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À votre avis, comment va-t-il se sortir de cette mauvaise passe ? :)
Chapitre n°15 :
Une porte de sortie
Groshik ne devait pas encore être couché, puisqu'il répondit seulement quelques secondes après que Dess eut frappé à sa porte. Le Neimoidien vit le sang sur les mains et le tee-shirt du jeune homme, et le tira par le bras.
- Rentre vite ! l'enjoignit-il de sa voix rauque en l'entraînant dans le bar. Tu es blessé ?
Dess secoua la tête.
- Je ne crois pas. Ce n'est pas mon sang.
Le Neimoidien recula d'un pas pour l'examiner.
- Il y en a beaucoup. Beaucoup trop. Une odeur de sang humain.
Dess restant muet, Groshik tenta de deviner.
- C'est celui de Gerd ?
- Non, celui du sous-officier, répondit-il en secouant une nouvelle fois la tête.
Groshik voûta les épaules et lança un juron à voix basse.
- Qui est au courant ? Les autorités te recherchent ?
- Pas encore, mais ça ne saurait tarder.
Comme pour justifier son acte, Dess ajouta presque aussitôt :
- Ils étaient trois, Groshik. Et un seul d'entre eux est mort.
Son vieil ami opina du chef avec compassion.
- Je suis sûr qu'il l'a cherché. Comme Gerd. Mais cela ne change rien aux faits. Un soldat de la République est mort... et c'est toi qui vas payer.
Groshik guida Dess jusqu'au bar et sortit la fameuse bouteille d'eau-de-vie de cortyg. Sans prononcer une parole, il remplit deux verres... à ras bord.
- Je suis désolé d'être venu ici, déclara Dess pour briser le silence pesant. Je ne voulais pas te mêler à tout ça.
- Ça ne me dérange pas, le rassura Groshik en lui donnant une tape sur le bras. Je veux juste trouver le moyen de nous sortir de ce foutoir. Laisse-moi réfléchir un instant.
Ils vidèrent leurs verres, cette seule action permettant à Dess de ne pas paniquer. Il s'attendait à ce qu'une dizaine d'hommes de la COMBE vêtus d'armures défoncent la porte de la cantina à tout instant. Après quelques minutes d'un long silence pensant, Groshik prit la parole. Il lui parla d'une voix si douce que Dess ne sut si le Neimoidien s'adressait à lui ou s'il réfléchissait à voix haute.
- Tu ne peux pas rester ici. La COMBE ne peut pas se permettre de perdre ses contrats avec la République. Ils vont fouiller toute la colonie pour te mettre la main dessus. Tu dois quitter Apatros.
Il s'arrêta un instant.
- Demain matin, ta photo sera diffusée sur chaque vidéo-écran et holo-écran de l'espace contrôlé par la République. Te déguiser ne changera pas grand-chose. Même avec une perruque ou des prothèses faciales, ton imposante carrure te trahira. Ce qui veut dire qu'il te faut quitter également l'espace de la République. Et par conséquent...
Le Neimoidien s'interrompit une nouvelle fois. Dess attendit la suite.
- Les choses dont tu as parlé cette nuit, hasarda Groshik. Concernant les Sith et la République. Tu les pensais ? Tu les pensais vraiment ?
- Je ne sais pas... mais probablement, oui.
Son interlocuteur ne répondit pas tout de suite. Il semblait se concentrer.
- Que dirais-tu de te joindre aux Sith ? lui demanda-t-il subitement.
Dess n'en crut pas ses oreilles.
- Quoi ?!
- Je connais... certaines personnes. Je peux m'arranger pour te faire quitter Apatros, dès maintenant. Mais ces personnes ne cherchent pas des passagers. Les Sith ont besoin de soldats. Ils recrutent constamment, tout comme les officiers de la République un peu plus tôt.
Dess secoua la tête.
- Je n'arrive pas à le croire. Tu travailles pour les Sith ? Toi qui a toujours prôné de rester neutre, de ne jamais choisir de camp !
- Je ne travaille pas pour les Sith, lui répondit Groshik d'un ton brusque. Je connais simplement des personnes qui travaillent pour eux, tout comme je connais des gens qui travaillent pour la République. Mais je crains qu'ils ne te soient pas d'un très grand secours, dans ta situation. Voilà pourquoi je te pose cette question, Dess. Veux-tu rejoindre les Sith ?
- Je n'ai pas vraiment d'autre choix, marmonna Dess.
- Oui et non. Si tu restes ici, les autorités de la COMBE te trouveront assurément. Ce n'était pas un meurtre commis de sang-froid, la justice ne te laissera probablement pas plaider la légitime défense mais elle devra reconnaître que tu bénéficies de circonstances atténuantes. Tu feras ton temps – cinq ou six ans peut-être – dans une colonie pénitentiaire, avant de recouvrer la liberté.
- Ou alors, je me joins aux Sith.
- En effet, acquiesça Groshik. Mais si je t'apporte mon soutien, je veux que tu sois sûr de ta décision.
Dess y réfléchit un court instant.
- J'ai passé ma vie entière à vouloir m'arracher de cette masse rocheuse, reprit-il lentement. Si je me retrouve dans un monde-prison, je ne ferai qu'échanger une foutue planète déserte contre une autre. Ça ne m'apportera rien de plus que de rester ici. Si je rejoins les Sith, je m'échappe une bonne fois pour toutes à l'emprise de la COMBE. Et tu as entendu ce que le capitaine de la République raconte à leurs propos. Les Sith respectent la force. Je pense pouvoir m'intégrer.
- Il n'y a aucun doute là-dessus, admit Groshik. Mais je n'oublie pas tout ce que le capitaine a dit. Il n'avait pas tort au sujet de la Confrérie des Ténèbres. Leurs membres peuvent être cruels et impitoyables. Et ils font naître le pire chez certains individus. Je ne veux pas que tu tombes dans ce piège.
- D'abord, tu me conseilles de rejoindre les Sith, lui lança Dess. Puis, tu me mets en garde contre les dangers que cela implique. Pourquoi fais-tu ça ?
Le Neimoidien laissa échapper un long soupir.
- Tu as raison, Dess. Ta décision est prise. Une âpre destinée et la malchance ont conspiré contre toi. Et ce n'est pas comme au sabacc, tu ne peux pas te coucher que l'on te distribue chaque jour.
Il se retourna et se dirigea vers les quelques marches à l'arrière de la cantina.
- Suis-moi. Dans quelques heures, lorsqu'ils auront terminé de fouiller les logements de la colonie, ils te rechercheront au spatioport. Nous devons nous hâter si nous voulons te cacher dans l'un des vaisseaux-cargos.
Dess tendit la main et saisit l'épaule de Groshik. Le Neimoidien se tourna vers lui et Dess serra sa longue main fine.
- Merci, mon vieil ami. Je ne l'oublierai pas.
- Je le sais, Dess.
En dépit de la sincérité de ses propos, une véritable tristesse transparaissait dans sa voix rocailleuse.
Dess relâcha Groshik et se sentit tout à la fois maladroit, honteux, effrayé, reconnaissant, et excité. Il éprouva le besoin d'ajouter :
- Je te revaudrai ça un jour. La prochaine fois que nous nous verrons...
- Ta vie ici est terminée, Dess, l'interrompit Groshik. Il n'y aura pas de prochaine fois. Pas pour nous.
Le Neimoidien secoua la tête, puis poursuivit :
- Je ne sais pas ce qui t'attend, mais j'ai le sentiment que cela ne va pas être facile. Ne compte pas sur les autres pour t'aider. En fin de compte, tout le monde est seul dans l'existence. Les survivants sont ceux qui savent se débrouiller seuls.
Sur ces paroles, il se détourna, traînant les pieds sur le sol de la cantina en direction de la sortie. Dess hésita un instant, les paroles de Groshik s'imprimant fortement dans son esprit, puis il se hâta de le rejoindre.
