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Chapitre n°33 :
Une défaite cuisante
Entouré par l'obscurité et le silence, Bane flottait. Il semblait dériver dans le vide obscur de la mort elle-même.
Puis, il se mit à reprendre peu à peu conscience. Son corps se mouvait dans le liquide vert foncé d'une cuve de bacta, un chapelet de bulles remontant à la surface. Son cœur battait à la chamade, et il entendait le sang qui circulait dans ses veines.
Il ouvrit brusquement les yeux, et vit un droïde médecin s'approcher pour régler certains paramètres de sa cuve. Son rythme cardiaque ralentit en quelques secondes et l'agitation involontaire de ses membres brisés et mutilés cessa. Le corps apaisé par les tranquillisants, l'esprit de Bane était toutefois pleinement conscient.
Des souvenirs mêlant mouvements et douleurs atroces envahirent son esprit l'espace d'un instant. Les sons, les bruits et les images du duel. Il se souvint des bottes ensanglantées par son propre sang. Kas'im avait dû intervenir après sa perte de connaissance pour empêcher Sirak de le tuer. Puis, il l'avait conduit ici pour le soigner.
Il fut tout d'abord surpris que les Maîtres aient choisi de le sauver. Puis, il réalisa qu'à l'instant de tous les autres apprentis de l'Académie, il était trop précieux pour la Confrérie pour être ainsi abandonné. Il survivrait donc, mais sa vie semblait désormais gâchée.
Depuis son arrivée à l'Académie, ses études et son entraînement visaient une seule chose : comprendre et maîtriser le Côté Obscur de la Force. Ce dernier lui apporterait la puissance, la gloire, la force, la liberté.
Or, désormais, il ne serait plus qu'un paria à l'Académie. Il serait autorisé à assister aux leçons de groupe, à s'entraîner pendant les sessions de Kas'im, mais rien de plus. Toute opportunité de recevoir des leçons particulières auprès des Maîtres s'était évanouie avec sa défaite humiliante. Et sans ces cours spécialisés, son potentiel diminuerait inévitablement, pour finalement disparaître totalement.
En théorie, tous les membres de la Confrérie étaient égaux, mais Bane était suffisamment intelligent pour percevoir la vérité. Dans la pratique, les Sith avaient besoin de chefs, de Maîtres comme Kaan ou Qordis. Les forts évoluaient sur le devant de la scène, et les faibles ne pouvaient que les suivre.
Bane était maintenant voué à rejoindre les rangs des simples disciples. Une vie de servilité et d'obéissance.
Par la victoire, mes chaînes sont brisées.
Bane n'avait cependant pas remporté la victoire, et il comprenait parfaitement que les chaînes de la servitude l'emprisonneraient à jamais. Il était fini.
Et une part de lui-même aurait préféré que Sirak l'achève.
