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Chapitre n°64 :
Allégeance
Lorsqu'il arriva dans le campement, vingt minutes plus tard, il ne s'étonna pas de le découvrir complètement désert. Tous les Seigneurs Noirs avaient été réunis sur le plateau pour le rituel, et ils s'étaient ensuite envolés à la suite de Kaan pour attaquer les Jedi en déroute. Les soldats, les serviteurs et les adeptes qui composaient le gros de l'armée Sith étaient tout d'abord restés dans le campement, avant de recevoir l'ordre de rejoindre Kaan et les autres sur le champ de bataille.
Bane dirigea son swoop au milieu du campement, juste à côté de la tente du Seigneur Kaan. Il coupa le moteur de son véhicule, et fut surpris d'entendre, dans le lointain, le ronflement d'un autre swoop. Curieux, il leva les yeux dans sa direction. Lorsque le véhicule se rapprocha finalement, il reconnut son pilote.
Le swoop se dirigeait droit vers lui. Bane rapprocha sa main de son sabre-laser, prêt à le dégainer. La Force afflua en lui, et il se prépara à invoquer un bouclier de protection, au cas où les blasters avant du swoop le prendraient pour cible.
Mais le véhicule n'ouvrit pas le feu. Il survola Bane, vira brusquement puis se posa finalement à côté de lui.
- Tu n'as pas besoin de ton arme, lui annonça Qordis en descendant de son véhicule. Je suis là pour te faire une offre.
Réalisant qu'aucun danger ne le menaçait dans l'immédiat, Bane éloigna la main de son arme.
- Une offre ? Qu'est-ce que tu pourrais bien m'offrir ?
- Mon allégeance, répondit Qordis en posant un genou à terre.
Bane le regarda fixement, à la fois horrifié, amusé et empli de mépris.
- Pourquoi ferais-tu une telle chose ? demanda-t-il. Et pourquoi voudrais-je de ta loyauté ?
Qordis se releva lentement, un sourire fourbe sur les lèvres.
- Je ne suis pas aveugle, Seigneur Bane. Je t'ai vu parler avec Githany. J'ai vu comment tu as ébranlé l'autorité de Kaan, et je connais la véritable raison de ta présence sur Ruusan.
Perplexe, Bane se demanda s'il était possible que Qordis – le fondateur de l'Académie de Korriban, et le partisan le plus ardent de tout ce qui avait souillé les dogmes Sith – ait finalement compris la vérité.
- Et que proposes-tu exactement ? s'enquit Bane, les dents serrées.
- Je sais ce qui est arrivé à Kas'im. Il s'était allié à Kaan contre toi, et il a payé son choix de sa vie. Je ne suis pas aussi idiot. Je sais que tu es ici pour t'emparer de la tête de la Confrérie, déclara-t-il, et je pense que tu vas y arriver. Je veux donc t'y aider.
- Tu veux m'aider à m'emparer le Confrérie ? l'interrogea Bane en riant.
Qordis se révélait aussi aveugle que tous les autres.
- M'aider à remplacer un chef par un autre, afin que toi et le reste de la Confrérie puissiez continuer comme avant ? C'est ça, ton plan brillant ?
- Je peux me montrer très précieux, Seigneur Bane, insista Qordis. Un grand nombre des membres de la Confrérie sont d'anciens élèves de mon Académie. Ils font encore appel à moi pour recevoir mes conseils pleins de sagesse.
- Et c'est bien là le problème.
Bane invoqua son pouvoir du Côté Obscur, et emprisonna Qordis dans un champ paralysant. Son adversaire tenta de se protéger avec un bouclier pour repousser son assaut, mais l'attaque de Bane mit à bas ses défenses pitoyables et les balaya comme un rien.
La Force l'étreignant de plus en plus, Qordis poussa un cri de douleur étouffé. Bane le souleva dans les airs.
- Ta sagesse a détruit notre Ordre, lui expliqua Bane avec désinvolture.
Qordis s'agita désespérément au-dessus de lui.
- Tu as contaminé l'esprit de tes adeptes. Toi et Kaan, vous les avez conduits à leur perte.
- Je... je ne comprends pas, déclara Qordis en haletant, le souffle court.
- Ça a toujours été le souci, répliqua Bane. La Confrérie doit être purifiée. Les Sith doivent être détruits pour pouvoir renaître. Toi, Kaan et tous les autres devez disparaître à jamais, ce qui explique mon retour.
Le visage fatigué de Qordis prit une expression d'horreur.
- Je t'en supplie, gémit-il, pas comme... ça. Relâche-moi. Laisse-moi... dégainer mon sabre-laser. Combattons comme des... Sith.
Bane pencha la tête sur le côté.
- Tu dois certainement savoir que je peux te tuer aussi facilement avec mon sabre-laser qu'avec la Force.
- Je... sais.
La peau de Qordis s'empourprait de plus en plus, et son corps s'agitait davantage. Chacune de ses paroles exigeait de lui un effort colossal, mais le Sith trouva tout de même la force nécessaire pour le supplier une dernière fois.
- Mourir... au... combat... est... plus... honorable...
Bane haussa les épaules, indifférent.
- L'honneur s'applique aux vivants, pas aux morts.
Un dernier effort permit à Bane de resserrer encore davantage son étreinte. Qordis poussa un dernier hurlement, qui se transforma en un halètement étouffé par le craquement de ses os.
Si Bane avait encore été capable d'éprouver le moindre sentiment, il aurait pu ressentir de la pitié pour l'ancien dirigeant de l'Académie, mais il se contenta de laisser retomber son cadavre sur le sol, et pénétra dans la tente de Kaan pour se diriger vers le matériel de communication qui se trouvait à l'intérieur. Le moment était venu d'enclencher la deuxième phase de son plan.
