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Chapitre n°56 :
Se remettre en selle
Bane n'avait ni le temps ni aucune raison de pleurer la mort de Kas'im. En dépit de son aide passée, il était finalement devenu un obstacle de sa route. Un obstacle qu'il avait maintenant éliminé. Son arrivé sur Lehon avait poussé Bane à l'action. Il était resté seul trop longtemps, loin des événements de la galaxie, à chercher la sagesse, la compréhension et le pouvoir. Avec la destruction du Temple, il n'avait plus aucune raison de demeurer sur le Monde Inconnu. Il traversa la jungle à pied et emprunta en sens inverse le même chemin que Kas'im quelques heures plus tôt.
Il aurait pu utiliser la Force pour appeler un autre rancor afin d'accélérer son retour vers la plage, mais il avait besoin d'un peu de temps pour réfléchir aux dernières événements, ainsi qu'à la manière dont il allait détruire la Confrérie.
Kaan avait perverti l'Ordre Sith tout entier et l'avait transformé en une assemblée de flagorneurs écœurants. Il leur avait fait croire à tous qu'ils pourraient vaincre les Jedi grâce à leur puissance guerrière, mais Bane n'était pas dupe. Les Jedi étaient nombreux et gagnaient en force lorsqu'ils se trouvaient unis face à un adversaire commun – telle était la nature du Côté Lumineux. Le moyen de les vaincre ne résidait pas dans les flottes spatiales ou les armées. Seuls le secret et la duplicité permettraient de les éliminer. La victoire ne s'obtiendrait qu'en usant de subtilité et de ruse.
Or, Kaan ne possédait aucune subtilité. S'il avait été malin, il n'aurait jamais envoyé Kas'im sur Lehon sous prétexte d'être mécontent de sa dissidence. Le Maître bretteur aurait pu raconter à Bane qu'il avait rejeté lui aussi la Confrérie. Bane l'aurait alors accepté comme allié. Il se serait montré bien évidemment méfiant, mais sa vigilance aurait progressivement disparu avec le temps. Il aurait fini par baisser sa garde, et Kas'im aurait pu le tuer. L'assassinat était une technique rapide, nette et efficace.
Au lieu de cela, Kas'im s'était présenté à lui et l'avait défié ouvertement en suivant les règles d'un code d'honneur imbécile. Il n'existait aucun honneur ni aucune noblesse dans la mort. L'honneur était un mensonge, une chaîne qui emprisonnait les individus suffisamment stupides pour l'accepter et se faire entraîner vers la défaite. Par la victoire, mes chaînes sont brisées.
Bane suivit la route du rancor sans rencontrer aucun danger, et les habitants de la jungle s'abstinrent de s'approcher de lui. Il aperçut un groupe de félins à six pattes dévorant le cadavre d'un rancor sur le chemin, mais ils se dispersèrent en le voyant arriver. Ils attendirent longtemps avant de revenir achever leur festin.
Il avait fini d'échafauder son plan en arrivant sur la place. Le vaisseau de Kas'im était posé à côté du sien sur le sable, et Bane s'empara rapidement du matériel qui se trouvait à bord, y compris les drones messagers. Il les traîna jusque dans son vaisseau, puis fit une rapide inspection du Valcyn. Tous les systèmes fonctionnaient. Avant de décoller, il programma une trajectoire dans le drone messager en utilisant des coordonnées provenant de l'ordinateur de bord du vaisseau de Kas'im. Quelques minutes plus tard, le Valcyn quitta la surface dans le vide spatial. Bane saisit les coordonnées d'hyperespace de sa destination, puis libéra le drone messager.
Le drone allait atteindre Ruusan dans quelques jours et délivrerait à Kaan une proposition de trêve, ainsi qu'un présent – un cadeau que Kaan accepterait volontiers, Bane le soupçonnant d'être trop stupide pour comprendre ce qu'il représentait véritablement.
La Confrérie ne vaincrait jamais les Jedi. Tant qu'elle existerait, les Sith seraient souillés et corrompus, à l'instar d'un puits contaminé à la source. Bane devait détruire la Confrérie et ses membres – tous ses membres. Pour y parvenir, il devait utiliser les armes dont Kaan avait été trop fier ou trop aveugle pour se servir contre lui, à savoir la tromperie et la trahison. Les armes du Côté Obscur.
