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Chapitre n°63 :

Détruire la forêt


Kaan, Githany et le reste des Seigneurs Noirs s'étaient rassemblés au sommet d'un plateau désert qui surplombait les grandes forêts où se cachaient Hoth et son armée. Pour y accéder, ils avaient utilisé leurs véhicules aériens, des swoops désormais stationnés au bord du plateau, à cinquante mètres du cercle formé par les Sith. Le rituel avait commencé.

Ils communiaient avec la Force, et étaient tous plongés dans une transe méditative. Leurs esprits s'absorbaient de plus en plus profondément à la recherche de leur puissance intérieure, qu'ils souhaitaient concentrer dans un seul réceptacle. Bane se tenait au centre du cercle, et les exhortait à agir.

- Embrassez le Côté Obscur. Il est unique, indivisible.

Le ciel nocturne s'emplit de nuages menaçants, et un vent violent s'engouffra sur le plateau et s'insinua sous leurs capes et leurs robes. L'air trembla sous l'effet du tonnerre et du crépitement d'un orage en formation. Des éclairs blanc-bleu zébrèrent le ciel, et la température chute subitement.

- Cédez au Côté Obscur. Laissez-le vous envahir. Vous posséder. Vous dévorer.

Les membres de la Confrérie plongèrent encore davantage dans leur transe, à peine conscients de l'orage qui touchait maintenant leurs corps. Bane se tenait dans l'œil du cyclone, et absorbait les éclairs d'électricité pour s'en nourrir. Il sentait augmenter son pouvoir au fur et à mesure que se concentrait le Côté Obscur des autres.

Il devrait toujours en être ainsi ! Tout le pouvoir de la Confrérie en un seul et même corps ! La seule façon de déchaîner tout le potentiel du Côté Obscur !

- Vous sentez-vous invincibles ? Invulnérables ? Immortels ?

Il dut crier pour se faire entendre au milieu des hurlements du vent et du tonnerre. Un entrelacs d'éclairs reliait son corps à ceux des autres Sith. Il trembla, puis se raidit subitement, les bras tendus sur le côté. Lentement, son corps immobile commença à s'élever dans les airs.

- Vous le sentez ? leur cria-t-il en devinant que la puissance brute de la Force qui grondait en lui aurait pu déchirer ses chairs. Êtes-vous prêts à anéantir un monde ?

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Peu de choses pouvaient effrayer un homme comme le Général Hoth, mais en examinant les derniers rapports de ses éclaireurs, les premiers vrais tiraillements de peur se firent sentir dans son ventre.

L'altercation qui avait eu lieu avec Maître Farfalla était maintenant de l'histoire ancienne, mais il n'y avait toujours aucun moyen pour que les renforts qui gravitaient autour de Ruusan puissent les rejoindre. De petits vaisseaux avec une ou deux personnes à leur bord avaient réussi à se glisser entre les mailles du filet Sith sans se faire repérer, mais il était également arrivé que ce genre d'appareils se fasse détecter et détruire. N'importe quel vaisseau un peu plus grand serait anéanti.

Sa peur dépassait cependant la simple frustration de savoir leurs renforts si près, et pourtant hors de portée. Quelque chose de sinistre flottait dans l'air, une chose maléfique.

Une prémonition l'assaillit subitement, une image de mort et de destruction. Il se leva d'un bond et sortit précipitamment de sa tente. Bien que ce soit le milieu de la nuit, il ne fut pas surpris de constater que la plupart de ses compagnons et soldats étaient également debout. Ils avaient eu le même pressentiment. Quelque chose approchait, et rapidement.

Ils se tournèrent vers lui, leur chef, en attendant ses ordres. Il cria un simple mot.

- Fuyez !

L'orage quitta le plateau, pour pénétrer avec fracas dans la forêt. Des centaines d'éclairs zébrèrent le ciel, et la foudre s'abattit sur les arbres – et la forêt s'embrasa. Les flammes ravagèrent la végétation et se propagèrent partout. Les broussailles et les taillis prirent également feu, et un mur ardent et dévastateur balaya la surface de la planète.

L'enfer de flammes dévora tout sur son passage.

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Chaleur et feu. Il n'y avait rien d'autre dans l'univers de Bane. C'était comme s'il était lui-même devenu la tempête : il voyait le monde devant lui, l'engloutissait dans sa bouche rouge et orange, et réduisait tout en cendres en quelques secondes sous l'emprise du Côté Obscur.

C'était un spectacle magnifique. Puis, soudain, tout disparut.

Le corps de Bane tomba au sol, une chute de cinq mètres, dans un bruit sourd. Il demeura désorienté pendant quelques instants, incapable de savoir ce qu'il s'était passé. Puis, il comprit que le lien avait été brisé.

Il se releva lentement en chancelant. Les corps des Sith qui l'entouraient n'étaient plus agenouillés dans leur transe méditative, mais effondrés au sol, leurs esprits troublés par la fin hâtive de leur communion. Ils se relevèrent les uns après les autres, la plupart aussi désorientés que Bane quelques instants plus tôt.

Puis, Bane aperçut le Seigneur Kaan qui se tenait à l'écart, à proximité des swoops.

- Que s'est-il passé ? demanda Bane avec colère. Pourquoi vous êtes-vous arrêté ?

- Ton plan a fonctionné, répliqua Kaan d'un ton cassant. La forêt est détruite, et les Jedi ont fui vers des zones dégagées. Ils sont maintenant vulnérables. Il faut que nous allions les achever.

Kaan avait brisé le lien, et avait réussi à entraîner les autres avec lui, comme s'il possédait une sorte d'emprise sur leurs esprits.

Ce qui est peut-être le cas, songea Bane, et c'était une nouvelle preuve de leur indispensable destruction pour parvenir à purifier le Côté Obscur.

Tandis que les autres recouvraient leurs sens, Kaan se mit à donner des ordres et à transmettre des plans de bataille.

- Les flammes ont permis de faire sortir les Jedi de la forêt. Nous pouvons maintenant les abattre depuis les airs. Dépêchez-vous !

Ils obéirent instantanément et se précipitèrent vers les véhicules, avant de décoller en poussant des cris de guerre et de triomphe.

- Allez, Bane, lui lança Githany en passant à côté de lui. Allons les rejoindre !

Il la saisit par le bras et la stoppa net.

- Kaan essaye encore de gagner cette guerre avec des blasters et des armées, lui dit-il, mais ce n'est pas la voie du Côté Obscur.

- C'est bien plus amusant comme ça, lui répondit-elle, une pointe d'excitation dans la voie.

Elle se libéra de son étreinte.

Tandis qu'il l'observait rejoindre les autres, il réalisa qu'elle avait été pervertie par les enseignements de Qordis et de l'Académie de Korriban. Elle lui avait promis de le suivre, mais elle ne parvenait pas à voir au-delà de la Confrérie et de ses limites. Elle était corrompue, et indigne de devenir son apprentie. Elle devait mourir, comme les autres.

Il ressentit un léger regret en prenant cette décision, mais ce sentiment était creux. Il s'agissait plutôt de la vague résonance d'un sentiment, du dernier vestige d'une émotion passée. Il le chassa rapidement de son esprit, en sachant qu'il était uniquement synonyme de faiblesse.

- Tu nous as fait peur, Bane, s'exclama une voix derrière lui.

Bane se retourna, et découvrit Kopecz qui l'examinait avec attention.

- Lorsque nous étions en train de concentrer la Force en toi, c'était comme si tu nous tenais entre tes mains, poursuivit le Twi'lek. Comme si tu essayais de nous vider complètement de notre pouvoir.

- Le pouvoir du Côté Obscur est encore plus fort lorsqu'il est concentré dans un seul contenant, répondit Bane, et non disséminé entre plusieurs individus. J'ai agi pour le bien du Côté Obscur.

Kopecz secoua la tête et monta sur son swoop.

- Tu sais, nous avons compris que tu ne le faisais pas pour nous.

Bane le regarda s'élever et filer dans les airs, puis il monta sur son propre véhicule et se dirigea vers le campement Sith, au lieu de suivre Kaan vers le lieu de la bataille. La première phase de son plan visant à détruire la Confrérie était achevée.