, elle le lui avait affirmé en début de soirée, mais pouvait-elle tout de même parler d'amour ? Son cœur accéléra la cadence à cette seule pensée, ses joues s'embrasèrent. Alors elle réalisa combien elle était impatiente de le rejoindre dans leur chambre. Elle haussa les épaules, un sourire involontaire étirant ses lèvres. « C'est probable, en effet. »
Willow éclata de rire et l'embrassa sur la joue. « Alors c'est parfait. Tu as mon soutien. »
« Le mien aussi » dirent Alex et Giles d'une même voix. Tous trois s'entreregardèrent, puis s'immergèrent dans la contemplation de leurs tasses de thé. Sans mot dire, ils finirent de boire le contenu de la théière, Alex débarrassa la table, mettant la vaisselle dans l'évier, et ils gravirent les marches jusqu'à l'étage supérieur, se souhaitant une bonne fin de nuit sur le seuil de leur chambre respective. Et Buffy, en voyant la silhouette recroquevillée de Drago sur son lit, dos à la porte, ne douta plus de ses sentiments à son égard.
A peine eurent-ils clos le battant de bois clair et l'eurent verrouillé d'un sortilège que Ron étreignit Hermione, qui encercla ses épaules de ses bras. Elle avait eu si peur pour lui, ce soir, que son cœur n'avait pas encore retrouvé une cadence régulière. L'idée qu'il ait dû affronter Bellatrix Lestrange lui donnait des frissons incontrôlables, la révulsait d'horreur. Mais alors, elle se souvint que Harry, lui, s'était infligé une nouvelle cicatrice. Le meurtre d'une meurtrière était un meurtre tout de même, et il en était conscient. Bien entendu, tel qu'elle le lui avait assuré quelques instants auparavant, jamais elle ne le considérerait comme un assassin. Cependant, comment lui se voyait-il, désormais ? D'un geste instinctif, elle resserra sa prise sur Ron, puisant en leur étreinte quelque réconfort pour les épreuves qu'ils avaient endurées, ainsi que quelque force pour celles qu'ils auraient encore à subir.
« Ca va ? » demanda Ron, sa bouche tout contre son oreille.
« Oui, à peu près… » répondit-elle en un souffle. « Je m'inquiète pour Harry, pour toi, et je crains la suite des événements… Mais je vais bien. »
Ils se détachèrent l'un de l'autre. Ron plongea son incroyable regard bleu dans le sien, s'efforçant de sourire d'un air confiant. « Il ne faut pas te préoccuper autant. Harry en a vu d'autres, il est fort, et il s'en remettra. Nous devrons juste nos montrer aussi présents et compréhensifs que possible. Et puis, maintenant qu'il a Dawn, je crois que rien ne peut avoir raison de lui. De plus, craindre la suite des événements est inutile, puisque je serai là pour te protéger. »
Hermione esquissa un maigre sourire. « Et pour toi ? »
Ron haussa les sourcils. « Moi ? Tu oses douter de moi ? »
« Non, bien sûr que non. Mais… » Elle s'interrompit, incapable d'achever sa phrase. Comment lui dire qu'elle redoutait de survivre à la proche apocalypse si lui y succombait ? Elle le connaissait, depuis le temps, et savait que, lorsqu'il combattait, il oubliait toute précaution. Il n'hésiterait en aucun cas à surgir devant Harry ou elle afin de les préserver d'un sort, elle le savait.
Ron glissa ses doigts dans ses cheveux bruns. « Mais quoi ? » insista-t-il.
Elle se mordit la lèvre inférieure, rassemblant son courage. « Je… Non, rien. Promets-moi juste de ne pas commettre d'acte irréfléchi, d'accord ? »
Il cligna des yeux, indécis, la dévisageant. Puis, paraissant comprendre, leva les yeux au ciel, ses lèvres étirées. « Allons, pour qui me prends-tu ? » fit-il, espiègle. Pourtant, constatant que sa tentative pour l'apaiser fut vaine, il reprit un peu de sérieux. « Je te promets de me montrer prudent. Tout comme je te promets que, après l'apocalypse, la fin de Tu-Sais-Qui et la fermeture de la seconde Bouche de l'enfer, nous aurons un avenir serein où nous pourrons nous aimer à notre guise. »
Hermione acquiesça, tâchant de dissimuler sa lassitude. Elle aurait voulu le croire de tout son cœur, s'abreuver de ses paroles et se convaincre qu'ils disposeraient d'une vie douce. Toutefois, la dernière bataille était encore trop récente pour que l'espérance remplace son effroi.
Elle s'aperçut que Ron, remarquant le peu de crédit qu'elle accorda à ses propos, s'apprêta à ajouter quelque chose, s'évertuer à lui faire oublier leur combat. Mais, soudain, poursuivre la conversation lui sembla insoutenable. Alors elle se hissa sur la pointe des pieds, prenant appui sur les épaules de Ron, et pressa ses lèvres contre les siennes. Ron étouffa une exclamation surprise contre sa bouche, avant de répondre à son baiser éperdu, passionné. Lorsqu'ils se séparèrent, ses joues s'étaient empourprées, des étoiles avaient investi ses yeux. Hermione sentit croître dans son ventre cette nouvelle ardeur, celle qui l'assaillait au moment les plus inopportuns. Cependant, ce soir, le moment paraissait des plus propices pour soulager ce feu tenaillant.
Ron, lui, la détaillait d'un regard interdit. « Qu'y a-t-il ? » demanda-t-il, caressant son dos d'une paume légère.
Hermione approcha son visage du sien. « Je le veux. »
Il écarquilla les paupières. « De… quoi ? » Souriant, elle avança ses lèvres de son oreille, et lui murmura ce dont elle avait envie en cet instant. Ron eut l'air abasourdi durant un quart de seconde, puis l'embrassa à son tour. « Tu en es certaine ? »
« Plus que jamais. » Elle le darda d'un coup d'œil intense, cherchant à le persuader de la véracité de son désir. Il dut la croire, car, une fabuleuse expression de bonheur peignant ses traits, il se pencha sur elle, lui déroba un tendre baiser, puis la conduisit à tâtons en direction du lit.
Drago s'était tant égaré dans ses sombres songes qu'il entendit à peine Buffy entrer dans la chambre, fermer la porte, s'approcher du lit. Il revivait sans cesse le cruel assassinat de sa mère, se tordant de douleur sous les yeux exorbités et déments de Bellatrix, avant de s'effondrer, inerte, et de ne plus se relever. Ces douloureuses images se fondaient à présent à celles du corps inanimé de Lestrange, aux pieds de Potter, qui la contemplait, l'air si froid, de marbre. Il ne pouvait se réjouir de la mort de quelqu'un, même s'il s'agissait de la sienne, mais il ressentait une certaine satisfaction à savoir sa mère vengée de son sort. Bien qu'il aurait aimé s'en charger lui-même.
Buffy, prenant une petite inspiration, s'assit sur le matelas, qui se tassa sous son poids, puis s'allongea face à lui, encrant son regard au sien. Drago s'y immergea, comme d'ordinaire, désireux de concentrer son attention vers la vie et non plus vers la mort. Buffy lui sourit, incertaine. « Tu tiens le coup ? » demanda-t-elle.
Il haussa les épaules. « Si on veut. On ne pas dire que ce soit la meilleure soirée que j'ai connue. »
« Je comprends. »
« Ca, j'en doute. »
Buffy haussa un sourcil, tendant ses doigts et les entremêlant aux cheveux de Drago. Il ne se déroba pas. « Tu en doutes ? » fit-elle. « Sache que, moi aussi, j'ai perdu ma mère. Et je crois ne pas me tromper en affirmant que chaque personne dans cette maison a dû déplorer, un jour, la disparition d'un proche. Alors ne pense pas que tu es seul dans ta douleur. Je la porterai avec toi, si cela peut te soulager et te faire sourire à nouveau. »
Drago cligna des paupières, refoulant les larmes qui s'accrochaient peu à peu à ses cils. Il ne s'était pas attendu à cela. D'ordinaire, lorsqu'il était désespéré, il dissimulait ses sanglots, laissant exploser sa détresse en cachette puis la rejetant. Jamais il n'avait pu compter sur qui que ce soit – hormis sur sa mère, bien entendu. Mais son père lui interdisait la plupart du temps de le réconforter, estimant qu'un jeune Mangemort devait ignorer l'amour. Cependant, Drago s'aperçut avec une vive fierté que les efforts de son père avaient été vains : il éprouvait de l'amour, en cet instant précis. Il éprouvait de l'amour pour Buffy Summers, qui le fixait, une main dans ses cheveux, résolue à le soutenir. Oubliant soudain son chagrin, il avança son visage, déposa un léger baiser sur ses lèvres. Il voulut la repousser, mais, à son grand étonnement, elle raffermit sa prise sur lui, pressant son corps contre le sien. Drago ne s'efforça pas de résister longtemps.
« Tu… Tu veux parler ? » demanda-t-elle, se détachant de lui.
Il sourit avec espièglerie, bien que touché par sa sollicitude. « Oh non, surtout pas » dit-il. « Il y a bien mieux à faire que de parler. »
Harry eut toutes les peines du monde à s'extraire de ses couvertures, et ainsi des bras de Dawn, pour affronter cette journée qui promettait d'être chargée. En effet, dès qu'ils auraient terminé leur consistant petit-déjeuner, Buffy, Giles, Alex, Hermione et Malefoy poursuivraient la traduction du grimoire, en profitant pour rassembler quelques autres informations utiles au sujet de potions ou de sortilèges de combat, tandis que Harry, Ron et Willow tâcheraient d'affûter son don d'Onirisme. Dawn, elle, jouirait de plusieurs jours de repos, en raison de sa blessure à l'épaule. C'était bien dommage, car elle était la seule capable de lui faire oublier, ne serait-ce quelques instants, les insupportables souvenirs de la veille, qui tourbillonnaient parfois sans crier gare dans son esprit. Grâce à sa présence, il était parvenu à dormir de manière convenable, sans que des cauchemars intempestifs n'écourtent sa nuit. Mais à présent qu'elle était au lit, sans doute assoupie, il se sentait un peu démuni. Cependant, il savait bien qu'il lui était vain de ressasser ces sombres songes, surtout en ce moment, alors que l'apocalypse les guettait et que le temps leur manquait pour la contrer. Ainsi, lorsqu'ils achevèrent leur repas et allèrent s'installer dans le jardin, il s'efforça de river son attention sur son apprentissage, qui ne tarderait plus à débuter.
Une fois assis en tailleur dans l'herbe, Harry et Ron se turent, confiant à Willow le soin de les guider. « Nous commençons toute de suite » dit-elle. « Je vais vous plonger dans un sommeil artificiel tandis que vous vous tiendrez la main. Nous verrons ensuite si vous rêvez et si vous partagez un rêve semblable. Vous êtes prêts ? » Ils acquiescèrent, entrecroisant leurs doigts les uns aux autres. Willow esquissa un sourire. « Ne vous en faites pas. Mon sortilège est très doux. Harry sourit à son tour. Il ignorait si Ron éprouvait une certaine anxiété à l'idée que quelqu'un l'ensorcelle sans qu'il ne réagisse, mais, pour sa part, il s'abandonnait à Willow sans rien redouter.
Reprenant son sérieux, closant ses paupières, elle tendit les mains devant elle, paumes ouvertes, et prononça les incantations nécessaires à mi-voix, produisant une sorte de mélopée saccadée et sifflante. De manière instinctive, Harry lutta contre la langueur progressive qui engourdissait ses membres, puis son discernement, puis tout son être.
Des chandelles dissipaient l'obscurité d'une lueur tamisée. La pièce était exiguë et une légère effluve d'encens l'enfumait. L'odeur n'était pas déplaisante, mais entêtante. Une épaisse moquette bordeaux tapissait le sol, des tentures dissimulaient les murs, des coussins d'aspect moelleux traînaient çà et là. Et, au centre de la pièce, trônait un large lit à baldaquin dont les draps de soie défaits étaient pourpres. Une jeune fille y était étendue sur le ventre, ses boucles brunes obstruant son visage, tandis que les bougies projetaient sur sa peau nue et satinée des reflets dorés.
Harry et Ron rouvrirent les yeux en même temps, leurs regards horrifiés se croisèrent alors qu'ils délaçaient leurs mains comme s'ils s'étaient brûlés. Bien que la signification de ce rêve soit limpide, Harry espéra de tout cœur s'être mépris. Car il était persuadé que la jeune fille nue sur le lit était Hermione. Il rougit, n'osant imaginer quel dernier événement avait bien pu inspirer un tel songe à Ron. Ce dernier, d'ailleurs, le bout de ses oreilles écarlates, se détournait, l'air honteux.
Willow, elle, les interrogeait sans mot dire, les sourcils haussés. « Que s'est-il passé ? » demanda-t-elle enfin, constatant qu'ils ne répondaient pas.
Harry et Ron se risquèrent à échanger un furtif coup d'œil, puis reportèrent aussitôt leur attention alentour, les joues en feu. « Rien » dirent-ils en chœur.
« Nous… Hum… » bafouilla Ron. Harry le devina en train de se gratter l'arrière du crâne. « Nous avons rêvé de la même chose. »
« Vraiment ? Vous en êtes certains ? »
« Oui, oui, il n'y a aucun doute à avoir » renchérit Harry.
Durant les jours qui suivirent, Harry et Ron évitèrent le sujet, jusqu'à ce que le silence devienne insoutenable. Alors seulement, Ron avoua à son ami qu'il avait fait l'amour avec Hermione, le soir même de l'attaque des Mangemorts et des vampires. Harry peina à l'admettre, cependant, Ron et Hermione paraissant plus proches que jamais, il finit par être heureux pour leur bonheur. De surcroît, ils avaient bien droit à un peu de répit en ces temps troublés. D'ailleurs, peu à peu, l'idée le séduisit, et ses fréquentes contemplations de Dawn, lorsqu'elle dormait comme lorsqu'ils conversaient, différèrent de d'ordinaire.
Pourtant, il n'avait guère le temps de se laisser aller à de telles divagations, car sa formation à l'Onirisme l'accaparait tout à fait. Une fois qu'ils furent convaincus que Harry était capable d'infiltrer un rêve à l'aide d'un contact physique, il dut tenter d'influer le déroulement du songe – ce à quoi il parvint sans mal. Ensuite, il s'efforça de reproduire ceci à distance, distance qu'ils augmentèrent davantage chaque jour. Il fut bientôt évident que son don était exceptionnel. Bien que Willow décréta plus prudent d'attendre quelque peu, le fait qu'il ne démontre nulle difficulté à développer son talent apporta une espérance renouvelée dans la maisonnée. Harry lui-même, que la confiance des autres gonflait d'espoir, commençait à croire en leur victoire improbable. Ainsi, s'ils remportaient l'affrontement final, il n'aurait plus jamais à endurer les meurtres des proches ou ceux qu'il devrait commettre. Si grâce à son Onirisme il provoquait la défaite de Lord Voldemort… Cela semblait irréel, pourtant, plus les journées ensoleillées et constructives se succédaient, plus sa foi croissait. Bientôt, il en eut la conviction : il vaincrait, quoi qu'il advienne.
A suivre…
Salut tout le monde ! Malgré vos supplications, je suis désolée de m'excuser encore, mais l'attente pour ce chapitre a de nouveau été assez longue. Cependant, comme je l'ai dit à plusieurs de mes revieweurs, désormais que je n'ai plus l'école durant sept semaines, j'ai tout le temps d'écrire. Un conseil pour mes lecteurs réguliers : allez faire un tour sur mon compte chaque jour, car, lorsque j'en ai la possibilité, je publie un chapitre par nuit. Donc à demain, si tout va bien !
Ciao,
Sam Dreamangel
